LES ALIGNEMENTS DE CARNAC ET LEUR SIGNIFICATION ENFIN DÉVOILÉE
A quoi,
d’abord, répondent les menhirs en
général? La fonction première du menhir : c’est d’être un catalyseur
magique de la percée végétative.
James George Frazer, dans Le Rameau d’or, Balder le Magnifique, Ed. Robert Laffont,
collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol., vol .4, p. 98, donne cet exemple : « Dans
plusieurs parties de la Bavière, on pensait que la hauteur des tiges de lin dépendrait de celle des sauts des jeunes
gens. » A Vanuatu, sur l’île Pentecôte, le spectaculaire saut du gaul , mot qui signifie plongeoir, qui est toujours pratiqué malgré les
accidents mortels et qui consiste à
sauter du point le plus haut, est censé faire pousser d’autant plus
profondément les tubercules des ignames
que le saut aura été accompli du plongeoir le plus haut. En
Nouvelle-Calédonie existaient aussi de
précieuse pierres à ignames et pierres à taros, sur lesquelles les sorciers canaques
faisaient encore, il n’y a pas si longtemps, leurs conjurations secrètes pour les prémunir
contre les maladies et pour les faire
pousser au mieux. Ces pierres à ignames ou à taros étaient les équivalents en
miniature de ces pierres pour le
sésame, le millet, le sarrasin, le seigle ou le blé qu’étaient les menhirs de Bretagne, nom qui vient de Iberi-tania, le pays des Ibères, créateurs des menhirs en liaison avec l’invention
de l’agriculture ( les Ibères
comprenant la tribu des Boïens). Dans le
nord de la Nouvelle-Calédonie, à Arama, il existe même une quarantaine
de petits menhirs dépassant du sol de 60 cm environ : comme les plongeoirs de
l’île Pentecôte, ils sont censés
favoriser magiquement la croissance des
cocotiers.
On retrouve en France des restes analogues de cette superstition.
Nos épis de faîtage au nom révélateur reposaient sur la même croyance que,
grâce à ces talismans placés en hauteur, les récoltes croîtraient aussi haut que ces ornements. L’érection d’un menhir avait ainsi
pour but de mimer analogiquement la pousse du sésame ou de quelque autre céréale, de la stimuler et de la favoriser par magie
imitative. Frazer, op. cit,
vol. III, Esprits des blés et des bois, p. 26, écrit du « Dionysos de l’arbre » que « son image n’était souvent
qu’un poteau planté en terre, sans bras », imitant très
grossièrement l’arbre fruitier , ici le
cep de vigne, qu’il s’agissait de faire pousser par sympathie.
Le nom des menhirs est
souvent d’ailleurs révélateur de cette
destination agraire. Ainsi,
grâce à l’auteur latin d’un Traité
d’agriculture, Res rusticae (I, 48,3, Varron , au Ier siècle avant J.- C, nous avons conservé le nom,
indéclinable, de la pointe de l’épi sans sa balle, qui est frit. La
Pierre Frite, ou Fitte avec ou
sans le suffixe –ske marquant le
commencement, était la pierre en forme d’épi naissant.
L’agriculture
préhistorique des pierres fertilisantes ou la technique préhistorique des cultures sur
pierres.
Jared
Diamond, dans Effondrement ou Comment les
sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris,
2005, p. 132, décrit de surprenantes
méthodes préhistoriques d’agriculture, qui ont sans doute été pratiquées en
Bretagne comme ailleurs en Europe à l’âge de la pierre polie : « les zones
d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en surface à proximité les unes des
autres afin que les cultures puissent pousser entre les pierres ;
d’autres vastes zones furent modifiées par ce qu’on appelle des « mulchs lithiques », c’est-à-dire
que l’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente
centimètres, des pierres qui étaient,
soit prélevées sur des affleurements rocheux environnants , soit obtenues en
creusant jusqu’au substratum rocheux pour briser les roches qui le composaient. ».[On appelle mulch en anglais un paillis, une couche
protectrice faite d’éteules et de
déchets de moisson laissés à la surface du sol pour le protéger avant et
pendant la mise en culture.]
« Dans les fermes du nord-est des
Etats-Unis, […] les agriculteurs se donnaient beaucoup de mal pour évacuer les
pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée d’y apporter
délibérément des pierres .On retrouve […] l’agriculture de mulchs lithiques dans de nombreuses
parties du globe, comme dans le désert du Néguev en Israël, dans les régions
sèches du Pérou, de la Chine, de l’Italie antique et en Nouvelle-Zélande
maorie. Les pierres rendent le sol humide en le recouvrant, réduisent
l’évaporation d’eau due au soleil et au vent et empêchent la formation à la
surface du sol d’une croûte dure qui favorise
le ruissellement des eaux de pluie [en
ne laissant pas l’eau de pluie pénétrer en profondeur]. Les pierres
réduisent les fluctuations diurnes dans la température du sol en absorbant la
chaleur du soleil au cours de la journée et en l’évacuant pendant la
nuit ; elles protègent le sol
contre l’érosion car les gouttes de pluie viennent s’écraser à leur
surface ; des pierres sombres
sur un sol plus clair réchauffent le sol en absorbant une plus grande quantité
de chaleur solaire ; et elles peuvent également servir de pilules
fertilisantes à diffusion lente […], car
elles contiennent des minéraux indispensables qui pénètrent progressivement
dans le sol ».Des chercheurs américains comme Christopher Sevenson ont expérimenté ce système
agricole dans le sud-ouest américain et prouvé que la quantité d’humidité était
ainsi doublée et que les températures
maximales des sols au cours de la journée étaient abaissées, tandis que les températures minimales
durant la nuit étaient augmentées ;
le rendement était de quatre à cinquante
fois supérieur selon les espèces.
Du nouveau sur
l’évolution des menhirs grâce aux fouilles de Klaul Schmidt à Göbekli en
Turquie et à son livre.
L’Allemand
Klaus Schmidt a exécuté les fouilles de
Göbek-li de 1995 à sa mort en 2014 et a
fourni le récit de ses recherches dans Le premier temple, CNRS Editions, Paris,
2015, 420 pages et illustrations. Selon lui, c’est le plus ancien temple de
l’humanité, et il daterait d’environ -10000 ans av. J. C. ; pour nous, c’est l’apparition de curieux menhirs en T ou en
marteau qui portent à leur sommet une dalle horizontale d’un seul élément. .
D’autre part, grâce à l’ADN végétal, on a pu
remonter à l’origine des céréales d’Europe,et à leur domestication il y a
quelque 12000 ans : il poussait à l’état sauvage une sorte d’engrain (mot venant de un grain, tandis que l’escourgeon a deux grains et l’orge quatre) , qui est
, encore aujourd’hui , présent à l’état
sauvage dans la province de Sanliurfa , là où se trouve le sanctuaire de
Göbekli Tepe (tepe, de tepe,en tokharien étant l’équivalent
du latin templum ,de teplom, avec
infixe nasal, de l’irlandais tamnahim
, du grec tetmèka, parfait de temnô, délimiter, temenos
) et signifiant sanctuaire. Or, l’ADN
nous révèle que cette plante
sauvage, la sorte d’engrain qu’on y
trouve, est l’ancêtre de 68 céréales contemporaines, dont le sésame préhistorique
de Carnac ! J’ajouterai volontiers : comme les menhirs en marteau du
lieu sont les ancêtres des menhirs de Minorque aux Baléares, où on les appelle taula , et de Carnac.
Il est séduisant, en
effet, de rapprocher ces menhirs en marteau de Göbelki en Turquie
des menhirs appelés taulas à Minorque qui portent eux aussi une dalle à leur sommet,
même si celle-ci ne forme pas avec le fût du menhir un seul élément comme à
Gôbekli. « Identité de style », reconnaît l’Internet. Mais « c’est un peu court, jeune
homme . »
Le mot taula ne vient pas de tabula, la table, même si les partisans de cette hypothèse
invoquent le nom catalan de ces menhirs, mesa,
qui, en espagnol, signifie certes la
table, mais qui, ici, vient du latin messis,
avec changement de terminaison comme dans le français moisson, savoir messa,
moisson, récolte, ce qui nous ramène à l’origine agraire des menhirs et à leur
vertu magique fécondante. En réalité, taula
vient d’un mot parent du grec stelea, de stelewa, stolea, latin stolo, drageon, rejet, cf . (s)t(ip)ula , tige, donnant stèla,stèle) et désigne justement à l’origine le manche
d’un marteau , donc renvoie bien à l’origine des menhirs.
L’historien grec du VIe siècle
Hérodote (IV, 94), nous a conservé le nom de la déesse Gebeleïdzis (où
l’on reconnaît Göbekli avec un suffixe de féminin –dzis. C’est une déesse dont on a la variante thrace Zamolxis, avec prolepse du z : de gembolg(oï)-
dzis
Göbekli en Turquie et Gebelg-ol sur un ’îlot englouti près de Malte
signifient le sanctuaire de la Jument
divine, savoir un avatar de Cérès, et göbelkl
est parent du grec kobalos, en
latin cavallus, de kabalkos, qui nous a donné le français cheval. Or, phénomène de conservation
très remarquable, c’est le même nom que
nous retrouvons dans le nom d’un menhir en marteau de Minorque aux
Baléares : Cavalleria, de Cavalk [pour le k, cf. le piémontais cavalcada, cavalcade] +morphème
de féminin i + ibéro-basque herria, pays, soit le pays de la déesse Cérès. La jument ou plutôt la déesse Cérès , en grec Perséphone , en latin Proserpina , est associée aux céréales et
aux menhirs, si bien qu’ on retrouve ce radical désignant la Jument, gabar-,
dans des noms de lieux préhistoriques riches en mégalithes comme Gavarni
ou l’îlot Gavrinis en Bretagne.
Selon la
tradition, Mars, en grec Arès, poursuivit de ses importunités Cérès
(le temple de Malte est dédié à Tarksos, déesse dont le nom est identique à
celui Cérès, qui vient de kses,
de la racine de croître, cres+ suffixe
inchoatif co en latin, cresco cf . sanskrit uksati,
grec auxô ou awexô avec s désidératif,
t r voyelle ksos , Tarxos en tokharien
à Malte ou Dèmèter ( la mère , -mètèr, -de la Jument Perséphone, -daa de dgaya, jument , y étant
un suffixe féminisant. Celle-ci
s’était métamorphosée en jument pour lui échapper, mais Mars se transforma de son côté en cheval
de labour et il naquit de leur union deux enfants à
l’aspect de pouliche et de
poulain, en particulier une fille
dont il était interdit de prononcer
le nom véritable (parce qu’il
rappelait son père premier comme celui de son frère Areion) et qu’on appelait
seulement la jeune fille, la Dame ou la Maîtresse, savoir la femme du dieu des morts Orcus,
Perséphone (le nom, de Pherkus -éponè, signifie la jument d’Orcus ou Phorkus), Toutefois, l’engloutissement du sanctuaire de la Jument, Gebelg-:
ol Bahar, à deux kilomètres de la côte de Malte,près de l’île
Gozo , ayant été interprété comme la manifestation de la colère
de Poseidon, le dieu des mouvements sismiques et des chevaux , vint
modifier ces croyances : on retira à Arès la paternité de Perséphone pour en faire honneur à Poseidon, dans
l’espoir de l’apaiser (voir sur ce sujet , pour plus de détails, mon blog
sur les mégalithes corses) .
Le grand secret des
menhirs, ou la problématique
fondamentale de la représentation du blé ancien et du blé nouveau dans les menhirs
et ses diverses solutions.
Voltaire a raillé ce qu’il appelait l’ignorance botanique du
Christ lorsque celui-ci déclare dans Jean
12, 24: « si le grain de blé qui
est tombé en terre ne meurt, il reste
seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Pourtant, le Christ se faisait là l’écho d’une croyance
populaire universelle à l’époque: le grain ne pouvait germer que s’il
mourait d’abord !
Il faut
donc que la mort du grain, condition préalable de tout, soit symbolisée, d’une façon ou d’une autre,
dans le menhir qui représente la germination du grain.
Frazer (op.
cit, vol. III, Esprits des blés et des bois,
p. 143) a distingué deux sortes de blé : « Isis et son compagnon Osiris
[sont] deux personnifications du blé …. Isis serait l’ancien esprit du blé [ce que j’appelle la mort du blé préalable à
sa germination], Osiris serait le nouveau [le blé à germer]. » Par ancien esprit du blé,
Frazer, entend qu’il est immanent au
blé, tandis que, pour l’esprit nouveau, il est extérieur au blé, même s’il lui
est encore lié. Les Grecs identifiaient
Isis à Dèmèter et Osiris à Perséphone et les Romains à Cérès et Osiris à
Proserpine. Frazer, dans op. cit. ,
vol .2, Atys et Osiris, p. 471, cite
Diodore de Sicile (I, 14, I) qui, résumant les travaux aujourd’hui perdus de
l’historien égyptien Manéthon, attribue à Isis la découverte du blé et de
l’orge. « On portait en procession à ses fêtes des tiges de ces céréales
pour commémorer le don qu’elle avait fait aux hommes. Les Egyptiens, quand ils
coupaient les premières tiges, les posaient sur le sol et se frappaient la
poitrine en se lamentant et en invoquant Isis. On a déjà expliqué cet usage,
continue Frazer, comme une lamentation en l’honneur de l’esprit [ancien] du
blé, tombé sous la faucille. »
Les solutions :
On connaît
la solution de Gobekli ou de Minorque aux Baléares: placer sur le fût du
menhir une dalle symbolisant le blé mort, en attente de sa germination . Mais à Carnac la mort du sésame pendant une jachère d’un an (le nombre de 10 rangées
de l’alignement de Kermario indique dix
mois lunaires, soit un an) est
représentée par les 103 menhirs de chacune des 10 rangées de Kermario, soit
1030 .
Etymologie de Carnac, toponyme qui
signifie les alignements.
Le nom est
apparenté au grec phalang-s qui, ici,
signifie ligne droite, alignement. De
phalang-, on passe à palang, paran°g, n voyelle donnant na, parnag, le p initial s’assimilant au g
final et s’assourdissant comme ce g en
k, d’où karnac. C’est vraisemblablement le thème nu, marque du collectif,
soit, un nombre supérieur à deux.
Les alignements de menhirs sont d’ordinaire la représentation
dans l’espace de la parcelle cultivée avec ses sillons en lignes droites
parallèles .Les créateurs ibères de ces alignements de 3000 menhirs entendaient
confier ainsi à la protection de la magie des menhirs les cultures de céréales qui
sont la propriété de chacun des deux groupes
qui composent la société habitant Carnac ; le3e alignement concernant la
réserve pour la jachère. .
Il y a, en effet, deux alignements séparés, appartenant chacun jadis à une tribu : celui du Ménec et celui de
Kerlescan, celui de Kermario devant être mis à part.
.
Il nous faut imaginer deux sillons avec de
nombreux menhirs de taille à peu près égale représentant chacun un plant de sésame, chaque sillon appartenant à
un groupe tribal (un seul sillon par groupe). A cette époque, on trouve des sillons uniques, longs parfois d’un kilomètre comme à Malte, recouverts
de marne blanche pour les fumer. Ces sillons uniques de l’âge de pierre nous étonnent ; on
les appelle, faute de les comprendre, des géoglyphes, comme les lignes Nazca en
Amérique du Sud.
Pour une
meilleure fécondité magique des semences, les créateurs ibères des menhirs ont
conçu par la suite l’idée de
dresser un menhir de petite taille, à
côté d’un menhir de la taille souhaitée du sésame venu à maturité. Telle est
l’explication ce qui nous paraît, au premier regard du moins, une anomalie.
A Carnac, à côté d’un menhir de Kerlescan
, nom qui signifie la demeure (ker), l’endroit où résident , basque (lescan, de (eu)skal(du)na donnant par métathèse l°skan , c’est-à-dire ibéro-basque), qui est le menhir le moins
élevé, haut de 0,60 ou 0,70 cm, taille
traduisant une pousse bien jeune encore,
se trouve un menhir de 3 mètres , ce
dernier servant de repère et de
modèle pour la taille finale que doivent
atteindre les céréales. Ce menhir « aberrant » de Kerlescan,
-comme le dolmen de Gavrinis, - et représentant le sésame le plus haut, présente
de curieuses ondulations gravées qui,
même si elles ont pu être prises pour
celles d’un serpent, reproduisent en
réalité les ondulations de la moisson arrivée à maturité. L’alignement de Kerlescan compte 555 menhirs partant de la rivière Crach et disposés
des moins élevés aux plus hauts.
Le nom de l’alignement de Ménec vient
de mon –ek, apparenté au grec sèsa (graines de) -mon, sésame, avec un
suffixe de collectif en –ek, et au latin milium, mil, millet, et signifie le lieu dédié au sésame. Il faut rapprocher son nom de ceux des menhirs de Mané(k) Rutual ou
de Mané(k) Lud , où Mané est apparenté à men-ek, qui portent quatre rangées de bâtons coudés
dans lesquels on a vu à juste
titre des épis de sésame (ce ne sont
pas, comme on l’a écrit parfois, des
crosses d’évêque !).Les 4 rangées symbolisent peut-être les quatre années
de 10 mois lunaire de jachère,
c’est-à-dire du sillon unique travaillé, sans mauvaises herbes ni racines, mais
non semé, plutôt que d’assolement au sens moderne. . Ils sont accompagnés d’une
tête de jument, la déesse Gorgobina, de gorgo, grande, et d’epina , jument, de equa + suffixe de féminin -ona
évoluant en –ina, cf. la déesse gauloise Epona, c’est- à- dire de la déesse Cérès, déesse des moissons. L’alignement
de Menek compte 1100 menhirs, représentant autant de pousses de céréales
souhaitées, rangés par ordre de taille croissante pour représenter
les différents stades de
croissance de la céréale, depuis 60 cm de hauteur vers le littoral jusqu’à 4 mètres pour le plus grand menhir. .
Le nom de l’alignement de Kermario signifie la demeure (ker) de Mario(na), qui
en celtique désigne la jument , mara en
gaulois, avec son suffixe de féminin
–yon-, la grande Jument blanche (la couleur blanche vient
peut-être d’une incompréhension de gorgo,
géante, et de sa confusion avec un mot apparenté au grec argos, de agros,
cf . arguros, d’argent, sanskrit
rjrah, , blanc) ;Mario est un
avatar de la déesse que les Boïens selon César appellent Gorgobina, c’est-à-dire Cérès.
Il compte
1030 menhirs alignés sur dix rangées, de 103 menhirs chacune, des plus courts sur les
collines aux plus hauts. Gorgobina est la gardienne du blé dit mort, en réserve
virtuelle, de la jachère, ce qui esttrès important.
On peut
imaginer que les créateurs des menhirs ont eu l’idée de représenter la
croissance des céréales au fil du temps par une succession de menhirs de plus en plus
grands, atteignant enfin la taille qu’ils espéraient. Chaque tribu était
propriétaire et réalisatrice de son unique sillon de menhirs tous de même
taille, mais aussi d’un seul menhir
d’une taille donnée, sur une échelle de dimensions de plus en plus grandes, donc
d’autant de menhirs chacune que de tailles de céréales reproduites dans la pierre, soit une centaine. Cette organisation
a pu être complétée, au cours du temps, par un assolement ou, pour utiliser un
mot d’origine gauloise, une jachère d’une durée d’un an , de là les
dix rangées de 103 menhirs chacune de l’alignement de Kermario représentant
chacune une année de 10 mois lunaires. La
mort préalable nécessaire du sésame est ici représentée par les 1030 menhirs.
Les menhirs
portent souvent des noms indiquant les mesures
de capacité de grain des récoltes attendues : bussard, bure, muid,
setier, mine, bot, boisseau, etc. . Par
exemple, le menhir du Boisseau à Vers-lès-Chartres,
doit son appellation à une mesure de capacité de grains, le boisseau,
qui était un récipient de forme cylindrique destiné à
mesurer les matières sèches (grains et farines). Il
équivalait à une quantité de semences variable selon les régions, 10
litres environ dans la région de Chartres, et donc à l’équivalent d’une surface
ensemencée avec cette quantité, et représentait par suite cette promesse d’un bon rendement que garantit
le menhir. On peut encore citer le menhir du grand
Muid, du latin modius, sorte de boisseau plus grand, à
Villiers- Saint -Orien, le grand et le
petit Bussard (bussard au sens de tonneau,
-deux menhirs disparus à Saint-Denis- les- Ponts), la Bure, au sens d’aiguière à col allongé, nom de
menhir transféré à un dolmen de Corancez.
En Bretagne, c’est le
nombre de menhirs qui représente :
soit la quantité espérée de boisseaux
locaux de grains, - ou plutôt de mesures vingt fois plus petites que le
boisseau de Chartres comme le bot :
1100 pour Menec (le nombre est peut-être à rectifier avec les menhirs disparus
en 1110 ) et la moitié , 555, pour
Kerlescan,
soit , pour Kermario, la quantité de
boisseaux de semences mise de côté pour
l’ assolement, c’est-à-dire l’équivalent d’une surface ensemencée avec cette
quantité de 103 boisseaux, ce qui montrerait un rendement de 10%.
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