LAPEROUSE AUX TONGA , 2E partie :
DES TONGA JUSQU’A ROTUMA AUX FIDJI .
Dumont d’Urville , cité parle commandant de Brossard
dans Rendez-vous avec lapérouse,
déclare dans son rapport officiel au ministre de la Marine : « Je
pensai qu’alors Lapérouse pourrait s’être perdu sur les redoutables récifs des îles Viti [Fidji], qu’il devait aussi
explorer … ; je me flattai même de l’espoir d’y
recueillir quelques notions de son passage , ou de son naufrage , de la bouche des
naturels ; on verra que mon
espoir fut déçu . » Quelle est
cette surprenante mention que Lapérouse devait explorer les Fidji ?
Elle s’explique parce qu’il devait rechercher les îles de Belle- Nation et de
Saint-Bernard et que Belle- Nation, pour le moins Rotuma, étaient rangée en 1827, non plus dans les
Samoa ou les Tonga, mais dans les Fidji comme elle l’est d’ailleurs
aujourd’hui. Ceci était confirmé par la
mention que lui avait faite la reine de Tonga d’un départ
de Lapérouse vers l’ouest, soit vers les Fidji, avec les deux insulaires à
rapatrier dans leur île dont parle
Dillon.
Sur la piste des deux
passagers embarqués par Lapérouse à Namouka et désireux de rentrer dans leur patrie
: étaient-ils originaires de Rotouma [Belle-Nation] et avaient –ils été
entraînés par une dérive aux Samoa, puis amenés en pirogue en attente à
Namouka ?
Dillon
a manifesté son intérêt pour l’origine géographique de ces deux passagers. On peut imaginer qu’une
dérive fortuite les avait conduits de leur île, Rotuma, jusqu’aux Samoa, d’où, plus tard, une pirogue samoane les avait
menés à Namouka, comme dans l’aventure suivante .Dillon cite un exemple de cette grande dérive depuis Rotouma jusqu’aux Samoa , qu’il explique par une sorte de mousson très
mal connue de ces archipels .
Dillon
fait voile de Namouka vers Rotuma , du 26 août au 1er septembre 1827, donc pendant sept
jours ; à son arrivée,
« le chef [de
Rotuma
] embrassa l’homme de Rotuma que nous ramenions de Tonga et
parut très content de moi pour avoir ramené son compatriote . Celui-ci était absent depuis huit ans de
son pays et avait été cru noyé. »
Dillon nous parle encore d’un insulaire qui semble bien être le
même : « [Le chef de Namouka ] Thubaou me dit qu’une flottille de
pirogues était venue depuis peu des îles des Navigateurs [Samoa], et en avait
ramené deux Rotumiens qui avaient dérivé jusqu’à ces îles, et qui
désiraient beaucoup retourner dans leur pays . Je consentis à les prendre
à mon bord , et l’un d’eux s’embarqua dans l’après-midi ; j’appris de cet
homme que, de compagnie avec quelques autres
de ses compatriotes, il était parti de Rotuma, il y avait à peu près
huit ans, pour une île située au nord-est et nommée Whythubou [île de
Saint-Bernard ?], afin de s’y procurer des coquilles ([pava, Haliotis australis];
que des vents contraires les empêchèrent d’atteindre cette île , et qu’après
avoir dérivé pendant trois mois, ils avaient pris terre à uneîle qui se trouve être l’une des Samoa ou îles
des Navigateurs, dont les naturels les traitèrent fort bien. Il ajouta que
quelques-uns de ses compagnons étaient encore sur cette île. Je trouvai dans ce
récit une preuve très convaincante de la
justesse de mon opinion, que la mousson du nord-ouest se fait sentir par ces latitudes à certaine
époque de l’année .Car, autrement, comment aurait-il pu se faire qu’une
barque, aussi frêle qu’une pirogue, fît la traversée de Rotuma, latitude 12°
30’ sud, et longitude de 177° est,
jusqu’aux îles des Navigateurs [Samoa], latitude de 13° 27’sud et longitude de 171 °57’ouest ? »
Rotuma et
Whythubou , l’île des coquilles, découvertes de Lapérouse.
Rienzi, Océanie,
tome 3, p. 260, nous apprend qu’une pirogue de Rotuma avec 4 hommes dériva par
hasard à Ticopia, vers 1800 ; les 4 Rotumiens détrompèrent alors les Ticopiens
sur le compte de ces blancs que les
Ticopiens prenaient pour des mauvais génies en leur disant qu’ils étaient bons,
qu’ils venaient d’un pays éloigné (la France ) pour leur donner des
objets de coutellerie (liste du matériel
embarqué in La malédiction Lapérouse, p . 118 : Lapérouse avait
emporté « 7000 couteaux de différentes espèces et grandeurs » ) et
de verroterie (op . cit, p 119 , « rassades ou grains
de verre de couleur, assortis, 1400 paquets » ). A Rotuma, les habitants
possédaient quelques poignées de piastres
métalliques peut-être données par
Lapérouse qui en avait emporté avec lui (on
a repêché 169 piastres à Vanikoro
sur les deux sites). De plus, Dillon signale
à Rotuma des volailles d’origine européenne et non indigènes du Pacifique, ainsi
que des porcs, op. cit ., p . 815.
Mais si les Rotoumiens ont parlé de visites fréquentes de blancs, nous n’en connaissons pour notre part que deux : en 1791, le Capitaine Edwards, sur la Pandore,
qui nomma l’île Granville, et Wilson sur le
Duff , navire missionnaire, en
1797. La proximité dans le temps du passage de Lapérouse en 1788 et du
Capitaine Edwards en 1791 explique l’impression des insulaires sur la fréquence
des visites des blancs. Il est tentant de faire de Rotouma une découverte de
Lapérouse qui, en 1788, était à la recherche de l’île de Belle- Nation et qui
l’ avait ainsi découverte, en rapatriant deux insulaires perdus à Namouka, par 12° de latitude sud, non loin de la position assignée par ses Instructions .Et Rotouma pourrait être, au moins aux yeux de
Lapérouse, l’île de la Belle- Nation, à laquelle
Torquemada donna son nom , en espagnol Gente
Hermosa, qui signifie Belle -Nation, car Quiros l’appela en réalité la
Peregrina, celle qui est étrangement belle , la rare, la précieuse.
Rotuma et
Whythubou , l’île des coquilles, découvertes de Lapérouse.
Rienzi, Océanie, tome 3, p. 260, nous apprend qu’une pirogue de Rotuma avec
4 hommes arriva par hasard à Ticopia, vers 1800 ; les 4 Rotumiens détrompèrent
les Ticopiens sur le compte de ces
blancs que les Ticopiens prenaient pour des mauvais génies en leur
disant qu’ils étaient bons, qu’ils venaient d’un pays éloigné (la
France ) pour leur donner des objets de coutellerie (liste du matériel embarqué in La malédiction
Lapérouse, p . 118 : Lapérouse avait emporté « 7000 couteaux
de différentes espèces et grandeurs » ) et de verroterie (op . cit, p 119 , « rassades ou grains
de verre de couleur, assortis, 1400 paquets » ). A Ragouemba (pour Ragouma,
altération du nom de l’île, Rotouma) les habitants possèdent quelques poignées de
piastres métalliques peut-être données par Lapérouse qui en
avait emporté avec lui (on a repêché 169
piastres à Vanikoro sur les deux
sites). De plus, Dillon signale des volailles d’origine européenne et non
indigènes du Pacifique, ainsi que des
porcs, op. cit ., p . 815.
Mais si les Rotoumiens ont parlé de visites fréquentes de blancs, nous n’en connaissons pour notre part que deux : en 1791, le Capitaine Edwards, ce grand explorateur des Samoa, sur la Pandore,
qui nomma l’île île Granville, et Wilson sur
le Duff en 1797. La proximité dans le
temps du passage de Lapérouse en 1788 et du Capitaine Edwards en 1791 explique
l’impression des insulaires sur la non –rareté des visites des blancs. Il est tentant de faire de Rotouma une
découverte de Lapérouse qui, en 1788, était à la recherche de l’île de Belle-
Nation et qui l’ avait ainsi découverte par 12°de latitude sud, non loin de la position assignée par ses
Instructions .Et Rotouma pourrait
être, au moins aux yeux de Lapérouse , l’île de la Belle- Nation, à laquelle
Torquemada donna son nom , en espagnol Gente
Hermosa, Belle -Nation, car Quiros l’appela en réalité la
Peregrina, celle qui est étrangement belle , la rare, la précieuse.
Whythubou, l’île Saint-Bernard et ses pavas retrouvés à Vanikoro.
La preuve que Lapérouse a
bien mouillé dans cet archipel voisin de Rotuma nous est fournie par les
découvertes , à Vanikoro, dans les épaves de
trois espèces différentes de pawa
ou ormeaux qui venaient de Whythubou :
Haliotis australis, la plus réputée pour les Polynésiens, en la pava d’argent, d’un blanc brillant ;
Haliotis iris,
ou pava pourpre, la plus commune,
dont le pied est noir :
Haliotis virginea, à pied jaune.
Mais on les a rattachées à
tort à des Haliotis de Californie,
respectivement, Haliotis fulgens,
Haliotis rufescens, Haliotis cracheroïdi (voir, p . 326, dans
l’ouvrage de l’Association Salomon,, Le mystère
Lapérouse ou le rêve inachevé d’un roi.
En résumé, dans son second et dernier voyage,
Lapérouse passe par l’île Namouka , aux
Tonga, où il embarque deux insulaires pour Rotuma (peut-être
l’île de Belle- Nation aux yeux de Lapérouse ) , puis fait voile vers
Rotouma (aujourd’hui aux Fidji) , où il
dépose les deux insulaires embarqués à Namouka (voyage de Namouka à Rotuma qui dure environ une semaine) et gagne alors ,
respectant ses Instructions, le sud de la Nouvelle-Calédonie et l’île des
Pins, puis met le cap sur les îles
Charlotte aux Salomon, où il rencontrera
les récifs de Vanikoro.
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