ENFIN ! VOICI BRIEVEMENT DEVOILEE LA SIGNIFICATIION DES PETROGLYPHES DE CALEDONIE.
READER’S DIGEST DE MON
BLOG SUR LES PETROGLYPHES
Bibliographie : je
renvoie à l’excellent CD de Fernand Jammes et à l’ouvrage magistral
de C. Sand qui, après celui publié par la SEHNC, dresse un inventaire quasi exhaustif des
pétroglyphes calédoniens.
Mais nous restons sur notre faim concernant leur signification
: pour cela, il faut consulter de Geza Roheim
Héros
phalliques et symboles maternels dans la mythologie australienne, ainsi que, dans une moindre mesure, L’énigme du sphinx du même , en
utilisant les travaux généraux de Bruno Bettelheim (Les blessures symboliques) . Mes deux blogs sur des sujets proches : Le
secret des pétroglyphes et le secret de l’homme en Calédonie et La
représentation gravée des dolmens bretons, œuvre des Boïens, en liaison avec la
circoncision sont longs et difficiles,
aussi ai-je décidé de le résumer le
premier ci-après.
La légitimité
de ma méthode d’interprétation.
Pour percer le secret de
certains pétroglyphes de Calédonie, il nous faut les comparer avec les œuvres
d’une culture voisine : âge de la
pierre polie pratiquant une forme de circoncision, et parlant des langues
apparentées, la culture australienne et la culture papoue. . Pour la,
culture papoue, nous disposons de l’ouvrage de
C. Haddon
, publié
en 1894, The decorative Art of
British New Guinea , plus de 300
pages, avec de nombreuses illustrations,
réimpression numérique de nos jours, mais ^pratiquement sans interprétation .
En revanche, les aborigènes australiens ont été étudiés sur le terrain par le
psychanalyste hongrois Geza Roheim et
son épouse,qui interrogèrent une
femme qui pratiquait la technophagie rituelle (elle dévorait ses enfants). Quelles sont les langues de Calédonie
apparentées aux parlures australiennes ,
Je citerai : 1) le tiri, dans la région de La Foa et de Couli, apparenté au biri australien ;
2 )le tipindjé (haute vallée de Hienghèneà) dérivé du pitjentara près d’Alice Spring en
Australie la presqu’île Pindjen près
de Voh conserve la forme ancienne du nom qui se retrouve dans la forme
australienne ; on est passé de ti ,la
rivière, pintjen à ti pindjé ;
3) le nemi
parlé à Hienghène . Le nemi est apparenté à certains dialectes australiens dits
paama-yanga [parama, de birman, cf. les noms de Hienghène, de yanga , et de Tanghène, de lyanga]. Ainsi, le mot chanem qui signifie excrément en Hienghène et correspond à bomaign (de gonaym) en langue de Balade et à boné (cf. bunan en langue de Hienghène pour désigner l’anus) en
langue de Maré se retrouve dans le
kechua amérindien huanu (d’où vient
notre mot guano) et dans l’australien
guna, gunong, ganing ;
4) le yalayu parlé à
Bondé, Gomen, Paimboa, Balade, Belep, Pam ; il est apparenté aussi aux
langues australiennes dites paama
–yanga ;
5) le paici, parlé
vers Touho, avec en finale le suffixe –ik indiquant le langage (cf. le nom
d’un lieu où justement il y a des pétroglyphes, Linderalique , de lyndral-ik,
à rapprocher de lynda en Australie et de Aranda, de lynda en Australie et de lyanga,qui
est le nom de certaines langues australiennes)
apparenté aussi aux langues appelées paama
-yanga en Australie. Dans mon
enfance, j’entendais des injures d’origine australienne, comme kouinda, con, dérivé de l’australien kounthia, kountha signifiant vagin en
australien. De même pour konyaos, même
sens, ou bunan, anus.
Exemple : le
duvet.
Le duvet, andatta : Roheim « écrit, dans Héros phalliques…, p.
132 : « Le caractère « sacré » d’une cérémonie totémique
est défini par l’absence des femmes et par l’emploi d’andata. » Le mot andatta est donc une proclamation que
le rite totémique utilisant du duvet blanc d’oiseau collé sur le corps au moyen
de sang est utilisé pour la circoncision (subincision ou superincision). Le
cacatoès blanc à huppe jaune, choisi comme totem par certaines tribus, a pu
fournir le duvet en Australie et en Papouasie.
Or, ce sont des motifs que
nous retrouvons dans deux pétroglyphes
à Ponérihouen : Bhnaghra
et Néounda, bhnaghra étant l’altération
en parlure paici de inquabara andatta, [nom , chez les Arandas du sud, dans Roheim, L’énigme…, p.127, de la cérémonie
d’initiation où inquabara désigne un tjurunga, bois ou pierre totémique], Néounda
venant de anda (ta), (le site est représenté sur un beau timbre calédonien , le
pétroglyphe étant extrait de Luquet, L’Art calédonien ,figure 94).
Selon moi, il pourrait
représenter les pulviplumes du dindon de Latham, un fossile calédonien.
Les Américains appellent ce duvet « down powder » (c’est-à-dire duvet en poudre, sur l’extrémité des plumes, le bout de la
plume se désagrégeant en une fine
poussière de kératine). Les pulviplumes existaient déjà chez le dinosaure.
Elles se trouvent chez les psittacidés
(cacatoès blanc), les columbiformes, les
oies etc. .
Le motif de la « croix de Lorraine ».
Les waninga (en
anglais thread- cross) ou ngapa-tjinbis, dans Roheim,
L’énigme du sphinx, p. 137.
Ces objets ont la forme
de croix,
enveloppées ou non ,- des
croix dites grecques, d’Anjou ou de Lorraine, selon Roheim, dans Héros phalliques… p. 18. Ce sont des croix
à une ou à deux branches au centre d’un enveloppement en V .La traverse
supérieure est plus longue que la traverse inférieure, alors que, dans notre
croix de Lorraine, c’est l’inverse.
L’enveloppement en V représente, pour les aborigènes et donc selon nous pour les
auteurs des pétroglyphes calédoniens un
ensemble de constellations, dont les Pléiades, annonciatrices de pluie et donc de la fin de saison
sèche., ainsi que de la période des cérémonies d’initiation et de
circoncision . La barre inférieure
est peut-être E Crux de la Croix du Sud.
Ce sigle représentant une
croix, très répandu de par le monde, comme la circoncision qu’il a pour mission de symboliser, a fait
l’objet de deux articles sur son extension de
Carl Schuster. Ce dernier le
retrouve en Amérique du Sud et en Extrême-Orient. Il a exposé ses vues dans « Joint- marks. A possible index
of cultural contacts between America, Oceania and the far East” . Koninklijk
Institut voor de Tropen. Medeling n°XCIV. Afdeling Culturele em Physiche
Anthropologie, n° 39. Amsterdam, 1951,
et dans « V- shaped chest- markings. Distribution
of a design- motiv in and around the Pacific » Anthropos. Posieux,
t. XLVII, 1952, pp. 99-118, n° 39. Amsterdam, 1952.
.
LE MOTIF DE L’IGUANE
FOSSILE :UNE SORTE DE SOLEIL
L’iguane est
représenté par une sorte de soleil (la collerette du reptile), voir Roheim, Héros phalliques…, p.170.
Il doit être précisé
que le mot iguane, d’origine
caraïbe et avec un i actualisant préposé, devrait en principe être réservé aux
reptiles américains, mais le terme apparenté, goana ou godarge dans les
dialectes australiens , gosana à Ouvéa , amène Roheim à s’en servir pour l’Australie.
Au Nicaragua, existent justement, comme en Guadeloupe, des pétroglyphes qui semblent bien reproduire
la collerette du saurien et ressemblent
aux pétroglyphes calédoniens.
A la cérémonie du lézard
à collerette (en anglais lace- lizard
ou frilled
–lizard, Chlamydosaurus kingi), les
exécutants se décorent de façon à ressembler aux iguanes. Dans l’Australie
méridionale , les lignes en zigzag ou les méandres qui figurent sur certains
pétroglyphes comme sur certaines planchettes totémiques australiennes et qui
sont tatoués en blanc sur la poitrine des participants représentent les marques que porte l’iguane sur son dos (Roheim, op. cit. , p . 142).
Ils nettoient un trou
dans le sol avec des branchages et dessinent différents sentiers le long
desquels les iguanes seront censés se rendre vers diverses régions où ils seront ensuite capturés. Finalement, des
tiges sont enroulées à l’intérieur du trou, puis tirées avec vigueur le long
des sentiers, -entraînant ainsi, dit-on, les iguanes, rite magique qui rappelle
celui du perroquet de mer.
Les iguanes sont très
convoités des aborigènes qui sont friands de certains morceaux, notamment de leur graisse et des grands muscles de la
queue. Ces sauriens ont certes disparu de Calédonie, mais il reste un nom comme
Gosana à Ouvéa et l’on peut imaginer qu’à l’époque de la création de ces
pétroglyphes où déjà ils commençaient à se raréfier, ils existaient encore.
On songe à certaines variétés
du lézard à collerette, d’une laideur terrifiante. Lorsque ce dernier
est attaqué, il gonfle et étale la collerette qui entoure son cou, et prend un
aspect farouche qui est censé terroriser l’adversaire. Il est appelé lézard à
collerette à cause du large repli de peau qu'en temps normal il tient appliqué
sur son cou et ce repli en fait un symbole tout naturel pour la circoncision
australienne ou mélanésienne.
La collerette (ou chlamyde) est pourvue de
« baleines » cartilagineuses et,
lorsque l'animal se sent en danger, il ouvre sa gueule en grand et
déploie sa collerette, formant une vaste tache menaçante jaune et rosée. Il
semblerait que cette collerette, richement vascularisée, intervienne aussi dans
la thermorégulation de l'animal.
Il lui arrive de
marcher en « bipède » ;
il se tient alors en équilibre sur sa longue queue, tandis que ses
pattes antérieures pendent le long de son corps comme des bras humains, ce qui
se retrouve dans certaines représentations calédoniennes ;
On le trouve en Papouasie, en Australie du nord et dans le
Queensland ; une de ses variétés a
dû exister au Nicaragua, de nikar -igua
(n), iguane, et les autochtones en ont fait un motif de pétroglyphe.
LE MOTIF FONDAMENTAL DES CERCLES CONCENTRIQUES.
Les pétroglyphes
calédoniens sont des cercles
concentriques de fécondité, des pierres totémiques, c’est-à-dire des pierresc capables
d’engendrer magiquement des animaux.
Pour Roheim, le cercle concentrique représente un nombril en relation avec le cordon ombilical, -c’est un euphémisme,
lui dirent les aborigènes qu’il interrogea,
pour le vagin, précisons le vagin
dans le pénis incisé comme dans la superincision calédonienne, mal décrite
par Leenhardt, car elle semble avoir été bien plus lourde que sa description ne
le laisserait supposer : il semble bien qu’elle ait souvent été accompagnée par la subincision (sur la face supérieure de
l’urètre , voir internet à
superincision).
Ajoutons une précision
supplémentaire : dans la commune de Hienghène, près de Ouaré où existe un
beau pétroglyphe représentant un cercle de fécondité (reproduit sur les timbres
de Calédonie, où les images sont très heureusement choisies), existent , sur la
propriété de mon ami Similien Nahiet,
fils d’un coutelier de Saint- Etienne et d’une femme d’Ouvéa, quelques pétroglyphes sur une grosse roche au
bord de mer. A ma demande, Similien
avait interrogé un ancien de Hienghène sur leur signification et ce
dernier lui répondit que les cercles concentriques comme celui de
Ouaré étaient un symbole femelle, dans lequel
le mâle était caché : allusion à la superincision pratiquée en
Calédonie qui, comme la circoncision et
la subincision (pratiquées toutes les
deux sur le même initié) ont pour but d’affirmer la prééminence du rôle du mâle dans la naissance d’un enfant.
Les pierres que Roheim a étudiées
sont pour lui des symboles maternels, appelés par les Aborigènes
des tjurunga
ou churinga (kuntanka dans d’autres dialectes, comme
celui de Pidjentara).Ils peuvent être de bois ou de pierre.
Il existe d’ailleurs d’autres objets cérémoniels du même
type appelés pirnmal, plus longs et
plus fins, qui sont des bâtons de fécondité: ce qu’on appelle à tort la « hache de Poya » n’a rien
d’énigmatique, c’est un pirnmal qui
reflète l’influence australienne et qui prouve l’existence calédonienne de ces tjurunga.
Le centre
totémique (Roheim, Héros phalliques…, p. 168), figuré sur bois ou sur la roche du
pétroglyphe, est l’endroit où l’ancêtre totémique est en quelque
sorte descendu », cherchant un endroit où se fixer ; c’est le centre de multiplication magique des
animaux pris comme totems, et toujours
situé dans des régions où l’animal correspondant était prolifique à un moment
donné , mais dont l’ espèce était
menacée parce qu’elle avait été
trop chassée ou pêchée et que ses
œufs éventuels avaient été mangés, comme les œufs de l’ancêtre de l’émeu en
Australie, déjà braisé »s ilyna quelque 50000 ans ;.
Souvent, le centre
totémique est reproduit par tatouage sur le corps du « totémite »,
ainsi que sur le sol au voisinage. Roheim, Héros phalliques…, p .140,
rapporte que des exécutants d’une
cérémonie de l’émeu portaient tatoués sur
leur dos des cercles concentriques ainsi
que des traces de pas des ancêtre émeus.
Il ne faut pas confondre ces cercles concentriques qui représentent
le lieu originel mythique des animaux convoités avec le motif appelé
« soleil », qui
représente en Australie et en Calédonie
la collerette de l’iguane, disparu en Calédonie.
L’évolution du motif
des cercles concentriques de fécondité
en Calédonie.
Haddon, op .cit.,
évoque ce qu’il appelle l’ « angularisation » des cercles
« en losange » en Papouasie. Peut-être est-ce dû à la difficulté de
graver un cercle régulier sur le bois. En tout cas, telle est bien
la signification des losanges que nous rencontrons sur les chambranles
mélanésiens : ce sont des « cercles de fécondité « totémiques. La
langue tirée est peut-être un pénis.
Les lignes droites parallèles qu’on trouve aussi sous ce
premier motif losangique sont le
résultat d’une autre évolution du dessin
initial. Elles rappellent pareillement la cérémonie de la circoncision dont les
autochtones s’enorgueillissaient.
Le sens de certains
motifs totémiques animaux d’après ceux
qu’on observe en Australie.
A Sur la côte, la
pêche
Effigie de poisson
(dawa?) sur les pétroglyphes :
4592 b (numérotation de F. Jammes), à comparer avec le
poisson-perroquet en Australie, Roheim, Héros phalliques…, p.
170 :
« Le centre de multiplication du perroquet consiste en
une pierre ovoïde partiellement enterrée dans le sol suivant son axe
longitudinal. Cette pierre est le
perroquet lui- même. On creuse autour de
la pierre, et, ce faisant, on
proclame que le perroquet doit se multiplier et fournir une pêche abondante.
A mesure que la terre est enlevée, on l’éparpille vers le nord et vers le sud
et on prononce les noms de différents
endroits où le poisson est censé pulluler [et qui sont représentés sur le
tjurunga, au sol et sur le corps du célébrant par des cercles concentriques]. Après avoir enlevé ainsi une
certaine quantité de terre, on retire la pierre de son trou et on la dépose
tout à côté sur le flanc. On s’adresse à elle en ces
termes : « A marée basse, tu seras couchée de cette
manière. » On la peint ensuite avec du charbon et de l’ocre jaune et rouge
mêlé à de la graisse, on la replace dans
son trou, et on amoncelle de la terre tout autour. On tend des branches
d’arbre par-dessus la pierre pendant un moment, puis on traîne ces branchages sur un sentier en
direction de l’océan. » Ainsi est-on assuré que les poissons quitteront
leur rocher maternel et descendront jusqu’à la mer.
B La chenille de bancoulier et les
insectes à métamorphose comme les chenilles ou les libellules ou à mue comme les hannetons, les criquets,
ou les sauterelles, qui perdent leur peau, dépouilles ou exuvies.
Les autochtones ont peut-être
été frappés par
l’ analogie entre ces animaux
qui perdaient leur peau et les initiés qui perdaient leur prépuce.
La chenille de bancoulier .
Elle est de couleur blanche et très appréciée des aborigènes australiens
comme du Sud-est asiatique en général.
Aux dires du préfacier de l’édition française de Héros
phalliques… de Roheim, les femmes
la détectent avec un flair infaillible.
Elle est consommée crue ou à peine grillée, son goût rappelant celui du rôti de
porc ou d’être humain ou des œufs frits. Ce sont les larves d’un lépidoptère, Endoxyla leucomochia. En tant qu’aliment (ce sont pourtant des charançons !),
elles sont les héritières des vers de sagoutiers de Papouasie, que l’on
consomme, aujourd’hui encore, partout en
Asie du sud, parfois aussi sous forme de farine.
Sur les pétroglyphes reproduits par Luc Chevalier, dans « Nouveaux
pétroglyphes du Nord », Etudes Mélanésiennes n° 12-13 de décembre 1959,
consultable sur le net, pour Ouégoa et Tiari, certains
d’entre eux pourrait être des
représentations du totem des chenilles,
à côté d’une croix enveloppée à droite (les Pléiades,
annonciatrices de pluies et donc de fin de saison sèche, donc de chenilles
abondantes) et de deux cercles concentriques de reproduction totémique. A Sarraméa, les
chenilles sont encore aujourd’hui très appréciées des indigènes.
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