Débarrasez-vous
d’une idée fausse : Catulle, le poète de l’amour, n’est pas né à
Vérone !
Les
homonymies sont trompeuses. Au XVIIe siècle, on attribua à Catulle le lac de
Garde au nord de l’Italie (Gargano en italien) alors qu’il s’agissait des deux
plus grands lacs de l’Italie du sud, dont l’un s’appelle pareillement en français
le lac de Garde, Gargano en
italien.
Dans
le poème 4, Catulle donne la parole à l’épave d’une goêlette (phaseolus) échouée dans un lac, le lac
de Garde ,Garde(Gargano) du nord , a-t-on supposé à tort. Mais ce yacht, nous
dit le poète ou plutôt le bateau lui-même, « de la mer la plus éloignée,
vint jusqu’à ce lac limpide ».Or, le lac de Garde, non plus qu’aucun lac
du nord, acne communique avec la
mer Adriatique. En revanche, dans l’Italie du sud, certains des plus grands
lacs, communiquent avec cette mer. Dans le Parc National du Gargano (de Garde),
existent deux lacs qui sont les plus grands d’Italie du sud, le lac de Lesino et le lac de Varano, qui sont en réalité des lagunes.
Les deux lagons sont séparés de la mer par une langue de terre boisée
communiquent par des chenaux avec la mer Adriatique. Les détritus et alluvions
diverses ralentissent le cours du courant de ce chenal, un seul à date
ancienne, qui se serait scindée en deux au Moyen Age avec les apports alluviaux.
La colonie ancienne se nommait Unia
(de Venia, la grâce) sur le lac de Lesino , près de la passe, et le cours d’eau
s’appelait l’Uniello, dérivé de Unia. Cela fait partie de la région des
Abruzzes etdes Marrucini, avec des temples dédiés à Mars et à l’agriculture,
Rodi Garganico, Rignano Garganico et San Giovanni Rotundo, le nom du Mars
ancien étant Rudianus (qui donne Rodi, Rignano et même Rotundo).Exit Brixia,
Mella, Cycnus.
Penchons-nous
maintenant squr un passage très obscur de 67, vers 32 et suivants , qu’on
a voulu à toute force rattacher à Vérone et au lac de Garde du Nord, donc à Brixia
que le fleuve (flumen) Mella (masculin !) traverserait selon le poète, alors
que dans la réalité c’est le Garcia qui
traverse Brixia et que ce n’est qu’un ruisseau ; On a inventé que la colonie Brescia aurait fondé Vérone,
la ville natale supposée du poète et l’observatoire de Cycnus, inconnu par
ailleurs. Le responsable de toutes ces inventions est l’éditeur Vossius. Voici les3 vers de
l’édition Budé restitués par Vossius :
Brixia,
Cycneae supposita speculae
Flavus
quam molli percurrit flumine Mella,
Brixia
Veronae mater amata meae,
que
l’on traduit ainsi : « Brescia, assise au pied de l’observatoire de
Cycnus, la ville que le jaune Mella parcourt de ses eaux indolentes, Brescia, mère
bien aimée de ma Vérone. »
Je restitue :
Unia , Lecineae (manuscrit chinea)
supposita lagunae (manuscrit
specula)
Flavus quam molli percurrit lumine
Uniello (lumine au sens de chenal, ouverture, molli au sens d’encombré par les alluvions, donc peu rapide)
Unia
, Varanae mater amata meae.
Je
traduis ainsi : Ville d’Unia, au fond du lagon de Lesino, ville d’Unia, toi que
l’Uniello doré parcourt grâce à son indolent chenal, Unia, mère de ma bien
aimée Vérone (de mon bien aimé Varano).
Autres remarques
sur le texte.
La religion de Catulle : le poème
62.
Il
s’agit peut-être d’un poème isiaque qui fut adopté dans les cérémonies
officielles de la religion. Faut-il en rapprocher le poème 61 sur le mariage ?
Le
poème 63, lui, oppose la cruauté des
rites de Cybèle.
La discontinuité apparente de certains poèmes : l’hommage de
Catulle à César en 44 av . J. –C.
Même
si Catulle s’inspire aussi d’un poème alexandrin de Callimaque, La boucle volée, la chevelure de
Bérénice dans le poème 64 est une allusion à la comète qui apparut à la mort de
César. Suétone, 88: « aux jeux que, pour la première
fois, célébrait après l’apothéose de
César en son honneur son héritier Auguste, une comète brilla pendant sept jours
de suite » .En avril - 44, 7
étoiles brillent pendant 7 jours sous le nom de Berenices Caesaries, la
chevelure de Bérénice. Pour le peuple, c’était la preuve de sa divinité, nous
dit encore Suétone. Catulle nous dit que l’assassinat de César a fait que les
dieux ne daignent plus visiter nos assemblées et qu’ils ne se laissent plus
apercevoir en plein jour, lumine claro,
vers 408, entendons qu’ils apparaissent seulement de nuit sous la forme de la
comète.
L’épithalame
de Thétis permet à Catulle d’opposer Ariane à Bérénice.
Notes sur les manuscrits de Catulle.
Le manuscrit et l’édition de Corradino.
Dans le passé il y eut ce qu’on doit appeler
des dénis de manuscrits de Catulle : d’abord celui
du manuscrit trouvé à Venise, puis arrivé à Rome et dont le texte fut publié en 1738 par le Vénitien
Corradino sous le titre C. Valerius
Catullus in integrum restitutus, ex manuscripto nuper Romae reperto, Venise,
petit in- folio et republié par
Coustelier dans son Catulle, Leyde (Paris en réalité) en 1743, in- 12, Catullus
, Tibullus et Propertius pristino nitori restituti: accedunt fragmenta Corn.
Gall. (Cura et studio Nicolaï Lenglet Dufresnoy), 3 tomes en un vol., puis
en 1747 à Leyde (Paris), en 1749 (Londres) , en 1754 chez Barbou dit Lenormand,
Paris, in-12, en 1779 (Birmingham), en 1794 (Parme).Toute une polémique éclata
: le malheureux Corradino fut traité de faussaire et d’imposteur pour avoir
publié des leçons différaient de la
vulgate et qui venaient de son très ancien manuscrit, transporté de Venise à Rome . On en a rejeté,
avec beaucoup de hargne, l’authenticité,
car Jean- François Corradino dell‘Aglio était fort mal vu des érudits presque
tous catholiques de son temps. Au surplus, le poète de l’amour, le chantre de
Lesbie qu’était Catulle avait fort mauvaise presse aux yeux des catholiques qui
ne voyaient pas en Lesbie une référence
à la poétesse Sapphô, auteur comme elle
de vers, Grâce à Google Books et à la Bodléïenne d‘Oxford, j’ai pu consulter
une édition de 1754 qui donne les leçons
contestées de Corradino. Son apparat critique est intéressant et j’ai pu
récupérer au moins 3 vers et 3 beaux poèmes absents de l’édition Budé, et je fais remarquer qu’il y a à récupérer des
leçons intéressantes dans cette édition décriée malhonnêtement, voire de
nombreux vers absents chez Budé et remplacés par des points, par exemple dans
le poème 61, le chant de noces.
L’édition Thomson.
L’édition qui fait autorité aujourd’hui est,
comme toujours, une édition anglaise, celle donnée en 2003 par D. F.S. Thomson,
Catullus, 578 p. Il a consulté 129 manuscrits, mais pas l’édition
publiée par Corradino et ses épigones, fondée sur un manuscrit vénitien
devenu romain dès l’époque de
Corradino . A noter une variante Nonacrios, mont d’Arcadie, 64, 288, donnée par Corradino et indiquée par
Thomson comme « R², manu recentiore » (il a collationné les éditions de 1472 à Venise [édition de Spira]
à 1535).
Le
fameux manuscrit Corradino est
donc identique au non moins célèbre manuscrit romain datant de 1390 (et
non du XV e siècle comme indiqué dans Budé) découvert au Vatican par un Américain en 1896, W. G.
Hale, puis étudié par R. L. Ullman . Ce
dernier a montré que ce manuscrit avait
été connu de Achille Statius [ le codex Maffeianus ] et utilisé pour son
édition de 1566 dont Scaliger s‘est inspiré.
Ce manuscrit a toujours curieusement créé polémique, que ce soit au
temps de Corradino ou au temps de Hale, provoquant un déni de manuscrit
remarquable .A noter l’efficacité des méthodes paléographiques puisque Thomson,
ignorant pourtant l’origine vénitienne
de son manuscrit romain puisqu’il négligeait Corradino,
déduit cependant de certaines graphies qu’il a été rédigé par un
Vénitien…
3
poèmes absents de l’édition Budé.
Lafaye
a supprimé les poèmes 18, 19 et 20 de son
édition. Or, il déclare,
p.99, le 18 authentique avec une
correction de Bücheler (lege) car il est cité par Terentius Maurus qui
en évoque d’autres du même style priapéïen, comme le fait aussi Nonnius Marcellus.
J’ai pu récupérer ce poème et deux autres dans l’édition du Codex Corradino et
dans l’édition Nisard, rangés chez Nisard à leur place traditionnelle.
Remarques
sur quelques autres passages des poèmes 63,
64 et 65-66.
Poème 63 :
Dans
le poème d’Athis (63) ,
-vers
14, le manuscrit Corradino porte:
Alienaque,
exules, ite pede loca celeri,
Aliena
que se
retrouvant dans V , que étant à corriger en quae ;
Ce
qui est mieux que la vulgate:
Aliena
quae petentes, velut exules loca,
où
le velut est gênant. Dans l’apparat de Lafaye, on a comme chez Corradino
et comme dans V celeri après
loca. Allez, exilés, d’un pîed léger sur des terres étrangères !
-vers
70, la traduction Lafaye est illogique: « Moi, habiter sur l’Ida verdoyant
des lieux glacés, recouverts de neige? » Certes, en été, l’Ida
est verdoyant (63, 30 : Viridem Idam), mais non en hiver, même si l’on a
supposé que l’enneigement était partiel. Viridis me semble un nominatif appliqué à Athis plutôt qu‘un
génitif se rapportant à Idae et une des
épithètes rituelles indiquées par James
George Frazer, Le rameau d’or, Atys et Osiris, coll. Bouquins, p.390
appliquées au dieu, « le très fécond » « l‘ épi vert des blés
moissonnés », celui dont tout doit renaître, appliquée au néophyte
sous la forme abrégée viridis. Il s‘agit d‘un oxymore : « Moi,
alors que je suis l‘épi vert des blés moissonnés ( on pourrait utiliser le
souvenir superstitieux d’Osiris persistant aujourd’hui et risquer) :Moi qui
suis l’atys aux doigts verts , habiter ces lieux glacés recouverts d’un
manteau de neige? » Cf. Isis,
« Créatrice de la verdure », « Verte déesse, dont la
couleur verte est semblable à la verdure de la terre », p. 472, les deux
religions étant proches, voire confondues avec le christianisme également comme
le montre (p. 416) l’épiclèse d’Osiris Ounnefer, l’être bon
traduit par Comme Hepding dans son Attis,
p.140, Frazer pense à juste titre (op. cit., p.659) que le Atys du poème
n’est pas le héros légendaire, mais l’un de ses prêtres ordinaires de Rome qui
portait le nom du dieu Atys et imitait ses souffrances. « Ainsi
interprété, ajoute Frazer, le poème gagne beaucoup en force et en pathétique. Les
souffrances réelles de nos semblables (le prêtre et l’amoureux) nous touchent
de plus près que les douleurs imaginaires des dieux. » Le néophyte quitte
Rome dans les transes avec ses compagnons pour le temple de Cybèle en Mysie
dans la chaîne de l’Ida pour s’y livrer au sacerdoce, à ses mutilations et à
ses jeûnes solennels (sine Cerere, v.36), car il leur était alors
défendu de manger du grain de blé et des racines de légumes. « Le tumulte
et l’émotion une fois calmées et l’homme revenu à lui, le sacrifice irrévocable
était sans doute souvent suivi de plaintes amères et de regrets, nous dit
Frazer, p.388.Catulle a décrit dans un
poème célèbre ce retour des sentiments humains si naturels après les accès
effrénés d’une religion fanatique. » Mais ce sont les trois derniers vers
qui donnent peut-être le sens du poème, sa morale: l’amour-passion est pareil à
la transe religieuse; puisse Cybèle épargner au poète ses fureurs, ses regrets
et ses souffrances! Le poème , en reprenant un thème religieux et amoureux à la
mode (Cf.95, le poème de C. Cinna Helvius sur la Vénus de Paphos Isis et la
mère d’Adonis Zmyrna) , lui donne une valeur allégorique personnelle
, évoquant une possibilité que redoute”
le fou de Lesbia” : il risque de
ressentir , par suite de sa haine contre Lesbia, une haine extrême contre
Vénus, v. 17 Veneris nimio odio et ses conséquences : l’esclavage de Cybèle.
Toutefois cette interprétation peut être mauvaise car Cybèle et Isis sont
identiques et le poète se réclame d‘une obéissance à Cybèle qui devrait lui
épargner la punition infligée à Athys par la Grande Déesse..
Poème
64 :
V.
35 : lire Cieros, comme Thomson,
et non Scyros qui est
ridicule. Cieros est le nom d’une ville près de Pharsale.
V.
23b : compléter comme Thomson :iterum, salvete, bonarum :
« salut (à ses contemporains qui vivent à
l’âge d’or sous César) , une nouvelle fois, ,brave descendance de braves
mères! »
2)
Le vers donné par le seul Codex Corradinio (poème 64, après 235) :
Lucidaque
splendent summi carchesia mali
était
placé en un passage où Muret et Bergk (ce dernier cité par Lafaye mais au vers
253 ) avaient déjà soupçonné une lacune. Or, Lafaye classe apocryphe (p. 100)
ce vers pourtant cité par Nonnius Marcellus. Isidore de Séville, Origines,
19, 2, 1 et Lucain, Scolies, 5, 418, attribuent par erreur à Cinna des
vers très semblables. Je traduis : (Pélée évoque la voile blanche que son fils
devra arborer à son retour) je veux que des drisses solides hissent des voiles
blanches
et que resplendissent , éclatantes, au
sommet du mât, les hunes.
Ce
très beau vers claque au vent.
V. 227. Dans Budé, p. 100, classé apocryphe, on
trouve une remarque d‘une scolie véronaise sur l‘Enéide à propos du
genre masculin ou féminin du mot carbasus employé par Catulle. En
l‘occurrence, Catulle dans le poème des noces de Thétis et de Pélée emploie le
mot au féminin (64, 227).
V.
287 (Tempe …) Haemonisin (datif
grec poétique de Haemonia ) linquens claris celebranda choreis
A
corriger : Naiasin est une correction
de Haupt au lieu de mimosim, donné
par V, claris une correction de Ald. au lieu de doris, donné par V et de
coreis donné par m.
Non
vacuos (nominatif pour vacuus comme chez Corradino), au lieu de
nonacrios donné par R²m’ ou nonacrias
donné par G² et l’édition romaine. .
(Pénée)
abandonnant les verdoyants vallons de
Tempé aux chœurs sonores de
l’Hémonie (la Thessalie et n’arrivant pas
les mains vides.
V.390-391:
à supprimer ici (Bacchus n’a rien à voir avec Apollon) et à replacer après 253 où il y avait
précisément une lacune signalée qui rendait le texte illogique. De plus, le
manuscrit d’Oxford, datant de 1360, porte au vers 253 Thyiadas (au sens
de Ménades) qui est le premier mot du vers 390 si on inverse les deux vers
comme Thomson.
Deux
autres vers cités par Corradino (68,
vers 47 et 48, mais à replacer selon moi en 64 après le vers 364 (le tombeau d’Achille):
Vivat in ore hominum plus uno
clarior aevo
Omnibus
inque locis celebretur fama sepulti
Le premier vers est le seul à nouveau
à être cité par le Codex Corradino ; le second était déjà connu de
Scaliger : « Que ce tertre vive dans la bouche des hommes et continue à
être illustre plus longtemps qu’une vie d’homme et que dans tous les lieux soit
célébrée la renommée de celui qui a été enseveli (Achille) ».
390-391
: à supprimer car ces 2 vers se rapportent aux Thyades de Bacchus et n’ont rien
à voir avec Apollon. Il faut les replacer après
le vers 254, ce qui comble la lacune.
Un passage obscur : le poème 66 et les vers 52 sqq.
(
Memnonis aethiops (correction de
aethiopi sUnigena impellens nutantibusaera pennis) Obtulit Arsinoe obeliscou s
ales equos (nominatif)
(le
jumeau éthiopien de Memmnon fendant l’air du battement de ses ailes) s’offrit à ma vue, lui , l’ibis, le messager ailé du temple d’Alexandrie dédié à la déesse Arsinoé
.
La
vulgate donne elocridicos corrigé parfois en chloridos,
le manuscrit Corradino locricos. Bentley a corrigé en Locridos,
la Locrienne. Je corrige en obelisci,
génitif de obelicos.
Le
jumeau est un oiseau qui fait partie du mythe solaire de Memnon. Voici ce qu’en
rapporte Ovide (Métamorphoses, XIII, 600-628): (la déesse Aurore demande
à Jupiter que le maître des dieux apaise son chagrin causé par la mort de son
fils Memnon tué par Achille en lui
conférant l‘immortalité et celui-ci exauce son vœu au moment où ) « le bûcher de Memnon,
grandi par les hautes flammes, s’écroula, où des tourbillons de sombre fumée
obscurcirent le jour, comme aux heures où, des fleuves, montent les brouillards
formés par leurs eaux et que le soleil ne peut percer. Les cendres noires
s’envolent, s’agglomèrent en une masse unique, qui prend consistance et
forme, et tire du feu chaleur et vie; leur légèreté en fit un être ailé, tout
d’abord semblable à un oiseau, bientôt oiseau
véritable, aux plumes bruissantes, au bruit desquelles (allusion au son
qui s’échappait du colosse de Memnon lorsque l’Aurore aux doigts de roses le
touchait de ses rayons) répondit celui des ailes d’innombrables oiseaux, ses
frères, nés comme lui et de même origine (unigena). Trois
fois ils font le tour du bûcher , et dans les airs , à l’unisson, montent trois
fois leurs cris; au quatrième vol, ils se divisent en deux camps; alors les
deux groupes, s’élançant chacun de son
côté, combattent avec acharnement; à
coups de bec et, de leurs ongles
recourbés, ils assouvissent leur colère; leurs ailes se fatiguent au choc
contre la poitrine de l’adversaire; leurs corps, apparentés à la cendre ensevelie, tombent, vraies victimes
funéraires, et ils se rappellent (Mnemon
en grec) qu’un héros valeureux leur
avait donné naissance. On donna
son nom à ces êtres ailés,
soudainement apparus .Appelés, à cause de lui, Memnonides, lorsque le
Soleil a achevé le cycle des douze signes du zodiaque, condamnés à mourir, avec
les cris des jours de deuil, ils se livrent à cette lutte. » Memnon, à la
demande de sa mère, a obtenu l’immortalité, mais sous la forme de cet Eternel
Retour à date fixe. Cette fête des Parentalia , avec jeux funèbres de
gladiateurs , se passait à l’équinoxe de printemps . Elle était célébrée pour tous les
morts et avaient lieu en mars (On
doit lire Marte, semble-t-il, dans le texte). Memnon est rapproché,. Callimaque
semble l‘appuyer par l’emploi de gnotos , demi-frère , et qualifie ses
ailes de balia, rapides, faisant allusion ainsi à Balios, le cheval d‘Achille, offert par Poseidon en
cadeau de noces au mariage de Thétis et de Pélée et qui était le fils de Zéphyr
et d‘une Harpye.
Callimaque avait osé comparer le mont Athos,
croit-on par contresens, à une broche d’Arsinoé, bouporos Arsines, servant
à rattacher ses cheveux et à les orner, en réalité à l’obélisque du temple d’Alexandrie dédié à la déesse
Arsinoè. Cette prétendue broche d’Arsinoé est élucidée
aujourd’hui grâce à un scoliaste de Callimaque qui nous a appris que le mot bouporos
de Callimaque, -étymologiquement une broche à transpercer complètement un
bœuf, une longue tige de fer, - désigne
chez Callimaque un obélisque égyptien ainsi nommé à cause de sa forme avec, à son sommet,
le pyramidion doré sur lequel se réverbèrent les rayons du soleil
naissant. Le mont Athos doré par le
soleil naissant est comparé par Callimaque à l’obélisque d’Alexandrie dédié à la déesse Arsinoé, la
déesse et non les femmes portant ce nom en l’honneur de la déesse. L’obélisque d’Alexandrie dédié à la déesse
Arsinoé (veru arsineum) devant le temple d’Arsinoè resté inachevé a été
signalé par Frazer, Ptolemaïc Alexandria, JHS, 2, 104, et cité par Anthony W. Bulloch,dans Images
and idéologies (dans le monde hellénistique), 1994, où l‘on peut lire (sur le Net ) un excellent chapitre sur
les fragments conservés de Callimaque
intéressant son poème La Boucle de Bérénice .
Le
mot arsineum cité par Pline l’Ancien, 36, 68, sous la
forme arsenoeum (Gaffiot),
rectifiée aujourd‘hui en arsineum,
désigne un temple élevé par Polémée Philadelphe à sa
« sœur » Arsinoé avec,
au devant, un obélisque, dont le nom est (veru) arsineum. La
boucle se lamente d‘avoir été coupée.
« Mais qui prétendrait pouvoir rivaliser avec le fer? Elle a é&té abattue aussi, cette montagne, la plus haute que
franchisse sur terre la fille resplendissante de Thia [l’Aurore] , lorsque les
Mèdes engendrèrent une mer nouvelle et qu’une jeunesse barbare vogua en plein
milieu de l’Athos », qui est
comparé à l’obélisque d’ Arsinoé [illuminé à son sommet par les rayons de
l’Aurore].
Vers
93 du poème 66. : au lieu de la correction corruerint suivi de utinam de Budé, il faut
reprendre la leçon iterent de Corradino
et autres :
Sidera cur iterent? Iterum coma
regia fiam!
« Pourquoi
les astres, eux, pourraient-ils reprendre
(potentiel) leur position (allusion à l’éternel retour : Apollon retourne tous
les 19 ans chez les Hyperboréens, car c’est la période au bout de laquelle les
astres ont accompli une révolution complète et sont revenus dans la même
position) !Ah! si, moi, je pouvais reprendre ma place dans la chevelure de
ma reine (optatif) ! Ah! Si Orion
pouvait rebrousser chemin et briller à nouveau à côté du Verseau! (Regret,
irréel du présent, vœu que le monde s‘engloutisse dans un cataclysme cosmique
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