Essai sur les migrations préeuropéennes
vers la Nouvelle-Calédonie et les
îles Loyauté
par Paul Griscelli
La datation préhistorique
a évolué. Par exemple, des outils en
pierre taillée de type biface datant de
1 760.000 ans ont été trouvés au nord du Kenya (Nature, 31 août 2011), près
du lac Turkana, dépassant la date des plus anciennes pierres façonnées selon cette
technique découvertes jusque là , vieilles de1 400.000 années., soit 360.000
ans plus tôt.En Indonésioe, sur l’île de Florès,on a découvert des outils de
800 000 ans datant du temps où les continents étazient soiudés les uns
avec les autres. L’Angleterre était peuplée,
il y a 800 000 ans, huit cent millénaires (fossiles trouvés à Happisburgh
[Norfolk], sur une plage de la côte est de l’Angleterre), ce qui
confirme une découverte, par la même équipe (Nature, Simon Parfitt) à
Pakefield dans le Suffolk, au bord de la Manche actuelle, de fossiles datant de
700 000 ans, avec un climat type Côte d’azur. Ajoutons qu’il s’agit
probablement d’une branche du peuple ouigour qui va nous occuper. Dans Nature du 3 novembre 2011un bout de
maxillaire avec 3 molaires, découvert en Angleterre à Kent’s Cavern, a été daté
de 40 000 ans. , comme les 2 molaires découvertes en Italiedans le sud (grotte
de Cavallo), 45 000 ans plus exactement (dans le même numéro de Nature). On a aussi découvert, en
février 2011, trois crânes sculptés,
vieux de 14 700 ans et appartenant à deux adultes et à un enfant de trois ans, dans
une grotte du sud-ouest de l’Angleterre, proches aussi des Ouigours.En Géorgie,
plusieurs autres spécimens sont datés de 1, 7 million d’années, ce qui confirme
la datation de la mandibule découverte en Europe de l’Ouest : plus d’1
million d’années. En Amérique, la date
de -15 500 pour des outils de pierre mis au jour au Texas (Science du 25 mars 2011) recule la date
de colonisation.par les tibawés et les Djomons.
De plus, la navigation, qu’on croyait récente, se révèle dater d’au moins130 000 ans (Hesparia, 2010) grâce à des découvertes
faites en Crète suggérant que les envahisseurs de l’Europe ont pu prendre une
voie maritime par le détroit de Gibraltar. Intrigant aussi, le fait qu’on ait
trouvé en Crète des hachettes d’un style suggérant l’âge de 700 000 ans .On
avait trouvé auparavant une trace de voyage vers l’Australie datant de 60 000
ans ainsi qu’en Indonésie une trace de migration datant de cette époque à Florès où un crâne de 17 000ans a été
découvert. . Enfin le mythe bien pensant de l’Afrique « berceau de
l’humanité » est mis à mal par la découverte en 2007 en Chine à Zhirendong
(Pnas) de fossiles suggérant une
émergence de l’homme moderne il y a un million d’années en Chine, ce que
confirment des dents trouvées en Israël
dans la grotte de Qesem et datant de 400 000 ans. De plus, des dents de petits primates trouvées dans le désert libyen de Dar -at- Talah
en 2007 et datées d’il y a 39 millions d’années,
appartenant au plus vieil hominidé connu en y incluant les grands singes et les
hommes, plus ancien par conséquent que
le fossile tchadien de Toumaï (Sahelanthropus tchadensis), concordent avec les fossiles
similaires découverts en Birmanie et en
Thailande (Nature, octobre 2010) et
appuient l’hypothèse de plusieurs origines asiatiques de l’homme. Il faut se
souvenir enfin que le climat et la géographie,
les océans étant asséchés avec les diverses glaciations et de 300 mètres
environ au-dessous de leur niveau actuel, ne ressemblaient guère aux nôtres,
les deux pôles en particulier. Comme les hommes de cette époque n’étaient pas
sédentarisés par l’élevage ou l’agriculture, ils n’hésitaient pas à migrer.
Les grandes îles
comme la Nouvelle-Calédonie ne peuvent avoir fait l’objet que de migrations
successives et variées, et non d’une seule « flotte » de migrants:
les nombreuses langues qu’on y trouve, actuellement une trentaine, en
administrent la preuve, car il ne s’agit aucunement de la différenciation, due à l’isolement, d’un
idiome originel unique. A ceux qui objecteront à notre essai l’incertitude de
nos données linguistiques, nous répondrons que mieux vaut une classification
avec d’inévitables erreurs que pas de
classification du tout comme aujourd’hui, où l’on se contente de parler de
langues « mélanésiennes » ou « océaniennes » qui seraient
originaires de l’ « Asie du sud-est » (Indonésie et Malaisie). « Quand
on ne peut pas être philologue, on est préhistorien ; quand on ne peut pas
être préhistorien, on est sociologue ; quand on ne peut pas être
sociologue, on est ethnologue ; quand on ne peut pas être ethnologue, on
devient archéologue », disait à peu près Sylvain Lévy dans une célèbre
boutade.
Le
mystère des trumulus de l’île des Pins.
Nous suivrons, tout au long de cet article, les traditions dont s’est fait l’écho Gabriel
Païta, ce descendant de la grande
chefferie des Kambwas, dans Gabriel Païta,
témoignage Kanak, D’Opao au pays de la Nouvelle-Calédonie, par Jérôme Casaumayou et Thomas de
Dekker, l’Harmattan :
« Si l’on en
croit les récits des anciens, les premiers hominiens d’Opao (la Nouvelle-Calédonie) avaient la
peau rouge ; ils étaient velus et de petite taille. Dans le Nord, on les
appelait les Gorouna.
Dans le Sud, on
parlait des Tua.
Puis vint un jour le
peuple des Ti [ plus exactement, les
Tibawé]…Venus de la mer, ces grands hommes au corps couvert de tatouages
s’établirent dans la région de Ponérihouen, sur la côte orientale de la Grande
Terre, et apportèrent ici l’art des pétroglyphes. »
Aussi étudierons-nous, dans un premier
article, les premiers habitants de l’archipel calédonien, les Gorounas, pour reprendre le nom légué par leurs
successeurs, puis les Tuas qui sont des
populations noires, enfin les Tibawés, ces initiateurs de
l’agriculture , cousins métissés des Gorounas et, dans une seconde partie, les autres migrations plus récentes, leurs
proches cousins, les Tibawés, parlant
une langue apparentée, ces
initiateurs de l’agriculture jusqu’à la dernière, la migration polynésienne à Ouvéa
entre 1788 et 1793.
I Les premiers habitants : les Gorounas, les Tuas et les Tibawés
A) Les Gorounas et les Tuas
1) La « vieille race blanche » (Paul Rivet). L’archipel des Gorounas (de Karen-ni, nom d’une ethnie de Birmanie) ou Menehune, premiers habitants
de Nouvelle-Calédonie (-1350 avant J. C.,
éruption du Witori en Nouvelle-Bretagne), venus de Ouatom (Nouvelle-Bretagne) en
plusieurs vagues.
Gabriel Païta nous
dit que les premiers habitants
« avaient la peau rouge (c’est-à-dire blanche), qu’ils étaient velus et de petite taille : dans le Nord on les
appelait les Gorouna».Le mot
Gorouna vient du nom d’une ethnie de Birmanie, les karen-ni. Ce mot donne goreni,
puis goroni, enfin
goruna écrit gorouna en français. . Nous retrouvons dans le nord leur nom
dans les noms de Paa (de parama, birman) Goumène (Gomeni) et de Kaala (de barama, birman, cf. Baaba) Gomen (i). Jules Durand cité par
Coquilhat nous dit que les Ouébias de Pouébo
désignaient les premiers habitants d’un autre nom, Menehune,
forme qui se retrouve en Polynésie
jusqu’à Hawaï. Le plus clair des noms qui viennent de karen-ni, Karen de petite
taille (ni), est encore celui de
l’île N’Gameini aux Salomon (Ouaménie en Calédonie), île où l’on
trouve la poterie ouatom ou lapita. Menehune vient d’une métathèse d’évitement pour raisons
religieuses, à partir de N’Gameini,
et donnant meinguni, puis menegune qui se retrouve dans Marino (de marehuno), nom d’une langue à Maëwo (Vanuatu), dans Farino (de marehino) en Nouvelle-Calédonie ou Mérina
[de merehuna] à Madagascar.
La mention par G. Païta d’un système pileux
fourni fait songer aux Jomons ou Djomons
du Japon préhistorique, les ancêtres
de ces blancs que nous appelons Aïnous.
Les Gorounas sont de
petite taille, nous apprend G. Païta, et, dans Karen-ni,
le mot ni signifie de petite taille.
Le chef des Ouébias nous confirme
aussi la petite taille de ces Gorounas
qu’il appelle Menehune, en précisant
qu’ils étaient constructeurs de maisons, à la différence des Tuas, qui étaient
également petits. Ensuite Gabriel Païta parle
de couleur rouge (mi) et les Karenni
de Birmanie portent une écharpe de couleur rouge, en l’honneur de la déesse
aïnoue Kamui Akkoro, représentant un
monstrueux calmar rouge. Mais il y a vraisemblablement eu confusion entre mi, rouge et ni, petit,
car il est bien établi que Karen-ni
signifie Karen de petite taille.En tout cas, c’est bien leur peau qui, selon le descendant de la
Grande Chefferie, est de couleur « rouge », entendons blanche. En
Micronésie, O’Connell note, p. 193, l’existence d’une femme parfaitement
blanche, réalisant un type récessif, à qui les natifs d’autres îles que celle
où elle résidait rendaient souvent visite, tant sa renommées »étendait
loin.A côté de nombreuses Européennes, son teint aurait encore paru clair
Les noms des blancs
En effet, comment appelle-t-on les blancs chez les
« Mélanésiens » ? ALifou on appelle le blanc un « rouge »,
ka madja et, sous les formes maja, manga, mangi, ce nom se retrouve
dans le Pacifique, réservé aux Européens.
Le Français se dit marangi, farani, maran.
Il est naturel pourles indigènes d’appeler « rouges »et non blancs
les visages cuits par le soleil comme des homards sous le casque colonial.
Mais on a aussi une autre appellation calédonienne
pour les blancs, plus énigmatique à premier examen, celle de apopalangni ou apopalei. Il me faut ici faire amende honorable car j’avais été tenté,
autrefois, par l’hypothèse de l’influence du nom de Magellan,
faute d’admettre qu’il avait pu exister un nom pour des blancs anciens et qu’il
était disponible et s’appliquait à nous. En effet, les Karenni étaient des
blancs , comme certains de leurs cousins tibawés qui, nous
apprend encore G. Païta, étaient de
haute taille et par conséquent des karens tout court, sans le diminutif-ni. Les Tibawés de Polynésie, les
Pakéas, étaient blancs aussi, mais
certains Tibawés de Nouvelle-Calédonie semblent avoir été basanés ou
noirs. Ce sont ces Ouigours métissés dont nous parle Amédée Thierry dans son Histore
d’Attila, 1864, tome I, p 7. Il nous y apprend que les Ouigours « se divisaient en deux grandes
branches, qu’un rameau européen portait le nom de Huns
blancs », par opposition à un autre rameau « dont les tribus nous
sont représentées comme basanées ou plutôt noires. »
. C’est du mot bau-
karenni (bau signifiant birman)
que dérivent les formes qualifiant les blancs anciens de Calédonie ; apopalangi ou apopaleï, bau signifiant birman et donnant apo-, le a
notant une glottalisation initiale.L’ironie de l’histoire a fait que les
Mélanésiens nous donnent le nom des premiers occupants dui territoire, blancs
comme nous, et que nous sommes pour eux des apopalangni !
Les formes de Polynésie
viennent également de bau –karen , mais sans l’adjectif –ni, signifiant de petite taille,
puisqu’il s’agissait de Tibawé qui étaient de grande taille : il y a, pour désigner les blancs, papaa chez les Touamotous qui désigne
les anciens habitants blancs d’Anaa, papa’
à l’île de Pâques, popaa à Tahiti et pakéa en Nouvelle-Zélande , où il faut
noter ‘Akaroa avec coup de glotte
initial , de bau karen, dans l île du
sud , sur la péninsule Banks , Waka papa non
loin et Tongariro dans l’île du Nord. :
il faut en rapprocker le nom d’un atoll des Touamotous, Pakaroa
.Ces formes viennent toutes de Bau- Karen, le nom des Tibawés. On peut y joindre, dans les îles Mussau en Nouvelle-Bretagne, le nom de Tale pakemala, de tibawé er de pakéa mala, birman, île voisine de l’île Ouatom où l’on trouve des habitations
sur pilotis et de la poterie ouatom associée avec une pratique d’inhumation
secondaire en jarre.
Pour la
Nouvelle-Calédonie, le nom de pakéa pour
désigner les tibawes existe : G. Païta nous apprend (Op. cit. p.28) que les Canala appelaient les gens de Païta des Bakéas, c’est-à-dire des Pakéas. Il existe, ajoute-t-il, un clan
Bakéa à la grande chefferie de
Canala. « Nous sommes famille », comme l’on dit ici », continue
G. Païta et les Kambwa dont G. Païta descend ont toujours été alliés de Canala.
Révélation passionnante de Gabriel Païta qui nous permettra de suivre, dans un
troisième article, les Tibawés ou Pakéas de
l’île Pakéa (aujourd’hui Kwakea) et de Tongaroa
(de bau garen) au Vanuatu à Galoa (de karen) aux Fidji et à Canala et Païta dans l’archipel calédonien
(les Bakéas) et jusqu’aux îles Tokelau (de bau garoa) et en Nouvelle-Zélande (les Pakéas).
Bibliographie sur les Jomons. Citons avant tout le professeur Paul
Avias dont j’entendis d’abord parler à Sarraméa lorsqu’il était en quête de
crânes et en difficultés pour cela avec certains Mélanésiens. C’est lui qui,
le premier, étudia sur place les Mélanésiens du point de vue de
l’anthropologie physique et associa les habitants de Nouvelle-Calédonie aux Aïnous.
L’historien Bonnefous, dont j’étais
l’élève en cagne au Lycée Louis-le-Grand, me parla un jour des travaux d’Avias
en me disant : « Il suffit pourtant d’avoir regardé une photo de Néo-Calédonien pour douter de leur origine
aïnoue. ». Il ignorait que j’étais
né en Nouvelle-Calédonie et que j’étais déjà l’adepte des théories d’Avias,
lui-même disciple de Paul Rivet ! Mais j’aurais pu lui
objecter : « Pourquoi alors personne ne fait-il le lien entre
les autochtones de Nouvelle-Calédonie et les habitants de l’Afrique
noire ? »
Il faut aujourd’hui y ajouter l’œuvre, publiée à
Cambridge en 2004, d’une Japonaise
professeur d’anthropologie à Berkeley, spécialiste de préhistoire japonaise et
américaine, Madame Junko Habu, Ancient Jomon of Japon. Les Gorounas
de Gabriel Païta sont des migrants apparentés aux Océaniens blancs de Rivet, aux Aïnous d’Avias
et aux Jomons (ou Djomons) de Madame Habu.
Bibliographie sur les
tumuli. On la trouvera dans l’article de J. Exbroyat : « Les tumuli de l’île des Pins, un système d’irrigation ? »,
bulletin de la SEHNC n°146, 1er tr. 2006.
Précisons maintenant le sens de certains mots que nous utilisons
dans nos traductions.
Trois mots importants: Birman, Djomon, et Kuna.
1) Le mot birman dans
nos traductions.
Que signifie le mot birman
par lequel je traduirai indifféremment les mots parama, mier, mong,
bau ? La Birmanie est un pays
grand comme la France et qui fut riche en minorités blanches ou noires venant
elles-mêmes du Pamir, du Cachemire,
des îles Laquedives (de malaka, aka signifiant île et dive signifiant seigneurie) et Maldives (de malaka), de la côte des Malabar, où l’on reconnaît Myanmar
et qui signifie les Hmongs Ibères (Avars , Ouigours)Le mot Birman, Burma en anglais, Bama, Bamar passe pour appartenir au registre familier. Dans la première syllabe bir on reconnaît le bar
de Malabar, Ibère, Ouigour, le br de Bornéo ou de Brujnii ou Bruijin en Papouasie et de Burnam en Malaisie
Quant à la seconde syllabe man, mar, mal, ou min, mir, on la retrouve dans mir de Cachemir ou de Pamir, min de
Amindivi, mal de
Maldive, cette syllabe mir ou mar venant de
Hmong .Ainsi, Mamar (de ma pour mar, signifiant hmong, et de
ma pour bar, Avar, ibère) signifie les hmongs ibères ou ouigours. Malacca, Malais, viennent de mal +aka, île, mal venant de hmong li, petit hmong tua, les premiers
habitants de ces régions. . Le nom officiel de la Birmanie est l’Union de Myanmar ou Myanmah.Le mot birman de
mes traductions est donc géographique et
ne renvoie pas à l’ethnie birmane aujourd’hui
majoritaire, mais au pays originel peuplé d’ancêtres mythiques, appelés les Bya
Ma.
Le pays conpte aujourd’hui 130 minorités ethniques, appelées
les « races nationales » : Shans,
Rakhins (Arakhan), Mons, Karens, Karen-ni ou Petits Karens, les Chins, les Kachins. Les Karens noirs,
Pa O ou Pwo ou Taung Thu (taung désignant les Tuas et Thu signifiant noir), vivent dans l’Etat
des Shans et parlent une langue
austroasiatique du groupe semai. . Les Karens noirs se nomment dans leur langue Hploun Hpou.
Les Karenni portent
une écharpe rouge, leurs femmes ont le cou entouré d’un anneau de laiton qui
les a fait appeler les femmes -girafes et ils habitent l’Etat Kayah., autre forme de Karen.
Bref, le mot birman par
lequel nous traduirons les mots parama ,
mier , mong , bau renvoie aux habitants anciens du pays
, qu’il s’agisse de la minorité blanche
des Karen-ni de l’Etat des Shans , des
Karens ou d’autres minorités, noires
celles-ci, comme les Taung Thu, les Pao ou Pwo ou Tuas.
2) Le mot djomon et
le mot chaman.
Chaman et Djomon sont
le même mot et signifient le prêtre-roi
(roi ou magicien, sorcier).Djo signifie magicien, par suite le roi,
qui, à date ancienne, est un magicien, et
mon signifie génie ou prêtre,
intermédiaire divin avec la nature. Le
linguiste Jean Karst, en 1954, a posé pour djo
une racine *yadu qu’on retrouve
dans douk-douk,
(de yadouki répété), le nom des sorciers dansants masqués de Papouasie, dans le
zombi des Antilles (de yaduki), cf. le rocher Zombi à la Martinique ou les Zombi du Brésil, dans le doghi ou toghi au sens de sorcier en Mélanésie. Il n’est pas étonnant de retrouver le zombi antillais en Afrique noire (ambar zombi, calmar sorcier) ou dans le mot vaudou (de yadouki). Ki signifie pierre ou hache de pierre et l’ensemble yadu ki le magicien à la hache de pierre.
L’ordre des mots
présenté par djo mon peut très bien être inversé et on a alors mon djo que nous retrouvons dans Hmong
do, ces habitants du Guizou au sud de la Chine ou dans la caste des chefs
et des prêtres en Micronésie sur l’île Nutt, appelée Mondjob que O’Connell nous décrit. La société compte aussi des propriétaires terriens, les Jerejohs qui constituent la seconde
classe et des esclaves, les Nigurts. .
En Nouvelle-Calédonie, le toponyme Oun-djo,
de Mon Djo, où l’on a trouvé des
poteries, vient aussi de l’inversion de Djomon.
3) Les formes kuna, kunya, kunie, (ana) kena, puna, chon, kone
Il est facile de confondre le nom Karenni, les petits Karens, porté par les Gorounas, ou le nom Karen,porté par les Tibawés avec Kuna ou Kunya qui donne Koné (site
lapita, donc Gorouna précisément) , le nom de
l’îlot Koniene ou celui de l’île des Pins , Kunie: ces formes viennent directement
de arakounia,nom
d’une région de Birmanie dont le nom a été donné, par exemple, au Chili : l’Araucanie, ou aux îles Ryoukiou
(de arouko) .Son étymologie
nous est donné par le grand linguiste Jean Karst, qui reconstitue un radical
composé , azika-anay, azika signifiant la tribu, la nation, tandis que anay
signifie les frères (souvent traduit à tort
par hommes simplement, comme dans aïnou,eïno {le nom des Indiens
Micmac], inuit, T-aïno (Haïti),Hai-nan, l’ensemble voulant dire les frères de la
tribu..
La génétique.
Les Ainous souffrent, aujourd’hui encore, d’un déni de blancheur chez les blancs,
dépités d’avoir des cousins sauvages. Le Larousse du XIXe siècle disait avec
mépris qu’ils étaient
« si velus et si sales que nul n’avait jamais pu déterminer la couleur de leur
peau » ! Pourtant, au XIIIe
siècle, Marco Polo écrivait que Cipango
(le Japon) était peuplé par « une race blanche et de belle allure »
« Les Ainous, nous dit l’hématologue Jean Bernard, dans
Le sang et l’histoire, 1985 p. 70, se
séparent des populations mongoles [chinoises] par la présence dans leur sang
d’un facteur V qui a été observé dan le système Rhésus des Amérindiens, mais
jamais chez les Chinois ; par la fréquence
très élevée du sous-groupe Rhésus R et par une fréquence dans le système
MN de NSS qui est la plus forte fréquence connue du monde. » On retrouve
certains de leurs gènes dans les populations d’Andaman (de Djomon) où certains Djomons et certains Tibawés sont passés. Paul Rivet fait remarquer
que les caractéristiques aïnoues se retrouvent dans le crâne de l’homme de
Cromagnon des gisements du quaternaire supérieur en Chine près de Pékin (Chou -kou- tien) et ont des affinités avec
l’homme de Chancelade et avec certaines populations blanches du Turkestan, de Sibérie et d’Hainan, les Ouigours pour simplifier. Le crâne de l’homme de Kennewick trouvé dans
l’Etat de Washington et âgé de 9000 ans, proche de celui des des Inuits en
sont morphologiquement très proches. Bref, parenté des Ainous, il y a
50 000 ans au moins, avec les
Esquimaux, les Amérindiens et, selon le Professeur Paul Avias, avec les
Gorounas de Nouvelle-Calédonie.
L’origine proche des
auteurs des tumuli.
Les migrations de
N’Gameini et Nenumbo (îles Santa Cruz
aux Salomon) , de Ouatom en Nouvelle-Bretagne
(Papouasie-Nouvelle-Guinée) et du Vanuatu (Anatom, Vaté) .
Essayons maintenant de déterminer d’où
virnrent les diverses vagues d’immigrants gorounas en Nouvelle-Calédonie et aux
îles :
1) de N’Gameini, de
karen-ni, aux Santa Cruz (Salomon) où l’on trouvé le même type de poterie
et qui produit les noms de Paa (barama, birman)
Goumène, Kaala (de parama) Gomen, de Ouaménie, de
Cueménie;
2) de Ouatom, de goromo, par harmonisation vocalique de gorouna, en Nouvelle-Bretagne (Papouasie-Nouvelle-Guinée), dont la
poterie dite ouatom se retrouve, en Nouvelle-Calédonie sous le nom de poterie lapita,
avec arrêt à Anatom ou Aneytum (de N’gameinu, puis avec métathèse N’ganeimo,
Aneito) et à Eton (de eiton, aneiton à Vaté, au Vanuatu), puis en
Nouvelle-Calédonie :
à Ouatom (même nom que pour l’île de
Nouvelle-Bretagne, écrit parfois Watton,
comme le surnom du chef de Païta Titéma),
à Tomo, Koutomo (de N’Kameino,Konomo ).
Ils ont touché aussi Koné
et l’îlot Koniene ainsi que Kunie,
l’île des Pins,tous de Araukhanya qui signifie la
fraternité: à l’île des Pins, le nom de Kanumera vient de kuna, pour
araukanya , la
fraternité, et de mera , birmane à l’île des Pin,.
Les synonymes ouatom et lapita
Lapita est le nom
donné à un site près de Koné où l’on a trouvé les premiers échantillons de
poterie de ce type, œuvre des Gorounas.
. Mais le nom Lapita vient de Panita
et honore une migration des Tibawés (cf. le nom de la tribu de Tiaoué [de Tibawé] dans les parages)
datant seulement du XVe siècle après J. C. Nous emploierons le nom de poterie ouatom qui est plus adapté (il vient
d’une île de Nouvelle-Bretagne où l’on a trouvé à la fois ce type de poterie,
des habitations sur pilotis et des sépultures en jarre) et qui est d’ailleurs connu internationalement. Vers 1350 avant J.
C., a eu lieu une très importante éruption du Witori (de liguri, euphémisme signifiant l’enroulé et désignant la déesse
Serpent, qui incarne la force magique du volcan) en Nouvelle-Bretagne, éruption qui a dû entraîner une
migration à partir de l’île de Ouatom vers l’archipel calédonien..
Avec les rites funéraires
les plus anciens (tumuli) et des poteries datées de -1300 environ, c’est
Kunie, l’île des Pins, qui semble le plus ancien établissement.
L’habitation sur pilotis et à double corne, imitant le
double plancher, la proue et la poupe de la pirogue, et la tombe en forme de pirogue
renversée des Gorounas
A Ouatom, en Nouvelle-Irlande, la poterie funéraire dite ouatom est associée à des habitations sur
pilotis et à des rites d’inhumation secondaire
dan ces mêmes jarres ouatom. On retrouve ces habitations sur pilotis à
Madagascar (Malombo), au Cambodge et à Célèbes où, par exemple, le peuple toraja (altération de gorouna) a d’intéressantes
maisons sur pilotis et à double corne imitant la proue et la poupe des pirogues,
« en tombeau » pourrait-on
dire par analogie avec la forme de certaines commodes et …de certains tombeaux.
.On y appelle ces maisons des tong uma,
de uma, maison, et de tong ou pwang, à double corne : on a en Nouvelle-Calédonie Ouango, toponyme près de Voh, ou encore Manghine près de Ouégoa. Le nom de Kongouma sur la côte est est exactement celui des Torubas aux
Célèbes : tong ouma. Aux Santa
Cruz (Salomon), on a une île Nenumbo (de uma, maison, et de pwambo,
courbe), également associée aux poteries
ouatom, qui est la voisine d’une autre
île appelée N’Gaménie (Cf. Gomen,
Ouaménie) et dont le nom rappelle celui
d’Erromango (errue signifiant double, uma
maison et pwango corne) au Vanuatu. En
Australie centrale, près d’un lac, on trouve Erromanga. Il existe aussi au
Vanuatu Narango (de uma, maison, et rango, à corne) à Santo,
Marengo à Païta, Maragous à Malekula etTamambo (pour uma et mambo) à Malo. Même à l’île de Pâques, on
trouve au Cap Nord, pour désigner ce type de maison en pierre, Puna Marango avec puna pour kuna,
c’est-à-dire les maisons (uma,
ma) à double pointe (rango) des Kunas. Il est amusant de relever que le
mot Marengo existe à Païta aussi pour
désigner l’emplacement d’une telle maison tibawé. Sur l’île de Pâques, dans la baie d’Anakuna, où les premiers colons , peut-être des Tibawés,
auraient débarqué, on trouve des maisons en pierre à double corne imitant la
proue et la poupe d’une pirogue, maisons de type non polynésien et appelées hare paenga, ce qui évoque les tong
uma des Torubas aux Célèbes (paenga
ou tong , à double pointe et uma ou hare, faré signifiant maison).Le pourrissoir,
nous dit Alfred Métraux dans L’île de
Pâques, p189 , pouvait d’ailleurs avoir
également la forme d’un bateau.et la
tombe celle d’une pirogue renversée. Le corps principal du sanctuaire, appelé ahu (de aku, cf. akkoro, calmar géant écarlate, dieu des Enfers) est flanqué d’ailes inclinées qui se dépoyaient
sur les côtés et qui, selon moi, rappellent la proue et la poupe de la pirogue
qui doit emporter le mort vers le pays de ses ancêtres, Le plan incliné qui menait aux statues était
constitué par un prodigieux entassement
de blocs de lave et de gros galets qui dissimulait des caveaux contenant
un ou plusieurs squelettes. Cet amas de galets, retenus par des dalles
plantées verticalement, ce qui évoque les sépultures djomon au Japon, se prolonge par un espace pavé. Le nom de moai pour désigner les statues correspond à l’ainou mui, dieu , dans ka mui Akkoro, le divin calmar écarlate
géant., de liguro, le calmar
enroulé.Les moai étaient teints à l’ocre rouge pour que leur couleur rappelle
celle du divin calmar écarlate et leur
chapeau en blanc.
L’habitation est construite sur le modèle du catamaran monda
avec double plancher : un
plancher à claire-voie qui reproduit le plancher
surélevé où l’on mettait passagers et marchandises à l’abri des embruns, autant
que faire se pouvait, et un plancher inférieur, en contact avec la mer dans le
cas du catamaran, Ce type d’habitation
est répété dans le catamaran ou dans le
praoh djomon, car pour
les Gorounas, habitation, embarcation et
tombe doivent être bâtis sur le même modèle. La pirogue, personnelle, est sacrée et son prpriétaire veut s’y faire
enterrer comme le guerrier gaulois dans son cher. C’est
le plancher inférieur, en contact avec la
terre dans la réalité, mais pour les Gorounas avec la « mer» à
travers des coquillages encore vivants, offerts en sacrifice, qui va recevoir le cadavre pour sa putréfaction. Seule
différence : le praoh est renversé
ou posé verticalement et démâté ou avec un mât qui s’enfonce dans la terre en
signe de mort.
Il est intéressant de suivre à Nutt et à Pohnapé en Micronésie, chez
les Torajas en Indonésie ou au Vanuatu une cérémonie funéraire voisine.
1) Ecoutons J.
O’Connell qui, jeté par un naufrage en 1830 sur l’île de Nuut en Micronésie,
s’y maria, fut tatoué et y resta cinq
ans. Il nous décrit certte société proche de celle des Tibawés dans A residence of eleven years in New Holland
and the Caroline Islands, being the adventures of James F. O’Connell (Google
Books et réédition moderne), p. 186: « Le prêtre s’assied sur le
tapis près de l’agonisant, les jambes croisées,
se frottant les mains lentement l’une contre l’autre, puis sur ses jambes
alternativement, en poussant un cri guttural qui commence lentement « eeeah ! » et « oooah ! » et s’interrompt
lorsque les mains atteignent les genoux. La chambre de l’agonisant est toujours
remplie de monde et aussditôt qu’on ;le suppose mort, même s’il respire
encore, les assistants forment une pyramide de corps sur l’agonisant et se
jettent sur son corps pour l’embrasser ou au moins le toucher.Il y a
d’ordinaire une lutte furieuse et ceux qui sont derrière attrapent celui quoi
est devant eux par les talons et le tirent en arrière.Durant tout ce temps un
gémissement sourd est poussé par toute la compagnie, un peu à la manière des
Irlandais. Avant d’enterrer le mort, on le
promène sur les épaules devant toutes les cases de ses parents et amis
pour prendre congé d’eux.Devant chaque hutte, la procession s’arrête dix
minutes environ et pousse le même cri guttural : « eeeah ! » et « oooah ! »La coutume invariable est d’enterrer le corps avant
le coucher du soleil.Le cadavre est inhuméà trois pieds sous la surface du sol
avec un rouleau de tapis.La saison du deuil actif dure environ douze jours.S’il
s’agit d’un homme, on, enlève une paghaie de son canoë et on l’enterre avec
lui ; s’il s’agit d’une femme, avec saon fuseau (spindle) ou avec sa quenouille (distaff). On construit sur la tombe une petite hutte où
dorment les plus proches durant cinq ou six nuits. Ensuite la hutte est
détruite .Les deuilleurs et deuilleuses se coupent les cheveux.
Autre élément de la cérémonie, un prêtre parade dans le village cinq ou six nuios
après l’inhumation, une lance à la main [cf. Halloween]
Il y a sur l’île de Nutt un cimetière.Il est situé au bord
de la mer, si prèsqu’à marée haute il est recouvert ; il est enclos d’un gros
mur de pierre et empli de cocotiers, dont personne ne cueille les fruits.La coutume est de planter
sur chaque tombe un cocotier, et en plus des godilles enterrées avec le mort,
de déposer sur sa tombe une ou plusieurs pagaies. Une fois par an, à marée
basse, les pagaies sont ramassées par
les , chacune par un descendant du premier propriétaire, et tous les habitants
de l’île font le tourde l’enclos La procession n’a pas d’aspect funèbre ;
les personnes qui la forment sont décorées de fleurs, portent des habits de
gala et déposent des fleurs sur les tombes [C’est la levée dce deuil que
perpétue pour nous le jour des morts et le fait d’offrir des fleurs ou de
déposer suir les tombes des chrysanthèmes].Cette cérémonie est placée sous l’autorité
des prêtres, qui marchenr à côté des chefs dans la procession.Ainsi chaque
partie de meur conduitetend à respecter les ancêtres.Le temps ordinaire du
deuil est d’un mois environet durant cette périodeil ya chaque jour une heure
fixée pour pleurer le mort, -celle à
laquelle le mort est décédé. »
2) Joseph de Rosamel en Micronésie à Pohnapé (1840): « Dès
que [le défunt] a rendu le derniers
soupir, on le place sur une natte neuve…On huile amplement la natte …La fosse, de
deux pieds et demi de profondeur, a été
creusée dans la maison ou auprès. Le prêtre descend dans la tombe avec une
pierre à la main ; il pose cette pierre sur l’estomac du mort, pour empêcher
son âme de venir troubler les vivants. Le prêtre se retire en laissant la pierre,
et la fosse est recouverte de pierres et de terre… Quand le mort a été enterré
dans la maison, il n’y a plus que le père, la mère, les frères et sœurs qui
puissent entrer dans la partie séparée où est la tombe.De temps en temps, ces
parents vont visiter le mort, ils enlèvent le plancher et ce qui est sur le
cadavre et le frottent d’huile, puis
pleurent.Au bout de quelques mois, le corps se trouve en quelque sorte embaumé,
on le retire de la fosse et on le place dans un coin de la maison où on le
couvre de nattes.J’ai cherché à voir des cadavres ainsi conservés, mais .je
n’ai pas pu en trouver.On dit qu’ils sont parfaitement secs, sans aucune odeur,
que les traits se conservent presque naturels,
mais qu’au bout de deux ou trois ans, suivant le soin qu’on en a, les chairs tombent
en poussière ». Pohnpeï Micronésie
1840.
3) Chez les Torajas le stade final est intéressant : une effigie, destinée à
représenter le mort et appelée tau-tau, est
exposée sur une sorte de balcon à l’intérieur de la maison. Le mot tau-tau est parent du mot djomon dogu
qui désigne une poupée en argile
souvent enterrée avec le mort pour le protéger. Le mot calédonien toghi
au sens d’amulette pour protéger ou pour envoûter lui est apparenté.
4) Au Vanuatu nous avons deux exemples de rites funèbres
liés à des populations proches :
1) Sur l’îlot corallien
de Retoka au Vanuatu a été découverte une tombe collective, la plus
importante du Pacifique en raison de son mobilier et du nombre d’individus
inhumés : celle du chef Roy
Mata. Il est inhumé au pied de deux pierres
dressées, avec, autour, un cercle de coquillages, en compagnie de son
épouse et de divers représentants de clans qui, tous, furent enterrés vivants.
2) A la suite de la très violente éruption volcanique du Kuwae qui
fit disparaître cette île située entre Epi et Vaté, un rescapé, Ti Tongoa
Liseiriki, « fut inhumé près de l’ancien village de Panita, à Tongoa (Vanuatu), en compagnie de ses femmes et de
quelques représentants de sa suite.On entoura les corps d’un cercle de
coquillages et de dalles basaltiques, puis on planta quelques pierres dressées
afin de signaler la sépulture en surface, une fois les corps recouverts de
terre » (J. Garanger, 1976, Tradition orale et préhistoire en
Océanie », Cahiers de l’O. R. S. T.
O. M., Série Sciences Humaines, vol. XIII, n°2, p. 147-161).
La signification
funérfaire des tumuli.
Voici le scénario, tel qu’on peut vraisemblablement le
reconstituer pour l’île des Pins :
1) le cadavre est mis à pourrir sur le plancher inférieur à
ras du sol, avec une pierre au-dessus et des coquillages encore vivants, au-dessous
du second plancher de la
maison sur pilotis, qui a été bâtie à l’occasion du décès et où cohabitent, pour le temps du deuil, les parents du défunt et le cadavre ;
2) au bout d’un certain temps, une fois les chairs
décomposées, les parents recueillent le crâne et le squelette, ils les placent dans
une jarre ouatom Ils construisent ensuite un mât, sous la maison, avec des blocs
de coraux et des coquillages, puis
brûlent à grand feu l’habitation
sur pilotis et les coquillages amassés. Ils édifient autour
du mât, formé de coquillages spathifiés, concassés et compactés, transformés en
chaux sous l’action de la chaleur, un tumulus qui imite la forme d’une
pirogue renversée. C’est le
cylindre de coquillages transformés en chaux qui constitue le mât de la pirogue
renversée en signe de mort. Ils mettent la jarre avec les reliques au pied du tumulus ;
3) plus tard, intervient la levée de deuil avec transport
de l’urne funéraire au bord de la mer,
dispersion des restes dans l’océan et bris de la jarre sur la plage ;
4) éventuellement, un substitut du mort en une matière
quelconque : nacre, argile, pierre
etc., le remplace sous la forme d’une
« tête de monnaie » conservée par les parents.
Si Luc Chevalier a
trouvé deux pieux de soutien dans l’un
des quatre tumuli éventrés par ses soins, ce sont des pilotis qui appartiennent à une maison mortuaire sur pilotis.
Les monticules de coquillages de l’îlot Koniene
J’emprunte à Max Shekleton (Bulletin n°158, 1er
tr. 2009, « « Walkabout du 14 juillet 1941,sur l’îlot Koniene en
Nouvelle-Calédonie, par Wilfred G. Burchett »)
la description suivante : « Alors
que nous traversions l’île vers la côte faisant face au récif, nous avons
rencontré des hectares et des hectares
de coquilles en tout genre y compris des huîtres, des bénitiers, des
conques et bien d’autres coquillages qui me sont inconnus, des monticules entiers formés de masses compactées de ces coquillages.
Mon guide [originaire de Lifou]
m’indiqua qu’on les trouvait jusqu’à une profondeur de deux mètres. Deux
mille tonnes ont déjà été prélevées pour
en faire de la chaux et l’impact sur
la ressource est insignifiant ; mon hôte [Jules Calimbre] est convaincu qu’elles représentent des
siècles d’accumulation alors que
l’île était un lieu de festins pour les indigènes se rendant au récif à marée
basse, récupérant les coquillages par pirogues entières et revenant sur l’île pour un festin et un
pilou- pilou… « Mais ce n’était pas seulement un lieu pour
festoyer », mon hôte interrompit ainsi mes pensée. « Venez par
ici ! » et, en me retournant,
je remarquai un grand banyan. Nous nous en approchâmes lentement, les
coquillages s’écrasant en poudre sous nos pas. A l’ombre, sous les racines du
banyan, se trouvait une possibilité d’explication horrible pour ces
festins. Des os
blanchis y étaient éparpillés et, scrutant la pénombre, je pouvais voir les
orbites vides de crânes humains. Lisses, gris et polis, il y en avait à tous
les stades de conservation, certains dont les dents étaient intactes. Il y
avait des os de bras et de jambes, certains avec des traces de fractures. En
certains endroits, les racines et les branches avaient entouré les ossements
humains, -bien implantés dans le bois de l’arbre, -laissant supposer que les
corps avaient pu être placés sur l’arbre même. « Il y avait des
centaines de crânes quand je suis arrivé, mais les Javanais les ont dispersés
et jetés. Pas les indigènes. »Le guide de Lifou apprend au journaliste qu’il ne s’agissait pas de cannibalisme, mais
de tombes.
Il est gênant que
les Tuas aient ravagé le site gorouna dont les monticules de coquillages
compactés sont le seul souvenir. En revanche, les squelette à même le
tapis de coquillages ou déposés sur des arbres qui ont poussé par la suite sont
récents et sont l’œuvre des Tuas. .
L’hypothèse contestée d’une
origine naturelle des tumuli : un mégapode
pourrati être le bâtisseur du cylindre et du tumulus.
Bien que je ne souscrive pas à cette hypothèse, je tiens à la rappeler :d es
spécialistes du Jardin des Plantes, même si d’autres contestent l’ identification qu’ils ont faite des
ossements, découverts par leurs soins avec ceux d’un mégapode, ont relié une
tradition de l’île des Pins que j’avais rapportée dans le bullein sur un oiseau
fossile noir, le du, à l’existence d’un grand
mégapode présent dans la partie indonésienne de la Nouvelle-Guinée sur l’île Waigeo,
localité de Jeimon (avec nom dérivé de Djomon) (Aegypodius brujnii ou talégalle de Bruijin). Celui-ci constitue la seule espèce d’oiseaux qui ne couve pas
ses œufs : aux Fidji, près des volcans où le sable est chaud, cet oiseau
au plumage noir peut se contenter d’enfouir ses œufs sans les couver, mais
ailleurs, il erst contraint de construire, au lieu d’un nid, un monticule d’incubation haut de 2 mètres
avec toutes sortes de débris, si bien
que, au centre, se forme un cylindre organique sur lequel le mégapode dépose
ses œufs et les recouvre de terre. Le mâle porte trois caroncules rouges et une
crête noire. Les mégapodes, en voie d’extinction, étaient largement répandus
aux Philippines, en Indonésie et en
Australie et pouvaient très bien exister à l’île des Pins., comme le rapporte la
tradition locale.
Au Japon : les dépôts de
coquillages associés aux tombes.
Chez les Djomons du Japon, c’est sous le tumulus que se
trouvent les ossements.
On peut songer aux kanjo
dori qui sont des sépultures collectives, d’une hauteur de 0, 50 à 5 mètres
et d’un diamètre de 30 à 75 mètres ;
le montant de terre est estimé à 300 m² : il faudrait 25 personnes
travaillant pendant 123 jours pour
remuer cette terre en provenance du puits funéraire voisin, un homme remuant
1mètre cube par jour .Ces tumuli sont associés à des dépôts coquilliers du
Djomon final. Il y a 14 kanjo
dori contenant de 1 à 21 puits
funéraires à Kiusu près de Chitose.
Au Japon préhistorique, à Terano– Higashi, on compte 127 dépôts coquilliers
(et 804 dans la région entière), nombre qui serait plus proche du nôtre :
300. Il y a 1108 dépôts djomons au Japon: d’autres avancent le chiffre de 4 000
mais en comptant des dépôts de période plus tardive .Les archéologues
japonais pensent qu’il s’agit au départ de détritus d’ordures qu’on aurait
transformés, au fil du temps, en tumuli funéraires.
A l’île des Pins, c’est
à Vatcha, qu’on a
trouvé des poteries ouatom. Or, ce toponyme évoque le catcha de Lifou, c’est-à-dire des débris
corailliens qui ont donné à Gaitcha (Lifou)
son nom, et il est intéressant de voir
assocées céramiques ouatom et débris coquilliers. Il faut décomposer les
mots Vatcha, Gaitcha ou catcha en un mot signifiant coquillage en djomon, kai, et un suffixe
collectif en –ka : on a kaika,
puis Gaitcha.
Les tumuli récents,
œuvre des Tibawés.
Les quelque
200 -300 tumuli de l’île des Pins ne relèvent peut-être pas tous des mêmes
rites funéraires et certains, plus récents, peuvent être l’œuvre des Tibawés,
comme l’indique aussi la présence de
pétroglyphes sur le pic N’Ga, pétroglyphes qui sont l’œuvre des Tibawés et non
des Gorounas. Les Tibawés se sont
installés assez souvent dans le voisinage de leurs parents et devanciers, les
Gorounas : ainsi ont-ils fait à Koné avec les tribus de Tiaoué et de
Cradji ou de Tchamba. On trouve dans la vallée de Tchamba des tumuli qui
présentent, par rapport à ceux de l’île
des Pins ou de Païta, la particularité
d’être clos d’une enceinte de pierre circulaire. Les Tibawés avaient occupé
aussi l’île des Pins, où les toponymes
N’Ga et Gadgi (ces deux derniers se retrouvant à Païta) en témoigneraient
selon G. Païta. Il y a d’ailleurs trois tumuli à Païta. Le nom de Gadgi évoque celui de Cradji. près de Poya. Cradgi
semble bien être le nom
tibawé de ces monticules
préhistoriques de coquillages appelés kaizuka
au Japon et sambaqui au Brésil. D’où
viennent les mots gadji ou cradji. ? Ills sont apparentés à
l’aïnou kai, coquillage, avec un
suffixe de pluriel ainou en –ki.
Au singulier, sans le suffixe de
pluriel –ki, on a la forme N’ga (de kai), le pic de
250 m de l’île des Pins ou celui de
Païta étant comparés à un monticule ou à un coquillage. A noter qu’il existe
des menhirs à Cradji
Un trou figurait au sommet de certains d’entre eux, selon
une indication orale recueillie par Luc Chevalier. Ce trou aurait pu servir à planter au sommet de ces tumuli récents, au
demeurant très peu élevés, une perche, aujourd’hui disparue, dont le bout variait selon le sexe de l’individu,
phallique pour les femmes, en forme de
vulve pour les hommes : c’est ce qu’on retrouve dans les cimetières
ainous actuels observés par Ruffié et dans les cimetières
ouigours fouillés par les archéologues chinois dans le bassin du Tarim.
En effet, le
fondateur de l’hématologie, Jacques Ruffié, alla observer, en 1978, les derniers Ainous
d’Hokkaido. . Il note qu’à Nibutani les
tombes sont surmontées « d’un curieux poteau de bois dont la partie
supérieure sculptée varie avec le sexe du mort »
De plus, au nord du
Tibet, dans l’immense désert de Taklamakan , des archéologues chinois ont eu
l’étonnement de découvrir une nécropole, avec des momies aux traits européens,
aux cheveux châtains et au nez long, datant d’il y a 4 000 ans et enterrés dans
des bateaux retournés recouverts de peaux de vache , avec un mât de bois situé à la proue , de 4 mètres de haut et dont la
sculpture varie selon le sexe : pour les hommes , le sommet est
effilé, symbolisant,selon les archéologues chinois, des vulves, tandis que ,
pour les femmes, le sommet serait plat et
peint en noir et rouge, évoquant des phallus.On peut toutefois se
demander si le mât renversé des Djomons n’a pas cédé la place, chez les Tibawés,
pour les hommes, à la godille (à la poupe du bâtiment) permettant de se diriger
dans les eaux de l’au-delà et pour les
femmes à la navette ou la quenouille, attributs de leur sexe que les Chinois
n’ont pas compris. O’Connell, en Micronésie, décrit cette habitude en précisant
qu’il s’agit de fuseau (spindle) ou
de quenouille (distaffe). Les couleurs
noire et rouge (rhodonite ou variolite) rappelleraient les maternels et les couleurs
blanche et rouge (rhodochromite, diorite de Corse ou jaspe orbiculaire) les
paternels.
La signification des poteries ouatom, ces jarres funéraires
On peut suivre le trajet des Djomons : ces hardis
chasseurs de baleines partent du Japon et,
tandis que la branche qui nous intéresse
traverse le Pacifique, une autre, à une époque où l’Antartique était de climat
presque chaud, vers -15 500, suit sur ses
praohs ces cétacés, et ouvre vers l’Amérique du Sud la voie que suivront ensuite
les Tuas et les Tibawé. Les Djomons colonisent
sur le continent américain le territoire peuplé des Tchons.
Au Chili, à Valdivia, on a
retrouvé des jarres identiques aux urnes ouatom des Djomons . Mais
les Djomons se sont aussi servi de bois ou de bronze pour leurs urnes funéraires.
Les grands « tambours » à fente d’Ambrym,
au Vanuatu, pour garder leur appellation traditionelle, ne sont
aucunement des instruments de musique, mais des objets sculptés destinés à
recevoir, par leur longue fente
latérale, les restes du ou des défunts. Ils sont en bois local et
atteignent parfois 6 m de haut. Ils sont dressés en groupe sur la place centrale
du village. Pareillement, dans la
plaine des Jarres, au Laos, sur le plateau de Khorat en Thailande et au nord de
l’Inde, il existe d’énormes jarres de pierre avec couvercles (les cadavres semblent avoir été incinérés au
lieu de passer par un pourrissoir).
Les tambours de
bronze de Pejeng à Bali et ceux de Java, datant de 500 avant J. C. , comme les tambours en bronze du
Vietnam appelés Dong Son et qui datent
de 400 avant J. C., sont également
utilisés comme coffres funéraires.Les motifs sont dignes d’être notés :
des bateaux, des spirales (stylisant la poupe et la proue d’une pirogue), des
maisons. Relevons encore les grands tambours en bronze moko trouvés à Nuss Tennggara (cf. Pagara, de pa karen, à Houaïlou) à l’est de l’Indonésie.
Les tambours
d’Ambrym nous aident à comprendre le sens des jarres ouatom, car
ce sont, en effet, des pirogues
–tombes dressées verticalement, comme si leur propriétaire,
provisoirement, ne s’en servait pas, la
fente représentant la carène de la pirogue.
Au Mexique, certaines
jarres funéraires sont terminées par deux « pieds » qui sont en
réalité les courbes de la proue et de la poupe de la pirogue, ces deux
extrémités finissant par se fondre en une seule, comme dans les amphores
hélléniques, terminées par un « pied » qu’il faut enfoncer dans le
sol. Elles ne peuvent reposer sur la terre, n’ayant pas de fond plat, et elles
doivent y être plantées par le pied. .
Un motif courant des
poteries ouatom consiste dans des v ou guillemets qui se retrouvent sur les
poterie shan et qui, pour nous, représentent la déesse de la mort aïnou Kamui Akkoro, savoir un calmar super-
géant écarlate (Architeuthis dux
Steenstruop 1857) adoré par les
Djomons.Ici les deux barres du V (à voir
avec la pointe en haut) représentent schématiquement les deux séries de 4 bras de chaque côté du
corps du calmar. Il n’est que de comparer avec les dessins d’Architeuthis, p.444, tome 2 dans B.
Heuvelmans, Dans le sillage des monstres
marins, Le poulpe et le Kraken.
Nous allons tenter de vérifier
la couleur de ce calmar divin et colossal grâce au livre passionnant de Bernard
Heuvelmans sur les calmars, Dans le sillage
des monstres marins, Le kraken et le poulpe colossal, tome second, p. 298. Etant précisé que ces monstres peuvent mesurer
20 m de long et peser 700 kg, voici ce que ce cryptozoologue écrit à propos de
la couleur décrite comme un manteau d’écarlate par un observateur :
« Cette teinte est
familière à la plupart des calmars d’une taille exceptionnelle. En réalité il est impossible de définir la
couleur des céphalopodes, car ceux-ci, grâce au jeu des chromatopohores qui
garnissent leur peau, en changent avec une facilité surprenante.Ainsi les
poulpes , qui , à l’état de repos, sont d’une couleur gris verdâtre, marqués de
taches ou de mouchetures rousses, ont le corps parcouru de vagues multicolores
quand ils sont excités : toutes les nuances du rouge, du pourpre, du
violet et du bleu déferlent sur eux en un éclair et se fixent parfois en des
marbrures très contrastées. ..Parlant d’un calmar-flèche de la Méditerranée, Jean-Baptiste
Vérany écrivait : « Dans l’état de vie, ce céphalopode est d’un
blanc livide peu transparent, se nuançant de bleu, de verdâtre et de rose irisé
par des reflets argentés…Quand il a perdu toute vitalité, et que le jeu des
points chromatophores a cessé, sa couleur est d’un rouge brique uniforme. » Il n’est pas
étonnant que les calmars géants trouvés moribonds sur une plage ou à la surface
de la mer, -ou même leurs restes mutilés,- aient souvent été décrits comme d’un
rouge plus ou moins éclatant. » Tel est le cas au Japon, où akkoro (de ligoro, l’enroulé, parfois le serpent) désigne le calmar
super-géant, Architeuthis dux. .
Le motif de l’ « œil
qui pleure » si répandu à la proue des pirogues, comme celui des
« côtes saillantes » prises pour un signe de famine, me semblent
refléter les bras du calmar super-géant , comme le v des poteries
djomon .De même , certaines figures
géométriques des urnes ouatom comme
celle du losange, renvoient
peut-être aux bras des encornets
Ainsi, la jarre funéraire ouatom représente une pirogue renversée ; ses anses éventuelles sont les courbes de la
proue et de la poupe, tandis qu’elle représente elle-même le ventre de la
pirogue.
Les inventeurs de la
poterie préhistorique : une société de chasseurs-cueilleurs- pêcheurs
(Madame Habu).
Certes, les fouilles dans une grotte de Chine
ont exhumé desdez fragments de poterie de 20000 ans (Science, juin 2012) et dont on pense qu’elles servaient à la conservation
de la nourriture à une époque où celle-ci était devenue rare, l’époque de la
petite ère glaciaire.On en a trouvé qui sont datées de 18000 ans et les
fouilles de Sibérie ont donné des poteries de 10 000 ans d’âge, mais certaines poteries djomon peuvent remonter
à 16 500 ans. Les poteries de Nouvelle-Calédonie et des autres sites de
Mélanésie ou de Polynésie sont beaucoup
plus tardives (-1000) et datent du Djomon final : la couleur rosâtre de certaines d’entre elles peut suggérer une influence de la nouvelle poterie coréenne (qui avait passé
du style Chulmun au style Mumun de
couleur rougeâtre) inspirant une mode
dans le nord-ouest de Kyushu.
Cette première forme
d’art, qui semble être liée à la
mort, est apparue chez un peuple nomade de pêcheurs–chasseurs-cueilleurs. Suivons
les Djomons à partir du Tukestan chinois, du bassin du Tarim devenu un immense
désert , où l’on a retrouvé un de
leurs cimetières, avec des momies et des poteries noires portant des incisions et datant de – 2000 , analogues à
certaines poteries de l’île des
Pins. Nous retrouvons les Djomons à
Borasan et à la ville fluviale de Khotan ou Chotan, connue pour les poteries et
les bronzes qu’elle exporte jusqu’à la Méditerranée et jusqu’en Chine, où
certaines poteries attribuées à la dynastie schang en proviennent : ces
poteries dites shan rappellent étrangement les jarres ouatom par leurs décors
géométriques.
Marcel Griaule dans Les
Saôs légendaires parle d’une entrevue qu’il eut étant jeune avec le grand
et déjà célèbre africaniste allemand Léo
Frobenius ; ce dernier lui décrivait le Chari du Cameroun oriental et
lui recommandait de s’intéresse à l’inhumation secondaire en jarre : « Dans
les berges de terre à pic, on voit des jarres enchâssées. Certaines se sont
fendues et dans l’humus dont elles sont pleines apparaissent des tibias et des
fragments de crâne. C’est une question du plus haut intérêt ; si vous passiez
par là, vous devriez creuser… » . Marcel Griaule écoutera ces conseils et ses fouilles feront sortir la cité Saô aux grandes urnes du
Tchad (où Djameina évoque pour nous N’Gameini,
comme le nom du Cameroun celui de karen-ni
et de Gorouna), ainsi que les
sépultures en jarre de Goulfeil. On connaît de telles sépultures, notamment aux
Philippines, dans les grottes de Tabon (jomon)
ou dans celles de Manunggi (maison
à double corne, de uma et de pwangi) sur l’île Palawan., où 78
urnes funéraires ont été retrouvées.
Suite sur les Tuas, les Tibawés et les autres
2) Les Tuas en provenance de Tasmanie via Vaté (Vanuatu),
vers 1350 avant J. C. (éruption du Witori en Nouvelle-Bretagne) et en une autre
vague vers l’époque du Christ (éruption d’Ambrym).Les moakens, mythe ou réalité
historique ?
G. Païta (Op.cit.) appelle Tuas ces populations noires
et de petite taille venues de Tasmanie. Ce sont des veddoïdes, c’est-à-dire
qu’ils sont originaires d’Afrique noire et de Ceylan (les Nittaewo disparus aujourd’hui, de ni, petit, taungwo (pour pwo), nom de certains Negritos tuas) qui
était appelé Vedda, d’où vient le nom de
tuas, de Vduas, qui signifie noirs. Monda signifie personnes (mon)
noires (da de dua) et désigne une famille de langues austroasiatiques. D’où
venaient-ils avant l’Inde ? D’Afrique noire vraisemblablement puisque les
Dravidiens affirment venir d’un
continent au sud de l’Inde et qu’on est tenté de songer à l’Afrique, où l’on trouve des pygmées appelés Tuas
au Rwanda et au Burundi et Tua-Tua
en proto zoulou. On retrouve ce même nom
chez les Sakai veddoïdes de Malaisie :Skeat et Blagden cités par B.
Heuvelmans, dans Sur la piste des bêtes
ignorées, P. 191, tome I, parlent d’ « une race sauvage dans l’intérieur
de Bernam (« Burnam», limite entre les Etats de Perak et de Selangor à
Malacca) appelée tuah benuah
[signifiant en malais la terre, fenua
en tahitien, tua] par les gens de
Selangor »Au Congo certaines tribus pygmées sont appelées Wambouti
(de tua hpou ti, ti signifiant
petit) ou M’Buti, ce qui rappelle les noms de
Pouembout (de tua hpou ti) ou de Ouenkout (de tua hpou ti) . Citons encore leurs escales en Birmanie,
en Thaïlande (les Mani, de hmong li, petit hmong),
aux Philippines où on les appelle Negritos
(Semang de Malaisie) ou veddoïdes (Senoi ou Sakai de Malaisie). Le mot Nigtito est philippin et,
bien qu’on ait voulu en faire un diminutif de l’espagnol negro, il est proche de
Niggurt en Micronésie qui désigne des esclaves noirs. Il est à rapprocher
du nom du fleuve africain le Niger,
du Nigeria, de ligur, serpent ou poulpe enroulé.
Les Karens noirs, Pao ou Pwo ou Taung Thu (taung désignant les Tuas et Thu
signifiant noir), vivent dans l’Etat des Shans et parlent une langue austroasiatique du groupe semai, le.pao, apparentée au pwo. Pwo et
Pwe désignent les langages de
certains Karen en Birmanie. Les Karens
noirs se nomment dans leur langue Hploun Hpou
Le mot mala,
mara ou le mot mei indiquent leur provenance, après l’Afrique
lointaine et divers et nombreux métissages, de Birmanie. Leurs reliques en Calédonie
sont
1 le pwa-pwa (de pwo tua), parlé à Boyen, près de l’ilôt Koniene. A rapprocher
du wowo parlé à
Epi ;
2 le pwa mei (de pwo et mongh li), langue agonisante parlée près de Voh, à rapprocher du maëwo (de mei, birman, et de pwo)
.Voh vient de pwo ;
3 le pwamale, de pwo et mong li (Cf. Temala, de gate, cœur, trésor et mong li), jadis habitants des grottes de
la côte est, près de Touho (toponyme venant de tua). A rapprocher du kwa
mera (de pwa mong li) parlé à
Tanna. Le nom des gens de Poyes vient de Bwo kayah .Ouenkout vient de tua hpou ti. Poindimié vient de pwo,
et de du myao, qui signifie Hmongs noirs. Le nom est un souvenir
des premiers occupants tuas, comme Touho ou Thio
4 le bwa too (de pwo tua), langue morte de l’îlot Koniene .Pouembout vient de tua hpou ti. A raprocher du valuwa (de hploun qui donne valu ou voro, et de tua) ou volow parlé aux Banks;
5 l’abwewe
(de a, langage, et de pwe
pwe) ou orowe (de hploun pwe)
dans la région de Bourail. Le nom de
l’orowe est à raprocher du lonwolwol (de li hploun hploun, donnant, par harmonisation
vocalique, lowolwol) parlé à Ambrym
de l’ouest (Vanuatu). L’étymologie populaire de Bourail donne « la queue du Serpent », mais en réalité
Bourail, comme Ourail, vient de Hpou Kaya, qui est un nom qu’on retrouve au complet dans Nepoui (de Li Hpou Keye, le nom que se donnent les Karens noirs); Boyen, Boghen et Boaken viennent de hpou- kaye-ni (ni au sens de de petite
taille). Citons comme noms tuas Nera (altération
de Kayah, autre nom des Karens), où
l’on a trouvé des poteries, comme à Naïa
(de Kaiah),
Langue wa :
le wa
mwang, de tua hmong, langue morte de la région de Voh. A rapprochert d’une
langue parlée à Epi au Vanuatu, le bonkovia,
avec bonk pour hmong et de ovia pour twa.
. Poya vient de Hpou kaya. Kaya ou
Keye est un nom des Karens
Le nom de Ploum,
de hploun, où l’on on a découvert d’antiques poteries à anse très différentes des
poterries ouatom, vient du nom de
ces Karens noirs de Birmanie qui, dans leur langue, se
nomment Hploun Hpou. Hpou est un
mot karen (signifiant homme). Ouen toro vient de tua ou pwa ligoro, le
peuple tua du Serpent.
De Birmanie une branche des
Tuas migra, par le pôle sud, moins glacial à l’époque, jusqu’en Amérique
du Sud. Puis ces Tuas gagnèrent les Toua
-motous.Dans les atolls de l’archipel des Touamotous qui ont nom Reao, Tatakoto, Napuka, Tepoto, non seulement les
observateurs ont remarqué un type physique très différent du type dit
« polynésien », savoir un type très noir, proche, selon le Major
Douglas, des Vedas du sud de l
‘Inde, et un langage différent des
langues polynésiennes. Dans les Tonga,
on a l’île Ha’Apai dont le nom vient de
Sakai, nom qui signifie les hommes en Malaisie.
Une migration tua de Tonga, de Ha’apai exactement (-600), vers Ouvéa, vers La Foa et Voh.
Les Gorounas émigrés
de Ticopia ont colonisé les Tonga et
précisément l’archipel Ha’apai où ils ont laissé des débris de poterie ouatom
datés de -700 avant J. C. Les Tuas qui avaient colonisé les îles voisines de
Ticopia les suivent. Les noms de
certaines îles vont nous
interpeler : celle d’’Uiha qui, comme Ouvéa, révèle
l’origine ticopienne de certains Tuas, et celle
de Vava’hu (de vavatu, de tua pou ti) , qui
rappelle le nom de Vavouto.
Il faut noter encore les
îles de Foa (cf. la Foa, de pwa, près de Tia, de
tua) et surtout de Lifouka
(de ka, île, et lifou, serpent) ; il existe ainsi
aujourd’hui une île Lifou aux Tonga ! Mais, dans l’archipel calédonien, seul
les Européens emploient le nom de Lifou tandis que les autochtones se servent
du mot Dréhou. L’ont-ils emprunté à Ouvéa –Uiha ?
Des Tonga les Tuas
reprirent leus migrations pour l’île de Pâques, qu’ils atteignirent
après les Tibawés ou Pakéas qui avaient construit les premières statues, mais
avant une dernière migration,
polynésienne au XVIIe siècle.Les
Longues Oreilles pascuans, ainsi appelés à cause de leurs boucles d’oreille,
sont des Tuas venant des Touamotous où les populations portaient des boucles
d’oreille consistant anciennement en un cristallin de céphalopode géant
ressemblant à une perle, puis en une perle. Nous savons que Tahiti importait
des perles montées en boucle d’oreille et des pectoraux appelés taumi en poil blanc de
« chien » (taumi qui
signifie chien de mer). Les poils du taumi
conservé au musée de Salem sont
lonsg de 20 cm et de couleur grise, blanche et jaunâtre.A quoi correspond ce
chien de mer ou loup de mer ? Ce ne peut être un chien, même si les
Polynésiens connaissaient un type de chien : curieusement, ils connaissaient un chien de race poméranienne, qu’ils appelaient en maori porro, emprunt espagnol hérité du
naufrage du San Lesmes en 1521 en Polynésie (voir Robert Langdon, The lost Caravel re-explored). C’est
probablemen le Poméranien, blond et aux
yeux bleus, appelé Pomar, qui en avait un
couple avec lui lors du naufrage.Si l’on en croit Peter Costello, reprenant les
travaux d’Heuvelmans,le taumi serait la
crinière blanche d’un mammifère marin, une otarie à long cou.
Autres migrations
depuis le Vanuatu
Ce sont vraisemblablement les éruptions volcaniques,
notamment celles d’Embrym (de amari,
de hmong li ou longli, hmong de petite taille), qui, peu avant notre ère,
amenèrent des Tuas, les Kwamera notamment, à fuir du sud de Tanna vers Ouvéa (Mouli, de Hmong Li), vers
l’île de Maré (prononcé Mari), et vers la côte est, puis
vers l’îlot Koniene et le sud de la Nouvelle-Calédonie (Mouri, ancien nom de Païta), .Le chef des Papouas Aweke raconte son
arrivée :« C’est ainsi que nous arrivâmes dans des parages peuplés de
guerriers [les gens de Balade], lesquels avaient remplacé déjà des
naturels [les Tuas] ne sachant pas
construire des cases et vivant dans des trous (grottes] ». Les Maréens
confirment cette description. G. Païta
confirme que leurs maisons étaient de simples « huttes de la taille d’un
pygmée. .
G. Païta, après avoir évoqué le métissage des Gorouna,
des Tuas et des Tibawés, ajoute : « au fil des siècles, les uns et les autres se mélangèrent, et
les Tuas disparurent
progressivement. Mais [les Tuas] nous
laissèrent en héritage les « rouquins », qu’on croise encore
aujourd’hui dans nos tribus. » C’est ceux qu’on appelle pure-pure en Polynésie, de hploun, cf. vole aux Banks .Le même nom est donné métaphoriquement aux
porcelaines tachetées comme la Cypraea
chinensis. Cette particularité
génétique était liée aux Karens noirs
parlant notamment le valuwa aux Banks, le bwa
too ou le orowe en
Nouvelle-Calédonie
L’homme de Néanderthal et ses descendants calédoniens, les Moakens (de
Hpou kaye ni, ni au sens de petite
taille) : mythe ou réalité historique ?
Ainsi G. Païta ratache-t-il l’existence de ces hommes roux à l’existence passée des
Tuas et non, comme on aurait pu s’y attendre, à celle des Gorounas (ou même des
Tibawés), blancs et blonds ou châtains. De
plus il parle d’ « hominiens »,
visant par là une composante primitive des
ancêtres des Tuas, les Moakens ou hommes de Neanderthal qui se sont
métissés avec les Tuas.
Or, on admet que les néandertaliens avaient souvent
les cheveus roux. .Aujourd’hui, on
réhabilite ces hommes de Néanderthal et on sait que, sur le continent Sahul (Australie et Nouvelle-Guinée), il y a
60 000 ans, ils étaient plus avancés que nos ancêtres Homo sapiens, se servaient d’outils, parlaient, se paraient de
plumes rouges d’oiseaux en signe
d’autorité, honoraient leurs morts, bref
constituaient un modèle envié pour les autres hommes préhistoriques. Ils
auraient conservé la démarche sur la
pointe des pieds qui en avait fait
des grimpeurs habiles adaptés aux pentes rocheuses.Ils se sont métissés avec
nos ancêttres et notre génome se constitue d’une partie du leur, malgré la
diffamation dont ils ont été victimes
depuis des siècles.Par exemple, dans Science
du 13 mai 2011, l’équipe de Ludovic Slimak, du CNRS, fait état de ses découvertes au niveau du cercle polaire, dans une région
où , l’hiver, la température descend
au-dessous de -40°C , d’outils moustériens du paléolithique moyen, des os de
mammouths débités , de renne, de loup et d’ours (site de Byzovaya au nord de la
Russie, près des côtes sibériennes) , le tout datant de – 26 000 ans.
Le moaken, selon le nom qu’on leur donne en
Calédonie, ce qui rappelle le mythe français du dahu, a toutes les caractéristiques du migo (migheu, migu, mirka, mirgo), nom
par lequel on les désigne en Mongolie. L’étymologie populaire rattrache le nom du migo à une de ses caractéristiques légendaires, sa mauvaise odeur,
faisant venir ce mot de mi, personne, et de ken, sentir mauvais (allusion à une odeur de charogne, de coquillages en voie de putréfaction ou de cadavres, à cause de leurs rites mortuaires associant
les coquillages et les hommes ?). Au Brésil on a pour eux le nom de mapinguary (de pwa pou, et nguary, de kaye ni, petit karen).
Leur nom calédonien moaken vient du nom
de leur ethnie tua, pwo kaye-ni (de petite taille), qui est le nom de certains tuas et qu’on retrouve dans
dans le paronyme Boaken ou Boghen.
Quelles sont les caractéristiques de ces hybrides d’homo sapiens et de néandertalien ?
1 Une odeur épouvantable
Depuis l’archer Philoctète piqué
au pied par un serpent et débarqué à Lemnos à cause de l’odeur excrémentielle
de la blessure jusqu’aux femmes de Lemnos qui durent tuer leurs maris affligés
de la même maladie que Philoctète, il existe à leur sujet une tradition d’odeur épouvantable.
L’explication peut être cherchée
dans le fait que , chez beaucoup de mammifères, putois, mouffettes ou
gorilles, il existe des glandes anales,
peut-être originellement déclenchéeslors de la défécation, puis qui ont conquis
leur indépendance et servent à marquer leur territoire ou à éloigner le
prédateur. Elles se déclenchent lors de stress dû à une menace, ou à un
changement de régime alimentaire, comme
on en a eu la preuve dans un zoo londonien où les gorilles avaient été nourris
de chous de Bruxelles et ainsi donné lieu à dégagement d’une odeur
insupportable et nauséabonde. Philoctète à bord de la flotte achéenne avait
nécessairement changé de régime et de même les maris des Lemniennes.
2Une jambe plus courte que l’autre
Le tibia des 400 squelettes de néandertaliens aujourd’hui
retrouvés est bien plus court
proportionnellement que le fémur, et chez les hybrides cela pourrait donner des
hommes avec une jambe plus courte que l’autre (un mélange des deux hérédités) ; telle est bien la caractéristique qu’on atribue aux moakens dans les légendes calédoniennes.
D’après les An nales
de l’Académie nationale américaine des sciences, juin 2012, les chercheurs (Français Jean-Jacques Jaeger)
ont découvert en Birmanie plusieurs dents de peits primates datant d’environ 37
millions d’années quoi doivent êre ses ancêtres et ceux dses Tuas. . Des
versions similaires de ces dents ont été trouvées en Libye., datant d’il y a
seulement moins de 2 millions d’années, attestant d’une présence plus récente
en Afrique..A noter qu’on trouve précisément le même mélange de gènes chez l’Australopithecus
sediba (trouvé dans un état de conservation remarquable au fond d’une
grotte sud-africaine par Lee Berger et datant de 2 millions d’années) dont les
mains et les pieds présentent simultanément les caractères de grimpeurs propres
aux grands singes (tibia proportionnellement plus court) et d’autres caractères typiques de l’homme. Cet
australoïde, nom donné aux anciens habitants des continents appelés Sunda,
Wallacea, Sahul (c’est-à-dire l’Australie et la Papouasie qui étaient alors
soudées), intégrant l’Afrique, le sous-continent indien, le Sud-Est
asiatique qui s’enfonçait profondément en Asie centrale et le Japon, est à rapprocher des outils trouvés à Florès
et datant de 800 000 ans ! La
datation préhistorique, en effet, a évolué. Par exemple, des outils en pierre taillée de type biface datant de 1 760.000 ans ont été trouvés au nord du Kenya (Nature, 31 août 2011), près du lac Turkana, dépassant la date des plus anciennes pierres façonnées selon
cette technique découvertes jusque
là, vieilles de1 400.000 années, soit
360.000 ans plus tôt. L’Angleterre était peuplée, il y a 800 000 ans, huit cent
millénaires (fossiles trouvés à Happisburgh [Norfolk], sur une plage de la côte est de
l’Angleterre), ce qui confirme une découverte, par la même équipe (Nature, Simon Parfitt) à Pakefield dans le Suffolk, au bord de la
Manche actuelle, de fossiles datant de 700 000 ans, avec un climat type Côte
d’azur. Ajoutons que des archéologues chinois ont trouvé en Chine (PloSOne) des fossiles humains datant de 14500 à 11 500 ans dans la grotte de
Maludong (du cerf rouge en chinois) près de Mengzi (Hmong li, petit hmong) dans le sud de la province du Yunnan et d’autre part , dans la région de Guangxi (hmong li) qui est limitrophe du Yunnan ,
un quatrième squelette qui complète les trois crânes et les dents découverts près du village de Longlin (de Hmong li, petits hmongs ). Ces squelettes présentent aussi un mélange de traits archaïques et modernes
et sont contemporains des débuts de l’agriculture en Chine.Il fallait, avant cette découverte, remonter à 100 000 ans pour trouver cet
amalgame, selon le Professeuir Damien Curnoe, de l’université de Nouvelle-Galles
du Sud et le professeur Ji Xueping, de l’Institut d’archéologie du Yunnan. De
plus, il y a 2 millions d’années et plus, d’après des fossiles humains
découverts en 209 au Kenya, deux mâchoires et une face (Nature, août 2012), il existait certainement au moins deux espèces d’Homo erectus, Homo habilis et Homo rudolfensis qui coexistaient.En
2012 on a trouvé au Laos un crâne d’Homo erectus appelé Jacqueline par les paléologues et vieux de 50000 ans, le plus
ancien Homo erectus trouvé .
Le melting-pot
originel qui s’est formé à Longlin en
Chine
Dans cette région originelle, le métissage
a formé plusieurs peuples :
1) les hommes de
Neanderthal (appelés migo ou myao) vont s’hybrider avec des jaunes (yoi) et donner les (m) ya
(o) -yoi, les
yayoi de Corée qui, connaissant l’agriculture, vont passer au Japon vers
l’époque du Christ et former, par un métissage avec les Jomons, les Japonais modernes. Les Tuas, les jaunes et les Djomons donnent les habitants de
l’archipel Ryou Kyou. ;
2) les Tuas et les Mongs jaunes de Birmanie donnent
les austronésiens (Indonésiens et
Malais) ;
3) les jaunes, les Tuas et les hommes de
Néanderthal forment ce qu’on appelle les
Polynésiens, qui gardent le nom de Hmong Li (Longli) : ce dernier
devient maoli à Hawaï et aux Marquises, maori aux îles Cook et maori
en
Nouvelle-Zélande, maohi, à Tahiti, Mouréa,
Bora-Bora et Murua aux Iles Trobriand. Notons aux Comores Mayotte dont lr nom
est Mahore en langue locale, Mohéli, Moroni, Longoni.
4) les Tuas fondus avec les néandertaliens donnent
les mani (de Hmong Li) de Thailande.
Les noms de Maré (graphie
anglaise qui se prononçait Mari), de Mouli à Ouvéa, de
Mouri l’ancien nom de Païta, révèlent le passage des Tuas dans les îles
Loyauté et à Païta. .
D’autre part, le docteur David Reich, généticien à la Harvard Medical School, et son équipe
ont établi qu’un petit nombre d’hybrides, mi-néandertaliens, mi –Homo sapiens, avaient vécu en Sibérie,
près de la grotte de Denisov il y a entre 46 000 et 67 000 ans et que des hybrides
denisoviens-sapiens avaient existé
plus récemment.. L’analyse de soin ADN a permis de dreser un portrait :
peau noire, yeux bruns et 6%du génoime des peuplements d’Ausytralie et de
Mélanésie. Du matériuel néandertalien se retrouve dansles populations
d’Amérique du sud et d’Asie.(Science,
août 2012). Enfin le néandertalienfossile nommé Regourdou 1 trouvé non loin la
grotte de Lascaux en 1957(Plos One, août 2012), âgé d’environ 70000ans étaiot
droitier.
En Birmanie, sur les bords du lac Inle, les pêcheurs rament
d’une façon qui nous paraît extraordinaire. Les pêcheurs se tiennent debout à
la poupe sur une seule jambe, la droite,
l’autre étant enroulée autour de la
godille.S’ils avaient à ameublir la terre dans le billon d’ignames à flanc
de colline, on les imagine nien dans cette position typique du moaken
légendaire, ce qui a dû exciter les
railleries des autres ethnies.
3 Un langage sifflé ?
On a remarqué que dans certaines régions du monde (sur l’île
de Gomera aux Canaries, au Mexique,
à Tursch en Lydie sur le lieu du royaume légendaire de Philoctète et à Casamance en Afrique). Philoctète,
le seul à qui Hercule a confié le lieu de son bûcher, persuadé que son mutisme
l’empêcherait de le révéler, indique celui-ci …en allant sur l’emplacement avec
des Grecs et en pressant la terre du pied. Il pousse d’autre part d’horribles
cris inhumains analogues à l’Irrintzina basque.
4 Les rites
funéraires et la « momie ».
Lorsque les chairs des cadavres ont été mises à pourrir, le crâne est
broyé et devient une mixture, la momie, que les Tuas absorbaient, -omme
une sorte de ce soma védique originel dont la composition est restée
secrète. Voici ce qu’écrit à ce sujet
Bernard Heuvelmans, p. 156, dans L’homme
de Néanderthal est toujours vivant : « Le nom du médicament
, à savoir moumieu, provient de
l’iranien moum, qui veut dire
« graisse » ou « cire », et du tibétain mi-eu, ou plutôt migheu, qui signifie « homme sauvage [notre moaken] . Au Moyen Age, les Arabes
ont vendu en Europe un baume analogue, et, en Egypte ancienne, le mot momie avait fini par désigner
l’embaumement lui-même. La couleur particulière et les propriétés colorantes de
la substance originale sont même passées dans le langage courant pour désigner
une teinture, voire une teinte, qu’on appelle en russe moumiya. » La nuance « brun momie » existe encore aujourd’hui pour les
artistes-peintres. Les noms des plantes amômos,
cinnamomum (cannelle)
renvoient à des ingrédients de la mixture.
5 Le problème de l’albinisme
Il y a plusieurs types d’albinisme plus ou moins total., souvent caractérisé par
d’importantes hémorragies et une prédominance
de globules blancs comme dans la maladie de Waldenström (celle dont Pompidou est mort) ou
dans le syndrome de Griscelli (du nom de mon parent, le Professeur Claude Griscelli, qui a étudié ces enfants appelés enfants de
la lune parce qu’ils craignent le soleil ).Or,
nous avons, dans ces régions aujourd’hui
glaciales de Laponie (de arakaunia), la trace de populations qui précédèrent les
Esquimaux ou Inuits.A l’arrivée des Inuit au Groenland, au nord-ouest, existait
encore une population appelée « Dorset » par les archéologues et qui s’y
était installée vers – 1000 en provenance du Canada actuel.. Dans un manuscrit
du XVIe siècle, l’Histoire de la Norvège, voici comment ils
sont décrits : « Plus au nord, au-delà des établissements
viking, des chasseurs ont rencontré des petits hommes qu’ils appellent skraelings …. Lorsqu’ils sont
poignardés, mais que la blessure n’est pas mortelle, celle-ci devient blanche
et ils ne saignent pas (de sang rouge), mais, lorsqu’ils sont mortellement
touchés, ils saignent abondammen ». Ils
ont disparu, peut-être suite à leur perturbation sanguine, mais aussi par
métissage ou par migration en Amérique.
La toponymie calédonienne héritée des Tuas.
Les Tuas ont laissé des traces dans le sud de la Grande Terre, où P. Avias
voyait, à Goro un des rares endroits de
présence négroïde en Calédonie. Le nom de Naïa près de Païta, où l’on a découvert des poteries,
vient de Kaiah, le nom que se
donnaient les Karens noirs de Birmanie, appartenant au même groupe linguistique
que les Abwéwé de la région de Bourail
où la Néra, doublet dialectal de
Naïa, offre également un gisement de
poteries tuas, comme celui de Ploum.
Ainsi, Touaourou
vient de tua ligoro et signifie
la Déesse poulpe géant comme Goro et comme
Oro à l’île des Pins viennent de goro, euphémisme signifiant l’enroulé
et désignant le poulpe géant ou le serpent. Le nom du col de Mouirange renvoie, à cause de la forme des collines qui, près de
l’ancienne carrière du col, sont coudées, au nom du boomerang (en Nouvelle- Galles du
Sud, wo- mour-rang). Le nom de la
Tontouta vient de too pota, signifiant la rivière tua.
1 Les pyramides de
coquillages de Tasmanie, de l’îlot Koniene et de
Touaourou.
Voici comment Péron,
qui passe un mois en Tasmanie en 1800, nous décrit les Tasmaniens.
Les Français, dit-il, aperçurent une case de naturels. « Ce n’était,
écrit-il, qu’un seul abat-vent d’écorces disposées en demi-cercle et appuyées
contre quelques branches sèches. Un aussi frêle abri ne pouvant avoir d’autre objet que de
préserver l’homme de l’action des vents très froids, j’observai que sa
convexité se trouvait en effet opposée à ceux du sud-ouest, qui sont les plus
glacés, les plus constants, les plus impétueux
de ces parages. En avant du pauvre ajoupa que nous venions de découvrir, se trouvaient les débris d’un
feu récemment éteint, et de gros tas de coquillages, d’huîtres et d’haliotis gigantea se montraient à peu de
distance, exhalant, par la corruption des débris d’animaux que les coquilles pouvaient conserver, une
odeur putride et nauséabonde…. Tous les individus étaient chargés de
coquillages appartenant à la grande espèce d’oreilles –de- mer [haliotis] particulières à ces
rivages. »
De tels amoncellements de coquillages ont été signalés en Nouvelle- Calédonie à Touaourou,
à Païta et surtout à l’îlot Koniene, sur un site initialement gorouna.
2 Le boomerang
L’emploi du boomerang
dans le Guzerat, dans le sud-est
de l’Inde et à Célèbes, atteste du
passage des Veddas, comme le font, aux îles de l’Amirauté, les pointes de flèches taillées à grands
éclats. Les lieux où l’on trouve la
trace indiscutable de cette arme
de jet sont la Tasmanie, la Nouvelle-Galles du Sud, la Nouvelle-Zélande où les Tibawés sous le
nom de Pakéas en ont introdut
l’usage, Santo, Maré et Hienghène. .
Mais l’association du boomerang et de
l’Australie est si forte que, par exemple, le musée de Pithiviers, possesseur
d’une collection calédonienne dont un
boomerang, a fait disparaître récemment, comme une pièce rapportée, ce
boomerang ! Il a fallu les études de la SEHNC, de B. Brou et du P. Dubois,
pour tenter de mettre l’accent sur les boomerangs de Maré ou de Hienghène. L’appartenance
du boomerang à la culture de l’archipel calédonien est si peu connue qu’un
collectionneur averti de mes amis a
commis la même méprise que le musée du Loiret. .
Le bestiaire sacré des Tuas
Ce bestiaire tua a exercé son
influence sur les Djomons et sur les Tibawés.
1)
Le serpentaire (Sagittarius
serpentarius) ou bateleur des savanes
(Terathopius ecaudatus) contre
le serpent : un signe tua , repris parles
Tibawé
Pour les Tuas, certains oiseaux
en voie d’extinction, parents des serpentaires de Madagascar (Eutriorchis astur) et des bateleurs des savanes idolâtrés au Zimbabwé,
étaient plus forts que les serpents,
puisqu’ils s’en emparent et que la queue de celui-ci peut dépasser de leur bec
d’un mètre 50.Ce qu’on prend pour une langue tirée sur certaines sculptures est
la menace que représente pour l’ennemi le serpentaire avaleur d’un serpent dont
la queue sort de la bouche.
Les anguilles ont joué le rôle de substituts lors des
cérémonies de deuil d’origine tibawé, tant en Microinésie qu’en Polynésie orientale,
où l’on voit certaines femmes jeter en l’air des anguilles, ou bien en
Nouvelle-Zélande, où l’énigmatique sculpture
koro tangi (un oiseau vert),
qui tire son nom d’un mot tibawé konao,
devenu koro et signifiant pierre et de tangi signifiant
déploration, est également associé à
des cérémonies de deuil maories.
A date préhistorique il est certain que la victoire d’êtres humains sur un oiseau monstrueux a dû marquer les esprits : s’agit-il de
ce dinosaure à plumes dont le paléontologue chinois Xu Xing a récemment découvert le squelette fossile, le Gigantoraptor erlianensis ou
Limnusaurus ? La mythologie grecque nous a parlé du lac Stymphale et
de ses oiseaux monstrueux mangeuirs d’hommes que Hércule, pour venir en aide à Philoctète et à ses « petits »
compagnons, abattit à coup de flèches. On songe à un souvenir de lacs comme le Lac Vert, Ichil Koul, encore appelé
le lac Saphir (le nom Stymphale est apparenté aux noms d’Omphale, d’ Opar, et
au mot opale), entre le Tibet et la
Mongolie, au Mustang, une région riche d’environ 10 000 grottes sacrées. Mustang
se décompose en Tang, qui est un
autre nom pour les Tuas (Taungs).
2) L’ œil du calmar super- géant, Architeuthis dux Steenstrup 1857 et les
boucles d’oreille des Tuamotous
Dans la culture djomon, il
existe une grande déesse, appelée Ka Mui
Akkoro (ka mui, la divinité, la déesse
et akkoro [de ligoro, au sens propre l‘enroulé, euphémisme pour calmar, parfois serpent] de couleur rouge, que les Tuas ont
honorée également à travers les boucles d’oreille de leurs descendants
tuamotous.
Heuvelmans écrit (Dans le sillage des monstres marins, tome 2, p.271) à propos de l’œil de ce monstre : « [Le fait ] que
[son cristallin] ressemble, tant par la
forme que par l’aspect, à une perle
avait été remarqué depuis bien longtemps, puisque des fouilles archéologiues
ont démontré qu’au temps des Incas, les Péruviens se servaient des cristallins
des grands céphalopodes à des fins ornementales et que les anciens Egyptiens en
mettaient comme yeux à leurs momies .A une époque plus récente, les
indigènes des îles Sandwich en vendirent comme perles authentiques à de naïfs
voyageurs russes. » On remarque aussi sur les masques calédoniens des
opercules à la place des yeux.
Les Tuamotous se servirent des cristallins comme boucles d’oreille
qu’ils remplacèrent plus tard par des
perles lorsque commença le commerce de ces parures sacrées (taumi, etc.)
vers Tahiti.Mais le port d’une perle, comme,
initialement, celui du cristallin, était un hommage au divin céphalopode
et à sa force divine. Il sera aussi plus tard symbolisé par l’opercule d’un
coquillage considéré comme l’œil du calmar
et porté en boucle d’oreille créole.
Les
lames ondulées, encore appelées lames
flamboyantes (luk en indonésien), des kriss balinais ou malais, sont des
représentations des bras ondulants du calmar,
comme les sceptres chinois appelés ru
yin.
3) La « plume » des calmars
La « plume » ou glaive
du calmar,-du carbonate de calcium,-est
l’équivalent de l’ « os de seiche » : le pseudo-squelette
de cet invertébré ressemble d’ailleurs vraiment à une plume. Il a servi de
modèle aux Tuas et aux Tibawés pour leurs armes.courbes, boumerang ou
autres, comme les patu-patu ou mere. Tant il est vrai qu’on a trop
sous-estimé le rôle du monde sous-marin dans les représentations de ces
cultures du Pacifique.
4) Le poulpe géant du pacifique, Octopus apollyon Gabb
Les Djomons ne se sont pas
contentés du calmar super-géant : ils ont aussi honoré le poulpe géant (à
moins qu’ils ne les aient confondus). En Calédonie, on l’appelait
wiwa, de wi, serpent, et de wa,
bec,mais le nom a aéujourd’hui passé à
un poisson Le plus grand poulpe du pacifique ou poulpe pointillé, qu’on
reconnaît à ses grandes taches en forme d’anneaux parsemés sur tout le corps, a
pu inspirer plusieurs formes d’art océanien.Ainsi, lorsqu’il y a une sphère
avec une croix divisant l’espace par une symétrie à 4 (les 4 x 2 bras du
poulpe), on peut interpréter le symbole par une représentation de ce poulpe. De
même, les casse-têtes dits à bec d’oiseau ou à bec de tortue (tibawés) renvoient, selon moi, au bec semblable à celui d’un perroquet de
ces poulpes colossaux et seraient mieux appelés « casse-têtes à bec de poulpe géant ».Il a dû y avoir une erreur de
traduction sur le mot tortue (tortue-serpent). La hache ostensoir en serpentine
avec ses huit « tentacules » et sa forme sphérique représente
peut-être le corps du poulpe et ses huit tentacules et il n’est pas immpossible
qu’elle soit d’origine tibawé.
5) Le ca lmar colossal (Mesonychoteuthis
hamiltoni)
« Ce
céphalopode a trois cœurs , deux pour le fonctionnement des branchies et un pour celui du corps entier, un bec à la mâchoire inférieure
proéminente de 5 cm, des tentacules armées de griffes, composées de chitine et
dotées de la particularité de pouvoir effectuer des rotations afin d’agripper
les proies . Les yeux sont énormes et
situés de chaque côté de la tête : ils mesurent 27 cm de diamètre, soit la
taille d’une citrouille. Son corps est doté de deux ailerons d’un mètre de long
sur un de large, de deux longs bras et de 8 tentacules pourvues de photophores : ce sont des structures
bioluminescentes situées en bordure de
rétine et qui, telles des lampes torches, émettent une lumière suffisante pour
éclairer à 100 mètres devant l’animal et
suppléer à la déficience de la vue bilatérale du calmar. .Pour partir en
chasse, le calmar place ses bras au-dessus de sa tête. » (Sciences et Avenir, n°813, novembre
2014, Loïc Chauveau).
Ce monstre, pêché pour la première
fois par des Néo-Zeélandais , a inspiré plusieurs formes d’art océanien (voir
mon article paru dans le bulletin de la
Société d’Etude Historique de la Nouvelle-Calédonie).
6) Un mammifère marin mystérieux :
le teganpaïk, une
sorte d’otarie à long cou, parente de l’ornithorynque,
Megalotaria longicollis Heuvelmans 1965( ?)
Selon B. Heuvelmans, dans Sur la bête des bêtes ignorées, p.133, tome 1, ce mammifère marin a été entendu pour la première fois en 1801
en Australie. « En juin 1801, le minéralogiste Charles Bailly et
ses compagnons de l’expédition de Nicolas Baudin s’enfonçaient dans l’intérieur
des terres après avoir donné le nom de leur bâtiment, le Géographe, à la baie de la côte occidentale. Et soudain les
voilà glacés de terreur par un rugissement terrible, plus bruyant qu’un
beuglement de taureau, et qui semble sortir des roseaux de la rivière des
Cygnes. Terrorisés, nos hommes ne demandent pas leur reste et s’éloignent à
toutes jambes.Mais il ne fait pas de doute à leurs yeux qu’une bête aquatique
formidable hante le nouveau continent. » Or, dans le nord de la
Nouvelle-Calédonie, où l’on a aussi
trouvé des dents qu’on a attribuées à des otaries, Edouard Normandon a raconté
avoir entendu s’élever des marécages de
l’embouchre du Diahot l’ effrayant
rugissementd’un animal, et les Mélanésiens ont confirmé ses dires, tandis
que des métropolitains incrédules se
gaussaient et cherchaient à expliquer le phénomène par le cri d’un lion évadé d’un
cirque du temps des Américains ! Son nom tua à Touho subsiste dans le nom
de la tribu littorale teganpaïîk (de tegan, serpent de mer, et de païk,
« long-cou » du type ardea
sacra albolineata, héron des
récifs). Cela correspond en Australie au katenpaï
ou tunatapan.
Ce mammifère marin (Heuvelmans Op. cit. p.125, tome 2 et Peter Costello, dans A
la recherche des monstres lacustres,
p. 233) pondrait des œufs mais allaiterait ses petits comme
l’ornithorynque et ressemblerait à une
otarie à long cou, avec trois bosses, caractérisée par une crinière blanche, et
des rugissements rappelant ceux d’un lion.
Les Tibawés semblent
avoir été frappés par l’allaitement
maternel des petits d’otaries à la
surface de la mer, les pores des bosses diffusant le lait. Rien d’étonnant si
les tiki, autrefois gravés par trois
dans une dent d’otarie aux Touamotou, en
gardent peut-être le souvenir, car on peut être tenté de voir dans ces figures inexpliquées que
constituent les tikis la
réprésentation d’un embryon d’otarie à long cou, dans lequel les Polynésiens voyaient le début de toute
vie.
A suivre sur les Tibawés
B Les Tibawe,
-ces
créateurs tatoués des tarodières ou le stade de l’agriculture sédentaire.
Le Japon voit succéder aux Djomons, vers l’époque du Christ,
venant de Corée, les Yayoi, maîtrisant l’agriculture : de
même, en Nouvelle-Calédonie , les
Tibawés prennent la suite des Gorounas apportant pareillement l’agriculture. Voici
ce que nous confie Gabriel Païta à leur sujet : « Puis vint un jour
le peuple des Ti … Venus de la mer,
ces grands hommes au corps couvert de
tatouages s’établirent dans la région de Poérihouen, sur la côte orientale de
la Grande Terre, et apportèrent ici l’art des pétroglyphes [… ]Les Ti, ou plus exactement les Tibawe. ». La syllabe ti
a été comprise comme signifiant noble ou
grand et bawé comme signifiant
magicien (de yadé) ; par étymologie populaire, le nom a
été abrégé. Mais Tibawe est peut-être de la même racine que les mots Tibet,
Sibérie, Abars, Ouigour, dont le sens originel, venant de ligiro, signifiant l’enroulé, euphémisme pour désigner le calmar ou
le serpent, sera vite oublié. Ce sont les cousins métis et évolués des Ouigours et il est très facile de les confondre.
La génétique
comparée de l’équipe de Svante Pãabo, de l’Institut Max- Planck, a analysé (Nature, 23-30 décembre 2010) l’homme denisovien, du nom d’une grotte de Sibérie
où ont été retrouvés l’auriculaire d’une petite fille et une molaire , de forme
bizarre, d’un jeune adulte d’il y a 30 000
ans : cet homme de Denisov partage un nombre élevé de variations
génétiques avec les populations actuelles de Papouasie-Nouvelle-Guinée, donc avec
les Tibawés qui s’y sont métissés avec les Tuas .
On leur connaît une première et lointaine étape : on apprend ,
par le New York Times du 28 mars 2010,
que dans l’immense désert de Taklamakan et en pleine province chinoise du Xin-
jiang, au nord du Tibet, des
archéologues chinois ont eu l’étonnement de découvrir une nécropole, avec des
momies aux traits européens, aux cheveux châtains et au nez long
(aquilin ?), datant d’il y a 4000 ans et enterrés dans des bateaux
retournés recouverts de peaux de vache avecun
mât de bois situés à la proue , de 4 mètres de haut et dont la sculpture
varie selon le sexe . Les momies,
-les plus anciennes découvertes dans le bassin du Tarim, -portaient des
chapeaux de feutre au bord piqué de plumes. Les Ouigours les réclament comme
leurs ancêtres. Les généticiens chinois (BMC
Biologie de février 2010) ont analysé
l’ADN mitochondrial, transmis par les femmes : celui-ci se compose
d’une souche venant de Sibérie et d’Asie centrale, qu’on retrouve en Asie du
Sud., tandis que les hommes présentent un chromosome Y présent aujourd’hui en Sibérie,
mais rarement en Chine. A noter que près des femmes enterrées on a trouvé des
« phallus » de bois qui évoquent les sekibo djomons ou stone-rods (verges de pierre) et qui
sont complémentaires des stone-swords :
ce sont, soit des épées de pierre à
double tranchant ou nekito, soit des
épées à tranchant unique ou sekken,
qui sont retrouvées brisées ou brûlées dans des tombes masculines.On doit se
vdemander s’il ne s’agit pas plutôt comme en Micronésie de fuseaux et de
quenouilles, le tissage de filets, de voiles et de vêtements étant capital dans
cette société.
Les Tibawés ont laissé à leurs descendants, fussent-ils
métissés, la tache bleue congénitale qu’on trouve autour du Pacifique, en
Afrique et même en Europe. Du Tibet, il y a 30 000 ans, une branche des Tibawés passe dans le bassin
de l’Indus, puis à Ceylan, d’où
certains migrent à Madagascar (les Mérinas) et en Afrique noire (le Zimbavwé leur doit son nom, vraisemblablement), tandis qu’une autre, passant par, Bénarès arrive au Népal.
Il existe au Népal,
un pays riche en terrasses, qui étaient
d’abord des tarodières jusqu’au IXe siècle et sont devenues rizières par la suite, une population appelée Newari, dans le nom desquels on pourra
reconnaître nos Tibawe calédoniens,
population qui a donné son nom aux Népali et à leur pays, le Népal.Le nom
actuel de sa capitale, Catmandu, vient de kat
(le Serpent, de [li] koro) et de Hmong Du, les Mongs noirs. Le mot tasmanien katmarou ou kutmarou, qui a donné notre mot catamaran et vient du nom de la côte de Coromandel (de kurmandou, de koro, le Serpent, et de Mangdou, les Hmongs noirs), est apparenté au nom actuel de la capitale
népali. Elle s’appelait jadis Kantipour,
nom apparenté à Cantigour, Artrigour, Tipour et signifiant le Serpent (kant) des Ouigours (tigour).
Nous les retrouvons ensuite en Birmanie, à Andaman, aux Philippines , où ils laissent la langue appelée tagalog (de tibaro), puis à Java (la
grande Jave des cartes de l’Ecole de
Dieppe du XVe siècle, c’est-à-dire tiyave
pour tibawe) ,à Bali pour (Ti)bali ou Tibawe), aux Célèbes (Sulawesi, de Tibawe- si, de –ki, marque de pluriel qui est encore présente dans leur appellation française les Célèbès) ) , archipel où nous trouvons
les grottes de Leang Léang vers -3000, pré- austronésiennes , à Amboine (Ambouene , de bawe) ,
à Timor (pour tipour, Ouigour
) ,en Micronésie, aux Salomon,
en Australie( Eoré près de Sydney) et en Tasmanie, à Santo au Vanuatu (Aoré, de Newari, népalais), enfin en
Nouvelle-Calédonie où ils débarquent à Ponérihouen, nous révèle G. Païta .
Le nom de Ponérihouen
renvoie à cette migration : pa nariwan
de bau (birman) neriwa par métathèse de newari, c’est-à-dire les Népalais, comme on trouve la mention
« birman, ».De même pour celui de la Fo Nwhary, de
fo, rivière, et newari, à La Foa. Poquereux, où la tradition place la tombe d’un
géant, -entendons un Tibawé, -vient
de bau ligoro, le peuple birman du Serpent.
Leur mode d’habitation était identique à celui des Gorounas,
comme leur mode de sépulture sauf que les tumuli étaient plus frustes et
surmontés d’une haute perche indiquant le sexe du défunt par ses couleurs.
Mais c’est surtout autour de Touho qu’on trouve des traces
onomastiques des Tibawé et de leur provence micronésienne :.Qu’on
compare le nom d’une tribu de Touho, Pombeï, avec le nom de l’île
micronésienne de Pohnpéï, Bonnebey, ou Ponapé (de bau bawé), ou encore le nom d’une autre
tribu de Touho Wanache (de anaukhanazia,
la communauté fraternelle), (cf
Kavatche à Hienghène., Oubatche
près de Pouébo, Ouanaka, près de Fonwhary, le village du sorcier
d’Ataï ) avec Tawache (Touache), le
nom de l’île micronésienne où se situe le plus
fameux ensemble mégalithique du Pacjfique.
En Micronésie près de Pohnapé,
sur l’île de Tembwen dont le nom est l’altération de Tibawé, il existe un
extraordinaire complexe mégalithique parent de celui de l’île de Lelu.et de sa
cité d’Insaru, ainsi que des ruines
de Palau ou, un peu plus loin, des collones des îles Marianne sur l’île Tinia. Au total il y aurait 92 îlots carrés artificiels
et quelques îles supplémentaires
sur le récif qui entoure Pohnapé. Ce complexe de Nan
Madol et son site de Nan
Dowas,sur l’île de Temwen (tibawé) , dont une presqu’île est
appelée Tawache, ont été décrits par Jacques de Rosamel qui l’observa en
1840 (Pohnpeï Micronésie 1840, p. 102), mais la description la plus
éclairante du site me semble avoir été donnée
par James F. O’Connell, dans A residence
of eleven years in New Holland and the Caroline Islands, being the adventures
of James F. O’Connell, 1836, réedition américaine, p. 210, que je traduis
librement : « La muraille extérieure ferme un espace d’environ un
mille de circonférence.Cette aire n’est pas vide, mais à environ vingt pieds de distance du mur extérieur, il y en a
un autre, exactement parallèle au premier ; ensuite, à la même ditance, un autre, et encore un autre, au nombre de
cinq ou six [cinq en réalité]. Le mur de
l’enceinte centrale ne renferme qu’un espace d’environ quarante pieds de
côté et il est parfaitement carré …
Sur le mur extérieur, quatre piliers carrés, partie autrefois d’un portique ou d’un élément d’architecture comparable
[à comparer avec le portique en pierre de Tonga], traversent le fossé plein
d’eau [seulement à marée haute]. L’entrée, ou l’ouverture pratiquée dans le
mur, était d’environ quatre pieds de haut. En entrant, aucune ouverture ne se
présente dans le mur suivant, mais rès avoir remué des broussailles, nous avons
découvert une entrée au coin du mur, à droite de la première entrée. Après
l’avoir empruntée, nous avons trouvé une
ouverture dans le mur suivant, mais à gauche cette fois ; et ainsi de
suite, nous avons trouvé les portes alternativement à droite et à gauche avant
de pénétrer dans l’enceinte centrale.En marchant à l’intérieur de cette
enceinte, grâce à la chute accidentelle d’une pièce de bois, nous avons découvert
une crypte »
.L’ensemble est tabou et a été
créé par Animan (le dragon géant),
mot proche de Anita aux îles
Mariannes et de Manitou en Algonquin. « Les bras de mer étaient autrefois des
passages secs, que l’eau a envahis, en
raison de la proximité de l’île par rapport au récif de terre… Dans l’un des
arroyos sur cette île des Ruines, se trouve une énorme pierre carrée ».
Cette « pierre carrée », comme
l’enceinte centrale, représente le corps de la bête et elle est située, non sur les murs représentant les bras
multiples et sacrés de la divinité, mais dans l’arène ou canal qui se trouve entre les bras, seul endroit où
les prêtres peuvent marcher. Elle était
peut-être un autel (aku de akkoro, le calmar enroulé ou touamotou marae, marquisien meae
de manai, dragon) devant lequel se déroulaient offrandes et
cérémonies. Les lames ondulées, encore appelées
lames flamboyantes (luk en
indonésien), des kriss balinais ou
malais, sont des représentations des bras ondulants du calmar, comme les sceptres chinois appelés ru yin (cf le nom des îles Ryu Kyu, de ryu khiu, de ligoro, ainsi que le nomm indonésien de la lame, luk).
Quel est le monstre représenté par cet étonnant géoglyphe ?Pline
l’Ancien (livre IX, 3, 1) parle d’un céphalopode monstrueux appelé rota, la roue : « [Parmi les géants des mers], il y a
aussi les « roues » qui tirent leur nom de leur ressemblance avec la roue d’Ixion
et qui se distinguent par deux séries de
quatre rayons [en haut et en bas de la
« roue »] , deux yeux barrant le moyeu de la
« roue » de chaque côté ».B
Heuvelmans, P. 153, tome I, Dans le
sillage des monstres marins, commente en ces termes : « la
descrption s’applique à un animal doté de 4 bras de chaque côté de la tête, où les yeux frappent sans doute par leur
grandeur .On n’a pas de peine à reconnâitre dans cette description un
céphalopode aux huit bras toujours en
mouvement.».Heuvelmans n’a pas voulu préciser s’agissait d’un poulpe (3
bras +1 tentacule x 2) ou d’un calmar (4+1 x 2), mais pour nous ce sera un
calmar avec cinq « bras »de chaque côté. Li-guro que j’ai traduit comme serpent enroulé renvoyait primitivement à cette roue, un monstrueux calmar, Architeuthis
dux.ou bien à Octopus giganteus Verrill
dans le cas du poulpe à 3 bras. Les mystérieuses sphères de pierre de toute
taille sont, à mon avis, une autre représentation du monstre,
indépendamment de l’utilisation profane comme traction de blocs de pierre très
lourds remorqués par cette sphère plus faciue à pousser et les boules chinoises
en sont les héritières..
La crypte est plus mystérieuse
encore. J. O’Connell y a trouvé un squelette de chef, mais très récent, et il ne pense pas qu’elle ait eu la moindre
destination de conservatoire de
squelettes. Nous devons la comparer avec d’ autres cryptes de pierre,
plutôt rares dans le Pacifique ; Il
en existe à l’île de Pâques où Thomson,
p. 81, découvrit « un immense dallage en ruines, de type non polynésien, qui comportait
des maisons de pierre à double pointe et qui s’étendait sur près de 2 kms, le long de la haute falaise de la côte
nord-ouest.Chaque demeure était pourvue
d’une crypte qui, parfois, était
couverte d’une arche soutenue par une belle pierre en clef de voûte et qui
était destinée à abriter les statuettes représentant les morts. Beaucoup de ces maisons ont malheureusement
été emportées par l’érosion et les tremblements de terre ». La crypte a
une voûte à 3 ogives et 4 voussoirs pour
reproduire sous le dallage la symétrie
du calmar .Je pense que le trésor monétaire et sacré de lka tribu y étaikt
entreposé. En effet, en Micronésie, dans l’île de Yap dont le nom se prononceWa ‘ab (Bawé), les observatyeurs ont été
vsurpris par bl’existyence d’une monnaie bghéante en pierre avec un trou au
milieu, en aragonite venant de l’île Palau. Cité p 56 dans L’histoirecommence à Bimini, on a trouvé à Andros, dans une excavation artificielle sous-marine
profonde , des piereres discoïdales
au centre troué, d’un diamètre de 2 à 5 pieds, semblables à la monnaie de Yap
.Cité par J.-Y. Cousteau et Y. Paccalet, p.174 dans A la recherche de l’Atlantide,le Russe Zirov a trouvé près des
Açores « une tonne d’étranges disques calcaires, d’un diamètre de 15
cm et d’une épaisseur de 4 cm, d’un côté bombés et de l’autre
creux »Rosamel, p.103 , Op. Cit., parle d’ »une grande qiuantité de cercles en
coquilmlages taillés probablement pour bracelet et des morceauix de nacre de
perle[aragonite] imitant imparfaitement des poissons, … des fragments de corail
spathisé avec lequel les naturels font leurs haches ».L’aragonite dont
leurs monnaies sont faites rappelle l’œil du calmar qsui esty fait d’aragonite,
comme celui d’uin crustacé, le chiton, qui a 17 dents faites de magnétite
passant pour porter bonheur.Quant à leur forme circulaire, elle évoque le globe
de l’œil ou l’oursin. Le mot grec sphaira,
sphère, oeil, oursin, est à rattacher au grec speira, spirale, anneau du calmar ou du serpent, spargô,
emmaillotter dans des langes (lituanien spragti),
sparton, tresse, corde, sphendonè ou en latin funda, la fronde, spuris, -idos, corbeille, étrusque et latin sporta, corse spontino,
casse-croûte par métonymie du contenant, le panier, au contenu.
Pourquoi ce trou médian ?
Parce que la nacre des
coquillages, lorsqu’elle est
trouée, possède l’étrange faculté
de se régénérer elle-même par des petits cristaux qui apparaissent dans le
trou. Ces cristaux évoquent ceux qui constituent les dents du chiton et la pierre qudrata corse. La couleur est
souvent blanche mais en descendant elle devient brune.Elle peut être d’autres
couleurs.Perle, nacre, corail, cristaux du minerai d’aragonite sont un symbole
de résurrection et rernvoient à l’œil du supert-calmar divin.
On aura compris que, selon moi, il s’agit, dans ce site
remarquable, de la représentation de la déesse Akkoro, c’est-à-dire d’un
monstrueux calmar avec ses cinq bras (4 + 1 tentacule). C’est le symbole le
plus ancien : le serpent lové et contenant de l’eau est une adaptation ultérieure,
comme les opercules et les diverses croix.
Le mot canal est à
mettre en rapport avec arkhanal et désigne tant le fossé des tarodières que
l’espace entre deux enceintes de pareil monument dont on voit le lien avec la naissance de
l’agriculture et de l’irrigation.
Quels sont les noms,
en Calédonie, de ce calmar super-
géant ?
1 Dans la commune de Touho, il existe une tribu appelée Maïna ((de aminan, cf. les dragons d’Annam,
le nom de Naïna près de La Foa et le
nom de Manille aux Philippines) dont
le nom correspond à Animam, le nom
de la déesse représentéee dans le mégalithe micronésien. On a aussi, avec le
sens de caïman, le caraïbe kaïman (cf.
le nom des îles Caiman). Nous avons un prototype ouigour, madeira
ou madrilla, qui donne au Mexique
Aztlan. (Cf. Madras, Madril -ène, Madère Gadeira, Agadir, Cadix Atlas,
Atlantique, Adria, Tripoli, Tritonis).En
grec nous avons drillos, le lézard,
dont le nom se retrouve dans krokodilos
pour Krokodrillos. Quel que
soit le détail phonétique, le monstre a dû cristalliser les terreurs primitives
et un euphémisme comme l’enroulé, ligoro,
a dû souvent être utilisé.
2 Le nom de Biganda (Puyganda, de
liguro) à Hienhgène désigne également le redoutable dragon,A noter que les noms de
pays africains Ouganda et Ruanda
et les sites mégalithiques d’Afrique noire , par exemple, au Zimbabwé, le site
de Tambacounda (anaconda, serpent), qui comprend un monument
circulaire, ou ceux du
Niger, du Togo, du Tchad, de Sénégambie,
de Mauritanie, du Mali, de République Centrafricaine pourraient bien être
l’œuvre de cousins des Tibawés comme le surprenant portique des îles Tonga.
3 En Australie existe la légende du mindi, python-diamant confiné sur la région côtière.Or, il existe
une langue australienne, le tipintjara
(langue de la rivière (ti) du mindi ).
La langue pindjé parlée dans Tipinjé
doit être rattachée au nindé de
Malékula au Vanuatu.Avant le python-diamant ou le serpent arc-en-ciel, le mot mindi devait désigner le calmar
monstrueux.
4 Le toponyme Gosanna à Ouvéa est parent du mot australien goana (caraïbe iguano)
qui désigne un lézard géant de 1,
60 m de long, de la famille des méiolanidae. Il est apparenté au mot australien gauarge (p.109, tome II,
Heuvelmans, Sur la piste des bêtes ignorées) désignant un animal disparu, un dinosaure. Il pourrait
aussi s’agir du souvenir d’un varan gigantesque (Varanus priscus), de 7 à 8 mètres, donc bien plus grand que son
cousin le Pérentie, le plus grand varan
actuel d’Australie, ou que le
varan de Quomodo en Indonésie, qui
ne dépasse jamais 3, 57 m (Op. cit, p.158, tome II).
En Australie outre un diprotodon (wombat géant) il y avait jadis un énormre crocodile et
un varan géant de 6 m de long appelé megalania,
mais il n’y a plus aujourd’hui deux
espèces de crocodiles (p. 157, Op.cit.) :
le crocodile à double crête (Crocodilus
porosus), de près de 10 m de long, qui se retrouve en Inde et aux îles Fidji,
car il est le seul crocodile à circuler en pleine mer, et un autre crocodile,
plus petit (C .Johnstoni), qui
n’existe que dans le nord de
l’Australie. Pour Ouvéa, plutôt que le
lézard australien du même nom, on peut sans doute songer au Crocodilus porosus, surtout qu’il aurait
existé un crocodile terrestre en Calédonie.;
mais le.mot peut très bien désigner le céphalopode monstrueux.
En Nouvelle-Calédonie et aux îles, on doit rattacher de
nombreuses langues aux Tibawés.
1) le nom du paici,
parlé autour de Ponérihouen, doit être rapproché du baki
(pour pa iki) d’Epi au Vanuatu.
C’est une langue apparentée au Palao (Pelew) en Micronésie ; elle
est parente du palyu, palangic
ou patengic, parlé en Birmanie,
en Thailande et au sud de la Chine -une langue mon khmer On peut décomposer le
mot pa-langic
en paa -lyanga-ik, -ik
étant un suffixe de langage, paa, de parama, signifiant birman, lyanga, cf Hienghène ou Tanghène
(de lyngano) signifiant l’enroulé , calmar
ou serpent (liguno cf. le nom des langues d’Australie
et de Papouasie , paama –yanga) ;
2 le xa anacuu, de la région de Canala, xa signifiant langue, anacuu ou aracuu venant de anaukhanasia, du prototype anayasko
azika, radical dégagé par le linguiste Jean Karst et signifiant la tribu
fraternelle, avec l’usage d’un suffixe adjectivant -asko . La langue d’une
île de Micronésie appelée Ruk ou Truk (la graphir tr notant une consonne cacuminale) et aujourd’hui Chuuk lui est apparentée. On trouve aussi à Formose
une langue indigène proche, le holo chek (de mara chéék) ou holo minmar. Canala
vient de Kanara, de arkanala
(de araukanasia) signifiant les
frères de la tribu comme dans Guadarcanal aux Salomon. A noter le culte de
l’anguille qui rappelle celui de Pohnapeï en Micronésie ou celui du yero australien (de liguro comme le akkoro écarlate aïnou) qui passe pour avoir un
poil rouge sur la tête (Heuvelmans, Sur
la piste des bêtes ignorées, tome II,
p.109). O’Connell raconte de façon fort amusante comment, sur l’île
mécronésienne, lui et un autre européen, sachant pourtant que l’anguille était
taboue, s’en vont, en secret, faire
une partie de pêche aux anguilles et s’en font un repoas
pantaégruélique. Mais les indigènes décèlent le grand sacrilège et mènent un
grand deuil pendant plusieurs jours près des arêtes d’anguilles retrouvées par
eux !
3 Le mea (de miao pour hmong) est parlé dans la
région de Méchin (de myao chuuk) et
dans les régions de Fa chin pour Fa chuuk,
la rivière chuuuk, de Kouaoua et de
Mebara (pour miao mara, miao rappelant l’appartenance de la
langue au groupe miao-yao). Langue ou
dialecte proche de la langue précédente ;
4) le iaai (de yawe),
à Ouvéa, parente d’une langue de
Tanna, le nw hal ou nw hay (de nw, langage, et de bawe)
Les Tibawés y ont laissé leur langue et
les noms de Fayawé, de fa, signifiant langue et de yawe
(de bawé) et de Gosanna.
Le nom de Mouli, de Hmong li, est un souvenir des Tuas;
5) le fwa aai de
Hienghène, de fwa, langage, parent du nowai
(de no, langage, et de wai), parlé à Tanna. .Ces populations pratiquaient l’art des pétroglyphes et
connaissaient le boomerang qu’on réserve à tort aux Tuas.L’appartenance du
boomerang à la culture calédonienne et loyaltienne est si peu connue qu’un
musée métropolitain qui a une belle collection canaque, celui de Pithibiers,
s’est débarrassé de son boomerang calédonien pourtant authentique, persuadé
qu’il s’agissait d’une pièce étrangère. De même, un collectionneur de mes amis,
grand connaisseur pourtant, a commis la même méprise. Il a fallu les articles
de B. Brou et du Père Dubois dans le Bulletin pour attirer l’attention sur
ces armes calédoniennes méconnues.;
6) le yawe (pour
bawe), parlé à Ouayaguette et Ouaième (de baye), parente d’une langue parlée à Tanna, le (a)vava ou navava (de a ou na, langage,
et de bawé), peut-être parente des
deux précédentes;
7) le chamuki, parlé à Touho, est à rapprocher du piamatsi na parlé à Santo (Vanuatu), peut-être de kamaski, venant lui-même du prototype azika anayaski
signifiant la tribu fraternelle ;
8) l‘ arhe, peut-être à rapprocher du Eora
de la région de Sydney et du Aoré
(de newari, népalais) de Santo au Vanuatu. C’est une langue
morte de Nekliai ou Nekiriai appartennant, dans le groupe hmong miao, aux
langues bunu, le bunu naoklao notamment , où Naoklao rappelle le nom de la tribu Nekliai de la zone
a rhe . L’arhe est une langue she
9 le yuanga ou yuaga,
de rakhine, nom d’une langue de Birmanie,
ou encore nyua. C’est la langue de Bondé
(comme Pombéi, de bau bawé), de Paimboa (même
étymologie) et de la région de
Gomen. A rapprocher du nakahamanga parlé à Vaté . Tiabet et le Diahot dérivent de tibawé. Cette
langue est à rapprocher des langues australiennes dites paama-yanga et des langues amérindiennes yaghan, ces dernières étant quasi mortes : les Yaghan
vivaient en Patagonie.
10) le lelemwa ou
lelema, ou nenema parlé dans le nord à Arama. ; Arama existe au Japon sous la forme Ara Aama (en
ainou, ara, qui signifie la plage, et
parama, birmane). .A
rapprocher du lelepa parlé à Vaté. Lelemwa vient de aniwa (de anaukanyia).
Un dialecte : le fwa nig ouma k, où fwa signifie langue, nig représente
niw (de aniwa), kouma-k, où l’on reconnaît le suffixe de pluriel en –ki (comme dans les Dzouma- k), signifie les montagnes (yoma-ki, cf. le nom du Fuji Yama). Le lieu-dit Le Caillou à Ouégoa
s’appelait précédemment Pouemonala (de balado, serpent, et de Pamala,
birman) avant d’avoir été rebaptisé de façon moqueuse, par allusion au port du Gros-Caillou, à Paris, sur les
bords de la Seine, à cause du chantier de réparation de chalands pour le
minerai de cuivre sur la rive droite du
Diahhot. Le nom de Manghine, la maison à double corne,
garde leur souvenir, comme celui de Ouango
près de Voh (même signification).Le mur du
Nord relevé par Avias et destiné à déclarer sacré un territoire
agricole est leur œuvre. Yandé
et Tiari vient de Tibawé;
11 le yalayu, langue de Balade, des îles Belep,
de Pam. Le nom du yalayu
est à mettre en rapport avec celui
du varsu
d’Epi au Vanuatu et plus lointainement,
via la Tasmanie, avec avec le palyu (de parama et de lyanga) de Birmanie. Le yalayu est en effet une langue austroasiatique hmong, à preuve le
mot signifiant pou qui se dit en Belep cien,
en semai cee’, en bahnari sii, en mundari siku. Ce sont les gens de Balade, nous raconte Baudoux dans L’invasion sournoise, qui introduisirent à Pouébo les poux,
inconnus jusque là (ils étaient très nombreux en Tasmanie), lors d’un pilou de réconciliationt entre les
deux peuples de Balade et de Pouebo. Le
mot désignant le chien à Belep, tavia, est australien, venant peut-être de wallaby (macropodidé), ainsi nommé en l’honneur du Serpent ; il se retrouve dans
le maréen païla, alors qu’aux
Tuamotus, dans une langue tua , chien se dit tour autrement : ngaeke.Le nom de Parama (birman) Balade vient
d’un euphémisme religieux signifiant fuyant et désignant le Serpent, balado-qui se retrouve dans le nom de
l’île Balabio, dans Balabom (aujourd’hui la pointe Mézières en face
de l’île de Pam) et dans l ’ancien
nom de Pam, Parama (birman, donnant Pam)Pouarabom (altération de barabom,
le dragon fuyant) . Poum vient de pouarabom balama,
altéré en Pouemonala :
12) le ti ri (de anayaski, devenu nisi et signifiant fraternel), parlé à La Foa anciennement (village du sorcier d’Ataï
appelé Ouanaka, cf. Ouanache, près
de Fonwhary) au Petit et au Grand Couli aujourd’hui, dont le nom rappelle le biri en Australie ; à rapprocher
du bieri parlé à Epi au Vanuatu. Nassirah ou Nassendou
comme Nessadiou (de nasaskiu) témoignent de leur extension dans le
pasé ;
13) le nengoené de Maré
A) D’abord vinrent,
du sud de Tanna, les Kwamera
(de pwa mong li), des Tuas, qui introduisirent à Maré le boomerang et laissent à l’île le nom de Mare, graphie anglaise à prononcer [mari]. C’est le nom repris par les
Français avec une autre prononciation à
la suite du passage du Britannia du capitaine Raven en1793.
Les Maréens appelèrent le bâtiment anglais
bêtischo, altération du mot
anglais British.
D’où vient ce nom de Mari ?
C’est le même mot que Mouli à Ouvéa,
Mouri, l’ancien nom de Païta, Marree en Australie célèbre pour son
géoglyphe, l’homme de Marree, le plus long du monde(4 kms), et que …
maori ; c’est l’altération de Hmong
li, un nom des Tuas (petit hmong). .
B) Les Tibawés nomment alors Eteoke l’île de Maré. Le mot étéoké
se retrouve en aïnou avec le sens de terre
et se présente, en toponymie
japonaise, sous la forme Sir etoke, à
Hokaido, qui signifie la fin de la
terre. Ils y laissent des fortifications à Hnakudotit et à Waninetit. Surtout
ils donnent à à Maré sa langue et son
nom autochtone, Nengoené. Les Maréens actuels revendiquent comme
ancêtres les Siningone.En effet, de
Malekula, une importante migration allait changer la population et la langue de
Maré après avoir conquis Tanna. Les Timbembe,
de Siningone (Cf Sénégal, Sénégambie), nom qui signifie l’enroulé,
euphémisme pour le calmar ou le serpent (li
donnant si et guru donnant ngone),
laisseront à l’île de Maré le nom Noengoené qui vient, par abréviation et suppression de
la première syllabe si, de
Si ningoné, avec développement d’une
voyelle d’appui après le n.
Ils se sont arrêtés d’abord sur la côte est, à Kokingone, nom où l’on reconnaît bau (birman) siningone. Quand
les Papouas Haveke toucheront
Manikula et s’installeront sur un îlot voisin
appelé Avokh, ils rencontreront
les Nwhal de Tanna. Ceux-ci les renseigneront sur Ouvéa. .
C) Plus tard il y aura un essai de conquête de Maré de la
part des Havekés de Pouébo :
leur chef Kaba y apporta le niaouli et
les joncs, selon G. Païta, descendant
de la grande chefferie des Kambas-Meidu à Medu,
du nom de la chefferie, Kamba Meidu, et signifiant mong noir, de mein du et à Wabao (de
mwaveke)
14) le tipindjé, langue mourante parlée dans la haute et la
basse Tipindjé, est à rapprocher du tipintjara
en Australie (tipitjara ou mindi ou dragon, de ligura) et du nindé parlé
à Malekula. Les Siningone leur sont apparentés. Le nom de Biganda (Puyganda,
de liguri, l’enroulé) à Hienhgène désigne également ce redoutable dragon. A noter que les noms de pays africains Ouganda et Ruanda et les sites
mégalithiques d’Afrique noire, par exemple, au Zimbabwé, le site de Tambacounda (anaconda, serpent), qui comprend
un monument circulaire, ou
ceux du Niger, du Togo, du Tchad,
de Sénégambie, de Mauritanie, du Mali,
de République Centrafricaine pourraient bien être l’œuvre de cousins des
Tibawés comme le surprenant portique des îles Tonga.
En Australie existe la légende du mindi, python-diamant pourtant originellement confiné sur la région
côtière. Avant le python-diamant ou plus
tard le serpent arc-en-ciel, le mot mindi
(de li guri) devait désigner le
calmar monstrueux.
Les Pinjés ont d’abord été
refoulés par les Hawekes, comme en témoigne le nom de Wé hava (de wé, rivière, Haweke)
qui détrône l’ancien nom Tipindjé.
Puis les protestants pwamei (tribu de Ouélis) et pwamalé (tribus de Tiendanit
et de Ouanache) les ont pratiquement fait disparaître à la suite des événements
de 1917, alors qu’ils n’y étaient pour rien.
15) le Dréhu, de Lifou.
Langue munda.
A). Les noms de
certaines îles d’un archipel des
Tonga vont nous interpeler : celui d’’Uiha qui, comme Ouvéa, révèle l’origine, ticopienne ou en provenance de l’île
voisine de Utupua, de certains Tuas, et surtout
celui de Lifouka (de ka, île, et lifou, serpent) ; il y a donc deux Lifou dans le
Pacifique ! Mais, dans l’archipel calédonien, seuls les Européens
emploient le nom de Lifou tandis que les autochtones se servent du mot Dréhou.
L’ont-ils emprunté à Ouvéa –Uiha ?
B) Le mot dréhu,
qui désigne le pays et la langue de Lifou,
vient du nom de l’île fidjienne Dravuni, où dr note également une
cacuminale, et c’est le même mot que le nom de langage Ladhusi ou Libo dans les
langues myao d’Indochine (aussi de liguri, serpent) L’accentuation
sur la pénultienne a fait disparaître la
syllabe finale –ni ou –si. On a le nom Dokhin, à raprocher du nom d’un dialecte d’Araukhanie en Birmanie, le rakhin, et du nom du serpent ou du
calmar géant. Le mot dréhu
se retrouve dans dahua, nom
d’une langue faisant partie de la famille myao.
Le petit python vert
sacré, vivant aujourd’hui encore à Lifou, et importé par les Tibawés (Engyralis
australis ou Morellia viridis.
A Lifou on trouve encore aujourd’hui un petit python arboricole qui a la curieuse
habitude de se lover en entonnoir pour
recueillir l’eau de pluie, peut-être parce qu’il n’y a pas de rivière sur cette
île, afin d’y attirer les oiseaux assoiffés dont il se nourrit après la pluie.
Il n’appartient pas à la faune locale et a suivi les Tibawés sur leurs pirogues comme un protecteur
sacré, à partir de Talepakamale aux îles Mussau
(Nouvelle-Bretagne) d’où il semble originaire,
en tout cas par la suite depuis les Tonga.C’est un substitut de la
« roue » du calmar géant
avec ses 8 bras toujours en mouvement et
c’est le symbole de la force magique du volcan de leur île fidjienne, Nabukulevu.. Quel est le monstre symbomisé par ce python ?Pline
l’Ancien (livre IX, 3, 1) parle d’un céphalopode monstrueux appelé rota, la roue : « [Parmi les géants des mers], il y a
aussi les « roues » qui tirent leur nom de leur ressemblance avec la roue d’Ixion
et qui se distinguent par deux séries de
quatre rayons [en haut et en bas de la
« roue »] , deux yeux barrant le moyeu de la
« roue » de chaque
côté».B Heuvelmans, P. 153, tome I, Dans le sillage des monstres marins, commente en ces termes :
« la descrption s’applique à un animal doté de 4 bras de chaque côté de la tête, où les yeux
frappent sans doute par leur grandeur .On n’a pas de peine à reconnâitre
dans cette description un céphalopode aux
huit bras toujours en mouvement.».Heuvelmans n’a pas voulu préciser
s’agissait d’un poulpe (3 bras +1 tentacule x 2) ou d’un calmar (4+1 x 2), mais
pour nous ce sera un calmar avec cinq « bras »de chaque côté. Li-guro que j’ai traduit comme serpent enroulé renvoyait primitivement à cette roue, un monstrueux calmar, Architeuthis
dux.ou bien à Octopus giganteus Verrill
dans le cas du poulpe à 3 bras.
Sauf le dréhu et le païci, ce sont toutes des langues austroasiatiques mon-khmer en provenance
immédiate du Vanuatu principalement .Au sein des langues mon -khmer on range,
dans une même sous - famille, les langues
hmong de Birmanie, de Thailande, etc. et,
à l’intérieur de ces langues
hmong, les langues Hmong mien ou Miao- yao Certains
chroniqueurs chinois vantent la civilisation des Hmong mien ou Miao- yao et voient en eux les fondateurs de la Chine
sous le nom de Shan.
Bibliographie
Barbara Niederer, Les langues Hmong –Mjen (Miao-yao).
Phonologie historique, 1998, Munich.
Dans cette famille de langues hmong-mien, un groupe est bien attesté en Nouvelle-Calédonie, le groupe ho nte ou she
avec le tiri, l’arhe,
l’aracuu, langues she.
Migrations de Fidji,
de Vanuatu (Pakéa, Tongaroa, Epi, Futuna, Vaté, Tanna, Santo) et de Micronésie
1) Première migration
tibawé vers Lifou appelée Dréhu,
à partir des îles Dravuni et Galwa aux Fidji, vers -1000.
Une éruption volcanique datée de -1000, celle du volcan
Nabukulevu sur l’île de Kadavu, non loin de l’île Dravuni
, aux Fidji, a amené le chef d’Ono à
émigrer vers Lifou cf. P. Nunn, juin
2001, » On the convergence of myth and reality : examples of Pacific
Isdlands », The Geographical Journal,
Vol 167, n°2, p .125-138 et 2003 « Fished Up or Thrown
Down : The Geography of Pacific Island Origin Myths », Annals of the association of American
Geographers, 93(2), p. 350-351 . Voici le récit mythique de cette
importante migration :
«Il y a très longtemps (vers l’an 1000), le
chef de Ono, Tanovo, avait l’habitude de
se promener sur la plage à la fin de l’après-midi afin d’admirer le
coucher du soleil. Un jour, alors qu’il marchait sur la plage, il eut la
surprise de voir une montagne qui lui masquait le soleil et qui n’existait pas
la veille.Contrarié, Tanovo partit, la nuit, en emportant de très grands
paniers en fibre de cocotiers pour enlever la terre de cette montagne qui l’empêchait
de voir le soleil.Le chef de l’île sur laquelle avait poussé la montagne (l’île
de Kadavu) prit Tanovo sur le
fait et le chassa tout en projetant des cendres sur les îles voisines de Dravuni
et de Galwa. »En réalité les
projections de cendres ont chassé les gens de Dravuni et de Galwa.
2)
L’odyssée des Tibawés
A):De la Nouvelle-Bretagne jusqu’ aux Fidji et aux
Touamotous.
De Talepakamale
(de tibawé, pakéa et male, birman) aux îles Mussau (Nouvelle-Bretagne), près de
Ouatom, les Tibawés sont chassés par l’éruption volcanique du Witori en
Nouvelle-Bretagne en 1350 avant J.C. et
colonisent aux Salomon Pakéa
(de bau karen) , puis Ticopia.
Les Tibawés sont des
« magiciens » qui, selon J. Guillou,
faisaient appel, à
Tikopia, « à un esprit mythique surnaturel qui, la nuit, se chargeait
de la mise en place de ces énormes pavés ». Une tradition hawaïenne, rapportée par G.
Coquilhat, nous confirme que les Tibawés
« avaient une réputation d’habiles artisans de la pierre, capables
d’édifier un temple [ahu] en une
seule nuit grâce à des procédés magiques
qui leur permettaient de se passer de la main à la main de gros
blocs de rocher. » Ils ont ainsi inventé le travail à la chaîne sous
les yeux des natifs médusés ! « Une
curiosité remarquable de l’île, écrit Jean Guillou dans Peter Dillon, capitaine des mers du sud, p. 186, consiste en une
longue route pavée de blocs de basalte
qui ceinture le cratère.Ce travail colossal serait l’œuvre d’une population
pré-lapita (entendons pré-polynésienne, tibawé dans notre terminologie) qui,
selon les habitants de l’île, faisait appel à un esprit mythique surnaturel
qui, la nuit, se chargeait de la mise en place de ces énormes pavés. Un cyclone
aurait anéanti cette civilisation. » Selon moi, Ces blocs de basalte sont
des ahu funéraires analogues à ceux
de l’île de Pâques et des Touamotous.
Les Tibawés quittent Ticopia, que ce soit à cause
d’un cyclone ou d’un tsunami et
émigrent alors à Tongaroa (de bau karen) au Vanuatu, d’où ils partent à nouveau et atteignent Galwa aux
Fidji.
Vers -1000, à la suite de l’éruption volcanique du Nabukulevu,
les Tibawés abandonnent l’île
de Galwa pour les Touamotous, où l’on trouve l’île Pakaroa, de bau (birman)
karen, dont le nom est à
comparer avec Galwa (Cf. Pa
Gara, nom des premiers occupants à Houaïlou). Les premiers habitants
blancs de l’atoll d’ Anaa sont
appelés papaa, tandis que les
blancs sont appelés popaa à Tahiti
et papa’ à l’île de Pâques.
B) Vers 900 ou 700
avant notre ère, des îles fidjiennes
de Motirikii et de Naïgani (île du naga ou dragon), -qui furent des centres de poterie ouatom très anciens, en provenance dez Papouasie, vers Ouvéa, Houaïlou et Païta, vers Maré, les îles
Tokelau et la Nouvelle-Zélande.
« C’était un
temps où les ressources étaient si rares et les noix de coco étaient si
précieuses », nous dit le mythe,
que deux cousins, Laiginiwasa et Rajkivono », commirent le sacrilège par
excellence pour ces fondateurs de l’agriculture qu’étaient lesTibawés et
« arrachèrent de jeunes noix de
coco afin de manger leur chair à un endroit nommé Niucavu [la grotte du
cocotier] », Nunn. (2001) « Naigani
Island and its historical connection with Ovalu
and Motoriki Islands ;
convergence between legends and facts », Domodomo, 13, pp. 19-28. Bannis, ils quittent Motoriki (de Hmong Li) et débarquent à Ouvéa, où ils laissent
noms dans la toponymie les noms de Fayawé, de fa,
signifiant langue et de yawe (de bawé), de Lékine
(de legur,
serpent) et de Gosana, le calmar. .Leur langue à Ouvéa est le iaai, de ti yawe et ils coloniseront la côte est depuis le nord avec Ouayaguette et Ouaième (de bawé), où ils introduisent le
yawe, avec Hienghène et Ouaré (de Bawé) où ils laissent une langue, le fwa aai, de fwa, langage,
et de yawe.
Ils fondent Houaïlou, altération du nom de l’île d’Ovalu aux Fidji d’où la mère de l’un des cousins était originaire : c’était les Pa Gara
(de bau, birman, et
Gara, de Karen), nom des premiers
habitants à Houaïlou (même mot que Pakaroa, nom d’un atoll des Touamotous, Pakéa, etc).
A Canala, ils
laissent au moins une tête de pont, le clan Bakéa, tandis que sur la côte ouest ils fondent Tiaré (de tibawé) et Naïeni
(de Naïgani, aux Fidji) ,
avec son tumulus isolé et son
toponyme Mwanungo (déformé en Marengo), signifiant la
maison à double corne . Ils laissent encore leur nom de Pakéa
qui restera pour désigner les gens
de Païta.
Ils continuent vers
le sud et fondent Yaté (de Tibawé, comme Vaté ou Efaté au Vanuatu), dont on retrouve le nom en Australie dans le
nom d’une tribu et d’une langue.
Du sud ils gagnent
Lifou et la future Maré. Certains reprennent leur migration jusqu’aux îles Tokelau (de bau garoa, comme Tongaroa au
Vanuatu et comme Tongariro en
Nouvelle-Zélande dans l’île du Nord) et jusqu’en Nouvelle-Zélande où l’on retrouve l’emploi du boomerang et des
fortifications comme à Maré. Dans les deux îles néo-zélandaises on retrouve des
toponymes rappelant leur existence passée, comme dans l’île du sud ‘Akaroa,
avec coup de glotte initial, ou Paparoa, dont il faut rapprocker le nom d’un atoll des
Touamotous, Pakaroa, ou encore Wakapapa tout près de ‘Akaroa (cf. le nom des blancs, papa’, à l’île de Pâques) tout près de ‘Akaroa et Tongariro dans l’île du Nord. Ces formes viennent toutes de bau-
karen, le nom des Tibawés, comme le nom qui désigne aujourd’hui les blancs en Nouvelle-Zélande, pakéa (cf. papaa chez les Touamotous pour désigner les anciens habitants
blancs d’Anaa, popaa à Tahiti).
Les Pakéas sont les « chasseurs de
moas » pré-maoris de Nouvelle
-Zélande. J’emprunte à J. Golson (The Journal of the Polynesian society,
vol. 66, 1957, N°1, p. 64-109, « Field archeology in New Zealand »
les données qui suivent. Golson cite un mur de pierre déjà noté par Adkin (1955 :465-471) à l’est
de la Palliser Bay et interprété par celui-ci
comme marquant un territoire agricole
tabou, et non comme un rempart
défensif.On songe au mur de pierre relevé par Paul Avias dans le nord de la
Calédonie . Il cite aussi le pa (de parama, birman, fortin) des Poor Knights
Islands précédemment relevé par Frazer (1926 :10-12). On peut encore
relever des murs à Puketuku au Manukau Harbour ou à Wiri Mont près d’Auckland,
où de longs murs courent le long des collines. Il n’est pas jusqu’à la forme
exactement rectangulaire du pa de
Maré qui ne se retrouve à Rua a Rehu, Puha, Poverty Bay. Le marquage du territoire
cultivé comme tabou est lié à l’agriculture.
3)
Entre 1452 et 1475 de notre ère, d’une île volcanique du Vanuatu disparue à la suite d’une éruption
et appelée Kuwaé (altération de Tibawé)
entre Epi et Vaté, a lieu une migration vers Païta, Tonghoué et Tonghouen
(même mot), lieux qui doivent leur nom au village de Panita et à l’île
de Tongoa où est situé ce village au Vanuatu, p .140, 165, » (J. Garanger, 1976, Tradition orale et préhistoire en
Océanie », Cahiers de l’O. R. S. T.
O. M., Série Sciences Humaines, vol. XIII, n°2, p. 147-161) :
« Tombuk, un
homme originaire de Lopevi (Vanuatu), fut trompé par les gens du village de
Kuwaé qui, par jeu et la nuit, le firent coucher à son insu avec sa
mère.L’ayant reconnue trop tardivement et désespéré de son acte incestueux, il
décide de mourir et d’entraîner avec lui
dans la mort tous ceux qui étaient plus ou moins responsables de sa faute.Il
part à Lopevi chez un oncle qui lui donne les moyens de la vengeance sous la
forme d’un lézard (serpent),
véhicule de puissance des volcans.
« Il revient à Kuwaé, organise une fête qui dure six
jours. Chaque jour un porc (homme) est sacrifié et il en attache la vessie,
après l’avoir gonflée, aux branches d’un bois
de fer [appelé toa en langue tuamotou],
Casuarina oligodon. .Sous cet arbre, il avait caché le lézard
enfermé entre les deux nœuds d’une tige de
bambou.
« La fin de la fête approchant, il monte dans l’arbre
et fait éclater successivement les quatre premières vessies, ce qui cause un
tremblement de terre de plus en plus intense. Kuwaè bascule, puis éclate en
morceaux en même temps que la cinquième vessie.
« Quand Tombuk fait éclater la sixième vessie, un
volcan surgit de terre à l’emplacement du bois de fer sous lequel était caché
le lézard.
« Aux premiers signes avant-coureurs du cataclysme, la
plupart des chefs s’étaient enfuis dans leur pirogue et avaient regagné Vaté,
leur ancien habitat. Le reste de la population périt, sauf un adolescent. Il
était occupé à piéger des oiseaux sur la côte de Kuwaè qui n’existe plus, à un
point situé entre l’île de Tongoa et celle de
Tongariki (de Hmong Li). .Il s’abrita à l’intérieur d’un
grand tambour [les tambours d’Ambrym sont parfois hauts d’environ 6 m] et y fut découvert par une jeune femme
qui, elle aussi, avait pu échapper au cataclysme.Ce qui restait de Kuwaé
n’étant plus qu’un amas de laves et de cendres, ils trouvèrent refuge dans une
petite île voisine : Makura, où ils vécurent quelques années. Semet ou
Asionget était le nom du jeune homme. Il reçut ensuite les titres de
Matanauretong et de Ti Tongoa
Liseiriki ; ces noms seraient en rapport avec celui d’une plante, la
première qu’il vit repousser sur cette île [Makura]. Ti Tongoa Liseiriki
réorganisa la colonisation de ce que nous appelons les îles Shepherd [Tongoa,
Nguna, Emae] ; les chefs qui s’étaient réfugiés à Vate revinrent s’y
installer.Six ans s’étaient écoulés, disent certains, depuis la disparition de
l’île Kuwaè. A sa mort, le héros fut inhumé près de l’ancien village de Panita à Tongoa. , en compagnie de ses
femmes et de quelques représentants de sa suite ».
Il s’agit de la
version mythique d’une formidable éruption historique, , expliquée comme une
crise d’amok commise par un Oedipe canaque.
Platon justifiait de même
l’engloutissement de l’Atlantide par les fautes morales de ses habitants et par le juste courroux des dieux
contre eux. Autre remarque : le nom du village de Païta vient probablement de Panita
sur l’île de Tongoa au Vanuatu, .comme ceux de Paouta près de Pouembout et
de Lapita (métathèse de Palita) près de Koné. De plud, Ouitoé
près de Païta vient de wi, le
Serpent, et de toa, le bois de fer du
mythe précédent, dans lequel est caché le Serpent. .
Le mythe n’est pas précis
sur le nom de l’autre plante. Selon moi, il s’agit d’une plante que les
Tibawés ont cultivée, celle qui donne son nom à
l’île Nguna aux îles Shepherd et qui a donné son nom au lotissement
N’Géa (de Nguna ). Selon G. Païta, Op .cit, p. 28, note : N’Géa « désigne l’endroit où il y a de
nombreux figuiers »), arbuste
littoral à fruits jaunes comestibles, appelé obubu à Ouvéa–Iai. N’guna
vient de l’aïnou mume ou ume, « prunier ». Vers
l’époque du Christ, les Yayoi au Japon, équivalent des Tibawés, acclimatèrent une plante sauvage qui fut la première,
assure-t-on, à être cultivée par eux, le Prunus
mume, prunier ou abricotier sauvage du Japon. Les omaï (ume à Okinawa ou
myrabalans, mirabelles, petites prunes salées), si appréciés des enfants calédoniens, viennent
d’un arbre voisin, mais amélioré par une culture millénaire.
Le chiffre six renvoie aux cinq « bras « du
calmarplus un autre pour recommencer.
Dernière observation : le tambour, type tambour à fente
d’Ambrym, n’est pas un instrument musical, mais un lieu de mort et de renaissance. Ainsi, au Vietnam, dans des
tambours utilisés aussi comme coffres funéraires, lorsqu’il n’y a pas de pourrissement
préalable, le cadavre est placé en
position fœtale pour renaître
De fragiles
géoglyphes serpentiformes repérés sur
certains plateaux de Nouvelle-Calédonie par les géologues Paul Avias et
Piroutet.
On remarque dans
certains cols et sur certains plateaux
miniers calédoniens de fragiles serpents, faits de pierres juxtaposées avec soin, mais de
dimensions évidemment moins importantes qu’en Amérique du Sud , dans le sud du
Pérou, où les lignes de Nacsas , dont le
nom a été justement rapproché du nom du serpent indien et cambodgien, le naja ou naga, de nagara (ligoro), sont célèbres (Angkor vient de nikoro , le Serpent). On a découvert
récemment dans la forêt vierge amazonienne de nombreux géoglyphes, œuvre de
cousins des Tibawés, savoir 290 tracés dans l’Etat d’Acre, au Brésil, 70 en Bolivie et 30 dans les Etats brésiliens
d’Amazonas et de Rondônia
Il existe en Australie un géoglyphe de plus de 4 kilomètres
de long, le plus long du monde, l’homme de Marree du nom de la déesse mère à
laquelle il est consacré. Mari renvoie à Longli (de Mong li).
Les pétroglyphes.
Aux Indes, dans la région de Bénarès, on a trouvé des
pétroglyphes, identiques, selon P. Rivet,
aux pétroglyphes australiens. On en retrouve également sur les chemins
des Tibawés, dans le bassin de l’Indus
où on en compte près de 50 000 et aux Philippines. En Polynésie, les
Pakéas passent, à juste titre, pour les responsables des nombreux
pétroglyphes qui émaillent les brousses
océaniennes, ce qui confirme les dires de G. Païta.sur leurs auteurs.
Le nom de Tchambouen,
lieu où précisément on trouve de beaux
pétroglyphes, qui ont intéressé G. Coquilhat, notamment avec le motif d’une pirogue, provient
peut-être du mot tibawe (tchamboyé).
A Hienghène, plus
précisément à Ouaré ( de Bawe), où
existent quelques pétroglyphes sur une grosse roche au bord de mer, la tradition assure qu’il y avait des pétroglyphes « femelles »
cachés, plus exactement relevant d’une
lignée matrilinéaire matrimonialement compatible et secrète , correspondant
chacun à un pétroglyphe
« mâle », qui jouaient le rôle d’autels. Mais tentons de décoder deux autres motifs très généraux de
pétroglyphes :
1) le motif dit de l’enveloppement
en V avec une croix au centre, à ne pas confondre avec le motif presque
identique des guillemets sur les poteries ouatom (qui, lui, représente la
déesse des morts, le calmar super-géant). C’est ce motif universel en V qu’on retrouve sur les pétroglyphes
calédoniens, motif qu’avait déjà
remarqué Carl Schuster, dans « V-shaped
chest-markings. Distribution of a design- motiv in and around the Pacific »
et « Joint- marks. A possible index of cultural contacts between
America, Oceania and the far East ». Le motif dit de l’enveloppement en V avec une croix au centre est emprunté à la pirogue avec les deux courbes de la
proue et de la poupe qu’on retrouve dans les maisons toraja , constituant ici
chacune le trait oblique du V.
Quant à la croix, la
barre horizontale représentait la banquette où était assis le pagayeur ou
plutôt l’homme tenant la godille qui servait aussi à gouverner, godille qui est symbolisée par la barre
verticale de la croix.
Au Musée National des Philippines, on a une jarre
funéraire dont le couvercle est surmonté de
deux figures, l’une, celle du défunt, avec les bras croisés en signe
d’obéissance et de respect, l’autre,
celle du dieu des morts,
représenté en timonier tenant une
godille, tous deux assis dans un prao démâté en signe de deuil.
2) Un autre motif qu’on observe très couramment sur les pétroglyphes est
composé d’un ombilic et de cercles
concentriques, qui symbolisent la « roue »du calmar avec ses huit
bras toujours en mouvement, comme en Micronésie, pour marquer l’appartenance à la culture du
Calmar géant écarlate, c’est-à-dire à la culture tibawé.
Les pétroglyphes
constituent une écriture indélébile sur la pierre, comme les tatouages sur la peau, les uns et les autres pratiqués par les Tibawé comme nous l’a
indiqué G. Païta.
Le tatouage.
Dans le cas du
tatouage, cette écriture ineffaçable
peut se lire et elle est liée à l’héraldique et à la généalogie. James
O’Connell, en 1826 en Micronésie, nous apprend, P. 166, que ces tatouages
étaient confiés à quelques femmes maîtres
d’héraldique, car le tatouage, écrit-il, « est la conservation d’une
sorte de symboles héraldiques. »D’abord, l’opération ne concerne que les deux classes supérieures l’une par rapport à l’autre
et par rapport aux esclaves qui n’ont droit qu’à quelques marques sur le devant
des jambes. Pour la classe des chefs, deux anneaux sur le bras droit indiquent les noms des ancêtres décédés les
plus proches de sa femme; sur l’épouse, des marques similaires concernent les
ancêtres de son mari. En cas de polygamie, les femmes portent sur leurs épaules
l’arbre généalogique de leur mari.
Quant aux enfants, à quatre ans, on leur appose , chez leurs parents, des marques
sur le dos de la main gauche, tandis
qu’à six ou huit ans et plus tard le tatouage est complété , jusqu’à l’âge de onze ans , dans la
maison réservée à la pratique de cette cérémonie .
Les innovations des Tibawés : l’agriculture,
l’élevage et la métallurgie du laiton.
L’introduction de l’agriculture en Nouvelle-Calédonie
Il existe au Japon une variété d’igname sauvage (Dioscorea japonica) appelée ku-bi. Sans le suffixe –bi, qui signifie sauvage, ku
désigne l’igname cultivée sur billons introduite en Nouvelle-Calédonie par les
Tibawe. Ces
« billons », ces levées de terre si l’on préfère, élevéss pour des ignames cultivées qui demandent un sol profond, sont parfois accompagnés d’un dallage servant
à canaliser les eaux de ruissellement qu’on retrouve à l’île de Pâques où l’on a aussi découvert des barrages de pierre dont le rôle était de détourner l’eau sur
de vastes plates-formes de basalte (ahu).
Les
tarodières
Les billons à ignames sont souvent complétés par des tarodières.qui sont de savants systèmes d’irrigation abandonnés
depuis très longtemps. Citons les tarodières
du Col de la Pirogue, anciennement kwa
trebo, nous révèle Gabriel Païta : il s’agit d’une utilisation du
tronc creusé d’un arbre, non comme pirogue, mais pour conduire l’eau et ce mot trebo se retrouve dans praoh, le nom aïnou de l’embarcation qui
a évolué en Amérique pour nous donner notre mot pirogue.
Le nom du taro (Colocasia
esculenta), tara en mélanésien,
dérive du mot wara, lequel, avec adjontion d’un suffixe signifiant sauvage, -bi, désigne, au Japon, une fougère sauvage dont les tubercules sont comestibles (Pteridium aquilinum). C’est ce radical, des Tibawés wara, qu’on retrouve (avec suppression
du suffixe -bi signifiant sauvage) dans le nom mélanésien du
taro cultivé, tara, ou dans son nom
polynésien, taro.
Les 45 menhirs
tibawés, régulièrement alignés, d’Arama
parfois appelées de Boniac ou Bonia du
nom d’un ruisseau proche, de
Daqueboum, de Cradji, de Bogota près de
Thio.
Il n’est pas étonnant de trouver, en association avec ces
débuts de l’agriculture sédentaire, des menhirs à Arama, au nombre de 45,
régulièrement alignés. Quelle est la signification de ces pierres levées ?
La société paléolithique pratiquait ce
que G. Frazer appelle la magie imitative .Dans Le Rameau d'Or, en particulier
dans Balder le Magnifique , celui-ci nous rapporte que certains primitifs, à la
saison des plantations, sautent le plus haut possible (ou bien depuis la plus
grande hauteur, s’il s’agit de tubercules comme les ignames ,-comme au Vanuatu, sur l’île Pentecôte, lors du
fameux et toujours pratiqué saut du Gaul[1]) : plus haut ils
sauteront, et plus haut le lin, le blé ou l’orge, pour nous le cocotier
pousseront; plus grande sera la hauteur d’où, au péril de leur vie , ils se
laisseront tomber, et plus profondément s’enfoncera le tubercule de l’igname,
autrement dit plus grosse sera l’igname ,et meilleure sera la récolte dans tous les
cas, qu’il s’agisse de blé ou d’ignames. Il ezxiste en Nouvelle-Calédonie de
rares pirres à ignames dont ce devait être la destination. La « pierre à igname » était enfoncée
verticalement dans le sol afin de mimer et donc d’amener la croissance de
l’igname.
Ainsi , le fait d’ériger un menhir a-t-il pour
but de mimer analogiquement la croissance de l’orge ou du cocotier et de la stimuler magiquement.Le menhir
symbolise l’épi ou, à Arama, le jeune
cocotier et prétend exalter sa croissance. .
On a deux noms pour les cocotiers,
savoir niou qui est pan-océanien et le tibawé hakari
ou ha’ari-(de kakari) à Tahiti qui se retrouve dans le sud de l’Inde (sanskrit karakah pour noix de coco, par métathèse
pour kakarah et malabar kopparah, signifiant coprah). Les Tibawés sont originaires d’Asie du sud-est, le lieu
d’origine de l’espèce de cocotier qu’ils ont introduite en Nouvelle-Calédonie.
La génétique éclaire ici la linguistique, car une analyse ADN de 1300 cocos a
montré que, d’Asie du Sud-Est, la culture du cocotier ne s’est propagée que bien
plus tard dans le sud de l’Inde et à Ceylan, et de là en Afrique.
Nous savons qu’à Fidji les Djomons, mille ans avant notre ère, avaient déjà
introduit cette culture et qu’elle était encore fort rare. Le mur relevé par
Avias dans le nord est à relier à ces menhirs : il délimite l’espace tabou
consacré à la maturation des forces végétatives et à la domestication de l’eau.
L’élevage et la domestication du coq de Bankhiva, de la roussette, du rat, du cochon et
peut-être du chien par les Tibawés
Le coq (Gallus
gallus), polynésien moaka ou moaa ou moa
En Nouvelle-Calédonie, le capitaine Cook, en 1774, déclare : « Nous
entendîmes le chant du coq » près de Balade .A l’île des Pins, il existe encore quelques coqs de Bankhiva, et
il n’y a pas d’autres gallinacés en Calédonie. Le coq y a été introduit par les Tibawés comme à Maré
où le P. Dubois le signale en des temps
préeuropéens (1970, p. 55-56 mais les successeurs des Tibawés n’ont pas continué leur élevage. Les Tibawés avaient apporté avec eux sur
leurs pirogues des volailles jusqu’à Ticopia aux Salomon, puis à l’île de
Pâques, où l’on dénombre 1233 poulaillers de pierre, les hare moa, longs parfois de 21 mètres. « Si les
nombreux et imposants hare moa de
pierre n’étaient pas éclipsés par les statues et les plates-formes de pierre,
plus importantes encore, écrit Jared Diamond dans Effondrement, P. 131, les touristes se souviendraient de Pâques
comme de l’île aux poulaillers de pierre. »
Les va riétés de renard volant et de roussette
En Australie, en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie, il
n’existait aucun mammifère. La roussette y est, avec le rat, le seul mammifère
et n’a pas pu voler par ses propres moyens jusque là. .C’est pour des
raisons religieuses (elle symbolise les paternels) et utilitaires (poil de
roussette, etc.) qu’elle a fait l’objet d’un élevage et qu’elle a été
introduite.De plus, elles sont faciles à capturer vivantes et à apprivoiser. Le
nom maori de la roussette, peka-peka, pouek à Nutt en Micronésie, répond à la racine ouigour
pour désigner le renard, pek, en maya pek, renard, en quechua allpaka,
alpaga, ou dans le caraïbe pecari, avec le mot alo –, signifiant forêt, antéposé
ou postposé. .Le renard volant de Formose (Pteropus
dasymallus formosus), appelée bianfu,
fait un mètre d’envergure et c’ est un animal de compagnie recherché par les
habitants.Le renard volant des Philippines (Acerodon
jubatus), avec une envergure de 1
m50, est la plus grande des chauve-souris. Quant aux variétés de renard volant
ou de roussette de l’archipel calédonien, on affirme que certaines sont endémiques,
ce qui semble impossible dans un pays où il n’y avait pas de mammifère. Elles
ont dû faire l’objet d’introductions par plusieurs groupes tibawés, comme Notopteris neo-caledoniae ou roussette à
queue qu’on trouve par colonies dans les roches de Hienghène (introduites par
les Némis) et dans les grottes de Poya (introduites par le groupre de locuteurs
arhë).Autres variétés : Pterapus
ornatus ou roussette rousse, l’une des plus répandues, avec Pteropus vetulus, ou roussette des
roches, ou renard volant de Nouvelle-Calédonie,proche du Pteropus aegyptiae , d’origine africaine dit-on, Pteropus tonganus , qu’on trouve aussi en Nouvelle-Guinée ou renard
volant du Pacifique, Chalinolobus, etc.
Deux variétés de rat polynésien (Rattus exulans) Le rat , lié au poulpe dans les légendes et
dans les pratiques de pêche, au
Vanuatu comme dans l’archipel calédonien, était jugé comestible et servait d’offrande
lors du repas de mariage à Lifou : il a été introduit volontairement par
les Tibawés à partir des îles fijiennes (où il avait été importé de Birmanie )
et a fait l’objet d’un élevage qui peut nous surprendre.En Nouvelle-Zélande, on
a trouvé des fossiles de rat indigène
appelé kiore datant d’il y a 2000 ans. Le même mot se retrouve dans le surnom
du chef de Ouanache (Touho), Néa Kiole Galet.
Le cochon (Sus scrofa).
Au Japon existait un cochon sauvage qui avait déjà essaimé
dans le Pacifique jusqu’à Ticopia et à Vanikoro en 1825, mais ni le cochon, ni le chien n’ont été importés en Nouvelle –Calédonie.
Le difficile problème
du chien dans le Pacifique
Ni le cochon, ni le chien n’ont été importés en Nouvelle –Calédonie. Mais, dans le Pacifique et même dans
l’archipel calédonien, il y a une grande
diversité de noms du chien (ou du renard) : tavie à Belep (cf. wallaby,
sans le préfixe animalier wa-), paili à Maré, de lapeke (cf alopeke) , renard, devenu lipaikie, puis par métathèse
paili), ngaeke aux Touamotous (de nga,
préfixe animalier, et ike, cf. maya ok, chien-loup). Dans la langue maya telle que l’a déchiffrée l’Américain D. Coe
(Reading the Maya glyphs),
langue qui, comme le quechua, est apparentée aux langues tibawés, la situation est complexe .Il semble qu’il
faille distinguer deux sortes de chiens : le chien-loup, sauvage ou
domestique, ok ou tsul [ul], le chien domestique s’appelant kun. renard sauvage pek par abréviation de alopek, chien de forêt , La racine pek désigne à l’origine le renard
précisé par alo-, forêt, alopek, renard (de forêt) pour le
distinguer du renard domestique.ou de l’hybride de chien et de renard.
1) le chien de Micronésie, kitti et kid’jinny-kitti,
qui est mangé et n’est pas un animal domestique, d’importation chinoise récente. Le raty y est appelé un
petit chien. ;
2) le chien de Nouvelle-Zélande, d’importation espagnole
à la suite d’un naufrage. Il s’agissait d’un couple de poméraniens : le
nom espagnol d’origine ibère (ouigour), perro,
parfois altéré en Pedro par
étymologie populaire, dont il faut peut-être
rapprocher le nom espagnol du renard, zorro, et le maya tsulul, chien
-loup, perro venant de pek tsullul, chien loup renard
domestiqué), s’est curieusement
maintenu en maori. Robert Langdon l’a étudié dans The lost caravel et pense qu’il a accompagné les Polynésiens dans
leurs migrations de Polynésie en Nouvelle-Zélande.Il existe une seconde variété
de « chien » appelé kararehe, maori kaureke ou wa-itoreke (Cf. alopeke et nga eke) qui présente la particularité
de ne pas aboyer et de se contenter d’un régime non carné, extrêmement rare,
plutôt nocturne et à fourrure blanche selon les maoris. Serait-ce un renard apprivoisé,
apparenté au renard du Tibet (Vulpes
ferritata) qu’on trouve encore au Népal dans la région du Mustang ou
au renard corsac (Vulpes corsac) ;
3) le warigal (préfixe
animalier wa- et lapeke devenu lipalke, au sens de renard) de Nouvelle-Guinée ou chien chanteur (Canis
lupus hallstromi) et le dingo
(Canis lupus dingo) et On trouve en
Australie sauf en Tasmanie le dingo :
go signifie qui aboie dans la langue eora près de Sydney, à qui les Européens
ont emprunté le mot dingo
d’Australie. Or, le dingo n’aboie pas non
plus que le warigal et c’est peut être en réalité le nom donné par les
Aborigènes de langue eora près de Sydney au chien européen,
car go signifie qui aboie dans leur langue.
Les Européens leur ont emprunté le mot dingo, de din, renard [cf. chinois bia]) Voici sa description en 1826 par
James O’Connell : p.91 « On suppose que le chien indigène, ou
plutôt l’espèce que les pionniers découvrirent, a été importé autrefois, car
presque tous les autres quadrupèdes sur l’île appa rtiennet à la cklasse des marsupiaux, ou à poche nourricière. Cet
animal émet des vocalises plaintives, mais il n’aboie jamais ; il attaque,
mais ne continue jamais à s’accrocher et à harceler.Face à un troupeau de
moutons il mordratous ceux qu’il pourra attraper, et la blessure s’infecte
facilement. Il dégage une odeur puissante et agressive,il poursuit les chiens
domestiques, il a un poil hérissé, une
queue touffue, une grosse tête et un
museau qui est terminé en pointe .» Le chien australien est attesté il y a
5000 ans, ainsi que celui de Nouvelle-Guinée. Il a fort bien pu venir de
Nouvelle-Guinée en Australie grâce à l’existence
ancienne d’un pont terrestre entre l’Australie et la Papouasiie. Mais le chien
en question se trouve aussi en Chine du sud, pays où existe un renard apparenté à celui du Tibet. On le
trouve, à l’état sauvage, en bandes, ainsi qu’en Birmanie, en Thaïlande, au
Laos, à Bornéo et aux Philippines.
Quelques plantes comestibles des Gorounas et des
Tibawés.
Indépendamment du cocotier, du prunier, du bois de fer dont
j’ai déjà parlé, citons d’abord quelques autres plantes importantes dont je ne
parlerai pas : faux tabac du bord de mer (Argusia argentea) contre l’ichtyosarcotoxisme, moins efficace que
du soludecadron, le bambou, le ficus et autres banyans, le muscadier aperçu par
Cook près de Tanna, vraisemblablement à Santo.
Le bancoulier (Aleutes moluccana) tire son nom français
de l’établissement fondé par la Compagnie
anglaise des Indes Orientales à Bencoolen ou Bengkulu (Sumatra) en 1685. Le Français Poivre en rapporte des
noix dites de Bancoul. Les Tibawés l’introduisent en Nouvelle-Calédonie pour
son bois, ses noix, son huile, ses vers de bancoulier (Agrianome fairmairei) dégustés, comme les vers de sagoutiers (des
charançons !), partout en Asie du sud –est, et aussi pour ses délicieux champignons de bancoulier. . Les
chenilles de bancouliers comestibles sont à rapprocherdes witchetty grubs
australiens, gros vers blancsque les femmes et les enfants détectent avec un flair extraordinairev (Geza Roheim,
p.1 5, Héros phalliques et symboles
maternels…) :les enfants les consomment crus, les adultes légèrement
grillés, leur goût rappelle leb rôti de ôrcou les œufs frits. C’est iune
nourriture hautement aqppréciéee des australiens. Ce seraient les larves d’un
lépidoptère, appelé cossus, en australie du moins.
Le pommier malaque
(Syzigium malaccense) a été introduit
par les Tibawés à Santo où il est entouré de mythes selon lesquels quiconque en
mangerait deviendrait blanc, à l’île de Pâques où on le trouve à l’état fossile,
et en Nouvelle-Calédonie dans le nord, sur la côte est, où il est rare et passe
pour le pommier des blancs (Popalagni)
tandis que les Européens l’appellent le pommier canaque, par altération de
malaque.
La banane poingo (Musa x paradisiaca), à cuire obligatoirement comme un légume,
a été introduite par les Tibawés à partir de la Birmanie (banana signifie birman, pwango, comme pour la maison, signifie
recourbé, en forme de corne) ;
c’est un hybride issu de Musa balbisiana
(qui, contrairement aux bananiers de culture, contient de nombreuses graines) et
de Musa acuminata, -une variété de
cette dernière, Musa acuminata banksii, s’étant hybridée en Papouasie pour donner la
plupart des bananiers du monde. On l’appelle aussi d’un mot anglais banane plantain (espagnol platana), par allusion au plantain corne de cerf, ainsi nommé à
cause de ses feuilles en forme de corne.
Au contraire, le nom de la banane –déssert, jadis appelée
pomme de paradis parce qu’elle passait, en Inde comme dans les légendes de Iai-Ouvéa, pour le fruit mordu par la femme
malgré l’interdiction du Serpent, vient du portugais figuera banana (figuier birman ou figuier banana, ce dernier mot étant emprunté au soussou de Guinée). Les bananes-figues de Nouvelle-Calédonie
sont du créole réunionais et viennent de l’adaptation anglaise du figuier
portugais, banana-figs, les figues birmanes.
En ce qui concerne le nom de la patate douce, la linguistique
comparative et historique seule n’est ici d’aucun secours car certains radicaux se confondent et
donnent les mêmes résultats, poussant à croire, par exemple, que la patate douce serait originaire d’Asie, ce qui est faux : il
nous faut d’abord demander secours à
l’archéologie américaine. Celle-ci nous apprend que les plus anciens restes de
patates douces et de pommes de terre cultivées
ont été retrouvés dans les grottes de Tres Ventanas, à 65 km de Lima au Pérou,
et qu’ils datent de
8 000 ans avant J.
–C. Toutefois, un spécimen de Solanum muaglia datant de 13 000 avant J.C., pomme de terre
sauvage mais comestible, a été retrouvé
à Monte Verde, dans le sud du Chili. C’est donc au Chili que seraient apparues la pomme de terre et la patate douce.
Or, les habitants avaient, pour les nommer, à leur disposition, plusieurs
radicaux que nous allons étudier.
1) pa pata : le fruit hirsute
Il existe une pomme de terre avec un duvet dru, Solanum villosum, au nom scientifique
significatif (villosum signifiant
velu) et à laquelle les Amérindiens ont
donné le nom de pa pata (pata signifiant
velu dans la langue de Haïti appelée taino, cf. ainou), devenu patata ou batata à Haïti.
C’est cette forme patata qu’ont empruntée ensuite les Espagnols pour désigner la patate douce sous la forme batata , en français patate et en anglais.batata, patate douce, potato
.au sens de pomme de terre.On a donné le même nom de « fruit
écailleux » , patata , au pitaya
ou pitahaya (Selenicereus
megalanthus)s) .Quant au mot papaya,pour
désigner la papaye, il vient lui aussi du caraïbe par analogie
entre le centre plein de graines du pitaya à la chair blanche avec des points jaunes et la papaye (Carica
papaya L.) au centre également plein de graines qui, elles aussi, étaient
mangées autrefois .
Pour comprendre la forme mexicaine camote ou
cambote, patate douce, qui a été empruntée par les
Espagnols et diffusée par eux avec le tubercule, dans le Pacifique, il faut partir de pataya,
katayo, puis par métathèse kayota, kamota, camote. A Okinawa,
dans l’archipel Ryu Kyu, il existe,
à côté du nom japonais imo (de
Satsuma), un nom d’emprunt (de camoté),
kamato, bien acclimaté comme le
prouve la salutation rituelle : Nmu kamatoin ?
As-tu assez de patates douces ? Signifiant : comment vas-tu ?Le
terme camote et le tubercule ont été
exportés aussi par les Espagnols en Subanu de Mindanao (camote) et aux Mariannes (camut).
Le même nom a anciennement été donné à
cause de ses duvets à la chayote (la
chouchoute calédonienne), Sechium edule, de pataya devenu katayo, puis
par métathèse kayota.
A Santa Cruz, dès le XVI e siècle (cf. Pedro Fernandez de Quiros, Histoire de la découverte des régions
auistrales, on rencontre panaes ,
d’origine inconnue,pour patate douce.
2) ku-mara (toute
enveloppe ou tout tubercule d’aspect
pourpre, souvent la patate douce, Ipomea
batatas Poiret).
Il existe deux formes kumara :
1 L’une se décompose
en kuch,
peau, enveloppe, aspect et madja, rouge, le nom
désignant tout fruit ou
légume à chair ou à peau rouges, quel
qu’il soit, pomme-liane, tomatille, tomate, tamarillo.
2 L’autre se décompose en
kep ou kup, tubercule, et madja, rouge, pomme de terre
rouge ou patate douce de couleur pourpre.
1La tomatille du
Mexique (Physalis philadelphica) a
pour nom tomatlt en aztèque, de kumara : le –ille
final de tomatille n’est pas un
diminutif, mais vient du l final de tomatl
, comme dans le fruit appelé tamarillo,
également de tomatl La tomate
(Solanum lycopersicum)s’appelle xi-tomaltl
, xi-seul
signifiant petit
De même, la pomme- liane ou fruit de la
passion pourpre (Passiflora) est appelée en tupi (Guyane) maracuja, de
mara, rouge, ku, peau et ja, fruit.
La coumarine est
extraite de la fève tonka, de couleur rouge foncé : c’est le fruit du Dipteryx odorata, en langue vernaculaire
teck ou gaïac guyanais ou brésilien. La fève et l’arbre s’appellent coumaru,
coumaron, coumarine
L arbre guyanais Strycnos
guianensis a une écorce rouge qui lui vaut son nom, urari en Guyane., curare
en français, de ku mara
2) La forme kumara, de kup mara ainsi que la patate douce
elle-même ont été diffusées à Mangareva par l’Inca Tupac Yupangui entre 1471 et
1493 et de là dans toute la
Polynésie. A partir de 1600 le pilon en pierre sculptée représentant un
oiseau pour écraser le taro disparaît avec l’introduction de la patate douce en
Nouvelle-Guinée. De kumara (Mangareva,
île de Pâques, Touamotou, Rarotonga, les
îles Cook, la Nouvelle-Zélande),
on a kumala (Tonga), kumala à Wallis-Ouvéa et à notre Ouvéa où une pirogue
de Wallis l’a apporté a début du XIX e siècle, kumai (Marquises), ‘umala
(Samoa), ku’a’ra (Mangaia), umara, umaa (Tahiti), uvala (Hawaï), kumal (Carolines).
On voit comment l’aboutissement phonétique de kuch mara, peau rouge, semble bien être le même que celui de kup mara, tubercule à chair
rouge ; ainsi une igname à chair
rouge (« sang de poulet » au Cambodge ou « sang des
vaincus » en Calédonie) peut, comme
la patate douce, être appelée kumara,
de kup, tubercule, et de mara, rouge. Le nom de la patate douce à chair rouge en javanais, ku madjang, doit se
décomposer en kup, tubercule, et madja, rouge. De même, on a le nom de l’igname sauvage à chair pourpre en malais, ke mahang (de kup madjang),
emprunté par des langues non austronésiennes proches des Tuas calédoniens : ke mhang en semang de Kedah pour
désigner une igname (langue parlée par des Negritos de Malaisie), ke marung
en sakai de Pahang pour désigner une igname cultivée On a aussi
-le nom d’une
igname sauvage à chair pourpe, gembulu en Gajosch, de kup
mada ;
-le nom bengali d’une igname (Dioscorea alata), kamalu, de kup mada ;
-le nom d’une igname sauvage
en Nouvelle-Guinée (Osisi), gamaru,
de kup mada ;
-le nom malais de l’igname sauvage, kembili, de kep mada, emprunté en sakai (langues
non austronésiennes : Tembi, Darat,
Jalai et Serau proche des populations tuas) sous la forme kemili ;
- le nom malais de la
patate douce, savoir gumbili
ou encore kumeli, toujours de kup mada) ;
-le nom d’une igname
(Dioscorea alata) à Madagascar kambar, de kup mada. Le
nom du gombo
africain (Hibiscus esculentus) avec
des gousses qui sont généralement vertes mais peuvent être rougeâtres, vient de kambar (en bantou, ki-gombo ou
petit tubercule).Dans une langue
dravidienne, le telugu, kummara
désigne une igname, Dioscorea aculata et, en Namau
(Nouvelle-Guinée), omera (toujours de kup mara), un taro (Colocasia esculenta) ;
-le nom de la variété
rouge d ’aubergine sauvage (nous
connaissons surtout les variérés violettes), Solanum incanum, qui est appelée kambay (de kup mada) ou kambal
au Cachemire ;
- le nom du Plectranthus
tuberosus (qui donne de petits tubercules analogues à la pomme de terre), savoir kumeli ou gumeli
en sundanais (Java), de kup mada.
3) ku-bi (tout fruit ou légume comestible, -bi signifiant sauvage)
Un radical ku a
donné au Japon le nom d’une variété d’igname sauvage (Dioscorea japonica) appelée kubi. C’est cette forme djomon kubi qui donne obi en Nouvelle-Calédonie, où elle fut
introduite par les Djomons, ubi, api en Amérique. Avec indication de
blancheur, on a en Amérique api-shu
pour désigner la patate douce sauvage à
chair blanche (shu signifiant blanc);
ape, apene (ape+-ne, de shen,
blanc , ope, opene (de kubi-shene).
4) ku-shu (tout fruit ou légume d’aspect ou de chair blancs
Il existe aussi au Japon un mot
djomon, kuzu, fruit blanc, shenshu
en Chine où ces plantes poussent à l’état sauvage. Ce mot désigne la Pueraria lobata. Zu, shu ou chu, signifient blanc. .
Du kuzu djomon viennent les
noms d’une patate douce blanche dans un dialecte d’Amérique, le kuna, savoir kwalu (de kuzu) et d’une igname sauvage blanche de Nouvelle-Calédonie et des îles, le waël,
introduits par les Tibawés.
5) kep (tubercule
souterrain en austronésien)
On pose en austronésien stricto
sensu (indonésien et malais) une racine kep, qui signifie tubercule et qu’on retrouve à Pohnapé
(Micronésie) sous la forme kap, igname, et sous la forme up,
ep, patate douce en Amérique
6) wara-bi
(tubercule, +–bi, sauvage)
Le suffixe –bi, sauvage, indique une provenance djomon.
Il existe au Japon une fougère (Pteridium aquilinum) dont les tubercules sont comestibles. Elle est
appelée warabi en djomon, forme qui
a évolué et a fini, sans –bi, par être confondue avec kumara, patate douce pourpre.De warabi, outre le nom tibawé du taro cultivé (sans –bi par
conséquent), tara ou taro, on a :
1) le nom de l’igname cultivée par les Tibawés (donc sans-bi) à Santo, wara ; avec –bi, le nom
calédonien d’une igname sauvage ou semi-sauvage de Calédonie, le waleï, de wara-bi ;
2)) le nom d’un condiment japonais appelé wasashi (Wassashia japonica), une sorte de moutarde, apprécié pour ses racines, qui
ne pousse spontanément qu’à Formose, au Japon et à Sakhaline, peut-être introduite par les Tibawés en Nouvelle-Zélande ;
3)) le nom d’un cultivar tibawé d’arbre à pain, uru en polynésien, qui vient de wara, comme le mot mayoré (de mah-uru, d’un
préfixe signifiant arbre et de –uru, mah-uru).
Toutefois, il faut remarquer qu’on trouve à Santa Cruz un
nom africain de l’igname, gnama , qui
a donné yam en anglais.On y rencontre
aussi des arbres à pain, des taros, « des châtaignes de
Tahiti », ainsi que des poules et desporcs , et ce dès le XVI é siècle
(cf . Pedro Fernandez de Quiros, Histoire de la découverte des régions
australes).
II Les
migrants vers la Calédonie
(période d’après le Christ) et les régions dont ils viennent
1) Les migrations et les langues dans l’archipel néo-calédonien
.Les migrations qui ont laissé les traces linguistiques les
plus importantes dans l’archipel calédonien
ont été le plus souvent consécutives à des éruptions volcaniques qu’il n’est pas toujours possible de dater
avec certitude. Les éruptions, parfois suivies d’un tsunami qui couvre de sel
les cultures, entraînent souvent un refroidissement du climat et de mauvaises
récoltes, par conséquent guerre et famine qui incitent à quitter l’île natale.
Nous demandons au lecteur.de bien vouloir se montrer
indulgent pour notre tentative de
classement et de tenter par lui-même de l’améliorer en rectifiant les erreurs
qu’il y trouvera inévitablement.
La Birmanie, mot
avec r voyelle qu’on prononce bama (pour barama ou parama), encore appelée en langue savante et ancienne myamnar, où mnar vient du hmong mren qui désignait les hommes hmong,
semble avoir été le pays d’où sont partis jadis de nombreux peuples noirs qui
émigrèrent dans le Pacifique et parlent
des langues austroasiatiques (munda,
semai, wa, mon khmer) et des langues hmong d’Indochine ou encore des
langues formosanes. Les langues de l’archipel calédonien sont des
langues austroasiatiques. .Ces peuples proviennent de la
dépression centrale de la région, fort riche, où l’on peut citer en particulier
deux langues, le rakhine de la province d’Arakan, et l’intha (mot signifiant vallée ou rivière) du lac Inlé.
Parmi ces langues,
citons les langues semai, pré-malaises, réputées véddoïdes, donc non- austronésiennes,
parfois rangées dans les langues mon khmer (de mongdu, hmong noir et de
mier au sens de personnes) sous le nom de langues
asliennes. Le classement de toutes
ces langues n’est pas très précis ni assuré, mais il suffit aux besoins de
notre article.
Essai de classement :
On dénombre 31 langues
et 10 dialectes
Langues austroasiatique
5 semai +1 munda +1 wa +1 munda +4 mon
khmer+ 6 hmong mien + 2 formosanes
Semai 5(+ 1 langue wa , langues parlées par les Tua)
1 pwa pwa Epi Vanuatu waa mwang Epi Vanuatu
2 pwamei Maëwo Vanuatu
3 pwamale Tanna Vanuatu
4 bwa too Banks Vanuatu
5 a bwe bwe Ambrym
Vanuatu
Langue wa 1 waa
mwang Epi Vanuatu
Munda 1 drehu (Lifou Dravuni Fiji
Mon-khmer 14 avec
1 dialecte
(Langues parlées par les Tibawé :
les 13 premières + 1 langue munda, le
dréhu)
1 paici Epi
Vanuatu, Palao Micronésie
2 xa anacuu Micronésie (chuuk)
3 méa Micronésie
4 iaai Tanna Vanuatu
5 aai Tanna Vanuatu
6 yawe Tanna Vanuatu
7 chemuhi Santo Vanuatu
8 arhe (langue bunu
naoklao) Santo Vanuatu
9 nyua, yanga, yuaga Vaté Vanuatu
10 nenema avec dialecte nigoumac Vaté Vanuatu
11 yalayu Epi (varsu)
Vanuatu
12 tiri Epi (biri)
Vanuatu
13 noengoené Malekula (Timbembe) Vanuatu
14 tipindjé Malekula
(nindé) Vanuatu
Hmong mien 6
1 neku Tanna Vanuatu
2 aragure Erakor Vate
Vanuatu
3 ajie, langue she Erromango Vanuatu
4 nemi Banks (nume) Vanuatu
5 arha, langue
she Penteôte Vanuatu
6 siche langue she Penteôte (seke) Vanuatu
Il y a 5 langues she : le nere, l’arha, le siche, le neku, l’ajie, donc 5 langues mong mien
Langues formosanes 2 avec en plus 9 dialectes
1 haveke 5 dialectes Papouasie
2 kapone 4 dialectes Ticopia (lavono) Salomon
31 Langue
polynésienne 1 (Polynésien oriental), originaire de Ticopia aux Salomon
(Ouvéa)
32 Langue créole
d’inspiration réunionaise : la tribu de Saint-Louis qui a rassemblé des
tribus de langues différentes.
Puisque nous avons déjà étudié les migrations gorouna des
îles N’Gameini et Nenumbo aux Santa Cruz
(Salomon), de l’ île Ouatom
en Nouvelle-Bretagne (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et des îles Anatom et Vaté
(Vanuatu) , les migrations tuas de Epi
(2), des îles Banks (Motu Lava),
Ambrym de l’ouest, Tanna, Maëwo, de
Malekula et les migrations tibawés des Fijdi , du Vanuatu , de Santo(2), Vaté(2), Epi(2) ) et de
Micronésie, il nous reste à examiner les
autres migrations.
2) Les conquérants venant de Papouasie avec escale à
Manikula et à Avokh.
Les témoignages
du chef Koudjima en 1898 et de Gabriel Païta sur la migration des Haveke depuis
la Papouasie et leurs conquêtes à Ouvéa
et en Calédonie.
a)La déclaration du
chef des Pouebo, Koudjima
Nous avons la bonne fortune d’avoir l’histoire de son peuple
racontée par le chef Koudjima lui-même, grâce à Jules Durand qui a recueilli en
1898 ses déclarations dans Chez les Ouébias (1908,republié par G. Coquilhat sur le net dans Approche pour une lecture des pétroglyphes
néo-calédoniens) :
« Nous étions loin, bien loin d’ici, là-bas où le
soleil se couche dans notre patrie lointaine, Ahaké [aujourd’hui Koké (de Kawaké) en Nouvelle-Guinée –Papouasie]
avec beaucoup, avec beaucoup de Canaques en train de construire des pirogues,
lorsque le fils du chef qui jouait parmi nous fut victime d’un déplorable
accident : une des haches de pierre que tenait un travailleur frappa
malheureusement l’enfant qui fut tué.»
Par crainte de la vengeance du chef ils décident de s’enfuir à bord des pirogues.
Le chef prophétise :
« Vous ne trouverez de terres que loin, très loin
d’ici, du côté où le soleil se lève, où vont les courants et la brise. Et
retenez mes paroles, car vous rencontrerez
beaucoup d’écueils, des flots dangereux et stériles : ne vous
arrêtez pas là ! Mais lorsque, après avoir longtemps voyagé, vous serez à
bout de vos vivres, vous découvrirez une première île [au Vanuatu, près de Manikula
, la petite île Avokh où l’on
reconnaît le nom de la langue calédonienne des Pouébos , l’aveké ], ne vous arrêtez pas là…
« Vous en verrez une autre plus grande [132 Km²], avec
des cocotiers [Ouvéa, anciennement Ahaké
ou Ouvake, de Awake, paronyme du nom polynésien Ouvéa], ne vous arrêtez pas
là.
« Puis une troisième [île, la Nouvelle-Calédonie], hérissée de récifs, en face
[d’ Ouvéa], ayant de hautes montagnes ; débarquez-y votre malade [à l’îlot Poudioué :il s’agit du souvenir déformé
du premier enterrement d’un blanc, le 6 mai 1793, 3 jours avant le départ des
deux bâtiments l’Espérance et la Recherche, de nuit et avec toutes sortes de
précautions, ce qui marqua fortement l’imagination de tous les Mélanésiens comme
le montre la rumeur dont M.Wabealo s’est fait l’écho sur un homme blanc
venu très anciennement sur un bateau , enterré à Koniene et dont le cyclone de 1992
aurait fait reparaître les restes . ll s’agit en réalité du commandant de
l’Espérance, Huon de Kermadec,de l’expédition
d’Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse] et visitez la côte (est] car elle
sera habitée (par les gens de Balade ). Quand les poissons sauteront sur l’eau
autour des pirogues [prophétie étymologique qui joue sur le nom du waho, thon- banane, Acanthocybium solandri, gros poisson de plus de 2 mètres, avec
le nom voisin des Ohao], arrêtez-vous là [près de Pouébo, forme anciennement attestée
Pweo, de Weo, de Ohao].
« C’est ainsi que nous arrivâmes dans des parages
peuplés de guerriers [les gens de Balade], lesquels avaient remplacé déjà des
naturels ne sachant pas construire des
cases et vivant dans des trous (les Tuas
qui donnent leur nom à Touho [de Toua]
et à Poindimié et occupent la région des Poyes, où mon ami le chef Néa Kyolet
Galet me montra les grottes secrètes où ses hommes et lui se réfugièrent lors
des troubles de 1917 : c’étaient ces « trous » dont parle
Koudjima).
« Il y eut de
grandes guerres au commencement [entre gens de Balade qui s’étendaient bien
au-delà de Pouebo et gens nouvellement
arrivés], dans l’endroit où l’on avait débarqué le malade [Pouébo] et, victorieux, nous nous sommes, par la suite des temps, fondus avec les autres et répandus de toutes
parts sur la terre d’Ohao.».
Soulignons que le chef de Pouébo utilise en 1898 la forme Ohao qui correspond bien,
avec une autre graphie, à waho et qui
reprend le nom de Pweho ou Waho [Pouébo].
b) L’expansion,
conquérante des Kamba -Wassio selon un de leurs descendants, G. Païta.
G. Païta a
brièvement évoqué les conquêtes de ce peuple martial dont il descend par la
grande chefferie des Kambwa ou Tchambas- Meindu. Avec 10 000 guerriers (hyperbole !) le chef Poré
conquiert le sud, s’installe
vers la Tontouta, puis à l’île Nou, conquiert l’île des Pins où le nom de Vao (de
wao) rappellerait ses conquêtes et enfin part à l’attaque de Maré, où il introduitrai le
jonc et le niaouli, et fonderait Médu (du nom de la chefferie
Kamba-Meindu) et Wabao (de Waho)
. Sur trois générations, dit G. Paita, soit en 60 ans, les Kambas- Wassio
donnent naissance à 400 personnes, ce qui montre leur fécondité. Poré est le
conquérant qui a tenté d’unifier, mais en vain, la Calédonie et les îles.
Quelle est la langue
de ces conquérants, avec ses nombreuses variations dialectales ? Elle s’appelle
le haveke
(Oundjo, Gatope, Tieta) et ses dialectes sont au nombre de 5 :1 le
hmwa-haveke (Tieta) où hmwa signifie langage , 2 l’haeke
(Kone et Baco), 3 le mwen- ebek (mwen signifiant
langage)
ou ca aak (ca signifiant parler et aak venant de avak) à Pouébo et à la
Conception, 4 le béko(de avéko), parlé depuis Ti waka (de ti, rivière et waka, la
rivière des Havekés ) jusqu’à Tié (de ti
et de bawé ) ;5) le tié en zone camuki
parlé aux Poyes et à Touho .
C’est dans la vallée
de la Faténaoué (de fa, rivière, tena pour vena, pays, aoué pour awek) que se
trouvaient les célèbres momies faites
par les hwaekés comme dans leur patrie
d’origine, à Koke en Papouasie.Ils avaient aussi laissé des momies près de Ouégoa à la Roche
Mauprat ou plus exacrement au second sommet des Roches Mauprat , qu’on
peut appeler la Tour Cazeau : leur nom venait d’une allusion au roman de
George Sand, Mauprat, où le sorcier
de la tour Cazeau, un meneur de loups berrichon, terrorise les rares passants, épouvantés
à l’idée d’encourir le mauvais sort, que
peut jeter le sorcier gardien de ces momies taboues.
Linguistes et
généticiens remontent même bien plus haut que la Papouasie, à Formose (appelée
Taïwan par les Chinois et Païwan par
les indigènes) et en Birmanie, dans la province d’Araukhanie (Cf. le mot ouragan, hurricane en anglais emprunté à une
langue caraïbe pour désigner un dieu,
spécialisé ensuite dans les manifestations violentes de la Nature). Païwan vient de abaukania qui donne baikwan. Païwan
donne à son tour Haikaïwi, puis par
métathèse Hawaïki ou Kawake.
Les Papouas ont gardé
le k initial à la différence des Polynésiens chez lesquels il a été remplacé par un coup de glotte noté h et, pour désigner Formose, ils se servent du mot Kavake
avec le k conservé. D’Araukhanie en Birmanie nous pouvons les suivre en Papouasie-Nouvelle-Guinée à Koké (de kaveke) où, comme nous avons pu le voir dans une émission télévisée
de 2011 faite par une archéologue allemande,
leurs cousins continuent aujourd’hui à fabriquer des momies comme jadis
sur les bords de la Faténaoué. A partir
des formes évoluées où le coup de glotte
a remplacé le premier k, savoir Havaike ou Haveke, ils ont
baptisé leurs nouveaux lieux
d’installation Avokh au Vanuatu près
de Manikula, Sur la Grande Terre, ils se sont plus tard installés près de
Pouébo à Ouvak (où l’on reconnaît sans peine Aveke), à Ouvanou (Opao-vanou, la terre d’Opao)
et à Pouébo, de Pweo, toutes
formes attestées.
3) Les migrations en provenance de
Mélanésie
A) du Vanuatu
Les Tuas et les Tibawés des articles précédents viennent
surtout du Vanuatu : les Tuas, de Epi
(2), des îles Banks (Motu Lava),
Ambrym de l’ouest, Tanna, Maëwo, de
Malekula, et les Tibawés,
de Santo (2), Vaté (2), Epi (2) . Les éruptions volcaniques les plus importantes
sont celles d’Ambrym (vers le premier siècle) et de Kuwae (en 1452) :
cette dernière, nouvelle Atlantide, fit disparaître une île peuplée, située
entre Epi et Tongaroa (de bau karen,
cf. Galwa et Pakaroa), non loin d’Efaté.Quelles sont les autres migrations aboutissant
en Calédonie?
a) de Tanna
Le neku de anayasko, signifiant (la communauté) fraternelle, doit être
raproché du lenakel (de nayasko) parlé à Tanna. C’est une langue hmong mien quasi morte, parlée jadis à Moindou et dont les rares
ressortissants actuels habitent Moméa (de Hmong myao). et Ouaoué (de Tibawé, attestant de la présence ancienne des Tibawés.). Le toponyme Moindou atteste d’une présence passée des Tuas et signifie Hmongs noirs (du).
b) De Vaté ou Efate
Le xa-ragure, parlé dans la région de Thio, doit être rapproché du E-rakor du sud de Vaté.Xa signifie
langue et ragure vient de aragunia,
Araukhanie, ce dernier venant de azika
anaïk, frères de race, membres de la tribu. Bogota (de tua pou ti), non loin de Thio, est la trace
d’une occupation tua plus anciene et se
retrouve dans le nom d’une langue du Vanuatu et dans une autre langue de
Nouvelle-Irlande, le bughutu, ainsi qu’en Colombie (Santa Fé de Bogota) . .
Le nom de l’île, Efaté, eest à mettre en rapport avec le
nom de Yaté en calédonie (ti –bawé) qui témoigne d’une occupation
ancienne étendue des Tibawés, comme le nom des Dzumak, les montagnes (voir
Koumak).
c) D’Erromango
La langue de Houaïlou, l’a jie (a signifiant langue) est
à rapprocher du sie d’Erromango au
Vanuatu. Elle fait partie d’un
groupe de langues mon-khmer dites she parlées
en Malaisie par des populations dont
la langue est appelée le kensieu,
le kensiu ou le kensiw (de kanasia, de (i) kan métathèse de anaik, au sens de frère, et azika, au sens de tribu, c’est-à-dire les frères
de la tribu).
d) Des Banks (Gava)
Le nemi parlé à Hienghène doit être raproché du nume parlé à Gava (de garva,
karen). Le nemi est apparenté au chon
amérindien et à certains dialectes australiens. Ainsi, le mot chanem qui signifie excrément en
Hienghène correspondant à bomaign (de
gonaym) en langue de Balade et à boné en langue de Maré se retrouve dans
le chon ganum, le kechua huanu (d’où vient notre mot guano) et dans l’australien guna, gunong, ganing.
E) De Pentecôte
1) L’arha de la région de
Poya est apparenté au saa (de sarha, langue she) parlé dans cette île et son nom vient peut être de anayasko (la communauté) fraternelle.
2) Le siche, zire ou nerë, langue morte parlée
autrefois dans la zone littorale de Bourail, aujourd’hui à Moméa et à Gouaro,
est à rapprocher du seke ou ske parlé à Pentecôte. C’est une langue
she, dont le nom vient du finale de a-nayasko, frère, avec suffixe
adjectivant –sko.
B des Salomon (Ticopia), vers 1700.
L’île de Ticopia aux Salomons avait au départ la même forme
que celle d’Ouvéa, celle d’un demi-cercle, appelé tutupia par allusion à un rite d’initiation : la demi-circoncision,
d’où les noms d’Utupua, de Tticopia et d’Ouvéa.
Mais au début du XVIII è siècle, selon une tradition rapportée par P. Kirch
et Douglas Yen et confirmée par des preuves archéologiques, l’ancienne grande
baie d’eau salée de Ticopia se
transforma en ce qui est aujourd’hui le lac saumâtre de l’île, après qu’un banc
de sable en eut fermé l’entrée.Ce phénomène eut pour résultat la disparition
des bancs de coquillages qui avaient auparavant proliféré aux abords de l’étang et une sévère
diminution de sa population piscicole. Il s’ensuivit une famine et une
guerre : le clan Nga Faea et d’autres préférèrent prendre la mer et gagner
d‘autres terres, pour cerains Foa dans l’archipel Ha’apai aux Tonga, pour
d’autres d’abord Utupua, puis Santo (Tutuba,
de Utupua)
au Vanuatu, enfin le sud de la
Nouvelle-Calédonie.
Le nom de la langue
actuelle du sud et de l’île des Pins, le kapone,
vient du nom de la langue d’Utupua, appelée
lavono, qui lui-même vient d’ Alavano, nom de l’Araukhanie,
en Birmanie, à mettre en rapport avecl le nom des
îles voisines, vano alavana. Dans vano
alavana on distingue, à part vano,
pays, le nom d’Araukania, savoir alovana.De
même, aux Fidji, à l’ouest de Vanua Levu, on a une langue, le gone (de kavone, cf. lavone), qui
se rapproche du kapone, ainsi que
le ba-navosa (de ba, langue, et lavona) .Le kaponé
se divise en 4 dialectes : 1 le naa
dubea ou langue (naa) de la
presqu’île (parlée à Paita et par les clans exilés par le chef haveke Kamba à Ounia ),2 le naa numéé (même sens) à
Yaté, Ounia, Goro et Touaourou , 3 le naa wee à l’île Ouen, 4 le naa
kuenyii à l’île des Pins . Nouméa, Dumbéa et Nimbo sont le même mot nou, île, suivi d’une négation, mia (presqu’île).
Dans le sud il y
avait avant eux les Djomons, ensuite les
Tuas (Touaourou, Goro)., enfin les Tibawe (pétroglyphes et tarodières de Paita). La conquête par les Avekes, sans conséquence linguisrique
notable, a peu modifié l’aspect de la région sauf en déplaçant certains clans indigènes
de Païta à Ounia.
La génétique
comparée de l’équipe de Svante Pãabo, de l’Institut Max- Planck, a analysé (Nature, 23-30 décembre 2010)
l’homme denisovien, du nom d’une grotte
de Sibérie où a été retrouvé un doigt d’il y a 30 000 ans : cet homme
denisovien partage un nombre élevé (5%) de variations génétiques avec les
populations actuelles de Papouasie-Nouvelle-Guinée, donc avec les
Papouas-Mélanésiens.
Le kaponé, langue « mélanésienne »,
est à ranger parmi les langues formosanes, comme la langue papoue haveke et
le maréen.Le mot « mélanésien »
est d’ailleurs loin d’être précis, sauf en géographie. En politique il s’étend
jusqu’à Timor et à la Nouvelle-Guinée-Papouasie. En linguistique, le mot
mélanésien est surtout négatif et sert à qualifier les langues qui ne sont ni
papoues ni australiennes ni polynésiennes ni micronésiennes ni austronésiennes
(malais et indonésien) ; aussi emploie-t-on plutôt le mot océanien aujourd’hui.En anthropologie, le mot « mélanésien » englobe les Papouas ; la tendance actuelle est
de parler d’australoïdes pour les
anciens habitants des continents appelés Sunda, Wallacea, Sahul (c’est-à-dire
l’Australie et la Papouasie qui étaient alors soudées), intégrant
l’Afrique, le sous-continent indien , le
Sud-Est asiatique qui s’enfonçait profondément en Asie centrale et le Japon ,
ceci il y a 50 000 ans. On distinguerait plusieurs vagues d’australoïdes, pour
ce qui nous intéresse ici une vague composée de Djomons et venue du
Cambodge (Kampuchia) par le Japon, la
Papouasie aboutissant à la culture Mapucha du Chili (de Ka puchia), la 2e d’Australo-mélanésiens
qui, par la Nouvelle-Guinée, la Tasmanie,
le Nord de la Nouvelle-Calédonie et
l’Antarctique, émigrèrent jusqu’en Amérique du sud (les Chons et les Yagans). Les Yaghans parleraient des langages parents des langues du nord de la Calédonie, les langues yuanga.
4) La dernière migration pré-européenne : celle
des Polynésiens de Vanikoro, Ticopia et Utupua aux Salomon, jusqu’à Ouvéa entre 1788
et 1793.
Ouvéa a d’abord été peuplée par les Tuas : il en reste
le nom de Mouli, de Hmong Li. Puis vinrent les Tibawés,
venant du Vanutu, de Tanna et parlant le iaai
(de yawe), parente d’une langue de Tanna, le nw hal ou nw hay (de nw, langage,
et de bawe) Les Tibawés y ont laissé une langue et le nom de Fayawé, de fa, signifiant langue et de
yawe (de bawé). Gosanna est
parent du nom australien d’un lézard
long de 1, 50 m appelé goana
Quel est le nom en Calédonie du calmar super- géant adoré par les
Gorounas et les Tibawxé ? Dans la commune de Touho, il existe une tribu
appelée Maïna (Cf. Manille aux Philippines) qui correspond à Animam (de aminan, cf.
les dragons d’Annam), le nom de la déesse représentéee
dans le mégalithe micronésien. Or nous avons un prototype ouigour madeira ou madrilla, qui donne en
caraïbe caïman, de kaïman et au Mexique Aztlan. (Cf. Madras, Atlas,
Atlantique, Tripoli, Tritonis, Adria,
Agadir, Cadix)En grec nous avons drillos,
le lézard, dont le nom se retrouve dans krokodilos
pour Krokodrillos. Quel que
soit le détail phonétique, le monstre a dû cristalliser les terreurs primitives
et un euphémisme comme l’enrouleé, ligoro,
a dû souvent être utilisé. Il existait, dit-on, un crocodile en Nouvelle-Calédonie comme en
Australie. Il y avait deux espèces de crocodile (p. 157, Op. Cit.) : le crocodile à double crête (Crocodilus porosus), de près de 10 m de long, qui se retrouve en
Inde et aux îles Fidji , car il est le seul crocodile à circuler en pleine
mer. Le second crocodile (C .Johnstoni) existe mais dans le
nord de l’Australie uniquement. Le toponyme
Gosanna à Ouvéa est parent du mot australien goana qui désigne un lézard géant de 1, 60 m de long, de la famille
des méiolanidae et du mot australien
gauarge (p.109) désignant un animal disparu, peut-être un dinosaure selon
B. Hevelmans ; avec le gosana il
pourrait s’agir du souvenir d’un varan gigantesque (Varanus priscus), de 7 à 8 mètres, donc bien plus grand que son
cousin le Pérentie, le plus grand varan
actuel d’Australie, ou que le
varan de Quomodo en indonésie, qui
ne dépasse jamais 3, 57 m (Heuvelmans, p.158, tome II, Sur la
piste des bêtes ignorées. Mais pour Ouvéa, plutôt que le lézard australien
du même nom, on peut songer au Crocodilus
porosus.
.Enfin arrivèrent les
Polynésiens.
Outre le triangle polynésien classique entre Hawaiï, la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques, il existe au moins 14 outliers ou exclaves polynésiennes recensés pour le moment. Ce sont l’arrière-garde des Polynésiens, restés
le plus proche de leurs lieux originels ; citons aux Salomon l’outlier de Ticopia et dans l’archipel calédonien Ouvéa (dit occidental pour le différencier
du Ouvea oriental-Wallis de la même
façon qu’on distingue le Futuna dit occidental du Vanuatu du Futuna
oriental.).
Les linguistes rangent dans un même
sous-groupe linguistique les outliers du Vanuatu dont Futuna occidental, Wallis- Ouvéa oriental et Futuna
oriental et notre île d’Ouvéa occidentale avec son langage (faga uvea), à Saint-Joseph, aux Loyauté. On doit y adjoindre la
langue parlée en Micronésie à Nukuoro et à Kapingamangi où une émigration eut
lieu depuis Vanikoro sous la pression des Mélanésiens vers 1825 ainsi que les archipels de Rotuma (Iuea) et de Uiha aux
Tonga, dans l’archipel Ha’apai. .
Grâce au récit de l’expédition de d’Entrecasteaux
en 1793 , on sait que La Billardière trouva à Balade une planche rabotée et
vernissée et qu’un jeune officier ,de La
Motte du Portail, repéra , sur une plage de Balade , un morceau de bois
peint en rouge. Ces débris, pense-t-on, avaient été récupérés par des
Polynésiens de Paiou ou Palikor sur le lieu du
naufrage de l’expédition de Lapérouse
en 1788 à Vanikoro ; certains restes en bois appartenant aux bâtiments de
Lapérouse ont été emportés à Ticopia
et à Utupua, une île proche avec
laquelle les Polynésiens de Paiou ou
Palikor à Vanikoro entretenaient des relations d’intermariage.
Mais Vanikoro,
Ticopia et Utupua étaient exigus et souffraient d’une démographie galopante, si
bien que des pirogues quittèrent Vanikoro, Ticopia et Utupua, firent escale à Santo (Tutuba)
et Futuna au Vanuatu et se fixèrent à Wallis
et Futuna. Plus tard, avant 1793, une
autre migration quitta Ticopa pour Ouvéa avec ces reliques européennes qui avaient passé de Vanikoro à Ticopia. Le nom d’Ouvéa vient de Utupua, l‘île en forme de demi-cercle, car le nom originel de Ticopia était Tutupua va Nikoro, qui signifiait l’île en forme de demi-cercle de la Déesse Serpent (li guri).
Aujourd’hui nous
devons utiliser la génétique pour tenter de retracer les migrations
polynésiennes. La génétique (The American Journal of Human Genetics de février 2011), selon les
travaux du professeur Martin Richards, de l’université de Leeds, a analysé
l’ADN mitochondrial prélevé chez des milliers de Polynésiens et conclu à une
origine asiatique, Formose (la mythique Hawaiki) avec un passage par l’Archipel Bismarck, en Papouasie-
Nouvelle-Guinée, il y a six ou huit mille ans. On peut songer aux exclaves
restées les plus proches de la Papouasie, Takuu, Nukumanu, Nuguria, cette
dernière étant à 250 kms de la Nouvelle-Irlande située dans l’archipel
Bismarck.
« Hawaiki », selon les tradition polynésiennes, était leur
patrie originelle: c’est Formose, la belle en latin (Formosa), autrement dit Taïwan ou pour les indigènes Païwan (de araukhania devenu abaukania qui donne baikwan).Païwan donne à son tour Haikaïwi, puis par métathèse Hawaïki.
Ils se rendent ensuite aux Philippines à Palawan, puis en Indonésie (à
Sulawesi, les Célèbes en français, où les Tibawe les initient à l’art du
tatouage), puis en Nouvelle-Bretagne où ils se métissent avec les populations
qui fabriquaient les poteries ouatom, les Djomons, et s’installent à Ticopia avant de gagner, du moins pour certains
d’entre eux, l’archipel calédonien.
Conclusion : l’irréductible pluralité et la
diversité fondamentale des héritages de Nouvelle-Calédonie et des îles.
Ce sont les hasards
de la colonisation qui ont réuni les îles Loyauté, l’île des Pins, les Belep,
les Chesterfield et la Grande Terre
comme Matthew et Walpole plutôt
que telles îles aujourd’hui partie intégrante du Vanuatu comme Tanna, à deux nuits de pirogues de Maré. . C’est
pourquoi il n’existe pas aujourd’hui de nom autochtone pour désigner cet
ensemble historiquement créé par la
France.
Les langues et les
coutumes se sont succédé : d’abord a retenti sur ces terres encore
vierges la seule langue ouigour des
Gorounas avec leurs maisons sur pilotis à double corne et leurs jarres
funéraires raffinées, -une langue parlée par une vierille race blanche du Japon
Ils ont été accompagnés par les Tuas,
parlant des langues semaï. l ne s’agit ,
ni dans un cas, ni dans l’autre, de langue austronésienne au sens scientifique
illustré par Otto Dempwolff, pas plus que pour les Tibawés, ces auteurs des pétroglyphes et des tarodières.
Puis d’autres langues, hmong, formosanes, papoues, « mélanésiennes » et
polynésiennes se sont succédé, créant une irréductible hétérogénéité, historique
et géographique, des patrimoines,
diversité qu’on tente vainement de camoufler sous le nom géoraphique de
Mélanésie ou d’Océanie.
[1] Il y a 56 gauls ou
plongeoirs, correspondant chacun à un territoire de plantation clanique
d'ignames sur l'île, comme il y a 45 pierres levées à Arama : ce grand nombre
des clans peut expliquer la multitude
des menhirs groupés dans certaines régions : 18 000 pour la
Bretagne.
Ce qui certain c'est qu'au niveau conneries, on est servis, à satiété...
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