Qui sont les austronésiens ?
Aujourd’hui, les apparentements des langues entre elles ne
sont plus à la mode et il faut avoir 75 ans comme moi pour s’en soucier.
Pourtant, l’austronésien tel que Dempwolff l’a défini (son
ouvrage irremplaçable, en allemand, a été réédité en 1969) constitue un bloc
compact et sûr. Il est fondé sur le lexique des langues indonésiennes et malaises surtout ; il faut y rajouter le malgache, les langues formosanes et le
polynésien. Les langues parlées en
Mélanésie (terme géographique et non linguistique) sont très mal étudiées
mais elles sont probablement à rattacher à l’austronésien.
Disposant des ouvrages de Leenhardt sur le houaïlou et de la
grammaire de Madame de La Fontinelle, j’avais étudié le houaïlou de
Nouvelle-Calédonie et constaté qu’il s’agissait bien d’une langue
austronésienne, mais mon texte semble être perdu, tant il n’a intéressé
personne. Je suis pourtant le seul à avoir rattaché une langue mélanésienne
comme le houaïlou à l’austronésien.
A ceux qui désireraient étendre aux autres parlures
calédoniennes et loyaltiennes le rattachement éventuel à l’austronésien de
Dempwolff, quels conseils donner ?
D’abord, il faut remonter directement de telle parlure à
l’austronésien, et non pas chercher des apparentements avec
d’autres langues locales, même si l’ouvrage de Leenhardt avec des listes de
mots dans tous les « dialectes » peut être consulté. De plus, il
faut se fonder, non sur les noms de nombre, variables suivant l’objet numérisé
(mais lmaracine pour deux est duSa ,
lifou lue, de lua-i), ni sur les noms de
parenté, variables suivant le sexe du locuteur et de l’allocuteur, mais sur les
noms de couleur et sur les animaux comme les poux (tchien en belep) ou roussette (emprunt à l’ibère pek). Chaque parlure a constitué sa propre morphologie à partir d’un ensemble de
noms appropriés, auxquels était adjoints un pronom personnel. Les langues les
plus commodes sont celles pour lesquelles il existe un dictionnaire, comme ceux
du Canala (œuvre
du père Neyret, dactylographiés et retouchés, puis déposés par mes soins aux
archives de Nouméa) ou celui du Belep (moins
complet).
Les parlures non étudiées,
mais certainement apparentées.
Les langues australiennes
et parlées en Nouvelle-Guinée
font partie du même bloc que les langues
parlées en Mélanésie, de même que les langues
amérindiennes comme le quechua,
dont les locuteurs sont arrivés par le pôle sud, mais qui sont toutes très mal
étudiées.
L’austroasiatique et les substrats
Les linguistes néo-zélandais posent avant l’austronésien une
langue mère qu’ils appellent l’austroasiatique regroupant notamment le khmer,
le birman, le laossien et le vietnamien. Le japonais et le coréen sont à part.
La langue aïnou et les langues parlées à Okinawa, différentes du japonais, sont
assurément austronésiennes , par exemple à Okinawa le nom de l’oursin dont on
mange les organes sexuels féminins se rattache à yossi en lifou ou à yoni en
Inde où ce peut être un substrat monda, -des langues jadis parlées par une race
blanche proche de celle des aïnous. D’autre part, on a rapproché, avec Paul
Rivet, le sumérien (cf le khmer,et
les toponymes des Comores et du Cameroun) kush,
peau de lexèmes austronésiens. Enfin un mot comme uma, maison en lifou ou en
Nouvelle-Irlande se retrouve dans les
langues nigéro-congolaises, si mal étudiées.
Quelle était la langue maternelle des mélanésiens avant qu’ils ne parlent une
langue austronésienne, comme les Antillais qui parlent de nos jours des langues
indo-européennes du type du français ou de l’anglais ? Vraisemblablement une
langue nigéro-congolaise.
Le sabir austronésien
Beaucoup de linguistes contemporains sont convaincus que le
foyer des langues austronésiennes est situé quelque part à Formose ou en Chine.
En effet, il faut supposer une vaste zone de melting-pot où un sabir a dû être
parlé, comme la koiné au 3e
siècle av. J.-C. sur les rivages méditerranéens, où ce grec altéré servait de
lingua franca, de langue véhiculaire, comparable au bichlamar ou au créole de
la Réunion. L’amalgame de populations disparates s’est passé comme chez les
Kirghizes (ibères –ouigours blancs imposant leur langue voisine du turc à des
indigènes de race jaune, peut-être austronésiens ou austroasiatiques) ou a u Népal (langue indo-européenne voisine du
sanskrit étendue à des noirs, peut-être proches des mélanésiens) Où faut-il le situer ? A mon avis, en Birmanie et à date très reculée.
Quelques emprunts
anciens.
A l’ibère-ouigour sont empruntés des noms de plantes : medu, pamplemoussier sauvage, prunier sauvage à fruits jaunes (obubu en fayawé , nguéa en kaponé, cf ‘umai à Okinawa, de o prothétique+ bou pour mou , duplication de la dernière syllabe
typiquement papoue), bourao donnant les feuilles de balassor servant à
fabriquer les bagayou ou cache-sexe masculins, les bambous servant à fabriquer
des couteaux, hele en houaïlou, de fele, malgache filao, bois de fer casuarina))
A l’espagnol hispanioli,
est emprunté le nom du blanc, popalagni ou apopalai (les premiers blancs
aperçus au XIVe siècle étaient espagnols), a insi que carabouzo,
prison, peut-être par le biclamar.
Au français, fer,
est emprunté au XVIIIe siècle le nom du sabre d’abattis, fao.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire