LES TARODIERES QUI S’ETAGENT SUR LES MONTAGNES CALEDONIENNES
N’ETAIENT-ELLES PAS PLUTOT DES RIZIERES ?
L’émission du 12 mars 2016 sur Arte
concernant les jardins suspendus d’Asie et les Ya- ho était
particulièrement intéressante : elle nous a montré des rizières en terrasse sur
les montagnes du Yunnan au sud de la Chine, où l’eau est amenée par des
kilomètres de bambous géants évidés et attachés les uns aux autres. Ces
rizières fonctionnent aujourd’hui, avec un faible rendement il est vrai (2 sacs
de 50 kilo par ensemble), et elles
évoquent bien les « tarodières » calédoniennes abandonnées
depuis un millénaire au moins . Dans le yunnan, leurs « sillons », qui sont remplis d’eau, sont larges de 2
mètres et bordés d’un « billon », -c’est -à –dire d’un muret de terre
argileuse et de pierres èches surmonté d’un bambou et percé d’interruptions qui
amènent l’eau en cascade à la rangée
inférieure. Comme plantes adventices sauvages, on remarque, à l’émission, des taros à feuilles innervées de rouge. C’est
l’ethnie Ya-ho ou Minyao Mong qui cultive ces rizières au Yunnan, à Wongjizai, où a eu lieu l’essentiel du tournage,
et aussi à Lyangdanac ; la ville
proche de ces hameaux qui est le grand
marché de la région a nom Mengla.
L’ethnie Ya-ho ou
Mien ou Minyao Mong, parlant des langues Hmong mien encore appelées Miao- yao.
L’histoire a dispersé
les Yao sont à travers la Birmanie, la Thaïlande. Le sud-ouest de la Chine (Yunnan), le Laos et le Vietnam. Voici ce qu’on peut lire à leur
sujet sur Internet :
« Ils sont environ 60 000 en Thaïlande,
et représentent l'une des six principales tribus des collines. Ils s'appellent
eux-mêmes en Chine les Mien (ce qui signifie « personne »)
ou Iu- Mien, de yao mong.
En Thaïlande,
les femmes yao gardent en permanence autour du cou un boa de fourrure rouge
écarlate. Leurs enfants sont coiffés d'un bonnet brodé avec trois gros pompons
symbolisant le bonheur, la richesse et la longévité.
Les femmes yao ont une caractéristique
particulière : elles ne coupent leurs cheveux que deux fois dans leur vie,
une fois à 18 ans et une fois à 38 ans ; c'est en effet, pour leur ethnie,
un critère de beauté. Elles coiffent leurs cheveux en les remontant sur leur
tête, et en ajoutant à leur coiffure des cheveux déjà coupés ou tombés,
qu'elles ont reçus comme héritage de leur mère et de leur grand-mère.
Les langues des Ya-ho sont apparentées à certaines langues de Calédonie.
Leurs idiomes
font partie des langues austroasiatiques mon- khmer : l’austronésien, avec
l’indonésien,est aussi une langue austroasiatique . Au sein des langues
mon -khmer on range, dans une même sous - famille, les langues hmong de Birmanie, de Thailande, etc., et,
à l’intérieur de ces langues
hmong, les langues Hmong mien ou Miao- yao Certains chroniqueurs chinois vantent la
civilisation des Hmong mien ou Miao- yao et voient en eux les fondateurs de la Chine
sous le nom de Shan.
Bibliographie
Barbara Niederer, Les langues Hmong –Mjen (Miao-yao).
Phonologie historique, 1998, Munich.
Les pseudo- tarodières de Calédonie.
Loin de moi la pensée de nier
qu’il existe de vraies tarodières en Calédonie,
c’est-à-dire des champs soigneusement irrigués et plantés de taros,
c’est-à-dire d’une des nombreuses variétés
de Colocasia esculenta. Le nom
vernaculaire du taro est parfois traduit de l’anglais par lis ou par
nénuphar, par exemple dans les traductions des ouvrages de Roheim sur l’Australie. L’influence
polynésienne, relativement
récente sur cette culture en Calédonie, se manifeste , par exemple, dans le nom
polynésien qui désigne cette plantation
en Calédonie, alors que le même mot , avec plus de chances d’être fidèle
au sens originel, désigne en Polynésie
un broyeur destiné à pétrir le taro avant la cuisson.
Ces plantations de type polynésien n’ont pas grand’chose à voir avec les
« tarodières » archéologiques à flanc de montagne, qui, seules, nous
intéressent ici.
Ni Cook, ni aucun autre des découvreurs de la Calédonie n’ ont vu ces « tarodières » en
fonctionnement. Et pour cause, car elles datent, pour le moins, de l’époque du Christ.
Fernand
Jammes me signale un passage de Cook à la date du 12 septembre 1774 (extrait de
Pisier, SEH, 1974, La découverte de la
Nouvelle Calédonie) :
"... autour de (ce village de Balade, il y a) une bonne surface de terres cultivées, régulièrement disposées et plantées (ou en train d'être plantées) de taros, d'ignames, de cannes à sucre et de bananes. Les plantations de taro étaient joliment irriguées de petits canaux continuellement alimentés par le canal principal qui coule au pied des montagnes, et d'où ces canaux sinueux sont dirigés avec art. Ils ont deux méthodes pour cultiver ces tubercules.
"... autour de (ce village de Balade, il y a) une bonne surface de terres cultivées, régulièrement disposées et plantées (ou en train d'être plantées) de taros, d'ignames, de cannes à sucre et de bananes. Les plantations de taro étaient joliment irriguées de petits canaux continuellement alimentés par le canal principal qui coule au pied des montagnes, et d'où ces canaux sinueux sont dirigés avec art. Ils ont deux méthodes pour cultiver ces tubercules.
1 Certains sont
plantés dans des parcelles de forme carrée ou oblongue parfaitement
horizontales et situées au dessous du niveau de la terre voisine; ils peuvent
ainsi laisser au dessus d'elles autant d'eau qu'ils estiment nécessaire. J'ai
également observé qu'ils les recouvrent de deux ou trois pouces d'eau. Mais je
ne sais pas si c'est toujours nécessaire.
2 D'autres
sont plantés sur des monticules de deux ou trois pieds de large et hauts de
deux pieds et demi. Sur le milieu ou au sommet du monticule est
une étroite gouttière dans laquelle et le long de laquelle, comme je l'ai
déjà décrit, l'eau est amenée et arrose les tubercules plantés de chaque coté
du monticule; et ces plantations sont si judicieusement disposées que le même canal
irrigue plusieurs monticules. Ces monticules marquent quelquefois les limites
de plantations horizontales; et quand cette méthode est employée pas un
pouce de terrain n'est perdu.
Il existe
peut être quelques différences de qualité entre les tubercules qui
peuvent justifier ces deux méthodes de culture. Certains tubercules ont
meilleur goût que les autres et ils ne sont pas tous de la même couleur; mais,
de toute façon, ils constituent un aliment très sain et les extrémités de
ces tubercules font de bons légumes et sont mangés comme tels par les
indigènes....."
Mais cette description ne parle que des
champs de taros d’origine polynésienne, même s’ils ont subi l’influence des
pseudo- tarodières : la « gouttière » est l’héritière du bambou
évidé.
Quant aux monticules de la description , leur
signification est loin d’être claire ; A première vue, ils
paraissent être une imitation des montagnes avec « tarodières ».
Mais on peut aussi se demander si ce n’est pas là une sorte de menhir en terre
très fruste destiné à mimer et à stimuler magiquement la croissance du riz ou
plus tard, en 1774, du taro. Cela expliquerait l’absence de pierre à taro, à la
différence des pierres à ignames. D’ailleurs, la pierre
à taro n’intervient, ni dans les pseudo- tarodières, ni dans les vraies
tarodières.
Le climat
calédonien se prête à la riziculture, comme les colons européens en ont fait
l’expérience, récemment encore, à Pouébo, à Saint-Louis ou à la Coulé. De plus,
il y a dans cette affaire une contradiction : on dit en effet que les « taros
de montagne » sont des plantes de région sèche, dont le rendement est très faible, si bien qu’on les plante
et qu’on les mange seulement en période de disette. Ce serait le souvenir d’une
époque ancienne d’avant l’agriculture véritable représentée par les tarodières,comme l’écrit dans son excellent
blog sur les taros à Ouvéa Joachin Tjibaou. Ajoutons que la préparation en est
bien plus longue, notamment celle qui a lieu obligatoirement avant la cuisson,
comme celle du riz gluant thaï (au moins 3 heures avant la cuisson).
Il
existe un riz « sauvage » (oriza
neo -caledonica) en Calédonie , qui a été découvert en 1994 dans des endroits
séparés de 117 kilomètres, ce qui démontre que c’est l’homme les a, il y a longtemps, semés dans ces
endroits éloignés les uns des autres, -et non le vent, -et que ces pseudo-
tarodières étaient d’abord des rizières en terrasse, comme, aujourd’hui encore, au Yunnan, à Wongjizai (Chine du sud ) ou au Népal. Les lieux où l’on a trouvé ces
plants de riz sont :
1 à Pouembout, dans la réserve forestière
de Tiéa créée pour sauvegarder ce riz .Le nom de Tiéa vient de Tibawé, le
nom des créateurs des tarodières ;
2 à Poum, dans la forêt d’Ougne (de dougni, de dao nguöi cf le vietnamien người
Dao, altération de Miao- yao cf. Dogny à Sarraméa, nom de la montagne
aux tarodières) et sur les rives de la Néhoué ornées de bambous très denses.
Néhoué vient de néwari cf. la Fo nwhari à partir de néwai
Ceci n’a pas empêché le sociologue Jean Guiart de proclamer
qu’on pouvait induire des tarodières de Calédonie le nombre de 300000 personnes
présentes sur l’île ! Est-ce le
colonialisme des blancs qui aurait décimé ces nombreuses populations ?
Le nom du riz, du seigle, du taro et de quelques autres plantes.
C’est d’un radical hwarizo
ou kwarizo , désignant toute
plante à grains comestibles,que les noms du riz et du taro ont été dérivés.
En grec ancien, le seigle est appelé briza, et le mot survit aujourd’hui sous la forme vrisa en Thrace
et en Macédoine. Le nom grec du riz est
oryza. Le nom du taro (Colocasia esculenta), tara en mélanésien, dérive du mot wara :
c’est le radical wara , par harmonisation vocalique, utilisé par les Tibawés , qu’on
retrouve dans le nom mélanésien du taro cultivé, tara, ou dans son nom
polynésien, taro (par
conséquent sans le suffixe -bi signifiant sauvage).
Le suffixe –bi, sauvage, indique une provenance nippone, djomon plus exactement
.
Il existe au Japon une fougère sauvage (Pteridium aquilinum) dont les tubercules sont comestibles. Elle est
appelée warabi en djomon. De warabi,
outre le nom tibawé du taro cultivé
(sans –bi par conséquent), tara
ou taro, on a :
1) le nom de l’igname cultivée par les Tibawés (donc sans-bi) à Santo, wara ; avec –bi, le nom
calédonien d’une igname sauvage ou semi- sauvage de Calédonie et surtout
d’Ouvéa, le waleï, de wara-bi ;
2) le nom d’un condiment japonais appelé wasabi ou karashi une sorte de moutarde sauvage, appréciée pour ses racines, qui
ne pousse spontanément qu’à Formose, au Japon et à Sakhaline ;
3) le nom d’un cultivar tibawé d’arbre à pain, ‘uru en polynésien, qui vient de wara, comme le mot mayoré (de mah-uru, d’un
préfixe ma- signifiant arbre et de –uru,
mah-uru).
Quelles sont
les populations qui nous ont laissé ces pseudo- tarodières calédoniennes
qui étaient des rizières?
Jules Durand, cité par G. Coquilhat , nous dit que les
Ouébias de Pouébo désignaient les premiers habitants de Calédonie du nom de
Menehune, une forme qui se
retrouve en Polynésie jusqu’à Hawaï. Menehune
se retrouve dans Marino (de marehuno), nom d’une langue parlée à
Maëwo (Vanuatu), dans Farino (de marehino) en Nouvelle-Calédonie , dans Mérina [de merehuna] à Madagascar. On peut songer aussi en Papouasie à la
tribu des Marind’anim et en Australie au groupe de tribus du nom de Merino,dont font partie les Ngatatara
et les Apatanguru, , avec le nom du Mont Merino de marehuno cité par Roheim, L’énigme du sphinx, p.133, et au nom d’une île Santa Cruz aux Salomon, Nanene , de Menehune, à rapprocher du nom d’une autre île Santa
Cruz , Nenumbo (cf Imbo en Australie).
Les Menehune sont des agriculteurs venus de Birmanie ; leur nom vient de Mong-mien. Ils ont passé par les
Philippines, où Mindanao est le nom d’une île et vient de Mien dao : en vietnamien
les Yao sont appelés người Dao, altération de Miao- yao. Ces migrants ont ensuite passé par l’Australie, par les Salomon et le Vanuatu avant d’arriver
en Calédonie et de s’y installer un temps, au Nord et sur la côte est d’abord.
Une seconde vague,
les Tibawés ou Ti.
Gabriel Païta, ce descendant de la grande chefferie des
Kambwas, dans Gabriel Païta, témoignage
Kanak, D’Opao au pays de la Nouvelle-Calédonie, par Jérôme Casaumayou et Thomas de
Dekker, l’Harmattan, leur donne le nom de
Ti : « si l’on en croit les récits des anciens, les premiers hominiens (sic !)
d’Opao (de la Nouvelle-Calédonie) avaient la peau rouge (ce sont les
Menehune, dont Païta ne prononce pas le nom,
rouge, mi dans la langue du sud
étant une traduction littérale pour blanche ou peut-être pour jaune).[Plus tard, ] vint un jour le peuple des Ti [ou des Tibawé]…Venus de la mer, ces grands hommes au corps
couvert de tatouages s’établirent dans la région de Ponérihouen, sur la côte
orientale de la Grande Terre, et apportèrent ici l’art des pétroglyphes. »Notons que les noms de Tchambouen,
lieu où précisément on trouve de beaux
pétroglyphe, et de Tchamba proviennent
peut-être du mot tibawe (tchambayé).
Que reste-t-il de ces premières populations ? ce sont les
rizières en terrasse qui couvrent certaines montagnes de Calédonie. On n’en a
aucun recensement géographique, ce qui est dommage. Les européens ont désigné
ces canalisations de bois comme des « pirogues », des troncs de bambous
creux qui amenaient l’eau. De là le
curieux nom de col de la Pirogue) à
Païta (appelé kwa trebo, selon G. Païta,
trebo désignant la pirogue ou plutôt un tronc creusé, ici un tronc de bambou géant , et kwa, de
kwara, étant un mot archaïque pour
riz et n’étant plus compris ) , ces canaux qui avaient suscité l’admiration
de G. Païta, ou de baie , rivière ou montagnes des Pirogues plus au sud.
On ne peut tirer argument de la présence actuelle de cinq
langues apparentées à celles des premiers habitants de la première et
seconde vague , dont 3 sont quasi éteinte, car leurs locuteurs ont pu se
déplacer. Toutefois, pour mémoire, je cite ci-après cinq langues calédoniennes
apparentées , appartenant également à la famille
des langues Hmong mien et constituant un groupe bien
attesté en Nouvelle-Calédonie, le
groupe ho nte ou she
Langues she (cf . le chinois shan): au moins 5 (en gras,
les langues éteintes) :
1 le neku à Moindou ;
2 l’ arha, à Poya et Voh ;
3 le siche
, à Bourail ;
4 l’ aragure à
Thio ;
5 l’ ajie, à Houaïlou ;
Le tiri, cf le nom
de Grand Couli, de tiri, dans la
région de La Foa, est à rapprocher du siche, dont il n’est peut-être qu’un
dialecte.
A noter que l‘ arhe, qui n’est pas une langue she, est peut-être à rapprocher
du Eora de la région de Sydney
et du Aoré (de newari, népalais, cf. Fo –nwari,
la rivière Newari) de Santo au
Vanuatu. Il existe au Népal, qui est
un pays riche en terrasses, qui
sont autant de rizières comme l’étaient les
pseudo-« tarodières » calédoniennes, une population appelée Newari, dans le nom desquels on pourra
reconnaître le mot calédonien du sud Tibawai ou Tibawé, population qui a donné son nom aux Népali et à leur pays, le Népal. Le
nom actuel de sa capitale, Catmandu, vient de kat
(le [Serpent] enroulé, de [li] koro), et de Hmong
du, de Hmong yao, avec transformation du y en d. A rapprocher de Fo –nwari, la rivière Newari, et
du nom des blancs en houaïlou, les Pa
gara, gara étant à rapprocher de (ne)wari
et du nom des Karen. .
L’arhe est une langue morte des tribus de Nekliai ou Nekiriai près de Poya. Elle appartient, dans le groupe Hmong mien, à la sous-famille des langues
bunu, le bunu naoklao notamment, où Naoklao rappelle le nom de la tribu Nekliai.
Les origines de ces populations qui parlent une langue
apparentée à celle des premiers occupants nous permettront peut-être de mieux
cerner l’origine des Menéhune. En provenance du Vanuatu :
1) de Tanna
Le neku, de anayasko, signifiant (la
communauté) fraternelle, doit être rapproché du lenakel (de nayasko) parlé
à Tanna. C’est une langue hmong mien quasi morte,
parlée jadis à Moindou et dont les rares ressortissants actuels
habitent Moméa (de Hmong myao) et
Ouaoué (de Tibawé, attestant de
la présence ancienne des Tibawés vers Bourail).
Le toponyme Moindou atteste
d’une présence des Hmongs Yaho, le d venant
du y de Yaho.
2) De Vaté ou Efate
Le xa- ragure, parlé dans la région de Thio, doit être rapproché du E -rakor du sud de Vaté. Xa signifie
langue et ragure vient de a-
ragunia, Araukhanie, ce dernier vocable venant de azika
anaïk, frères de race, membres de la tribu. Le nom de l’île, Efaté, eest à mettre en rapport avec le
nom de Yaté en Calédonie (ti –bawé) qui témoigne également d’une
occupation ancienne étendue des Tibawés.
3) D’Erromango
La langue de Houaïlou, l’a jie (a signifiant langue),
est à rapprocher du sie d’Erromango au Vanuatu. Elle fait partie d’un groupe de
langues hmong mien dites she parlées en Malaisie par des
populations dont la langue est appelée le kensieu,
le kensiu ou le kensiw (de kanasia, de (i) kan métathèse de anaik, au sens de frère, et azika, au sens de tribu, c’est-à-dire les frères
de la tribu).J’avais jadis rapproché certains mots
du houaïlou des radicaux dégagés par
Dempwolf à partir de l’indonésien
d) Des Banks (Gava)
Le nemi parlé à Hienghène doit être rapproché du nume parlé aux Banks à Gava
(de garva, karen). Le nemi est apparenté au chon amérindien et à certains dialectes
australiens. Ainsi, le mot chanem , qui
signifie excrément en langue de Hienghène et correspond à bomaign (de gonaym) en
langue de Balade , à boné en langue de Maré , se retrouve en
Amérique dans le chon ganum, le
kechua huanu (d’où vient notre mot guano) et dans l’australien guna, gunong, ganing.
E) De Pentecôte
1) L’arha de la région de Poya est apparenté au saa (de sarha) parlé dans
l’île de Pentecôte. .
2) Le siche, zire ou nerë, langue morte parlée
autrefois dans la zone littorale de Bourail, aujourd’hui à Moméa et à Gouaro,
est à rapprocher du seke ou ske parlé à Pentecôte. C’est une langue
she, dont le nom vient du finale de a-nayasko, les frères, avec suffixe adjectivant –sko. A Sarraméa,de zire myao,
dans l’ancienne aire
linguistique du sichë, on a des
pseudo- tarodières très érodées par le temps, de chaque côté du creek qui
descend de la Cuve, rizières que certains colons
ont transformés en cressonnières Amieu vient de myao,
comme Méa, près de Kouaoua. De même,
le plateau de Dogny, de dao nguöi cf le vietnamien người
Dao, altération de Miao- yao. Le climat frais de ce plateau (le nom Dogny cf. celui de la forêt d’Ougne ou Dougne où l’on a trouvé du riz indigène, devait désigner, non pâs le seul plateau,
mais toute la montagne aux « tarodières) a fait que, vers 1958,
le docteur Tivollier, ministre de la santé du gouvernement local, avait
envisagé la construction d’un centre de plein air sur ce plateau de Dogny, de
même qu’il inaugura le centre thermal de la Crouen et envisageait aussi un
autre centre à la Montagne des sources. Finalement,
c’est au col de la Pirogue, également haut lieu des « tarodières »,
que fut bâti un plus modeste sanatorium.
Les migrations des Menehune et des Tibawés, des Polynésiens et des
Mélanésiens à partir de la Birmanie.
De Birmanie, les futurs Polynésiens se sont arrêtés à Formose
qu’ils appellent Hawaïki et aux
Philippines ; par le pôle sud, découvert de glaces à l’époque, ils ont
essaimé en Amérique. D’autres se sont métissés avec des populations noires
d’Afrique et ont donné certaines populations de Madagascar.
Quant aux Menehune de Calédonie, importateurs de leur techniques agricoles de
riziculture et créateurs des pseudo -tarodières, ils viennent aussi de
Birmanie. Certains rameaux se sont métissés avec des populations noires
originaires d’Afrique et de l’Inde (les
Monda) pour donner les populations du Népal, de la presqu’île malaise et
d’Indonésie.
Concernant les Mélanésiens, les ethnies birmanes vont se métisser dans la presqu’île malaise où existaient des
populations noires, negritos et
autres, et, par la Papouasie et par l’Australie, vont se répandre dans le Pacifique.
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