LES MEGALITHES DE LA PLAINE DES JARRES
AU LAOS ET CEUX DU COSTA
RICA APPELES LAS BOLAS .
En mémoire de mon oncle ,
l’adjudant-chef Noël Griscelli, héros souvent cité dans le journal Indochine et dont les
hauts faits de bravoure sont rapportés sous
les initiales Noël G , tué au Laos en attaquant un nid demitrailleuse
en 1953.
J’ai
étudié les mégalithes d’Europe (menhirs, pseudo polissoirs, dolmens ) dans mes
blogs, en commençant par ceux de Göbek-li et les taulas de Minorque,les jardins suspendus de Parsagadès et de
Babylone, les statues de l’île de Pâques
et de Cuzco. Mais les plus délicats à interpréter sont certainement ceux de la Plaine des
Jarres au Laos.
Je rappelle mon principe explicatif pour ces mégalithes (voir
mes blogs sur les menhirs et sur Gargantua) .Il s’agit pour moi de mégalithes
agraires et magiques.
La fonction du menhir, catalyseur magique de la percée
végétative.
James George Frazer, dans Le Rameau d’or, Balder le
Magnifique, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol.,
vol .4, p. 98, écrit : « Dans plusieurs
parties de la Bavière, on pensait que la hauteur des tiges de lin dépendrait de celle des sauts des jeunes
gens. » Au Vanuatu, sur l’île Pentecôte, le spectaculaire saut du gaul (mot signifiant plongeoir), toujours pratiqué malgré les accidents
mortels et consistant à sauter du point
le plus haut, est censé faire pousser les ignames d’autant plus profondément que le saut aura été accompli du plus haut
plongeoir . En Nouvelle-Calédonie existaient de très précieuse pierres à
ignames et pierres à taros, sur lesquelles les sorciers canaques faisaient
encore, il n’y a pas si longtemps, leurs
conjurations secrètes. Ces pierres à ignames ou à taros sont les
équivalents en miniature des pierres
pour l’orge, le sésame ou le blé
que sont les menhirs en Europe ou en
Asie . Dans le nord de la Nouvelle-Calédonie, à Arama, il existe même
une quarantaine de petites pierres levées : elles sont censées favoriser
magiquement la pousse des cocotiers et, anciennement, chaque clan avait la sienne, comme au Vanuatu
chaque clan avait l’un des 56 plongeoirs. A Ambrym, au Vanuatu, les prétendus
« tambours » en bois d’arbre à pain
qui sont réunis verticalement au centre du village représentent des tuteurs
magiques destinés à faire pousser les ignames aussi profondément que monte
le « tambour ».
Quant à la
« fente » du « tambour », elle symbolise la mort
préalable du germe, nécessaire à sa germination, par analogie avec la pirogue
renversée en signe de mort de son propriétaire.
En effet, le
grain passe pour mourir dans le sillon,
non pas la tranchée proprement dite, mais plus exactement dans sa crête nommée
le billon, les bords du sillon formés de la terre écartée. avant de pouvoir pousser, ce qui avait excité
les railleries de Voltaire quant à l’ignorance botanique du Christ. Celui-ci
dit en effet (Evangile de Jean, 12,
24) : « Si le grain de
blé qui est tombé à terre ne meurt, il
reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit», ou, autrement
traduit, le grain de blé doit être mis en terre et y mourir pour rapporter.
L’invention de l’agriculture liée aux semailles procède du fait de mettre en terre, à une certaine profondeur, des grains de blé
ou d’orge, comme des cadavres.. Le mégalithe aux sillons est une autre forme
qu’a prise au fil du temps La barre transversale au sommet des menhirs de Göbekli Tepe en Turquie ou au
sommet des taulas de Minorque aux
Baléares représente la mort de l’orge divin,
la mort provisoire et nécessaire de la
déesse de la végétation, dans l’Antiquité gréco-latine Perséphone ou Proserpine,
l’épouse de Pluton, qui se retire sous terre
pendant la saison froide.
Le pseudo- « polissoir » européen (voir mon blog sur les
pseudo-« polissoirs ») est un mégalithe bien négligé dont les sillons
représentent la mort de l’orge et qui, comme les menhirs en marteau de Göbek-li ou les
taulas de Minorque , portant des cupules, porte aussi des trous, artificiels ou naturels. Il est probable qu’il
était l’héritier des piliers en forme de manteau porteurs de cupules et qu’on mettait
dans ces cupules, comme dans les gigantesques « jarres »
laotiennes, une ou plusieurs graines
avec de la terre.
Les auteurs des mégalithes de la Plaine
des « Jarres ».
On
retrouve les mêmes mégalithes dans le nord de l’Inde et dans le nord de la
Thaïlande, régions où ils ont encore été moins étudiés, si c’était
possible. On retrouve la trace de ces
migrateurs et de leur tombes au nord du Tibet, dans l’immense désert de Taklamakan , où des archéologues chinois ont eu l’étonnement
de découvrir une nécropole, avec des momies aux traits européens, aux cheveux
châtains et au nez long, datant d’il y a 4
000 ans et enterrés dans des bateaux retournés recouverts de peaux de vache
, avec un mât de bois situé à la proue , de 4 mètres de haut et dont la
sculpture varie selon le sexe : pour les hommes , le sommet est effilé,
tandis que , pour les femmes, le sommet serait plat et peint en noir et rouge. Le mât renversé
devient une godille (à la poupe du bâtiment) qui permet de se diriger dans les eaux de l’au-delà. Les Ouigours voisins revendiquent ces
momies comme celles de leurs ancêtres et il faut rappeler que les mots ouigour, ibère
ou avar sont identiques
phonétiquement.
La date du passage des migrations ibères
au Laos.
On
a une datation certaine de - 4000 ans
av. J. –C. au nord du Tibet .
On peut extrapoler une date de 3000 av. J. C. pour nos « jarres ».
Le climat du nord de l’Inde et de la Thaïlande, ainsi
que des plaines du Laos
,ou les aléas causés par la rareté
des pluies sur la culture dans des sillons pleins d’eau .
C’est
le climat, caractérisé par des chutes de
pluie peu abondantes et nuisible pour la principale plantation alimentaire, le
riz, qui est responsable de ces étonnantes édifications de
« jarres »magiques à riz
monumentales.
Un ensemble initialement constitué de
deux éléments : un pseudo- « couvercle » circulaire et, à proximité, d’énormes « jarres »
de granit de 2, voire 3 mètres de
haut formant de nombreux sites et
au nombre de plusieurs centaines sur chacun de ces sites .
1 Le disque circulaire.
Trois
indices nous rappellent , sur cet équivalent asiatique des
pseudo-« polissoirs européens, que
le disque représente la bonne mort préalable du riz :
1) d’abord, sa position horizontale sur le sol,
comparable à celle du linteau horizontal
qui surmonte les menhirs en marteau de Göbekli d’il y a 12000 ans et les taulas de Minorque ; cette position
étendue représente, conventionnellement,
le grain mort.
2) L’animal représenté est
un sanglier, qui représente la mort, par suite d’une homophonie en tokharien entre
ce qui correspondait au latin porcus, porc
sauvage, et l’étrusco -latin Orcus ou le grec Phorkus, noms du dieu des morts. on a la même identification de la
mort et du sanglier, -identification qui explique l’interdit alimentaire
concernant la viande de porc,- sur le pseudo-« polissoir » de Tell
Qaramel (cf. le nom du Carmel) de
Turquie, qui date d’il y a 12000 ans et
qui est le plus ancien « polissoir » connu (voir les illustrations du livre de K. Schmidt, Le premier temple,
CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et
illustrations , p.298 et p .382, avec la
photographie, p .382, d’une
protomé de sanglier trouvée entre les
piliers 39 et 28 de l’Enceinte C, près
de Göbekli, en Turquie actuelle.
3)
La figuration des sillons (analogues à ceux des pseudo-« polissoirs »
d’Europe) où sont plantées les touffes de riz est celle du lieu où les grains de riz meurent
avant de renaître.
2 L’urne, dont la forme verticale représente
la germination souhaitée du plant de riz
et dont la hauteur figure l’élévation espérée du riz , contenait jusqu’à une
certaine hauteur de la terre et de l’eau dans laquelle baignaient les pieds de
riz.
Strabon, dans
sa Géographie, XVI, I, 5, à propos
des Jardins suspendus de Babylone (voir mon blog sur les Jardins suspendus de
Babylone) , où se trouvent appliqués les principes archaïques de
l’agriculture, nous a donné un exemple
dues plantations en piliers : « Ce jardin, immense carré de quatre
plèthres de côté [120 mètres environ] , se
compose de plusieurs étages de terrasses supportées par des arcades dont les
voûtes retombent sur des piliers de forme carrée. Ces piliers sont creux et remplis de terre, ce qui a permis d'y
faire venir les plus grands arbres. »
Le souvenir qu’il s’agissait bien du riz à propos de
ces « jarres » a été altéré, mais en partie conservé dans les
légendes locales qui évoquent l’alcool
de riz conservé dans ces urnes pour le roi.
Le nombre des
mégalithes.
On peut s’étonner du grand nombre de ces mégalithes. L’explication,
comme pour le champ de quelque 3000 menhirs
de Carnac, réside probablement dans la croyance magique que cette
grandiose multiplication aurait un effet
majeur sur la croissance du riz.
Le processus
magique.
Les urnes devaient être remplies de terre fine et
d’eau sacrée jusqu’à une certaine hauteur.
De cette façon , la pluie , si rare et si précieuse pour la
santé du riz, était sollicitée magiquement par sympathie et
abreuvait enfin les sillons assoiffés et
ensemencés des champs ; de cette façon également, les pousses vertes du riz émergeaient , au
printemps ou à la saison des pluies, dépassant les bords de l’urne et montrant magiquement l’exemple aux autre
plants de riz qui étaient , eux, en
pleins champs.
Les Bolas du Costa Rica
En
Amérique centrale, au Costa Rica, sur la côte Pacifique, on trouve une centaine
de mégalithes sphériques, constitués de des gabbros d’origine volcanique, soigneusement
polis manuellement à la pierre, appelés las
Bolas, nom qu’on comprend souvent comme signifiant les boules.
Mais une autre interprétation
existe qui voit dans bolas un souvenir du nom tokharien de toute céréale, orge,
blé, riz ou maïs. Bola viendrait
de bora, maïs , et serait à rapprocher du turc khora-misan , qui désigne
un blé primitif à gros grains bosselés, du tokharien parlé
à Malte il y a 6000 ans , bahar , orge, du corse Balagne
, de Balari en Sardaigne, de
Baleares , du latin far,
frumentum, blé, du gaulois blato, du gallois blawd, du francique blad, du grec pur,
génitif puramidos, du lituanien
pûrai, du vieux- slave puro.
Le nom du maïs signifie gros
grains de seigle et a consisté dans
l’antéposition de ma- qui signifie
grand, gros, au nom du seigle, en
grec bridza , aujourd’hui encore appelé vrisa en Thrace et en Macédoine, à rapprocher du nom du riz en grec et en
persan : oruza . Ainsi, le nom du maïs vient de ma ,
gros grains et de vrisa ,qui
désignait toute céréale., le seigle en particulier.
On
peut y appliquer la clé que nous avons utilisée pour interpréter le sens des menhirs
et surtout des pseudo- polissoirs (voir
mes blogs sur le sujet). On peut donc y
voir des objets magiques censés faire croître jusqu’à la grosseur, exagérée
bien sûr, de la pierre et jusqu’ à sa hauteur (2 mètres environ), certaines
plantations, comme celle du maïs, jugées
de pousse difficile (le climat est très sec ici aussi) et fraîchement importées dans la région
par les Ouigours. Les croyances et les pratiques en matière d’agriculture des
Ouigours ont pu survivre dans les
cultures locales depuis longtemps disparues d’Aguas Buenas et de Chiriqui.
De
plus, on peut discerner sur la sphère
des sillons analogues à ceux dont
les pseudo-« polissoirs « européens sont nantis, ce qui
confirmerait le rapprochement avec ces
derniers.
Quelle fut la plante en l’honneur de
laquelle ce mégalithe fut ouvré ?
On peut songer aux grains de maïs (la taula de Taliti à Minorque représente un
grain d’orge par une énorme pierre ronde),
toutes cultures fraîchement introduites dans la région par les Ouigours, le maïs au II
e siècle av. J. –C. Ces sphères de 2 mètres de haut, pour nous bien
mystérieuses, dateraient, d’après l’environnement stratigraphique et
d’après la date de l’introduction de la culture du maïs , du IIe siècle av. J. –C.
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