Pourquoi les ornithologues n’ont
jamais pu résoudre le mystère du Cagou, ou leurs erreurs de systématique.
Etymologie de Rhynochetos jubatus et Rhynochetidae.
Si jubatus signifie avec une huppe en
latin, la formation, l’étymologie et l’orthographe de Rhynochetidae est moins évidente.
On peut partir du latin savant rhyncaeca,en français rynchée,désignant échassier des pays chaud, du grec rhynchos, bec, et songer à la rhynchée
d’Australie, Rostratula australis, rostrum étant l’équivalent latin du grec
rhynchos.découverte par John Gould en 1838 et construire, avec un suffixe de
ressemblance –etidae, un rhynchetidae
(sans o), puis avec un suffixe –etos
un rhynochetos . Il reste que le nom
du cagou, échassier dans l’esprit de celui qui l’a nommé,-Gould en 1856,- est
donc fautif,Rhynochetos au lieu de Rhynchetus, ainsi que la graphie latinisée Rhinochetus jubatus (1901, Burckhardt).
Le mot est homonyme de cagou,mot béarnais dérivé du grec kakos, mauvais, paria,
faux lépreux blanc atteint de vitiligo , puis lépreux contrefait,
en argot chef des gueux : « un vieux cagou » .
A propos du Cagou huppé,
on peut lire dans l’un des deux ouvrages classiques sur les oiseaux
calédoniens, celui de Jean Delacour, Guide des oiseaux de la Nouvelle-Calédonie,
1963 :
« Le Cagou
est certainement l’oiseau le plus intéressant de la Calédonie. C’est un
échassier forestier tout à fait particulier, formant une famille spéciale qui
n’est étroitement apparentée à aucune autre. Le Caurale de l’Amérique du Sud (Eurypygidés), également isolé, et peut-être les Mésites de Madagascar sont sans doute
les plus proches d’eux, mais néanmoins encore bien éloignés… Œil rouge, bec et
pattes jaune orangé. » Le cri du
cagou, semblable à un aboiement, avec des sifflements et des notes profondes,
s’entend surtout au lever du jour.
Dans le second
ouvrage, Oiseaux de Nouvelle-Calédonie et
des Loyauté, 1980, 2 vol. de F. Hannecart et Y. Letocart, vol.1, p.47, on
peut lire : « Seul représentant
[vivant] de cette famille [des Rhynochetidés]. « Car
sur la toile on peut lire qu’il y avait
jadis un autre représentant, plus grand, dont Balouet a étudié les fossiles,
lui donnant le nom de Rhynochetos orarius
(de ora, bord de mer, par opposition
aux montagnes dans les forêts desquelles vivait le cagou actuel ).
De nos jours, la classification linnéenne, ou
traditionnelle, qui assignait des rangs taxonomiques à la classification des
êtres vivants (règnes, classes, ordres, familles, espèces, etc.) d’après des similarités morphologiques , et qui , pour
les oiseaux et pour le cagou en particulier, a montré ses difficultés et ses
limites, a donc aujourd’hui cédé la place à une classification cladistique
reposant sur des clades , du grec klados, branche .Un clade regroupe un ancêtre et l’ensemble
de ses descendants. Pour le cagou, nous ne prétendons pas lister tous les
descendants, mais seulement ceux qui intéressent la Calédonie. Toutefois, nous
citerons la classification ancienne à titre de comparaison.
Clade des Gouridae,
comprenant des Otididae (outardes),
des Phasianidés (faisans, etc.), des
Gouras et des Cagous.
Ancêtre , le hotzin
huppé
1Le Lophophore resplendissant, Lophophorus
impejanus , un Phasianidé bleu
pastel de l’Inde.
2 L’outarde houbara,
Clamydotis undulata, un grand oiseau
de la famille des Otididae (outardes, voir les Otidiformis fossiles de Nouvelle-Zélande). Mongolie, Chine, Inde.
3 Goura de Nouvelle-
Guinée, 3 espèces :
-Goura cristata,
dont serait issu le cagou fossile, avec, outre la sous-espèce nominale, deux
sous-espèces : Goura cristata minor
et goura cristata pygmataea. C’est
peut-être cette dernière variété qui a donné le cagou actuel.
-Goura
scheepmakeri dont 1 sous-espèce :
goura scheepmakeri
schaterii Salvadori, 1876
-Goura victoria
dont 2 variétés en plus de la variété
nominale, savoir Goura Victoria victoria Fraser
1844, plus petite que la suivante, avec une huppe moins fournie, et goura victoria baccarii, Salvadori,
1876.
D’où :
a)Microgoura de Choiseul aux Salomon, en voie
d’extinction : Microgoura meeki,
issu du Goura cristata pygmataea ?
b) Cagou huppé
de Nouvelle-Calédonie, famille des Rhynochetidae, Rhynochetus jubatus, 2
variétés dont l’une éteinte et
l’autre le cagou vivant, sans
doute variété de Goura cristata pygmataea sous un autre nom.Le cagou éteint Rhynochetos
orarius Balouet 1989, de 15% plus
grand que l’autre , pourrait être Goura cristata.
c) Nouvelle-Zélande,
fossiles, genre Aptornis,
2 espèces : l’une dans l’île du nord, Aptornis otidiformis, Owen 1844, plus
grosse,l’autre dans l’île du sud, Aptornis
defossor Owen 1871,sans doute respectivement goura cristata et
goura cristata
pygmataea sous
d’autres appellations ?
d)Nouka Hiva, le kaau, cagou, en voie d’extinction,Rhynochetos jubatus ?
C’est grâce à la biologie moléculaire et à l’étude de l’ADN,
celui du cagou entre autres, que les ornithologues ont étudié sa parenté avec
les Caurales et avec les Mésites de
Madagascar. Ils font intervenir le continent Gondwana disparu il y a 16
millions d’années pour expliquer ces surprenantes et lointaines parentés et le hotzin huppé d’Amérique du sud , qui se
révèle l’oiseau moderne le plus ancien,
car on a trouvé de ses fossiles datant de 18 millions d’années, du temps du
Gondwana. Aussi est-il tentant pour nous
de regrouper les Caurales d’Amérique du sud, les Mésites de Madagascar
avec les gouras de Nouvelle-Guinée et
leurs parents du Pacifique, dont le cagou,
dans un même clade.
Le problème du cagou est lié à la taxonomie. La taxonomie
actuelle est fautive et on ne s’étonnera
pas de voir le cagou rattaché à des gruiformes ou à des columbiforme ou encore des phasianidae etc.
Un signe cladique à
prendre en compte est la présence de pulviplumes, qui existaient aussi chez le
dinosaure et que les Américains appellent « down powder » (c’est-à-dire le duvet en poussière sur
l’extrémité des plumes, le bout de la plume se désagrégeant en une fine poussière de kératine). Ces
pulviplumes se trouvent chez les psittacidés,
columbiformes, les oies etc. et
notamment chez le cagou, les mésites, les caurales, les « adzebills » de
Nouvelle-Zélande. Le cas extrême est celui d’un phasianidé,
le Lophophorus impejanus (qui porte un aigrette, lophos en grec, et impedianus, sur échasses) ou monial (ermite) de l’Himalaya, vivant
en Inde, en Afghanistan et au Pakistan ainsi qu’en Assam, peut-être apparenté
au goura de Guinée, donc au cagou. Chez
lui, les pulviplumes forment une énorme
tache blanche sur le dos, toute resplendissante : on dirait de
petites perles de nacre d’un blanc
éclatant, très brillantes, jetées en vrac sur son plumage : il est si
beau que le Népal l’a choisi comme emblème national.
La version qui remplace l’ancienne
classification des Columbidae, des gruiformes et des Phasianidae
serait,semble-t-il, celle d’un taxon regroupant notamment les caurales
d’Amérique du sud et les
mésites de Madagascar ,les pigeons, les gouras
de Nouvelle-Guinée, les « adzebills »
fossiles de Nouvelle-Zélande et le cagou .
Les Caurales d’Amérique du sud.
A Etymologie de caurale
Caurale vient de kau , chanter, comme gou dans
ka-gou, le chanteur,et de ra, morphème substantivant postposé
comme dans goura. C’est l’altération
européenne de kaura-ni-lua, qui
signifie celui qui chante (coq ou autre oiseau) au (ni) sol (lua) et non dans les arbres comme les oiseaux qui ne sont pas
aptères. Cette étymologie est
capitale afin d’éliminer pour les caurales l’hypothèse du Gondwana et même
celle d’une évolution convergente de ce phylum. On peut retracer leur trajet à
partir de la côte ouest de la Nouvelle-Guinée d’où ils furent transportés par
les Austronésiens jusqu’aux îles Salomon,
puis, à partir du niveau du pôle
et de l’extrême sud de l’Amérique, le long des côtes d’Amérique du sud jusqu’au
niveau de l’Amérique centrale.
Les caurales soleil
(en anglais sunbitterns, butors avec
des soleils) montrent un dessin que forment les ailes une fois
déployées : elles dévoilent de magnifiques panneaux châtain et orange au
niveau des primaires, ainsi que des ocelles blancs, semblables à de petits soleils. Ils crient le matin comme le cagou .
ils appartiennent à l’ ordre des Eurypygiformes, famille des Eurypygidae, genre
Eurypyga [du grec pygè, queue, et de eurus, large] , espèce Eurypyga helias ,et vivent
du Guatemala au sud du Pérou , comptant 32 sous- espèces. Comme le cagou et les
mésites, ils ont des pulviplumes et leurs
iris sont rouge rubis, leurs pattes sont jaune orange (dans les plaines à l’est
des Andes, mais rouges en Amérique
centrale).
Les Mésites de la côte est de Madagascar..
Selon Westmore , les Mesitornithidae,
ordre des Mesitornithiformae, groupe des Columbimorphae
qui incluent Columbiformes et Pterocliformes (du grec kleis, kleidos,clavicule, cou) , taxon des Mirandoornithes (flamands
et grèbes) avec les pigeons, contiennent
deux genres , Mesitornis et Monias benschi. Ils habitent uniquement la
côte est de la grande île.
On peut lire sur le
Net : « Le cagou et le caurale soleil, sunbittern en anglais, comme
les adzebills éteints de Nouvelle-Zélande, pourraient être des parents qui ne
sont guère trop éloignés. » Bien qu’on ait généralement rangé tous ces oiseaux
parents du cagou dans l’ordre des
Gruiformes, Westmore, en 1960, a inventé
pour eux un ordre sui generis, celui des Mesornithiformes,
du grec mésos, intermédiaire, hybride
(entre les grues, les pigeons, les faisans). Ils sont proches des colombes, pigeons, grèbes
et flamands. Ils possèdent les mêmes pulviplumes que le cagou.
Nous allons
maintenant tenter de rompre l’isolement taxonomique du cagou, en lui cherchant
des parents , non plus en Amérique ou à Madagascar, mais cette fois dans une région plus proche ,celle du Pacifique , et ce, quelle que soi leur situation dans la taxonomie
traditionnelle
Le goura bleu et
huppé de Nouvelle-Guinée, ancêtre du cagou.
Famille Gourinae, genre Goura
Stephens, 1819. En anglais, blue crowned pigeon.
Il y a trois espèces :
1Goura cristata, ou goura couronné, 3 sous-espèces,
2 Goura scheepmakeri,
2 sous-espèces
3 Goura Victoria. 2
sous-espèces.
1 Le Goura cristata de Papouasie Nouvelle
–Guinée, en anglais Western crested
goura.
Distribution :
c’est l’espèce qui vit le plus à l’ouest
de la Nouvelle-Guinée, d’où son nom anglais. Depuis très longtemps, lers Austronésiens l’ont introduit comme gibier dans les Moluques, mais
uniquement l’île de Seram ; ils
l’ont introduit aussi à Supiori. Le
goura semble originaire de Salawati dans
la presqu’île de Vogelkop et s’être étendu vers l’est en direction de la
rivière Siriwo, le long de Geelvink au nord et de celle de l’Etna au sud. Dans
les îles de la Papouasie occidentale, on les trouve à Misool, Batanta et Waigeo.
75 cm, gris-bleu, ventre gris, présence de marron sur le
manteau et les couvertures alaires, huppe simple. Iris rouge, pattes rouge foncé, bec gris ou noir. Forte
tendance au mélanisme (zones variables de couleur noire). Deux sous-espèces en
plus de la variété qui donne son nom à l’espèce, c’est-à-dire Goura cristata cristata : Goura cristata minor et goura cristata pygmataea. C’est peut-être
cette dernière variété qui a donné le cagou actuel.
2 Goura de
Sheepmaker, goura scheepmakeri Finsch , 1876
73 cm, donc légèrement plus petit que les deux autres types
de gouras.
Deux sous-espèces :
Goura scheepmakeri sheepmakeri Finsch 1876 et Goura scheepmakeri sclaterii Salvadori, 1876
Très apprécié pour sa chair et aussi pour ses plumes. Il est
endémique au sud de la Nouvelle-Guinée. Il se distingue des deux autres
variétés de gouras par son ventre et sa poitrine marron- bordeaux.
3 Le goura de Victoria
Iris rouge foncé. Bec gris avec le bout brunâtre. Pattes
rouge violacé mat. Il peut s’hybrider avec les deux autres types de gouras. Deux sous-espèces : Goura Victoria victoria Fraser 1844, plus petite que la suivante,
et avec une huppe moins fournie, sur les îles de Yapen,Blak et Supiori, où il a
été introduit comme gibier
et Goura victoria
baccarii, Salvadori, 1876, présente dans le nord de la Nouvelle-Guinée.
On capture les oisillons pour les élever comme animaux
domestiques. 10000 oiseaux
restants ;distribution originelle
sur les îles de Yapen, au nord de
la Nouvelle –Guinée -Papouasie, entre Geelvink Bay (province d’Irian Jaya,
Indonésie) et l’Astrolabe Bay, ainsi que dans une petite zone autour de
Collingwood Bay en Papouasie -Nouvelle-Guinée.S’est étendu à Supiori.
Goura vient de
l’austronésien gou, chanter à voix
forte, et de ra, identique à ka, le
morphème substantivant retrouvé dans kagou, l’oiseau qui chante (selon d’autres :
qui aboie).
Explication de ses migrations autre que par le
Gondwana :
les Austronésiens présents en Nouvelle-Guinée avaient un
élevage de gallinacés et un autre de gouras.
L’introduction du coq bankiva en Calédonie (Nord est ) et à
l’île des Pins par les Austronésiens.
Dans les migrations des Austronésiens, notons leurs somptueux
poulaillers en pierres de l’île de Pâques. Le nom du coq
bankiva vient du nom d’une île proche de Sumatra, l’île de Banka, adjectif bankiva, originaire de Banka. Dans Oiseaux de Nouvelle- Calédonie et des
Loyauté vol.1, p.89, les auteurs notent à propos du Coq bankhiva (famille
des Phasianidés) que le 7
septembre 1774 Cook entendit dans la région de Balade le chant de plusieurs
coqs. Delacour note, op . cit. , p. 59 : (Gallus gallus)« Aucun gallinacé n’existe à l’état naturel en
Nouvelle-Calédonie, mais le coq sauvage d’Asie, ou coq bankhiva, a été introduit, et il y en a encore à l’île des Pins . »
L’introduction simultanée des gouras en Calédonie par les mêmes
Austronésiens.
Cette introduction ,tant
à l’île des Pins que dans le nord,
a pu concerner n’importe quel type de goura, mais plus probablement deux
types, Goura cristata, donnant le
cagou fossile plus grand, et Goura cristata pygmatae, variété qui a
donné le cagou actuel. Celui-ci a
perdu l’usage du vol.
Il y a quatre raisons pour trouver dans une île un oiseau
aptère :
1 que l’oiseau y soit venu du temps où il volait, au cours
d’une migration hivernale, tel le kiwi
qui, selon un chercheur néo-zélandais, serait venu d’Australie avant de perdre
l’usage de ses ailes ;
2 qu’une évolution convergente lui ait donné le même
aspect qu’un autre oiseau, vivant
ailleurs sans lien avec lui: par exemple,
les agamis , des pigeons, et un râle de
Calédonie, la marouette fuligineuse (voir 2, D) . Les agamis (de mi,
pigeon cf. sumérien, langue proto-
asiatique selon Paul Rivet et donc apparentée à l’austronésien et syrien Sémiramis élevée par des colombes ou grec Artémis , la déesse aux colombes ) , pigeons de couleur noire, vivent en
Amazonie, et en Guyane et appartiennent à la famille des Psophidae, Bonaparte, 1831, au genre
Psophia (du grec psophos, grand
bruit) , comptant plusieurs espèces.
2 qu’il y soit resté depuis le Gondwana
il y a 16 millions d’années. Voici quelques exemples.
A Le
râle Rallus philippensis swindlelsi
présent aux îles Loyauté , Surprises et Chesterfield, ainsi que dans d’autres
îlots du lagon calédonien. On peut imaginer qu’ils sont restés sur place, aux
Surprises par exemple, depuis le temps où ces îles faisaient partie de la
Calédonie, avant l’élévation du niveau de la mer.
B Le
grand râle de Calédonie, Tricholimnas ( du grec thrix, trichos, poil, à cause de son plumage qui rappelle le poil,
et de limnas, marais] lafreyanus, éteint, analogue
à celui de l’île de lord Howe, Gallirallis sylvestris, éteint aussi en raison de
l’action de convicts tasmaniens échappés qui se sont nourris de leurs œufs
(voir mon article, Les quatre squelettes de Walpole, bulletin de la SEHNC, n° 184, 3e tr.2015) ;
C L’ hémipode
peint, Turnix varia novaecaledoniae,
surnommé la caille du colon, éteint, mais présent en Australie
(Queenslansd) ;
D La marouette fuligineuse de Calédonie,
Porzana tabuensis tabuensis, répandue
des Philippines jusqu’à la Polynésie, la Nouvelle-Zélande et l’Australie,
abondante à Ouvéa et à Lifou où elle s’est raréfiée, puis limitée aujourd’hui à
la côte est entre Touho et Ponérihouen ;
E La poule sultane, Porphyrio porphyrio caledonicus, bien proche du takahe des Maoris en
Nouvelle- Zéande, Porphyrio mantelli ;
F Le talégalle de Latham, Alectura [en grec alektryon, coq]lathami) de
Latham, en Calédonie Megapodius
mollistructor Balouet
1989 .
On trouve ce talégale (de gallus, coq, et de talle, du latin thallus
, grec thallos, branchages, broussailles) en Australie
dans le nord du Queensland et en Nouvelle- Galles du sud jusqu’en Illawara. Or,
il existait à l’île des Pins (voir voir
Griscelli, bulletin n°29, 2e
tr. 1976, « Deux oiseaux fossiles
de Nouvelle-Calédonie ») et sur la grande Terre. Il avait été aperçu par William Anderson (Notes manuscrites)
lors du second voyage de Cook et
celui-ci le nomma Tetrao australis, du latin tetrao (grec tetraôn)
ou tetrax , de tet, pigeon , et de ourax, tétras,
littéralement perdrix à queue (grec oura), trouvant qu’il ressemblait aux
tétras d’Ecosse, précisant qu’il, était noir
et sans plumes sur les pattes , à la différence du coq de bruyère.
Ce mégapode fut encore aperçu en 1860 par Verreaux et des Murs qui
le décrivent comme un dindon des broussailles (les insulaires de Morari ( Boulari, Mont-Dore, l’appelaient ndino).
Balouet, qui en a trouvé des ossements fossiles, l’appelle Megapodius
mollistructor, nouvelle espèce.
Le Sylviornis
neocaledoniae Poplin 1980, dont le statut est très débattu, pourrait n’en être qu’une variété(Mourer-Chauviré
et Balouet, monographie de 2005)
F Il ne faut pas confondre ces dindons de
grande taille avec le du des Kounié , une sorte de poule noire aptère,
constructrice de tumuli également ,Megapodius eremita ?, analogue à
des volatiles voisins aux Salomon (Megapodius eremita, mégapode
mélanésien), au Vanuatu (Megapodius layardi), et en Papouasie (Megapodius decollatus).
4° qu’il y ait été importé par des hommes qui en faisaient
l’élevage pour sa chair et pour les
œufs, à bord de leur bateau. Pour le cagou, c’est cette 4e
raison seule qui explique, selon moi, sa
présence en Calédonie.
Dans le Pacifique, les
Austronésiens ont implanté aux Salomons, dans les deux îles de Nouvelle-Zélande et en Polynésie à Nouka Hiva (en
venant directement des Salomon) leur élevage. A date plus ancienne, lors d’une migration à Madagascar, île où l’on parle une langue
austronésienne et non pas africaine, ils
y ont acclimaté sur la côte ouest un goura qui a fini par donner le mésite . Aussi, à date encore plus ancienne, en passant par les Salomon ou au
niveau du pôle, le pôle sud peut-être,
ils ont introduit leur gibier favori en Amérique du Sud où celui-ci s’est
différencié.
Un parent du goura et
du cagou , mais en voie d’extinction, aux
îles Salomon, sur l’île Choiseul : Microgoura
meeki, du nom de Albert Stewart Meek
qui en tua six en 1904 .
Il s’agit de l’oiseau qu’on appelle vulgairement Microgoura
de Choiseul , ordre des gruiformes, famille
des columbidae, genre Microgoura
Rothschild, 1904, espèce Microgoura
Meeki , qui est malheureusement
en voie d’extinction , des expéditions en 1927 et en 1929 n’ayant rien
donné depuis sa dernière capture en 1904. Possède une huppe ; pattes jaunes. On possède de cet oiseau 5 plumages conservés à l’American Museum of
Natural History à New York ainsi qu’un oeuf. Les insulaires l’appellent kukuru-ni-lua, c’est-à-dire coq qui reste au sol (lua) au lieu de se percher. kukuru
est une onomatopée qui imite le cri
du coq (cocorico).L’intérêt de ce nom est de nous montrer que les autochtones de
Choiseul connaissaient le coq bankiva, introduit en même temps que le
microgoura par les Austronésiens il y avait longtemps comme animal domestique
comestible. Le goura a eu le temps de se diversifier par mélanisme, mais il a gardé sa crête bleu sombre
et ses pattes jaunes.
Deux autres parents dans chaque île
de la Nouvelle-Zélande, mais fossiles.
Ces oiseaux, comme d’ailleurs le
cagou, ressemblent à des outardes et
en particulier à l’outarde houdara , Clamydotis undulata , vêtu d’une clamyde
frisée, du nom d’une tribu berbère , les Houaras ou Houdaras (otis, otidis, en grec, signifie outarde,
outarde venant, non de otis tarda, qui signifierait oiseau
lent, mais de outara, comme l’indique
l’anglais bustard. Le génitif grec houtidis où oméga note un o fermé
prononcé [ou], outarde, vient de houtiris, de houtaris, de houtara. Il est possible que l’outarde,
dont l’aspect est menaçant, ait été comparée à celui d’un guerrier berbère. Le td du grec otidis, le rd de
l’anglais bustard et du français outarde
notait une ancienne cacuminale venant du R berbère.)
Les Anglais l’appellent l’adzebill,
bec en forme d’herminette, genre Aptornis,
famille des Aptornithidae, Ces deux
variétés, l’une dans l’île du nord, Aptornis
otidiformis, Owen 1844, plus grosse, l’autre dans l’île du sud, Aptornis defossor [fouisseur] Owen 1871, évoquent le cagou fossile de Balouet, Rhynochetos orarius, plus grand
de 15% que son frère. Ce pourrait très bien être le Goura cristata dans l’île du nord et le
goura cristata pygmataea dans l’île
du sud.G
Les études ont porté sur la morphologie et sur l’ADN. Elles ont apparenté
ces oiseaux de Nouvelle-Zélande au cagou
dont on a retrouvé les pulviplumes caractéristiques et à l’agami d’Amérique du sud. Les
agamis (de mi, pigeon cf. sumérien, langue proto- asiatique selon
Paul Rivet et donc apparentée à l’austronésien et syrien Sémiramis élevée par des colombes ou grec Artémis , la déesse aux colombes ) , pigeons de couleur noire, vivent en Amazonie, et en Guyane. Ils appartiennent à la famille des Psophidae, Bonaparte, 1831, au genre Psophia (du grec psophos, grand bruit) et comptent
plusieurs espèces.
En 2011, une étude
génétique a estimé que le Adzebill
defossor devait être rangé dans les Gruiformes (il n’y avait pas d’ADN sur l’Adzebill otidiformis). Comment
interpréter cette affirmation ? L’adzebill a dû être comparé à une grue demoiselle à huppe (Orthopopidès
(du latin upupa, huppe,
«grécisé » pour correspondre » au génitif grec epopos, huppe) virgo) ou à une grue couronnée (Balearica pavonia), paon baléare qui ressemblent toutes deux au cagou. La déduction
doit donc être corrigée en ce sens que les gruiformes font partie comme les
adzebill de l’ordre, non des gruiformes, mais des Galloansériformes (de gallus,
coq et anser, oie). L’auteur de la notice sur le net concernant l’Adzebill
écrit en anglais qu’il est intéressant de noter que le Sunbitten , Eurypyga
Helias, d’Amérique du Sud, est le plus proche parent vivant du
« Kagu », ainsi que les mésites de Madagascar. Il est vrai qu’il
ne prenait pas en compte les gouras de Nouvelle-Guinée.
L’oiseau des
Marquises, de Nouka Hiva, peint par Gauguin et aperçu par Thor Heyerdhal.Est-ce
un cagou ?
Son nom est semblable à celui du cagou, de ka et de gou, chanter, mais phonétiquement altéré en koau ou koao. F. Mazière ,
dans Mystérieux archipel du Tiki, en
1956 le décrit d’après un vieux norvégien installé sur place, Henry Lie, comme « aussi gros qu’un coq, avec le
bec et les pattes jaunes, le plumage violacé », ajoutons, d’après le tableau de Gauguin. Avec l’iris rouge. C’est bien notre cagou. Je tire mes renseignements d’un article
consultable sur le net, L’oiseau
énigmatique de Nouka Hiva, de Michel Raynal. Gauguin l’a peint dans L’enchanteur
ou le sorcier de Hiva –Oa. Ce sorcier s’appelait Haapuani. Georges Wildenstein,
dans Tout l’œuvre peint de Gauguin, indique
que l’oiseau qui nous intéresse est présent dans Nevermore (1897), Vairumati,
D’où venons nous ... ? Le panier carré (1899), Adam et Eve et dans une gravure sur
bois, Guérin, titre du Sourire, ainsi
que dans des dessins. Le chien qui a attrapé le volatile a été pris pour un
renard par certains critiques d’art ! Voir les articles de Aurore
Mosnier , Le mystérieux oiseau de
Nouka Hiva, ou comment Gauguin est venu
en aide à la cryptozoologie, 2012, sur le net, ainsi que Michel Raynal, Victoire de la cryptozoologie, 1981, et L’oiseau énigmatique de Nouka Hiva, sur le net aussi.
Le goura de Nouvelle- Guinée est peut-être apparenté aussi :
1 à un Phasianidé bleu du Pakistan, de l’Inde
et de l’Assam. , le Lophophore
resplendissant, Lophophorus impejanus
2 à l’outarde houbara, anglais bustard, Clamydotis undulata, un grand oiseau de la famille des Otididae (outardes) qui vit dans les Îles Canaries, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Elle est présente en Arabie, en Iran, au Pakistan oriental, dans le Kasakhstan et jusqu’en Mongolie et en Chine. Elle hiverne du golfe
persique jusqu’à l’Inde.
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