UN COUSIN DU BUIS
EUTOPEEN A VANIKORO SELON A. CONAN
Dans une émission Thalassa
(octobre 2017) en hommage à A. Conan, celui-ci a présenté comme une trouvaille confirmant
l’implantation des hommes de Lapérouse à Vanikoro le fait qu’il ait trouvé deux
pieds d’une sorte de buis (il ne donne pas le nom latin), l’un à l’intérieur,
dans une forêt en altitude, près d’un grand banyan entouré de roche ,appelé en
bichhamar woodrose (palissandre,
bois de rose) l’autre au nord-ouest à Lalé et appelé par les insulaires filomoè mara , où il identifie mara comme signifiant français, le filomoè du blanc . Selon lui, cette plante,
étrangère à Vanikoro, aurait été
introduite par les hommes de Lapérouse pour soigner une maladie de peau appelée tokelau, du nom d’une île polynésienne
appartenant à la Nouvelle-Zélande, e n un temps où les antibiotiques
n,’existaient pas(avec les verts,nous voilà bientôt revenus à ce temps béni des
écologistes). Conan avait fait cette découverte en 2010 et il y revient dans
plusieurs émissions.
Selon moi, il s’agit de Sarcococca
philippinensis Stapf ex Sealy, originaire des Philippines d’ où les
Polynésiens l’ont importée à Vanikoro en ce qui nous concerne pour soigner le
rtokelau.
1 Le tokelau polynésien identique au chimbéré du Brésil, encore appelé cacapash
shishiyoti, gogo, roña griyé,
indice des migrations .
Le mode de transmission de cette
maladie n’est pas complètement compris.
Un contact rapproché prolongé est important mais néanmoins il n’est pas
suffisant et des facteurs génétiques interviennent : il s’agit d’une
hérédité principalement autosomique récessive (transmission entre individus de « pure race ») avec
quelques cas de transmission autosomique dominante. Il est donc important pour nous de remonter à l’origine.
Or, l’affection est endémique en Inde (Sud) et Ceylan (Sri Lanka ) , d’où les
Australiens sont originaires. On peut
suivre leur migration grâce à la maladie : en Chine du sud, en Thaïlande, aux
Philippines , dans l’archipel de Malaisie et en Indonésie (Bornéo…), en Papouasie et en Nouvelle Guinée
,: en Amérique centrale : pays de Guatémala et ville de Guatemala , Mexique ,
Panama ; en Amérique du sud :Brésil
(chez les Indiens Purú- Borá) ,
Colombie ; dans certaines îles polynésiennes (à un moment de leur histoire comme Vanikoro), de l’océan Pacifique (ce qui prouve un
métissage des Polynésiens avec les Australiens ): les Iles Fiji (Tamana, le groupe des Lav) , les
Samoa, Tokelau , la Nouvelle-Zélande (cf . les traces de boomerang et les
noix de cocos fossiles qu’on y a trouvées ).
La
plante est donc liée aux Polynésiens de l’île,en particulier celle que Conan a
trouvée près d’un maraé (autel de
roches) abandonné, situé dans une forêt , près d’un vieux banyan ;. Mais
deux rescapés de la Boussole , l’officier Jérôme Laprise –Mouton (Mouton a été altéré en Mattew
par les insulaires , de là le nom de chef
Matthew qu’ils lui ont donné) et Alain
Marin (dont le nom a été lu à tort Mazrin)
semblent s’en être occupés, aux yeux des
Mélanésiens de l’île, et la seconde
plante trouvée à Lalié leur est peut-être
associée ainsi qu’aux Polynésiens qui étaient leurs protecteurs, comme l’indique
son nom local :filimoè mara ,
peut-être le filimoè de Marin .
Quatre rescapés de la Boussole.
Ecoutons le chef de Temua à Vanikoro en 1826 :
« Quatre hommes échappèrent (au
naufrage de la Boussole devant Temua) et
prirent terre près d’ici en face du récif des Esprits (des Ngambé, c’est-à-dire des Blancs) : nous allions les tuer quand ils
firent présent de quelque chose (une grande hache) à notre chef qui leur sauva la vie. Ils
résidèrent parmi nous (à Temua) pendant
un peu de temps, après quoi ils allèrent rejoindre leurs compagnons à Béu’u
(Paukori).»
Les rescapés du massacre du bateau de secours,
le « Laborouse ». .
Trois rescapés de la Boussole, Colignon, Laprise- Mouton et Marin
étaient sur le Laborouse, comme l’appelle le guerrier, tandis que le 4e
rescapé, Roux d’Arbaud, faisait
partie de ceux qui étaient préposés à la garde de la chaloupe de secours (je l’ai étudié avec Lavo.). .
Les deux protégés du
chef polynésien de Paiou-Paukori : le premier pilote Jérôme Laprise- Mouton
et Alain Marin
Les démêlés avec les insulaires mélanésiens de nos deux survivants,-de rudes gaillards
tous les deux, - accompagnés du chef
polynésien de Paukori et de ses hommes, sont complexes. Le nom du chef
blanc, Mouton, a été altéré par les insulaires en Matthew prononcé matau.
Il apporte à son protecteur et ami, le chef polynésien de Paucori, l’inappréciable secours des armes à feu
européennes à plusieurs reprises.
« Allain
Mazrin » ou plus exactement (erreur de lecture, la boucle finale du a ayant
été prise pour un z) Alain Marin, de Quimper.
Jean Guillou nous précise
que l’un des deux survivant (Marin)
« était mort à Paiou et que son corps
avait été jeté à la mer, tandis
que l’autre était parti dans une île
avec le chef qui jusque –là l’avait protégé », on devrait
dire : les avait protégés. Jean
Guillou précise que « ce renseignement est douteux,
car, à Vanikoro, il était de coutume d’enterrer les morts et non de les livrer
à la mer ». Mais la vieille tradition « océanienne » utilisait
la technique du pourrissement des chairs
par immersion dans l’eau de mer. Le capitaine Dillon nous rapporte cet usage en ces termes, p. 394
: « quand un ennemi tombe entre les mains (des Vanikoriens), il est tué immédiatement ; son corps est
déposé dans de l’eau de mer et y est conservé jusqu’à ce que les os soient
complètement dépouillés. Le squelette
est alors retiré : on gratte les os que l’on coupe de diverses manières
pour former les extrémités aiguës des flèches et des lames. » L’eau
boueuse et habitée des mangroves fait très bien l’affaire. Les bras et les
jambes sont seuls mangés. Les autres ossements servent, une fois polis, à faire
des pointes de flèches, etc.
On a montré à l’expédition
Salomon, à Lalé un morceau d’humérus de 16 cm aux deux
extrémités cassées, mais non fendu dans le sens de la longueur (p. 27, bulletin
de la SEHNC n°90) : appartenait-il à Marin ?
Ce rescapé de la Boussole avec ses amis polynésiens et
avec Laprise -Mouton a vécu à Lalié, de là le nom donné à la plante dont il s’occupait
pour le chef polynésien : le filimoè
de Marin .De là aussi la confusion dans l’esprit des insulaires sur les
blancs de Vanou qui sont exclusivement Marin et Laprise- Mouton.
Le matelot Alain
Marin, était originaire de
Quimper : son nom, se retrouve sous
la forme Mara dans le nom de la
tombe [entendons le pourrissoir,
le lieu de décharnement] de Mara,
de Marin, redécouverte dans les palétuviers en 1990 par
l’Association Salomon et située sur le
territoire de Tanema. Lorsque Dillon, puis Dumont d’Urville interrogèrent les
indigènes polynésiens sur le nom mara,
ils répondirent : « il a été
impossible à Valiko de me donner l’origine du nom mara qu’ils assignèrent aux Français ; seulement, il dit que
quand on demandait à ceux-ci d’où ils venaient, ils répondaient : Mara [France]… Avant ces deux navires,
ils n’avaient jamais entendu parler des papalagui,
mot qu’ils ont adopté de la race polynésienne pour désigner tous les
blancs. » Mara vient, non
de marin, mais de France, Françai Le
nom propre Marin est un paronyme de Mara (n), Français, cf le tahitien Farani.
La « tombe » de Marin.
B. Brou raconte qu’un
crâne et une dent, -ceux de l’in fortuné Marin, - y ont été retrouvés
près d’un polissoir de basalte. Les
vainqueurs ont emporté à Lalé certains os, l’humérus notamment, pour les manger.
La vie mouvementée de
Laprise-Mouton et de Marin et la mort de ce dernier devant Tanema.
La tradition est très
confuse dans la chronomogie.
1) « Les marins rescapés (du massacre du bateau de secours à
Bé’eu par Makataï, savoir Mouton- Laprise et Marin) construisirent une chaloupe dans la baie
de Saboë.
2) Le bâtiment une fois
construit, Dillon rapporte que Laprise- Mouton vint dans sa chaloupe
jusqu’au récif près de Dannemah et y tua le chef de ce village qui s’appelait
Naourey près de Murivai (de l’autre côté de la baie de Saboè), alors que le chef
était en train de pêcher bien tranquillement. Matthew mit un instrument dans sa bouche (le
fusil de Mouton est pris pour une sarbacane) et l’on entendit un grand bruit.
Le chef Naourey fut tué et tomba en dehors de la pirogue et la magie du
blanc empêcha qu’on ne pût retrouver son corps, emporté par des diables ou
esprits.
3) Ils s’installent
ensuite, croyant se mettre à l’abri des Mélanésiens, à Ignama.
Legoarant de Tromelin a noté : « Ces Blancs [de la Boussole, Laprise -Mouton et Marin] s’établirent au village d’Ignama, à environ quatre milles au nord
de Paiou » (environ 7 kilomètres), plus
exactement à Lambé, altération de Gnambé, les deux Esprits, les deux Blancs.
4) Puis ils migrent à Lalé, altération peut-être de lambé, les blancs. Selon une
tradition rapportée par Dumont,
ils tuèrent, grâce à leurs armes
à feu, 3 chefs et 20 hommes en train de piller leur bateau échoué à Vanou, près de Lalé. Dumont
rapporte encore que, selon le chef de Teanu, un
Français venant de Paiou avait abordé au village de Vanou,
en face du lieu où la chaloupe de Laprise- Mouton et de Marin s’était échouée et avait tiré sur les naturels
à coups de sarbacane (fusil) : il en avait tué une vingtaine. Selon Galipaud, 5 chefs et des hommes furent
tués, savoir les cinq chefs de Vanou,
près de Lalé, savoir Valeco, Oley,
Amea, Feto et Tabinga, ainsi que presque tous leurs gens, une quinzaine.
D’après une autre tradition, ils tuèrent
5 naturels de Vanou, dont 3 chefs et un
homme de Dennemah. C’est une
autre version du même fait d’armes.
5) Selon
Gallipaud, depuis Paucori, à Béu’u (Paukouri), près de l’embouchure de la rivière des
Esprits, Mouton aurait lancé des « pierres
chauffées» (boulets) et détruit l’îlot
Filimoè en face d’Ignama, où s’était
réfugié le chef rival de l’allié polynésien de Mouton, parce qu’il aurait volé à l’ami de Matthew la femme que celui-ci
convoitait.
4) Ensuite il choisit Béu’u ou Paukori ou Paiou comme base
de ses opérations : Paiou
est souvent décrit comme « le lieu de
résidence d’un officier ou d’un savant [Laprise- Mouton] et de son aide [Marin]
qui décidèrent de rester dans l’île après le départ de leurs
compagnons. » Le camp présumé des Français prospecté par J. C.
Gallipaud pourrait bien être en réalité le lieu de résidence de Laprise -Mouton.
La défaite devant Tanema et
la mort de Marin.
Selon N. S. Hefferman, dans
Government station Vanikoro, à Mac Neill, Australian Museum, janvier 1926 : « Mon gardien de prison me dit que les pièces de monnaie
que l’on découvre constamment au village de Tanema (ou Dennemah, près du lieu
d’échouage de la Boussole) ne
proviennent pas du navire de Lapérouse [la
Boussole], mais d’un autre bateau [l’embarcation de Jérôme Laprise-Mouton,
qui avait dû laisser sa cagnotte à bord ] qui s’est échoué peu après [un an ou
deux] .
La date.
« Deux hommes blancs restèrent après le
départ de leurs compagnons. L’un (Laprise- Mouton) était
chef (le chef Mathew,
altération de son nom, Mouton, par
les indigènes), l’autre un homme qui servait le chef (Marin). Le premier (ce dernier, mauvaise traduction ?) mourut il y a environ trois ans
(en 1823) ; une demie année après (en 1824) le chef du canton où
résidait l’autre homme blanc (Laprise -Mouton)
fut obligé de s’enfuir de l’île, et l’homme blanc partit avec lui ;
le district qu’ils abandonnèrent se nommait Paukori (Béu’u, Pakaré). Mais nous ne savons pas ce qu’est devenue
la tribu qui l’habitait alors. »
La date semble fausse : Dillon a-t-il
altéré l’indication du lascar, désirant
montrer la légèreté de son prédécesseur d’Entrecasteaux qui selon lui, aurait pu sauver en 1793 les deux
rescapés ? Il serait plus
vraisemblable que la mort de
Marin et le départ de Laprise -Mouton aient
coïncidé avec la migration qui aboutira à Ouvéa (Loyauté ) , transportant
à Balade des reliques d’un
bâtiments de Lapérouse et avec celle
qui finira en Micronésie , donc entre 1789 et 1793 environ, sans doute vers 1790, à en croire
James O’Connell. De plus, le lascar Joë dit lui-même à Dumont que les deux
blancs étaient morts il y a très longtemps
De même, le
grand prêtre Moembé dit à Dumont : « Tous les blancs [du
bateau de secours] qui essayèrent, plus tard, de gagner la terre furent à leur
tour tués à coups de flèches, excepté deux pourtant qui se rendirent à Paiou
(Béu’u, Paukori), mais n’y vécurent que
quelques mois, et, peu de temps après, il se développa une maladie (le
tokelau ?) qui fit périr bon nombre de naturels. » On voit que des
deux blancs, l’un avait disparu, l’autre
était mort, et que le lascar ne pouvait les avoir rencontrés.
Le dernier rescapé de la Boussole et ses compagnons
polynésiens quittèrent Vanikoro sur cette défaite de Tanema, , à bord d’une
biscayenne probablement, et
émigrèrent en Micronésie, vers Nutt et
Pohnapé, puis vers Nukuoro et enfin vers
Kapingamarangi. .
Une
trace de l’odyssée de Laprise-Mouton : l’île de Nutt en Micronésie.
James O’Connell, dans A ressidence of eleven years in New Holland
and the Caroline Islands (réédition numérique , p .201) écrit que
selon ses calculs c’est environ quarante
ans (une génération ou deux) avant son arrivée en 1826, c’est-à-dire vers 1790, qu’un blanc moustachu présenta un couple de poules à un chef de Nutt. Il
était arrivé sur un bâtiment à un mât. Pour moi, l’introducteur de ces
volailles de Vanikoro à Nutt était Laprise-Mouton, notre rescapé.
Un autre indice : un canon fleurdelisé trouvé à Pohnapéï.
En lisant La
Pérouse … Et après ? de Jean Guillou , p.137 , j’appris la présence en Micronésie d’un canon fleurdelisé: après
son escale à Nutt, sur le chemin de
Kapingamarangi : l’embarcation portant le rescapé de la Boussole , le chef polynésien et 6 de
ses hommes fut envoyée sur le récif entourant Pohnapéï par un sérieux coup de
vent sur le récif et Laprise- Mouton
réussit à sauver un canon fleurdelisé , en cuivre, ressemblant à celui que Dillon avait
rapporté (« un canon de 2 pouces avec fleur de lis ». Edmond
Jurien de La Gravière, dans son Voyage en chine (1854) , mentionne la présence à Pohnapeï, d’après Rosamel, d’ « un petit pierrier de bronze frappé d’une fleur de lys » que
l’amiral supposait provenir du navire de
secours construit par les rescapés de l’expédition Lapérouse ». Un
héritier de l’amiral, Chales Jurien de La Gravière, fit des recherches sur ce canon. Ne trouvant rien
dans les papiers familiaux, il eut l’idée
de consulter les archives d’un arrière-petit-neveu de Rosamel et y découvrit le
manuscrit de Joseph de Rosamel, catalogué sous le nom anglais de Pohnapeï (île
de l’Ascension prise pour l’île homonyme de l’Atlantique).
J. C. Galipaud a donné, en 2005, une
excellente édition de ce manuscrit .
En 1840, Rosamel , p.35 avait pris ses informations auprès du
Français Louis Corgat, qui vivait avec
une Micronésienne et avait aperçu le canon à Kiti sur l’île de
Pohnapé. « Un [des passagers]
descendit à terre à la nage tenant un pierrier (bouche à feu, ancien mortier de
marine) d’une main et nageant de l’autre ; il maniait cette arme comme un
fusil. C’est ce pierrier ou canon de
cuivre qui fut porté dans l’intérieur et taboué par les indigènes. Le capitaine Dudoit le vit en 1834 et 1835. La
corvette anglaise le Larne qui vint à
Bonnebey [Pohnapeï] en janvier 1838 le fit transporter à bord et l’emporta. Le
canon avait eu la culasse sciée par les naturels, la chambre pouvait avoir un
diamètre double de la bouche et une
fleur de lys, mal gravée, était sur
le bourrelet de la culasse qui n’avait pas été enlevé. ».
Autre trace : le nom de
Kapingamarangi, nom qui signifie l’île du
Français à chapeau pointu, une
« exclave » polynésienne en Micronésie.
Le chef de Paukori
continua sa route avec 6 autres Polynésiens et son « captif »
vers une autre île de
Micronésie, voisine de Nukuoro, nommée Kapingamarangi,
où l’on peut reconnaître le mot
signifiant Français, marangi
(Farani en tahitien, altération du mot
Français, marang ou mara à
Vanikoro), ka signifiant celui
qui, pinga
signifiant en forme de courbe et faisant allusion au chapeau , au
bicorne d’officier.
Ces
îles sont les seules « exclaves» polynésiennes en Micronésie et
les linguistes rangent leur langue dans
un sous-groupe comprenant Ouvéa (Loyalty), Futuna du Vanuatu
et Wallis et Futuna. Kapingamranangi se
trouve dans l’Etat de Pohnapeï dont une ville s’appelle Palikir. Dans ce dernier toponyme on reconnaît une forme voisine de Paukori, le
nom de l’endroit de Vanikoro d’où est parti le
chef polynésien :
Palikir signifie le pays du serpent (likir cf. le nom de l’île
Riger) enroulé en entonnoir (comme les
engyralis australis de Lifou ou les Morelia
viridis de Papouasie, pythons sacrés ayant la curieuse habitude de tendre
un piège aux oiseaux dont ils se nourrissent en recueillant l’eau de pluie dans
une sorte d’entonnoir qu’ils forment en se lovant pour les attirer). Le nom de
l’île, Nukuoro est d’ailleurs un emploi métaphorique du nom de ce serpent (Nigoro), formant un
entonnoir plein d’eau, utilisé
pour désigner un atoll avec une lagune circulaire au centre, comme
précisément l’atoll de Nukuoro.
. .
« Allain
Mazrin » ou plus exactement (erreur de lecture, la boucle finale du a ayant
été prise pour un z) Alain Marin, de Quimper.
Jean Guillou nous précise
que l’un des deux survivant (Marin)
« était mort à Paiou et que son corps
avait été jeté à la mer, tandis
que l’autre était parti dans une île
avec le chef qui jusque –là l’avait protégé », on devrait
dire : les avait protégés. Jean
Guillou précise que « ce renseignement est douteux,
car, à Vanikoro, il était de coutume d’enterrer les morts et non de les livrer
à la mer ». Mais la vieille tradition « océanienne » utilisait
la technique du pourrissement des chairs
par immersion dans l’eau de mer. Le capitaine Dillon nous rapporte cet usage en ces termes, p. 394
: « quand un ennemi tombe entre les mains (des Vanikoriens), il est tué immédiatement ; son corps est
déposé dans de l’eau de mer et y est conservé jusqu’à ce que les os soient
complètement dépouillés. Le squelette
est alors retiré : on gratte les os que l’on coupe de diverses manières
pour former les extrémités aiguës des flèches et des lames. » L’eau
boueuse et habitée des mangroves fait très bien l’affaire. Les bras et les
jambes sont seuls mangés. Les autres ossements servent, une fois polis, à faire
des pointes de flèches, etc. On a montré à l’expédition Salomon, à Lalé
un morceau d’humérus de 16 cm aux deux extrémités cassées, mais non
fendu dans le sens de la longueur (p. 27, bulletin de la SEHNC n°90) :
appartenait-il à Marin ?
Ce rescapé de la Boussole avec ses amis polynésiens et
avec Laprise-Mouton a péri devant Tanema
lorsque leur chaloupe a été assaillie, puis il a été mangé. C’était le
matelot Alain Marin, originaire de
Quimper, dont le nom, estropié sous la forme Mazrin, se retrouve sous la forme Mara dans le nom de la tombe [entendons le pourrissoir, le lieu de décharnement] de Mara, de Marin, redécouverte dans les
palétuviers en 1990 par l’Association Salomon et située justement sur le
territoire de Tanema. Lorsque Dillon, puis Dumont d’Urville interrogèrent les
indigènes polynésiens sur le nom mara,
ils répondirent : « il a été
impossible à Valiko de me donner l’origine du nom mara qu’ils assignèrent aux Français ; seulement, il dit que
quand on demandait à ceux-ci d’où ils venaient, ils répondaient : Mara [France]… Avant ces deux navires,
ils n’avaient jamais entendu parler des papalagui,
mot qu’ils ont adopté de la race polynésienne pour désigner tous les
blancs. » Mara vient, non
de marin, mais de France, Françai Le
nom propre Marin est un paronyme de Mara (n), Français, cf le tahitien Farani. B. Brou raconte qu’un
crâne et une dent, -ceux de l’in fortuné Marin, - y ont été retrouvés
près d’un polissoir de basalte. Les
vainqueurs ont emporté à Lalé
certains os, l’humérus notamment,
pour les manger.
article très intéressant
RépondreSupprimeril est quand même fort dommage de ne pas pouvoir vous joindre !!! (téléphone, email...) Mr BARTHELEMY
une réponse SVP !!!