Lapérouse a-t-il découvert les Loyauté en
1788 ?
Bibliographie sommaire mais essentielle :
A) Avertissement
liminaire :
Tout article non orthodoxe,
contraire aux dogmes de Conan, de la
Marine et de la télévision
gouvernementale sur le scénario du naufrage et sur les survivants est interdit
de paraître, même dans les bulletins de
la Société d’études historiques de la Nouvelle-Calédonie qui était le
fer de lance de la recherche sur Lapérouse du temps de feu son président Bernard Brou. Cela donne, par
exemple, sous la plume de Charles Merger pour l’Association Salomon présidée
par A. Conan, dans le bulletin n°179,2e trimestre 1974,p.53 :
« Il est acquis que la Boussole
et l’Astrolabe ont probablement
mouillé dans la baie de Gomen. En effet, le chevalier Robert de Lamanon,
minéralogiste de l’expédition, était mort à Tutuila aux Samoa. Ce
furent donc le père Receveur et l’abbé Mongez qui, ayant des connaissances de la science des minéraux, prélevèrent
des échantillons de dolérite, qui furent déposés à fond de cale dans la Boussole. » Dommage que le père Receveur fût déjà mort
et enterré en Australie, à Botany Bay près de Sydney !! Comme me
l’écrivait un professeur d’histoire, « il n’y a plus d’historien dans le
conseil d’administration de la SEHNC », et le sérieux des articles s’en
ressent .
B) Mes
articles :
« Le graphomètre de
l’île des Pins », in Journal de bord
des membres de l’association Lapérouse Albi-France n°66-Hiver 2015, p.6
« Des nouvelles de M. de Lapérouse ? Une île pour l’Eurélien
Simon Lavo » , p.327-332 , in Cahiers
de la société archéologique d’Eure-et-Loir, cahier 2015,1.Errata :p.328 :1er
paragraphe : il avait noté dans, au lieu de il avait noté ans ; 3e
paragraphe, du nom , au lieu de le
nom ; faille du récif où il est bien invraisemblable que la boussole ait
cherché d’elle-même à entrer, au lieu de faille du récif où coula la Boussole (c’est le bateau de secours qui a coulé là) ; p . 329, au lieu
de à chapeau pointu (pinga), où jean
Guillou, près duquel Jean Guillou ; avant-dernier paragraphe même
page,supprimer original égaré , et au lieu de Selon l’ouvrage signalé par Jean Guillou,
lire En tout cas, l’existence d’un survivant était connue
avant la publication ;
p. 331 : au lieu de par
les indigènes et les trophées, grâce aux indigènes et aux
trophées ; avant- dernière ligne même page, supprimer Aimes après
James ; p .332, au lieu de pidir, pidiri
C) Un article de Jean Guillou
« Sur les pas de Simon Lavo, chirurgien de l’Astrolabe ? Etude et compte rendu d’exploration» p. 163-177 et
compléments, p.497-506 dans Société archéologique d’Eure-et-Loir, Navigateurs d’Eure-et-Loir, 2006.
D) Un livre de Jean Guillou : Lapérouse… et après .
E)mes
blogs sur la biographie du capitaine Morrel par Fairhead , The Captain and « the cannibal » et sur Lapérouse , Coldcase à la française, coldcase28.blogspot.fr/sur
WWW.blogger.com/fr
De Botany Bay aux
Cook et aux Tonga.
Le retour de Lapérouse sur Tonga est surprenant, puisque
Lapérouse , à l’aller, venait d’y
passer. Mais le séjour de Lapérouse dans l’archipel, n’ayant jamais fait
l’objet d’études, demeure obscur, surtout que son journal n’est guère précis pur l’aller. . Ce nouveau passage s’explique,
peut-être, par le massacre de Naouna dans l’archipel des Navigateurs (Samoa)
qui avait occasionné la destruction des chaloupes capable de transporter les
ancres de touée et par conséquent de faire des recherches en toute sécurité sur l’île Saint-Bernard et
sur l’île de la Belle- Nation de Quiros .Les Instructions royales prescrivaient de rechercher l’île de Saint-Bernard, découverte par Quiros le 20 août 1596, savoir Puka-Puka aux îles Cook du Nord
et l’île de la Belle-Nation (Rakahanga
aux îles Cook , découverte le 2 mars
1606, par Quiros). Les Instructions
enjoignent à Lapérouse , p 25, de faire
« route dans le nord-ouest, pour se
mettre en latitude de l’île Saint-Bernard de Quiros, vers 11 degrés » ,
mais sans sortir de certaines limites
géographiques . « Il prendra alors sa route dans le sud-ouest, pour traverser, dans cette direction, la
partie de la mer située au nord de l’archipel des îles des Amis….Il serait à désirer qu’il pût retrouver
l’île de la Belle- Nation de Quiros …et successivement les îles des
Navigateurs (Samoa) de Bougainville, d’où il passerait aux îles des Amis
(Tonga) pour s’y procurer des rafraîchissements. » Or, Lapérouse qui
, à l’aller, n’a pu trouver ni
les îles du Danger de Byron, correspondant aux quatre îles de Saint
Berard, ni celle de la Belle- Nation en
raison des vents, le déplore et il est
tentant de supposer que Lapérouse ait désiré tenter à nouveau de les repérer.
Lapérouse, à partir de
Botany Bay, reprend ainsi la route en sens inverse, passant probablement à
nouveau par Norfolk, où il n’avait
pu mouiller à l’aller, à la différence de Cook,
Lapérouse a-t-il ensuite passé aux îles Cook du nord, à l’île de Saint-Bernard (Puka-Puka) et à
l’île de la Belle Nation (Rakahanga) ? Nous n’en avons aucun témoignage,
mais cela n’a pas été recherché auprès des insulaires. Il fait voile ensuite vers l’archipel des Amis (royaume de
Tonga), passant devant Tonga -Tapu, île à laquelle, dit-il
dans son Journal, il a fait une courte visite. Il n ‘y
parle pas d’Anamouka.
Dumont d’Urville nous donne une description qui se rapporte
peut-être à ce premier passage devant Tonga- Tapu, mais avec confusion de Anamuka et de Tonga-Tapu :(trois
jours la première fois au lieu de dix au second passage grâce aux
chaloupes reconstruites à Botany Bay, sans débarquer) : « deux
autres grands vaisseaux étaient arrivés devant l’île d’Anamouka ou Rotterdam [Tonga
-Tapu en réalité, premier passage ?],
mais n’avaient pas jeté l’ancre et
étaient restés en panne, ayant à terre des canots pour trafiquer. Quand
l’officier qui dirigeait les échanges débarqua [confusion avec le second
passage aux Tonga ?], il traça comme démarcation un carré au milieu duquel
il se tenait, ayant de chaque côté de
lui une sentinelle armée. Cet officier portait des lunettes, et les naturels
lui donnèrent le nom de Louage (ou Laouage , du nom d’un enseigne de l’Astrolabe, [Freton de] Vaujuas
déformé d’abord en laujeoua , puis
loouaj, laouaj). Peu de temps après
que les échanges avaient commencé, M. Laouage
troqua avec un insulaire un couteau contre un oreiller de bois ; mais après que le sauvage eut
reçu le couteau, il s’empara de son oreiller de bois et prenait la fuite, quand
M . Laouage saisit un pistolet qu’il avait à sa ceinture et étendit cet
homme mort sur la place. C’était un jeune chef nommé Coremoyanga. En le voyant
tuer de la sorte, les naturels prirent de l’épouvante et s’enfuirent dans les
bois. M. Laouage et ses gens retournèrent à bord de leurs vaisseaux .Le
lendemain, les insulaires se hasardèrent à pousser au large et les échanges
recommencèrent. Ils reçurent divers présents des européens et tout se passa
d’une manière amicale. Deux hommes de l’île voulurent partir sur les vaisseaux
[Confusion avec le second passage] Les Français mirent à la voile le jour suivant et depuis on
n’en entendit plus parler ».
Nous avons une autre
description se rapportant cette fois au second passage aux Tonga, à Namouka ou Anamouka cette fois (dix jours d’escale et débarquement) :
« Deux grands navires …, avec des canons et beaucoup d’Européens, avaient mouillé à Namouka où ils étaient restés dix jours. Leur pavillon était tout blanc, et non pas semblable à
celui des Anglais. Les étrangers étaient fort bien avec les naturels ; on
leur donna une maison à terre où se faisaient les échanges. Un naturel, qui
avait vendu, moyennant un couteau, un coussinet en bois à un officier, fut tué
par celui-ci d’un coup de fusil pour avoir voulu remporter sa marchandise après
en avoir reçu le prix. Du reste, cela ne troubla point la paix, parce que le
naturel avait tort en cette affaire ; les vaisseaux de Lapérouse furent
désignés par les naturels sous le nom de Louadji ».
Lapérouse embarqua, sur leur demande, deux naturels. On peut supposer qu’ils
désiraient aller à Tonga- Tapu et
que Lapérouse avait décidé de débarquer
dans cette île devant laquelle il était déjà passé en décembre 1787.
« L’interprète…,
me dit aussi que Touitonga …, avait eu en sa possession deux plaques d’étain avec des inscriptions provenant des vaisseaux de
M. Laouage, mais que ces objets ayant été employés au service des dieux avaient
été considérés comme sacrés et inhumés avec Touitonga… » S’agit-il de
deux pièces en bronze avec l’inscription
« Les frégates du roi de France, la Boussole
et l’Astrolabe commandées par MM. de La Pérouse et de Langle,
parties du port de Brest en juin 1785 », ? Il est intéressant de
remarquer qu’elles ont été enterrées avec leur propriétaire, coutume qui explique pourquoi on n’en retrouve guère.
En résumé, Lapérouse passe à nouveau (second passage) par Norfolk, les îles Cook, et
Namuka et Tonga-Tapu aux Tonga.
La première femme blanche à débarquer en Nouvelle-Calédonie : Ann
Smith
Lapérouse avait deux
personnes qui manquaient à bord de l’Astrolabe :
le Père Receveur, mort à Botany Bay , et un matelot qui s’était noyé au cours du
voyage. Ils furent remplacés, non sans hésitation de la part du commandant, par
deux convicts d’origine politique, échappés
du bagne de Port- Jackson à peine installé : ils avaient fait jouer auprès
de Lapérouse leur appartenance au rite
maçonnique écossais Il s’agit du Français Pierre Paris et de sa compagne Ann Smith, d’origine écossaise nièce
de Adam Smith, le célèbre fondateur du libéralisme. Tous deux avaient combattu contre
l’Angleterre pour l’indépendance de l’Amérique .Ils embarquent sur l’Astrolabe avec un uniforme anglais dont
on retrouvera un bouton à Vanikoro :
on repêchera aussi l’os du bassin de
l’infortunée Ann Smith à Vanikoro. Chose
très étonnante, un os de femme repêché à Vanikoro et qui ne peut être qu’un os
d’Ann Smith a été ainsi conservé, en
Australie.
La côte ouest de la Nouvelle-Calédonie, l’île
des Pins, la côte est et la découverte des Loyauté (Maré, puis Lifou) et
Pouébo.
Les Instructions
prescrivaient à Lapérouse :
« En quittant les îles des Amis (Tonga), il viendra se mettre par la latitude
de l’île des Pins, située à la pointe sud –est de la Nouvelle-Calédonie ;
et après l’avoir reconnue, il longera la côte occidentale qui n’a point encore
été visitée ; et il s’assurera si
cette terre n’est qu’une seule île, ou si elle est formée de plusieurs. » Lapérouse,
peut-être à cause du vent, longea d’abord la côte ouest de la Nouvelle-Calédonie du
nord au sud en s’assurant ainsi qu’elle
n’est qu’une seule île. Il arrive au sud de la Nouvelle-Calédonie, mouille
à l’îlot Amere, comme Cook, et reconnaît
l’île des Pins une première fois, puis
reconnaît le sud –ouest de la Nouvelle-Calédonie.
Les graves incidents au cours du second passage à l’île des Pins , le
don d’une médaille en l’ honneur du premier des Bourbons et le vol d’un
graphomètre.
Lapérouse retourne
ensuite à l’île des Pins, où se produit un
incident meurtrier avec les insulaires : nous le connaissons grâce
à Bouquet de la Grye qui, en 1856, avait
déjà recueilli le témoignage du fils du
grand chef Ti Toorou, savoir Ti-ote (1858, Bulletin
de la Société de Géographie ) : « Aussitôt mouillés, plusieurs
canots s’en détachèrent , chargés de monde,
et se dirigèrent vers la côte. Les naturels saisis de frayeur avaient
fui sur le plateau supérieur : quelques-uns, plus braves, accostèrent les étrangers qui
avaient eu quelque peine à descendre à cause de la houle. Les témoignages d’amitié qu’ils en reçurent
[une médaille en l’honneur du fondateur de a dynastie des Bourbon, Henri IV,
gravée en argent par Duvivier et retrouvée dans le sud , à Prony] où encouragèrent leurs camarades
qui, mêlés dès lors aux matelots, ne songèrent qu’à s’emparer d’eux et de leurs
richesses (wandu, outils, armes et
médailles). Le moment du réembarquement fut choisi comme signal de
l’attaque ; mais, surpris par le bruit, nouveau pour eux, de la
mousqueterie, ils s’enfuirent dans les
bois, abandonnant trois morts et plusieurs blessés. Les blancs, de leur côté,
après une recherche d’eau douce infructueuse [et d’un précieux graphomètre qui leur avait été
volé], retournèrent à leurs vaisseaux qui, après « un coup de
tonnerre », disparurent bientôt ».
Jules Garnier
(novembre 1869, Bulletin de la Société de
Géographie).a lui aussi interrogé un
mélanésien de Gadgi (au nord de l’île des Pins) : ses ancêtre avaient
aperçu, un matin, pour la première fois, deux grands navires qui étaient
mouillés à l’îlot Amere. Un peu plus
tard, les deux grands vaisseaux
vinrent à nouveau mouiller dans les mêmes parages. Les rapports entre les indigènes enhardis et
les marins se terminèrent mal, à la suite de vols d’armes et d’outils. Jusqu‘au départ régna la panique. «
Le tonnerre éclatait sur les côtes ».
Le vol d’outils
comprend le vol d’un graphomètre
à boussole et à pinnule destiné à faire des relevés à terre (l’île des Pins
n’avait pas été suffisamment relevée par Cook.)
C’était l’un des « quatre
théodolites, ou graphomètres, à lunette et sans lunette, pour mesurer les
angles à terre et lever les plans » indiqués par l’Etat des instruments.. Un communard déporté à l’île des Pins, puis amnistié le 20 octobre 1877 et rentré en France par le Navarin,Antoine Bonnemaison, l’ a retrouvé avec son étui à fleur de lis dans la case canaque d’une tribu disparue .
Le graphomètre a été trouvé par Bonnemaison , à Ouameo, l’une des 5 « communes », dont
le nom, peu connu, fut altéré en Ouambo, puis Nimbo, lieu de déportation en
enceinte fortifiée où il n’y eut ni case ni tribu canaques. Coïncidence qui
n’en est pas une :Bonnemaison était
né à Albi,ce qui l’a peut-être amené à accorder de l’intérêt à son
compatriote Lapérouse, né
comme lui à Albi , et à un indice de son passage.
A partir du sud, naviguant au large de la côte est pour éviter les récifs, Lapérouse est le véritable découvreur
de ces Loyauté qui n’ont pas encore de nom : d’abord,
Maré, puis Lifou.
La découverte de Maré
(Nengoëné), par Lapérouse en 1788, cinq ans avant le britannique Raven en 1793.
Lapérouse
découvre Maré (Nengoëné). En 1887, le
Maréen Louis Saiwene déclare que,
peu avant un navire
britannique (le Britannia de Raven en 1793, navire britannique que les Maréens appellent Betischo par altération du mot anglais British), Lapérouse et Collignon, son botaniste, « laissa dans l’île une hache (fao, du français fer), des graines d’orangers
et quelques grains de maïs
qu’il apprit aux indigènes à mettre en terre», ceci vers Tadine. Le mot signifiant maïs en langue
de Maré, kele ou kedre, le dr notant une cacuminale, vient probablement du nom du botaniste de la Boussole, Collignon. L’expédition avait, en effet, été pourvue de
diverses variétés de maïs, selon Milet- Mureau .Les gens de Maré font remonter
au don de Lapérouse l’introduction de
cette plante. . Lapérouse a-t-il offert
aussi aux Maréens une poule plus grosse que ces poules indigènes qui venaient de l’île voisine de Tanna ?
La découverte de Lifou (Dréhu) en 1788 avant Hunter.
On peut supposer que Lapérouse, mis
en garde par les incidents de l’île des Pins, décida de n’approcher qu’une
frégate, la seconde restant au large ou faisant le tour de l’île. Une chaloupe
de la Boussole avait été endommagée par les
naturels de l’île des Pins et il fallait
un espar pour la réparer. C’est la
Boussole, commandée par Lapérouse, qui mouilla à Chépénéhé, avec à bord Colignon, le botaniste de la Boussole, dont nous retrouvons
encore le nom, à peine altéré, dans celui du village de Kedegne qui fut fondé à cette époque et nommé ainsi en son honneur. Il avait apporté des graines d’orangers et de mandariniers.
A Lifou existent des traditions sur le premier
navire aperçu, traditions que le professeur australien D. Shineberg a rapportées à Lapérouse., sur la base du rapport du santalier Simpson. Le santalier,
en 1844, fit escale à, Lifou et y recueillit le souvenir du premier navire
européen passé à Lifou. Selon les gens de Lifou, le
navire fut aperçu près de Chépénéhé ; il
était très grand ; il avait deux ponts, de grands canots et beaucoup
d’hommes, -des officiers français, -portant des chapeaux à cornes, avec des vestes rouges et bleues (la langue lifoue
n’avait pas de terme pour désigner le bleu). Ce ne peut donc pas être la
gabarre britannique, la Fancy, qui passa devant Lifou en 1796. Ils avaient
des boucles à leurs souliers et ils portaient des gants. Le navire était resté
à l’ancre pendant 2 jours à environ un mille à l’intérieur de la pointe sud.
L’équipage coupa un cocotier avec un instrument en fer (encore fao, qui désigne la hache dans beaucoup
de langues calédoniennes, du français fer), et les gens de Chépénéhé montrent
aujourd’hui encore la base de ce cocotier qu’ils regardent comme étant le
souvenir des premiers blancs qu’ils aient jamais vus.
Il se dirige ensuite,
depuis Lifou, vers le nord de la
Nouvelle- Calédonie. Il s’arrête à Pouébo et non à Balade comme Cook. Il
y fait escale trois jours,
fait provision de bois de chauffage sur l’îlot Poudioué et se ravitaille
en eau. A Pouébo, Lapérouse offre une médaille qui n’a pas été
retrouvée Lapérouse y laisse des pieds
de pommiers malaques (Syzigium
malaccense) appelés pommiers canaques par les Calédoniens, tandis que les
autochtones de la côte est les appellent les pommiers des Européens, laissant
supposer qu’ils les doivent au botaniste et jardinier Collignon
Les débris liés à Lapérouse en Calédonie.
A) L’origine des
populations de Wallis (Ouvéa) et de Futuna et d’Ouvéa aux Loyauté : Ticopia.
Des débris provenant d’un bâtiment de Lapérouse découverts à
Balade en 1793 (un morceau de bois peint en rouge et une planche rabotée
et vernissée ) nous renvoient à Vanikoro, puisqu’ils viennent
de la partie polynésienne d’Ouvéa (Loyalty), où on
savait que des Polynésiens
étaient arrivés vers la fin du XVIII e siècle .On peut maintenant préciser le lieu
d’origine de ces Polynésiens : Vanikoro, d’où , selon la tradition, peu après le
naufrage, une tribu de Palikori émigra à Utupua
avec certaines reliques du naufrage . Vanikoro, Ticopia et Utupua étaient exigus et
souffraient d’une démographie galopante, si bien que des pirogues les quittent une première fois, font escale à Santo et Futuna au Vanuatu et se fixent
à Wallis- Ouvéa et à Futuna.
Plus tard, entre 1788, date du naufrage, et 1793, une autre migration polynésienne quitte
Ticopia pour Ouvéa des Loyalty (et
Balade) avec ces reliques européennes qui avaient passé de Vanikoro à Ticopia. .
Ces migrants ticopiens
étaient originaires eux-mêmes de Tonga : dans son Voyage, Dumont d’Urville remarque à
Ticopia un naturel, nommé Brini- Wapou,
né à Houvéa (Uiha aux Tonga,
dans l’archipel Ha’apai.) : « il se trouvait avec trois de ses
compatriotes dans une petite pirogue, quand la brise l’entraîna sous le vent de
son île. Ces malheureux furent obligés de rester trente jours à la mer, n’ayant
que dix cocos pour toute ressource. Ils étaient à l’extrémité quand ils
abordèrent à Ticopia, où ils furent accueillis avec hospitalité et où ils
s’établirent. »
B) Quant à l’épée de
Lapérouse annoncée par F. Paladini comme découverte par lui à Païta,
est-ce la même que celle que
décrivit Jules Garnier ? Ce
pourrait aussi bien être une épée anglaise ayant appartenu à l’officier
britannique Stewart (qui a des descendants en Nouvelle-Calédonie) qui, avec 10 autres
convicts échappés (Hambilton, Williams, etc.),
volèrent la chaloupe d’un navire
appartenant au capitaine Walker et s’évadèrent du bagne tasmanien (voir mon
article dans le bulletin « Les
quatre squelettes de Walpole »). L’épée
aurait pu être « perdue » à
l’île des Pins avant d’arriver à Païta par le jeu de la conquête ou des
échanges. F. Paladini a dû en être
informé, ce qui explique pourquoi il n’a pas donné suite à son annonce dans les
journaux.
En route pour Vanikoro, ou Lapérouse à
la recherche de son destin.
D’abord qu’allait
faire Lapérouse à Vanikoro ? Lapérouse s’était vu fournir, parmi
les livres de voyages qui devaient l’accompagner, l’Histoire des navigations aux terres Australes du Président Charles de Brosses .Or, au tome
I, on trouve, p.339, dans la bouche du chef Tamai, originaire de Taumako, île
voisine de Vanikoro, la mention d’une « grande région [habitée] qu’il
appelait Manikolo »,
c’est-à-dire pour nous Vanikoro. Le texte de Quiros confirme les dires du Président de
Brosses ( « une très grande terre qui s’appelle Manikolo »..). Telle est la première mention dans la littérature
de l’île sinistre. De la
Nouvelle-Calédonie, les Instructions
du roi prescrivaient à Lapérouse, de « gagner les îles de
la Reine-Charlotte », parmi
lesquelles se trouvent l’île de
Sainte-Croix que le Portugais
Quiros, naviguant pour l’Espagne et pour
Mendana , a le premier , en 1595, visitées,
citant le nom des îles voisines :
Vanikoro , celle-ci étant vue seulement de loin, et Taumako.
Taumako et Vanikoro toutes deux jamais
visitées depuis deux siècles, ont dû
intéresser Lapérouse : tel est le mobile qui a poussé Lapérouse vers
Vanikoro.
Du nouveau sur une
relique de l’expédition Lapérouse : la cloche signée « Bazin
m’a fait ».
Jules Verne, dans Vingt mille lieues sous les mers,
suit le récit de Dumont d’Urville
et parle de la découverte d’ « une cloche en bronze portant
cette inscription : « Bazin m’a fait », marque de la fonderie de l’Arsenal de Brest
vers 1785. » Bazin est bien
le nom d’une famille de fondeurs de cloches et de canons, mais, nantais
et non pas brestois. . Citons Jean
Bazin père, et son fils Jean qui,
de 1774 à 1778, est listé comme fondeur de la ville de Nantes et en 1779
fond une cloche pour une église de Vendée. Son père avait inventé une pompe à double corps en bronze.
Or, on a trouvé une autre fois le nom de
Jean
Bazin fils sur un pierrier en bronze repêché dans
la faille du récif de Vanikoro, avec « Fc (fecit) J(ean) Bazin à Nantes 1779 Dragon » Le
Dragon est le nom d’une corvette construite à Nantes en 1779 , dont
l’histoire est mouvementée. La corvette
était percée pour 20 canons et 4 pierriers. Quant à
la cloche signée Bazin, sans le
battant, elle pesait 18 kgs, soit 10 kgs de moins que le poids normal des cloches. Aussi bien le pierrier que la cloche
imparfaite finirent donc en lest du Dragon.Mais
les Anglais le capturèrent et en firent un
bâtiment corsaire qui fut capturé dans la Manche en 1781 par la Marine
royale. En 1782, le bâtiment se trouve à Brest, où il faut supposer que cloche
et pierrier ont été remisés. Le 11 décembre
1787, il quittera Brest pour Saint-Domingue où les Anglais l’attaqueront. Son
épave sera fouillée par le Musée de la
Marine et par François Gendron.
Le scénario qu’on
peut imaginer est le suivant : en 1779,
à Nantes (et non à Brest), Bazin
fond le canon et la cloche pour le Dragon. En 1782, le Dragon, redevenu français, se trouve à Brest, où il faut supposer que
cloche et pierrier sont remisés. En
1785, le Comte d’Hector les fournit en lest à
Lapérouse. C’est sur la faille du récif, que le pierrier a été trouvé. ,
tandis que la cloche fut rapportée par Dillon,
Elle a pu être mise dans le reste
du lest avec le pierrier, à l’arrière
d’un bâtiment.
Les curieux pourront
consulter, pour la fin du voyage,dans le cahier annuel 1 2015 de la SAEL , Société Archéologique d’Eure-et-Loir, un article de l’auteur de ces lignes, reprenant un article de son blog coldcase28.blogspot.fr.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire