LE NOM DES MÉTAUX DANS ANTIQUITÉ ET LA NATURE DE L’ORICHALQUE.
1 Le Pactôle
Le nom du métal en général
vient du nom d’une mine d’or en
Lydie près du Pactôle , de paktaulos,
mine appelée Métallon, à rapprocher
d’une autre mine en Sardaigne appelée ta
Métalla. Le mot français maille , dans
l’expression n’avoir ni sou ni maille (au
sens de pièce d’or) ou dans avoir maille à partir avec quelqu’un au
sens d’avoir des pièces d’or à se répartir avec quelqu’un , par suite avoir des occasions de conflit, le mot italien maglia
ou espagnol malla viennent comme l’italien medaglia passé en français (médaille)
viennent d’une forme dialectale de Pactôle
,ma(ks)taulya qui a aussi donné métallon, savoir madalya qui devient medaglia en italien avec l mouillé
noté gli, médaille en or.
Le grec chrysos , or, dérive
du nom d’une plante à fleurs jaunes, grec chalbanè,
latin galbana, donnant
khalw - + autre suffixe en s, comme l’hébreu charûts.
Enfin le latin aurum vient lui aussi de latin helvus , jaune , arv- , aur-um. Le mot français chaudron
, qui est lié à la technique de l’étamage du cuivre utilisée par les Tziganes ,
vient peut-être de khalk
(s)idèron , du grec khalbanè,de
khalkw - suc jaune qu’on extrait du galbanum
de Syrie ,cf. latin galbus
galbinus , jaune, le fer jaune, anglais yellow
. L’anglais gold, or, vient de galbinum.
Voici ce que dit Wikipedia sur le galbanum :
« Cette
ombellifère originaire de Perse,
(Ferula gummosa), commune dans les régions de Syrie et de l’Amanus, produit spontanément un suc laiteux qui, séché prend la
forme d'une
« résine en larmes » d'un jaune tirant sur le vert, d'aspect
cireux, appelé galbanum. Il était
utilisé par les Égyptiens pour oindre le front du futur Osiris, comme encens à
brûler (l’encens vert des textes),
dans les rituels d'embaumement et comme cosmétique. » Le mot est apparenté
au grec lachana, légume, de wrachana, verbenna, herba, holus , holeris etc.
2 L’argent
Iliade, II, 856 : « les Halisones
arrivent
de la lointaine Arisbè, du pays
où naît l’argent. » Bien que l’édition Budé déclare les alisones inconnus, ayant
oublié l’esprit rude, Pline les cite,
5,143 et il les présente comme un peuple de Bithynie , de là l’adjectif (un adverbe en grec) lointaine qui se comprends avec la
localisation de Troie, non près de Hissarlik, mais de la Lycaonie. Ce sont les
Hittites qui ont exploité ces mines d’argent. Halizonia vient de -onia,
pays, et du nom de l’argent, grec argos
, brillant, arguros, cf. leukos et latin albus,
blanc , hargws, argent .
Arisbè vient de
harisgws-è, argent, et le nom de l’argent en vient, même l’anglais silver , de slgwr.
.
3 Le plomb argentifère d’Afrique du Nord, travaillé par
les Kabyles, des Berbères.
En grec, le plomb se dit molubdène. Il nous faut aller
chercher l’étymologie du côté du peuple le plus anciennement civilisé
du monde, selon le mot d’un grand historien, les Berbères ou Ibères. Les Berbères se nomment eux-mêmes
am’arighen et leur
ethnonyme a servi à nommer le plomb en grec ,
de malighwen , moligwen , molughwen ,
momluwden . Le latin plumbum , qui
a donné l’ espagnol plomo ,l’italien plombo, a la même origine,
de (mo) lughwen wlub°n avec métathèse du w devenant
p : wlub°n . De même pour
l’anglais lead, de (mo)lubden, leubd.
4 Le fer
Le nom du fer en latin ferrum
, de dherv-u-m, vient du nom
des îles Feroè, de
dhervuai .
Quant au nom grec , sidèros , il dérive de sidhervos , comme le nom anglais iron , de
i(dh)eron,il vient du nom des îles Cassitérides, de kats, mont , et de dherowé, Kats°dhérv-ides
. Le nom des Kassitér-ides est à
rapprocher de celui des îles Fairoè ou Feroè,
et il vient de (Kats)dherv-idés . Les
Chalybdes , de charudhawr-os , avec métathèse, de ka (si)
dhur, cassitèrid-, étaient les
grands producteurs de fer de l’antiquité. Leur
capitale était Alybé,de (ch)alubd , Kassitéros en grec désignait un alliage
d’étain et de plomb dont on
fabriquait cuirasses et boucliers à l’époque homérique, puis, faute d’étain, le
plomb seul. Ce devait être du fer avec
du plomb argentifère comme le gisement de Sardaigne qui avait excité
l’imagination de Balzac.
Mais il fallut trouver des gisements plus
proches : ainsi, où
allait-on s’approvisionner en fer à l’époque homérique ? En Grande Grèce, dans le sud de l’Italie, à Sybaris
(de sidhvarid, sidéros, fer) qui tira sa fortune de ce commerce, ou à Barium , de dhwerium, cf.
ferrum, fer, dans le golfe de Tarente. Mais aussi, sinon surtout, chez les
Chalybdes dans le Pont et leur capitale la redoutable Alisbè, citée au vers 836 du chant II de l’Iliade. La « divine Alisbé »,
dit le poète, mais je
pense que le vers 836 portait dewia, redoutable, de dewios , crainte, et qu’il a été altéré
en dia, divin.
5 L’acier, grec chalups, vient des Chalybdes du
Pont dont nous avons parlé.
6 L’étain.
Le nom du cuivre est
traditionnellement rattaché à Kupris,
Chypre, et à Aphroditis – Vénus, la
déesse de l’île. Toutefois, on a un mot en grec, to diphruges, qui
désignerait un oxyde de zinc sublimé que nous appellerions tutie ou
anciennement tuschie, que les Arabes
appellent tutijaâ, en sanscrit तुत्था, tuttha de kuphra
(« vitriol bleu, sulfate de cuivre »). En réalité le mot to
diphruges signifie étain
troyen (phruges) et dis vient du nom troyen de
l’étain, dis (t) , de la chaîne montagneuse Dignum Store aux
Feroè. De même, le nom d’Aphrodite, Aphrodita en éolien et en dorien , peut
très bien dériver de phrug+itas,
troyen , comme le nom du cuivre , grec kupris,
sanskrit kuphra de kupr-
et shukra, qui peut très bien dériver de phrugi-,par métathèse giphru , kupros. La métallurgie hittite était fort avancée en ces contrées.
Nous voici à nouveau dans le nord, aux îles Cassitérides
qui ont toujours passé pour le lieu recélant ce métal rare et
indispensable à la fabrication du
bronze qu’est l’étain avec sa montagne Store Dinom , du basque eschaldun, le serpent . A preuve
qu’en grec l’étain se dit kassitéros
et en latin cassiterum. Les Gaulois
avaient pour désigner l’étain (ils étaient fort avancés dans la métallurgie) le
mot stagnum, où l’on reconnaît
aisément
st(ore)°(di)gnum, stagnum qui a donné en latin stannum , en français étain ,
en anglais tin.
7 Le cuivre
Avec le cuivre nous allons
rester aux Féroè : le basque a ore , de (st)ore(dignum), pour
désigner le cuivre comme l’anglais où ore désigne un minerai en général. Mais allons à Chypre, où nous allons trouver un nom
du cuivre lié à la déesse Vénus.
Le nom du cuivre (du latin aes
cyprium, cuivre de
Chypre) est en grec khalkos ; le mot
signifie jaune , cf. grec chalbanè ,
latin galbinum , du nom d’une plante de Syrie , dont la
résine est jaune, cf. grec balsamon , baume ,latin verbenna,helus , herba. Je reprends, en
le modifiant , notre cousin lointain Tilak : nous pouvons identifier le sh
ou le k sanskrit au grec k ou
p , latin k, étrusque zéro, par
exemple sanskrit shukra ou kuphra ,
Vénus,
de kupris , étrusque Aesar,
de kw°phs°ris qui a donné le latin aesr, aeris, airain, bronze
, latin Caesar, l’homme
d’airain , le calabrais
brundusium (d’où notre bronze) , Brindes, métathèse du
latin cuprinus, en cuivre, le grec
kupris ,la déesse de ta Kuthèra,
un pluriel, Cythères , Cerigo
aujourd’hui, de kuph°ris avec r vocalisé
en er ; Kurènia à Chypre de kuprènia, ainsi que le nom du troyen Alexandre, dit Paris
, de (Kuparis, Vénus ) , parce qu’il avait préféré Vénus lors d’un concours de beauté entre
trois déesses.
Nous allons encore faire
appel au sanskrit et à Tilak, dans son œuvre formidable , Orion, p.166 et 224 « Nous pouvons identifier sh
à k. shukra de kupris à grec kupris.
Venus en latin est à rapprocher de
sanskrit Vena , Vénus, la déesse à laquelle est dédié un hymne du Rig
Véda, nom dérivé d’une racine védique van, signifiant désirer,
aimer ,hymne offert pour le sacrifice avec la coupe sacrée appelé
Shukra, équivalent de Kupris. « Ainsi, conclut Tilak, le nom latin et le
nom grec peuvent tous deux être
rattachés aux noms védiques Vena et Shukra.
Aussi pouvons-nous soutenir que la planète (Vénus) était découverte
et dénommée avant la séparation de ces peuples.
Je sais, continue-t-il, que les lexicologues
européens dérivent Kupris de Kupros , nom grec de l’île de Chypre (Cyprus),
où l’on disait que Vénus
était particulièrement vénérée, et que
Chypre, à son tour, aurait reçu son nom des arbres , les cyprès, qui y abondent ! Mais l’explication, qui ne donne
aucune étymologie pour le nom des arbres, me semble tout à fait
insatisfaisante ; si Aphrodite
était connue des Grecs dans la plus haute antiquité, il est plus naturel de
dériver le nom de l’île de celui de la divinité. Au cours du temps, cette
connexion originelle a pu être oubliée,
et les auteurs grecs considérèrent que Kupris était née à Chypre. Mais nous
devons prendre ces dérivations de noms propres
de la mythologie grecque avec beaucoup de précautions, puisque la
plupart d’entre elles ont été suggérées
à une époque où la philologie et
la mythologie comparées étaient
inconnues. On dit encore que le cuprum latin, qui signifie cuivre, est dérivé de cyprus
(grec kupros). Mais cela n’affecte
pas notre discussion, car, quelle que
soit la raison pour que l’on ait donné ce nom à l’île, une fois nommée Cyprus,
Chypre ou Kupros, beaucoup d’autres mots ont pu en être dérivés sans aucune
référence aux raisons pour lesquelles l’île était ainsi dénommée. » Tilak a complètement
raison : tel parfum s’appelle Chypre
qui n’a rien à voir avec l’île, mais seulement une connotation avec la déesse
de l’amour. De même le cyprus est
ainsi appelé, non parce que la plante pousserait éventuellement à Chypre, mais
parce que cette plante est un produit de beauté lié à la déesse de l’amour comme d’autres
cosmétiques : il s’agit du henné, de
l’arabe al Hanna, plante tinctoriale
pour blondir ou roussir les cheveux ; et l’arbre appelé cyprès est ainsi nommé pour sa résine odorante,
utilisée également pour les soins de beauté des morts, pour embaumer les
cadavres. De même, le récipient sacré appelé
Shukra, équivalent de Kupris pour les sacrifices solennels à Vénus, était en cuivre, ce qui a donné son nom au métal
sans intervention de l’île de Chypre. De plus, le nom ancien de Chypre au 14e siècle
av. J. -C. était Alashyia, du nom d’un
roi de Sardes (Sferdak en lydien) , Alyatta,
enterré à Sardes dans un gigantesque tombeau, ce qui me semble sans appel.
Citons les dérivés latins de kupris, de kw°pr°(kw)is : Cupidon,
le fils de Vénus, cupio, désirer.
8 L’orichalque.
Le nom de l’orichalque, orichalcum
en latin , vient de ore minerai Cf. l’anglais ore, de Storedignum aux Féroè, + suffixe i de composition en latin, et
chalk - , jaune,
cf . chalbiné en grec et galbinus
en latin
signifiant jaune, et cf .
pour le kh le grec lachanè , latin lêgûmen qui désigne des légumes jaunes . Le métal , rendu mystérieux par sa citation en liaison avec l’Atlantide de
Platon, désigne un minerai de cuivre jaune exploité aux Feroè , mais ces dernières furent vite épuisées .
« Pour Pline
l'Ancien , nous
informe Wikipedia, l 'orichalque
était un minerai qui existait à l'état
natif et duquel était extrait du cuivre. Selon ses dires, c'était le minerai le
plus réputé et le meilleur pour la fabrication du bronze. Toujours selon Pline, les filons d'orichalque
étaient épuisés à son époque (Ier siècle
ap. J. –C.). Cuprum en latin
désigne le cuivre rouge, et assez
tardivement orichalcum le cuivre jaune, le laiton, un mélange d’étain et de cuivre. « Chez
les Romains, nous informe Wikipedia, l'orichalque désigne
ordinairement le laiton, alliage
employé sous l'Empire pour la frappe du sesterce. »
A-t-on trouvé de l’orichalque en lingots ? « Au
début de janvier 2015, 39 lingots de métal en forme de bâtonnet, ont été
découverts par Sebastiano Tusa et une équipe d'archéologues, à
environ 300 mètres de la côte de la ville de Gela [de gera, cf . skagerrak,
nom d’un détroit nordique signifiant le Serpent, euskaledun], au sud de la Sicile,
à une profondeur d'environ 3 mètres, dans l'épave d'un bateau marchand coulé à
la fin du VIe siècle alors
qu'il arrivait au port, probablement lors d'une tempête. Les lingots avaient
probablement pour destination la ville de Gela, mais leur provenance est plus
incertaine, peut-être la Grèce ou l'Asie mineure.
« Les lingots ont été analysés par spectrométrie de fluorescence X
par Dario Panetta, et se sont avérés être composés d'un alliage fait de 75 à 80 % de cuivre, 15 à 20 % de zinc et de faibles pourcentages de
nickel, plomb et fer. » Ceci nous
donne la composition chimique de ce minerai de cuivre.
Une
découverte intéressante est aussi celle
d’une épave, celle du Ulu Burun,
datée de 1300 av. J. C., découverte en 1982 au sud de la ville de Kas en
Turquie par un pêcheur d’éponges. Ce navire sombra avec des lingots de cuivre et d’étain, donc pour la
fabrication de bronze. La réplique
de l’épave est photographiée p. 54, dans un numéro spécial du Figaro sur la guerre de Troie, de
septembre 2018.
La trouvaille de Gela avec ses lingots en forme de serpents ou de bâtonnets qu’on peut admirer
sur Internet (lingot, italien ligotto , espagnol lingote, vient probablement de Store Dignum , lignum,
lingo, tandis que l’allemand stange s’explique
par St (ore li)°gnum) , ainsi que les
lingots de cuivre de la trouvaille de Kast près d’Antalya en Turquie , pourraient
être de l’orichalque . La présence
simultanée de lingots d’étain laisse penser que l’orichalque était, comme l‘assure
Pline, un très bon minerai pour la fusion, mais il fallait y ajouter de l’étain quand même.
A propos de son
lien avec l’or, aurum en latin , je
cite l’article du Gaffiot : au lieu
de orichalcum (grec oreichalkos), «on trouve aurichalcum dans Plaute et dans Pline, 34,2,
94. « P. -Fest., 9, rapporte
la double étymologie latin aurum et grec oros
, montagne. Char. , 34,20 et Dio. 328, 13 ; 550,24 distinguent les deux
mots auri- et ori-,
comme représentant deux choses
différentes, cf.Gloss,aurochalcum 434, 48. »
aurichalcum et orichalcum
sont deux orthographes pour le même
minerai, connu sous le nom de ore,
minerai en anglais , cuivre en basque
et qui vient , par métathèse, de (St)avro
-dignum, aux Feroè , de dhserkwigh°n , le
serpent , euskaledun en basque, cf.
latin anguis, Anchîsêus , Achilleus , Dracôn
, Laocoon , Sa (n)guin- en Espagne et en Corse dans Sagone, Sanguinaires. .
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