UN
MEGALITHE TOTALEMENT MECONNU : LE PRETENDU « POLISSOIR »
PREHISTORIQUE ET SA SIGNIFICATION.
L’agriculture préhistorique en Beauce, un « polissoir »
immergé dans le Loir, les pseudo-« polissoirs » du Baignon et leurs sillons magiques.
La fertilité divine des pierres ou la
technique préhistorique des cultures sur pierres ;
Jared
Diamond, dans Effondrement ou Comment les
sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris,
2005, p. 132, décrit de surprenantes
méthodes préhistoriques d’agriculture, qui ont sans doute été pratiquées en Beauce : « les zones
d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en surface à proximité les unes des
autres afin que les cultures puissent pousser entre les pierres ;
d’autres vastes zones furent modifiées par ce qu’on appelle des « mulchs lithiques », c’est-à-dire
que l’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente centimètres, des pierres qui étaient, soit prélevées sur
des affleurements rocheux environnants , soit obtenues en creusant jusqu’au
substratum rocheux pour briser les roches qui le composaient. ».[On appelle mulch en anglais un paillis, une couche
protectrice faite d’éteules et de
déchets de moisson laissés à la surface du sol pour le protéger avant et
pendant la mise en culture.]
« Dans les fermes du nord-est des
Etats-Unis, […] les agriculteurs se donnaient beaucoup de mal pour évacuer les
pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée d’y apporter
délibérément des pierres .On retrouve […] l’agriculture de mulchs lithiques dans de nombreuses
parties du globe, comme dans le désert du Néguev en Israël, dans les régions
sèches du Pérou, de la Chine, de l’Italie antique et en Nouvelle-Zélande
maorie. Les pierres rendent le sol humide en le recouvrant, réduisent
l’évaporation d’eau due au soleil et au vent et empêchent la formation à la
surface du sol d’une croûte dure qui favorise
le ruissellement des eaux de pluie [en
ne laissant pas l’eau de pluie pénétrer en profondeur]. Les pierres
réduisent les fluctuations diurnes dans la température du sol en absorbant la
chaleur du soleil au cours de la journée et en l’évacuant pendant la
nuit ; elles protègent le sol
contre l’érosion car les gouttes de pluie viennent s’écraser à leur
surface ; des pierres sombres
sur un sol plus clair réchauffent le sol en absorbant une plus grande quantité
de chaleur solaire ; et elles peuvent également servir de pilules
fertilisantes à diffusion lente […], car
elles contiennent des minéraux indispensables qui pénètrent progressivement
dans le sol ».Des chercheurs américains comme Christopher Sevenson ont expérimenté ce système
agricole dans le sud-ouest américain et prouvé que la quantité d’humidité était
ainsi doublée et les températures
maximales des sols au cours de la journée abaissées, tandis que les températures minimales
durant la nuit étaient augmentées ;
le rendement était de quatre à cinquante
fois supérieur selon les espèces.
« Suivant
saint Augustin (De civitate Dei, IV,
8), les Romains, écrit Frazer, Le Rameau
d’or, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol, vol. 3, Esprits des blés et des bois, p.712,
note 1, avaient imaginé toute une série de divinités distinctes, des déesses
pour la plupart, qui veillaient sur le blé à ses différents stades, depuis le
moment où on confie la semence au sol jusqu’à l’engrangement de la
récolte. » A l’engrangement correspond la déesse gauloise Sirona, au nom
qui appartient à la famille du grec seiros,
silo, sitos, pain. Dans la commune de Lanneray , en Eure-et-Loir, le nom
de la vallée des Serins est une
altération populaire , par
incompréhension,du nom de la vallée de Sirona.
Le menhir
en marteau de Göbel-li et des Baléares,
avec sa dalle au sommet qui représente la mort du grain préalablement à sa
renaissance (voir mon blog : Du nouveau sur les menhirs) présidait
aux semailles printanières, tandis que ce qu’on appelle très improprement
« polissoir » se
rapporte à la période antérieure à ces semailles, celle du
creusement , au début de l’hiver, du sillon. Le sillon est le lieu de la
mort du grain, bien antérieurement à sa germination. Peut-être même l’existence
simultanée des « polissoirs » avec leurs « sillons » gravés
est-elle la raison pour laquelle cette
dalle horizontale a pu progressivement disparaître du haut des menhirs primitifs.
Le sens
des « polissoirs » dans les cultures néolithiques.
Ces
mégalithes, qu’on appelle à tort des « polissoirs », qu’il vaudrait
mieux nommer des pierres à sillons et qu’on néglige à tort, ne peuvent être, comme on le dit parfois, le
résultat accidentel de la taille d’outils ou d’armes, comme le sont les vrais
polissoirs portatifs auxquels, à regarder de près, ils ne ressemblent pas exactement. Les « polissoirs » dits fixes ne
sont pas des polissoirs et ceci explique la gêne des archéologues qui préfèrent
ne pas parler de ces mégalithes gravés.
Le
« polissoir » prétend reproduire sur la pierre les sillons qui, dans
la réalité, ont été profondément creusés
parmi les cailloux laborieusement transportés pour faire pousser le blé,
puisqu’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente
centimètres, des pierres obtenues en
creusant jusqu’au substratum rocheux qui était ainsi brisé soigneusement La
magie imitative, une fois encore, vise à reproduire en miniature, sur une roche
isolée, ces sillons qui s’étendaient
parfois sur deux kilomètres comme à Malte
et qu’on voir en Amérique du sud (ce sont les lignes Naxa) . Peu avant le
printemps et son équinoxe, des plantations faites dans un peu d’humus et soigneusement arrosées
dans les stries du pseudo- polissoir
poussaient sur la pierre, « hors sol » , avant la future plantation
« réelle » du champ, donnant le gage, grâce à la magie imitative, que
celles-ci lèveraient.
De même, il fallut-il en appeler à la magie
imitative pour imiter la pluie et la
faire se produire. Albert Sidoisne, dans
sa brochure Bonneval sur le Loir, 1965,
Bonneval, Edition du syndicat d’initiative, p.50, a localisé un curieux
polissoir immergé dans le Loir, visible uniquement avec un bateau :
« Croteau : passer le Loir et, 100 m , plus loin , tourner à
droite ; le chemin serpente entre les bois et les prés ; on atteint
le gué Véronneau (1 kilomètre 700), ancien moulin; dans le lit même du Loir, petit polissoir, que l’on peut voir en
s’aidant d’un bateau . »
Le Baignon, commune de Saint-Maur, comprend
des dolmens et des polissoirs qui
étaient « baignés », immergés presque complètement, à certaines époques. Ainsi le fait d’immerger
dans l’eau du Loir les sillons figurés sur
la pierre, dans la magie imitative de l’époque, est-il censé apporter la si précieuse humidité, car la Beauce était sans arbres et
ventée, donc trop sèche pour l’agriculture néolithique et les mulch lithiques ne suffisaient pas
toujours à pallier cette hygrométrie
défaillante. On comprend l’aide qu’était censée apporter les stries bien
arrosées des »polissoirs ».
Quel est le sens des stries des « polissoirs » ? Photo
Dans le livre de Karl Schmidt, Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et
illustrations, on a un fort ancien « polissoir » révélateur de leur signification
générale avec la photographie, p .382, d’une protomé de sanglier trouvée entre les piliers 39
et 28 de l’Enceinte C. Or, le nom du sanglier, porcus
en latin, porkos en grec, dérive
du nom du dieu des morts, Orcus à
Rome, qu’on retrouve dans le nom de Persèphona,de
pork-epona , la jument de Porcus, en latino- étrusque Proserpina, métathèse de Porks-+epina, jument, de Porcus (la jument est
l’avatar de Cérès et de sa fille) . Les sillons gravés sur la pierre du « polissoir » symbolisent le
monde de Pluton, d’Orcus , des morts en général et , en particulier ici, la mort des végétaux , avant leur renaissance
printanière, au même titre que la dalle horizontale des menhirs en marteau. Le
nom du dieu étrusco -romain Orcus,qui donne le nom de l’ogre en français et vient de workwos,
est l’altération à partir de o(st)r(i)kwos
, de Ostricon en Corse, Austricum à Chartres, Lestrygon dans l’Odyssée , Logron, métathèse de lau(st)r(i)gon en Eure-et-Loir, Logroño en Espagne, etc., c’est-à-dire le dieu des morts, devenu
pour certains peuples le dieu de la renaissance agricole.
A remarquer que l’interdiction religieuse de consommer du
porc chez les populations orientales et conservée jusqu’à aujourd’hui ne vient pas d’une autre raison : c’est parce que le porc est l’avatar du
dieu des morts.
Le blé, le khorasan , ancêtre de notre blé
caractérisé par ses grains épais et
bosselés,l’orge, le seigle, sont vraisemblablement les plantes auxquelles
étaient dédiés les ou « polissoirs ». « Si le grain ne meurt pas,
disait le Christ, il ne donne pas de fruit »: si cette mort
n’arrivait pas, comme lorsque la terre était épuisée, malgré les jachères
souvent quinquennales au Moyen Orient,
il n’y aurait pas de récolte .Le
but magique du polissoir est de s’assurer de la bonne mort du grain de blé dans
le billon létal.
Le
polissoir est aussi un mégalithe
orné de cupule ou cratères en grec, gradalis, du diminutif cratellis en latin vulgaire où l’on mettait
une ou plusieurs graines avec de l’humus et un peu de marne blanche qu’on arrosait soigneusement. Citons un
exemple en Egypte : au VII e siècle ap. J. -C. encore, dans les mystères d’Osiris, les
prêtres devaient façonner une effigie d’Osiris, appelée « Osiris végétant »,
avec du limon noir et des graines d’orge. Les Egyptiens arrosaient cette
poupée avec l’eau sacrée du Nil jusqu’à
germination, puis l’emmaillotaient dans des bandelettes comme si c’était un
cadavre momifié et, -chose plus étrange
pour nous, -inhumaient, enterraient cette orge germée en forme d’effigie
d’Osiris. Supposons que cet
enterrement se passe dans les stries ou les cupules des « polissoirs »
et nous en aurons la signification.
Au printemps, quelques jours avant que dans les sillons, en
pleine terre, le blé ne germe, et pour,
en quelque sorte, une levée du deuil, on
espérait la levée des graines plantées dans les cupules du « polissoir »,
levée comparable à celle des Jardins
d’Adonis et qui aiderait par sympathie magique à la levée de la récolte de pleine terre parmi
les cailloux amassés.
Le plus ancien
« polissoir » connu et sa date : le tell Qaramel (K. Schmidt,
Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations. ,
p.298) près de Göbekli, en
Turquie actuelle.
A Tell
Qaramel (à rapprocher du nom du Carmel) existe un beau polissoir gravé
d’araignées venimeuses dont le nom
était homonyme de sillons en tokharien (cf la vallée de l’aragne ou araignée, parent gaulois de phalanx,
ainsi appelée parce qu’elle ressemblait au fléau d’une balance, sens
premier de phalanx, dans
la commune de Châtillon-en-Dunois )
qui de lignes droites, comme le grec phalanx qui a aussi les deux significations : araignée
venimeuse et sillon .L e nom de Tell vient de stipula
, la tige, stela, la stèle, et Qaramel, blé, vient de khwarament- , l’ ancêtre de notre
blé européen , caractérisé par ses
grains épais et bosselés ,dont
le nom est parent du latin
frumentum et far, du
tokharien bhahar, du grec puros
,La vocation de ce polissoir
millénaire était de protéger les sillons qui devaient accueillir les grains de khorasan.
Le fait de
trouver ce « polissoir » à Göbekli Tepe nous donne une date : il
fut gravé il y a 12000 ans environ, soit 7000 ans avant les Pyramides et 5000
ans avant les menhirs de Carnac et il nous fournit peut-être, pour nos
« polissoirs « d’Eure-et-Loir,
une estimation :ils auraient été sculptés il y a 5500 ans.
Les deux polissoirs » de Civry
et le polissoir de Corancez. Voir photos ci-contre.
Taillés
dans un poudingue gréseux datant de l’éocène, les polissoirs de Civry ont été
déplacés au XIXe siècle à partir d’un champ situé au nord-ouest du village dans
la rue justement appelée du Polissoir, l’un
devant la mairie, l’autre sur la Place de l’Eglise.
Le
mégalithe de la Place l’Eglise est
appelé Puits saint Martin, de puis (altération de buxum, peigne de buis, nom donné aux polissoirs à cause des dents du
peigne qui rappellent les stries du polissoir) et de
Martin (christianisation
de mar, qui, en gaulois, désigne la jument,
avatar de Perséphone).
Le
mégalithe de la place de la Mairie est
appelé identiquement Puits de saint Martin, ou pinte de saint Martin ; pinte
est l’altération du latin puncta, de pungo, avec des cupules, littéralement
des points, transformée ironiquement par incompréhension en pincta, mesure de capacité pour les liquides et surtout pour le
vin.
Un autre
polissoir à Corancez porte les mêmes noms
Dans les deux
mégalithes de Civry , les malades buvaient, comme dans quelque graal païen, une eau réputée salutaire qu’ils puisaient dans les cupules
(comparées à des pintes) des
mégalithes et, leur santé revenue,
ils déposaient en offrande des tiges de
blé, des fleurs et des rameaux verts.
Ceux qu’au dix-neuvième siècle on
appelait des « antiquaires »
distinguaient les pierres
druidiques (qui incluent les pseudo- polissoirs) des deux autres sortes de mégalithes,
les dolmens et les menhirs. Le terme de pierre druidique ou celtique a
l’inconvénient de présupposer de façon anachronique une intervention des
druides ou des Celtes, alors que ces pierres sont bien antérieures à ceux-ci,
mais elles avaient l’avantage de ne pas présupposer l’usage unique du polissage,
comme l’implique le nom inapproprié de « polissoirs ». Les pierres dites druidiques se présentent
généralement en groupements, comme
autour du polissoir de la Pierre
cochée à Droué dans le Loir-et-Cher, et elles ont des formes qui semblent étranges.
Quelquefois elles ont des trous, des cupules qui évoquent les mortiers néolithiques,
simples pierres avec un trou où l’on mettait un pilon (les mortiers
paléolithiques, eux, avaient consisté en
une pierre plate). Tel est bien le cas à
Droué précisément. On retrouve ces « pierres druidiques » à Nottonville , où Sidoisne , op . cit. , p . 59 , les localise ainsi : suivre le sentier qui longe la
Conie ; « à 50 m., on rencontrera de volumineux « perrons » , que domine
un énorme conglomérat de roches dit le Cheval-de-Bronze
et qui demeure assez énigmatique ». Bronze
est la traduction du grec chalcos,
bronze, interprétation du nom d’origine kabalchos, pour cabalkus, la jument.
Les noms des « polissoirs ».
Les
cannelures imitant les sillons du polissoir ont
inspiré ses divers noms. Citons d’abord
le nom, pour une fois
transparent, de Pierre complissée, du
latin complicata, pierre avec des
plis, nom transféré d’un polissoir à un
dolmen de Berchères-les- Pierres.
Inversement, d’autres dénominations sont obscures , comme , en Eure -et- Loir, le nom du « polissoir » d’Ymeray, la Mère aux Cailles, qui a gardé son ancien
nom gaulois mar faisant allusion,à la jument Peséphone et
pris le nom latin de l’échelle à
cause des échelons analogues aux stries du polissoir, scala, à partir de mara scala
. L’interdiction de passer derrière
une échelle (et non pas sous, ce qui serait compréhensible) se rapporte
peut-être au « polissoir », car à certaines époques l’arrière du
« polissoir » et ses cupules pleines d’humus devaient être garnis de graines sensibles,
croyait-on, à l’ombre maléfique des
passants inattentifs. Mais les noms des polissoirs jouent
plus souvent sur l’analogie :
A) grille ou gril à cause des
stries du polissoir comme à Courtalain ,
les Grils du Diable, altérés en Griffes du Diable ;
B) soufflet de forge, à cause des plis du soufflet ; à partir du nom latin du soufflet, follis, , on a les nombreuses Folies , aujourd’hui
incompréhensibles : la
Folie de Maintenon, la
Folie- Montchaussée dans le bois de la Roche- Bernard à Saint- Denis-
les- Ponts, déposés en 1990 au musée de Châteaudun, avec de belles cupules, , les nombreuses Folies comme celle , peut -être disparues, de Fains-la –Folie (la Folie-Herbault), la Pierre
à folie , nom de polissoir transféré à
un menhir , à Berchères- sur-
Vesgres, au lieu dit le bois de la Butte.
Du nom grec des soufflets de forge physaria,
on a Figueiras en Espagne, Figari en Corse (ce dernier toponyme étant attesté par Ptolémée au II è siècle après J
–C sous la forme Phisèra) ;
C) ombrelle de liège, éventail , à cause des plis,
comme dans Santa- -Maria- Siché en
Corse où Marie est la
christianisation de Mari, la jument
divine Cérès, et où sichè vient du grec s(k)i(a)stè(s)
, parasol, de liège .
;
D) peigne
.Les mots latin buxum et bas-latin buxidion, peigne en buis, à
cause des dents du peigne rappelant les stries du polissoir, ont
donné puits ou buis -. Dans le Tarn, le nom du menhir de Boissezon, de buxidion,
commune de Murat -sur- Vèbre, encore dit menhir de Candoubre, a été transféré
d’un polissoir ou d’un dolmen , car le mot latin pouvait s’appliquer aussi à un dolmen, signifiant également coffre de
buis. Ainsi, en Eure-et-Loir, existe un dolmen du Buisson à Vieuvicq , nom
venant de buxidion , au sens de cofffre.
E) Un mot d’origine francique, comme kroes,
friser au fer chaud , a donné les nombreuses grosses pierre, où grosse (de kroes ,plissé) pierre
fait allusion aux plis du polissoir .
De même, les Pierres grises,
altération de pierres greselies, du
même radical francique croesel. .
F) Le bénitier et
la coquille Saint Jacques
Le bénitier du Diable, entre Varize et
Corrmainville , au Bal des dames de
Bainville, « vaste terrain semé de roches aux formes bizarres »
(Sidoisne) parmi lesquelles se trouvent plusieurs autres polissoirs, est un
polissoir ainsi nommé à cause des stries du coquillage appelé bénitier,
coquillage qui ressemble à la coquille Saint-Jacques. Les Dames de Bainville qui donnent leur nom au champ
de « poilssoirs » sont les mêmes que les fées de Valainville
à
Saint-Maur, si redoutables que l’on a altéré le nom de leur sanctuaire : Belena ou Belsena , qui donne son nom à la Beauce et à Bellême,
est un nom gaulois de Perséphone , la
déesse du blé mort.
La coquille Saint Jacques est l’emblème
des pèlerins qui se sont rendus sur le
tombeau de saint Jacques le Mineur en Espagne
à Compostelle. .Il s’agit, à cause des stries que porte la coquille, d’une allusion au pseudo- polissoir qui avait donné son nom
à Compostelle, dont le nom se décompose
en stela, tombeau, polissoir,
en korn, grains de blé (anglais corn) et en por, froment (grec puros, latin far, blé), c’est-à-dire korn-por-stèla,
le tombeau du blé, qui a donné Compostelle Les stries du polissoir rappelaient la mort
provisoire du blé. D’autre part, dans
le nom
de coquille saint Jacques, Jacques
est l’altération de basque.
La mort du blé en vue de sa renaissance a été aisément assimilée par le
christianisme primitif , en Gaule
notamment, à travers la religion d’Isis,
vers le IIe siècle ap. J. -C : les lampes funéraires retrouvées à
côté d’une aiguière et d’une assiette dans les sépultures en Eure-et-Loir portent
d’abord l’image complète des sillons où
repose le représentant du blé mort, Osiris, représentés par une coquille Saint -Jacques , puis cette image se
réduit de façon à ne plus figurer que sur le pourtour de la lampe et à n’être
guère identifiable pour des profanes. Les treize sillons de la lampe, héritiers
des sillons du « polissoir » , sont pour les adeptes d’Isis Sochir (Sochir désigne , aujourd’hui encore , le champ d’orge en copte)
le gage de la vie future après la mort, comme, sur le polissoir, ils avaient été le gage de la renaissance de
l’orge après ce que Frazer appelle la
« mort » du dieu.
Les Grecs identifiaient Isis à Dèmèter et les
Romains à Cérès. Frazer, dans Le Rameau
d’or, Atys et Osiris, Ed. Robert
Laffont, collection Bouquins Paris, 1984, 4 vol., vol .2, p. 471, cite
Diodore de Sicile (I, 14, I) qui, résumant les travaux aujourd’hui perdus de
l’historien égyptien Manéthon, attribuait à Isis la découverte du blé et de l’orge.
« On portait en procession à ses fêtes des tiges de ces céréales pour
commémorer le don qu’elle avait fait aux hommes. Les Egyptiens, quand ils
coupaient les premières tiges, les posaient sur le sol et se frappaient la
poitrine en se lamentant et en invoquant Isis. On a déjà expliqué cet usage,
continue Frazer, comme une lamentation en l’honneur de l’esprit [ancien] du
blé, tombé sous la faucille » [Osiris, Perséphone].
On retrouve
le nom de cette « Maîtresse de
l’abondance » dans le nom eurélien de Luplanté, les sillons d’abondance, de lup, sillon, et de l’ancien français plenté, abondance, resté en anglais (plenty), du latin plenitatem,
plénitude, abondance, les sillons d’abondance,
G) Autres noms de « polissoirs » liés au nom
du sillon : le radical lup-, lut-,
rut-, sillon.
Le radical lup- signifiant sillon se retrouve dans
le nom du polissoir de la Louveterie
de Bonneval, de lup, sillon, et de –ete,
orge + suffixe locatif en- ria, comme dans le nom d’une peuplade anatolienne
préhistorique, les Louvites et dans les
noms christianisés de ces mégalithes, par exemple à (La Bourdinière-) Saint- Loup. Lut-, étant parent du latin ulcus,
sillon, se retrouve avec rhotacisme dans
le nom maltais du géoglyphe (carl) rut,
sillon (sillon pour orge, carl en
maltais ancien). Il faut en
rapprocher la série eurélienne Louville, Louvilliers, La Loupe, Lutz -en- Dunois, Lucé … Les nombreux et
énigmatiques toponymes de Chanteloup, par exemple dans le Loir-et-Cher (commune de Renay, près de
Vendôme) donnent le nom complet du mégalithe : « sillons pour les grains d’orge »,
de lout, sillons et de kltha,
grains d’orge, où le k devient ch et où le l voyelle se nasalise, donnant en français chante . Sur Châtillon-en-Dunois, le
lieu-dit les Châteaux à Libouville
s’analyse comme venant de cat
kltha , grains (Klitha) d’orge (cat) , altéré en catella, confondu avec le
latin castella, place forte.
A noter que
la statue de la louve à Roime était peut-être un
« polissoir » orné de sillons
à la place des mamelles, de là la légende de l’allaitement de Rémus et
de Romulus par une louve, à rapprocher
des « polissoirs » représentant à Malte une truie avec des
mamelles, en réalité des sillons, datant de -2400 av. J. –C ; au temple
deTarxien, Cérès, et à Göbek-li , cf. p.
216 et 382 dans le Premier Temple. L’interdiction de consommer du porc chez certaines
peuplades orientales, comme l’interdiction de manger du lièvre, lepus en latin, lagôs en grec laparo en portugais, puis du lapin (originaire de la péninsule ibérique),lébèris en grec , lapão en portugais chez les peuples descendants de navigateurs
celtes vient de l’homonymie entre lukw et lagôs, le lièvre en grec, ou lagw
, le lapin associé au dieu des morts à cause des sillons , où le grain
était placé pour « mourir » . L’interdiction de consommer
du cheval chez les peuples indo-européens est liée à l’association de l’animal
avec la déesse de la fécondité Cérès.
H) La confusion des mégalithes,
notamment des menhirs et des pseudo-« polissoirs ».
Le nom de pierre au tambour a été transféré d’un
« polissoir » à un dolmen de
Conie – Molitard. A l’origine, le « polissoir » était ici appelé pierre –tambour. L’arabe al- tambour désignait une sorte de lyre ou de cithare, un
instrument dont les cordes ont été
comparées aux rayures du pseudo-« polissoir ». On songe à la pierre -lyre trouvée en Afrique et
transportée au Musée Branly , et à ces pierres analogues appelées pierre
en H par Klaus Schmidt
et trouvées à Gobekli . On trouve aussi une « pierre- lyre » au nord de
l’Ecosse, dans les Orcades (cercle de
Brodgar sur Mainland).Peut-être le mot grec lura , comme le mot luth, vient-il
de luda, qui désignait le sillon .
De même, le nom du « très beau polissoir » signalé dans la commune de Bonneval, par
Sidoisne, op. cit. , p. 50, Lormorice, signifie « les sillons
de Perséphone » et vient de lura ,
sillon, et mor pour mar , qui désigne la jument, avatar de Perséphone (Cf . le nom
christianisé de Saint –Maur où maur est l’altération du gaulois mar,
la jument ).
Le mot français sillon
lui-même est à rapprocher du nom
de la déesse romaine Seia qui
présidait aux semailles et désigne, non
pas la tranchée proprement dite, mais ses crêtes formées de la terre écartée, les billons. Le grain passe pour mourir dans ces billons avant de pouvoir pousser, ce qui avait excité
les railleries de Voltaire quant à l’ignorance botanique du Christ. Celui-ci
dit en effet (Evangile de Jean, 12,
24) : « Si le grain de
blé qui est tombé à terre ne meurt, il
reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit », ou,
autrement traduit, le grain de blé doit être mis en terre et y mourir pour rapporter
plusieurs plants. Le Christ se faisait l’écho d’une croyance populaire
universelle : le grain ne pouvait germer que s’il mourait d’abord. Il faut
donc que la mort du grain soit symbolisée, d’une façon ou d’une autre , dans le
menhir qui représente la germination du grain. Or, à
Göbekli Tepe, vers 9600 avant J.
-C, les enclos circulaires de
« menhirs » en tau sont
surmontés d’une pierre horizontale qui
dépasse de chaque côté. C’est elle qui
symbolise par son horizontalité, par e
fait d’être allongée, le dieu du
grain mort afin de renaître. ..A Göbekli, Tepe, il s’agit
d’un « cromlech » où les menhirs en marteau, juxtaposés, sont
prêts à se rejoindre comme ils le feront plus tard, vers -2800,
à Stonehenge. Le second élément de Stone
-henge est, d’après celui qui
fait autorité en la matière, Christopher
Chippindale dans son Stonehenge Complete, un mot signifiant en vieil
anglais potence, gibet, savoir hen (c) en, plus tard rapproché à
tort, dans l’a mentalité populaire,
du nom courant du dolmen, stone hung, pierre suspendue. Henge serait en réalité apparenté à phalang-,
qui désigne le fléau de la balance, le linteau au sommet
du menhir.
L’invention de l’agriculture liée aux semailles procède du fait
de mettre en terre, à une certaine
profondeur, des grains de blé ou d’orge destinés à « mourir ».
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