vendredi 27 août 2021

L’origine du tiki maori et l’existence de deux animaux fossiles peu connus du Pacifique et de Nouvelle-Calédonie : le teganpaïk, une sorte d’otarie qui pond des oeufs et qui est vivipare , représenté sur le tiki, et le chevrotain aquatique ou doubé .

  

 L’origine du tiki maori et l’existence de deux animaux fossiles peu connus du Pacifique et de Nouvelle-Calédonie : le teganpaïk, une sorte d’otarie qui pond des oeufs et qui est vivipare  , représenté sur le tiki, et le chevrotain aquatique ou doubé .

  I) L’origine de l’animal fossile représenté sur le  tiki : un mammifère marin mystérieux disparu  , le teganpaïk, présent en Calédonie,   une sorte d’otarie  à long cou, parente de l’ornithorynque, Megalotaria longicollis Heuvelmans 1965.

 

Selon  B. Heuvelmans, dans Sur la piste  des bêtes ignorées, p.133, tome 1, ce mammifère marin   a été entendu pour la première fois en 1801 en Australie.  

 « En juin 1801, le minéralogiste Charles Bailly et ses compagnons de l’expédition de Nicolas Baudin s’enfonçaient dans l’intérieur des terres après avoir donné le nom de leur bâtiment, le Géographe, à la baie de la côte occidentale.  Et soudain les voilà glacés de terreur par un rugissement terrible, plus bruyant qu’un beuglement de taureau, et qui semble sortir des roseaux de la rivière des Cygnes. Terrorisés, nos hommes ne demandent pas leur reste et s’éloignent à toutes jambes. Mais il ne fait pas de doute à leurs yeux qu’une bête aquatique formidable hante le nouveau continent. » Or, dans le nord de la Nouvelle-Calédonie,  Edouard Normandon a raconté avoir  entendu s’élever des marécages de l’embouchure du Diahot l’effrayant rugissement d’un animal, et les Mélanésiens ont confirmé ses dires, tandis que  des métropolitains incrédules se gaussaient et cherchaient à expliquer le phénomène  par le cri d’un lion évadé d’un cirque du temps des Américains ! Le  nom  de ce mammifère marin subsiste dans le nom de la tribu littorale de Touho teganpaïk (de tegan, serpent de mer, et de païk, « long-cou » du type du  héron des récifs (Ardea sacra albolineata). Cela correspond en Australie au katenpaï (métathèse religieuse de tekan-, paï) ou tunatapan (de  tutan, de tukan pan).Terenba en Nouvelle-Calédonie a la même origine : la palatale g devient souvent r.

 Ce mammifère marin (Heuvelmans,  op. cit. p.125, tome 2, et  Peter Costello, dans A la recherche des monstres lacustres,  p. 233) pondrait des œufs mais allaiterait ses petits comme l’ornithorynque et ressemblerait à  une otarie à long cou, avec trois bosses, caractérisée par une crinière blanche, et des rugissements rappelant ceux d’un lion.

Maoris et  Polynésiens  semblent avoir été frappés par  l’allaitement maternel  des petits d’ « otaries » à la surface de la mer, les pores des bosses diffusant le lait  comme des mamelles.

 Rien d’étonnant dès lors si les tiki  (autrefois gravés par trois dans des dents d’otarie aux Touamotou) en gardent le souvenir, car on peut être tenté de  voir dans ces figures inexpliquées que constituent les tikis porte-bonheur de Nouvelle-Zélande la représentation d’un embryon d’otarie à long cou, dans lequel  les Polynésiens voyaient le début de toute vie. Pour eux, le fait,  à partir de  l’œuf  cosmique, de passer à l’allaitement emblématique des vivipares représente l’histoire de la vie,  de  son origine à notre époque. Le mot tiki désigne étymologiquement une statuette, le plus souvent en cire, à but magique et c’est l’adaptation du mot ibère dagus , dagudos qui se retrouve en grec.

2) Le doubé préhistorique .

Dans le bulletin n°63 du premier trimestre 1985 de la Société Historique de Nouvelle-Calédonie, j’avais écrit un article sur l’existence présumée d’un animal pré européen ressemblant à une biche plutôt qu’à un  cerf (sans cornes) en Nouvelle-Calédonie, -mammifère marin en vérité car  à part les roussettes et les hommes,  il n’y a pas de mammifère terrestre en Calédonie. On l’appelait doubé, nom qui a passé tout naturellement au cerf lorsque celui-ci fut introduit par les Européens.

 Or, au cours d’une passionnante émission de la 5 (31 octobre 2019) consacrée à l’histoire de l’évolution (Grand format de la science) ,  dans la lignée évolutive complexe de la baleine, mammifère marin  également , j’ai pu voir, fût-ce très furtivement,  un mammifère aquatique , ou en tout cas semi aquatique,   nageant avec ses pattes comme une chèvre,  appelé chevrotain (et non chevrotin , petit de la chèvre),  ressemblant à une biche et appelé biche ou  biche-cochon (à cause de ses pieds qui ressemblent à ceux du cochon), nom savant Hyemoschus aquaticus , Ogilby ,1841, du grec hys, hyos,  cochon, et moschos , petit d’un animal, gazelle qui donne le musc ,  de l’ordre des Artiodactyla , famille des Tragulidae, seule espèce du genre Hyemoschus.

 Nous apprenons par Wikipedia que son « pelage est lisse, brun rougeâtre (doubè désigne justement cette couleur), avec des rayures et taches blanches longitudinales et il serait aussi impliqué dans la flottabilité. »

 

  Un parent du chevrotain de Calédonie existe encore  dans les forêts côtières de Côte d’ivoire, jusqu’au Liberia aujourd’hui les individus sont rares hors des réserves et même dans les aires protégées. L’habitat est limité aux vallées fluviales, aux zones marécageuses et aux bas fonds de certaines forêts subtropicales africaines de plaine.  C’est une espèce plutôt nocturne,  qui est herbivore et se nourrit de jeunes pousses, de figues, de noix de palmiers, d’arbres à pain, etc., et de bourgeons. Elle mange plus rarement des crustacés. 

 Sa description est la suivante : « D’une taille à l’âge adulte de 60 à 110 cm de longueur totale (dont la queue très courte dépassant rarement 15 cm de long).Le poids varie entre 6 et 17 kg. avec des individus mâles plus légers. En effet ils font en moyenne une dizaine de kg. contre douze pour les femelles. La hauteur au garrot est de 30 à40 cm. Le corps est compact, porté par des pattes fines et élancées ; l’encolure est courte, la tête petite et étroite et les yeux grands. L’animal possède un nez caoutchouteux, avec des narines fendues. Le menton, la gorge et la poitrine sont couverts de poils rudes et marqués d’un « V » inversé blanc. Les canines forment des défenses, assez peu visibles chez les femelles, mais pouvant dépasser les lèvres chez les mâles. Ses pattes non palmées, mais avec des doigts vraiment développés lui permettent une nage asse efficace. »

Il s’agit selon moi d’un fossile vivant et il est dommage que son statut de conservation UICN soit qualifié de préoccupation mineure, ce qui serait dû à un besoin de donnés scientifiques sourcées récentes.

 Est-il possible qu’un parent de ce  chevrotain aquatique africain ait hanté les côtes calédoniennes à date ancienne, comme semble l’indiquer les traditions

mélanésiennes ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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