Version corrigée le 17 juin 2021:
Gergovie aux Côtes de Clermont
Madame
Virginia Brown a recensé 284 manuscrits
pour le livre VII ; madame Colette Doco-Rochegude en a dépouillé 140 en 20
ans.
Au
pays des Arvernes
1 Avernis, la Croix-Verny, Montrognon et Gorgobina
D’où vient le nom des Arvernes ou Avernes et que signifie-t-il ? Il vient de gargerna, de gorgobina, de l’ibère gorgo,
fort, puissant,grand cf. Latin gorgo,
et de dweina, redoutable, grec deinos, terrible). On le retrouve dans
le nom de la ville d’Arvernis (ablatif pluriel -locatif)
connue par ses monnayages, aujourd’hui à la Croix-Verny. .Avernis, chistianisé, est devenu saint
Verny, patron des vignerons, dans la Croix-Verny
(commune de Ceyrat). Il est intéressant de remarquer qu’une fête
en l’honneur du saint averne, dont la statue porte une serpe pour couper les
raisins comme les druides une serpe d’or afin de cueillir le gui , a lieu la nuit de la pleine lune du mois de
mai. Or, c’est à la fin mai 52 que César a été contraint de lever le siège de Gergovie, vaincu par Vercingetorix. Il existe un saint Vincent
qui est aussi patron des vignerons, fête le 22 janvier.
Avernis se trouvait dans la commune de Ceyrat , sur la hauteur du Montrognon, qui domine , de ses 699 mètres la Limagne. La population d’Avernis a suivi
le déplacement des populations dans la plaine où la ville est de nos jours
installée à Ceyrat, dès lors que la paix romaine rendait inutile la protection
des hauteurs.
Montrognon est cité par des chartes du XIIe siècle
contenant des indications qu’il faut élucider, si difficiles que cela soit, et non passer sous silence et déclarer fausses comme cela a été fait parce qu’on ne comprenait pas la localisation
que ces chartes faisaient de
Gergovie. La Gallia Christiana doit être consultée dans l’édition de 1720
(volume des Abbayes, p. 45), en tout cas avant 1770, date où le négationnisme a
amené les éditeurs , à cause de Gergovie, à supprimer les chartes qui nous
intéressent comme partiellement inventées. La charte en ce qui concerne
Gergovie est pourtant confirmée par deux
bulles pontificales, l’une du pape Alexandre III en 1174, l’autre de Clément
III en 1188 et par deux transactions de
l’abbaye et Clermont de 1190 et 1193. In Sauzeto, in Jussaco, …, in Fontvestigio , etc Nec amplius solvent
tributum nostro castro de monte Rugoso
sive de Montrognon, ratione arcis
quam eis etiam etc. … », C’est-à-dire
« Moi , comte Guillaume, je
donne à l’abbaye de Saint André de Clermont et à ses ayant droit tous
mes biens à Sauzet
( Saulzet-le-Froid près de
Clermont ?), à Jussat (commune de Chanonat), …, à Fontfreyde (Fontvestigium , trace de source, par étymologie populaire, en réalité Fons frigidum, source froide )(commune de Saint-Genès-Champanelle près
de Clermont) etc. Et ils n’auront plus à payer de tribut pour notre fortin de Mont Rugosus , ou de Montrognon en raison de la citadelle que nous leur
avons donnée et dont nous leur confirmons le don , …à Avernis ». Mons Rugosus
est une étymologie populaire de Montrognon, le mont plissé, alors qu’en réalité ce toponyme vient
de mont trognon, mont en forme de
tronc ébranché, dérivé nominal du verbe estrongner
de la fin du XVIe siècle, élaguer, avec
influence du gaulois trugna, trogne au sens dialectal de
souche), ou de Montrognon. »
S’agit-il ici de la ferme
Gergoye, près du mont de Merdogne comme
Napoléon III l’a compris, ou bien de Gerzat
au pied du puy de Var? On remarque l’expression : « ceux qui ne sont pas sans quelque
connaissance des lieux » car le nom de Gergovia pour Gerzat devait être désuet. De plus, Gergoya est probablement une mauvaise
lecture (intentionnelle ?) pour Gergovia,
le vi ressemblant à un y. Il faudrait pouvoir consulter le
manuscrit. Gergoye est d’ailleurs également cité
dans une introduction en latin de la Gallia
Christiana, œuvre sans doute du même érudit que la charte de 1149, consacrée à « ce Clermont (Ferrand,) voisin de la cité des Arvernes , Gergovie [les
Côtes de Clermont], « située sur un
mont très haut qui avait tous ses chemins d’accès difficiles »
2) Nemossos , la capitale des
Arvernes : Tremouteix au pied de Clermont
Les villes de Nîmes, Nemours, Limours tirent leur nom
d’une divinité gauloise, Nemossos. Elle donna aussi son nom à la capitale des
Arvernes, Nemossos, et se retrouve
aujourd’hui au pied de Clermont-Ferrand
(anciennement Augusto nemetum) dans
le nom de Tremonteix, à prononcer
montess (de trans, au-delà de ,et de nemossès ,avec métathèse monetossès,
montèss. Clermont, qui a succédé à Nemossos
et à Tremonteix , puis à Augustonemetum, doit son nom à Tremonteix, car il signifie :
l’illustre mont(èss) ou l’illustre Nemessos (clarum nemesson) .
Le toponyme des Côtes
de Clermont est tardif, postérieur
au nom de Clermont (-Ferrand) et il signifie les flancs, les côtés de Clermont.
3) Gergovia -Gerzat ou
« Gergoya »
Depuis Decetia (Decize), chez les
Eduens César est arrivé par la voie gauloise de la rive gauche de l’Allier
jusqu’à Gerzat, doublée ensuite par
une voie romaine, la via Claudia, jusqu’à Bibracte chez les Eduens. :
« César reconnut la position de la ville (urbis), qui était établie sur une montagne très élevée (« altissimo monte », dont tous les
abords étaient difficiles (« omnes aditus difficiles »).
Le mot Gergobina ou
Gergovia au sens de puissant et
redoutable, a donné de nombreuses Gergovie,
par exemple celle du domaine de Gergovia
aux environs de Marlemont dans les Ardennes, ou celle du canton d’Argovie en Suisse , Segovie en Espagne (d’une labio-vélaire à explosion sifflante, gsegovie)., Mais ailleurs il peut être
méconnaissable, comme dans celui de
Gerzat., la cité des Avernes,
mentionnée en 958 sous la forme occitane Gergia, au XIII e siècle sous la forme Goregau, en 1268 sous la forme Goregen
(de Gorgobina), au XIV e siècle
sous la forme Gersat latinisé dans
le procès des Templiers en Gerziaci,
enfin Gerzat. Son terroir s’étend jusqu’au flanc est du Puy de Var et du
plateau des Côtes et de nombreux cultivateurs
de Gerzat possèdent des terres sur le plateau voisin. .Paul Eychart a
intitulé son dernier livre (2003) de façon provocante César est entré dans Gergovie, Le mystère éclairci, car il
interprète la phrase de César : « Cesar Gergoviam …pervenit », où il n’y a pas la préposition ad devant Gergoviam , ad marquant
la direction sans pénétration, comme « César entra dans cette Gergovie du
pied des Côtes de Clermont »., au-dessous des côtes, savoir pour moi Gerzat. Eckart songe à Tremonteix.
Mais reprenons le texte de la charte
de 1149 : « In Sauzeto, in
Jussaco, in Gergovia, in Fontvestigio , etc Nec amplius solvent tributum
nostro castro de monte Rugoso sive de Montrognon, ratione arcis quam eis etiam
dedimus et damst in Gergovia et in circuitu ipsius et in monte sive podio qui
est supra, usque et comprehendo veterem masuram antiquam Gergoviae »
« Moi comte Guillaume, je donne à l’abbaye de Saint André de Clermont
et à ses ayant droit tous mes biens « à
Sauzet –le-Froid, à Jussat (près de Chanonat), à Gergovie , à Fontfreyde
(de fontem frigidum, commune de
Saint-Genès-Champanelle), etc. , … à
Gergovie, et dans les alentours de
Gergovie, et dans le mont ou puy qui
est au-dessus de Gergovie, jusques et y compris une ancienne demeure de
l’antique Gergovie (est-ce le clos de Gearghault,cité par une charte de
1614 ?) . » Certains auteurs ont été embarrassés pour
localiser cette Gergovie dominée par un puy, alors qu’il s’agit, selon moi de
Gerzat, dominée par le puy de Var et ils
ont suspecté l’authenticité de la charte. S’agit-il ici de la ferme Gergoye,
près du mont de Merdogne comme Napoléon
III l’a compris, ou bien de Gerzat au
pied du puy de Var?.
Gergoye est
également cité dans une introduction en latin de la Gallia Christiana, œuvre sans doute du
même érudit que la charte de 1149 et
consacrée à « ce Clermont
(Ferrand,) voisin de la cité des Arvernes , Gergovie [Gerzat et les Côtes de Clermont], « située sur un mont très haut qui
avait tous ses chemins d’accès difficiles » , cité qui est située non loin d’Avernis ( Mont Rognon) et qui retient encore son ancien nom auprès
de tous ceux qui ne sont pas sans quelque connaissance des lieux, car un
certain mont (la montagne de
Gergovie de 625 mètres aux Côtes de Clermont) distant de quelques stades de la ville (de Clermont-Ferrand) est appelé Gergoya (c’est probablement
une mauvaise lecture pour Gergovia, le vi ressemblant à un y) où
restent des ruines et de vieux monuments de la ville (de Gergovie). » On remarque l’expression : « ceux qui ne sont pas sans quelque
connaissance des lieux » car si le nom de Gergoya pour Gerzat devait
être désuet, le nom de Gerzat pour le puy devait l’être encore plus.
Cette
charte de 1149 est confirmée en ce qui concerne Gergovie par deux bulles
pontificales, l’une du pape Alexandre III en 1174, l’autre de Clément III en
1188 et par deux transactions entre l’abbaye et Clermont de 1190 et 1193.
Le lieu de Gergovia –Gerzat est encore
désigné sous le même nom dans un titre de 1189. Mais on a mal compris toutes ces chartes en
localisant Gergovia à Montrognon ou comme Simeoni à Merdogne.
Ainsi Ph .Lebas, 1842, dans France, Dictionnaire encyclopédique,
tome VII) peut-il écrire : «Les lettres de fondation de l’abbaye de Saint
- André de Clermont datant de l’an 1149 et imprimées dans la Gallia Christiana font mention de la
montagne de Gergovia comme dépendant
du château de Montrognon (commune de Ceyrat),
et à cette époque les ruines d’une antique cité gauloise y subsistaient encore,
car il en est fait mention dans ces lettres.» Il a rattaché à Montrognon ce qui
doit se rattacher à Gergovie et cela a
amené certains partisans de Gergovie localisée à Gergoye-Merdogne à suspecter
l’authenticité de cette charte et de celles qui la confirmaient. De, même, J.
B. Bourguignon d’Anville, le célèbre
fondateur de la géographie, écrit en
1735 : « Les ruines (de Gergovie-Ceyrat ) se voient près du
château de Montrognon, entre Perignat, Jussat et le Crest. » Gergovie
(Ceyrat) près de Montrognon , Gergovie-Gerzat et Gergoye près de Merdogne ne doivent pas être
confondues.
3Une autre Gergoïe , Merdogne et
Chanturgue
Le nom de la ferme de Gergoye près du puy de gouille au sens d’eaux dormantes où
Napoléon III a voulu situer Gergovie, il semble, en tout cas, provenir, non de Gergovia, mais du francique gullja signifiant mare et donnant goille en ancien français,patois gouille
au sens d’eaux dormantes, avec attraction sémantique de mare et de margouiller,
aujourd’hui magouiller et margouillat (lézard), salir, être plein de boue, cf . Le latin mergulus, oiseau appelé plongeon. Le nom
de Gergoye est bien celui d’une ferme : Napoléon III, par décret,
a baptisé Gergovie-Merdogne le
village de Merdogne dans la commune de
La Roche Blanche et on dit de nos jours
le village de Gergovie pour le village de Merdogne, nom qui
désignait d’abord le puy de Merdogne, 744 mètres d’altitude, .Le seigneur du
lieu s’appelait le seigneur de Merdogne.
Le nom de Merdogne
vient de l’adjectif latin merdulea , (mare )souillée d’excréments
d’animaux (merda), comme en
témoignent des noms de lieux
proches : Mardou, Mardis, etc.
Chanturgue vient du mot gaulois désignant un causse, et Cadurcium en est un doublet. Les causses sont peuplés de taillis. Or,
selon Polyen, « à gauche (du
grand camp de César, dans la plaine de Montferand) , il y avait des taillis bas et épais (c’est donc le causse de Chanturgue le bien nommé) qui joignaient la colline sur laquelle il
y avait une garnison (gauloise); à droite
c’était un précipice où il n’ y avait qu’un petit sentier que les
Gaulois gardaient avec beaucoup de soin et de troupes (le col du puy de Var
menant à l’oppidum de Gergovie) »Il s’agit de la prise de la colline de
Chanturgue ;
L’impossible
localisation de Gergovie et la découverte en 1937 de la véritable
Gergovie par le professeur Maurice Busset
A la fin du XVIII e siècle,
l’Encyclopédie de Diderot
affirmait qu’on ignorait absolument où
se trouvaient aussi bien Gergovia
que Gorgobina. Donc, deux millénaires
après la bataille, aucune recherche sérieuse n’avait été faite. Pourtant,
depuis Simeoni (1569), nombreuses furent les polémiques.
Historique de la découverte de l’oppidum
des Côtes de Clermont.
« Comment n’être pas
scandalisé de voir les camps promenés d’emplacement en emplacement, au plateau
de la Serre d’Orcet, à la roche Blanche, à gondole, au Crest, au Montrognon, à
la vallée de l’Auzon, au puy de Monton, à Chanonat, au puy de Jussat, au puy de
Chégnat, à la butte d’Orcet, au massif d’Auzelles, etc. ? » ,
s’indignait Pierre de Nolhac en 1937.
C’est dans L’Illustration du
25 février 1933, n°4995, que sonne comme un coup de cymbale, la photographie en
première page des grands murs à contreforts de Gergovie , dont on s’étonne que
personne ou presque ne les ait remarqués et n’ait fait le rapprochement.
Certes, il y eut diverses et timides observations, comme celles de
l’archéologue Bouyet en1840. Maisil faut
attendre cette date de 1937et le beau
livre de Maurice Busset , Gergovie,
capitale des Gaules et l’oppidum du plateau des Côtes pour que commence
véritablement une franche contestation du site de la commune de La Roche Blanche (Merdogne-Gergovie), la thèse officielle depuis Napoléon III. En 1970, Paul Eychart participe avec d’autres archéologues à
l’identification officielle du camp romain de Chanturgue et son livre Chanturgue,
camp de César devant Gergovie, marque une date importante en 1975.Citons
encore de Paul Eckart son livre le plus
récent, César est entré à Gergovie…, le
mystère éclairci (2003) L’hypothèse traditionnelle (Mérimée , qui se montre sceptique et poli dans Notes d’un voyage en Auvergne (1838), Napoléon III , Camille Jullian, dans son Histoire de la Gaule, 7 volumes,
1920, qui se montre très ferme, etc.)
qui place Gergovie sur le plateau dit de
Gergovie, près de La Roche Blanche, a gardé ses partisans. . Mais, comme les légionnaires de
César devant Gergovie n’ont pas entendu sonner le rappel, de nouvelles
hypothèses voient le jour, comme celle de l’oppidum de Corent qui a été émise par
Jean Baruch en 2010 après que des fouilles archéologiques eurent été
faites sur cet oppidum (Gergovie : fin du mystère).
Les arguments contre la localisation
traditionnelle à la Roche Blanche :
1) l’absence de ville, urbs,
le mot urbs désignant
une ville avec enceinte (c’est l’élément déterminant pour
l’appellation). « Une ville gauloise , s’interroge Mérimée, a –t-elle réellement existé sur le plateau de Gergovie,
et quels en sont les vestiges ? … Nulle part je n’ai observé de pierres
taillées, quadrati lapides, telles
que celles qui, d’après César, devaient former le mur construit en avant de la
ville et sur la pente même de la montagne. Je n’ai pu trouver non plus de
petites pierres de parement. »
2) l’absence d’eau. « Il
n’y a pas de sources sur le plateau de Gergovie, remarque Mérimée, et, pour avoir de l’eau, il faut aller en
puiser à l’Auzon, soit au Sud, soit au Sud- Est. De là l’importance de cette
rivière dans les opérations du siège. »
3.) la vallée assez
grande, « satis magna » qui empêche les légionnaires d’entendre la
sonnerie de la retraite , vallée inexistante.
4) l’existence du lac de
Sarlièves et les marécages qui l’entouraient jusqu’au XVIIe siècle, existence
qui n’est pas signalée par César. Pourtant, Jullian place le grand camp de
César entre le ruisseau d’Orcet, l’ancien lac de Sarlièves, l’étroit passage de Pérignat entre le lac et la Roche
Blanche, et la route actuelle de Paris à Perpignan, Il est vrai que d’autres, comme Bouillet et
Mathieu, le situent à Gondole, sur
l’Allier, où il y a un oppidum ou, comme de Lacombe, au puy d’Aubière.
D’autres encore, comme Vial et Fischer, situent ce camp sur le mont de
Crest, tandis que Passumot le situe sur la rive sud l’Auzon
5) César dit de ce qu’on estime être la Roche
Blanche qu’elle est escarpée « de tous
les côtés », circumcisus ex omni parte. Maiss
La Roche Blanche ne l’est aucunement partout et elle a un accès
relativement facile par le col des
Goules à l’ouest et c’est le seul accès facile.. C ésar en VII, 36, écrit
clairement : « Omnes aditus
difficiles habebat », qui doit se traduire par : « la citadelle
comportait tous les accès que comportait de la citadelle étaient difficiles . »,
ce qui pousse en faveur des Côtes de Clermont qui ne présentent aucun accès
facile. Madame Colette Doco-Rochegude
l’a bien montré dans un article
intitulé Les accès de Gergovie
paru dans Pro castris de l’Institut
Vitruve , n°6, 2001.
6) l’absence de terrain plat
pour la cavalerie.Mérimée remarque : « Il devait y avoir aux environs
un terrain propre aux manoeuvres de la cavalerie ; car les cavaliers des
deux armées engagèrent, les premiers
jours, une suite d’escarmouches sans résultat. Or, si l’on se rappelle que le
plateau du Crest fait face à la partie sud de la montagne de Gergovie, où la
pente est la moins raide, cette position paraîtra la plus probable pour le camp
de César. Les combats de cavalerie devaient avoir lieu dans la vallée de
l’Auzon, et cette rivière étant facilement guéable, les Romains pouvaient
pousser leurs courses dans la partie de la Limagne à l’est de Gergovie. »
Les raisons qui compliquaient le
problème
Mérimée a exprimé ses doutes :
« Plusieurs circonstances me semblent encore bien extraordinaires, et sans
parler de la course de douze cent pas que firent, en montant une pente rapide,
des soldats pesamment armés, la présence d’une cavalerie sur ces escarpements
est un sujet d’étonnement et d’incrédulité pour nos militaires. Ce fut la
cavalerie gauloise qui, d’abord, attaqua les Romains ; praemissis equitibus, dit César. Le roi
agenais des Nitiobroges, Teutomatus ,
s’enfuit à cheval de son camp situé dans
la ville. Peu de nos écuyers, je crois, voudraient galoper sur les versants de
« Gergovie ». » Quelles sont les raisons qui ont ainsi
compliqué le problème de Gergovie ?
1 D’abord, c’est
l’incertitude des manuscrits, fort mauvais en ce qui concerne Gergovie, par
exemple en VII, 45, eodem luce ne
veut rien dire ; il faut corriger et mettre eodem jugo.
En VII, 47, 1, continuo, qui signifie immédiatement ou par conséquent, n’a pas grand
sens, il faut le corriger comme le voulait Heller en nactus clivum, au début de la pente. Les partisans de la Roche
Blanche comme d’ailleurs ceux des côtes de Clermont n’ont pas hésité à corriger le texte des manuscrits (livre VII, 36) pour le mettre en accord avec
le terrain, ils ont rectifié duodeni, chacun douze (les deux fossés
creusés par César de 12 pieds
chacun de profondeur) en seni, chacun six, ce qui correspondrait
aux deux fossés de 6 pieds de profondeur
qui auraient été découverts par Auguste
Stoffel, le fouilleur de Napoléon III, et qui ont été découverts par
Eychart. Pourquoi un double fossé, une caponnière en langage militaire, et si
profond ? Surtout que César précise avec singuli, qui signifie un par
un , que les soldats devaient ne circuler dans le fossé qu’un par un, singuli , et ainsi étaient à l’abri
d’attaque imprévue de l’ennemi ?Je propose de corriger le texte en supprimant duplex et en mettant sex pedum
(1 m80, 6 pieds) au lieu de duodenum.
De même, , au livre VII, 36,la vulgate prohibituri doit être
rectifiée en prohibitum iri, infinitif
futur passif , bonne leçon que Madame
Doco- Rochegude trouve justement dans le manuscrit Mantoue 633 : si les
nôtres occupaient la colline en face de la ville , ils semblaient devoir interdire à l’ennemi l’accès à l’eau et au fourrage ; »
Signalons enfin, avec C.
Doco-Rochegude,(Les femmes de Gergovie,
« Chronique de l’oppidum », n°103, ASCOT, janvier 2017 ;
VII , 47,48 et 52) de très mauvaises traductions : alors que les
soldats ont cédé aux tentations des
gergoviennes et perdu leur combativité, obligeant César à sonner la retraite, « le
lendemain, devant l’assemblée des centurions et des tribuns militaires, César
blâme la témérité et la frénésie des
soldats, leur suffisance et ,leur désobéissance .Et il conclut sur les
qualités qu‘il attend du soldat romain : courage, modestie, sens du
sacrifice et aussi la vertu qu’il appelle continentia .Ce
mot a gêné quelques copistes médiévaux […] et aussi nos traducteurs qui, au nom d’une sotte pudeur, l’ont
édulcoré et traduit diversement par retenue,
sang-froid, discipline , réserve, obéissance… immodestie Pourtant la continentia
a surtout pour objet de réprimer les passions sexuelles Disons tout
net , conclut l’auteur, que le soldat romain en campagne doit maîtriser
ses pulsions sexuelles et rester de marbre devant les gourgandines
étrangères. La retraite de César devant Gergovie fut la seule défaite de toute sa carrière militaire. Le bilan du côté
romain : 46 centurions et 700 légionnaires. Et il est manifeste que
les femmes de Gergovie y ont contribué à
leur manière. »
2) Le soupçon sur l’honnêteté
des fouilles faites par Napoléon III à
Alesia et sur Stoffel a pesé lourd.
Tableau de quelques localisations
Mérimée et Jullian
Baruch
Oppidum Puy de Merdogne Corent
Grand camp de César
Crest
Martres-de-Veyre
Petit camp de César
La Roche Blanche Puy de Marmand,
versant est
Eckart
Oppidum Côtes de Clermont
Grand camp de César
Montferrand (plaine)
Petit camp de César les causses de Chanturgue (où dès
1937 Busset signalait un camp gaulois),
première colline
Puy de
Var (où dès 1937 Busset signalait un camp gaulois), deuxième colline
Colline de la Mouchette et plaine de
la Mouchette (le Maupas, vallon
du mauvais passage pour les Romains), colline intermédiaire entre Chanturgue et
l’oppidum.
Le temple de Teutatès (Mercure).
Un historien ancien de la
ville de Clermont-Ferrand, Savaron, disait qu’il existait un temple de Mars,
dieu de la guerre, sur les Côtes de Clermont. Un ruisseau du voisinage, le Toth, nous donne son nom gaulois, Teutatès, assimilé par César à Mercure,
mais qui a de nombreux traits de Mars.
La réfection gallo-romaine date de -22 , mais
elle a laissé intact le mur précédent. , P ;66 En effet, Paul
Eychart dans César est entré dans
Gergovie indique, p ;66, un
fait capital à propos de ce temple : « durant les fouilles sont
apparus des murs rustiques à pierres sèches dont l’un était plaqué contre le
mur gallo-romain du péristyle, l’un doublant l’autre. »Or, il existe une
construction comparable dans l’Ain à Izernore. Jacques Maissiat, Jules césar en Gaule, vol. 3,
p.232, au terme de sa description de cet
édifice d’environ 20mètres de largeur et 23 mètres de longueur,conclut :
« 1) que, à la place
même où l’on voit aujourd’hui les ruines du monument d’Izernore et avant que ce
monument à colonnes y ait été élevé, il
en avait déjà précédemment été érigé un
autre, d’une même forme générale, de mêmes proportions horizontales, mais
de dimensions un peu moindres ;
2) que celui-ci, monument primitif, construit simplement
avec de petits matériaux et du ciment, présentaitàl’extérieur, au moins jusqu’à
la hauteur où l’on voyait la peinture primitive, des parois bien unies et
peintes en rouge vif. »Ainsi les
Gallo-Romains ont profité de l’existence antérieure d’un temple gaulois dédié à Mars
Rudiobus (couleur rouge à l’extérieur des parois) pour bâtir un temple gallo-romain qui lui servait de
cadre et le consolidait le temple ancien. Plusieurs figures animales du temple
de Teuthatès des Côtes de Clermont méritent des explications , car elles
symbolisent des constellations.
Les constellations gauloises
Le cheval ou plutôt la jument
Epona-Pégase
On connaît le petit cheval de
bronze de Neuvy-en-Sullias près d’orléans dans le Loiret qui porte une
inscription dédiée à (Mars ) Rudiobus (rouge) .En
territoire averne, on a trouvé sur une monnaie de Brienos un cheval entouré
d’un petit temple, car il est l’animal de la guerre par excellence, surtout si
on évoque les chars et les figurations de Pégase sur les pièces de monnaie.
La Grande Ourse et les oursons
Nous avons une inscription à
Beaucroissant en Isère dédiée à Mercurius Artaios,Mercure gaulois (dieu
de la guerre également) à l’ours, ainsi que la belle statue de bronze de Muri
représentant une femme, la déesse Artio,
en face de qui s’avance un ours , artos
en gaulois, ours et arta, ourse. Il y
avait 3 noms pour l’ours :
1) le plus connu, l’ours en général, gaulois artos , irlandais,art
, vieux-slave uxô,
sanskrit riksa-, avestique aresa,
arménien arj,grec arktos,
latin ursus, radical
indo-européen rkso;
2) l’ourson de plus de trois ans, celtique matu ; l’épithète du Mars gaulois, matunus,
qui a, la force d’un ours, qualifie comme
ici un puissant dieu de la
guerre ;
3 ) l’ourson jusqu’à trois
ans , aveugle, édenté et informe à la
naissance (l’expression « ours mal léché » provient de cette croyance
que la mère devait lécher son petit pour lui donner forme) ,mathonwy ,, mathghamhan ou
mathmhamna qui avec le préfixe mac devait donner Mac Mahon, On peut
l’interpréter le kymrique math vab
mathonwy, ours fils d’un ourson à peine né comme ourson formé à partir
d’un ourson informe.
Le chien
Sur le monument de
Mavilly-Mandelot en Côte d’Or, le chien est attribué à Mars. Mais la
constellation du Chien ( Canis major) indiquait
pour les indo-européens le début de l’ancienne année de dix mois, le 21
mars, l’équinoxe de printemps. Le chien
d’Orion s’appelle Sirius,la canicule ou petit chien et c’est aussi une
constellation et signifie le soleil (sanskrit Suriah) ;
Le lièvre, latin Lepus, grec Lagôs
(constellation)
Le lièvre est plus difficile car il nous faut remonter
aux indo-européens ou plutôt aux Ibères
pour comprendre son intervention. Il faut d’abord rappeler l’interdiction
de manger du lièvre chez les peuples d’origine celtique ou ibère, aussi bien
les Anglais que les Australiens et même jadis les Corses de Vezzani, d’origine
liguro- ibère. Le lièvre, réputé de couleur jaune, rappelle le soleil. Son nom
signifie (celui qui a l)’oreille dévorée (par le Chien lévrier démoniaque (analogue à l’infortuné galga espagnol, de gal, nom du lièvre criard, cf latin glis, et de ga,
de laghwa, déchireur, ou au levrier canarien).Oreille se dit en grec ousos, en latin auris
(de ausos) et arracher en grec laphussô (cf grec laptô), en arménien lup’el,
d’un radical laghw , arracher avec
les dents : avec ôs , oreille on retrouve ce verbe dans
le grec lagôs, le latin lepus,celui qui a l’oreille arrachée
(par le Chien de la constellation).
Tilak, dans Orion ou recherches sur l’antiquité des Védas,
p. 181 sqq., cite un hymne du Rig
Veda : « O Indra ! Comme tu protèges ton favori (Mriga, correspondant au lièvre celtique
ou plutôt à un ochotonidae du type du
lièvre siffleur ou criard ou encore du pika, mriga étant la métathèse,
-gari, - du sanskrit girih, cf latin glis, gliris), grec galeè,
lièvre, loir, chat, belette familière) ! Laisse le chien ,lui qui , dans
sa gloutonnerie, est toujours à le pourchasser ,le mordre à l’oreille Je lui couperai la tête afin qu’un être malfaisant ne puisse jouir de son
plaisir.» et Tilak continue : « Les trois étoiles de la
tête d’Orion dans la constellation d’Orion évoquent une tête
d’animal,car les deux étoiles des genoux d’Orion nous donnent les quatre pattes
de l’animal (lièvre pour nous, antilope ou autres pour d’autres), dont on
pourra admettre que la tête correspond aux trois étoiles de la tête
d’Orion….J’ai montré comment on devait trouver l’image de la tête de Mriga dans
le ciel. En prenant les trois étoiles de
la Ceinture d’Orion pour faire le sommet de la tête, le Chien est tout près de
l’oreille droite de Mriga et l’on peut admettre qu’il va la mordre. »
Le lieu d’incinération des Romains.
César dut enterrer ou
incinérer ses 700 morts et ses 46 officiers.
Pour les officiers, il a certainement pratiqué l’incinération. Or, Paul
Eychart, dans César est entré dans Gergovie, p 50, nous apprend que
« sous-jacente au gallo-romain de « Var 2 » s’étendait en direction de laplaine un lit de
cendres qui fut suivi sur 200 mètres dans une tranchée EDF.Pour les hommes de
troupe, plutôt que de creuser une énorme
fosse commune, il a pu utiliser les fosses déjà creusées, en particulier les deux tranchées menant du
grand camp au petit camp.
Les fossés
Selon Eychart, p. 80, on peut
voir sur le flanc est de Chanturgue deux
fossés de 4 mètres(6 pieds environ)
de largeur environ, l’un sur la partie sud, l’autre sur la partie nord.
« Leur tracé est rare, écrit Eychart, sans exemple dans la région et à
l’image des tranchées militaires d’approche, en zigzag comme l’est celui de la
liaison des deux camps du blocus de Massada en Palestine. » Le texte de
César porte : « deux fossés de chacun douze (duodeni) pieds de largeur (plus de 7 mètres au total) et de quatre pieds (1mètre 20 de profondeur) chacun
de profondeur ».Il faut le corriger en seni,
6 pieds chacun, comme dans l’hypothèse de la Roche Blanche. Il est vrai que la
profondeur semble suffisante pour dissimuler les légionnaires, surtout si
ceux-ci se courbent et dissimulent leurs
casques. .
La vallée
« satis magna »,
assez grand, qui empêcha les légionnaires de César d’entendre le signal de la
retraite.
Pour Eychart, il s’agit de la plaine de la Mouchette appelée encore
appelée le Maupas(le vallon du
mauvais passage pour les Romains) ou du Cheval mort, la Mouchette étant une
colline intermédiaire entre Chanturgue et l’oppidum.
Le scénario de la bataille aux Côtes de
Clermont.
L’oppidum de Vercingetorix (300 hectares, 645 mètres d’altitude)
Le fait incontestable est que
ces magnifiques remparts qui avaient résisté au blocus par la faim organisé par
les Cimbres et les Teutons et qui avaient vu le roi arverne Bituit dans sa
gloire, puis Vercingetorix et César, démontrent l’existence de ce qui ne peut être
qu’une très vaste place- forte gauloise. Quand on ajoute les noms de Gerzat et
celui de Gergovia ou Gergoya attesté par une charte de 1149 pour le puy des
Côtes de Clermont de 645 mètres d’altitude et sans autre nom connu, le doute
n’est pas permis.
Vercingetorix , qui campait sur la montagne
même, in monte, avait autour de lui, à de faibles distances, les
troupes de chaque peuple qui, couvraient toutes les collines de cette chaîne de
collines et de puys (omnibus ejus jugi collibus) et offraient de toutes
parts un aspect effrayant Il avait installé son camp sur les terrasses entre
deux murs qui s’étageaient en contrebas de la ville.
Il y a 5 chemins qui mènent à l’oppidum
Le grand camp de César dans la plaine de
Montferrand
Dion
Cassius nous dit que le grand camp de César
était situé dans une plaine
Le petit camp de César, Chanturgue , la conquête nocturne du camp gaulois de Chanturgue.
César écrit ,
P 152: « Il y avait en face de (e regione) de l’oppidum
gaulois du puy de Gergovie aux Côtes) une colline (collis, grec lophos, Chanturgue)
qui se trouvait au pied même de cette montagne (montis, le puy des Côtes de Clermont), colline remarquablement fortifiée et de toutes parts escarpée ; en cas
d’occupation par nous, nous priverions
l’ennemi de la plus grande partie de son approvisionnement en eau et en
fourrage ; mais elle avait une garnison qui était loin d’être faible.
César dans le silence de la nuit sort de son camp, s’empare du poste dont il
culbute la garde avant que de la ville
on puisse lui envoyer des secours, y met
deux légions, et tire du grand au petit camp deux fossés de chacun douze (duodeni) pieds de largeur (plus de 7 mètres au total) (texte
incertain, corrigé en seni, six pieds)
et de quatre pieds (1mètre 20 de
profondeur) chacun de profondeur »
Le Grec Dion
Cassius (155-235) écrit dans son Romaïkè
Historia (livre 40, 32) : « La citadelle, placée sur une éminence
fortifiée par la nature, était entourée
de solides remparts. Les barbares avaient occupé avec des forces redoutables
toutes les hauteurs voisines et pouvaient y rester sans danger, ou descendre
dans la plaine, avec la certitude d’avoir presque toujours l’avantage. En
effet, César, n’ayant pu s’établir sur une hauteur, avait son camp en rase
campagne (César dit planities,
surface plane, plaine), et il ne lui
était pas possible de connaître d’avance les projets des ennemis. Ceux-ci, au
contraire, des hauteurs où ils étaient
postés, avaient vue dans son camp…Après avoir attaqué plusieurs fois la montagne (le puy de Gergovie aux
Côtes) sur laquelle la citadelle était
bâtie, César en avait pris et fortifié une partie (en réalité la colline
de Chanturgue), ce qui devait lui permettre d’attaquer plus facilement le reste ;
mais, en définitive, il fut repoussé et
perdit beaucoup de monde. »
Le petit camp de César à Chanturgue est un
camp à entrée défendue par une clavicula et par un titulus
constituant un dispositif à chicane, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de
vantaux aux portes qu’on puise ouvrir ou fermer, mais qu’il faut les obstruer
(verbe obstruere utilisé par César)
avec des mottes de terre et des branchages lorsqu’on craint une attaque.
Le grec Polyen,
dont on raconte qu’il avait visité les
lieux, nous dit dans ses Ta stratègika, La tactique du général (vers
163), VIII, 23, 10 :
« Gergovie était une ville très forte par la bonté de ses murs et par son
assiette avantageuse, étant élevée quant à la crête des retranchements (je lis echôn +adverbe hypsèlôs+accusatif de relation de
kephalè au pluriel),
sans hauteurs au voisinage plus hautes qu’elles. A gauche [ du puy deVar], il y avait des taillis bas et épais (c’est
un causse comme l’indique le nom gaulois de Chanturgue ) qui joignaient la colline (de Chanturgue) sur laquelle il y avait une garnison (gauloise) ; à droite (le
col qui joint à l’oppidum le puy de Var où l’on a trouvé les traces d’un camp
gaulois dès 1937, bordé de précipices)
c’était un précipice où il n’ y avait qu’un petit sentier que les Gaulois
gardaient avec beaucoup de soin et de troupes. César prit les plus dispos
de ses soldats et les plus endurcis à la fatigue, et les envoya, la nuit, dans
les taillis. Il ne leur donna que des javelots très courts et des dagues de peu
de longueur à cause de l’embarras des broussailles et leur ordonna de se couler
doucement dans ces taillis, non pas tout debout, mais couchés et en se traînant
sur les genoux. Au côté gauche de la
colline, ces gens se
traînèrent ainsi jusqu’au point du jour ; au
côté droit, César présenta son armée pour y attirer les Barbares. En effet,
ils s’opposèrent fortement à l’ennemi qu’ils voyaient pendant que ceux que les
Gaulois ne voyaient pas s’emparaient de la hauteur ».
La distance entre Chanturgue et
l’oppidum
César nous parle de 1200 pas
(1798 mètres) entre l’endroit où commençait la montée et les remparts de la
ville. Du côté oriental de Chanturgue, telle est bien la distance jusqu’aux
remparts.
Le puy de Var et son col : les
feintes de César
César voulait détourner
l’attention des Gaulois du point où il comptait les attaquer réellement, à
partir du petit camp. Il fit donc une démonstration vers une colline détachée du puy d e Gergovie
aux Côtes, le puy de Var, et qui était
devenue l’objet de l’inquiétude des Gaulois depuis l’établissement du petit
camp, étant donné le col étroit qui joignait le puy à l’oppidum par un chemin par lequel il y avait accès à
l’autre partie de l’oppidum Le camp vidé d’hommes aperçu du petit
camp par César dorsum esse ejus (il
s’agit de la collem) jugi prope aequum , sed silvestre et angustum, qua
esset aditus ad alteram partem oppidi L’échine
de cette colline (jugi) était
pratiquement plate, mais boisée et étroite, formant le chemin par lequel il y
avait accès à une autre partie de l’oppidum Aussitôt , les Gaulois craignant
beaucoup pour ce point et étant bien
persuadés que si les Romains, déjà maîtres de la colline de Chanturgue, s ‘emparaient
d’une seconde colline, ils seraient pour ainsi dire cernés sans pouvoir ni
sortir ni aller faire du fourrage, se
portèrent en masse sur le point menacé
où ils avaient un camp dont on a retrouvé les traces (plan datant de
1937 de Busset).
César avait en même
temps envoyé, au milieu de la nuit, plusieurs escadrons de
cavalerie, avec ordre de se répandre en tous lieux avec beaucoup de bruit.
Ayant ainsi détourné l’attention des Gaulois sur le puy de Var, César, qui
avait fait passer secrètement la plus grande partie de ses troupes du grand
camp de la plaine de Montferrand dans le petit camp de Chanturgue grâce aux
deux fossés qu’il avait fait creuser dans cette intention, donna tout à coup le
signal de l’assaut.De plus, au point du
jour, il fait sortir du grand camp
beaucoup d’équipages et de mulets qu’on décharge de leurs bagages. Il donne des
casques aux muletiers pour qu’ils aient l’apparence de cavaliers et leur
ordonne de faire le tour des collines. Il fait partir avec eux quelques
cavaliers qui doivent faire semblant d’aller au loin. Il leur assigne à tous un
point de réunion qu’ils gagneront par un long circuit autour de l’oppidum.
«César envoie une légion par (question
qua, le lieu par où l’on passe,
ablatif) la même croupe (celle du puy du
Var) et, quand elle a fait quelque
chemin, il l’arrête et la fait se cacher dans un endroit à basse altitude et boisé. Les soupçons des Gaulois redoublent et ils
font passer toutes leurs troupes de ce côté. César, voyant le camp des ennemis vidé, fait couvrir les insignes,
cacher les enseignes et défiler les soldats du grand camp dans le petit par
pelotons pour qu’on ne les remarque pas de l’oppidum.Il fait monter dans le
même temps les Eduens sur la droite par
un autre chemin. Legionem eodem jugo (correction
de luce qui ne veut rien dire) mittit et paulum progressam inferiore
constituit loco silvisque occultat…. Ab dextra parte alio ascensu eodem tempore
Haeduos mittit.
Le grec Polyen
nous donne une description dont on ne sait si, comme le croyait C .Jullian,
elle se rapporte à la conquête du petit camp de Chanturgue , ou bien si elle se
rapporte, comme il est plus vraisemblable,
à la feinte concernant le ravin du puy de Var : César y a fait manoeuvrer bien en vue une légion pour faire croire aux Gaulois
qu’il veut tenter l’assaut par le col du puy de Var Voici ce qu’il écrit (vers 163), dans ses Ta stratègika , VIII, 23, 10 : « Gergovie était une
ville très forte par la bonté de ses murs et par son assiette avantageuse,
étant élevée quant à la crête des retranchements (je lis echôn +adverbe hypsèlôs+accusatif de relation de
kephalè au pluriel),
sans hauteurs au voisinage plus hautes qu’elles. A gauche [ du col du puy de Var qui joint l’oppidum au
puy de Var où l’on a trouvé les traces d’un camp gaulois dès 1937,], il
y avait des taillis bas et épais (c’est encore un causse comme à
Chanturgue au nom révélateur ) qui
joignaient la colline (de Var ) sur
laquelle il y avait une garnison (gauloise) ; à droite (du col bordé de
précipice qui joint l’oppidum au puy de Var ) c’était un précipice où il n’ y avait qu’un petit sentier que les
Gaulois gardaient avec beaucoup de soin et de troupes. César prit les plus
dispos de ses soldats et les plus endurcis à la fatigue, et les envoya, la
nuit, dans les taillis. Il ne leur donna que des javelots très courts et des
dagues de peu de longueur à cause de l’embarras des broussailles et leur
ordonna de se couler doucement dans ces taillis, non pas tout debout, mais
couchés et en se traînant sur les genoux. Au
côté gauche de la colline,
ces gens se traînèrent ainsi jusqu’au point du jour ; au côté droit, César présenta son armée pour y attirer les Barbares. En
effet, ils s’opposèrent fortement à l’ennemi qu’ils voyaient pendant que ceux
que les Gaulois ne voyaient pas s’emparaient de la hauteur ». Suivons de
près Eychart : pour accéder à l’autre partie de l’oppidum, il faut faire le tour de la chaîne de collines ou jugum. Quant à l’accès au puy de Var, il
est possible non seulement par le col entre le puy du Var et l’oppidum (la
légion), mais encore par les sommets du jugum
à partir de sa dernière colline, qui est aussi la moins élevée : celle
de Cébazat. Après sa marche dans la plaine, la légion s’avancera sur le jugum et s’immobilisera entre deux de
ses sommets devant le col du puy de Var afin d’inquiéter les Gaulois.
La colline intermédiaire, la Mouchette
et le lieu de l’assaut.
«Pour ainsi dire à
mi-hauteur d’une colline (celle de la
Mouchette), longitudinalement et selon la nature de la montagne,
Vercingétorix avait construit un mur de
grandes pierres de six pieds (1m80) qui était destiné à freiner notre
élan » Aux Côtes de Clermont , entre Chanturgue et l’oppidum, s’érige la
colline de la Mouchette sur une sorte d’ isthme ou de col étroit , bordé de
chaque côté par des ravins très en pente sur la gauche et impraticables sur la
droite (à 60%) qui relie les deux hauteurs. Ce passage s’élargit au milieu à la
dimension du flanc de la colline de la Mouchette, vers le bord de l’oppidum. La
colline de la Mouchette est campée à l’endroit ou le col se raccorde au bord de
l’oppidum, p .116 .Au revers de la colline de la Mouchette existe un
vallon dit de Maupas, -celui qui a empêché les légionnaires d’entendre le
signal de la retraite. Les légionnaires sortirent
Le scénario de la seconde attaque selon
Eychart
César opère deux mouvements
de diversion :
1) le premier est confié à
des escadrons qui suivront la base des
collines la nuit, par la plaine, sur la
droite et prendront position sur le revers de la montagne de Gergovie.
2) le second sera composé de
cavaliers et de muletiers déguisés n cavaliers
qui, au petit matin, iront dans la même direction que les précédents et
s’écarteront des collines dans la plaine, pour que les Gaulois postés sur les
hauteurs ne puissent distinguer les mulets des chevaux ; puis, arrivés à l’extrémité du jugum, ils feront le tour et rejoindront
les escadrons (7 kilomètres)
Les deux groupes ont contourné les collines
(« collibus circumveni jubet »)Ces
troupes atteindront l’extrémité de la
chaîne de collines, la contourneront ,
s’engageront dans la vallée du Bédat et se réuniront vers le village de Blanzat..
La légion de l’assaut véritable suivra le
même chemin, mais s’arrêtera en route, progressant par les collines de la
chaîne, mais sans en faire le tour comme les autres troupes.
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