Compte rendu de l’ouvrage de W. Leak, Troy, 1910 . Bibliographie
sommaire :
Pline l’Ancien, Historia naturalis, V, 12.
W.Leak, The Iliad of Homer, texte grec , 2 vol. (vol
I, , livres I –XII et vol. II, livres
XIII à XXIV).
Walter Leak, Homer and History , Cambrige,1915,.375 pages +
cartes.
LeaK, Iliade, édition
commentée en 2 volumes,1900 et 1902,
Grand commentaire de Kirk, 6 volumes, 1985-1993, Cambridge
Leak, Troy ,a study of Homeric
Geography,1912, 406 p. Avec index, cartes, plans et illustrations; réédition
de Cambridge,
The Homeric catalogue of Ships
, edited with a commentary by Thomas W. Allen, 1921, 2005 Oxford, 191 pages +
cartes , index
Philippe Brunet, L’Iliade, traduction.
Dieter Hertel, Troia, Archäologie, Geshichte Mythos ,129 p. , 2008, en allemand, avec cartes et
index.
Date de la prise de Troie :
d’après le calendrier des
Jeux Olympiques , pour Timée 1346 ou 1308.
Pour l’ère d’Aretes , 1289
Pour l’ère d’ Eratosthène, généralement
acceptée, 1184.
On n’est donc pas à deux siècles près ! Pareillement
pour la situation géographique de Troie,
on n’est pas à quelques milliers de
kilomètres près, du moment qu’on
reste en Asie Mineure :Troie
–Bally-Dagh (selon le Net, en 1776, l’aristocrate
français Choiseul-Gouffier, analysant l'Iliade, suggère
que les ruines de Troie pourraient être enterrées sous un monticule proche d'un
petit hameau turc, Bunarbashi, ou Pinarbasi , altération
par métathèse du grec Pergamidès, petite Pergame, citadelle, au
sud d’ Hissarlik en Turquie, près des
Dardanelles ),situé à
dix kilomètres de la mer Égée et à treize kilomètres du détroit des Dardanelles.
Cette théorie est popularisée plus tard par son collaborateur Jean-Baptiste Lechevalier et trouve
crédit parmi les hellénistes du xixe siècle.Mais en 1801, les savants
britanniques Edward Daniel Clarke et John Martin Cripps avancent l'hypothèse que la cité doit
se trouver sous une autre colline plus proche de la côte, que les Turcs
appellent Hissarlik. D'autres travaux, notamment ceux de Charles
Mac Laren (1822) et de Gustav von Eckenbrecher (1842), vont dans le même
sens . » ) , Troie –Ilium Hissarlik (Schliemann), le
« village des Iliens » , Olbè,
en Cilicie (Dèmètrios de Scepsis ) ou Seleucie aux environs (l’auteur de ce
blog)!
L’auteur qui nous inspire sauf pour la localisation de
Troie : Leak, en anglais, sans traduction, 1912 ( il y a plus d’un siècle , et presque rien n’a changé ,
d’un certain point de vue).
W.Leak, mort en 1927, fut un banquier, un alpiniste (sur le mont Ida
près d’Hissarlik) et un navigateur et un grand spécialiste d’Homère.
Cet érudit représente le courant hélléniste de Cambridge.
Ce blog doit clore mon cycle troyen. J’y relate
ce que j’ai trouvé dans Troy (1910),
l’ouvrage magistral de W.
Leak, d’intéressant et de
complémentaire par rapport à mes blogs. Naturellement, Leak place Troie à
Hissarlik alors que je la situe en Cilicie, près de Seleucie. La partie commune entre nous est celle
concernant la Carie, la
Paphlagonie, Abydos et Sestos.
Il est bon, en effet de rappeler que Troyens,
Dardaniens et Lyciens forment un tout peu dissociable , qu’ils sont des voisins immédiats de Troie et que
l’emplacement supposé de Troie entraîne celui de la Dardanie et de la Lycie.
Troie –Ilion -Hissarlik (Schliemann).
Le géographe grec Strabon
, au début du premier siècle ap. J.
–C., écrivait , que la ville , à son époque appelée
Ilion en grec ( Ilium en latin ), avec les
identifications douteuses du Simoïs (Dumbrek
Su) et du Scamandre (Mendere, du turc deré , vallée) qui ne se
joignent pas , contrairement aux paroles de Héra du vers 774 du chant V )
« ne sont pas le site de l’ancienne Ilion, si l’on
considère la question en rapport avec le texte d’Homère… Les pseudo-
Troyens eux-mêmes sont bien conscients que leur cité n’était pas la
Troie homérique. »
Trois noms
successifs de Séleucie de Cilicie : Antigoneia, Alexandreia Troas ou Alexandrie de Troade, Séleukeia .
Voici le passage capital de Strabon, XII, I, 26 qui précède
celui que nous venons de citer, voir Leak , p .118-119 et 390, passage qui a été trafiqué par un partisan de
Troie –Hissarlik et qui a, bien
entendu , supprimé le nom de la ville dont il s’agissait , savoir Seleucie
de Cilicie ou Alexandreia Troias , Alexandrie de Troade :
« après la mort d’Alexandre, [son général et héritier] Lysimaque
s’institua notamment gouverneur de la ville (actuelle) de Séleucie de Cilicie, y édifia un temple [en l’honneur de Pallas
Athèna ] , l’entoura d’un rempart (teichos) long de 40 stades (625 pieds
romains ou 600 pieds grecs,177,6 mètres x 600 = soit 10 kilomètres environ, trop
long pour Hissarlik, remarquent Grote et Leak,mais convenable pour les remparts actuels de Séleucie ; à noter que les remparts originels de Troie
n’existaient déjà plus à l’ époque , car ils avaient été , nous
apprend Strabon,XII, I, 88-89, démantelés par Archianax de Milet qui en
transporta par mer les pierres pour bâtir les remparts de la colonie athénienne
de Sigée au V e siècle av. J. –C.) , il la
synoecisa avec les anciennes villes voisines qui étaient déjà tombées en
décrépitude (participe parfait passif de kakoô,
endommager) tout autour (alors qu’il
n’y a pas eu de transfert de populations
pour Ilium-Hissarlik , selon Leak), quand
il commanda désormais sur Alexandreia, synoecisée précédemment par
Antigone qui lui avait donné son nom , Antigoneia
, mais dont Lysimaque avait changé le nom en Alexandreia Troias, Alexandrie –Alexandréa
ou Alexandria-de Troade, en latin,citée comme ville
de Troade par Cicéron , Academica,
2,11 ou comme ville de « Syrie » par Pline, 6,91); car il lui sembla qu’ il serait pieux
que les diadoques (successeurs) d’Alexandre (texte altéré) fondent des cités qui
portent le nom d’Alexandre ( epônumous ekeinou), plutôt que
(correction de proteron .. eia ‘ en protéron eautôn ) le leur et même il conforta la cité et lui donna lieu de s’ étendre . De telle sorte
qu’ elle
a même accueilli aujourd’hui la colonie romaine [Cicéron y est nommé proconsul en 51 av. J.-C.] et qu’elle fait partie des cités dont on tient compte ;
[paragraphe 27], tandis que (texte trafiqué ) ce qui est aujourd’hui le
simple hameau-village de Ilion était une de ces cités florissantes (il faut lire
selon moi : et Ilion était un simple hameau campagnard et non une ville à
proprement parler (kômopolis ) , quand pour la première fois les Romains s’emparèrent de l’Asie et prirent cette partie
du royaume d’Antiochos (corriger Antiochon
en Antiochou et ton meran, ek
tès en to meros ek to ) qui est à l’intérieur du massif du
Taurus, cf . la Chersonèse taurique).
Mais cette Ilion n’est pas le site de l’ancienne Ilion, si l’on
considère la question en rapport avec le texte d’Homère… .Les pseudo
–Troyens eux-mêmes sont bien conscients que leur cité n’était pas la
Troie homérique» (ici
suit une intéressante citation de Dèmètrios sur l’environnement d’Ilium quand, dans sa
jeunesse
(-181, première moitié du second siècle
av . J. –C.) Dèmètrios la visita.
Dèmètrios de Scepsis , comme Strabon, ne
croyait pas du tout en Ilium –Troie , mais croyait que Troie était située près
due ce qu’il appelle, selon Strabon, le
village des Iliens, mal traduit ainsi car c’est plutôt le village des descendants d’Ileus (de Fileus) , attesté par Hésiode et
Euripide notamment , ou Oileus
ou Oilée , le père d’Ajax, Oileus
qui , selon Chantraine recouvre bien un ancien Fileus chez Homère. Leak, p. 142, va même jusqu’à écrire que le
nom d’Ilos (Troie chez Homère)ou Ilios fut le nom donné à Troie par ses premiers
habitants Locriens en l’honneur de leur héros légendaire, Ilos, qui apparaît aussi dans la
généalogie troyenne. Les Locriens
ont été installés en Aiolide et sont
des Eoliens. Le « village des
descendants de Ileus » selon Dèmètrios serait devenu Olba , Wiluwa , wolba, près de
Séleucie,où , comme par hasard ,selon Grimal, Dictionnaire de la mythologie, p.445b,
, un Teucer , demiè_frère vd’ajax fils de Telamon et cousin germain de
l’autre Ajax, eut à Chypre de la fille du roi Cyniras et de Eunè « un Ajax le jeune,
fondateur de la ville d’Olbè en Cilicie », tout près de
Troie. Les deux Ajax ont pu être confondus .
A ceux qui douteraient de
mon identification de Alexandreia Troias à
Seleucie, je me contente de donner deux preuves :
1) quand les Gaulois, peu
après le temps de Lysimaque, se rendirent sur le site d‘Hissarlik, ils eurent
la surprise, de n’y voir aucun rempart,
ni même les fondations que de tels remparts
eussent nécessité.
2) Tite Live, XXXVIII, 39
(cf. Strabon, XIII, 1, 39) affirme que Ce sont les Romains qui décidèrent d’inclure
dans le territoire d’Ilium les villes de Sigeum, Rhoetaeum et Gergis, ce qui
prouve que rien de tel n’avait eu lieu sous Lysimaque, du moins à
Ilium-HissarliK.
Les lieux (appelés
aujourd’hui en turc Burnabashi ou Pinarbasi
, altération par métathèse du
grec Pergamidès, petite Pergame, citadelle, au sud d’ Hissarlik en Turquie, près
des Dardanelles ), où il y avait une
ville appelée Ilion en grec ou Ilium en latin à son époque. On dit
hissarlik, nom commun en turc , une citadelle, un fort, pour imiter
Schliemann, mais la carte turque officielle appelle (1910) le village Tevfikieh.
Je rappelle que Antigone
reçut une demande d’arbitrage entre les Troyens et les Locriens , premiers
Grecs installés à Troie, condamnés par l’oracle
à envoyer à Troie un tribut de
deux jeune filles nobles à Troie chaque année pendant mille ans, pour le
sacrilège commis par Ajax , fils d’Oilée, contre la prêtresse d’Apollon, Cassandre
accrochée en suppliante au Palladium sacré qui la représentait afin que ce tribut cessât d’être exigé en 301
quelque huit cent ans après et qu’Antigone
accepta la de mande des Locriens.
A noter que Pline, 5,27, nous apprend que Seleukia
, la Silifke turque actuelle en Cilicie, était appelée la
Troyenne pour la distinguer d’autres Seleucies : elle était appelée Trachiotis, Trachéôtis
, voire Thraciôtis , grec Trachièôtis . De plus, en latin,
Virgile appelle Teucria la
Troade dans l’Enéide, 2, 26 et Teucrus
signifie troyen, Teucri , les Troyens
chez Virgile, Enéide , 12, 28, ou les
Romains issus du Troyen Enée , Teucris signifiant
Troyenne. En grec, nous avons Teukroi,
les Troyens chez Hérodote, Teukris aia
ou gè , la terre troyenne, la Troade . La
mer devant Seleucie de Cilicie est appelée la mer troyenne, mer thraikiè de phr°ugwsia,
au chant XXIII de l’Iliade.
D’où viennent les formes Teukrios ouTrakhèotis
ouThrakiôtis ? D’un nom indo-européen qui désigne une hauteur,
souvent le sourcil (ce qui est au-dessus de l’œil), anglais brow, sanskrit bhruh, vieux –slave bruvi , grec ophrus ; le nom du massif montagneux , Taurus, dérive de bhwru
, hauteur . Wilusa –Ilion-Troie est dite escarpée par l’incipit du
catalogue des livres hittites de la bibliothèque hittite de la capitale
hittite, Hatusa. Ce catalogue date du
XIII
e siècle et donne la traduction du premier hexamètre dactylique de quelque nostos perdu :
« Lorsqu’ils furent revenus de Wilusa
l’escarpée ».
En
effet, Troie est située sur une hauteur du massif du Taurus ou plutôt de l’Anti-Taurus , et l’aède qualifie Troie de ophruessa,escarpée,
élevée, 22, 411 .
Enfin
Strabon nous apprend que Dèmètrios de Scepsis (près de la ville de Kebrê(s)nè, où Pâris fut enseveli sous
un peu de sable, ville dédiée au dieu-fleuve Cebren ou Kedrus en Cebrènie,[Pline, 5, 124, à propos de la
Troade]
cité par Sabin. Ep. 89, ou par Ovide M. , 11,769, cf. Cebrum
, Itinéraire d’Antonin , ville de Mysie
inférieure, qui figure sur la carte du Gaffiot à l’article Lycaonie),Ce
Démètrius dont Pline tire son savoir sur
la Troade écrivit 30 livres sur les 62 vers du Catalogue concernant sa Troade natale, que Strabon a pu à l’époque
consulter . Pour Leak, p. 173, la
plaine samonienne (du Xanthos ou Scamandre, pour
Xanthonienne ) dont parle Dèmètrios et qu’il cite X, 3,20, « faisait partie de Néandris et d’Alexandria » Troas (en tèi Neandridi kai tèi Alexandreôn,). Il est, dit Leak, le dernier homme à décrire
une plaine de Troie comme appartenant en
partie à sa Scepsis natale
et comme située « dans territoire d’Alexandria (Troias) ».
Neandros est citée effectivement par
Pline, 5,12, comme ville de Troade et Xénophon , dans les Helléniques,, 3,1 ,16 , parle de Neandreis ,Neandreôn , ce qui permet de corriger le texte en :
« en tois Neandresi kai tois Alexandreiôis ».
En tout
état de cause, tout ceci établit bien la relation de Troie et d’Alexandria -Séleucie.
Un peu d’histoire
hellénistique à propos de Seleucie..
Alexandre, après avoir dénoué, dit-on, le nœud de l’oracle Gordien en
Phrygie mineure à Gordios, voulut remercier
les divinités qui l’avaient aidé et rendre visite au temple de Mithra et de Pallas Athèna à Troie dont, en tant que Macédonien, il
connaissait l’exacte situation, c’est-à-dire à Séleucie et non à Ilium, près de
Dardanelles . Son grand projet était d’y
installer sa capitale, la Nouvelle Troie, mais pour cela il dit qu’il lui fallait créer un port artificiel plus
adapté. Il n’a pas le temps de réaliser
son plan grandiose, mais en attendant exempta la ville de taxes et lui donna une autonomie pleine et entière. La
ville battit monnaie (diverses émissions) et devint le centre d’une ligue
religieuse en faveur de Mithra et de Pallas Athèna : les inscriptions nous
attestent des jeux organisés par Marc Aurèle avec cette ligue des villes
voisines, jeux appelés Coracica sacra ( CIL
6, 751) du nom de la ville de Coracesium
dont le nom est mentionné par Tite Live, 33, 20
et indirectement par Pline, 24, 156, sous la forme d’une plante appelée coracêsia , peut-être le safran , ou plus exactement le Crocus gargaricus orange qui
jouait un rôle dans ces cérémonies .
On trouvait du marbre blanc, cora-lithicus
lapis , près du fleuve Coralios attesté par Pline, 6,4, qui avait aussi pour nom Sangarios , ainsi qu’une pierre précieuse du type de l’agate appelée
corallis ou coralloachatès (Pline, 37,153 et 139).
Alexandre
continua sa route et franchit, victorieusement, les Portes (pulai est
un duel qui fait allusion aux deux côtés du défilé ) de Cilicie (encore appelées Portes Dardaniennes, Portes de Dardanie)
qui permettaient d’accéder à la Syrie.
L’un de ses généraux et héritiers, Seleucus, « tourne ses ambitions
à l'ouest , dit le Net, et dès 304
av. J.C. , il se joint à la coalition
réunissant Ptolémée, Lysimaque
et Cassandre contre Antigone qui entend établir sa
domination sur la Grèce et
la Mer Égée. Antigone , 181 En 301,
il parvient à regrouper ses forces avec celles de Lysimaque en Phrygie
(majeure). Antigone est vaincu à la bataille
d'Ipsos (Ipsili aujourd’hui,
en Phrygie) en 301 par Séleucos grâce aux 500 éléphants de guerre reçus par le traité
avec Chandragupta Maurya. Séleucos a isolé la
cavalerie de Démétrios, ce qui lui a permis de
remporter cette victoire décisive. » De là les changements de noms de
Seleucie au fil des changements de roi : Antigone d’abord (Antigoneia)
jusqu’en 301, puis Lysimaque (Alexandreia)
, enfin Seleucus (Seleukeia). Le royaume d'Antigone
est partagé entre les vainqueurs à l'exception de quelques places demeurées dans les mains
de Démétrios. Séleucos reçoit la partie orientale de l'Asie Mineure (la majeure
partie de l'Asie Mineure dont la Cilicie et Troie, revenant à Lysimaque) et revendique la Syrie,
dont Ptolémée occupe la partie méridionale. Ce partage est à l'origine des
nombreuses guerre de Syrie entre Lagides et Séleucides pour
la possession de la Cœlé-Syrie.
Séleucos, devenu Nikatôr (« le Victorieux »),
est alors avec Ptolémée le Diadoque le plus puissant.
Hissarlik-Troie et Séleucie-Troie
.
Le sort ultérieur de Hissarlik .
Fimbria
Flavius, dans le cadre des guerres civiles en -89, met le siège durant dix
jours devant Ilium-Hissarlik et met la ville à sac. Nous avons une description
dans la Pharsale de Lucain (avant 65 ap .
J. –C., date de sa mort) des quelques restes que Jules César aurait
contemplés, IX, vers 961 : « César gagne
la côte de Sigée et ces bords dont
la renommée le remplit d'admiration. II parcourt les rives du Simoïs et le
promontoire de Rhoeté, consacré par
le tombeau d'un Grec [Ajax]. Il
marche à travers ces ombres qui doivent tant au génie des poètes. Il erre
autour des ruines fameuses de Troie ; il
cherche les traces des murs élevés par Apollon. Quelques buissons stériles,
quelques chênes au tronc pourri couvrent les palais d'Assaracus et de leurs
racines fatiguées pressent les temples des dieux. Troie entière est ensevelie
sous des ronces : ses ruines même ont péri. Il reconnaît le rocher d'Hésione [soeur de Priam, attachée à un
rocher dans l’attente de l’arrivée d’un monstre], et la forêt [de l’Ida], couche
mystérieuse d'Anchise, et l'antre où siégea le juge des trois déesses[Pâris sur l’Ida], la place [colline
près de Troie] où fut enlevé
Ganymède, et le mont (colline de
Troie près du fleuve Cébrènè] sur lequel se jouait la crédule OEnone [première femme de Pâris] . Pas
une pierre qui ne rappelle un nom célèbre. Il avait passé, sans s'en
apercevoir, un petit ruisseau qui serpentait dans la poussière. Ce ruisseau était le Xanthe. Il portait
négligemment ses pas sur un tertre de
gazon, un Phrygien lui dit : "Que faites-vous ? Vous foulez les mânes d'Hector !" Il
passait près d'un tas de pierres
renversées qui n'étaient plus que d'informes débris. "Quoi ! Lui dit son
guide, vous ne regardez pas l'autel de Jupiter Hercéen?" (Jupiter
Hercéen est le protecteur de la maison, dont l’autel était placé
dans la cour, équivalent des Pénates à Rome)
Néron
étendit les privilèges fiscaux et religieux d‘Ilium et Hadrien visita,
semble-t-il, Ilium, en 124, puis Antonin
le Pieux.
Caracalla
en 214 se représente comme un nouvel Alexandre et installe à Ilium une grande statue de bronze
représentant Achille. Il court autour des présumés (voir Leak, p. 125) tombeaux d’Ajax (au promontoire Rhoetion )et d’ Achille[au cap Sigée].
Constantin
le Grand commença, dit-on, à construire dans la plaine de Troie sa nouvelle
capitale de l’empire avant de jeter son dévolu sur Byzance et d’y édifier
Constantinople.
Le sort de Seleucie-Troie.
Il y a
souvent une incertitude sur la Troie des empereurs romains, celle qui précède,
ou celle de Seleucie. Mais en tout état de cause il semble bien que les jeux
institués par Marc Aurèle aient eu lieu à Seleucie .où il y avait un
amphithéâtre.
Après les jeux de Marc Aurèle, Julien l’Apostat dans une lettre impériale, en 355, écrit qu’il a visité
Troie
–Séleucie en compagnie de l’évêque chrétien Pédasos qui lui fait les honneurs du temple d’Athèna où la flamme
brûle encore sur les autels et des autres monuments subsistants.
En 51 av. J. C. , la ville s’appelle désormais Séleucie , dont Cicéron ,
nommé proconsul de la région ,
prend possession: Séleucie est la
capitale romaine de la Cilicie.
Trois autres indices qui sont passé inaperçus, de notre localisation de Troie à Séleucie :
l’origine géographique connue de trois
de ses épouses. Ma femme, généalogiste,
a coutume de dire que les hommes jadis prenaient femme dans un rayon de 5
kilomètres autour de chez eux ; or,
Priam a choisi Hécube en Troade, et selon l’Iliade
il avait une autre épouse la très belle Castianeira (doublet de Cassandre), Iliade, VIII, 304 : Teucros tue Gorgythiôn,
fils de Priam, né d’une mère qui venait d’Aisymè. »
Leak fait remarquer, p . 274, que
le nom de Gorgythion suggère le nom tribal des Gergithes, installés
anciennement près de Troie et qu’Hérodote regarde comme le nom des premiers
habitants de Troade ( V , 12) .
Or, le latin Gergithus , 13,14, 5, cité par
Pline ,5 , 122, et par Tite Live, 38,39
et le grec Gergithès et Gergithios , ainsi que le nom de leur
ville , Gergis, la ville du safran, nous renseignent sur une ville de Mysie inférieure , Gergis
(Est-ce la patrie des Gorgones ?) située près de Cumè ou Cumos
ou Aesumè n’est pas l’altération de Oisumos près du Pangée en Macédoine , la ville de l’osier, mais la ville de Kumè, ai étant peut-être un article , et Kumè ou Kumai étant l’altération de ksumai . Le nom vient pareillement de celui de l’osier, en grec oisua,
oisos pour FoiFos , ou itus
, itea pour Fiteya, latin
populaire ausurium ou ausuria , vîmen,
de gwoiks°men , vieo, attacher, suo, coudre, slave viti,lituanien vytis, allemand Halster , saule.
Autre épouse de Priam : Iliade, XXI , 85-87, Laothoe, la fille de Altes ,
qui demeurait à Pédasos et qui était le roi des
Lelèges . Pedasos
ou Adramittium est située en Lycie.
Les colonies , alliés (Dardaniens et surtout Lyciens) et mercenaires
(les autres) de Troie, Troy , de
Leak, p.252.
Dardanie, le domaine d’Enée, à propos du lac Ascania
que les partisans d’Hissarlik situent au nord, aux Dardanelles : p.302. «
Nos cartes, écrit Leak en note,
p. 302, indiquent un autre lac Ascania, le moderne Buldur Göl , loin vers le sud à la
frontière pisidienne de la Phrygie majeure ».
Strabon
( XII, 4, 8 ) ou plutôt le même interpolateur partisan à tous crins de
Troie –Hissarlik a ajouté à ce propos , XII, 4, 8 que ce n’est aucunement
ce lac Ascania qui doit être trouvé mais
seulement le lac Ascania de Bithynie » .
Pline
, V,88, écrit que le nom du Scamandre était celui
d’une
rivière navigable (ce qui est faux pour le Scamandre près d’Hissarlik, remarque
Leak, p. .386), en même temps que le nom
d’une place-forte située sur un promontoire et appelée Sigeium (que je corrige en Scamandria ou Scamandreium , attestée par Pline, 5, 124, comme une ville voisine de Troie, dont les remparts avaient peut-être été
faits par un Milésien à partir des
pierres du rempart de Troie-Seleucie.). Puis il y avait le Port des Achéens dans lequel se jetait le Xanthe qui se joignait au Simoïs et qui formait à cette jonction
un étang nommé Paléoscamandre (le lit ancien du Scamandre est devenu
une sorte
d’ étang) .»
La Lycie : Chimère
p.309, VI , vers 179 : de nos jours Delikatash ,où l’on note encore
aujourd’hui l’émission d’un jet brûlant
de gaz.
Ces mercenaires qui viennent de loin.
Je me rallie aujou0rd’hui à
Leak , p . 128 et 270, Les Alliés et
la Guerre, pour tout ce qui ne
concerne pas la Troade, la Dardanie et la Lycie.
Les Cariens , vers 867-305 et les Maeoniens (Lydiens).
Les vers qui s’y rapportent
sont mis à une place inappropriée ; ils devraient venir juste après la
Lycie , au vers 827 et commencer le dénombrement des mercenaires , celui des alliés proches,
Dardaniens et Lyciens étant terminé.
Maeoniens (Lydiens) Lac Gygée
devant Sardes , mont Tmolos
.
Cariens : Milet, Phthires , Méandre, Mycale .
A partir du vers 836, nous
avons un repère bien déterminé avec Sestos
et Abydos, mais l’ordre des vers a été chamboulé : il faut prendre, immédiatement après le vers 836, le vers 835,avec Percote
et Praktios, pour respecter l’ordre
géographique , puis le vers 828 sur Adrastè
et Apaisos et le vers 829 sur Pituya
et Tèréié , Cf. Leak, p. 128.
Adrasteia . Strabon XIII , 1 , 13 , 184, la situe
entre Priapos et Parion , à
l’embouchure du Granique.
Apaisos ou Paisos , ou du moins sa citadelle ,
peut être identifiée à la colline du Phare des cartes, près de la rivière Bairam Chi.
Pityeia ou
Pityus . Strabon la situe entre Parion (Kamaraes ) et Priapos
(Karaboga)
Pituya est
la même que cite Ovide dans ses Métamorphoses sous
la forme Pitanè, VII, vers 357, qui
est une ville côtière de la Moesie dans la partie dite Eolide. Médée survole la
Troade: « elle laissa sur sa gauche Pitanè
l’Eolienne, la crête de rochers de
Lesbos qui s’allonge telle un serpent, le bois de l’Ida (celui de la Phrygie mineure) …, ; elle passa à Cèbrènè , lieu où le père de Corythus, Pâris ,fut
enseveli sous un peu de sable » , etc.
Quant à la colline escarpée Tèréia, il s’agit d’une allusion à la
transformation de Tèreus en huppe, peut-être à cause de la forme curieuse de la montagne ; les Garamantes, prêtres de la Mère des Dieux, portaient une
plume sur la tête en signe de castration de leurs testicules. Strabon cite une
colline à 40 stades de Lampsaque (nom récent de Pityussa ou Pityoessa), sur laquelle se trouve un
temple dédié à la Mère des Dieux sous le
nom de Tèreia » (Leak, p. 188).
Arisbè
est entre Percote et Abydos, selon Etienne de Byzance. Le Selleis est une rivière appelée
aujourd’hui Yapildak Chai .
Ensuite vient la Pélasgienne Larisa. Skylax énumère les villes dans l’ordre suivant Kolonai, Larisa,
Hamaxitos et le temple d’Apollon. Athénée (II, 48 A) parle de sources chaudes
et salées près de Tragasi dans la
plaine troyenne de Larisa. » C’est aujourd’hui à Tuzla que se trouvent
aujourd’hui ces sources salées (sel se dit en turc tuz) . Aujourd’hui le
nom de Larissa est devenu (ar)Kios-sederesi, l’ancienne (archaiè)
Larissa.
Enfin la Thrace et les Paioniens p. 270 ; les habitants sont les Kikones, sous le mont Ismaros, près de Marona
aujourd’hui, avec Port Lagos et les anciennes Abdera
et Dikaia ; les Paeoniens , la lointaine Amydon, capitale
des Paeoniens vers848 , près de Thessalonika , Axios (aujourd’hui le
Vardar)
La Paphlagonie ,851 les Enetai.
Le nom de mule sauvage (hèmionos, demi-âne) chez Homère ne doit pas nous intriguer outre mesure, bien
que le mulet soit un hybride stérile de cheval et d’ânesse et ne puisse se
rencontrer en troupeaux sauvages. Il s’agit en réalité de leur cousin, l’onagre
, Equus onager, une espèce d’onagre sauvage très tôt apprivoisé pour tirer les
chars, et parent du zèbre. Son nom ancien est le radical kobalos, porte-faix, qui nous a donné le latin caballus, de kaghwalk - , et
le français cheval, ainsi que des
noms de pays en Anatolie , comme la
Paphlagonie,de kaghwlak- +onia , de la racine indo-européenne ghswom- , pays, patrie , ou la Pamphylie, de kakhwulia, le pays des
onagres sauvages, comme Homère et leur nom l’indiquent . Les Enetes ,de asn-ètes , nous
dit Zénodote, avaient leur capitale à Amissos, de ahsinos qui a
donné le nom de l’âne , asinus en
latin, amsu en sumérien, ass en anglais, ês de ens en arménien, ah en berbère. Kytoros ,aujourd’hui Kidros , Quitros ou Kotru , de kitron, citronnier
, thuya,
riche en buis [Cytoros buxifer
chez Catulle, 4, 123] et en pins (kedros, pinus cedrus, ou genévrier,
juniperus oxycedrus , odorant, et
buis )
Sesamon ,
Kromna (du nom grec de l’oignon,allium cepa) ,90 stades à l’ouest de Kytoros , émettrice de monnaie, deux
cités synoecisées autour de Sesamon et
appelées Amastris (Amastra aujourd’hui)
, le fleuve Parthenios (Bartheni) , Aigialos
(Kara –Agatch) Erythini (cap
Kerempeh, aux roches rougeâtres)
Les Halizones
et Halybè , vers 856 et 857 ,
Les Mysiens (en latin Moesiens
) et les Phrygiens de la petite Phrygie, avec la lointaine Ascania, nom venant de Axeinos, l’ancien nom du Pont Euxin, le lac Askanien. Sur les rives du lac est située Nicée, aujourd’hui Iznik, qui donne au lac son nom moderne et qui se
trouve à l’est de Brusa, près du Sangarios (aujourd hui Sakaria).
Strabon,
» 13,14, 5, p. 301, cite les vers
XII, 792 -793 ainsi :
« Palmys
, Ascanios et Morys, l’irréprochable fils de Hippothiôn, /
Le
chef des Mysiens (archeiomachôn), qui étaient déjà présents anciennement, /
vers incomplet cité par Strabon),
Ces
Mysiens qui étaient venus de la
fertile Ascaniè. » , Cf. vers
762-763
Du lac et de la rivière nous
pouvons en effet passer à la grande et
fertile plaine appelée Daskylitis .
Abydos et Sestos.
La côte asiatique et européenne du nord de l’Asie mineure : les 5 indices
de la véritable localisation de Troie.
Les adverbes grecs tèlothen, de loin, ou tèlou, qui signifient loin par rapport à Troie –Séleucie,
et proches en réalité de Troie –Hissarlik,
sont pour nous des indices de la
localisation de la Troie homérique près
de Séleucie, comme pour le dernier vers du chant II pour la Lycie ils peuvent être un indice de manipulation (peut-être par
l’Athénien Callisthène selon Strabon)..
Ainsi la Pélasgienne Larisa , Iliade, XVII, 299-301, d’où provient
Hippothoos, le chef des Pelasgiens, tombe au combat à Troie sur le corps de
Patrocle, « loin de Larisa au
sol si riche « . Strabon s étonne à juste titre : « Comment
Homère peut-il dire loin si Troie est Ilium-Hissarlik et que
Larissa est en vue même de cette pseudo-Troie , en opsa poleôs ? »
Leak, p. 332, note 1,
conteste la phrase où Myre affirme : « dans le Catalogue troyen, seuls les Alizones et les Lyciens
viennent télothen, de loin », car les Paeoniens
(en Thrace, 849) et les Phrygiens (de Phrygie minor , donc également du côté de
Hissarlik, vers 862 ), sont aussi dits venir de loin, sans références, - ce qui est important pour la Phrygie (minor).
Les vers 876 -877 : « Sarpèdon, lui, commande aux Lyciens, ainsi que Glaucos sans reproche . Ils viennent de loin, (tèlothen) de la Lycie et des bords de son Xanthe tourbillonnant. »
La précision tèlothen , qui
signifie au loin,est pour ceux qui ,
comme moi, situent Troie en
Cilicie, en contradiction complète avec
la place de la Lycie tout de suite après les Dardaniens . Le mot loin est
un indice qui doit éveiller notre
attention, car il peut aider à fixer un lieu. En revanche, l’adverbe tèlé , loin, est bien venu en
862 : Phorkys conduit les Phrygiens avec Ascagne pareil aux
dieux. Ils viennent de loin (tèlé) ,
de l’Ascanie. » Il s’agit de la petite Phrygie (Phrygia minor), opposée à la grande Phrygie (Phrygia major) près de Troie-Sileucie .Homère l’appelle encore en
24, 545, kathuperthen, la Phrygie qui
est au-dessus de Troie , au nord , la Grande phrygie. Telè ou tèlothen sont
appliqués justement aux Paeones , II,
849, ou aux Halizones, II, 856. L’auteur de cette interpolation en a remis
une couche, pour ainsi dire, avec tèlé
et tèlothen :V, 478 et 479
Sarpèdon , 478 : tèlôthen èkô tèlou gar Lukiè Xanthô épi
dinenti, et les bords de son Xanthe
tourbillonnant ,
Sarpédon est le petit-fils du
Sarpèdon crétois, frère de Minos, qui
passa en Lycie et eut un fils nommé Evandre qui épousa la fille de
Bellérophon, Laodamie. De ce mariage naquit notre Sarpédon qui, avec Miletos,
fonda Milet et Sardes. Milètos , qui
alla d’abord à Samos où il fonda une ville Milet , alla de là en Carie où il
fonda une seconde Milet , Millawanda.
L’auteur de
l’interpolation des deux derniers vers du chant II a confondu le fleuve et la ville de Xanthe avec son célèbre temple d’Apollon lycien, près de la ville de Termera, peut-être par la
suite Tekmesa . Même la Phrygie est dite
loin. Enfin les épouses de Priam viennent , non de Hissarlik et ses
environs, mais de régions proches de Troie
-Séleucie.
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