Le
mystère des tumuli de l’île des Pins
Nous suivrons, tout au
long de cet article, les traditions dont
s’est fait l’écho Gabriel Païta, ce
descendant de la grande chefferie des Kambwas, dans Gabriel Païta, témoignage Kanak, D’Opao au pays de la
Nouvelle-Calédonie, par Jérôme
Casaumayou et Thomas de Dekker,
l’Harmattan :
« Si l’on en
croit les récits des anciens, les premiers hominiens d’Opao (la Nouvelle-Calédonie) avaient la
peau rouge ; ils étaient velus et de petite taille. Dans le Nord, on les
appelait les Gorouna.
Dans le Sud, on
parlait des Tua.
Puis vint un jour le
peuple des Ti [ plus exactement, les
Tibawé]…Venus de la mer, ces grands hommes au corps couvert de tatouages
s’établirent dans la région de Ponérihouen, sur la côte orientale de la Grande
Terre, et apportèrent ici l’art des pétroglyphes. »
Aussi étudierons-nous les premiers
habitants de l’archipel calédonien, les Gorounas,
pour reprendre le nom légué par
leurs successeurs,
Les auteurs des tumuli. « Une vieille race blanche » (Paul
Rivet).
L’archipel des Gorounas
(de Karen-ni, nom d’une ethnie de
Birmanie) ou Menehune, premiers habitants de Nouvelle-Calédonie (-1350 avant J. C., éruption du Witori en
Nouvelle-Bretagne), venus de Ouatom (Nouvelle-Bretagne) en plusieurs vagues.
Gabriel Païta nous
dit que les premiers habitants
« avaient la peau rouge (c’est-à-dire blanche), qu’ils étaient velus et de petite taille : dans le Nord on les
appelait les Gorouna». Le mot
Gorouna est à rapprocher du nom d’une
ethnie de Birmanie, les karen-ni. Ce
mot donne goreni, puis goroni,
enfin goruna. Nous retrouvons
dans le nord leur nom dans les toponymes de Paa
(de parama, birman) Goumène (Gomeni) et de Kaala (de
barama, birman, cf. Baaba) Gomen (i). Jules Durand cité par Coquilhat nous dit que les Ouébias
de Pouébo désignaient les premiers
habitants d’un autre nom, Menehune, forme qui se retrouve en Polynésie jusqu’à Hawaï. Le
plus clair des noms qui viennent de karen-ni,
les Karen de petite taille (ni), est encore celui de l’île N’Gameini aux Salomon (Ouaménie et Cueménie en Calédonie), île où l’on trouve la
poterie ouatom , encore appelée lapita. Menehune
vient d’une métathèse d’évitement pour
raisons religieuses, à partir de N’Gameini,
et donnant meinguni, puis menegune qui se retrouve dans Marino (de marehuno), nom d’une langue à Maëwo (Vanuatu), dans Farino (de marehino) en Nouvelle-Calédonie ou Mérina
[de merehuna] à Madagascar.
La mention par G.
Païta d’un système pileux fourni fait songer aux Jomons ou Djomons du Japon préhistorique, les ancêtres de ces blancs que nous appelons Aïnous, mot qui
signifie sqimplement les hommes.
Les Gorounas sont de
petite taille, nous apprend G. Païta, et d’ailleurs, dans Karen-ni, le mot ni signifie
de petite taille. Le chef des Ouébias
nous confirme aussi la petite
taille de ces Gorounas qu’il appelle Menehune, en précisant qu’ils
construisaient des maisons, à la différence des Tuas, des
populations noires qui étaient également de petite taille. Il est bien établi
que Karen-ni signifie Karen de petite
taille et c’est bien leur peau qui, selon le descendant de la
Grande Chefferie, est de couleur « rouge », entendons blanche. En
Micronésie, O’Connell, dans A residence
of eleven years in New Holland and the Caroline Islands, being the adventures
of James F. O’Connell (Google Books et réédition moderne), note, p.
193, l’existence d’une femme parfaitement blanche, réalisant un type récessif, à
qui les natifs d’autres îles que celle où elle résidait rendaient souvent
visite, tant sa renommée s’étendait loin.A côté de nombreuses Européennes, son
teint aurait encore paru clair.
Les noms des blancs
Comment appelle-t-on les blancs chez les
« Mélanésiens » ? A Lifou on appelle le blanc un
« rouge », ka
madja et, sous les formes maja,
manga, mangi, ce nom se retrouve dans le Pacifique, réservé aux Européens. Le Français se dit marangi, farani, maran. Il est naturel
pour les indigènes d’appeler
« rouges » et non blancs nos visages cuits par le soleil comme des homards
sous le casque colonial.
Mais on a aussi une autre appellation calédonienne
pour les blancs, plus énigmatique à premier examen, celle de apopalangni ou apopalei. Celles-ci viennent de l’espagnol
Hispanioli et pêrpétuent le sqouvenir desb premiers
blancs européens que les habitants de Taumako au Vanuatu et des îles avoisinantes comme Vanikoro aient
vu, au XVI e siècle.
Bibliographie sur les Jomons.
Citons avant tout les articles du professeur d’anthropologie physique Paul Avias
dont j’entendis d’abord parler à
Sarraméa lorsqu’il était en quête de crânes et en difficultés pour cela avec
certains Mélanésiens. C’est lui
qui, le premier, étudia sur place les
Mélanésiens du point de vue de l’anthropologie physique et associa les habitants
de Nouvelle-Calédonie aux Aïnous. L’historien Bonnefous, dont j’étais l’élève en cagne au Lycée
Louis-le-Grand, me parla un jour des travaux d’Avias en me disant :
« Il suffit pourtant d’avoir regardé une photo de Néo-Calédonien, du plus beau noir, pour
douter de leur origine aïnoue, de couleur blanche. ». Il ignorait que j’étais né en Nouvelle-Calédonie et que
j’étais déjà devenu l’adepte des théories d’Avias, lui-même disciple de Paul
Rivet ! J’aurais pu lui objecter : « Pourquoi alors personne
ne fait-il le lien entre les autochtones de Nouvelle-Calédonie et les habitants
de l’Afrique noire ? »
Il faut aujourd’hui y ajouter l’œuvre, publiée à
Cambridge en 2004, d’une Japonaise
professeur d’anthropologie à Berkeley,aux USA, spécialiste de préhistoire japonaise et
américaine, Madame Junko Habu, Ancient Jomon of Japon.
Les Gorounas de Gabriel Païta sont des
migrants apparentés aux Océaniens blancs de Rivet, aux Aïnous d’Avias et aux Jomons (ou Djomons) de Madame Habu.
Bibliographie sur les
tumuli.
On la trouvera dans l’article de J. Exbroyat : « Les tumuli de l’île des Pins, un système d’irrigation ? »,
bulletin de la SEHNC n°146, 1er tr. 2006.
Précisons maintenant le sens de certains mots que nous utilisons
dans nos traductions.
Trois mots importants: Birman, Djomon, et Kuna.
1) Le mot birman dans
nos traductions.
Que signifie le mot birman
par lequel je traduirai indifféremment les mots parama, mier, mong,
bau ? La Birmanie est un pays
grand comme la France et qui fut riche en minorités blanches , jaunes ou noires
venant elles-mêmes du Pamir, du Cachemire,
des îles Laquedives (de malaka, aka signifiant île et dive signifiant seigneurie) et Maldives (de malaka), de la côte des Malabar, où l’on reconnaît Myanmar
et qui signifie les Hmongs Ibères (Avars , Ouigours). Le
mot Birman, Burma en anglais, Bama, Bamar passe pour appartenir au registre familier. Dans la première syllabe bir on reconnaît le bar
de Malabar, Ibère, Ouigour, le br de Bornéo ou de Brujnii ou Bruijin en Papouasie et de Burnam en Malaisie
Quant à la seconde syllabe man, mar, mal, min, mir, on la retrouve dans le mir
de Cachemir ou de Pamir, min de
Amindivi, mal de
Maldive, cette syllabe mir ou mar venant de
Hmong. Ainsi, Mamar (de ma pour mar, signifiant hmong, et de
mar pour bar, Avar, ibère) signifie les hmongs ibères ou ouigours. Malacca, Malais, viennent de mal +aka, île, mal venant de hmong li, petit hmong tua, les premiers
habitants de ces régions. Le nom officiel de la Birmanie est l’Union de Myanmar ou Myanmah.Le mot birman de
mes traductions est donc géographique et
ne renvoie pas à l’ethnie birmane aujourd’hui
majoritaire, mais au pays originel peuplé d’ancêtres mythiques, appelés les Bya
Ma.
Le pays conpte aujourd’hui 130 minorités ethniques, appelées
les « races nationales » :
Shans, Rakhins (Arakhan), Mons, Karens,
Karen-ni ou Petits Karens, les Chins,
les Kachins. Les Karens noirs, Pa O ou Pwo ou Taung Thu (taung désignant les Tuas et Thu
signifiant noir), vivent dans l’Etat des Shans et parlent une langue austroasiatique du groupe semai. Les Karens
noirs se nomment dans leur langue Hploun Hpou.
Les Karenni portent
une écharpe rouge, leurs femmes ont le cou entouré d’un anneau de laiton qui
les a fait appeler les femmes -girafes et ils habitent l’Etat Kayah., autre forme de Karen.
Bref, le mot birman par
lequel nous traduirons les mots parama ,
mier , mong , bau renvoie aux habitants anciens du pays
, qu’il s’agisse de la minorité blanche
des Karen-ni de l’Etat des Shans , ou d’autres minorités, noires celles-ci, comme les Taung Thu, les Pao ou Pwo ou Tuas.
2) Le mot djomon et
le mot chaman.
Chaman et Djomon sont
le même mot et signifient le prêtre-roi
(roi ou magicien, sorcier).Djo signifie magicien, par suite le roi,
qui, à date ancienne, est un magicien, et
mon signifie génie ou prêtre,
intermédiaire divin avec la nature. Le
linguiste Jean Karst, en 1954, a posé pour djo
une racine *yadu qu’on retrouve
dans douk-douk,
(de yadouki répété), le nom des sorciers dansants masqués de Papouasie, dans le
zombi des Antilles (de yaduki), cf. le rocher Zombi à la Martinique ou les Zombi du Brésil, dans le doghi ou toghi au sens de sorcier en Mélanésie. Il n’est pas étonnant de retrouver le zombi antillais en Afrique noire (ambar zombi, calmar sorcier) ou dans le mot vaudou (de yadouki). Ki signifie pierre ou hache de pierre et l’ensemble yadu ki le magicien à la hache de pierre.
L’ordre des mots
présenté par djo mon peut très bien être inversé et on a alors mon djo que nous retrouvons dans Hmong
do, ces habitants du Guizou au sud de la Chine ou dans la caste des chefs
et des prêtres en Micronésie sur l’île Nutt, appelée Mondjob et que O’Connell
nous décrit. La société compte aussi
des propriétaires terriens, les Jerejohs
qui constituent la seconde classe et des esclaves, les Nigurts. . En Nouvelle-Calédonie, le toponyme Oun-djo, de Mon Djo, où l’on a trouvé des poteries, vient aussi de l’inversion
de Djomon.
3) Les formes kuna, kunya, kunie, (ana) kena, puna, chon, kone
Il est facile de confondre le nom Karenni, les petits Karens, porté par les Gorounas, avec Kuna ou Kunya qui donne Koné (site
lapita, donc gorouna précisément) , le nom de
l’îlot Koniene en face de
Koné ou celui
de l’île des Pins , Kunie:
ces formes viennent directement de arakounia,le nom d’une région de
Birmanie dont le nom a été donné, par exemple, au Chili : l’Araucanie, ou aux îles Ryoukiou
(de arouko) .Son étymologie
nous est donné par le grand linguiste Jean Karst, qui reconstitue un radical
composé , azika-anay, azika signifiant la tribu, la nation, tandis que anay
signifie les frères (souvent traduit à tort
par hommes simplement, comme dans aïnou,eïno
{le nom des Indiens Micmac], T-aïno (Haïti),Hai-nan, ], inuit (les
Esquimaux) l’ensemble voulant dire les frères de la tribu..
La génétique.
Les Ainous souffrent, aujourd’hui encore, d’un déni de blancheur chez les blancs,
dépités d’avoir des cousins sauvages. Le Larousse du XIXe siècle disait avec
mépris qu’ils étaient
« si velus et si sales que nul n’avait jamais pu déterminer la couleur de leur
peau » ! Pourtant, au XIIIe
siècle, Marco Polo écrivait que Cipango
(l’archipel nippon ) était peuplé par « une race blanche et de belle
allure »
« Les Ainous, nous dit l’hématologue Jean Bernard, dans
Le sang et l’histoire, 1985 , p. 70,
se séparent des populations mongoles [chinoises] par la présence dans leur sang
d’un facteur V qui a été observé dan le système Rhésus des Amérindiens, mais
jamais chez les Chinois ; par la fréquence
très élevée du sous-groupe Rhésus R et par une fréquence dans le système
MN de NSS qui est la plus forte fréquence connue du monde. » On retrouve
certains de leurs gènes dans les populations d’Andaman (de Djomon) où certains Djomons et certains Tibawés sont passés. Paul Rivet fait remarquer
que les caractéristiques aïnoues se retrouvent dans le crâne de l’homme de
Cromagnon des gisements du quaternaire supérieur en Chine près de Pékin (Chou -kou- tien) et ont des affinités avec
l’homme de Chancelade et avec certaines populations blanches du Turkestan, de Sibérie et d’Hainan, les Ouigours pour simplifier. Le crâne de l’homme de Kennewick trouvé dans
l’Etat de Washington et âgé de 9000 ans, proche de celui des des Inuits, en est morphologiquement très proche. Bref,
parenté des Ainous, il y a 60 000 ans au moins, avec les Esquimaux, les Amérindiens et, selon
le Professeur Paul Avias, avec les Gorounas de Nouvelle-Calédonie
Les migrations de
N’Gameini et Nenumbo (îles Santa Cruz
aux Salomon) , de Ouatom en Nouvelle-Bretagne (Papouasie-Nouvelle-Guinée)
et du Vanuatu (Anatom, Vaté) .
Essayons maintenant de déterminer d’où
virnrent les diverses vagues d’immigrants gorounas en Nouvelle-Calédonie et aux
îles :
1) de N’Gameini, de
karen-ni, aux Santa Cruz (Salomon) où l’on trouvé le même type de poterie
et qui produit les noms de Paa (barama, birman)
Goumène, Kaala (de parama) Gomen, de Ouaménie, de
Cueménie;
2) de Ouatom, de goromo, par harmonisation vocalique de gorouna, en Nouvelle-Bretagne (Papouasie-Nouvelle-Guinée), dont la
poterie dite ouatom se retrouve, en Nouvelle-Calédonie sous le nom de poterie lapita,
avec arrêt à Anatom ou Aneytum (de N’gameinu, puis avec métathèse N’ganeimo,
Aneito) et à Eton (de eiton, aneiton à Vaté, au Vanuatu), puis en
Nouvelle-Calédonie :
à Ouatom (même nom que pour l’île de
Nouvelle-Bretagne, écrit parfois Watton,
comme le surnom du chef de Païta Titéma),
à Tomo, Koutomo (de N’Kameino,Koteimo ).
Ils ont touché aussi Koné
et l’îlot Koniene ainsi que Kunie,
l’île des Pins,tous de Araukhanya qui signifie la
fraternité: à l’île des Pins, le nom de Kanumera vient de kuna, pour
araukanya , la
fraternité, et de mera , birmane . .
Les synonymes ouatom et lapita
Lapita est le nom
donné à un site près de Koné où l’on a trouvé les premiers échantillons de
poterie de ce type, œuvre des Gorounas.
. Mais le nom Lapita vient de Panita
au Vanuatu et honore une
migration des Tibawés (cf. le nom de la tribu de Tiaoué [de Tibawé] dans
les parages) datant seulement du XVe
siècle après J. C. Nous emploierons le
nom de poterie ouatom qui est plus adapté
(il vient d’une île de Nouvelle-Bretagne où l’on a trouvé à la fois ce type de
poterie, des habitations sur pilotis et des sépultures en jarre) et qui est d’ailleurs
connu internationalement. Vers 1350 avant
J. C., a eu lieu une très importante éruption du Witori (de liguri, euphémisme signifiant l’enroulé
et désignant la déesse Serpent, qui incarne la force magique du volcan) en
Nouvelle-Bretagne, éruption qui a dû
entraîner une migration à partir de l’île de Ouatom vers l’archipel calédonien..
Avec les rites funéraires
les plus anciens (tumuli) et des poteries datées de -1300 environ, c’est
Kunie, l’île des Pins, qui semble le plus ancien établissement. Les Gorounas
avaient transqporté avec eux un petit python arboricole sacré, Engyralis
australis, qui survit à Lifou et qui a la particularité de se lover en
entonnoir et d’attendre lqa pluie afin de piéger les oiseaux assoifés. Son nom
a servi par métaphore, à désigner des atolls avec lagon central, évoquant
l’entonnoir du python /(de ligoro, on
a en Australie le nom du Grans Serpent
Arc-en -Ciel dans son trou d’eau, Ju-lunggul, ou encore Malikolo, etc.). .
La tombe des Gorounas en forme de pirogue renversée et
leur habitation sur pilotis et à double corne, imitant leur pirogue avec son double plancher, sa proue et sa poupe
A Ouatom, en Nouvelle-Irlande, la poterie funéraire dite ouatom est associée à des habitations sur
pilotis et à des rites d’inhumation secondaire
dan ces mêmes jarres ouatom. On retrouve ces habitations sur pilotis à
Madagascar (Malombo), au Cambodge et à Célébès où, par exemple, le peuple toraja (altération de gorouna) a d’intéressantes
maisons sur pilotis et à double corne qui imitent la proue et la poupe des pirogues, « en tombeau » pourrait-on
dire par analogie avec la forme de certaines commodes et …de certains tombeaux.
.On y appelle ces maisons des tong uma,
de uma, maison, et de tong ou pwang, à deux cornes : on a en Nouvelle-Calédonie Ouango, toponyme près de Voh, ou encore Manghine près de Ouégoa. Le nom de Kongouma sur la côte est est quasi-exactement celui de la maison
des Torubas aux Célèbes : tong ouma.
Aux Santa Cruz (Salomon), on a une île Nenumbo (de erre, deux, uma, maison,
et de ambo, à courbe), également associée aux poteries ouatom :
elle est voisine d’une autre île appelée
N’Gaménie (Cf, en Calédonie, PaaGoumène,
Ouaménie). Le nom de Nenumbo
rappelle celui d’Erromango au Vanuatu(de
errue+ uma+ ango, errue de l’autroasiatique dura, deux, signifiant double, uma
maison et ango corne) . En Australie
centrale, près d’un lac, on trouve un quasi homonyme Erromanga. qui, lui, vient
du nom du Serpent Arc-en-Ciel, ligoro.
Il existe aussi au Vanuatu, à Santo, Narango (de erre, deux,
et ango, corne), à Malekula Maragous, à Malo Tamambo (pour tusa, deux, uma, maison et ambo,
courbe) et Marango
à Païta,
A l’île de Pâques, au
Cap Nord, on trouve pour désigner ce
type de maison en pierre, Puna Marango
avec puna
pour kuna, c’est-à-dire les
maisons (uma,) à double pointe (rango) des Kunas (cf. les Gomena). Toujours sur l’île de Pâques, dans la baie d’Anakuna, où les premiers colons, les Kuna, ont débarqué, on trouve des maisons en pierre
à double corne imitant la proue et la poupe d’une pirogue. Ce sont des maisons de type non polynésien et elles sont appelées hare
paenga, hare pour fare, maison, paenga signifiant à double pointe .Le pourrissoir, nous dit
Alfred Métraux dans L’île de Pâques, p. 189 , pouvait d’ailleurs avoir
également la forme d’un bateau.et la
tombe celle d’une pirogue renversée. Le corps principal du sanctuaire, appelé ahu (de aku, cf. akkoro, calmar géant écarlate, dieu des Enfers) est flanqué d’ailes inclinées qui se dépoyaient
sur les côtés et qui, selon moi, rappellaient la proue et la poupe de la
pirogue qui doit emporter le mort vers le pays de ses ancêtres, Le plan incliné qui menait aux statues était
constitué par un prodigieux entassement
de blocs de lave et de gros galets qui dissimulait des caveaux contenant
un ou plusieurs squelettes. Cet amas de galets, retenus par des dalles
plantées verticalement, ce qui évoque les sépultures djomon au Japon, se prolonge par un espace pavé. Le nom de moai pour désigner les statues correspond à l’ainou mui, dieu , dans ka mui Akkoro, le divin calmar écarlate
géant., de liguro, le calmar
enroulé.Les moai étaient teints à l’ocre rouge pour que leur couleur rappelle
celle du divin calmar écarlate et leur
chapeau en blanc.
L’habitation est construite sur le modèle du catamaran monda
aux Indes avec double plancher ,
c’est-à-dire un plancher à claire-voie qui reproduit le plancher surélevé où l’on mettait
passagers et marchandises à l’abri des embruns, autant que faire se pouvait, et
un plancher inférieur, en contact avec la mer dans le cas du catamaran. Ce type d’habitation est répété dans le catamaran ou dans le praoh djomon,
car pour
les Gorounas, habitation, embarcation et
tombe doivent être bâtis sur le même modèle. La pirogue, personnelle, est sacrée et son prpriétaire veut s’y faire
enterrer comme le guerrier gaulois dans son cher. C’est le plancher inférieur, en contact avec la terre dans la réalité, mais pour les Gorounas avec la « mer» à
travers des coquillages encore vivants, offerts en sacrifice, qui va recevoir le cadavre pour sa putréfaction. Seule
différence : le praoh est renversé
ou posé verticalement et démâté ou avec un mât qui s’enfonce dans la terre en
signe de mort.
Il est intéressant de suivre à Nutt et à Pohnapé en Micronésie, chez
les Torajas en Indonésie ou au Vanuatu une cérémonie funéraire voisine de
celles qui se sont déroulées à l’île des Pins., chez les Kunie (cf. les Kuna,
de Goruna, à l’île de Pâques).
1) Ecoutons J.
O’Connell qui, jeté par un naufrage en 1830 sur l’île de Nuut en Micronésie,
s’y maria, fut tatoué et y resta cinq
ans. Il nous y décrit les rites funèbres
dans A
residence of eleven years in New Holland and the Caroline Islands, being the
adventures of James F. O’Connell (Google Books et réédition moderne), p.
186: « Le prêtre s’assied sur le tapis près de l’agonisant, les jambes croisées, se frottant les mains lentement
l’une contre l’autre, puis frottant ses
jambes alternativement, en poussant un cri guttural qui commence lentement « eeeah ! » et « oooah ! » et s’interrompt
lorsque les mains atteignent les genoux. La chambre de l’agonisant est toujours
remplie de monde et aussitôt qu’on le suppose mort, même s’il respire
encore, les assistants forment une pyramide de corps sur l’agonisant et se
jettent sur son corps pour l’embrasser ou au moins le toucher.Il y a
d’ordinaire une lutte furieuse et ceux qui sont derrière attrapent celui qui
est devant eux par les talons et le tirent en arrière.Durant tout ce temps un
gémissement sourd est poussé par toute la compagnie, un peu à la manière du keening des Irlandais. Avant d’enterrer
le mort, on le promène sur les épaules
devant toutes les cases de ses parents et amis pour prendre congé d’eux.Devant
chaque hutte, la procession s’arrête dix minutes environ et pousse le même cri
guttural : « eeeah ! »
et « oooah ! »La coutume
invariable est d’enterrer le corps avant le coucher du soleil.Le cadavre est
inhumé à trois pieds sous la surface du sol avec un rouleau de tapis.La saison
du deuil actif dure environ douze jours.S’il s’agit d’un homme, on, enlève une
pagaie de son canoë et on l’enterre avec lui ; s’il s’agit d’une femme,
avec son fuseau (spindle) ou avec sa
quenouille (distaff). On construit sur la tombe une petite hutte
où dorment les plus proches
durant cinq ou six nuits. Ensuite la
hutte est détruite .Les deuilleurs et deuilleuses se coupent les cheveux. »
Autre élément de la cérémonie, un prêtre parade dans le village cinq ou six nuios
après l’inhumation, une lance à la main [cf. Halloween]
« Il y a sur l’île de Nutt un cimetière.Il est situé au
bord de la mer, si près qu’à marée haute il est recouvert ; il est enclos
d’un gros mur de pierre et empli de cocotiers sacrés , dont personne ne cueille les fruits.La coutume est de planter
sur chaque tombe un cocotier et , en plus des godilles enterrées avec le mort,
de déposer sur sa tombe une ou plusieurs pagaies. Une fois par an, à marée
basse, les pagaies sont ramassées par
les proches , chacune par un descendant du premier propriétaire, et tous les
habitants de l’île font le tour de l’enclos La procession n’a pas d’aspect funèbre ;
les personnes qui la forment sont décorées de fleurs, portent des habits de
gala et déposent des fleurs sur les tombes [C’est la levée dce deuil que
perpétuent pour nous le jour des morts
et le fait d’offrir des fleurs ou de déposer sur les tombes des chrysanthèmes].Cette
cérémonie est placée sous l’autorité des prêtres, qui marchent à côté des chefs
dans la procession.Ainsi chaque partie de leur conduite tend à respecter les
ancêtres.Le temps ordinaire du deuil est d’un mois environ et, durant cette période, il y a chaque jour une
heure fixée pour pleurer le mort, -celle
à laquelle le mort est décédé. »
2) Joseph de Rosamel en Micronésie à Pohnapé (1840): « Dès
que [le défunt] a rendu le derniers
soupir, on le place sur une natte neuve…On huile amplement la natte …La fosse, de deux pieds et demi de profondeur,
a été creusée dans la maison ou auprès.
Le prêtre descend dans la tombe avec une pierre à la main ; il pose cette
pierre sur l’estomac du mort, pour empêcher son âme de venir troubler les
vivants. Le prêtre se retire en laissant la pierre, et la fosse est recouverte de pierres et de terre… Quand le mort a
été enterré dans la maison, il n’y a plus que le père, la mère, les frères et
sœurs qui puissent entrer dans la partie séparée où est la tombe.De temps en
temps, ces parents vont visiter le mort, ils
enlèvent le plancher et ce qui est sur le cadavre et le frottent d’huile, puis pleurent.Au bout de quelques mois, le
corps se trouve en quelque sorte embaumé, on le retire de la fosse et on le
place dans un coin de la maison où on le couvre de nattes.
J’ai cherché à voir des cadavres ainsi conservés, mais .je
n’ai pas pu en trouver.On dit qu’ils sont parfaitement secs, sans aucune odeur,
que les traits se conservent presque au naturel, mais qu’au bout de deux ou trois ans, suivant le soin qu’on en a, les chairs tombent
en poussière ».Extrait de Rosamel, Pohnpeï Micronésie 1840.
3) Chez les Torajas en Indonésie le stade final est intéressant pour nous : une effigie, destinée
à représenter le mort et appelée tau-tau,
est exposée sur une sorte de balcon à l’intérieur de la maison. Le mot tau-tau est parent du mot djomon dogu
qui désigne une poupée en argile
souvent enterrée avec le mort pour le protéger. Le mot calédonien toghi
au sens d’amulette pour protéger ou pour envoûter lui est apparenté.
4) Au Vanuatu nous avons deux exemples de rites funèbres
liés à des populations proches de celles qui nous intéressent :
1) Sur l’îlot corallien
de Retoka au Vanuatu a été découverte une tombe collective, la plus
importante du Pacifique en raison de son mobilier et du nombre d’individus
inhumés : celle du chef Roy
Mata. Il est inhumé au pied de deux pierres
dressées, avec, autour, un cercle de coquillages, en compagnie de son
épouse et de divers représentants de clans qui, tous, furent enterrés vivants.
2) A la suite de la très violente éruption volcanique du Kuwae qui
fit disparaître l’ île du même nom , située entre Epi et Vaté, un rescapé, Ti
Tongoa Liseiriki, « fut inhumé près de l’ancien village de Panita, à Tongoa (Vanuatu), en compagnie de ses femmes et de
quelques représentants de sa suite.On entoura les corps d’un cercle de
coquillages et de dalles basaltiques, puis on planta quelques pierres dressées
afin de signaler la sépulture en surface, une fois les corps recouverts de
terre » (J. Garanger, 1976, Tradition orale et préhistoire en
Océanie », Cahiers de l’O. R. S. T.
O. M., Série Sciences Humaines, vol. XIII, n°2, p. 147-161).
Voici le scénario, tel qu’on peut vraisemblablement le
reconstituer pour l’île des Pins :
1) le cadavre est mis à pourrir sur le plancher inférieur à
ras du sol, avec une pierre au-dessus et des coquillages encore vivants, au-dessous
du second plancher de la maison sur pilotis,
qui a été bâtie à l’occasion du décès et où cohabitent, pour le temps du deuil, les parents du défunt et le cadavre ;
2) au bout d’un certain temps, une fois les chairs
décomposées, les parents recueillent le crâne et le squelette, ils les placent dans une jarre ouatom. Ils construisent ensuite un mât, sous la maison,
avec des blocs de coraux et des coquillages, puis brûlent à grand feu l’habitation sur pilotis et les coquillages
amassés. Ils édifient autour du mât,
formé de coquillages spathifiés, concassés et compactés, transformés en
chaux sous l’action de la chaleur, un tumulus qui imite la forme d’une pirogue renversée. C’est le cylindre de coquillages transformés en chaux qui constitue le
mât de la pirogue renversée en signe de mort. Ils mettent la jarre avec les reliques au pied du tumulus ;
3) plus tard, intervient la levée de deuil avec transport
de l’urne funéraire au bord de la mer,
dispersion des restes dans l’océan et bris de la jarre sur la plage ;
4) éventuellement, un substitut du mort en une matière
quelconque : nacre, argile, pierre
etc., le remplace sous la forme d’une
« tête de monnaie » conservée par les parents.
Si le conservateur du
musée de Nouméa Luc Chevalier a trouvé deux pieux de soutien dans l’un des quatre tumuli éventrés par ses soins, ce sont des pilotis qui appartiennent à une maison mortuaire sur pilotis.
Les monticules de coquillages de l’îlot Koniene.
J’emprunte à Max Shekleton (Bulletin n°158, 1er
tr. 2009, « « Walkabout du 14 juillet 1941, sur l’îlot Koniene en
Nouvelle-Calédonie, par Wilfred G. Burchett »)
la description suivante :
« Alors que nous
traversions l’île vers la côte faisant face au récif, nous avons rencontré des hectares et des hectares de coquilles en
tout genre y compris des huîtres, des bénitiers, des conques et bien d’autres coquillages
qui me sont inconnus, des monticules
entiers formés de masses compactées de ces coquillages. Mon guide [originaire
de Lifou] m’indiqua qu’on les trouvait
jusqu’à une profondeur de deux mètres. Deux mille tonnes ont déjà été
prélevées pour en faire de la chaux et l’impact sur la ressource
est insignifiant ; mon hôte [Jules Calimbre] est convaincu qu’elles représentent des siècles d’accumulation alors que l’île était un lieu de festins
pour les indigènes se rendant au récif à marée basse, récupérant les
coquillages par pirogues entières et
revenant sur l’île pour un festin et un pilou- pilou… « Mais ce
n’était pas seulement un lieu pour festoyer », mon hôte interrompit ainsi
mes pensée. « Venez par ici ! ». Et, en me retournant, je remarquai un grand
banyan. Nous nous en approchâmes lentement, les coquillages s’écrasant en
poudre sous nos pas. A l’ombre, sous les racines du banyan, se trouvait une
possibilité d’explication horrible pour ces festins. Des os blanchis y étaient éparpillés et,
scrutant la pénombre, je pouvais voir les orbites vides de crânes humains.
Lisses, gris et polis, il y en avait à tous les stades de conservation,
certains dont les dents étaient intactes. Il y avait des os de bras et de
jambes, certains avec des traces de fractures. En certains endroits, les
racines et les branches avaient entouré les ossements humains, -bien implantés
dans le bois de l’arbre, -laissant supposer que les corps avaient pu être
placés sur l’arbre même. « Il y avait des centaines de crânes quand
je suis arrivé, mais les Javanais les ont dispersés et jetés. Pas les
indigènes. »Le guide de Lifou apprend au journaliste qu’il ne s’agissait pas de cannibalisme, mais
de tombes.
Il est gênant que
les Tuas aient ravagé le site gorouna dont les monticules de coquillages
compactés sont le seul souvenir. En revanche, les squelette à même le
tapis de coquillages ou déposés sur des arbres qui ont poussé par la suite sont
récents et sont l’œuvre de ces Tuas. .
L’hypothèse contestée d’une
origine naturelle des tumuli : un mégapode
pourait, selon sres partisans, être le bâtisseur du cylindre et du tumulus.
Bien que je ne souscrive pas à cette hypothèse, je tiens à la rappeler : des
spécialistes du Jardin des Plantes,- même si d’autres ont plus tard contesté l’ identification qu’ils
ont faite des ossements, découverts par leurs soins avec ceux d’un mégapode, ont
relié une tradition de l’île des Pins que j’avais rapportée dans le bullein de
la SEHNC , Société d’Etude Historique de la Nouvelle-Calédonie (« Deux
oiseaux fossiles de Nouvelle-Calédonieé, bulletin n° 29, 2e tr. 1976)sur
un oiseau fossile noir, le du, à l’existence d’un grand mégapode présent dans
la partie indonésienne de la Nouvelle-Guinée sur l’île Waigeo, localité de
Jeimon (avec nom dérivé de Djomon) (Aegypodius
brujnii ou talégalle de Bruijin). Celui-ci
constitue la seule espèce d’oiseaux qui ne couve pas ses œufs mais, au lieu
d’un nid, construit un monticule d’incubation haut de 2 mètres avec toutes
sortes de débris, si bien que, au
centre, se forme un cylindre organique sur lequel le mégapode dépose ses œufs
et les recouvre de terre. Le mâle porte trois caroncules rouges et une crête
noire. Les mégapodes, en voie d’extinction, étaient largement répandus aux
Philippines, en Indonésie et en
Australie, aux Fiji, et pouvaient
très bien exister à l’île des Pins.,
comme le rapporte la tradition locale.
Au Japon : les dépôts de
coquillages associés aux tombes.
Chez les Djomons du Japon, c’est sous le tumulus que se
trouvent les ossements.
On peut songer aux kanjo
dori qui sont des sépultures collectives, d’une hauteur de 0, 50 à 5 mètres
et d’un diamètre de 30 à 75 mètres ;
le montant de terre est estimé à 300 m² : il faudrait 25 personnes
travaillant pendant 123 jours pour
remuer cette terre en provenance du puits funéraire voisin, un homme remuant
1mètre cube par jour .Ces tumuli sont associés à des dépôts coquilliers du
Djomon final. Il y a 14 kanjo
dori contenant de 1 à 21 puits
funéraires à Kiusu près de Chitose.
Au Japon préhistorique, à Terano– Higashi, on compte 127 dépôts coquilliers
(et 804 dans la région entière), nombre qui serait plus proche du nôtre :
300. Il y a 1108 dépôts djomons au Japon: d’autres avancent le chiffre de 4 000
mais en comptant des dépôts de période plus tardive .Les archéologues
japonais pensent qu’il s’agit au départ de détritus d’ordures qu’on aurait
transformés, au fil du temps, en tumuli funéraires.
A l’île des Pins, c’est
à Vatcha, qu’on a
trouvé des poteries ouatom. Or, ce toponyme évoque le catcha de Lifou, c’est-à-dire des débris
corailliens qui ont donné à Gaitcha (Lifou)
son nom, et il est intéressant de voir
assocées poteries ouatom et débris coquilliers. Il faut décomposer les
mots Vatcha, Gaitcha ou catcha en un mot signifiant coquillage en djomon, kai, et un suffixe de collectif en
–ka : on a kaika, puis Gaitcha.
Les tumuli récents,
œuvre des Tibawés.
Les quelque 200 ou
300 tumuli de l’île des Pins ne relèvent peut-être pas tous des mêmes rites
funéraires et certains, plus récents, peuvent être l’œuvre, non des Gorounas,
mais des Tibawés, comme l’indique aussi
la présence de pétroglyphes à l’île des Pins sur le pic N’Ga,
pétroglyphes qui sont l’œuvre des Tibawés et non des Gorounas. Les Tibawés se sont installés assez souvent dans le
voisinage de leurs parents et devanciers, les Gorounas : ainsi ont-ils fait
à Koné avec les tribus de Tiaoué et de Cradji ou , sur mla côte est , avec
celles de Tchamba. On trouve dans la vallée de Tchamba des tumuli qui
présentent, par rapport à ceux de l’île
des Pins ou de Païta, la particularité
d’être clos d’une enceinte de pierre circulaire. Les Tibawés avaient occupé
aussi l’île des Pins, où les toponymes
N’Ga et Gadgi (ces deux derniers se retrouvant à Païta) en témoigneraient
selon G. Païta. Il y a d’ailleurs trois tumuli et des menhirs à Païta. Le nom de Gadgi
évoque celui de Cradji. près de
Poya. Cradgi semble bien être
le nom
tibawé de ces monticules
préhistoriques de coquillages appelés kaizuka
au Japon et sambaqui au Brésil.
D’où viennent les
mots gadji ou cradji. ? Ills sont apparentés à l’aïnou kai, coquillage, avec un suffixe
de pluriel ainou en –ki. Au singulier, sans le suffixe de pluriel
–ki, on a la forme N’ga (de kai), le pic de 250 m de
l’île des Pins ou celui de Païta étant comparés à un monticule. A noter qu’il
existe aussi des menhirs à Cradji
Un trou figurait au sommet de certains tumuli,
selon une indication orale recueillie par Luc Chevalier. Ce trou aurait pu
servir à planter au sommet de ces tumuli
récents, au demeurant très peu élevés, une perche, aujourd’hui disparue, dont le bout variait selon le sexe de l’individu,
phallique pour les femmes, en forme de
vulve pour les hommes : c’est ce qu’on retrouve dans les cimetières
ainous actuels observés par Ruffié et dans les cimetières
ouigours fouillés par les archéologues chinois dans le bassin du Tarim.
En effet, le
fondateur de l’hématologie, Jacques Ruffié, alla observer, en 1978, les derniers Ainous
d’Hokkaido, ces parents des Gorounas.. Il
note qu’à Nibutani les tombes sont surmontées « d’un curieux poteau
de bois dont la partie supérieure sculptée varie avec le sexe du mort »
De plus, au nord du
Tibet, dans l’immense désert de Taklamakan , des archéologues chinois ont eu
l’étonnement de découvrir une nécropole, avec des momies aux traits européens,
aux cheveux châtains et au nez long, datant d’il y a 4 000 ans et enterrés dans des bateaux retournés
recouverts de peaux de vache , avec un mât de bois situé à la proue , de 4
mètres de haut et dont la sculpture varie selon le sexe : pour les
hommes , le sommet est effilé, symbolisant,selon les archéologues chinois, des phallus,
tandis que , pour les femmes, le sommet
serait plat et peint en noir et rouge, évoquant
des vulves.On peut toutefois se demander si le mât renversé des Djomons n’a pas
cédé la place, chez les Tibawés, pour les hommes, à la godille (à la poupe du bâtiment)
permettant de se diriger dans les eaux
de l’au-delà et pour les femmes à la navette ou la quenouille, attributs de
leur sexe que les Chinois n’ont pas compris. O’Connell ; en Micronésie
décrit cette habitude en précisant qu’il s’agit de fuseau (spindle) ou de quenouille (distaff).
Les couleurs noire et rouge (rhodonite ou variolite) rappelleraient les
maternels et les couleurs blanche et rouge (rhodochromite, diorite de Corse ou
jaspe orbiculaire) les paternels.
La signification des poteries ouatom, ces jarres funéraires
On peut suivre le trajet des Djomons : ces hardis
chasseurs de baleines partent du Japon et,
tandis que la branche qui nous intéresse
traverse le Pacifique, une autre, à une époque où l’Antartique était de climat
presque chaud, vers -15 500, suit sur ses
praohs ces cétacés, et ouvre vers l’Amérique du Sud la voie que suivront ensuite
les Tuas et les Tibawé. Les Djomons colonisent
sur le continent américain le territoire peuplé par la suite des Tchons.
Au Chili, à Valdivia, on a
retrouvé des jarres identiques aux urnes ouatom des Djomons. Mais
les Djomons se sont aussi servi de bois ou de bronze pour leurs urnes funéraires.
Les grands « tambours » à fente d’Ambrym,
au Vanuatu, pour garder leur appellation traditionelle, ne sont
aucunement des instruments de musique, mais des objets sculptés destinés à
recevoir, par leur longue fente
latérale, les restes du ou des défunts. Ils sont en bois local et
atteignent parfois 6 m de haut. Ils sont dressés en groupe sur la place centrale
du village. Pareillement, dans la
plaine des Jarres, au Laos, sur le plateau de Khorat en Thailande et au nord de
l’Inde, il existe d’énormes jarres de pierre avec couvercles (les cadavres semblent avoir été incinérés au
lieu de passer par un pourrissoir).
Les tambours de
bronze de Pejeng à Bali et ceux de Java, datant de 500 avant J. C. , comme les tambours en bronze du
Vietnam appelés Dong Son et qui datent
de 400 avant J. C., sont également
utilisés comme coffres funéraires.Les motifs sont dignes d’être notés :
des bateaux, des spirales (stylisant la poupe et la proue d’une pirogue), des
maisons. Relevons encore les grands tambours en bronze moko trouvés à Nuss Tennggara (cf. le nom des blancs à Houaïlou,
Pagara, de pa karen) à l’est de l’Indonésie.
Les tambours
d’Ambrym nous aident à comprendre le sens des jarres ouatom, car
ce sont des pirogues –tombes
dressées verticalement, comme si leur propriétaire, provisoirement, ne s’en servait pas, la fente représentant le
trou d’homme de la carène de la pirogue.
Au Mexique, certaines
jarres funéraires sont terminées par deux « pieds » qui sont en
réalité les courbes de la proue et de la poupe de la pirogue, ces deux
extrémités finissant par se fondre en une seule, comme dans les amphores
hélléniques, terminées par un « pied » qu’il faut enfoncer dans le
sol. Elles ne peuvent reposer sur la terre, n’ayant pas de fond plat, et elles
doivent y être plantées par le pied. .
Un motif courant des
poteries ouatom consiste dans des v ou guillemets qui se retrouvent sur les
poterie shan et qui, selon nous, représentent la déesse de la mort aïnoue Kamui Akkoro, savoir un calmar super-
géant écarlate (Architeuthis dux
Steenstruop 1857) adoré par les
Djomons.Ici les deux barres du V (à voir
avec la pointe en haut) représentent schématiquement les deux séries de 4 bras de chaque côté du
corps du calmar. Il n’est que de comparer avec les dessins d’Architeuthis, p.444, tome 2 dans B.
Heuvelmans, Dans le sillage des monstres
marins, Le poulpe et le kraken.
Nous allons tenter de vérifier
la couleur de ce calmar divin et colossal grâce au livre passionnant de Bernard
Heuvelmans sur les calmars, Dans le sillage
des monstres marins, Le kraken et le poulpe colossal, tome second, p. 298. Etant précisé que ces monstres peuvent mesurer
20 m de long et peser 700 kg, voici ce que ce cryptozoologue écrit à propos de
la couleur qu’un observateur avait décrite comme un manteau
d’écarlate :
« Cette teinte est
familière à la plupart des calmars d’une taille exceptionnelle. En réalité il est impossible de définir la
couleur des céphalopodes, car ceux-ci, grâce au jeu des chromatopohores qui
garnissent leur peau, en changent avec une facilité surprenante.Ainsi les
poulpes , qui , à l’état de repos, sont d’une couleur gris verdâtre, marqués de
taches ou de mouchetures rousses, ont le corps parcouru de vagues multicolores
quand ils sont excités : toutes les nuances du rouge, du pourpre, du
violet et du bleu déferlent sur eux en un éclair et se fixent parfois en des
marbrures très contrastées. ..Parlant d’un calmar-flèche de la Méditerranée, Jean-Baptiste
Vérany écrivait : « Dans l’état de vie, ce céphalopode est d’un
blanc livide peu transparent, se nuançant de bleu, de verdâtre et de rose irisé
par des reflets argentés…Quand il a perdu toute vitalité, et que le jeu des
points chromatophores a cessé, sa couleur est d’un rouge brique uniforme. » Il n’est pas
étonnant que les calmars géants trouvés moribonds sur une plage ou à la surface
de la mer, -ou même leurs restes mutilés,- aient souvent été décrits comme d’un
rouge plus ou moins éclatant. » Tel est le cas au Japon, où akkoro (de ligoro, l’enroulé, parfois le serpent) désigne le calmar
super-géant, Architeuthis dux. .
Le motif de l’ « œil
qui pleure » si répandu à la proue des pirogues, comme celui des
« côtes saillantes » prises pour un signe de famine, me semblent
refléter les bras du calmar super-géant , comme le v des poteries
djomon .De même , certaines figures
géométriques des urnes ouatom comme
celle du losange, renvoient
peut-être à des encornets qui ont cette forme losangique.
Ainsi, la jarre funéraire ouatom représente une pirogue renversée ; ses anses éventuelles sont les courbes de la
proue et de la poupe, tandis qu’elle représente elle-même le ventre de la
pirogue.
Les inventeurs de la
poterie préhistorique : une société de chasseurs-cueilleurs- pêcheurs
(Madame Habu).
Certes, les fouilles dans une grotte de Chine
ont exhumé des fragments de poterie de 20 000 ans (Science, juin 2012) , dont
on pense qu’elles servaient à la conservation de la nourriture à une époque où
celle-ci était devenue rare, l’époque de la petite ère glaciaire.On en a trouvé
qui sont datées de 18000 ans et les fouilles de Sibérie ont donné des
poteries de 10 000 ans d’âge, mais certaines
poteries djomon peuvent remonter à 16 500 ans. Les poteries de Nouvelle-Calédonie
et des autres sites de Mélanésie ou de Polynésie sont beaucoup plus tardives (-1000) et datent
du Djomon final : la couleur
rosâtre de certaines d’entre elles peut
suggérer une influence de la nouvelle poterie coréenne (qui avait passé
du style Chulmun au style Mumun de
couleur rougeâtre) inspirant une mode
dans le nord-ouest de Kyushu.
Cette première forme
d’art, qui semble être liée à la
mort, est apparue chez un peuple nomade de pêcheurs–chasseurs-cueilleurs. Suivons
les Djomons à partir du Tukestan chinois, du bassin du Tarim devenu un immense
désert , où l’on a retrouvé un de
leurs cimetières, avec des momies et des poteries noires portant des incisions et datant de – 2000 , analogues à
certaines poteries de l’île des
Pins. Nous retrouvons les Djomons à
Borasan et à la ville fluviale de Khotan ou Chotan, connue pour les poteries et
les bronzes qu’elle exporte jusqu’en Méditerranée et jusqu’en Chine, où certaines
poteries attribuées à la dynastie schang en proviennent peut-être : ces
poteries dites shan rappellent étrangement les jarres ouatom par leurs décors
géométriques.
Marcel Griaule dans Les
Saôs légendaires parle d’une entrevue qu’il eut étant jeune avec le grand
et déjà célèbre africaniste allemand Léo
Frobenius ; ce dernier lui décrivait le Chari du Cameroun oriental et
lui recommandait de s’intéresse à l’inhumation secondaire en jarre : « Dans
les berges de terre à pic, on voit des jarres enchâssées. Certaines se sont
fendues et dans l’humus dont elles sont pleines apparaissent des tibias et des
fragments de crâne. C’est une question du plus haut intérêt ; si vous passiez
par là, vous devriez creuser… » . Marcel Griaule écoutera ces conseils et ses fouilles feront sortir la cité Saô aux grandes urnes du
Tchad (où Djameina évoque pour nous N’Gameini,
comme le nom du Cameroun celui de karen-ni
et de Gorouna), ainsi que les
sépultures en jarre de Goulfeil. On connaît de telles sépultures, notamment aux
Philippines, dans les grottes de Tabon (jomon)
ou dans celles de Manunggi (maison
à double corne, de uma et de pwangi) sur l’île Palawan., où 78
urnes funéraires ont été retrouvées.
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