mercredi 3 mars 2021

Compte rendu de l’ouvrage de W. Leak, Troy, 1910

 

  Compte rendu de l’ouvrage de W. Leak, Troy, 1910 . Bibliographie sommaire :

Pline l’Ancien, Historia naturalis, V, 12.

W.Leak, The Iliad of Homer, texte grec , 2 vol. (vol I,  , livres I –XII et vol. II, livres XIII à XXIV).

Walter Leak, Homer  and History , Cambrige,1915,.375 pages + cartes.

LeaK, Iliade, édition commentée en 2 volumes,1900 et 1902,

Grand commentaire de Kirk, 6 volumes, 1985-1993, Cambridge 

Leak, Troy ,a study of Homeric Geography,1912, 406 p. Avec index, cartes, plans et illustrations;  réédition  de Cambridge,

The Homeric catalogue of Ships , edited with a commentary by Thomas W. Allen, 1921, 2005 Oxford, 191 pages + cartes , index

Philippe Brunet, L’Iliade, traduction.

Dieter Hertel, Troia, Archäologie, Geshichte Mythos  ,129 p. , 2008, en allemand, avec cartes et index.

Date de la prise de Troie :

d’après le calendrier des Jeux Olympiques , pour Timée 1346 ou 1308.

Pour l’ère d’Aretes , 1289

Pour l’ère d’ Eratosthène, généralement acceptée, 1184.  

On n’est donc pas à deux siècles près ! Pareillement pour la situation géographique de Troie,  on n’est pas à quelques milliers de kilomètres près, du moment qu’on reste en Asie Mineure :Troie –Bally-Dagh (selon le Net, en 1776, l’aristocrate français Choiseul-Gouffier, analysant l'Iliade, suggère que les ruines de Troie pourraient être enterrées sous un monticule proche d'un petit hameau turc, Bunarbashi, ou Pinarbasi ,  altération par métathèse du  grec Pergamidès, petite Pergame, citadelle, au sud d’ Hissarlik  en Turquie, près des Dardanelles ),situé à dix kilomètres de la mer Égée et à treize kilomètres du détroit des Dardanelles. Cette théorie est popularisée plus tard par son collaborateur Jean-Baptiste Lechevalier et trouve crédit parmi les hellénistes du xixe siècle.Mais en 1801, les savants britanniques Edward Daniel Clarke et John Martin Cripps avancent l'hypothèse que la cité doit se trouver sous une autre colline plus proche de la côte, que les Turcs appellent Hissarlik. D'autres travaux, notamment ceux de Charles Mac Laren (1822) et de Gustav von Eckenbrecher (1842), vont dans le même sens . » ) , Troie –Ilium Hissarlik (Schliemann), le « village des Iliens » ,  Olbè, en Cilicie (Dèmètrios de Scepsis ) ou Seleucie aux environs (l’auteur de ce blog)!

L’auteur qui nous inspire sauf pour la localisation de Troie : Leak, en anglais, sans traduction, 1912 ( il y a plus d’un siècle , et presque rien n’a changé , d’un certain point de vue).

W.Leak, mort en 1927,  fut un banquier, un alpiniste (sur le mont Ida près d’Hissarlik)  et un  navigateur et un grand spécialiste d’Homère. Cet érudit représente le courant hélléniste de Cambridge.

Ce  blog doit clore mon cycle troyen. J’y relate ce que j’ai trouvé dans Troy (1910), l’ouvrage magistral de W.  

Leak, d’intéressant et de complémentaire par rapport à mes blogs. Naturellement, Leak place Troie à Hissarlik alors que je la situe en Cilicie, près de Seleucie. La partie  commune entre nous est celle

concernant la Carie, la Paphlagonie, Abydos et Sestos. 

  Il est bon, en effet de rappeler que Troyens, Dardaniens et Lyciens forment un tout peu dissociable , qu’ils  sont des voisins immédiats de Troie et que l’emplacement supposé de Troie entraîne celui de la Dardanie et de la Lycie.

Troie –Ilion -Hissarlik (Schliemann).

Le géographe grec  Strabon ,  au début du premier siècle ap. J. –C., écrivait ,  que  la ville , à son époque   appelée Ilion en grec ( Ilium en latin ), avec les identifications douteuses du Simoïs (Dumbrek Su) et du Scamandre  (Mendere, du turc deré , vallée)  qui ne se joignent pas , contrairement aux paroles de Héra du vers 774 du chant V ) «  ne sont  pas le site de l’ancienne Ilion, si l’on considère la question en rapport avec le texte d’HomèreLes pseudo- Troyens eux-mêmes  sont  bien conscients que leur cité n’était pas la Troie homérique. »

Trois  noms successifs de Séleucie de Cilicie : Antigoneia, Alexandreia Troas  ou Alexandrie de Troade, Séleukeia .

 

 Voici le  passage capital de  Strabon, XII, I, 26  qui précède celui que nous venons de citer, voir Leak , p .118-119 et 390,  passage qui a été trafiqué par un partisan de Troie –Hissarlik et  qui  a,  bien entendu , supprimé le nom de la ville dont il s’agissait  , savoir Seleucie de Cilicie ou Alexandreia Troias ,  Alexandrie de Troade  : « après la mort d’Alexandre, [son général et héritier] Lysimaque  s’institua notamment gouverneur de la ville (actuelle)  de Séleucie de Cilicie, y  édifia un temple [en l’honneur de Pallas Athèna ] ,  l’entoura d’un rempart (teichos) long de 40 stades (625 pieds romains ou 600 pieds grecs,177,6 mètres x 600 = soit 10 kilomètres environ, trop long pour Hissarlik, remarquent Grote et Leak,mais convenable pour  les remparts actuels de Séleucie ; à  noter que les remparts originels de Troie n’existaient déjà plus à l’ époque , car ils avaient été  , nous apprend Strabon,XII, I, 88-89, démantelés par Archianax de Milet qui en transporta par mer les pierres pour bâtir les remparts de la colonie athénienne de Sigée au V e  siècle av. J. –C.) , il la synoecisa avec les anciennes villes voisines qui étaient déjà tombées en décrépitude (participe parfait passif de kakoô, endommager) tout  autour (alors qu’il n’y  a pas eu de transfert de populations pour Ilium-Hissarlik , selon Leak),  quand il commanda désormais  sur Alexandreia, synoecisée précédemment par Antigone  qui  lui avait donné son  nom , Antigoneia , mais dont  Lysimaque  avait changé le  nom en Alexandreia Troias, Alexandrie –Alexandréa ou Alexandria-de Troade, en latin,citée comme ville de Troade par Cicéron , Academica, 2,11 ou comme ville de « Syrie » par Pline,  6,91); car il lui sembla qu’ il serait pieux que les diadoques (successeurs) d’Alexandre (texte altéré) fondent des cités qui portent le  nom d’Alexandre ( epônumous ekeinou), plutôt que (correction de proteron .. eia ‘ en protéron eautôn  ) le leur  et même il  conforta la cité et  lui donna lieu de  s’ étendre . De telle sorte

qu’ elle a même  accueilli aujourd’hui  la colonie romaine   [Cicéron y est  nommé proconsul en 51 av. J.-C.] et qu’elle  fait partie des cités dont on tient compte ;    [paragraphe 27], tandis que  (texte trafiqué ) ce qui est aujourd’hui le simple hameau-village de Ilion  était une de ces cités florissantes (il faut lire selon moi : et Ilion était un simple hameau campagnard et non une ville à proprement parler (kômopolis ) ,  quand pour la première fois les Romains  s’emparèrent de l’Asie et prirent cette partie du royaume d’Antiochos (corriger  Antiochon  en  Antiochou et ton meran, ek tès  en to meros  ek to  )  qui est  à l’intérieur du massif du Taurus, cf . la Chersonèse taurique). Mais cette Ilion  n’est  pas le site de l’ancienne Ilion, si l’on considère la question en rapport avec le texte d’Homère… .Les pseudo –Troyens eux-mêmes  sont  bien conscients que leur cité n’était pas la Troie homérique»  (ici  suit une intéressante citation de Dèmètrios  sur l’environnement d’Ilium  quand, dans sa jeunesse

 (-181,  première moitié du second siècle av .  J. –C.)    Dèmètrios la visita.

 Dèmètrios de Scepsis , comme Strabon, ne croyait pas du tout en Ilium –Troie , mais croyait que Troie était située près due ce qu’il appelle, selon Strabon, le village des Iliens, mal traduit ainsi car c’est plutôt le village des descendants d’Ileus (de Fileus) , attesté par Hésiode et Euripide notamment , ou  Oileus ou Oilée ,   le père d’Ajax,  Oileus  qui ,  selon Chantraine  recouvre bien un ancien Fileus chez Homère. Leak, p. 142, va même jusqu’à écrire que le nom d’Ilos (Troie chez Homère)ou Ilios  fut le nom donné à Troie par ses premiers habitants Locriens  en l’honneur de leur héros légendaire, Ilos, qui apparaît aussi dans la généalogie troyenne. Les Locriens ont été installés en Aiolide et sont des Eoliens. Le « village des descendants de Ileus » selon Dèmètrios serait devenu Olba  , Wiluwa , wolba, près de Séleucie,où , comme par hasard ,selon Grimal, Dictionnaire de la mythologie,  p.445b,  , un Teucer , demiè_frère vd’ajax fils de Telamon et cousin germain de l’autre Ajax, eut à Chypre de la fille du roi Cyniras et de Eunè  « un Ajax  le jeune,   fondateur de la ville d’Olbè en Cilicie », tout près de Troie. Les deux Ajax ont pu être confondus .

A ceux qui douteraient de mon identification de Alexandreia Troias à  Seleucie, je me contente de donner deux preuves :

1) quand les Gaulois, peu après le temps de Lysimaque, se rendirent sur le site d‘Hissarlik, ils eurent la surprise, de n’y voir aucun rempart, ni même les fondations que de tels remparts eussent nécessité. 

2) Tite Live, XXXVIII, 39 (cf. Strabon, XIII, 1, 39) affirme que Ce sont les Romains qui décidèrent d’inclure dans le territoire d’Ilium les villes de Sigeum, Rhoetaeum et Gergis, ce qui prouve que rien de tel n’avait eu lieu sous Lysimaque, du moins à Ilium-HissarliK.

Les lieux (appelés aujourd’hui en turc Burnabashi ou Pinarbasi  , altération par métathèse du  grec Pergamidès, petite Pergame, citadelle, au sud d’ Hissarlik  en Turquie, près des Dardanelles ),  où il y avait une ville appelée Ilion en grec ou Ilium en latin à son époque. On dit hissarlik, nom commun en turc , une citadelle, un fort, pour imiter Schliemann, mais la carte turque officielle appelle (1910) le village Tevfikieh.  

Je rappelle que Antigone reçut une demande d’arbitrage entre les Troyens et les Locriens , premiers Grecs installés à Troie, condamnés par l’oracle  à envoyer à Troie  un tribut de deux jeune filles nobles à Troie chaque année pendant mille ans, pour le sacrilège  commis par  Ajax , fils d’Oilée,  contre la prêtresse d’Apollon, Cassandre accrochée en suppliante au Palladium sacré qui la représentait  afin que ce tribut cessât d’être exigé en 301 quelque  huit cent ans après et qu’Antigone accepta  la de mande des Locriens.

A noter que Pline, 5,27, nous apprend que Seleukia , la Silifke  turque actuelle en Cilicie, était appelée  la Troyenne pour la distinguer d’autres Seleucies : elle était appelée Trachiotis,  Trachéôtis , voire Thraciôtis , grec Trachièôtis . De plus, en latin, Virgile appelle Teucria la Troade  dans l’Enéide, 2, 26 et Teucrus signifie troyen, Teucri , les Troyens chez Virgile, Enéide , 12, 28, ou les Romains issus du Troyen Enée , Teucris signifiant Troyenne. En grec, nous avons Teukroi, les Troyens chez Hérodote, Teukris aia ou ,  la terre troyenne, la Troade .  La mer devant Seleucie  de Cilicie  est appelée la mer troyenne, mer thraikiè de phr°ugwsia,  au chant XXIII de l’Iliade.

  D’où viennent les formes  Teukrios  ouTrakhèotis ouThrakiôtis ? D’un nom  indo-européen qui désigne une hauteur, souvent le sourcil (ce qui est au-dessus de l’œil), anglais brow, sanskrit bhruh,  vieux –slave bruvi , grec ophrus  ; le nom du massif montagneux , Taurus,  dérive de bhwru  , hauteur .  Wilusa –Ilion-Troie  est dite escarpée par l’incipit du catalogue des livres hittites de la bibliothèque hittite de la capitale hittite, Hatusa. Ce catalogue date du

XIII e siècle et donne la traduction du premier hexamètre dactylique  de quelque nostos perdu : « Lorsqu’ils furent revenus de Wilusa l’escarpée ».

En effet, Troie   est située sur une hauteur du massif du Taurus ou plutôt de l’Anti-Taurus ,  et l’aède   qualifie Troie de ophruessa,escarpée,  élevée, 22, 411 .

Enfin Strabon nous apprend que Dèmètrios de Scepsis (près de la ville de Kebrê(s)nè, où Pâris fut enseveli sous un peu de sable,  ville dédiée au  dieu-fleuve Cebren ou  Kedrus en Cebrènie,[Pline, 5, 124, à propos de la

Troade] cité par Sabin. Ep. 89,  ou par Ovide M. , 11,769, cf.  Cebrum , Itinéraire d’Antonin , ville de Mysie inférieure, qui figure sur la carte du Gaffiot à l’article Lycaonie),Ce Démètrius  dont Pline tire son savoir sur la Troade écrivit 30 livres sur les 62 vers du Catalogue concernant sa Troade natale, que Strabon a pu à l’époque consulter . Pour Leak, p.  173,  la plaine samonienne (du Xanthos ou Scamandre, pour Xanthonienne ) dont parle Dèmètrios  et qu’il  cite  X,  3,20, « faisait partie de Néandris et d’Alexandria » Troas  (en  tèi Neandridi kai tèi Alexandreôn,).  Il est, dit Leak, le dernier homme à décrire une  plaine de Troie comme appartenant en partie  à sa Scepsis  natale  et comme située « dans territoire d’Alexandria (Troias) ». Neandros  est citée effectivement par Pline, 5,12, comme ville de Troade et Xénophon , dans les Helléniques,, 3,1 ,16 , parle de Neandreis ,Neandreôn , ce qui permet de corriger le texte en : «   en tois Neandresi kai tois Alexandreiôis ».

 En tout état de cause, tout ceci établit bien la relation de Troie et d’Alexandria -Séleucie.

 

Un peu d’histoire hellénistique à propos de Seleucie..

Alexandre, après avoir dénoué, dit-on, le nœud de l’oracle Gordien en Phrygie mineure à Gordios,  voulut remercier les divinités qui l’avaient aidé et rendre visite au  temple de Mithra et de Pallas Athèna à  Troie dont, en tant que Macédonien, il connaissait l’exacte situation, c’est-à-dire à Séleucie et non à Ilium, près de Dardanelles .  Son grand projet était d’y installer sa capitale, la Nouvelle Troie, mais pour cela il dit qu’il lui fallait créer un port artificiel plus adapté.  Il n’a pas le temps de réaliser son plan grandiose, mais en attendant exempta la ville de taxes  et lui donna une autonomie pleine et entière. La ville battit monnaie (diverses émissions) et devint le centre d’une ligue religieuse en faveur de Mithra et de Pallas Athèna : les inscriptions nous attestent des jeux organisés par Marc Aurèle avec cette ligue des villes voisines, jeux appelés Coracica sacra ( CIL 6, 751) du nom de la ville de Coracesium dont le nom est mentionné par Tite Live, 33, 20  et indirectement par Pline, 24, 156, sous la forme d’une plante appelée coracêsia  , peut-être le safran  , ou plus exactement le Crocus gargaricus orange qui jouait un rôle dans ces cérémonies .   On trouvait du marbre blanc, cora-lithicus lapis ,  près du fleuve Coralios attesté par Pline,  6,4,  qui avait aussi pour nom Sangarios , ainsi qu’une pierre précieuse du type de l’agate  appelée corallis ou coralloachatès (Pline, 37,153 et 139).

 

Alexandre continua sa  route et  franchit, victorieusement, les Portes (pulai est un duel qui fait allusion aux deux côtés du défilé ) de Cilicie (encore appelées Portes Dardaniennes, Portes de Dardanie) qui permettaient d’accéder à la Syrie.

 L’un de ses généraux et héritiers, Seleucus, « tourne ses ambitions à l'ouest , dit le Net, et dès 304 av. J.C. ,  il se joint à la coalition réunissant Ptolémée, Lysimaque et Cassandre contre Antigone qui entend établir sa domination sur la Grèce et la Mer Égée. Antigone , 181 En 301, il parvient à regrouper ses forces avec celles de Lysimaque en Phrygie (majeure). Antigone est vaincu à la bataille d'Ipsos (Ipsili aujourd’hui, en Phrygie) en 301 par Séleucos grâce aux 500 éléphants de guerre reçus par le traité avec Chandragupta Maurya. Séleucos a isolé la cavalerie de Démétrios, ce qui lui a permis de remporter cette victoire décisive. »  De là les changements de noms de Seleucie au fil des changements de roi : Antigone d’abord (Antigoneia) jusqu’en 301, puis Lysimaque (Alexandreia) , enfin Seleucus (Seleukeia). Le royaume d'Antigone est partagé entre les vainqueurs à l'exception de quelques places demeurées dans les mains de Démétrios. Séleucos reçoit la partie orientale de l'Asie Mineure (la majeure partie de l'Asie Mineure dont la Cilicie et Troie, revenant à Lysimaque) et revendique la Syrie, dont Ptolémée occupe la partie méridionale. Ce partage est à l'origine des nombreuses guerre de Syrie    entre Lagides et Séleucides pour la possession de la Cœlé-Syrie. Séleucos, devenu Nikatôr (« le Victorieux »), est alors avec Ptolémée le Diadoque le plus puissant.

Hissarlik-Troie et Séleucie-Troie  .

Le sort ultérieur de Hissarlik .

Fimbria Flavius, dans le cadre des guerres civiles en -89, met le siège durant dix jours devant Ilium-Hissarlik et met la ville à sac. Nous avons une description dans la Pharsale de Lucain (avant  65 ap .  J. –C., date de sa mort) des quelques restes que Jules César aurait contemplés, IX, vers 961 : « César gagne la côte de Sigée et ces bords dont la renommée le remplit d'admiration. II parcourt les rives du Simoïs et le promontoire de Rhoeté, consacré par le tombeau d'un Grec [Ajax]. Il marche à travers ces ombres qui doivent tant au génie des poètes. Il erre autour des ruines fameuses de Troie ; il cherche les traces des murs élevés par Apollon. Quelques buissons stériles, quelques chênes au tronc pourri couvrent les palais d'Assaracus et de leurs racines fatiguées pressent les temples des dieux. Troie entière est ensevelie sous des ronces : ses ruines même ont péri. Il reconnaît le rocher d'Hésione [soeur de Priam, attachée à un rocher dans l’attente de l’arrivée d’un monstre], et la forêt [de l’Ida],  couche mystérieuse d'Anchise, et l'antre où siégea le juge des trois déesses[Pâris sur l’Ida], la place [colline  près de Troie] où fut enlevé Ganymède, et le mont (colline de Troie près du fleuve Cébrènè] sur lequel se jouait la crédule OEnone [première femme de Pâris] . Pas une pierre qui ne rappelle un nom célèbre. Il avait passé, sans s'en apercevoir, un petit ruisseau qui serpentait dans la poussière. Ce ruisseau était le Xanthe. Il portait négligemment ses pas sur un tertre de gazon, un Phrygien lui dit : "Que faites-vous ? Vous foulez les mânes d'Hector !"  Il passait près d'un tas de pierres renversées qui n'étaient plus que d'informes débris. "Quoi ! Lui dit son guide, vous ne regardez pas l'autel de Jupiter Hercéen?" (Jupiter Hercéen   est le protecteur de la maison, dont l’autel était placé dans la cour, équivalent des Pénates à Rome)

Néron étendit les privilèges fiscaux et religieux d‘Ilium et Hadrien visita, semble-t-il,  Ilium, en 124, puis Antonin le Pieux.

Caracalla en 214 se représente comme un nouvel Alexandre et  installe à Ilium une grande statue de bronze représentant Achille. Il court autour des présumés  (voir Leak, p. 125) tombeaux d’Ajax (au promontoire Rhoetion )et d’ Achille[au cap Sigée].

Constantin le Grand commença, dit-on, à construire dans la plaine de Troie sa nouvelle capitale de l’empire avant de jeter son dévolu sur Byzance et d’y édifier Constantinople.

Le sort de Seleucie-Troie.

Il y a souvent une incertitude sur la Troie des empereurs romains, celle qui précède, ou celle de Seleucie. Mais en tout état de cause il semble bien que les jeux institués par Marc Aurèle aient eu lieu à Seleucie .où il y avait un amphithéâtre.

Après les jeux de Marc Aurèle, Julien l’Apostat dans une lettre impériale, en 355, écrit qu’il a  visité  

Troie –Séleucie en compagnie de l’évêque chrétien Pédasos qui lui fait les honneurs du temple d’Athèna où la flamme brûle encore sur les autels et des autres monuments subsistants.

 En 51 av. J. C. ,  la ville s’appelle désormais Séleucie , dont  Cicéron ,  nommé  proconsul de la région , prend possession:  Séleucie est la capitale romaine de la Cilicie.

Trois autres indices qui sont passé inaperçus,  de notre localisation de Troie à Séleucie : l’origine géographique connue de  trois de ses épouses.  Ma femme, généalogiste, a coutume de dire que les hommes jadis prenaient femme dans un rayon de 5 kilomètres autour de chez eux ; or,  Priam a  choisi Hécube en Troade, et  selon l’Iliade il avait une autre épouse la très  belle Castianeira (doublet de Cassandre), Iliade, VIII, 304 : Teucros tue Gorgythiôn, fils de Priam, né d’une mère qui venait d’Aisymè. » Leak  fait remarquer, p . 274, que le nom de Gorgythion suggère le nom tribal des Gergithes,  installés anciennement près de Troie et qu’Hérodote regarde comme le  nom des premiers  habitants de Troade ( V , 12) . Or, le latin Gergithus 13,14, 5, cité par Pline ,5 , 122, et par Tite Live, 38,39  et le grec Gergithès et Gergithios , ainsi que le nom de leur ville ,  Gergis, la ville du safran,  nous renseignent  sur une ville de Mysie inférieure ,  Gergis (Est-ce la patrie des Gorgones ?)   située près de Cumè ou Cumos  ou Aesumè  n’est pas l’altération de Oisumos  près du Pangée en Macédoine  , la ville de l’osier,  mais la ville de Kumè,  ai étant peut-être un article , et Kumè ou Kumai  étant l’altération de ksumai . Le nom vient pareillement  de celui de l’osier, en grec oisua, oisos pour FoiFos ,  ou itus , itea pour Fiteya,   latin populaire ausurium ou ausuria ,  vîmen, de gwoiks°men ,  vieo, attacher, suo, coudre,  slave viti,lituanien vytis,  allemand Halster , saule.

Autre épouse de Priam : Iliade, XXI , 85-87, Laothoe, la fille de Altes , qui demeurait à Pédasos et qui était le roi des

Lelèges .   Pedasos ou Adramittium est située en Lycie.

 

Les colonies ,  alliés (Dardaniens et surtout Lyciens) et mercenaires (les autres) de Troie, Troy , de Leak, p.252.

Dardanie, le domaine d’Enée, à propos du lac Ascania que les partisans d’Hissarlik situent au nord, aux Dardanelles :   p.302. «  Nos cartes,  écrit Leak  en note,  p. 302,  indiquent un autre lac Ascania, le moderne Buldur Göl , loin vers le sud à la frontière pisidienne de la Phrygie majeure ».

Strabon ( XII, 4, 8 ) ou plutôt le même interpolateur partisan à tous crins de Troie –Hissarlik a ajouté à ce propos , XII, 4, 8  que ce n’est aucunement ce lac Ascania qui doit être trouvé  mais seulement le lac Ascania de Bithynie » .

Pline , V,88, écrit  que le nom du Scamandre était  celui

d’une rivière navigable (ce qui est faux pour le Scamandre près d’Hissarlik, remarque Leak, p. .386), en même  temps que le nom d’une place-forte située sur un promontoire et appelée Sigeium (que je corrige en Scamandria ou Scamandreium , attestée par Pline, 5, 124,  comme une ville voisine de  Troie, dont les remparts avaient peut-être été faits par un Milésien  à partir des pierres du rempart de Troie-Seleucie.). Puis il y avait le Port des Achéens dans lequel se jetait le Xanthe qui  se joignait au Simoïs et qui formait à cette jonction un étang nommé Paléoscamandre (le lit ancien du Scamandre est devenu une sorte

d’ étang) .»

 

La Lycie : Chimère p.309, VI ,  vers 179 : de nos jours Delikatash ,où l’on note encore aujourd’hui l’émission d’un  jet brûlant de gaz.

 

Ces mercenaires qui viennent de loin.

Je me rallie aujou0rd’hui à Leak , p . 128 et 270, Les Alliés et la Guerre, pour tout ce qui ne concerne pas la Troade, la Dardanie et la Lycie.

Les Cariens , vers 867-305 et les Maeoniens (Lydiens).

Les vers qui s’y rapportent sont mis à une place inappropriée ; ils devraient venir juste après la Lycie , au vers 827 et commencer le dénombrement  des mercenaires , celui des alliés proches, Dardaniens et Lyciens étant terminé.

Maeoniens (Lydiens)  Lac Gygée devant Sardes   , mont Tmolos .

Cariens : Milet, Phthires , Méandre,  Mycale .  

A partir du vers 836, nous avons un repère bien déterminé avec Sestos et Abydos, mais l’ordre des vers a été chamboulé : il faut prendre,  immédiatement après le vers 836,  le vers 835,avec  Percote et Praktios,  pour respecter l’ordre géographique , puis le vers 828 sur Adrastè et Apaisos et le vers 829 sur Pituya et Tèréié , Cf.  Leak, p. 128.

Adrasteia .  Strabon XIII , 1 , 13 , 184, la situe entre Priapos et Parion , à l’embouchure du Granique.

Apaisos ou Paisos , ou du moins sa citadelle , peut être identifiée à la colline du Phare des cartes, près de la rivière Bairam Chi.

Pityeia  ou Pityus . Strabon la situe entre Parion (Kamaraes ) et Priapos (Karaboga) 

Pituya est la même que cite Ovide dans ses Métamorphoses  sous la forme Pitanè, VII, vers 357, qui est une ville côtière de la Moesie dans la partie dite Eolide. Médée survole la Troade: « elle laissa sur sa gauche Pitanè l’Eolienne, la crête de rochers de Lesbos qui s’allonge telle un serpent, le bois de l’Ida (celui de la Phrygie mineure) …, ; elle passa à Cèbrènè ,  lieu où le père de Corythus, Pâris ,fut enseveli sous un peu de sable » , etc.

Quant à la colline escarpée  Tèréia, il s’agit d’une allusion à la transformation de Tèreus en huppe, peut-être à cause de la forme curieuse  de la montagne ; les Garamantes,   prêtres de la Mère des Dieux, portaient une plume sur la tête en signe de castration de leurs testicules. Strabon cite une colline  à 40 stades de Lampsaque (nom récent de Pityussa ou Pityoessa), sur laquelle se trouve un temple  dédié à la Mère des Dieux sous le nom de Tèreia » (Leak, p. 188).

 Arisbè est entre Percote et Abydos,  selon Etienne de Byzance. Le Selleis est une rivière appelée aujourd’hui Yapildak Chai .

Ensuite vient la Pélasgienne Larisa.  Skylax  énumère les villes  dans l’ordre suivant  Kolonai, Larisa, Hamaxitos et le temple d’Apollon. Athénée (II, 48 A) parle de sources chaudes et salées près de Tragasi dans la plaine troyenne de Larisa. » C’est aujourd’hui à Tuzla  que se trouvent aujourd’hui ces sources salées (sel se dit en turc tuz) .  Aujourd’hui le nom de Larissa est devenu (ar)Kios-sederesi, l’ancienne (archaiè) Larissa.

Enfin la Thrace et les Paioniens  p. 270 ; les habitants  sont  les Kikones, sous le mont Ismaros,  près de Marona aujourd’hui, avec  Port Lagos et les anciennes Abdera et Dikaia ;  les Paeoniens , la lointaine Amydon, capitale des Paeoniens  vers848 , près de Thessalonika , Axios (aujourd’hui le Vardar)  

La Paphlagonie ,851 les Enetai.

Le nom de mule sauvage (hèmionos, demi-âne) chez Homère  ne doit pas nous intriguer outre mesure, bien que le mulet soit un hybride stérile de cheval et d’ânesse et ne puisse se rencontrer en troupeaux sauvages. Il s’agit en réalité de leur cousin, l’onagre , Equus onager, une  espèce d’onagre  sauvage très tôt apprivoisé pour tirer les chars, et parent du zèbre. Son nom ancien est le radical kobalos, porte-faix, qui nous a donné le latin caballus, de kaghwalk - ,   et le français cheval, ainsi que des noms de pays en Anatolie , comme la Paphlagonie,de kaghwlak- +onia , de la racine indo-européenne  ghswom-  , pays, patrie , ou la Pamphylie, de kakhwulia, le pays des onagres sauvages, comme Homère et leur nom l’indiquent .  Les Enetes ,de asn-ètes ,   nous  dit Zénodote, avaient leur capitale à Amissos, de ahsinos qui a donné le nom de l’âne , asinus en latin, amsu en sumérien, ass en anglais, ês de ens  en arménien, ah  en berbère. Kytoros ,aujourd’hui Kidros , Quitros  ou Kotru , de kitron, citronnier ,  thuya,  riche en buis [Cytoros buxifer chez Catulle, 4, 123] et  en pins (kedros, pinus cedrus, ou genévrier, juniperus oxycedrus , odorant, et buis )

 Sesamon , Kromna (du nom grec de l’oignon,allium cepa) ,90 stades à l’ouest de Kytoros , émettrice de monnaie, deux cités synoecisées autour de Sesamon et appelées Amastris (Amastra aujourd’hui) , le fleuve Parthenios (Bartheni) ,   Aigialos  (Kara –Agatch) Erythini (cap Kerempeh, aux roches rougeâtres)

 

Les Halizones  et Halybè , vers 856 et 857 ,

Les Mysiens (en latin Moesiens ) et les Phrygiens de la petite Phrygie, avec la lointaine Ascania, nom venant de  Axeinos,  l’ancien nom du Pont Euxin, le lac Askanien. Sur les rives du lac  est située Nicée, aujourd’hui Iznik,  qui donne au lac son nom moderne et qui se trouve à l’est de Brusa, près du Sangarios (aujourd hui Sakaria).

Strabon, »  13,14, 5,  p. 301, cite les vers XII, 792 -793 ainsi :

« Palmys , Ascanios et Morys,  l’irréprochable fils de      Hippothiôn, /

Le chef des Mysiens (archeiomachôn),  qui étaient déjà présents anciennement, / vers incomplet cité par Strabon),

Ces Mysiens qui étaient venus de la fertile Ascaniè. » , Cf.  vers 762-763

Du lac et de la rivière nous pouvons en effet passer à la grande et  fertile plaine appelée Daskylitis .

Abydos et Sestos.

La côte asiatique et européenne  du nord de l’Asie mineure : les 5 indices de la véritable localisation de Troie.

Les adverbes grecs tèlothen, de loin, ou tèlou, qui signifient  loin par rapport à Troie –Séleucie, et proches en réalité de Troie –Hissarlik,  sont  pour nous des indices de la localisation de la Troie homérique près  de Séleucie, comme pour le dernier vers du chant II pour la Lycie ils peuvent être un  indice de manipulation (peut-être par l’Athénien Callisthène selon Strabon)..

Ainsi la Pélasgienne Larisa , Iliade, XVII, 299-301, d’où provient Hippothoos, le chef des Pelasgiens, tombe au combat à Troie sur le corps de Patrocle, « loin de Larisa au sol si riche « . Strabon s étonne à juste titre  : « Comment Homère peut-il dire loin  si Troie est Ilium-Hissarlik et que Larissa est en vue même de cette pseudo-Troie , en opsa poleôs ? »

Leak, p. 332, note 1, conteste la phrase où Myre affirme : « dans le Catalogue troyen, seuls les Alizones et les Lyciens viennent télothen, de loin »,  car les Paeoniens (en Thrace, 849) et les Phrygiens (de Phrygie minor , donc également du côté de Hissarlik, vers 862 ), sont aussi dits venir de loin,  sans références, -  ce qui est important pour la Phrygie (minor).

 Les vers 876 -877 : « Sarpèdon, lui, commande aux Lyciens, ainsi que Glaucos sans reproche . Ils viennent de loin, (tèlothen) de la Lycie  et des bords de son Xanthe tourbillonnant. » La précision tèlothen , qui signifie au loin,est pour ceux qui , comme moi,  situent Troie en Cilicie,  en contradiction complète avec la place de la Lycie tout de suite après les Dardaniens . Le mot loin  est un indice qui doit éveiller notre attention, car il peut aider à fixer un lieu. En revanche, l’adverbe tèlé , loin, est  bien venu en  862 : Phorkys conduit les Phrygiens avec Ascagne pareil aux dieux. Ils viennent de loin (tèlé) , de l’Ascanie. » Il s’agit de la petite Phrygie (Phrygia minor), opposée à la grande Phrygie (Phrygia major) près de Troie-Sileucie .Homère l’appelle encore en 24, 545, kathuperthen,  la Phrygie qui est au-dessus de Troie , au nord , la Grande phrygie. Telè ou tèlothen sont appliqués justement aux Paeones , II, 849, ou aux Halizones, II, 856.  L’auteur de cette interpolation en a remis une couche, pour ainsi dire, avec tèlé et tèlothen :V, 478 et 479 Sarpèdon , 478 :  tèlôthen èkô tèlou gar Lukiè  Xanthô épi  dinenti, et les bords de son Xanthe tourbillonnant ,

Sarpédon est le petit-fils du Sarpèdon crétois, frère de Minos, qui  passa en Lycie et eut un fils nommé Evandre qui épousa la fille de Bellérophon, Laodamie. De ce mariage naquit notre Sarpédon qui, avec Miletos, fonda Milet et Sardes.  Milètos , qui alla d’abord à Samos où il fonda une ville Milet , alla de là en Carie où il fonda une seconde Milet  , Millawanda.

L’auteur de l’interpolation  des deux  derniers vers du chant II a confondu le  fleuve et la ville de Xanthe avec son célèbre temple d’Apollon lycien, près de la ville de Termera,  peut-être par la suite Tekmesa . Même la Phrygie est dite loin. Enfin les épouses de Priam viennent , non de Hissarlik et ses environs, mais de régions proches  de Troie -Séleucie.

 

 

 

 

 

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