vendredi 16 décembre 2016

Lapérouse et d’Entrecasteaux en Nouvelle-Calédonie , ou le pommier malaque, le récif Mangalia, et le premier blanc mort enterré en Calédonie :Huon de Kermadec.

           Lapérouse et d’Entrecasteaux  en Nouvelle-Calédonie , ou le pommier malaque,  le récif Mangalia, et le premier blanc mort enterré en Calédonie :Huon de Kermadec.

J’ai passé mon enfance en Calédonie près de Hienghène à Tiouandé, près de l’îlot Camille, qui tient son nom d’un ressortissant Japonais originaire d’Okinawa, en face du récif Mangalia qui longe la côte est, le plus long des récifs  et à Sarraméa.
Le récif Mangalia ou des deux pirogues des blancs .
En lisant Lapérouse, le voyage sans retour, de Gérard Piouffre, librairie Vuibert , 2016, j’ai découvert,  p .  181,  que  la Recherche et l’Espérance de l’expédition commandée par Bruny d’Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse ,  le 20 juin 1792, au matin,  « doivent virer de bord en catastrophe pour ne pas être drossées contre une barrière de récifs coralliens sur laquelle se brise la houle du large. Chaque nuit les indigènes allument de grands feux sur les hauteurs, mais la barrière de récifs représente pour les frégates, et même pour les embarcations, un obstacle infranchissable. Durant près de 80 milles, soit 150 kilomètres,l’expédition longe à partir du nord la barrière corallienne,avant de rejoindre la mer libre le 1er juillet 1792. Une semaine plus tard, l’archipel des Salomon est reconnu avec les îles de la Trésorerie, puis l’île de Bougainville…. »  Or, le nom autochtone du récif ainsi longé par d’Entrecasteaux est Mangalia,lia , pour lua, signifie deux et manga pirogue ; Les bâtiments qui intriguèrent les canaques étaient la Recherche et l’Espérance. Son nom est à rapprocher de Makalu mu à Vanikoro, cité ainsi par Dillon en 1827, où mu signifie le récif ,  où maka désigne la « pirogue » comme manga et où lu, comme lia, veut dire deux. Mais cette fois il s’agit des bâtiments de Lapérouse, la Boussole et l’Astrolabe, qui vers avril 1788 firent naufrage en ce lieu, du moins pour la Boussole selon moi (voir mon blog), l’Astrolabe ayant pu se relever et longer l’île jusqu’à trouver la fausse passe du récif où on a retrouvé son épave .
Le 6 mai 1793, d’Entrecasteaux enterre le commandant de l’Espérance, Huon de Kermadec,atteint de tuberculose,  sur l’îlot Poudioué (malgré les recherches, on n’a pas retrouvé sa trombe, bien cachée par l’océan aujourd’hui), en face de Balade. Les insulaires épient les obsèques du premier blanc enterré sur l’île et prêtent une signification magique à l’opération.
La déclaration du chef des Pouebo, Koudjima en 1898 sur la migration des Haveke depuis la Papouasie et leurs conquêtes  à Ouvéa et en Calédonie.
Nous avons la bonne fortune d’avoir l’histoire de son peuple racontée par le chef Koudjima lui-même, grâce à Jules Durand qui a recueilli en 1898 ses déclarations  dans Chez les Ouébias (1908,republié par G. Coquilhat sur le net dans Approche pour une lecture des pétroglyphes néo-calédoniens) :
 « Nous étions loin, bien loin d’ici, là-bas où le soleil se couche dans notre patrie lointaine, Ahaké [aujourd’hui Koké (de Kawaké) en Nouvelle-Guinée –Papouasie] avec beaucoup, avec beaucoup de Canaques en train de construire des pirogues, lorsque le fils du chef qui jouait parmi nous fut victime d’un déplorable accident : une des haches de pierre que tenait un travailleur frappa malencontreusement  l’enfant qui fut tué.»
Par crainte de la vengeance  du chef ils décident de s’enfuir à bord des pirogues. Le chef  prophétise : 
« Vous ne trouverez de terres que loin, très loin d’ici, du côté où le soleil se lève, où vont les courants et la brise. Et retenez mes paroles, car vous rencontrerez  beaucoup d’écueils, des flots dangereux et stériles : ne vous arrêtez pas là ! Mais lorsque, après avoir longtemps voyagé, vous serez à bout de vos vivres, vous découvrirez une première île [au Vanuatu, près de  Manikula , la petite île Avokh où l’on reconnaît le nom de la langue calédonienne des Pouébos ,   l’aveké ], ne vous arrêtez pas là…
« Vous en verrez une autre plus grande [132 Km²], avec des cocotiers [Ouvéa, anciennement Ahaké ou Ouvake, de Awake, paronyme du nom polynésien Ouvéa], ne vous arrêtez pas là.
« Puis une troisième [île, la Nouvelle-Calédonie], hérissée de récifs, en face [d’ Ouvéa], ayant de hautes montagnes ;  débarquez-y votre malade [à l’îlot Poudioué :il s’agit du souvenir déformé du premier enterrement d’un blanc, le 6 mai 1793, 3 jours avant le départ des deux bâtiments l’Espérance et la Recherche,   de nuit et avec toutes sortes de précautions, ce qui marqua fortement l’imagination de tous les Mélanésiens comme le montre la rumeur dont M.Wabealo s’est fait l’écho sur un homme blanc venu  très anciennement sur un bateau ,  enterré à Koniene et dont le cyclone de 1992 aurait fait reparaître les restes . ll s’agit en réalité du commandant de l’Espérance,  Huon de Kermadec,de l’expédition d’Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse] et visitez la côte (est] car elle sera habitée (par les gens de Balade ). Quand les poissons sauteront sur l’eau autour des pirogues [prophétie étymologique qui joue sur le nom du waho, thon- banane, Acanthocybium solandri, gros poisson de plus de 2 mètres, avec le  nom voisin des Ohao], arrêtez-vous là [près de Pouébo, forme anciennement attestée Pweo, de  Weo, de Ohao].
« C’est ainsi que nous arrivâmes dans des parages peuplés de guerriers [les gens de Balade], lesquels avaient remplacé déjà des naturels  ne sachant pas construire des cases et vivant dans des trous (les Tuas qui donnent leur nom  à Touho [de Toua] et à Poindimié et occupent la région des Poyes, où mon ami le chef Néa Kyolet Galet me montra les grottes secrètes où ses hommes et lui se réfugièrent lors des troubles de 1917 : c’étaient ces « trous » dont parle Koudjima).
 « Il y eut de grandes guerres au commencement [entre gens de Balade qui s’étendaient bien au-delà de  Pouebo et gens nouvellement arrivés], dans l’endroit où l’on avait débarqué le malade [Balade ] et, victorieux, nous nous sommes,  par la suite des temps,  fondus avec les autres et répandus de toutes parts sur la terre d’Ohao.». Soulignons que le chef de balade -Pouébo utilise en 1898 la forme Ohao qui correspond  bien, avec une autre graphie, à waho et qui reprend le nom de Pweho ou Waho [Pouébo].
Le Cargo cult qui s’est épanoui à Tanna au Vanuatu est un mouvement antiblanc qui désire revenir en arrière et effacer la civilisation moderne afin de préparer la fin du monde, la remise du pouvoir confisqué par les Blancs aux Kanaks. Curieusement, il s’agit de devenir le supérieur abhorré, ce qui, pour eux, est le signe de la fin du monde,et l’homme malade, -en réalité l’agonisant Huon de Kermadec, devient l’un des leurs puiqu’il s’agit du premier blanc venu sur l’île. On retrouve le même phénomène avec le pommier canaque.



Pour l’expédition Lapérouse, lire mes blogs
1 LE BATEAU DE SECOURS CONSTRUIT APRES LE NAUFRAGE DE L’EXPEDITION LAPEROUSE RETROUVE, OU    L’AVEU DU MASSACRE AVEC CANNIBALISME DE SOIXANTE FRANCAIS (AFFAIRE LAPEROUSE) : RIEN QUE DES FAITS .

2 LES VESTIGES DE L’EXPEDITION LAPEROUSE IDENTIFIES D’APRES LEURS ARMOIRIES  A VANIKORO, OU LES  DEUX   CLOCHES DE LA BOUSSOLE,   LES POMPES ET LES PIERRIERS .  
3 Le scénario du naufrage de Lapérouse selon les insulaires  de Vanikoro : le sort ultérieur de deux  rescapés de la Boussole d’abord, puis du bateau de secours : Laprise- Martin et  Marin.   
4Le maïs pré- européen de Tanna (Vanuatu) et le sort d’un  rescapé  de la Boussole à Tanna : Nicolas Collignon, jardinier- botaniste et passager de la Boussole.
 5 L’Eure-et-Loir, la Calédonie et l’expédition Lapérouse : un survivant, Simon Lavo, chirurgien de l’Astrolabe
Et The Captain and « the Cannibal » de James Fairhead, Yale University Press, 378 pages, Londres, 2015, une biographie scientifique du capitaine Morrell,confirmant selon moi la déclaration de Morrell et le texte de Jacobs concernant Simon Lavo  ,  survivant de l’expédition Lapérouse.
ainsi que compte-rendu       Nos lectures
 James FAIRHEAD,  The Captain and « the Cannibal » , Yale University Press, Londres,  2015,  378 pages. 


Le pommier malaque introduit pas Colignon et l’expédition Lapérouse.
Les coquillages ramassés au cours des escales par les conchyliologues de l’expédition Lapérouse ont pu être identifiés par le professeur Bernard Metivier, maître de conférences au muséum d’histoire naturelle, département Milieux et Peuplements  aquatiques  , dans Le mystère Lapérouse, p.326 :
En Calédonie : Trochus niloticus (trocas) , 3 Lambis lambis(araignée), Turbo marmoratus, Nautilus pompilius,  Cypraea Childreni et Cypraea sp.( comme on en a trouvé à Goro sans marques et donc impossible à identifier, peut-être Vitellus ou Erronea),  et  Conus geographus, le plus révélateur étant la cypraea juvénile du sud, cyprea sp.
Collignon a ramassé en Calédonie et remisé sur le bateau de secours des graines de Xylocarpus granatum, Koenig. On trouve ailleurs  ces arbres de la mangrove,  certes, et ce n’est donc pas une preuve infaillible du passage de lapérouse.
Le botaniste de la Boussole  a  laissé en Calédonie dans le nord sur la côte est  des pieds de pommiers malaques (Syzigium malaccense) appelés pommiers canaques par les Calédoniens,l’escale de Macao,achetés à l’escale de Macao,tandis que les autochtones de la côte est les appellent les pommiers des blancs ou apopaleï, popalagni. J’aperçus, quand j’étais étudiant, à ma grande surprise, dans la vitrine de la boutique de Fauchon à la Madeleine, de somptueuses  et rutilantes pommes malaques importées de Malaisie, leur pays d’origine. Celles de mon enfance à Tiouandé étaient hélas ! dégénérées et atteintes de vers, de deux variétés, la rouge, la plus courante, et , plus rare, la blanche. Or, à Tanna, au Vanuatu, où selon moi Colignon a survécu, île qui est un haut lieu du Cargo Cult, il est interdit aux indigènes de manger des pommes canaques, sous peine de devenir blancs, c’est-à-dire d’entraîner la fin du monde à la fois souhaitée (elle rétablira les canaques dans leur suprématie sur les blancs) et redoutée. Le souvenir des Blancs est donc encore aujourd’hui vivant à propos des pommiers canaques, puisque l’arbre est toujours tabou. Le pommier canaque est peut-être la meilleure preuve du passage de Lapérouse sur la côte est ,à Pouébo,où il resta  trois jours,selon le mélanésien Touyada Dalap,  puis à Balade, où il fut obligé de se rendre, le chef de Pouébo lui ayant interdit de prendre du bois et lui ayant dit d’aller sur l’îlot Poudioué s’il en voulait (l’ilôt est représenté par Cook comme très boisé ,  mais qui ne l’était plus du tout lors du passage de d’Entrecasteaux). Le petit chef de Pouébo n’avait pas dit à Lapérouse que l’îlot ne dépendait pas de lui, mais du puissant chef de Balade. Lorsque les gens de Balade virent leur îlot envahi et rasé, ils durent s’insurger et Lapérouse fut dès lors contraint de raser leurs plantations admirées par Cook et de faire tirer sur eux. De là les modifications dans l’attitude des Mélanésiens  que les observateurs ont noté dans le nord comme à l’île des Pins (pour l’île des Pins,  voir Robert Langdon, « Early visitors to New Caledonia « , décembre 1967 in PIM , Pacific Islands Monthly) :il existe des contradictions flagrantes dans la pêinture du caractère du peuple de Balade par Cook et d’Entrecasteaux. « Pour le premier, ces indigènes ont toutes les qualités : bons, francs, paisibles ; pour le second, tous les défauts : voleurs, traîtres, anthropophages. Quelques faits extraordinaires, suivant M. Jules Garnier [Bulletin de la Société de géographie, novembre 1869], n’auraient-ils pas modifié la manière d’agir de ces naturels ? Une rixe n’aurait-elle pas eu lieu ?Les Européens n’auraient-ils pas été forcés de faire usage dev leurs armes ?n’auraient-ils pas détruit des plantations , brûlé des cases ?Ne faudrait-il pas attribuer à quelque événement de ce genre l’accueil hostile qui fut fait à d’Entrecasteaux entre ces deux visites ? » (Jules Verne, La Pérouse, p. 114). En effet, la population de Balade rencontrée par d’Entrecasteaux meurt de faim et en est réduite à manger de la terre (stéatite) pour tromper les tiraillements de son estomac.  Elle connaît le fer, qu’elle appelle fao, mot d’origine française, comme à Pouébo. Aussi bien le graphomètre rapporté par un déporté de l’île des Pins que l’épée fleurdelisée entre les mains d’un indigène de Païta par Jules Garnier, puis signalée par F. Paladini, ou encore que la médaille retrouvée à Prony par Varney  sont le « trésor » récupéré dans la rixe survenue à l’îles des Pins, puis dispersée.
Combien de jours Lapérouse resta-t-il dans le havre de Balade pour avoir le temps de couper tous les arbres de l’îlot ? S’ils lui étaient nécessaires, c’était en partie pour alimenter la cuisine, mais aussi pour réparer les dégâts commis par les indigènes de l’île des Pins. Peut-être 20 jours, pendant lesquels on peut supposer que les minéralogistes et les botanistes comme Collignon, protégés par des hommes en armes,ne restèrent pas inactifs et firent une incursion de quelques jours à l’intérieur des terres avec des plants à mettre en terre , vers la mine Pilou (altération peut-être de La Pérouse). Or, à Vanikoro, en 1965, sur le site selon moi du bateau de secours (la faille du récif) le chef des deux missions de plongée le docteur Becker, recensa 5 échantillons verdâtres ou grisâtres que l’on crut être du nickel calédonien. Le B. R. G. M. d’Orléans- la Source, M. Fonteilles, les analysa, concluant , le 3 décembre 1985, qu’il s’agissait d’échantillons ramassés au même endroit et qu’il s’agissait d’une diabase avec de la pumpeyllite  évoquant, « d’une manière très précise , les descriptions données par A.   Lacroix (1941)… et par J. J. Espirat (1973) des roches basiques de la série de Pilou, dans le nord de la Nouvelle- Calédonie ».  Les survivants ont pu récupérer des objets à bord de l’épave de la Boussole,  instruments de navigation,  objets personnels et  collections, ainsi que  les affaires auxquelles ils tenaient, les souvenirs de leurs  compagnons disparus, sur la Boussole comme sur l’Astrolabe,  et ils ont pu les remiser au même endroit sur le bateau de secours (vaisselle du Père Receveur, de l’Astrolabe,  mort à Sydney, échantillons de minerai de l’abbé Mongès).
Je récapitule l’itinéraire de Lapérouse en Calédonie.
  Les Instructions  prescrivaient à Lapérouse : « En quittant les îles des Amis (Tonga), il viendra se mettre par la latitude de l’île des Pins, située à la pointe du sud –est de la Nouvelle-Calédonie ; et après l’avoir reconnue, il longera la côte occidentale qui n’a point encore été visitée ; et il s’assurera si cette terre n’est qu’une seule île, ou si elle est formée de plusieurs. »   Lapérouse exécute à la lettre toutes ces instructions : de Tonga, il gagne le sud  de la Nouvelle-Calédonie, s’y assure que le sud de la  terre calédonienne appartient à  une seule île, gagne l’île des Pins où éclate avec les insulaires  un grave incident qui endommage l’une de ses frégates. Il longe ensuite la côte ouest de la Calédonie et afin de déterminer où finit la Grande Terre par rapport aux nombreuses îles comme les Belep, contourne par le nord la Grande Terre où les autochtones de l’île Yandé aperçoivent deux énormes pirogues qui tournent, dans le lagon, à la pointe Paava Tanlo.  D’Entrecasteaux nous apporte la confirmation de ce trajet circulaire  de Lapérouse autour de la Calédonie car, au cours d’une   seconde touchée de la Nouvelle-Calédonie, La Billardière, racontant une excursion qu’il fit aux montagnes dont est formée la chaîne de partage des eaux à l’extrémité septentrionale de la Nouvelle-calédonie, et d’où l’on aperçoit la mer des deux côtés, dit : « Nous n’étions plus suivis que par trois naturels, qui sans doute nous avaient vu un an auparavant longer la côte occidentale de leur île, car, avant de nous quitter, ils nous parlèrent de deux vaisseaux qu’ils avaient aperçu de ce côté. »(Jules Verne, Lapérouse, p. 115). Jules Verne s’interroge : « Etaient –ce les navires de Lapérouse ou ceux de d’Entrecasteaux ? Etait-ce bien un an auparavant ? » A tort ou à raison, je préfère  voir dans ce propos une confirmation du passage des deux navires de Lapérouse par le Nord. Il fait d’abord escale à Pouébo, et non à Balade comme Cook. Il y  fait escale  trois jours,  fait provision de bois de chauffage sur l’îlot Poudioué et se ravitaille en eau.  A Pouébo, Lapérouse laisse des pieds de pommiers malaques (Syzigium malaccense) appelés pommiers canaques par les Calédoniens, tandis que les autochtones de la côte est les appellent les pommiers des Européens, laissant supposer qu’ils les doivent au botaniste et « jardinier » Collignon. Il revient en arrière vers Balade pour joindre l’îlot Poudioué qu’il déboise complètement, d’où les incidents avec les Mélanésiens de Balade. .   
Il  navigue ensuite  au large de  la côte est pour éviter le grand  récif Mangalia. Ce faisant,  Lapérouse rencontre  les îles Loyauté, dont il est ainsi le véritable  découvreur   de ces îles   qui n’ont pas encore de nom : d’abord, Lifou,  puis Maré (voir mon blog sur Lapérouse, découvreur des Loyauté)
Dans le bulletin de la Société d’Etude historique de la Nouvelle-Calédonie  n°179, 2e trimestre 2014, p.53, Charles Merger , pour l’Association Salomon, dans un article intitulé « Sur les traces de Lapérouse », p.73,aboutit à une autre solution :a défaut de Lamanon tué à Tutuila,  « Ce furent donc le père Receveur [sur l’Astrolabe] et l’abbé Mongez [sur la Boussole] qui, ayant des connaissances des minéraux prélevèrent les échantillons de dolérite ».Mais le Père Receveur était déjà mort des blessures reçues à Tutuila et enterré à Botany Bay. Il y a eu confusion entre l’îlot Poudioué  avec  le premier blanc enterré en Calédonie, sur la côte est,  et l’îlot Koniène, sur la côte ouest. Son propriétaire, le sociologue Jean Guiart s’est fait l’écho d’une rumeur concernant un blanc mort il y a très longtemps enterr » sur l’îlot Koniene, mais il s’agit d’une confusion avec Huon de Kermadec. Pour l’auteur de l’article, la dolérite  a été recueillie dans la baie de Gomen. .
Je reviens quelques instants sur le livre de G. Piouffre et sur sa bibliographie qui a le mérite de donner des indications intéressantes sur des ouvrages concernant la marine française. Mais y manquent les noms de l’ulmien André Bellesort (Lapérouse), de Bernard Brou, de Jean Guillou, la référence à mon blog.


Bibliographie impertinente et très pertinente  sur Lapérouse :  
André Bellesort, La Pérouse. Plon, 1926. Œuvre, non pas d’un bourlingueur, mais  d’un fin lettré, traducteur de l’Enéide de Virgile, 1925 et 1936, les Belles lettres (Budé), encore qu’on puisse lui préférer la traduction de mon maître J. Perret.
La malédiction Lapérouse, présenté par Dominique Le Brun, recueil commode en un volume du journal de Lapérouse édité par le général Milet-Mureau, de celui de Dillon et de Dumont d’Urville.
LES VESTIGES DE L’EXPEDITION LAPEROUSE RETROUVES A VANIKORO,OU LES  DEUX   CLOCHES DE LA BOUSSOLE ET DEUX PIERRIERS DU BATIMENT
Paul Griscelli, blog,  Le scénario du naufrage de Lapérouse selon les insulaires  de Vanikoro : le sort ultérieur de deux  rescapés de la Boussole d’abord, puis du bateau de secours : Laprise-Martin et  Marin .    
Bernard Brou, « Lapérouse Vanikoro,  campagne de recherches 1990 », bulletin de la Société d’étude historique de Nouvelle-Calédonie n°90 janvier 1992,en particulier  p.46, la déclaration du chef Makataï qui proclame être l’auteur du massacre.
Pedro Fernandez de Quiros, Histoire de la découverte des régions australes, 2002, L’Harmattan, 2002 ;
Paul Griscelli, Vanikoro avant Lapérouse, voir mon blog.
Bernard Brou et Paul Griscelli, Examen critique des indices recueillis à Vanikoro : les épaves de l’expédition Lapérouse, supplément au bulletin de la SEHNC, Ier trimestre 1985, repris dans Colloque Lapérouse- Albi, 1985, Association Lapérouse -Albi.
Le passage sur les cloches est à corriger d’après Paul Griscelli, voir mon blog, bazin ,  Les vestiges de l’expédition Lapérouse retrouvés à Vanikoro, ou les deux cloches de la Boussole et deux pierriers du bâtiment.

Paul Griscelli, « Des nouvelles de M. de Lapérouse ? »Une île  pour l’Eurélien Simon Lavo, hommage à Jean Guillou », Cahiers de la Société archéologique d’Eure-et-Loir, 2015, 1, p.327-332 compte rendu de mon blog de 49 pages, Cold case à la française : le mystère Lapérouse à Vanikoro, ou du nouveau sur la fin de l’expédition. La suite reconstituée du voyage de Lapérouse, de Botany Bay (Australie) à Vanikoro et au-delà, Gmail coldcasefrance@gmail.com,  coldcase28.blogspot.fr malheureusement défiguré par des coquilles dont la plus grave  est, p .328, dernier paragraphe, 3e ligne : « cette faille du récif où coula la Boussole » au lieu de : « où il est bien invraisemblable que la Boussole ait cherché à pénétrer et qui est le lieu où gît le seul bateau de secours (et non la Boussole qui a coulé au près de l’îlot Noungna).  ». Il faut prendre la dernière mouture de ce blog, car , par exemple, j’ai été obligé de corriger un détail en apprenant que Gaspard Duché de Vancy avait été transféré sur l’astrolabe et que c’est donc lui qui est « l’inconnu de Vanikoro », le squelette trouvé dans l’épave du bateau de secours brûlé par Makataï et qui dériva jusqu’à une faille du récif.
Jean Guillou, Peter Dillon capitaine des mers du sud, le découvreur des restes de La pérouse, L’Etrave, 2000.
Jean Guillou, L’odyssée d’Ann Smith, une femme en révolte, L’Etrave, 2002. Histoire d’une passagère clandestine peu connue de l’expédition, embarquée à Sydney et dont les Australiens ont retrouvé le squelette à Vanikoro.
Jean Guillou,La Pérouse… et après, dernières nouvelles du mystère de l’Astrolabe, L’Harmattan, 2011.
Jean Guillou, « Santa Cruz, ou l’occasion manquée, » bulletin n°102 de la société d’étude historique de Nouvelle-Calédonie, P.53à 58, 1995,1. Sur les traces des survivants de l’expédition à Santa Cruz.
Paul Griscelli, Hommage à Jean Guillou, voir mon blog.
Sur les deux passages aux Tonga :
Paul Griscelli, La seconde visite de Lapérouse aux Tonga (entre Sydney et la Calédonie), voir mon blog.
Sur le passage en Calédonie et aux Loyauté:
Bernard Brou, « Lapérouse, découvreur de la Nouvelle-Calédonie, 4 preuves après 15 ans de recherches », bulletin de la Société d’Etude historique de la Nouvelle-Calédonie, n°74 du Ier tr. 1989.
Paul Griscelli, dans Journal de bord n°66, hiver 20015, p. 65 « Le graphomètre de l’île des pins », association Lapérouse-Albi.
Paul Griscelli, « Vestiges du passage de Lapérouse trouvés  en Nouvelle-Calédonie », bulletin n°33 d’octobre 1977 à propos de la découverte d’une médaille en argent  représentant le premier Bourbon, Henri IV, avec bélière d’origine,  à Prony (mais venant de l’île des Pins selon moi) par Varney Wallace.   
Paul Griscelli, Lapérouse et les îles Loyauté. 28 l Voir mon blog.  
Sur les survivants :
Lavo,
Jacobs, Thomas Jefferson, Scenes , incifents and Adventures in the Pacific Ocean, or Theislands of the AustralasianSeas during thecruise of theclipper Margaret Oakley, under Capt. Benjamin Morrell, , New Ypork, Harper and brothers, 1844;première mention sérieuse d’un  survivant de l’expédition, Lavo.
James Fairhead, The Captain and theCannibal », an epic story of exploration , kidnapping and the Broadway Stage, Yale University presse, Nexw Haven and London, 2014, seule biographie récente et prudente du Capitaine Morrell .Voir mon blog , The Captain and « the Cannibal » de James Fairhead, Yale University Press, 378 pages, Londres, 2015, une biographie scientifique du capitaine Morrell,confirmant selon moi la déclaration de Morrell et le texte de Jacobs concernant Simon Lavo  ,  survivant de l’expédition Lapérouse.
ainsi que Compte-rendu       Nos lectures
 James FAIRHEAD,  The Captain and « the Cannibal » , Yale University Press, Londres,  2015,  378 pages. 
Jean Guillou, « Sur les pas de Simon Lavo, chirurgien de l’Asqtrolabe ».167-177et annexe, 497-506, dans Navigateurs d’Eure-et- Loir, société archéologique d’Eure-et-loir, 2006.
Alain Denizet, « Simon Lavo, Germignonville, chirurgien major de l’Astrolabe, P 32-50, Bulletin de la Société archéologique d’Eure-et-Loir, n°84, avril, mai, juin 2005.
Paul Griscelli, sur les survivants menés par Lavo: blog, L’Eure-et-Loir, la Calédonie et l’expédition Lapérouse.
Pour Collignon,
Peter Worsley, The trumpet shall sound, a study of « Cargo cults »in Melanesia, London, Maccibbon et Kee, 1857.
Marc Tabani, Une pirogue pour le Paradis, le culte de John Frum à Tanna (Vanuatu), Editions de la Maison des sciences de l’homme, ,2008.
blog de Paul Griscelli , Le maïs pré- européen de Tanna (Vanuatu) et le sort d’un  rescapé  de la Boussole à Tanna : Nicolas Collignon, jardinier- botaniste et passager de la Boussole.
Sur Laprise- Mouton :Joseph de Rosamel, Ponhpei, Micronésie en 1840, Société des Océanistes, 2005
Jean –Christophe Galipaud et Valérie Jauneau, Au-delà d’un naufrage, les survivants de l’expédition Lapérouse, Errance, 2012 (le chef Mathew, dont le nom est l’altération de [Laprise]-Mouton).
Paul Griscelli, blog, Le scénario du naufrage de Lapérouse selon les insulaires  de Vanikoro : le sort ultérieur de deux  rescapés de la Boussole d’abord, puis du bateau de secours : Laprise-Martin et  Marin .    
Curios :
Anonyme, Fragments du dernier voyage de La Pérouse (1797) , canular de l’ulmien,botaniste  et franc-maçon  Eloi Johanneau , publié avec l’aide de son frère, voir mon blog déjà cité ;l’abbé Mongès, créateur du Grand Orient, fut recruté par Lapérouse, initié à Brest, parce que franc-maçon et intervint à Botany bay pour faire embarquer par Lapérouse le franc-maçon Paris , condamné au bagne et évadé  et Ann Smith , tous les deux coupables d’avoir pris le parti de l’Amérique insurgée,  dont les Australiens ont découvert le bassin à Vanikoro. Tel est le sens de la dernière phrase du Journal de voyage de Lapérouse :
 « … l’établissement anglais, dont les déserteurs [Ann Smith, la nièce du célèbre économiste libéral du XVIII e siècle , et son compagnon le Français  Paris]nous causèrent beaucoup d’ennui et d’embarras .  »Telle est aussi la raison pour laquelle Lapérouse a avancé son départ de Botany Bay , craignant que ses clandestins ne soient découverts. Voir mon blog : Qui est l’auteur des Fragments du dernier voyage de La Pérouse ?  1000
Jules Verne, La Pérouse, 1880.
La leçon morale et politique.

Lapérouse était un humaniste des Lumières (il «était franc-maçon). Mais ses opinions se modifièrent lors du massacre de son ami de Langle qui, la veille encore, développait devant lui, ses théories naïves sur les « sauvages ».On s’aperçoit que, lors de son escale à Annamouka, ses hommes n’hésitent pas à tirer sur un simple  voleur, sans que cette manifestation de force entraîne une émeute. A l’île des Pins et surtout à Balade, la même chose dut se réduire au cours des échanges qui avaient lieu désormais à terre. Aux Loyauté, une seule frégate est visible pour les indigènes, la seconde étant prête  venir à son secours. « Ces réflexions avaient changé nos manières d’agir à l’égard des Indiens [Polynésiens de Samoa ou de Tonga et Kanaks de Calédonie], écrit Lapérouse . Nous réprimions par la force les plus petits vols et les plus petites injustices ; nous leur montrions, par l’effet de nos armes, que la fuite ne les sauverait pas de notre ressentiment ; nous leur refusions la permission de monter à bord, et nous menacions de punir de mort ceux qui oseraient y venir malgré nous. » Adieu l’angélisme vertueux   des utopistes dont parlait Jospin! Comme me le dit un jour à Nouméa  le sociologue Métais, -un ami de mon père,-« Je vais peut-être vous choquer, mais, je vous le dis, nous avons tort, nous autres humanistes. »Car le premier devoir doit être  de défendre sa vie, celle de ses parents et le patrimoine de la civilisation occidentale et chrétienne, dont la supériorité, à tous points de vue, sur les « cultures » dites premières, disons plutôt préhistoriques, des cannibales et autre sauvages, est évidente. Les gouvernements, quels qu’ils soient, devraient avoir la sagesse de s’en inspirer vis-à-vis des auteurs des attentats terroristes, au lieu de brandir « l’état de droit », la Constitution et les droits de l’homme que leurs adversaires bafouent. Les bisous nounours , les ballons et marches blanches , les déclarations d’amour sont d’une sottise affligeante, d’une incongruité révoltante qui humilie rétrospectivement les résistants.  Comme le disait déjà Rabelais, lorsque l’attaque d’un couvent par des fanatiques  avait lieu et que les moine se contentaient de prier  à qui mieux mieux ,  « le bon moment pour prier ! » Les trois mille morts des tours de New York, les 300 morts du sol de France et les 300 cadavres à moitié dévorés de Vanikoro en attestent.

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