vendredi 7 août 2020

Le dieu gaulois Esus , l’isard et les noms indo-européens du fromage.

 

 Le dieu gaulois Esus ,  l’isard et les noms indo-européens du fromage.

L’équivalent gaulois de Mercure est Esus, avec e long et parfois h initial, ou Aesus de wersus , le e long par allongement compensatoire s’expliquant en gaulois par l’amuïssement du r devant  s et par l’assimilation à un second r,  qui désignent  le bélier , de er(gw)s- , à rapprocher du grec er(s)a(w)os,  err(s)a(w)os , ewersè, sanskrit varsa.  Varenne’ dans l’ouvrage cité, p. 106, écrit que ce nom Esus est identique  [par doublets de la labio-vélaire gw sans s] à irlandais Eogan ,de ergwain , r se vocalisant en o,   kymrique Ewein , de egwein , Owain, de augwain, Gauvain, métathèse de augwain . Esus,  avec e long de ai, est à  rapprocher du nom de l’isard pyrénéen :

Formes basques diverses, de hwsigwsr  ,avec alternance r ou n : issard , isarus sarus,sisardo, chizardo,  sario, sarrio, 2 types de formes :

le type sarri, sarride, sarriat, sarriè ; 

le type isart à l'est (xives. Ariège uzars, uzarns plur.).[Uzès] »

Internet : idart

Étymol. et Hist. 1387-1391 (G. Phébus, Chasse, éd. G. Tilander, IV, 3-4 : Des boucs y a de deux manières, les uns s'appellent boucs sauvages et les autres boucs ysarus, et aucuns les apellent sarus); 1553 (P. Belon, Obs. de plusieurs singularitez..., éd. 1588, p. 120 ,  Le Roy ;  le [chamois] est nommé un Ysard, mais c'est une antique diction Françoise); 1614 (G. Mauran, Somm. description du païs et comté de Bigorre, éd. G. Balencie, 1887, p. 57 : Chevreuils vulgairement appelés issars).

Terme attesté de part et d'autre des Pyrénées : dans le domaine ibér. : cat. isard (xives. ds Alc.-Moll), aragonais sisardo, chizardo et sarrio (d'où le cast. sarrio 1625 ds Cor. s.v.); dans le domaine gallo-rom. où l'on peut distinguer 2 types de formes réparties de part et d'autre de la limite entre Pyrénées-atlantiques et Hautes-Pyrénées, passant par le Balaïtous (v. J. Séguy, Atlas ling. de la Gascogne, carte no16) : le type sarri à l'ouest (vallées de Barétous, d'Aspe, d'Ossau, haute vallée du gave de Pau, avec les dér. sarride « troupe d'isards », sarrié adj. « de l'isard », sarriat « petit de l'isard », Palay, Lespy-Raym. s.v. sarri; v. aussi Roll. Faune t. 7, p. 218); fol. 127 et 166 ds Rayn. t. 5, p. 455 b; hautes vallées de la Garonne et du Salat, vallées du Lez et de l'Ariège isart, vallées d'Aure et de Luchon idart, v. (Rohlfs Gasc., § 41).

 L'ensemble de ces mots, d'origine  préromaine , semble issu d'une base izarr-, de sens mal élucidé, appartenant au substrat pyrénéen , peut-être ant. au basque (l'absence du mot en basque mod. s'expliquant par le fait que l'isard n'appartient qu'à la faune des hauts sommets dont est dépourvu l'actuel territoire basque); d'apr. Rohlfs , op. cit. § 466, v. aussi ds Z. rom. Philol. t. 47, 1927, p. 401, la dissimilation -rr-rd-[idart] que présentent un certain nombre de mots de l'anc. substrat est un fait hisp. remontant à l'articulation préromaine.

À la suite de Bertoldi ds Z. rom. Philol. t. 57, 1937,p. 146-47, certains (notamment FEW t. 4, p. 826 b) admettent un rattachement au basque izara,  « étoile »[cf. gothique stairno, star, stirn, stêlla, de tsairal-a,  sanskrit târah, grec astèr, arménien asti ] en raison de la tache blanche que portent les tout jeunes isards sur le front; le type isar-t s'expliquerait dans ce cas par le suff. basque -di exprimant la présence de quelque chose : *isar-di « là où se trouve une étoile » (cf. le basque izar-dun « étoile; cheval qui a une étoile au front [ de dsun , gotique stairno, anglais star(n)  , allem. stirn, latin , stella ,  de stelna, grec astèr , arménien  asti, de atsun  sanskrit

târah»  ]ds Lalande, p. 567); cette hypothèse  est révoquée en doute par Rohlfs op. cit. § 41 et Cor. loc. cit. »

Pour expliquer le  nom de l’isard , il faut partir d’une forme du xives, en Ariège , uzars, uzarns pluriel, cf. Uzès, et la rapprocher du basque istara , de itsara,  fromage de brebis  (puis à cause d’une étoile sur le front de certaines  brebis , par étymologie populaire ,

Etoile) , de l’étrusque v(s)ar, avec r voyelle qui vocalise en ar,  mouton, de l’ossète ou scythe waer, de waser , mouton, de l’albanais berr,de wesr,  brebis, du latin vervex, brebis, du redoublement affectueux  werkswerks  (le k vient de gw et se retrouve dans latin agnus, agneau , grec amnos, de agwnos,  agneau)  bélier  , du sanskrit ura et urana,de usra ,  brebis,  du grec erraos , bélier, métathèse du digamma  de Fesra, en erFaos , homérique arèn, crétois avec digamma conservé Farèn, mouton, de warsèn, ou  Fersè, jeune agneau .Notons aussi le basque orein  ,de Fers-,  grec eiros , de erFios, laine ,ou erion ou eirion,  de erFion. 

 

Du nom de l’isard,kwesar  avec alternance r (l) au nominatif et n au génitif ,  , il faut rapprocher les noms du cerf, latin cervus, de kwesr (grec elaphos , de elkws  , avec vocalisation du l en la , ellos, de elnos  , de eln, arménien eln, vieux slave jeleni, de l’élan ( balto-slave elnis  , moyen haut allemand elend  allemand moderne Elentie, grec alkè,métathèse de nlkw , avec vocalisation du n en a )  et du renne (suédois ren de len, de eln, islandais –norvégien hreinn ) .

 

Le nom du gnou , qui est un bovidé,  vient de la racine indo-européenne désignant le bœuf , gwôw.

 

Le nom du petit-lait,  sanskrit  sarah,  sisarti, sarta, sarpis, grec horos, orros, ionien ouros, latin serum,  petit-lait.

Le nom français du beurre vient du latin  ( b(ut)yrum, et le mot   babeurre vient peut-être de butiron ; mais des étymologies populaires  existent et en tant que produit dérivé de la crème du lait, on dit que le mot vient de l'adjectif dépréciatif « bas » et du mot « beurre » (il s'est écrit « bas-beurre »).

En tant que bâton actionné pour battre (du gaulois battuere, battre)   , pour baratter (peut-être du scandinave barâtta,  combat, tumulte, auquel le gaulois est apparenté)  la crème et former le beurre, babeurre vient de « battre » et de « beurre » ; ce mot s'est d'ailleurs écrit « bat-beurre »

Le babeurre est également appelé « lait de beurre ». Le Dictionnaire des sciences naturelles affirme en effet, au XIXe siècle : « Quand on a battu la crème pour en réunir les parties grasses qui forment le beurre, il s'en sépare une liqueur, composée presque entièrement du sérum du lait, connu sous le nom de petit-lait, et de quelques parties butireuses et caséeuses» . Émile Littré reprend cette définition. [. Bien que l'expression « petit lait » soit synonyme, au XXIe siècle, du lactosérum , elle est parfois encore utilisée pour le babeurre.

D'autres appellations sont utilisées régionalement :

« guinse » ,  d’une  métathèse de  pwanagwsrt, 

(pw)na gws(rt)  , gwnas-, et enfin  gwans-  , petit-lait,  en Ch'ti, « bouri » en wallon de Liège, « betteuze », de better, dans les Vosges, « lait ribot » (laezh ribot /lɛz ˈriːbɔt/) en Bretagne  (dont il  existe deux versions dans le commerce, une version fermentée et une version simplement barattée ),  métathèse de botri (pour le lait baratté comme pour le lait fermenté), etc.

Les buttermilk anglais, Buttermilch allemand et botermelk néerlandais,  reprennent littéralement la notion de « lait de beurre », et se boit comme du petit lait, qui est doux et onctueux . 

Les indo-européens semblent avoir eu des troupeaux de porcs et de moutons (les vaches appartenaient alors aux aurochs non domestiqués encore) et avoir bu du lait de brebis  fermenté type grains de kéfir  ou non,  et mangé des fromages de brebis fermentés (bleu d’Auvergne, bleu basque,  ou bleu de Hollande, Roquefort),  plutôt que du lait  de vache, animal sacré ; les chèvres sont venues ensuite pour remplacer le porc, pour la viande surtout, en pays pauvre, impropre à l’élevage bovin , comme la Corse , mais il existait des bleus de chèvre.

 

basque etoriki  , de turik , métathèse de boutiron,   de kutiron, fromage de lait de brebis (isara) , comme irati, de (t)urak , boutiros ,de pwugwaros  , latin bûtur, bûtûrum, butyrum, scythe d’après Hippocrate, beurre,  emprunt par le turco-tartare appelé scythe par Hippocrate sous la forme  turak, métathèse de kutur , turuk, turak, turc ,  beurre ;

grec turos,de tukwros,  de pwuksiros , fromage, avestique tûiri, de tukswiri, norvégien skyr, de (tu)kswir,   sanskrit takra, lait caillé,   dérivé de la racine indo-européenne pwâgs- ,  sanskrit tanch, teng,  contracter, coaguler ou cailler , grec pègnumi, coaguler, latin pâlus, pango,paciscor, paco, pâx, passalos,de pakyalos.

Bulgare jugurt, ou jaurt,de pwâgwrt  ,  petit-lait, qui a donné notre mot yahourt ou yoghourt.

Kefir, métathèse de tukwir, de tukwir, kwetir , consommé en  Croatie .  Le norvégien skyr, de (tu)kswir,    est le cousin éloigné du séré suisse  (cf. le le latin  serum, petit-lait, grec oros,   sanskrit sara au sens de lait caillé)  et du topfen autrichien, de pwanagwrt , avec métathèses  , pwagwrn,  tukwen  .  Tous trois sont préparés à base de lait écrémé, fermenté, puis séparé du petit-lait. Néanmoins, le skyr est bien plus liquide que ses deux compères 

Le latin caseum, de caseyum, fromage, anglais cheese,  avec a long, vient de (pw)khws)i, fromage .

  • Le chalap, shalap,à rapprocher du  kulüp rakı (club) titrant 50 %, dont l’alcool provient entièrement de la distillation du raisin, ou tan ( cf. le than (Թան), de tsaryan, des Arméniens) est une boisson originaire du Kirghizistan et du Kazakhstan.

Parmi les produits typiques à base de lait de yack figurent le beurre de yack Öröm , de l’indo-européen turom,  , une crème épaisse similaire à la crème caillée,  et Sar Tos  (de serum  et de du dough iranien , de  to(gh)s , de (pw)khw(s)),   le beurre jaune, dont le produit de départ est Öröm. Le beurre de yack se consomme également dans le thé au beurre salé.

Des fromages sont également fabriqués, tel que le biaslag , fabriqué à partir d’un produit préliminaire ressemblant à du lait aigre.

  • Le choormog  est une boisson légèrement alcoolisée obtenue à partir d’une variété de yaourt obtenue par addition de levure. L’arkhi, est plus alcoolisé et est obtenu par distillation. cf. le raki .

3 types d’alcool appelés arak  et très différents :

1exotique, comme à la Réunion, où les Indiens l’ont importée, ou à Ceylan,  à base de palmier d’arek et de bétel ; le rak de la Réunion, introduit par les Indiens musulmans, de Ceylan et d’ailleurs. Il ne doit pas être confondu avec le raki  turc. L'arrack est une boisson alcoolisée distillée principalement en Asie du Sud et du Sud-est, à partir de la fermentation de fruits, de riz, de canne à sucre, de sève de palmier ou de la sève du cocotier. L'arrack est typiquement incolore, comme l'arak du Moyen-Orient, transparent et incolore.  La noix d’arec, d’où il tire son nom, improprement appelée noix de bétel, est  consommée dans de nombreux pays d’Asie sous forme d'une préparation à mâcher avec la feuille de bétel. En Inde, au Pakistan ainsi qu'en Indochine, les feuilles de bétel sont mâchées avec de la chaux (oxyde de calcium) et de la noix d'arec, dans une préparation qui prend le nom de bétel ou paan. La chaux agit comme catalyseur, et l'arec contient l'arécoline, un alcaloïde qui favorise la salivation, la salive devenant teintée de rouge. On ajoute parfois du tabac à la préparation, ainsi que divers mélanges d'épices, des additifs astringents et autres adjuvants modifiant la texture et ou la saveur selon l'usage local.  

 

2 à base d’anis vert , du grec anison, emprunt au persan bâdyân, anis , badiane, ou d’aneth, grec anethon, L'arak, arac ou arack (arabe : عرق araq API [ʕaraq], littéralement « transpiration », en référence à la distillation) est une eau-de-vie de vin traditionnellement consommée et produite uniquement dans le Croissant fertile. Apprécié au Liban, en Syrie, en Jordanie et en Palestine, il en est le spiritueux traditionnel, un véritable emblème de l'art gastronomique. En raison des prescriptions islamiques interdisant la consommation d'alcool, le Liban, la Syrie, la Jordanie et la Palestine sont les seuls endroits du Proche-Orient où sa distillation et sa consommation sont courantes.

Il est préparé à partir de moût de raisin fermenté (vin) distillé en eau-de-vie auquel on ajoute des graines d'anis. Il vieillit ensuite dans des jarres en argile. C'est une boisson anisée, son goût est donc proche de ceux de l'ouzo, du rakı, du pastis, etc. Mais contrairement au pastis, l'arak ne contient pas de réglisse.

L'arak pur contient de 40 à 50 degrés d'alcool mais il se boit allongé d'eau avec des glaçons. Traditionnellement, au Liban, on allonge un volume d'arak d'un volume d'eau (moitié-moitié) ou bien de deux volumes d'eau (un tiers- deux tiers). Il prend alors la couleur blanchâtre caractéristique des boissons anisées.

L'arak est un alcool que l'on boit au cours d'un repas, et plus particulièrement pour accompagner le traditionnel mezzé libanais. Il peut se boire en apéritif, voire en digestif (dans ce dernier cas, il est consommé pur, sans adjonction d'eau ni de glaçons).

 

En Iran

En Iran, l’aragh désigne le jus de raisin fermenté distillé en eau-de-vie, et plus généralement, toutes les boissons distillées en eau de vie (aragh-e sagui, عٓرٓقِ سٓگى , suée de chien) qu'on trouve très facilement. L’aragh est différent du dough, alias l'ayran.

Au Liban

Depuis 1893, le Liban produit l’arak, à partir de deux distillations successives de moût de raisin fermenté. Le résultat de ces distillations est mélangé à de l’anis vert, puis distillé encore une ou deux fois pour concentrer les arômes anisés. Dégusté traditionnellement avec les mezzés, on peut

également servir l'arak à l'apéritif.

 

En Turquie le raki (du turc rakı, dérivé de l'arabe arak (boisson)[ est essentiellement une eau-de-vie de vin aromatisée à l’anis. Elle est consommée en Turquie, en Grèce, en Albanie, au Kosovo dans les Balkans, en Arménie et au Proche-Orient. On peut distinguer 2 types :

  •  le yeni rakı (raki nouveau) titrant 45 %, dont l’alcool doit provenir à 65 % de la distillation du raisin ;
  • l’altınbaş rakı (tête d’or) et le kulüp rakı (club) titrant 50 %, dont l’alcool provient entièrement de la distillation du raisin . 

 

3 à base de petit lait , l'ayran , appelé aïrag par les Mongols (lait de jument  ou koumis) .cf . sanskrit sa(y)ra, petit-lait, est une boisson lactée à base de yaourt très prisée en Turquie, en Grèce, en Syrie, au Liban, en Arménie , en Iran et en Bulgarie. Les Assyriens (Assyro-Chaldéens) et les Kurdes l'appellent dawé, de thogwe  , de p°(w)khw(s)i.  Les Arméniens, than (Թան), de tsaryan, et les Iraniens, dough, de  togh , de (pw)khw(s).

Le doogh est semblable à l'ayran, boisson également connue dans les pays arabes et autres pays, comme la Turquie, la Syrie, le Liban, la Palestine... ainsi que dans l'Extrême-Orient.

 Le koumis, ou koumys (transcription du russe кумыс, d'après kymys en kirghiz, qymyz en kazakh et kımız en turc, appelé aïrag par les Mongols (mongol : ᠠᠶᠢᠷᠠᠭ ; Mongol cyrillique : айраг)et cf. l’arki tiré du lait de  yack ,  est une boisson à base de lait fermenté de jument ou de chamelle [], originaire d'Asie centrale. Comprenant un faible dosage d'alcool, son goût très particulier est fort et fumé. Cette boisson peut se conserver jusqu'à deux semaines, son goût pouvant alors devenir beaucoup plus fort.

 

 

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