Les représentations gravées sur les dolmens et
les menhirs.
L’âge des métaux et de la gravure.
Lorsque le dolmen en tant que maison d’initiation avait servi
une fois, il était, soit détruit, soit recouvert de terre pour le dissimuler
aux regards, -ou bien abandonné lorsque l’érosion l’avait décapé et il était
devenu alors disponible, avec l’avènement de la crémation, pour servir de lieu de rangement et d’exposition à des urnes pleines de cendres humaines lorsqu’il
n’était pas enterré . On voir sur un mégalithe corse un glaive métallique, mais c’est surtout sur
les dolmens bretons que l’on découvre des motifs intéressants.
Le poulpe ou le
calmar colossal et les argonautes et leurs proies, les anémones (voir sur
mon blog La Déesse syrienne).
Un élève d’Aristote, Cléarque, au dire
d’Athénée VII, p. 307 A, nous rapporte
qu’à Trézène et dans les environs il était interdit de capturer et à fortiori de manger le poulpe « sacré » ( tous les
poulpes à l’exception du poulpe musqué ou
Eledone moschata , en grec osmylos)
et le poulpe rameur [larve de poulpe
appelée nautilos par Aristote 4,1, 16, et que nous
appelons argonaute avec une
coquille ou mieux nacelle blanche transparente et fragile] et qu’on défendait
de toucher à ces animaux, ainsi qu’à la tortue de mer. »
« Les figurations de ce que l’on appelle l’ « écusson- bouclier » (fig.17,
p. 98, dans F. Niel, op.
Cit ) sont assez nombreuses. On peut en observer sur les pierres des
dolmens de l’île Longue (Baden), du Mané - Rutual (Locmariaquer), de Grah Niohl
(Arzon), de Mané - Braz (Erdeven), de Mané -Kerioned (Plouharnel,), etc.
Parfois, le motif « écusson- bouclier » se combine avec le motif
« céphalopode » comme aux Pierres- Plates. » Ce pourrait être
une nacelle d’argonaute habitée par
la mère- poulpe, avec les pointes
proéminentes de la nacelle, et avec les
yeux (pas les oreilles) de la mère -poulpe, très gros et latéraux (pour la pointe
médiane, voir ci-dessus). Les stries fourchues ont pu inspirer les artistes
préhistoriques
Je vous
présente les trois petits Argonautes de ma
Ce sont , non pas des nautilus,
mais des poulpes femelles avec leurs œufs, Argonauta
Argo, en grec argo signifiant blanc et nautès
, navigateur, les navigateurs blancs, des
coquilles externes , des nacelles fines comme du,papier (ce
ne sont pas des coquillages).C’est à
l’aide de leurs deux bras (les plus longs des 10 tentacules )munis d’une plaque
tégumentaire sécrétant du calcaire que les
femelles poulpes les construisent dès leur plus jeune âge , afin d’ y
abriter leurs œufs : elles restent
accrochées dans l’ouverture et lorsqu’elles arrivent à maturité, y pondent leurs œufs.. Ces argonautes ressemblent à des voiles flottant sur la mer,- de
là le nom de nautilos donné par
Aristote, ils vivent en pleine mer et se laissent dériver
par les courants.
Elien, IX,
54 : « L’argonaute fait partie des poulpes, mais il possède une coque. Il monte à la surface
en tournant sa coque vers le bas, pour éviter de prendre l’eau et d’être
refoulé vers le fond/Une fois à la surface des flots, quand le temps est calme
et les vents au repos,il renverse sa coquille sur le dos(elle flotte comme une
barque), laisse pendre deux tentacules, un de chaque côté, et il rame et
propulse son vaisseau naturel en se soulevant légèrement. Si, au contraire, il
y a du vent,il étend et allonge ce qui lui servait jusque là de rames et les
transforme en gouvernail, puis déplie ses autres tentacules entre lesquels se
trouve une toile très fine qu’il déploie et dont il fait une voile. C’est de
cette façon qu’il navigue lorsqu’il n’y a rien à craindre. Mais s’il est
épouvanté par un poisson de grande envergure, il remplit sa coque en la
submergeant, coule, emporté par le poids, et se soustrait à son adversaire en
s’éclipsant. Plus tard, quand il est en sécurité, il remonte à la surface
et reprend sa navigation . C’est de là [nautilia signifie en grec navigation] que l’argonaute tient son
nom. »Jules Verne a tiré le nom de son sous-marin, le Nautilus,
de cette description de l’argonaute.
La barque
solaire aux voiles hissées, dominé
par le soleil, reconnue à tort au dolmen de New Grange en Irlande, ainsi
qu’à Kerveresse (Locmariaquer), à Butten-er- Hach (île de Groix), à Mané –Lud,
au menhir de Kerloaz (Finistère), sont en réalité des argonautes voguant, , comme le soleil est une anémone de mer dont
se nourrit l’argonaute
Dans Dolmens et
menhirs, de Fernand Niel (collection Que sais-je ?), p .97, on
peut voir, p. 96, figure14, comme gravures du dolmen du Petit- Mont (à Arzon
dans le Morbihan), au-dessous d’une ligne serpentiforme qui pourrait bien être
un tentacule, deux pieds avec les dix orteils bien dessinés, le tout dans un
carré parfait, avec le commentaire : « on suppose que la gravure
figurait l’extrémité d’un corps allongé, peut-être celui d’un cadavre inhumé
dans un tombeau » et on en rapproche une roche formant abri à Roch Priol,
dans la presqu’île de Morbihan. Pour peu que, par la pensée, on ajoute une
étiquette au pied, on pourrait se croire
dans une morgue d’une série policière américaine. Pour moi, le sens est
limpide : il s’agit de la déesse ou dieu des dolmens, notre calmar géant,
emblématisé par le nombre de ses tentacules et bras, savoir dix : c’est
pour les artistes, un décapode !
A l’appui de mon hypothèse, on peut lire chez F. Niel : « une
représentation bien étrange est celle du céphalopode, poulpe ou seiche. Bien
entendu, il s’agit d’une figure stylisée, ayant donné lieu à de nombreuses
discussions au sujet de l’interprétation. Toutefois, la majorité des savants
incline à voir dans cette figuration l’image d’un céphalopode, en particulier
d’un poulpe. Deux arguments viennent à l’appui de cette hypothèse : la
représentation du poulpe ne s’est trouvée jusqu’à présent que dans les allées
coudées [imitant les tentacules du calmar], et celles-ci se rencontrent
toujours au bord de la mer, ou en bordure de larges estuaires, par exemple les
Pierres- Plates (Locmariaquer), Lufang (Crach) ou le Rocher (Plougoumélen),
toutes dans le département du Morbihan…
La représentation en labyrinthe sur le dolmen des Pierres-
Plates à Locmariaquer interpelle.
l y a aussi une
gravure en forme de feuille de fougère :
bien qu’elle ressemble aussi ce que les allemands appellent raisin de mer, meerstraube, savoir des œufs de seiche, -des capsules
gélatineuses,- , car , selon moi, elle représente plutôt une ascidie, famille qui englobe le violet
provençal, le Microcosme marin de
Francesco Redi , ou Ascidie petit-
monde selon Blainville : sur leur gangue coriace se fixent toutes
sortes de buissons marins ; l’on peut aussi y voir des actinies , des medusozoan
Cnidaria (ombrelles et cloches flottantes ) et anémones de mer comme la figure 18 , p. 100 (op. Cit. ), sur la Table
des Marchands., où l’on aperçoit
des anémones de mer et des
sigles figurant sur les oeufs de seiche, y compris ce qu’on appelle des « crosses », selon moi icônes
figurant sur les larves, ci-dessous, et comme les deux gravures n° 2 , soit
d’anémones de mer , soit plutôt d’œufs d’Argonautae
nodosae sur le dolmen de Petit- Mont
(figure 14 , p.96, dans F. Niel cité)
Figure de la Table des Marchands
.
Le petit a de la
planche, en haut, représente les œufs de
l’Argonauta nodosae : on les a
pris pour des soleils .Ils ressemblent à
des anémones de mer. La pointe médiane figurant sur la planche
se retrouve dans la pointe
dirigée vers le haut de la représentation du motif bouclier de l’île Longue.
œufs de seiche
Les oeufs de seiche et leurs curieux dessins ont aussi été
représentés sur les dolmens (la photo de droite du buisson garni d’œufs est à comparer avec le pictogramme du milieu du support gravé de
Gavrinis, sur le dessin de gauche, ressemblant à une tige de blé) et les os de
seiche de grande taille y ont souvent été pris pour des haches gravées non
emmanchées comme sur le menhir de , sur deux menhirs du
cromlech d4er-Lanic, sur l’un de ceux de Kergouan (Ile –aux- Moines) Crucuny à
Carnac et sur les dolmens du Mané- Lug et du Man-Rutual.
Les supports gravés de Gavrinis, œufs et os de seiche, fig.
15 dans Niel, op. cit.
Le « poulpe » de Lufang me semble
une masse d’œufs de seiche, avec la fente médiane caractéristique. L’origine de la vie a toujours passionné les
hommes : ceci explique peut-être ce qu’on a pris pour des navires ou pour des
barques solaires (Mané - Lud) et qui sont des coquilles d’argonautes.De
même pour les tikis maoris qui, incontestablement, représentent des embryons.
Chaque fois que je m’occupe de
dessins préhistoriques, je songe au dessin du Petit Prince,le boa qui a avalé un éléphant, pris pour un
chapeau : « J’ai montré mon chef d’œuvre aux grandes personnes et je
leur ai demandé si mon dessin leur
faisait peur. Elles m’ont répondu : « Pourquoi un chapeau ferait-il peur ?...Les
grandes personnes on toujours besoin d’explications. » Le motif dit de la « hache- charrue » , de la Table des marchands, » , par exemple , est en réalité une femelle argonaute sans sa nacelle, variété aujourd’hui rare (toutes ne sont pas
dénombrées , officiellement seulement
quatre espèces sont connues ) d’Argonauta
Argo Linnaeus 1758, avec des membranes entre certains tentacules, proche de
l’Eledone par conséquent et d’une coloration rougeâtre brillante, vue à Alger.(photo sur le net
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Coloration brillante, rougeâtre à reflets bleutés
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De surcroît, les dolmens étaient dédiés à l’initiation, à une nouvelle
naissance (voir sur mon blog l’article intitulé les dolmens, à paraître).
Ed. Pottier (Op. cit.) ait
écrit en 1907 : « Je ne crois pas plus qu'autrefois au rôle générateur de la vie que lui prête M. Houssay (Perrot- Chipiez, VI, p. 926; cf.
Catalogue des Vases du Louvre,p. 190.).Je supposerais plutôt — par voie de pure hypothèse — que les yeux énormes de l'animal avaient conduit les Égéens à le ranger parmi les prophylactiques ; on sait que l'oeil a, dans ce genre de superstitions, un rôle tout spécial qui garda sa puissance durant toute l'antiquité et qui n'a pas encore disparu de nos jours ».Mais, pour moi, les
deux origines de la fascination exercée par le
poulpe sont peut-être complémentaires.
Le poulpe de Lufang,
Crach, ( fig. 16, p. 97), qui reflète
une masse d’œufs de seiche , avec la fente médiane.
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