La représentation gravée des dolmens bretons, œuvre
des Boïens, en liaison avec la circoncision
La première version de ce texte datait d’avant
que je ne me sois penché sur les pétroglyphes calédoniens et que je les aie
liés à la circoncision, à la subincision
et à la superincision (voir mon blog Le
secret des pétroglyphes et le secret de l’homme en Calédonie), en utilisant
les travaux généraux de Bruno Bettelheim
(Les blessures symboliques) et de ceux de Geza Roheim dans Héros phalliques et symboles maternels dans
la mythologie australienne, ainsi que , dans une moindre mesure , L’énigme
du sphinx du même, et de Haddon, The
decorative art of British New Guinea. Il aurait fallu mettre
en rapport l’initiation et les boyaux
coudés des allées couvertes bretonnes, où l’initié
devait ramper à quatre pattes, voire à reculons, reproduisant ainsi la démarche
de la naissance.
Les supports gravés de Gavrinis montrent des canines la pointe en bas et on peut supposer
que cette avulsion de canines de la mâchoire supérieure accompagnait la subincision pour les femmes, ou la
superincision des hommes comme cela est fréquent (Vanuatu, etc.).
Les menhirs.
J’ai présenté dans mon blog
cité plus haut les menhirs en général
comme des catalyseurs de fécondité magiques liés aux débuts de
l’agriculture : plus ils sont hauts, et plus les moissons monteront .
Mais certains menhirs ne peuvent pas entrer dans ce cadre , en particulier, les menhirs troués au
milieu ; le trou peut représenter alors le trou de la subincision,
pratiqué au milieu à peu près de la verge, sur la face inférieure en générale.
J’ai vu sur Internet la carte postale d’un menhir disparu au sommet en forme de binette
ou de bêche, disait-on, avec deux « oreillettes » qui pendaient de chaque côté. Ces « oreillettes »
ou « ailes » peuvent représenter le résultat de la subincision qui
divise en deux le pénis et laisse deux « ailes » de chaque côté.
Les dolmens bretons sous tumuli ou sous cairns.
L’évolution
des dolmens : de l’initiation à l’extraction d’une dent (dolmens enterrés avec
couloirs coudés, tumuli de terre ou cairns de cailloux), puis à l’exposition des cendres.
Pied
Poulpe de Lufang vagin dans le pénis
Prépuce
Chapeau des initiés
1) Des canines de mâchoire
supérieure nettement figurées.
L’initiation qui avait
présidé à la construction des dolmens en tant que lieux d’initiation prit plus tard des formes en lien avec la
circoncision, la superincision et
surtout la subincision, voire avec la
substitution symbolique d’une dent au prépuce
et le rite pour les femmes d’avulsion
d’une dent. Les cairns ou les tumuli bretons semblent bien avoir servi à ces
fins, ainsi que le montrent les canines de mâchoire supérieure la pointe en bas
qui figurent sur le support de Gavrinis.
Y en avait-il aussi d’arrachées à la mâchoire inférieure ? Trois canines, la pointe en haut cette fois , y figurent
aussi.
Lorsque les cérémonies
d’extraction dentaire et autres furent devenues obsolètes, le dolmen
devint alors disponible, avec l’avènement de la crémation, pour
servir de lieu de rangement et
d’exposition à des urnes pleines de cendres humaines lorsque le
dolmen n’avait pas été enterré pour les
cérémonies de circoncision et d’extraction dentaire.
C’est surtout sur les dolmens
bretons que l’on découvre des motifs intéressants, même si ce qu’on appelle les
statues –menhirs du Tarn et de l’Aveyron, œuvre pour la gravure de cousins des
Tokhariens (voir mon blog sur les Tokhariens) le sont également. Mais ces
dernières sont plus difficiles encore à interptéter.
Les dents ont
souvent été prises pour des haches non
emmanchées comme sur deux menhirs du cromlech d’Er- Lanic, sur l’un de ceux de Kergouan (Ile –aux-
Moines) ,sur ceux de Crucuny à Carnac et
sur les dolmens du Mané Lug et du Mané Rutual.
2) Les plumes de queue , signes de circoncision nettement
figurées sur les supports.
Le duvet, andatta , ou inquabara andatta,
Inquabara andatta: tel est le nom en Australie chez les Arandas du sud,
Roheim, L’énigme…, p.127, de la
cérémonie d’initiation et inquabara y désigne un tjurunga, une
planchette cérémonielle avec cercles de fécondité. Roheim écrit, dans Héros phalliques…, p. 132 : « Le caractère « sacré » d’une cérémonie totémique [de circoncision]
est défini par l’absence des femmes et par l’emploi
d’andata [ou d’inquebara]».Les
mots andatta ou inquebara sont donc, à eux seuls, une proclamation que le rite totémique
utilisant du duvet blanc d’oiseau collé sur le corps au moyen de sang venant du
bras ou de la subincision est pratiqué dans ces cérémonies. Le cacatoès
blanc à huppe jaune, choisi comme totem
par certaines tribus, a pu fournir le duvet en Australie et en Papouasie, comme
la colombe ou l’oie en France.
Deux indices confirment
que cette cérémonie était pratiquée en Bretagne: une prétendue feuille de fougère à Locmariaquer
, altération possible de inquebara,
métathèse de nic mbaria quer , un vestige chez le Australiens de la langue religieuse
des Ibères, est, selon moi, en réalité une plume dont le duvet blanc , collé
sur le corps au moyen de sang venant de
la subincision, est utilisé dans ces
cérémonies totémiques .
Il est possible de reconnaître à Gavrinis,
toponyme venant de Kabalini, la Jument
sacrée qui est un avatar de Dèmètèr ou Cérès, la queue de jument coupée et qui
devait saigner abondamment pendant son transport rituel (voir Georges Dumézil ,
Fêtes romaines d’été et d’automne, p.144
-156 et177-218, « Le Cheval d’Octobre , et mon blog sur Le Cheval d’Octobre en Eure-et-Loir).
A droite de la photo, on peut
apercevoir, à côté de la plume blanche dont le duvet est utilisé dans la
cérémonie totémique, un pénis incisé, séparé en deux.
Ci-dessous, en bas, à gauche,
fig .1, la queue coupée de la
Jument visible sur les grandes dalles de
Gavrinis. A rapprocher de la tête de Jument des dolmens de Mané Rutual ou de Mané Lud ;
Ci-dessous, la 2e
à gauche de la première rangée, la queue e jument..
Les Américains appellent ce duvet « down powder » (c’est-à-dire duvet, down,
en poudre, sur l’extrémité des plumes,
le bout de la plume se désagrégeant en
une fine poussière de kératine). Les pulviplumes existaient déjà chez les
dinosaures. Elles se trouvent chez les
psittacidés (cacatoès blanc), les columbiformes,
les oies etc.
3 Le prétendu
« poulpe « de Lufang , représentation du « vagin
subincisé dans le pénis » (G. Roheim) .
Œufs de seiche
Quelle ressemblance entre ces
oeufs de seiche et le dessin gravé !
Ci-dessus la figuration, de
chaque côté, à travers des sortes de spirales,
des deux « ailes » ou « oreillettes » du pénis subincisé, fendu en deux, avec les
deux testicules représentés par de petits cercles, et d’une sorte, pour reprendre les mots de Roheim, de
« vagin dans le pénis incisé » [ représenté ailleurs par un
pictogramme en forme de pied, pous ,
podos en grec, en jouant sur l’homonymie du grec pe
(s)os, latin pe(s)nis, comme
aussi l’homonymie du corse ancien cats
, pénis, et de cats, tous deux du
bas-latin culter, cultris, poignard
expliquant le sens du menhir portant un stylet ), autrement dit d’organe femelle dans un organe mâle à la
suite de la mutilation rituelle. Le trait au centre est la fente de la
subincision dans l’urètre, le second méat artificiel.
4 Le prétendu « motif- bouclier » de
l’île Longue : la représentation d’un
initié avec sa coiffure rituelle
de « rayons » comme les têtes wondjima
australiennes placées dans la
constellation des Pléiades, indice de la date
des semailles et de la circoncision..
« Les figurations de ce
que l’on appelle l’ « écusson-
bouclier » (fig.17, p. 98, dans
F. Niel, Dolmens et menhirs) sont
assez nombreuses. On peut en observer sur les pierres des dolmens de l’île
Longue (Baden), du Mané - Rutual (Locmariaquer), de Grah Niohl (Arzon), de Mané
– Braz (Erdeven), de Mané -Kerioned (Plouharnel,), etc. »
« Les rayons » ou lyampa des Aranda
appelés kililin et ilyin par les Pitjentara, les Jumu et
les Pindupi.
Ces baguettes sacrées, de
longueur variée, sont plongées dans le sang et recouvertes de
copeaux à une de leurs extrémités (Roheim, L’énigme
du Sphinx, p. 128 de l’édition française, cité par Roheim, Héros phalliques et symboles maternels, p.128) .Elles
peuvent être piquées dans les cheveux : c’est alors la
coiffure de branchages appelée [g]upi signalant
l’initié circoncis. Mais ces
baguettes peuvent aussi être travaillées en forme de croissant ou d’arc pour représenter la Voie lactée (cf. le serpent
arc-en-ciel) et les Pléiades, l’arc , ici fermé, rappelant
une demi-lune avec des rayons. On les imprègne de sang, tout particulièrement
la partie médiane de la demi-lune et l’extrémité des rayons. Pour Roheim,
« l’arrangement en forme de
croissant teint du sang de la subincision
représente l’orifice de la
subincision, tandis que les petites
baguettes trempées dans le sang représenteraient le pénis ».
Tout ceci rappelle les têtes wondjima peintes dans les grottes
australiennes et qui peuvent faire
tomber la pluie. Ce sont des têtes
auréolées de rayons ou de poils (des
objets cérémoniels constitués de baguettes
appelés lyampa par les
Aranda).
Photo n°1
Ci-dessus (première photo)
deux serpents arc-en-ciel avec des
points jaunes (œufs) représentant deux femmes mythiques et la Voie lactée. Les deux anses latérales sont, une fois encore, les
« ailes » ou « oreillettes » de chaque côté de l’urètre
fendu. On les retrouve au-dessus du serpent supérieur et sous le serpent inférieur, qui symbolisent les deux rivières composant
la Voie lactée, de chaque côté du Sac à charbon plein de fœtus.
La tache noire sous la tête
auréolée de rayons ou de poils (objets cérémoniels constitués de baguettes et
appelés lyampa par les Aranda) est
une constellation appelée le Sac à
charbon de bois (altawaritji), Roheim,
L’énigme…, p. 130 et 146, que les aborigènes appellent ambilia- ijura , poche marsupiale, -ikura, - avec deux tjurungas
: il s’agit de l’amnios qui
enveloppe l’embryon dans le ventre de la mère, et le terme est employé aussi
bien pour les humains que pour les animaux.
2e photo
Ci-dessus (2e photo) des têtes wondjina fraîchement repeintes (cercles
de fécondité composant la Voie lactée) dans une grotte australienne, Roheim, Héros phalliques …, p. 335
Chaque tête pourrait représenter une étoile des Pléiades, dont le nom signifiait
l’annonce des pluies (cf. le latin pluit).
La période du coucher des Pléiades début novembre marquait, selon Hésiode, le début de l'hiver dans l’hémisphère nord. []L'apparition des Pléiades en hiver
fait l'occasion d'une fête du sud-est de
l'Inde connue en tamoul sous le nom de Lampe à huile de Karthikai. Les Arabes associent les Pléiades à la saison sèche et aux fortes chaleurs. Le
nom arabe des Pléiades est الثريا ('ath-thurayyâ), à l'origine du prénom persan Soraya. Comme le souligne
Wolfhard Schlosser, professeur d’astronomie à l’Université de la Ruhr (Bochum),
les prêtres et chamans du Néolithique accordaient une extrême importance à cet amas
ouvert, puisque son apparition marquait,
dans tout l'hémisphère nord , le début
des semailles de novembre d’ orge d’automne ou escourgeon. Une représentation
picturale des Pléiades se retrouve sur le disque
de Nebra , daté du début de l’âge de bronze, de – 1600 av. J. C. D’un côté du disque, l’arc représente la Voie
lactée et, de l'autre côté du disque, à
l'opposé, un autre arc (comme pour les Australiens). En tout cas, le disque de
Nebra nous donne une vue du ciel à l’époque des mégalithes : les Pléiades
au Ier novembre avec le Centaure et Orion, les Nuages de Magellan, la Voie lactée
qui toutes jouent un grand rôle
dans la mythologie australienne.
5 L’
« ombrelle » du Petit- Mont : l’étoile des Pléiades, signe des
semailles en novembre.
On a beaucoup glosé sur le
sigle qui ressemble à une ombrelle, sigle qui se retrouve jusqu’en Papouasie, en lien toujours avec la circoncision. Haddon, dans un gros ouvrage datant de 1894 The decorative art of British New Guinea,
y reconnaît, avec hésitation, une
méduse, planche III, 19 : venant de Muralug, elle figure sur une pipe du
British Museum ,6521, collection
Armit.. Moi- même j’ai un temps voulu y voir les œufs de l’Argonauta nodosa qui ressemblent à des anémones de mer et qu’on a
pris pour des soleils .Voir planche de
la page suivante.
Le petit a de la planche, en haut,
représente les œufs de l’Argonauta
nodosae : on les a pris pour des soleils .Ils ressemblent à des anémones de mer.
Que j’étais loin de la vérité
alors ! Je pense aujourd’hui qu’il s’agit en réalité de la représentation d’une étoile des Pléiades qui devait marquer la date de la cérémonie
d’extraction dentaire et des semailles simultanées de l’escourgeon. A noter le
pied, pous en grec homonyme du pénis, pe(s)os (voir ci-dessus).
5 Le « soleil » de la Table
des Marchands : l’étoile des Pléiades et les semailles de l’orge d’automne
ou du millet.
Là encore,
Haddon, op. cit, planche III, 20,
évoque , pour un dessin papou analogue,
la possibilité d’un « sunstar »,
soit en français un soleil
de mer épineux, et moi-même j’avais pu songer à une anémone de mer. Je penche aujourd’hui
pour un cercle concentrique de fécondité, comme les appelle Bettelheim, un lieu
totémique de reproduction des céréales, et plus exactement pour telle étoile des Pléiades qui préside à leurs semailles. On trouve des
crosses sur cette table des Marchands, qui peuvent être les représentations
de germes d’escourgeon ou de millet (voir ci-dessous un dessin de la Table des
Marchands avec les crosses ou germes de
céréales).
6 Les cercles concentriques de fécondité de Gavrinis et les deux pieds de Petit- Mont.
Les cercles concentriques de fécondité sont des
pierres totémiques, c’est-à-dire capables d’engendrer magiquement des animaux.
Pour Roheim, le cercle concentrique représente un nombril en relation avec le cordon
ombilical et avec la naissance : c’est un euphémisme, lui dirent les
aborigènes qu’il interrogea, pour le
vagin, entendons le « vagin dans le
pénis incisé ». Ajoutons un
détail supplémentaire : dans la
commune de Hienghène, près de Ouaré où existe un beau pétroglyphe représentant
un cercle de fécondité (reproduit sur les timbres de Calédonie ), existent, sur la propriété de mon ami Similien Nahiet, quelques pétroglyphes sur une grosse
roche au bord de mer. A ma demande, Similien , fils d’un coutelier de Saint-
Etienne et d’une fille d’Ouvéa, avait interrogé un ancien sur leur signification et ce dernier lui avait répondu que les cercles concentriques comme ceux de
Ouaré étaient des symboles femelles, dans lequel le mâle était caché : allusion
à la circoncision, à la superincision
pratiquée en Calédonie et à la
subincision australienne dont le but
est d’affirmer la prééminence du mâle
dans la procréation.
Les pierres que Roheim a étudiées sont pour lui des symboles maternels, appelés par les
Aborigènes des tjurunga ou churinga .Ils peuvent être de bois ou de pierre.
Le centre totémique (Roheim, op . cit., p. 168) est l’endroit où l’ancêtre
totémique est en quelque sorte « descendu » en cherchant un endroit où se fixer, c’était le centre de multiplication magique
des animaux pris comme totems, toujours situé dans des régions où l’animal
correspondant était prolifique à un moment donné, mais où son espèce était menacée car l’animal avait été trop chassé ou pêché afin d’ être mangé. Souvent, le centre totémique est reproduit par
tatouage sur le corps du « totémite », ainsi que sur le sol au
voisinage. Roheim,op . cit., p .140, rapporte que des exécutants d’une cérémonie de l’émeu portaient sur leur dos des cercles
concentriques tatoués, ainsi que des traces de pas des ancêtre émeus .Or, les pieds sont , selon Roheim , un
euphémisme pour vagin, entendons vagin dans un pénis introcisé.
7 La
hache- charrue de la table des Marchands et le motif
des souterrains annulaires d’Arfeuilles dans l’Allier, creusés par les Boïens.
Voici
la description donnée par le traducteur de Roheim, Héros
phalliques…, p. 18 , de la superincision australienne, que ce
traducteur français confond, dans ses « explications » liminaires
à sa traduction, avec la subincision: « l’opérateur , à
l’aide d’un couteau de pierre, fait une
entaille dans l’urètre, généralement à la base du scrotum, près des testicules ,
parfois au voisinage du gland du
pénis, zone moins douloureuse ; la fente pratiquée finit par s’étirer sur toute la longueur de
l’urètre ; la fente varie de un à
trois centimètres de long ; l’opérateur l’ouvre bien en tirant la peau
qu’on entend « craquer ».Si le novice souffre trop ou s’évanouit, ses
père et oncles le réconfortent et le raniment, et mettent des braises chaudes
sous les organes génitaux…. Pour bien élargir le pénis, on l’appuie, aussitôt
après l’opération, sur une pierre plate ; on introduit parfois dans
l’ouverture une minuscule branche de pandanus rouge, pour que l’orifice, après
cicatrisation, soit toujours rouge. Périodiquement, à l’occasion des
cérémonies, les hommes refont saigner cet orifice et l’agrandissent: le
pénis donne alors l’impression d’être dédoublé.
Cette opération spectaculaire a été désignée sous des noms divers : urétérotomie
pénienne, épispadias ou superincision [pratiquée en
Bretagne, en Nouvelle- Calédonie et dans le Pacifique], introcision, rite de Sturt [d’après
Charles Sturt, un des premiers découvreurs de l’Australie] etc. » L’hypospadias
ou subincision est l’ouverture pratiquée au-dessous de l’urètre ; l’épispadias ou supercision
est la même ouverture, mais cette fois pratiquée au –dessus de l’urètre.
La
circoncision, à proprement parler,
c’est-à-dire l’ablation d’une partie du prépuce, est postérieure à ces rites.
En ce cas, on pourrait reconnaître, dans le dessin , l’urètre de gauche à
droite :
à la gauche du dessin, les testicules et la peau du
scrotum avec une incision ( de forme
vaguement triangulaire ) au-dessus de l’urètre à la base du scrotum (épispadias ou superincision );
à
la droite du dessin , la verge
avec une seconde incision sous l’urètre (le demi-cercle du dessin ci-dessous), hypospadias ou subincision proprement dite.
Ce
dessin ainsi interprété serait l’indice
d’une forme particulièrement archaïque de double « introcision » a) la superincision
b) une deuxième incision sous la verge, la subincision , qui aurait précédé dans
le temps la circoncision proprement dite, moins douloureuse, semble-t-il ,avant
que, au fil du temps, la superincision ne disparaisse elle-même , laissant la
place à la seule circoncision. Le bel exemplaire de la Table des Marchands,
loin, d’être unique, se retrouve, par exemple, sur les dolmens de Penhape (Ile aux Moines), de
Kercado, du Mané-Rutual.
En
Australie, remarquons qu’il y a deux cérémonies d’initiation : la subincision
et la circoncision du gland par ablation d’une
partie du prépuce, qui souvent remplace la superincision, plus douloureuse
et donc plus archaïque…Dans le Pacifique
(Ticopia, Calédonie, etc. .), on pratiquait la superincision ou épispadias .
Entre
Autriche et Bohême, à Pfaffenschlag en
Moravie, dont les Boïens , exilés par César au centre de la Gaule , ont pu en importer
les coutumes, on retrouve des souterrains qu’on a appelés souterrains annulaires dont le plan
imite de pareils motifs. Etait-ce le lieu où se pratiquait, loin des la vue des
étrangers, des catholiques orthodoxes et des
femmes, la cruelle cérémonie ? En France à Arfeuilles dans
le Bourbonnais , et ailleurs (Forez-
Liverdois, etc.), on trouve les mêmes
souterrains annulaires , étudiés par Jérôme et Laurent Triolet, respectivement
docteur et agrégé, dans Souterrains et croyances,
Mythologie,folklore, cultes,sorcellerie, rites initiatiques, Editions
Ouest-France, Rennes , 2002 , 130 pages, p.65-88.
« Le
plan particulier de certains souterrains biannulaires en « phi »,
rencontrés dans la montagne bourbonnaise (LeToquin, Guérande…) , écrivent les
auteurs, p.85, se rapproche étrangement
des signes en « phi » gravés dans de nombreux sites rupestres
d’Europe occidentale. »
Ci-dessous,
j’ai choisi, à comparer avec le motif du dolmen ci-dessus,
parmi
d’autres plans symboliques analogues, le
plan d’un souterrain de la commune d’ Arfeuilles dans l’Allier près de
Vichy (de altum fodiculum, fouille profonde, comme Hautefeuille en Seine-et-Marne).
Il existe de nombreux Arfeuilles ou Arfeuille : commune d’Arfeuille- Châtain
dans la Creuse ; lieu-dit Arfeuilles,commune
de Saint- Pardoux d’Arnet; lieu-dit Arfeuilles dans l’Allier , commune de
Voussac ; lieu-dit Arfeuille dans le Cantal, commune de La Monseselie ; Arfeuille dans la Creuse, lieu-dit Arfeuille dans la Haute-Vienne , commune de
Saint-Paul ; lieu-dit Arfeuilles
dans le Puy –de -Dôme, commune de Prondines,. On connaît anciennement un Arioli,
de même signification : fouille (oli,
pour hodi
, de [f]odi ) alt, profonde.
L’axe
vertical est l’urètre, dirigé vers le méat en bas du dessin ; à droite et
à gauche les testicules, le diverticule au-dessus du demi-cercle gauche
représente l’ouverture de la superincision
à la base du scrotum ; enfin les deux demi-cercles à droite et à
gauche de l’urètre représentent deux
pierres d’autel, sur lesquelles se pratiquaient successivement les deux
opérations rituelles. Dans l’Allier, à
la différence du dolmen de Bretagne ,
qui avec sa subincision supplémentaire est plus archaïque,et comme dans le Pacifique,
seule demeure la superincision,qui
précède historiquement la circoncision .
Les totems agricoles : la germination des grains
de millet ou d’escourgeon représentée par des crosses.
En Bretagne, les noms des dolmen de Mané Rutual
ou de Mané Lud contiennent
le mot sillon sous la forme lud ou rut--ual et il y a quatre rangées
de bâtons coudés dans lesquels on peut voir à juste titre des épis
ou germes de millet ou d’escourgeon (ce ne sont pas des crosses d’évêque, comme on l’a cru !),
accompagnés d’une tête de jument, c’est- à- dire de la déesse Cérès. Mané est
parent du latin milium, millet. Au
centre, le « soleil » est le
centre totémique de reproduction de ces céréales, c’est-à-dire l’étoile des Pléiades
annonçant la bonne date des semailles d’automne : le Ier novembre.
Les totems du monde de la mer :
1) Pour les seiches et leurs œufs,
je renvoie à ce qui a été dit plus haut à propos des dents. Ci-dessous des œufs
de seiche au cours de leur évolution.
2) Argonautes et poulpes.
Un élève d’Aristote, Cléarque, au dire
d’Athénée, VII, p. 307 A, nous rapporte qu’à Trézène et dans
les environs il était interdit de
capturer et à fortiori de manger le
poulpe « sacré » ( tous les poulpes à l’exception du poulpe musqué ou Eledone moschata , en grec osmylos) et le poulpe rameur [larve de poulpe appelée nautilos par Aristote 4,1,
16, et que nous appelons
argonaute avec une coquille ou mieux une nacelle blanche transparente et
fragile] et qu’on défendait de toucher à ces animaux, ainsi qu’à la tortue de
mer. »
Ce pourrait être le souvenir de divers totems. Ce
Ce
pourrait être un souvenir ds totems.
Je vous
présente les trois petits Argonautes de ma
Ce
sont , non pas des nautilus, mais des poulpes femelles avec leurs œufs, Argonauta Argo, en grec argo signifiant
blanc et nautès , navigateur, les
navigateurs blancs, ce sont des coquilles externes (ce ne sont pas des coquillages), des
nacelles fines comme du papier .C’est à l’aide de leurs deux bras (les plus longs
des 10 tentacules ) munis d’une plaque tégumentaire sécrétant du calcaire que
les femelles poulpes les construisent
dès leur plus jeune âge , afin d’ y abriter
leurs œufs : elles restent accrochées dans l’ouverture et, lorsqu’elles arrivent à maturité, y pondent leurs œufs. Ces
argonautes ressemblent à des voiles flottant
sur la mer,- de là le nom de nautilos,
navigateur, donné par Aristote ; ils
vivent en pleine mer et se laissent dériver par les courants, se
rassemblant en masse à certaines époques .
Elien,
IX, 54 : « L’argonaute fait partie des poulpes, mais il possède une coque. Il monte à la surface
en tournant sa coque vers le bas, pour éviter de prendre l’eau et d’être
refoulé vers le fond. Une fois à la surface des flots, quand le temps est calme
et les vents au repos, il renverse sa coquille sur le dos (elle flotte comme
une barque), laisse pendre deux tentacules, un de chaque côté, et il rame et
propulse son vaisseau naturel en se soulevant légèrement. Si, au contraire, il
y a du vent, il étend et allonge ce qui lui servait jusque là de rames et les transforme
en gouvernail, puis déplie ses autres tentacules entre lesquels se trouve une
toile très fine qu’il déploie et dont il fait une voile. C’est de cette façon
qu’il navigue lorsqu’il n’y a rien à craindre. Mais s’il est épouvanté par un
poisson de grande envergure, il remplit sa coque en la submergeant, coule,
emporté par le poids, et se soustrait à son adversaire en s’éclipsant. Plus
tard, quand il est en sécurité, il remonte à la surface et reprend sa navigation. C’est de là [nautilia signifie en grec navigation] que l’argonaute tient son
nom. » Jules Verne a tiré le nom de son sous-marin, le Nautilus,
de cette célèbre description par Elien de l’argonaute.
La barque solaire aux voiles
hissées, dominée par le soleil, qu’on a cru reconnaître au dolmen de New Grange en Irlande, ainsi qu’à
Kerveresse (Locmariaquer), à Butten -er- Hach (île de Groix), au menhir de Kerloaz
(Finistère), sont des argonautes
totémiques en train de voguer, et le
« soleil » gravé est un cercle
concentrique de fécondité qui
constitue le centre de reproduction du
totem des argonautes, ceux-ci ayant la coutume de se rassembler à certaines
dates. Leur couleur blanche a pu
remplacer celle des plumes andatta (Mané Rutual), emblématiques de la
cérémonie de circoncision.
Chaque
fois que je m’occupe d’interpréter des gravures préhistoriques, je songe au
dessin du Petit Prince,le boa qui a
avalé un éléphant, pris pour un chapeau par les adultes : « J’ai
montré mon chef- d’œuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon
dessin leur faisait peur. Elles m’ont
répondu : « Pourquoi un
chapeau ferait-il peur ?...Les grandes personnes on toujours besoin
d’explications. »
..
.
.
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