jeudi 9 avril 2020

Les divinités qui présidaient en Corse aux initiations et les dolmens, centres d’initiation


Les divinités qui présidaient en Corse aux initiations et les dolmens, centres d’initiation.
D’emblée, pour donner à comprendre l’étendue de l’aire ibéro-basque qui couvrait  la Corse , les Baléares , la Tarraconnaise et les Asturies, citons deux toponymes dont la parenté est incontestable : -Gijon dans les Asturies et Ghisoni en Corse, avec son ancien pluriel basque en –ak, Ghisonaccia :

-Gijon dans les Asturies, avec deux dolmens survivants appelés Les mégalithes d'El Padrún ,  toponyme qui désigne  les maisons de poupées ( ce sont des dolmens assez bas) de Jaun où l’on reconnaît le basque Jaun, maître divin de la  nature, de la sylve, dieu de la pousse du blé et de la bonne santé des troupeaux, de chèvres notamment, et également de l’initiation dans les dolmens, et ghi  ,de dagus, dagudos ,avec a long et u long, poupée de cire qui servait dans les opérations de magie et  dont le nom est attesté par Théocrite, 2, 110, comme plaggôn chez Callimaque Cérès , 10,92 ;  le mot a été repris  en arabe ,sous la forme toubib, sorcier, puis par les Africains sous la forme toubab, blanc  et sous la forme doghi ou toghi ,  le diable, dans le culte vaudou.
-Ghisoni en Corse, avec son ancien pluriel basque en –ak, Ghisonaccia,  les poupées magiques de Jaun (nom du géant terrassé sous le pupitre de  l’église de Vezzani la Ligure en Corse , - il existe aussi une Vezzani la Ligure en Italie, avec expressément cette épithète) ; à rapprocher de l’appellation respectueuse : ô jau(n) et cf.  le toponyme de Zon-za
 [ de zon dakudoi), les statues-menhirs de Jaun) avec  dans le Sartenais le sublime col de Bavelle1).
Jaun , de dhau-,  est l’équivalent phonétique ibéro-basque du dieu latin Faunus, ou de la déesse Fauna, nom à rapprocher de faveo,  qui favet, le dieu bienfaisant qui protège les troupeaux et les cultures,  d’Athôs (de athau),  génitif Athô, et de Athèna, laconien Asaana,  qui viennent du morphème féminin ibèro-basque de respect andere, réduit à a,  a-thavana, la déesse à l’égide et à la chèvre (à rapprocher de la ville d’Adèn, de  Silènos (de basi, basque, marque de respect cf. basi-ileus, roi, avec ilaws, favorable,  + thèn-, de thavan donnant lavan) Le pluriel Ghisonnak fait allusion aux quatre statues-menhirs , sicilien dakys, dakydos , attesté par Théocrite au sens de statuette magique,
1celle de Santa -Lucia di Mercurio (latinisation de Jaun ;  le nom de la statue,  Novallela,  le pied de  vigne, du latin novella ; au sens de tumulus (disparu ?), allusion à un lieu-dit ,Tumulus Mercurii, près de Carthagène en Tarraconaise ,  Tite Live,26, 44,6,Mer de Mercurio vient de Mari et curio est à rapprocher du  grec kouroi, les initiés) ; 
2 de Cambia (Santa Maria, du basque Mari, déesse de la nature et de la pousse du blé ,  et Petra Frisgada (de l’ibère  frit- sk--ada , la pierre qui ressemble (suffixe de ressemblance -ada et suffixe inchoatif  - sk- à une pointe d’ épi (frit selon Varron en ibère),    et 3 de Pietroso :  o Zitello,  dans l’ Inzecca, à Pietroso, dans la plaine orientale,  du latin sitella ou situla, seau, urne de vote  , en raison de sa forme de cône inversé .
Jaun, dieu de l’initiation.
Au Palatin existait anciennement un culte en son honneur.Or, le mot Palatin nous renvoie aux cérémonie  d’initiation, car les  noms de Pallas et de Palladium sont à mettre en rapport avec le grec pallax,  jeune homme, le latin paelex ,paelicis, le latin puer, ancien pover, le grec pais, paidos, ancien paus,  pavid-, pulicellus, d’une racine pav- .
La grande déesse de l’intiation, Pallas Athéna.
En Espagne, le nom d’El Padrone avec ses deux dolmens sous la protection de Jaun provient de Paladini,les initiés , comme en  Corse la sta     tue-menhir  o Paladino à Serra-di-Ferro, Palaggio, Là aussi il me faut prévenir une objection : où est ,le dolmen ?  Nous n’avons affaire qu’à une statue-menhir. Eh bien, à 750 mètres de O Paladino , se trouve le dolmen recherché,
la Tola di a Tormento.
Palaggio, de palladium, le lieu de l’initiation grâce à  Pallas Athèna, est surtout connu pour ses  alignements de menhirs : 255 monolithes et  3 statues-menhirs organisés en 7 files, « une des plus fortes concentrations  de menhirs du bassin méditerranéen »,  dit F. Leandri dans  Les mégalithes de Corse.
Mais où sont les dolmens ? Leandri écrit, p .  26 : « Plusieurs coffres funéraires [réutilisation plus ou moins tardive comme tels ?] ont également été
inventoriés, un seul est encore conservé, partiellement  inviolé,…  il  a livré un mobilier attribué à ‘Age de
Bronze que l’on peut voir au musée de Sartène. Un motif de cupules alignées est visible sur l’un de ses montants . » Le mot palladium  qui désigne une statue en bois représentant l’initié  puis en cire à des fins d’envoûtement   est à rapprocher du nom sicilien de la poupée magique,  dagus, dagudos, de palwadi-um
Les noms de l’ initié, grec kouros de korvos.

Les noms de Gavarnie, de Carnac, et en Corse de Cauro et de  Cauria ( du pluriel  carvyano) sont des dérivés de kouros, de korvos, apparenté au francique wrakjo, qui donne gars et au cas régime de l’ancien français garçon, jeune homme,  futur initié .
Pour le site de Cauria, citons trois dolmens mentionnés dont subsiste la  Statione del Diabolo à  Fontanaccia, de Sapara Ventosa, d’Arghiola avec tumulus, Rinaio,
.

L’homophonie avec le nom basque de la chouette ou chevêche d’Athéna. cauria, de korwya :
 Athéna , de Athavana, est  de là son emblème de la glaukôpis Athèna, la déesse au visage de chouette ou au regard éincelant.un homophone du chat-huant ou chouan, cavarna. Je descends par ma mère du frère du sabotier catholique  Jean Cottereau : celui-ci fut  guillotiné à Angers après avoir été arrêté alors que, assis sur un banc, il lisait son bréviaire, parce que son frère Jean  était  surnommé Jean Chouan, chef des insurgés d’Anjou, qui imitait le cri du chat-huant dont la forme régionale était chouan.
 De là l’emblème de la glaukôpis Athèna, la déesse au visage de chouette (glaux en grec) ou plutôt au regard étincelant
Le cas des mari –kouroi, de Mari et Mercurius.
Comme il y a les Dios –kouroi, il y a les Mari-kouroi, les initiés (kouroi) de la grande déesse ibéro-basque Mari (cf . Sainte-Mari-Siché ), qui fut romanisée en Mercurius pour désigner un dolmen couvert de terre ou tumulus, comme en Tarraconaise , région basque d’origine, près de Carthagène, le  Tumulus Mercurii cité par Tite Live,26, 44,6. En Corse, existe une statue-menhir dans la commune de Santa -Lucia -di -Mercurio,appelée  Novallela, peut-être le pied de  vigne, du latin novella . Mais ce n’est pas de cette statue-menhir qu’il s’agit, car nous cherchons un dolmen, qui fut couvert de terre à un moment de sa longue histoire. A 150 mètres de son emplacement, des sondages ont permis de découvrir un mobilier lithique de la fin du néolithique qui est l’indice d’un dolmen enterré détruit, peut-être réutilisé comme tombeau. .


Le nom du  domen du Corbeau, près de Doué-la-Fontaine, commune de Louresse -Rochemenier, dans le Maine -et-  Loire,  vient du grec  kouros, donnant korbellus , jeune homme, et on retrouve le même nom dans
l’ Odyssée, XII, 407,  la pierre du « corbeau », korakos lithos,  dérivé en réalité du grec  kouros , de korkvos, apparenté au francique wrakjo, qui donne gars et au cas régime de l’ancien français garçon, jeune homme,  futur initié : c’est le plus ancien nom de   dolmen . Ce toponyme est commenté par Plutarque, Moralia, 776e, et  le dictionnaire Bailly le  localise sur un  cap d’Ithaque , Theaki ou Tiaki, île ionienne, nommé aujourd’hui Koraka Petra.  Mais  en adoptant la théorie de F. Vinci, dans The Baltic origins of Homer’s epic tales, The Iliad , The Odyssey, and the migration myth, 2006, Inner Traditions, Rochester, Vermont, p. 34 , existe un dolmen de la caille sur l’île danoise Lyë  que Vinci identifie à Ithaque, comme venant du nom d’Ulysse, (u) lie(i),  cf. le génitif latin  (U)li(hs)ei, la laryngale notée hs dégageant un  k   ou le datif grec Olusèi. Il s’agit du dolmen Klokkesten où sten signifie pierre, où klokke serait à rapprocher du néerlandais kakkel,  onomatopée donnant  caille en français, mais où  , selon moi, klokke  vient de kolkw, cf .  kouros de korkvos, jeune homme, futur initié, donnant corb-ellus , cf., avec un autre élargissement en nasale,  cornix ,cornicis,  corneille. La même incompréhension a fait passer du dolmen des Jeunes hommes, des futurs initiés, au dolmen du Corbeau, tant  dans le Maine –et-Loire  que sur l’île danoise et sur Ithaque. . Nous avons dans  Korakos lithos  ,  le dolmen du Corbeau , un curieux singulier antéposé à lithos , où korakos vient en réalité  de korwakos avec un r voyelle donnant or.
Le nom de La puce qui renifle  à   Fontenay –sur- Conie,   vient, non du nom de la  puce , en  latin pulex, pulicis, mais du bas-latin
pullicellus  , dérivé de puellus,  le pucel , le jeune garçon de moins de 17 ans,  qui pleure par peur,  et ce nom constitue une référence.
1 Savoir le site de Cauria avec l’alignement d’I Stantari, l’alignement de  Palaggio, les 4 dolmens de Fontanaccia,de Bizzico Rosso  , d’Arghiola et de Bizzico Rosso à Grossa,Riaio, Apazzo, Vaccil Vecchio.Voir mon  blog sur les mégalithes  de Corse.

jeudi 2 avril 2020

Le mystère des mannes et des cailles de l’Ancien Testament et du Coran résolu.


    Le mystère des  mannes  et des cailles de l’Ancien Testament et du Coran résolu.
Dans le CorAan , chapitre (surate) 2,  verset 54 ; chapitre 7, verset 160 et chapitre 20, verset 82 :
« Ô Enfants d'Israël, Nous vous avons délivrés de votre ennemi, certes,  et vous avons donné rendez-vous sur le flanc droit du Mont (du Petit Sinaï). Et nous avons fait descendre sur vous la manne et la caille. »
« Et Nous vous couvrîmes de l'ombre d'un nuage (allusion à l’Exode,  40, 34 : la nuée couvrit la ente Rendez-vous et la gloire de Yahvé remplit la Demeure») et  fîmes descendre sur vous la manne et les cailles : - « Mangez des délices que Nous vous avons attribués ! »
Bibliographie : Sadegh Moghadam sur les  mannes de  Perse, 1930, 146 pages ;
Diarbakir’s heavenly bread  and other manna of things. Lichen case studies (internet) , avec bibliographie historique incomplète.
Internet : Aspicilia esculenta
 Jean Koenig, « Pourquoi le Horeb après le Sinaï ? »
Résumé : Les cailles ne sont qu’une métaphore pour des lichens de terre comestibles dont les pluies sont constatées dans ces régions. Mais ces lichens de terre à manne  (exsudation provoquée ou non par un insecte) sans racine Aspicilia affinis (latin affinis, voisine de la suivante) très proche de Aspicilia esculentus  (comestible en latin )  , donnent une manne solide . Ils tombent parfois sur un sol couvert d’une autre sorte de producteur de manne, la manne dite de Perse, une manne liquide, Alhagi Maurorum . Jean le Baptiste   a désiré manger la même manne de lichen que Moïse sous forme d’une galette spécialement faite pour lui dont le nom,egkris (habituellement faite à base de Alhagi Maurorum) a été confondu avec le nom grec de la sauterelle, akris.
Dans le blog suivant, on trouvera un aperçu des principales mannes européennes,  la manne de chêne de  Briançon connue depuis le XVI e siècle, et de celle de frêne à manne de  Sicile , puis des recettes culinaires de lichens de mer en Bretagne.

Note sur l’étymologie du sucre , du miel et  de la manne :
Le sucre est originaire de l’Inde, plus précisément du Bengale,  et a été rapporté en Europe à l’époque des Croisades,  par l’intermédiaire des Arabes. Son nom vient du sanskrit çakara, morceau, de la racine  çri, presser (comme on presse un gâteau de miel pour en faire couler le miel) ; de là, par l’intermédiaire de l’ancien persan sokkar (persan moderne  schekkar que l’on trouvera dans les noms de la manne comme schekaré), arabe article al + sokkhar, d’où espagnol azucar avec trace à l’initiale de l’article arabe, , grec sakchar, ou sakcharon, latin saccharum, anglais sugar, allemand  zukker. Le nom grec du miel, meli , est à rapprocher du verbe grec blittô ,de meli , au degré zéro de la racine de meli,  de mbli-, presser le gâteau de miel pour soutirer le miel.,en Inde, le sucre , roux,  venait du bambou , le tabachir  (nom persan, sucre,-schir cf ; Schir- Khecht, , - de Tabas en Perse) qui vient du Bambusa stricta Roxb,  et du sorbier [ sorbus] le Schékaré Sorkh (sucre , schékaré,  de sorbier (persan sorkh ,latin sorbus, gaulois abolo,   qu’on trouve en Perse, à Mazaandaran ou Tabas, ou de la canne.  
Le nom de l’érable dont la sève est utilisée comme sucre de toute antiquité  vient de acerabulus , de l’étrusque  (s)acer, sucre, sapor, sève (latin sapa], sapor chez Pline signifiant sève, jus, puis saveur,   de sacerapo, puis acerabur + -us,  en abrégé en acer, gaulois abolo,  de  sapor, sève ou saveur, sorbier des oiseleurs donnant une  manne sucrée ,nom étendu  à une herbe voisine du sureau, ebulus, de abulo,donnant hièble ,anglais  ash, sorbier, de acer, sucre.
Miel et miellat (selon Littré,  exsudation sucrée qui quelquefois couvre les plantes pendant l'été. L’étymologie est le mot désignant le miel ), par exemple le miel de cèdre , qui est une manne liquide appelée Tereniabin.

Exode : 15 Lorsque les Israëlites vient cela, ils se dirent l’un à l’autre : « Qu’est-ce que cela ? » [en hébreu, man hoû, étymologie populaire du mot manna, manne , cf. égyptien mannou  sur les murs d’un temple ptolémaïque d’Edfu, 3 e siècle av. J. C.  arabe man ;  l’étymologie véritable est un mot égyptien d’origine sumérienne, mannou en égyptien,  signifiant MIELLAT , selon Littré,  exsudation sucrée qui quelquefois couvre les plantes pendant l'été. L’étymologie est le mot désignant le miel en égyptien, man + suffixe adjectival nou, cf.grec meli , latin mel, arménien meir.

L’analogie a joué avec l’hébreu mahar le  pain de la vie future hérité de l’hostie mithraïque , cf . Jean, 6,27 : Travaillez, non pour la nourriture qui  périt  (le pain),  mais pour la nourriture  qui subsiste dans la vie éternelle (la manne céleste, le pain de vie, l’hostie), celle que vous donnera le Fils de l’Homme (Jésus), car c’est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau (pour en faire un nazir). »]
 car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : « Cela, c’est le pain que l’Eternel vous a donné à manger.
Le mot manne, d’origine égyptienne (manhou)  se retrouve dans l’exsudation du lentisque, le mastic , de man (nalen)tisc(us) , avec prolepse du s.
Nous allons nous interroger sur l’existence  de ces pluies et sur l’identité de cette manne, puis sur celle des cailles que Dieu envoie également. Nous disposons des textes de l’Exode, 16, les Nombres , 11, 6-9, le livre de Josué, 5, 11 et 12, les Psaumes 104, 40, et Sagesse, 16, 2 .
Les mannes orientales dites  mannes de Perse selon Moghadam (voir biblio)
1 ) Les mannes médicinales A) Les mannes pectorales 
1 le tréhala (altération de Téhéran) ou tricala à Constantinople ; P 42 :
·        la plante est l’Echinops  persicus Stev. (Cynarées) . Les deux insectes sont le Larinus maculatus  Falderm et le Larinus mellificus Jekel. , appelé à Shiraz  khozoukak ou gottighal. Le nom persan est Schekkaré (sucre) -Tighal ou Tihal  ou encore Schakar  (sucre)-el-ma- asher et le nom arabe Sokrel (sucre) -Achar , achar étant le nom de la plante. Les Hindous l’appellent en sanskrit Arka ou Akund, dans la langue courante ak ou Moudar. Les Arabes  appellent cette plante Ashour (Achar) ; les Syriens thrane, les Grecs Jumakioos.
2 le Bid-Khecht  ou manne des saules de Perse ,est une exsudation spontanée de  Salix fragilis L., Salix  tetrasperma Roxb., Salix persicus Boiss. Elle est aussi appelée Bid –angabine, miel de saule ( bid en persan, de it-t ,  cf . latin, vimen,  lituanien vytris,  anglais willow). ,

2) les mannes purgatives :
1 le tarandjabine (miel humide) ,  tereniabin , turungibin; p.79 .On  l’appelle en Perse kharé-chotor, épine de chameau , et il s’agit de Hedisarum Ahlagi ( aujourd’hui Ahlagi Maurorum , des Maures au sens de musulmans , alhagi signifiant  herbe en persan). Le miel humide s’oppose au miel sec ( khochk-angabine en persan,  le Gazé –Khonsar, manne exsudée par des tamaris  ). Le persan Avicenne (ce n’est pas un arabe, mais  il écrit en arabe) en a parlé. Selon Savary cité par Moghadam ,  p. 129, « La manne liquide  (tereniabin) est semblable à du miel blanc et se trouve sur une plante épineuse semblable à la traînasse [ péjoratif de troène, mais c’est un Astracantha, qui produit de la gomme (du grec kummi] adragante) et qui a des gousses comme le baguenaudier » Et, p . 85 : « Dans les grandes chaleurs, les feuilles  et les branches  de cet arbrisseau, l’Heydysaruym Alhagi,  se couvrent  de petites gouttes d’une espèce de miel qui, s’épaississent et durcissent par grains de la grosseur de ceux de coriandre ; on recueille ce miel et on en forme des pains roussâtres tirant sur le brun, pleins de poussière et de feuilles ;.. . On en vend de deux sortes en Perse : la plus belle et la plus chère  est par petits grains, l’autre (selon moi, la manne de tamaris ou miel sec) est comme une pâte et contient plus de feuilles que de manne. »
 De ce que mangeait  Jean le baptiste   (texte écrit dès l’origine en grec).
L’existence de Jean le Baptiste est mentionnée par l’historien d’origine juive et écrivant en grec au Ier siècle  Flavius Josèphe.   Influencé  par le brahmanisme, le prophète  était végétarien et même vegan, ainsi que non-violent,  c’est-à-dire  qu’il refusait tout contact avec les animaux morts ou vivants : cuir, miel, etc. Or, Marc 1, 6 nous dit : Jean avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage ; à rapprocher de Matthieu qui l’a copié : sa nourriture était de sauterelles et de miel sauvage (3, 4).
La confusion par Marc et Matthieu de egkris, accusatif pluriel en grec  egkridous, galette à l’huile,  avec l’accusatif pluriel grec akridas, sauterelle.
Saumaise, Dictionnaire français et latin, article « Manne », 1704, cité par Moghadam, p. 126 , dit que  «les Arabes et les Chaldéens  appelaient manne une espèce de rosée ou de miel sauvage dont saint Jean se nourrissait dans le désert  », entendons la manne céleste.  Il avait lu l’Evangile des Ebionites, apparemment.
  L’Evangile des Ebionites ou des Douze Apôtres, qui  nous parle du végétalisme du Christ,   nous dit  que Jean  «  ne se nourrissait que  d’un miel sauvage[Tarandjabine], qui avait le goût de la manne, comme nos gâteaux à l’huile » (accusatif pluriel egkridas de egkrisegkridos, mot utilisé dans l’Exode, 16, 4-31 : cela avait le goût de la galette au miel (egkris), -ainsi que Nombres, 11, 7 :« Elle avait le goût d’un gâteau à l’huile », en grec au génitif egkridos ; le mot se trouve aussi  dans les comiques (Athénée, 645 e).
 Etymologie de egkris, egkridos, galette au miel.
Le mot egkridon , à l’accusatif, prononcé anklidon ,  est l’altération probable du persan  andjabine  qui signifie  miel sauvage, c’est-à-dire miellat, et désigne l’Alhagi Maurorum ou Tar-andjabine (dans le persan andjabine, miel, on reconnaît le latin apis , abeille, sous la forme abine) de  Perse. Le mot   devient Térengébil au Sinaï et  a donné notre mot térébenthine, la résine de térébenthe  . On remarque le suffixe –inè dans  le grec  terebenth-inè (grec rètinè, latin rèsina qui viennent eux-mêmes et indépendamment l’un de l’autre  du persan Térengébil), la résine de térébenthe .Le vin blanc ou rosé de Grèce dit retsinatos  était parfumé à  la résine de térébenthe.
Cette étymologie de egkris à partir de tar endjabine, l’Alhagi Maurorum,  est importante, car elle nous prouve que ce type de galette était sucré  c’était  la manne dite de Perse, l’Alhagi Maurorum, l’halagi des Maures au sens de musulmans, qui servait à sucrer ces gâteaux et que tel était ce miel au goût très fort.
La manne de Perse est l’exsudat d'une fabaceae nommée Alhagi Maurorum commune dans  la péninsule arabique Elle est récoltée dans les déserts d’Arabie par les moines du Sinaï et vendue sous le nom de térengébil, mais rien ne prouve que ce soit la manne tombée du ciel, qui est un lichen SDF. , Aspîciola esculenta ou plutôt  affinis. C’est cette dernière , Aspîciola affinis,  que Jean devait manger. ]Le nazir  Jean  le baptiste ne pouvait manger que de la vraie manne, comme les hommes et femmes de Moïse pendant leur sortie d’Egypte et leurs randonnées dans le désert,  - celle qui tombait du ciel, le pain de Dieu., donc  Aspicilia affinis (mot latin signifiant voisine, -de  esculentus,  Jean Baptiste, non seulement ne mangeait pas de sauterelles, vivantes ou tuées par ses soins, ce qui l’aurait plongé  dans une sainte horreur, mais il ne mangeait même pas de miel. Il se contentait de la manne antique, c’est-à-dire de galettes , roussettes ou  beignets à l’huile faites sans miel, à partir d’un végétal,  mais  qui sentaient comme les galettes au miel  parce que le miel  de ces galettes était  butiné à partir des exsudats des cochenilles présents sur les  Alhagi Maurorum.   Jean le Baptiste croyait  que les plantes elles--mêmes  produisaient cette  exsudation sucrée. En réalité, il nous faut restituer le texte suivant : 
Jean se nourrissait simplement de gâteaux à l’huile  sans miel (accusatif pluriel enkridas confondu avec le mot grec signifiant sauterelle, akridas ) ( sucrés et parfumés grâce à la manne)  qui rappelaient le parfum  du miel sauvage butiné à partir des exsudations .
L’insecte  à partir duquel  étaient  fabriqués ces gâteaux à l’huile d’olive.
C’est une cochenille, Trabutina mannipara .
Citons d’autres insectes mieux étudiés capables de piquer des plantes voisines.  Internet : « L'espèce la plus commune est Philaenus spumaria, sorte de petite cigale de l’ordre des Hémiptères qui, au stade larvaire, produit une bave blanche très caractéristique Les cicadelles écumeuses (en Corse, à Mezzana par exemple, sur une variété du Cistus creticus qui ne produit pas de labdanum et s’appelle le Cistus corsicus Loisel) sont des insectes piqueurs et suceurs possédant un rostre leur permettant de pomper la sève des végétaux. De petits amas de bave blanche mousseuse apparaissent alors sur les végétaux, servant à la fois d'isolant climatique et de protection contre les prédateurs pour la larve jusqu'à ce qu'elle atteigne le stade adulte. Cette bave mousseuse est communément appelée « crachat de coucou ».

2 le Schir (sucre)-khécht ou Schir –Khochk (  ce mot désigne un   latex desséché, c’est-à-dire une émulsion aqueuse naturelle, d'aspect généralement laiteux, sécrétée notamment par de nombreuses plantes (telles l'hévéa, pour fabriquer le caoutchouc naturel). Elle coagule et devient une gomme plastique lorsqu'elle est exposée à l'air libre)desséché) et Schiré (sucre) khachak (mot désignant le latex de l’arbrisseau). Arabes et Egyptiens la nomment siracosta, de schir (sucre) khochk.
Il y a deux plantes différentes :
l’une exsudée par l’Atraphaxix spinosa L. (Polygonaécées), appelée Schir (sucre)khechté Chabri (de la banlieue, soit, les montagnes autour de Téhéran) ;
l’autre exsudée par Cotoneaster nummularia Fisch et Mey (Rosacées), appelée Schir-Khechté Harati (de Harat, en Afghnistan) ou Schir- Khetché Khorassani  (de Khorassan).

2) Les « mannes de Perse »  alimentaires  selon  Moghadam.
1) Le Gazé –Khonsar, manne exsudée par des tamaris  de la région de Khonsar  et due à la piqûre de Coccus manniparus sur les tamaris (gaz en persan désignant le  tamaris), en particulier Tamarix gallica (variété T.  mannifera ),  qu’ Ehrenberg a rencontré au Sinaï, en persan gaz angabine , ce dernier mot signifiant miel ou  miellat  et gazé désignant le suc ou manne, ou encore khochk-andjabine, miel sec .  C’est la manne du temple d’Edfu  sous les Ptolémée au 3e siècle av. J. –C, .et celle des rois, ou  manne d’Ispahan. Elle est différente de la manne du tamaris du Sinaï .La manne de Khonsar est utilisée en confiserie à Ispahan, d’où son nom de gazé Esfahan.  
Cette manne est recueillie vers la fin de l’été  dans une vallée où le tamaris pousse à l’état sauvage, entre Khonsar et Faridan.
On frappe les arbustes de bonne heure avec des bâtons. La manne et  les feuilles tombent en même temps sur des couvertures étalées sur le sol.
On fait, de la même  façon, deux autres récoltes en laissant chaque fois  un intervalle de dix jours.
 On la fait fondre par une douce chaleur, on la passe dans un linge.  Elle est différente de la manne du tamaris du Sinaï .La manne de Khonsar est utilisée en confiserie à Ispahan, d’où son nom de gazé Esfaha ; afin d’en séparer les débris végétaux, on ajoute parfois  du sucre de canne pour donner une consistance plus ferme. On lui ajoute des pistaches préalablement parfumées à l’eau de rose ou par de la cardamome. On  lui donne la forme de tablettes qui se solidifient par refroidissement et que l’on conserve, séparées les unes des autres par une couche de farine, dans des boîtes de fer blanc ou de bois.
Se rencontre en Arabie et sur les monts du Sinaï, ainsi que dans le Khuzistan, aux environs de  Bassorah , dans le centre et le sud de la Perse (Ispahan) ,  en Afghanistan  et en Nubie.
2)     Le Gazé –alafi ,(alafi signifiant feuille),manne de feuille,   est une manne exsudée par les feuilles de chênes à gales comme le Quercus Vallonia Kotschy et le Quercus  persica Jaub et Spach, appelée ballett ou aft .On prépare un sirop, soit de la même façon que le  gazé Khonsar (pour fabriquer des  tablettes), soit , en y adjoignant de  la farine,  en vue de la confection de fruits glacés ,qu’on enrobe dans ce mélange. Les amandes, noix et fruits secs, enfilés par centaines sur des brins de coton, sont plongées dans le sirop concentré chaud. Toujours attachés, on les laisse sécher au soleil et on  recommence l’opération plusieurs fois jusqu’à ce que la masse de sirop déposée sur les fruits  soit suffisante. Cette confiserie s’appelle en Perse baslogh (en ancien patois kurde, peknès).
3)     La manne biblique.
3 hypothèses  selon Moghadam : 
1) Alhagi  Maurorum ou Tarandjabine de  Perse, man pour les Arabes, le mot tar andjabine andjabine signifie  miellat , a donné notre mot térébenthine, résine de térébinthe  aujourd’hui.
2) le Tamarix mannifera, ou « manne de Syrie », venant du Kurdistan. = gazé  -alati, venant du chêne à galles ;
3) un lichen, appelé shirsad  (shir  signifiant sucré) en Perse  C’est l’hypothèse de Moghadam. Haussknecht, en 1870, « Cette substance qui est une mousse, Aspicilia  jussuffii, se trouve dans le désert de Sistan et près de Tabas. »
Conclusion de Moghadam en 1930 :
 « L’hypothèse en faveur de la manne de lichen nous paraît la plus probable en raison  des caractères extérieurs de celle-ci ; sa forme ronde, les quantités qu’on peut en récolter, son caractère putrescible et son apparition soudaine, sa disparition  apparente rapide au soleil, concordent avec les caractères indiqués pour la manne dans la Bible. » Lecanora (aujourd’hui Aspicilia affinis plutôt que L. esculenta (L esculentus Pallas) ou  L. fructiculosa .
Moghadam s’étonne :  «  La Bible dit  que c’est une substance sucrée à saveur de miel fondant au soleil et d’autre part que c’est un corps solide de la taille d’un grain de coriandre et qui peut être moulu. Il est inadmissible d’attribuer à la fois deux propriétés presque contradictoires à un même corps. N’est-il pas en réalité, dans  la Bible, question de deux produits ?
Cette opinion n’est d’ailleurs pas nouvelle, puisqu’elle est celle de O’Rorke[ « La manne des Hébreux », J. Ph. Et Ch. , 1860,[3],37 ;  G. Plan et E. Collin, Drogues simples d’origine végétale, 2 vol. , Paris,1895].
Relevons que la pluie de lichens a pu tomber sur un sol déjà recouvert par des arbrisseaux fixes, les Alhagi Maurorum (ou Camelorum). La  fonte au soleil et l’état liquide proviennent de l’Alhagi Maurorum tandis que l’aspect solide de ces végétaux qu’il faut broyer au pilon ou moudre vient du lichen., Aspicilia affinis. Selon Belon (1555) cité par Moghadam, p.13 : « Les Caloyères en Perse  avaient de la manne liquide recueillie dans leurs montagnes qu’ils appellent Tereniabin, à la différence de la dure : car ce que les auteurs arabes ont appelé tereniabin est gardé en pots de terre comme miel de cèdre, et les autres Grecs ont nommé Rosée du mont Liban : qui est différente de la Manne blanche sèche….  Estant la manne de deux sortes, l’on en trouve au Caire de l’une et de l’autre ès boutiques des marchands, exposée en vente.  L’une est appelée manne et est dure ; l’autre téréniabin  et est liquide. » Selon Savary cité par Moghadam ,  p. 129, « La manne liquide  (tereniabin) est semblable à du miel blanc et se trouve sur une plante épineuse semblable à la traînasse et qui a des gousses comme le baguenaudier » Et, p . 86-87 : « Dans les grandes chaleurs, les feuilles  et les branches  de cet arbrisseau, l’Heydysaruym Alhagi  (aujourd’hui l’Alhagi Maurorum) se couvrent  de petites gouttes d’une espèce de miel qui, s’épaississent et durcissent par grains de la grosseur de ceux de coriandre ; on recueille ce miel et on en forme des pains roussâtres tirant sur le brun, pleins de poussière et de feuilles…  On en vend de deux sortes en perse : la plus belle et la plus chère  est par petits grains, l’autre (selon moi, la manne de tamaris ou miel sec) est comme une pâte et contient plus de feuilles que de manne. »
Enfin selon Haussknecht en 1870, cité par Moghadam, P . 129 : « Cette substance , qui est une mousse  (Chlorangium Jussuffii ou Aspicilia jussuffi ) se trouve dans  le désert de Sistan et près de Tabas(en Perse), souvent sur le sol. Pendant les disettes, les habitants mouillent et cuisent ce  produit en forme de pain. On le trouve très souvent dans les bazars de Téhéran et d’Ispahan sous le nom de Schirsad (schir , sucre, sad,   lait), parce que sa consommation est favorable à la lactation…Il n’y a pas , à ma connaissance, une telle plante dans le désert du Sinaï…Les Juifs  ramassent leur manne seulement le matin, quand la brume a disparu…car les plantes étaient alors plus facilement visibles . Elle fondait sous l’influence des rayons solaires (ce que l’on  a mal interprété  en disant qu’elle disparaissait), tandis que les plantes se recroquevillaient et se couvraient de terre. On voit, d’après le livre des Nombres (Ch. 11, 7 à 9 : Le peuple  se dispersait pour la ramasser ; il la broyait avec des meules,  ou la pilait dans un mortier (pour en faire de la farine finement moulue); il la cuisait au pot et en faisait des galettes. Elle avait le  goût d’un gâteau à l’huile) que cette manne devait être une substance sèche et rigide qu’on  transformait en farine, et qu’elle se trouvait seulement dans les régions incultes où les mousses peuvent se développer en grande quantité  (Livre de Josué, V, 12 :  Et dès le lendemain de la Pâque, ils mangèrent du blé du pays, savoir des pains sans levain (mettaient-ils du levain dans leur pain de lichen et leurs beignets au miel, c’est-à-dire à la manne  ?) et des épis grillés, en ce même jour. Et la manne cessa dès le lendemain après qu’ils eurent  mangé du blé du pays  et les enfants d’Israël n’eurent plus de manne, mais ils mangèrent  du cru de la terre  de Chanaan cette année-là.). »
La récolte se fait en coupant les parties aériennes de la plante et en les secouant sur des nappes appropriées, pour recevoir les larmes de manne desséchées, ainsi qu’une quantité plus ou moins importante de feuilles, gousses (cf. le baguenaudier de Savary et sa traînasse épineuse) et épines. On utilise la plante dépourvue de manne pour la combustion  ou comme fourrage pour les animaux.
La description du lichen selon Mohghadam, P. 132 :
Il cite Guibourt  qui donne la description que voici : ce sont de petits corps arrondis ou un peu aplatis, de 1 cm, de diamètre,, et d’autres fois des masses plus considérables, mamelonnées, larges de 2 cm à 2 cm et demi, mais n’ayant toujours que 1 cm d’épaisseur. Ces petits corps  ou ces masses ont d’ailleurs leur surface entièrement couverte par de petits tubercules gris, de formes très variées, avec  à l’intérieur une petite masse irrégulière, blanche et fongueuse, qui se ramifie  tout autour en un grand nombre de tubercules pédiculés de nature semblable, mais pourtant terminés par une enveloppe grise, de nature gélatineuse, analogue à celle des lichens. Ces corps tuberculeux  ne présentent aucun prolongement ou aucune griffe qui pût les fixer au sol dont ils étaient certainement isolés, chacun d’eux pouvant être comparé, dans son entier, à une petite truffe ; ils ont une saveur fade et terreuse. Cette substance, dont les séminules ont sans doute été transportées par les vents et développées par les pluies, est curieuse  par l’analogie de  forme, d’origine et  d’application qu’elle présente avec la manne dont  les  Hébreux se sont nourris dans le désert. »

Les pluies de manne selon Moghadam. P. 130 Je trouve que les auteurs anglophones ont été très injustes vis-à-vis de Moghadam, en refusant de le citer et de lui rendre hommage. Aussi ai-je cru bon de mentionner les cinq pluies de mannes déjà signalées, en 1930,  par notre ami persan. 1828, au Mont Ararat en Perse, pluie de trois mannes de lichen Aspicilia esculentus  Palllas, Lichen Aspicilia affinis et Aspicilia fructiculosa. Epaisseur de 5 à  inches (soit 0, 0254mètre  x 6 =0,12 cm ). Les habitants l’ont employée comme aliment. Granulation  demi-ronde, jaune brun  extérieurement et blanche à l’intérieur ; on a pu constater, suite à un ouragan, la présence de cette manne dans un diamètre de 240 km autour de Diaré Bakre.
1)    1845, après  une pluie, en Anatolie, substance grisâtre ressemblant  à l’Aspicilia esculenta ; les habitants se sont servi de cette manne pour faire du pain. Voir description plus haut.
3) En 1864 eut lieu une autre pluie de manne à Karpat (Asie mineure) et dans la région nord de Diaré –Békir. Elle est appelée par les Turcs  kudrete bogdasi, soit semence miraculeuse , et ils racontent que de pareilles pluies de mannes ont eu lieu à plusieurs reprises. «  La manne est formée de petits grains ronds de lichen jaune pâle grisâtre, qui ressemblent à une fraise, une framboise ou une mûre ;…  Ces grains  se coupent très facilement avec un couteau ; l’intérieur est blanc, parfois légèrement teinté de jaune. »  Une fois moulus, ces grains  sont nutritifs et d’un goût agréable.
4) En 1918, les paysans persans d’Aragh  trouvèrent une substance  argileuse jaunâtre qu’ils prirent pour du pain.
5) En 1918, pluie de manne en Asie mineure constatée par  des soldats allemands.



Les cailles : une abréviation pour crottes de cailles désignant les lichens.
Nombres, 11,31 : «  Envoyé par l’Eternel, un vent se leva quivenant de la mer (de l’ouest) entraîna des cailles et les précipita sur le camp.  Il y en avait aussi loin qu’un jour de marche de part et d’autre du camp, et sur une épaisseur de deux coudées au-dessus  du sol (s’il s’agit de la petite coudée égyptienne, cela fait 90 cm environ de profondeur !). 32. Le peuple fut debout  tout le jour, toute la nuit et le lendemain pour ramasser des cailles : celui qui en ramassa le moins en eut dix muids ; puis ils les étalèrent autour du camp [pour faire sécher les lichens, mais quel intérêt d’étaler de vraies cailles ?). La viande était encore entre leurs dents, elle n’était pas encore mâchée, que la colère de Dieu s’enflamma contre le peuple. Dieu le frappa d’une grande plaie » (Laquelle ? Le scorbut,  le béri-béri, une maladie due au égétarisme ?. ?) Il s’agit pour moi des lichens et non des cailles.
Les lichens mobiles sont sur nommés familièrement  crottes de
pigeon  , oussek (el trab , de la terre) en Algérie, et crottes de cailles en particulier dans toute la région de l’Euphrate, -ou encore graisse ou tripes  du sol ou miel de la terre. : « Il y en avait aussi loin qu’un jour de marche de part et d’autre du camp, et sur une épaisseur de deux coudées au-dessus  du sol (s’il s’agit de la petite coudée égyptienne, cela fait 90 cm environ de profondeur !).Il est facile de comprendre que des lichens vagabonds pourraient former des lits de 12, 20 et 30 cm d’épaisseur en des endroits variés. Soulevés par le vent et entraînés dans les steppes qu’on appelle désert (où seuls pâturent les  moutons et leurs bergers), les lichens s’accumulent çà et là au gré du vent et des obstacles que le relief lui oppose.
Pourquoi cette métaphore ? D’abords parce que ces lichens sont des migrateurs comme les cailles ; ensuite, parce que l’odeur des crottes de caille est mauvaise comme celle des  lichens  mal conservés qui puent, cf Exode : 20 Certains n’écoutèrent pas Moïse et en mirent en réserve jusqu’au lendemain, mais les vers s’y mirent et cela commença à puer. Moïse s’irrita contre eux.24  Ils le mirent en réserve jusqu’au lendemain, matin  comme Moïse l’avait ordonné ; cela ne pua pas et il n’y eut pas de vers dedans ;
 enfin, parce que la forme et la couleur des crottes de cailles   évoquent  celles des grains de coriandre, donc celle des lichens. Cf. l’ironie de l’auteur de  Sagesse, 16, 2 ; tu as accordé un bienfait à ton peuple pour satisfaire son ardent appétit, c’est un aliment merveilleux, - des (crottes de ) cailles , -que tu lui as préparé pour nourriture.  
Mais  pour identifier ces lichens vagabonds, il faut encore qu’ils soient de nature à être comestibles  pour les moutons et les chèvres et,  sous forme de pain,  par les hommes.
De telles pluies de végétaux existent-elles dans la réalité ? En tout cas on imagine mal pleuvoir des tamaris qui sont bien enracinés ! Et de quels végétaux s’agit-il ? Peut-on en tirer un pain comestible ?
Lichen est à rapprocher du celtique  karraghen , de ka + lighen , qui désigne aussi  bien le végétal que son excroissance, la manne, comme le latin lichen. Le grec leichèn  ne doit être rapproché,  ni du grec leichô, lécher,  ni par conséquent de la racine indo-européenne homophone leigh, lécher, sanskrit redhi, , latin lingo, etc. comme le montrent ses significations :  lèpre,  dartre,cal sur la jambe des chevaux  et  manne sur certains végétaux ‘(Nic .,   Th . 945 et Diosc, 4, 53 ) . De même,  le latin lichen, ou lichena qui désigne la plante à manne et aussi par métonymie le cal, des chevaux,  une maladie de peau.

 Aspicilia esculenta


[“Manna Lichen”; syn. Lecanora esculenta]
Noms vernaculaires : Torba (bergers libyens : Libye); Trub (bergers de moutons bédouins : Libye).
Utilisations : comme aliment (Afrique du nord et Asie), comme nourriture animale en Libye, comme médicament  (en péninsule arabe, en Cyrénaïque) .
Aspicilia esculenta est un lichen vagabond qui hante les déserts de Perse, où, selon Parrot, on a assisté à des grêles de lichens et à des accumulations de 15 à 20 cm d’épaisseur, et d’Afrique du nord, l’Algérie, le sud-est de l’Asie mineure et la Palestine.
Près d’Alep, en Syrie, en 1824 et au début mai 1890, cette fois lors d’un orage violent, près de Djebel-el-Ooffet (district de Diarbékir et de Mardin), une abondante grêle tomba et en fondant découvrit un lit épais de  lichens, que  les habitants consomment  en les  pétrissant avec un tiers de leur  poids en farine de blé.  Les lichens constituent une part importante de leur alimentation.  Les Kurdes de Mésopotamie consomment aussi ces mêmes lichens et l’appellent pain céleste.  Selon Perez-Llano 1944 et  Brodo et al. 2001, ce serait la manne mentionnée dans la Bible,  Exode (16, 31) et  Nombres,  11,7 : il forme des excroissances  dures, sphériques qui ressemblent à des cailloux, de moins d’1 cm de diamètre (la manne)  Il est attaché au sol de façon très lâche ou même n’est pas attaché du tout et il se laisse facilement emporter aux alentours par gros  vent. Dans de violents orages, les thalles de lichen peuvent être soufflés jusqu’à former des amas dans les terrains situés  plus bas.  On a signalé d’importantes  pluies de lichens  notamment en Turquie centrale, en Arménie, dans la Perse du nord, en  1824, 1828, 1829, 1846, et 1890. Selon Crum (1993), les lichens forment alors des entassements de 20 à 30 cm d’épaisseur et ils sont appréciés en période de sécheresse et de disette.
Ce lichen est comestible. Brodo et al. (2001) ont bien établi que les populations de l’ouest de l’Asie centrale le mangent, au moins en période de disette. Perez-Llano (1944) et  Uphof (1959) établissent tous les deux que certaines tribus du désert le mangent encore aujourd’hui , moulu et mêlé pour un tiers de son poids à leur repas. Selon  Nelson (1951), il est récolté par les  Tartares pour en faire de l’earth- bread, un pain d’épices, un pain complet à base de Aspicilia esculenta. Le bryologiste (du grec bryon, mousse, spécialiste des mousses) Howard  Crum (1993) indique que le lichen était mélangé avec de la farine pour faire du pain dans les steppes de l’URSS méridionale. Crum rapporte aussi qu’on le mangeait à l’occasion en  Amérique comme ingrédient dans le pain, et qu’on pouvait  le consommer cru comme une salade et qu’on le faisait griller également, avec ou sans huile. L’armée d’Alexandre le Grand, en Perse, lui dut son salut pour échapper à la mort par inanition et  on  utilisa le lichen en Libye durant la seconde guerre mondiale pour lutter contre la famine. Crum (1993) mentionne aussi plusieurs autres utilisations par l’homme d’Aspicilia esculenta. Elle est indiquée comme ingrédient entrant dans la composition d’un vin et de complexes médicinaux dans des écrits arabes qui s’étendent du 9e au 13e siècle, comme al-Idrisi qui rapporte que la manne de Perse  s’appelle gawz gundum et que la meilleure vient de la ville de Khorasan,  connue par ailleurs pour son blé. Et en Cyrénaïque au 11e siècle on le récoltait pour le faire fermenter et le consommer comme boisson.
 Dans quelques régions,  Aspicilia esculenta  est aussi utilisée comme fourrage  pour les moutons et pour les chèvres, surtout en temps de sécheresse  (Brodo et al. 2001; Crum 1993). Les bergers de Libye font pâturer leurs moutons en période de sécheresse dans des prairies d’Aspicilia esculenta  (Crum 1993). Ils peuvent dresser des tas afin d’aider à repérer les prés de lichens particulièrement bons  et parfois  même ils moissonnent  les lichens et les engrangent dans leurs étables  Dans la région orientale de la Libye, à  Wadi al Masus, les lichens sont abondants sur une surface de 70 km de longueur et de 30 km de largeur (Crum 1993). En  Libye, les  bergers  bédouins l’appellent  torba ou trub (terre, par abréviation de tripes de la terre, cette variante dialectale est due à un  r voyelle) et s’en servent comme fourrage pour leurs moutons et pour leurs chèvres (Crum 1993). A la différence des Libyens, les Bédouins ne se contentent pas d’utiliser seulement pendant les sécheresse l’ Aspicilia esculenta  et ils proclament que tout ce dont  un mouton a besoin pour survivre, c’est de trub et d’eau (Crum, 1993).
Les diverses espèces de lichens à manne, genre Aspicilia .
Aspicilia alpicola, Aspicilia aschabadensis, Aspicilia cerebroides, Aspicilia emiliae, Aspicilia esculenta,
Aspiciolola affinis, Aspicilia fruticulosa, Aspicilia fruticulosofoliacea, Aspicilia hispida, Aspicilia jussuffi, Aspicilia lacunosa, Aspicilia tominii et  Aspicilia vagans.
Certes, on dit que ce  lichen Aspicilia esculenta n’est pas fréquent  au Sinai, mais on y voit plusieurs autres espèces très voisines qu’on peut aisément confondre avec Aspicilia esculenta: ce sont Aspicilia jussufii, Aspicilia vagans, Aspicilia fruticulosa (Crum 1993).
De plus, où se trouvait le mont Sinaï ? C’était un volcan qui prit le nom d’Horeb, mot qui signifie  abandonné en hébreu, après l’abandon de la Tente du tabernacle et la construction   du Temple de Jérusalem.. Je renvoie à l’article de Jean Koenig cité dans la bibliographie : au nord –ouest de l’Arabie, au pays de Madian dont le caractère volcanique  est bien attesté par la cire en fusion (les laves) mentionnées par Ps.97, 2,3, 4, et5 : «  Ténèbre et Nuée entourent l’Eternel …Un feu devant lui s’avance et dévore à l’entour ses rivaux ; ses éclairs illuminent le monde, la terre voit et chavire. Les montagnes fondent comme la cire devant le maître de toute la terre » et Michée, 1,4 : « les montagnes fondent sous les pas de l’Eternel, les vallées s’effondrent, comme  cire au feu, comme l’eau répandue sur la pente. »