vendredi 18 mai 2018

LES MÉGALITHES DE LA PLAINE DES JARRES AU LAOS ET CEUX DU COSTA RICA APPELLES LAS BOLAS


LES MEGALITHES DE LA PLAINE DES JARRES AU LAOS ET CEUX  DU COSTA RICA APPELES LAS BOLAS .
En mémoire de mon oncle , l’adjudant-chef Noël Griscelli, héros souvent cité dans le journal Indochine et dont les hauts faits de bravoure sont rapportés sous les initiales Noël G ,  tué au Laos en attaquant un nid demitrailleuse en 1953.

J’ai étudié les mégalithes d’Europe (menhirs, pseudo polissoirs, dolmens ) dans mes blogs, en commençant par ceux de Göbek-li et les taulas de Minorque,les jardins suspendus de Parsagadès et de Babylone,  les statues de l’île de Pâques et de Cuzco. Mais les plus délicats à interpréter  sont certainement ceux de la Plaine des Jarres au Laos.
Je rappelle mon  principe explicatif pour ces mégalithes (voir mes blogs sur les menhirs et sur Gargantua) .Il s’agit pour moi de mégalithes agraires et magiques.
La fonction du menhir, catalyseur magique de la percée végétative.
James George Frazer, dans Le Rameau d’or,  Balder le Magnifique, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol., vol .4,   p. 98,  écrit : « Dans plusieurs parties de la Bavière, on pensait que la hauteur des tiges de  lin dépendrait de celle des sauts des jeunes gens. » Au Vanuatu, sur l’île Pentecôte, le spectaculaire saut du gaul (mot signifiant plongeoir),  toujours pratiqué malgré les accidents mortels et consistant  à sauter du point le plus haut, est censé faire pousser les ignames  d’autant plus profondément  que le saut aura été accompli du plus haut plongeoir . En Nouvelle-Calédonie existaient de très précieuse pierres à ignames et pierres à taros, sur lesquelles les sorciers canaques faisaient encore, il n’y a pas si longtemps, leurs  conjurations secrètes. Ces pierres à ignames ou à taros sont les équivalents en miniature des pierres  pour l’orge, le  sésame ou le blé que sont  les menhirs en Europe ou en Asie . Dans le nord de la Nouvelle-Calédonie, à Arama,   il existe même une quarantaine de petites pierres levées : elles sont censées favoriser magiquement la pousse des cocotiers et, anciennement,  chaque clan avait la sienne, comme au Vanuatu chaque clan avait l’un des 56 plongeoirs. A Ambrym, au Vanuatu, les prétendus « tambours » en bois d’arbre à pain  qui sont réunis verticalement au centre du village représentent des tuteurs magiques destinés à faire pousser les ignames aussi profondément que monte le « tambour ».
Quant à la « fente » du « tambour », elle symbolise la mort préalable du germe, nécessaire à sa germination, par analogie avec la pirogue renversée en signe de mort de son propriétaire.   
 En effet, le grain passe pour mourir dans le sillon, non pas la tranchée proprement dite, mais plus exactement dans sa crête nommée le billon, les bords du sillon formés de la terre écartée.  avant de pouvoir pousser, ce qui avait excité les railleries de Voltaire quant à l’ignorance botanique du Christ. Celui-ci dit en effet (Evangile de Jean, 12, 24) : « Si le grain de blé qui est tombé à terre  ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit», ou, autrement traduit, le grain de blé doit être mis en terre et y mourir pour rapporter. L’invention de l’agriculture liée aux semailles procède du fait de mettre en terre,  à une certaine profondeur, des grains de blé ou d’orge, comme des cadavres.. Le mégalithe aux sillons est une autre forme qu’a prise au fil du temps La barre transversale au sommet des  menhirs de Göbekli Tepe en Turquie ou au sommet des taulas de Minorque aux Baléares  représente la mort de l’orge divin, la mort provisoire et nécessaire  de la déesse de la végétation, dans l’Antiquité gréco-latine Perséphone ou Proserpine, l’épouse de Pluton, qui se retire sous terre  pendant la saison froide.
 Le pseudo- « polissoir »  européen (voir mon blog sur les pseudo-« polissoirs ») est un mégalithe bien négligé dont les sillons représentent la mort de l’orge et qui, comme  les menhirs en marteau de Göbek-li ou les taulas de Minorque , portant des cupules, porte aussi des trous,  artificiels ou naturels. Il est probable qu’il était l’héritier des piliers en forme de manteau porteurs  de cupules et qu’on  mettait  dans ces cupules, comme dans les gigantesques « jarres » laotiennes,  une ou plusieurs graines avec de la terre.


Les auteurs des mégalithes de la Plaine des « Jarres ».
On retrouve les mêmes mégalithes dans le nord de l’Inde et dans le nord de la Thaïlande, régions où ils ont encore été moins étudiés, si c’était possible.  On retrouve la trace de ces migrateurs  et de leur tombes  au nord du Tibet, dans l’immense désert de Taklamakan ,   des archéologues chinois ont eu l’étonnement de découvrir une nécropole, avec des momies aux traits européens, aux cheveux châtains et au nez long, datant d’il y a 4 000 ans et enterrés dans des bateaux retournés recouverts de peaux de vache , avec un mât de bois situé à la proue , de 4 mètres de haut et dont la sculpture varie selon le sexe : pour les hommes , le sommet est effilé, tandis que , pour les femmes, le sommet serait plat et  peint en noir et rouge. Le mât renversé devient une godille (à la poupe du bâtiment) qui permet de se diriger  dans les eaux de l’au-delà. Les Ouigours voisins revendiquent ces momies comme celles de leurs ancêtres et il faut rappeler que les mots ouigour,  ibère ou avar sont identiques phonétiquement.
La date du passage des migrations ibères au Laos.  
On a une datation certaine de -  4000 ans av. J. –C. au nord du Tibet . On peut extrapoler une date de 3000 av. J. C. pour nos « jarres ».
Le climat  du nord de l’Inde et de la Thaïlande, ainsi que des plaines du   Laos  ,ou  les aléas causés par la rareté des pluies sur la culture dans des sillons pleins d’eau  .
C’est le climat,  caractérisé par des chutes de pluie peu abondantes et nuisible pour la principale plantation alimentaire, le riz, qui est responsable de ces étonnantes édifications de « jarres »magiques à riz  monumentales.
Un ensemble initialement constitué de deux éléments : un pseudo- « couvercle » circulaire et,  à proximité, d’énormes « jarres » de granit  de 2, voire 3 mètres de haut formant de nombreux sites  et au nombre de plusieurs centaines sur chacun de ces sites .
1 Le disque circulaire.
Trois indices nous rappellent , sur cet équivalent asiatique des pseudo-« polissoirs européens,  que le disque représente la bonne mort préalable du riz :
1)  d’abord, sa position horizontale sur le sol, comparable à celle du  linteau horizontal qui surmonte les menhirs en marteau de Göbekli d’il y a 12000 ans et les taulas de Minorque ; cette position étendue représente, conventionnellement,  le grain mort.
2) L’animal représenté est un  sanglier, qui représente la mort,  par suite d’une homophonie en tokharien entre ce qui correspondait au latin porcus, porc sauvage, et l’étrusco -latin Orcus ou le grec Phorkus, noms du dieu des morts. on a la même identification de la mort et du sanglier, -identification qui explique l’interdit alimentaire concernant la viande de porc,- sur le pseudo-« polissoir » de Tell Qaramel (cf. le nom du  Carmel) de Turquie, qui  date d’il y a 12000 ans et qui est le plus ancien « polissoir » connu  (voir les illustrations du livre de K. Schmidt, Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations  , p.298 et p .382, avec la photographie,   p .382, d’une protomé de sanglier trouvée entre les piliers 39 et 28 de l’Enceinte C, près de Göbekli,  en Turquie actuelle.
3) La figuration des sillons (analogues à ceux des pseudo-« polissoirs » d’Europe) où sont plantées les touffes de riz  est celle du lieu où les grains de riz meurent avant de renaître.
 2 L’urne, dont la forme verticale représente la germination souhaitée du  plant de riz et dont la hauteur figure l’élévation espérée du riz , contenait jusqu’à une certaine hauteur  de la terre et  de l’eau dans laquelle baignaient les pieds de riz.
Strabon, dans sa Géographie, XVI, I, 5, à propos des Jardins suspendus de Babylone (voir mon blog sur les Jardins suspendus de Babylone) , où se trouvent appliqués les principes archaïques de l’agriculture,  nous a donné un exemple dues plantations en piliers : « Ce jardin, immense carré de quatre plèthres de côté [120 mètres environ] , se compose de plusieurs étages de terrasses supportées par des arcades dont les voûtes retombent sur des piliers de forme carrée. Ces piliers sont creux et remplis de terre, ce qui a permis d'y faire venir les plus grands arbres. »
Le souvenir qu’il s’agissait bien du riz à propos de ces « jarres » a été altéré, mais en partie conservé dans les légendes locales  qui évoquent l’alcool de riz conservé dans ces urnes pour le roi.
Le nombre des mégalithes.
On peut s’étonner du grand nombre de ces mégalithes. L’explication, comme pour le champ de quelque  3000 menhirs de Carnac, réside probablement dans la croyance magique que cette grandiose  multiplication aurait un effet majeur sur la croissance du riz.
Le processus magique.
Les urnes devaient être remplies de terre fine et d’eau sacrée jusqu’à une certaine hauteur.  De cette  façon ,  la pluie , si rare et si précieuse pour la santé du riz,  était  sollicitée magiquement par sympathie et abreuvait  enfin les sillons assoiffés et ensemencés des champs ; de cette  façon également,  les pousses vertes du riz émergeaient , au printemps ou à la saison des pluies, dépassant les  bords de l’urne et  montrant magiquement l’exemple aux autre plants de riz  qui étaient , eux, en pleins champs. 

Les Bolas  du Costa Rica



En Amérique centrale, au Costa Rica, sur la côte Pacifique, on trouve une centaine de mégalithes sphériques, constitués de des gabbros d’origine volcanique, soigneusement polis manuellement à la pierre, appelés las Bolas, nom qu’on comprend souvent comme signifiant les boules.
Mais une autre interprétation existe qui voit dans bolas un souvenir du nom tokharien de toute céréale, orge, blé, riz ou maïs. Bola  viendrait  de bora, maïs , et serait  à rapprocher du turc  khora-misan , qui désigne un blé primitif  à gros grains bosselés,   du tokharien parlé à  Malte il y a 6000 ans , bahar , orge, du  corse   Balagne , de     Balari en Sardaigne, de Baleares , du  latin  far, frumentum, blé, du  gaulois blato, du gallois blawd, du francique blad,  du grec pur,  génitif puramidos, du lituanien pûrai, du vieux- slave puro.
Le nom du maïs signifie gros grains de seigle et a consisté dans l’antéposition de ma- qui signifie grand, gros, au nom du seigle, en grec   bridza  , aujourd’hui encore appelé vrisa en Thrace et en Macédoine, à rapprocher du nom du riz en  grec et en  persan : oruza . Ainsi, le  nom du  maïs vient  de ma , gros grains et de vrisa ,qui désignait toute  céréale., le seigle en particulier.

On peut y appliquer la clé que nous avons utilisée pour interpréter le sens des menhirs et surtout des pseudo- polissoirs  (voir mes blogs sur le sujet). On peut donc  y voir des objets magiques censés faire croître jusqu’à la grosseur, exagérée bien sûr, de la pierre et jusqu’ à sa hauteur (2 mètres environ), certaines plantations, comme celle du maïs,  jugées de pousse difficile (le climat est très sec ici  aussi) et fraîchement importées dans la région par les Ouigours. Les croyances et les pratiques en matière d’agriculture des Ouigours ont pu survivre  dans les cultures locales depuis longtemps disparues d’Aguas Buenas et de Chiriqui.
De plus, on peut discerner sur  la sphère des sillons analogues à ceux dont les pseudo-« polissoirs «  européens sont nantis, ce qui confirmerait le  rapprochement avec ces derniers.
 Quelle fut la plante en l’honneur de laquelle  ce mégalithe fut ouvré ? On peut songer aux grains de maïs (la  taula de Taliti à Minorque représente un grain d’orge par une énorme pierre ronde),  toutes cultures fraîchement introduites  dans la région par les Ouigours, le maïs au II e siècle av. J. –C.   Ces sphères de 2 mètres de haut,  pour nous bien  mystérieuses, dateraient, d’après l’environnement stratigraphique et d’après la date de l’introduction de la culture du maïs ,  du IIe siècle av. J. –C.



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