vendredi 10 février 2017

De quelles îles venaient les Canaques de Nouvelle-Calédonie?


DE QUELLES ILES  VENAIENT LES CANAQUES DE NOUVELLE-CALEDONIE ?
L’opinion populaire, médusée par l’existence d’une trentaine de langues et par le fait que les Canaques ne se comprennent pas d’une langue à l’autre, pensent qu’à l’origine il y avait  un seul idiome  et que celui-ci s’est différencié au fil du temps  en une multitude de dialectes. Mais rien n’est plus faux : la diversité est irréductible parce qu’elle recouvre une diversité géographique. Une seule peuplade, des immigrants papous, ont tenté de conquérir et d’unifier l’île, mais leur essai a échoué.
Les migrations venaient des Salomon , du Vanuatu (Vaté ,  Epi,    îles Banks , Ambrym de l’ouest, Maëwo,  Malekula, Erromango, Pentecôte,  Santo, Tanna) ,   des  Fijdi,  de Papouasie –Nouvelle-Guinée  (Nouvelle-Bretagne  et Papouasie-Nouvelle-Guinée) , de Tasmanie , d’Australie et de Micronésie.
A noter que l’origine des populations des  Loyauté, Lifou et Maré, ainsi qu’Ouvéa, sont traitées dans trois  autres blogs, comme l’île des Pins , où les peuplades disparues, les Gorounas, sont évoquées, ainsi qu’un autre blog sur l’origine préhistorique des auteurs des pétroglyphes , les Ti.   
 La Birmanie, mot avec r voyelle qu’on prononce bama (pour barama ou parama), semble avoir été le pays d’où sont partis jadis de nombreux peuples noirs   qui émigrèrent dans le Pacifique et  parlent des langues austroasiatiques (munda, semai, wa, mon khmer) et des langues hmong d’Indochine ou encore des langues  formosanes. Les langues de l’archipel calédonien sont des langues austroasiatiques..
Essai de classement :
 On dénombre en Calédonie 31 parlures, soit 29 langues austroasiatiques, dont 10 dialectes,  sur les 31,
 savoir 5 semai +1 wa +1 munda  +1 munda +12 mon khmer+ 8 hmong mien + 2 formosanes.

Semai 5 (+ 1 langue wa) :
1 pwa pwa Epi au Vanuatu ; waa mwang Epi Vanuatu
2 pwamei Maëwo Vanuatu
3 pwamale Tanna Vanuatu
4 bwa too Banks Vanuatu
5 a bwe bwe  Ambrym Vanuatu

Langue wa 1 waa mwang Epi Vanuatu

Munda 1  drehu (Lifou ,de Dravuni Fiji), voir mon blog sur Lifou et Maré .

Mon-khmer 12  avec 1 dialecte
1 paici  Epi Vanuatu,  Palao Micronésie
2 méa Micronésie
3 iaai Tanna Vanuatu
4 aai Tanna Vanuatu
5 yawe Tanna Vanuatu
6 chemuhi Santo Vanuatu
7 arhe (langue bunu naoklao) Santo Vanuatu
8 nyua, yanga, yuaga Vaté Vanuatu ;
9 nengoené, langue de Maré, proto -polynésien comme les langues N’Deni d’Amérique du sud, voir mes  blogs sur Lifou et Maré  et  sur l’Amérique du sud ; venant de Malekula (Timbembe) et de Tanna au  Vanuatu
10 nenema avec dialecte nigoumac Vaté Vanuatu
11  yalayu Epi (varsu) Vanuatu
12 tipindjé  Malekula (nindé) Vanuatu


Hmong mien 8
  1 neku , langue she , Tanna  Vanuatu
  2 aragure , langue she , Erakor Vate  Vanuatu
  3 ajie, langue she Erromango Vanuatu
  4 arha, langue she Penteôte Vanuatu
  5 siche langue she Penteôte (seke) Vanuatu
  6  le tiri  , langue she  ,Epi (biri) Vanuatu Australie
  7 le xa anacuu,  langue she ,  Micronésie (chuuk 
  8 le  nemi Banks (nume) Vanuatu
Bibliographie
Barbara Niederer, Les langues Hmong –Mjen (Miao-yao). Phonologie historique, 1998, Munich.
Dans cette famille de  langues hmong-mien, un groupe est  bien  attesté  en Nouvelle-Calédonie, le groupe ho nte  ou she  avec le tiril’arhe, l’aracuu,le  neku ,  l’ aragure,  l’ ajie,  l’ arha,  le  siche .


Langues formosanes  2 avec en plus 9 dialectes
1 haveke 5 dialectes Papouasie
2 kapone 4 dialectes Ticopia (lavono) Salomon

A part :
31 Langue polynésienne 1, originaire de Ticopia aux Salomon (Saint-Joseph à Ouvéa), voir mon blog sur Ouvéa.  
32 Langue créole d’inspiration réunionnaise : la tribu de Saint-Louis qui a rassemblé des tribus de langues différentes.
Nous allons suivre les traditions dont s’est fait l’écho Gabriel Païta,  ce descendant de la grande chefferie des Kambwas, dans Gabriel Païta, témoignage Kanak, D’Opao au pays de la Nouvelle-Calédonie,  par Jérôme Casaumayou et Thomas de Dekker,  l’Harmattan :
« Si l’on en croit les récits des anciens, les premiers hominiens  d’Opao (la Nouvelle-Calédonie) avaient la peau rouge ; ils étaient velus et de petite taille. Dans le Nord, on les appelait les Gorouna.
Dans le Sud, on parlait des Tua. Puis vint un jour le peuple des Ti … Ces grands hommes au corps couvert de tatouages s’établirent dans la région de Ponérihouen, sur la côte orientale de la Grande Terre, et apportèrent ici l’art des pétroglyphes. »
  Aussi étudierons-nous  d’abord les Tuas qui sont des populations noires, puis  les Ti ou Tibawés, ces initiateurs de l’agriculture. Enfin nous examinerons des migrations plus récentes.
I Les migrations anciennes desTuas et des Tibawés.
1) Les Tuas   chassés par l’éruption du Witori en Nouvelle-Bretagne vers 1350 avant J. C. et chassés ensuite du Vanuatu par l’éruption d’Ambrym vers l’époque du Christ .
  G. Païta (op.cit.) appelle  Tuas ces populations noires et de petite taille venues de Tasmanie. Ce sont des veddoïdes, c’est-à-dire qu’ils sont originaires de l’île de Ceylan  qui était appelée Vedda, d’où vient le nom de tuas, de Vduas, qui signifie noirs. Elles parlaient des langues  monda : le mot signifie les personnes (mon) noires (da de dua) et désigne une famille de langues austro asiatiques.  D’où venaient-ils avant l’Inde ? D’Afrique noire vraisemblablement puisque les noirs de l’Inde, Tamuls ou Dravidiens, affirment venir d’un continent au sud de l’Inde et qu’on est tenté de songer  à l’Afrique. A l’appui de cette hypothèse, on trouve sur ce continent des pygmées appelés Tuas au Rwanda et au Burundi et Tua-Tua en proto zoulou. ». Au Congo certaines tribus pygmées sont appelées Wambouti (de tua hpou ti, ti de li signifiant petit) ou M’Buti, ce qui rappelle les noms de  Pouembout (de tua hpou ti aussi) ou de Ouenkout (de tua hpou ti).  Citons encore  leurs escales en Birmanie, où les Karens noirs, Pao ou Pwo ou Taung Thu (thu, de tua  signifiant noir) vivent dans l’Etat des Shans et parlent une langue austro asiatique du groupe semai,  le pao,  apparentée au pwo. Pwo  et Pwe désignent   les langages de certains Karen en Birmanie. Nous les suivons en Thaïlande : ce sont les Mani, de hmong li, petit hmong), puis  aux Philippines et en Malaisie  où on les appelle negritos (Semang, Senoi ou Sakai ). Le mot negrito est philippin et, bien qu’on ait voulu en faire un diminutif de l’espagnol negro, il est proche de Niggurt en Micronésie qui y désigne des esclaves noirs. Il est à rapprocher du nom du fleuve africain le Niger et  du mot Nigeria, qui viennent tous deux de ligur, qui désigne le serpent ou le poulpe. A Malacca, Skeat et Blagden,  cités par B. Heuvelmans, dans Sur la piste des bêtes ignorées, p. 191, tome I, parlent d’ «  une race sauvage dans l’intérieur de Burnam (« Burnam», limite entre les Etats de Perak et de Selangor à Malacca) appelée tuah benuah [ ce qui signifie le pays noir, benuah signifiant en malais la terre, et correspondant à fenua en tahitien, à neva en houaïlou,  à vanu au Vanuatu] par les gens de Selangor ]. Ils transitent par l’Australie et par la Tasmanie, puis par le Vanuatu.
Leurs reliques en Calédonie sont constituées de six langues :
1 le pwa- pwa (de pwo tua), parlé à  Boyen et  près de l’îlot Koniene. A rapprocher du wowo parlé à Epi au Vanuatu  ;
 2 le  pwa mei (de pwo et mei), langue agonisante parlée  près de Voh, et dans la tribu de Ouélis à Hienghène à rapprocher du maëwo (de mei, birman, et de pwo) du Vanuatu  .Voh vient de pwo ;
3 le pwamale, de pwo et mong li, jadis parlé par les  habitants des grottes de la côte est, près de Touho (toponyme venant de tua) et dans les tribus de Tiendanit et de Ouanache à Hienghène. Poindimié   vient de pwo,  et de   du myao, qui signifie  Hmongs noirs. Le nom est un souvenir des premiers occupants tuas, comme les noms de Touho ou Thio ;
4 le bwa too (de pwo tua), langue morte de l’îlot Koniene .  A rapprocher du  valuwa (de hploun  qui donne valu  et de tua) parlé aux Banks du Vanuatu ;
5  labwewe (de a, langage, et  de pwe pwe) ou orowe (de hploun pwe) dans la région de Bourail. Le nom de l’orowe est à rapprocher du lonwolwol (de li  hploun hploun, donnant, par harmonisation vocalique, lowolwol) parlé à Ambrym de l’ouest (Vanuatu).
6  le wa mwang,  de tua hmong, langue morte de la région de Voh. A rapprocher  d’une langue parlée à Epi au Vanuatu, le bonkovia, avec bonk pour hmong  et de ovia  pour twa. A rapprocher du nom et de la langue parlée à l’île Goro dans l’archipel Bismarck (Papouasie-Nouvelle-Guinée).  Poya vient de Hpou kaya. Kaya ou Keye est un nom des Karens noirs. La hache de Poya , si singulière, atteste de leur passage par l’Australie et par la tasmanie.
 Le nom de Ploum, de hploun, où l’on on  a  découvert d’antiques  poteries à anse très différentes des poteries lapita,  vient du nom de ces  Karens noirs  de Birmanie qui, dans leur langue, se nomment  Hploun Hpou. Hpou est un mot karen  signifiant homme.
Les Tuas ont laissé des traces   dans le sud de la Grande Terre, où P. Avias voyait, à Goro un des rares  endroits de présence négroïde en Calédonie. Ainsi,  Touaourou vient de tua ligoro et signifie la Déesse poulpe géant  des Tuas ; de même, Goro  et Oro à l’île des Pins viennent de (li) goro, désignant le poulpe géant ou le serpent. Le nom de  Naïa  près de Païta, où l’on a découvert des poteries, vient de Kaiah, le nom que se donnaient les Karens noirs de Birmanie, appartenant au même groupe linguistique que les  Abwéwé de la région de Bourail ; la Néra, à Bourail, doublet dialectal de Naïa, offre également  un gisement de poteries tuas, comme celui de Ploum.   Le nom de la  Tontouta vient de too pota et signifie la rivière tua. 
 Le nom du col de Mouirange renvoie, à cause de la forme des collines qui, près de l’ancienne carrière du col, sont coudées,  au nom du boomerang (celui-ci , en Nouvelle- Galles du Sud,se dit  wo- mour-rang). 

  Le boomerang  des Tuas.
L’emploi du boomerang  dans le Guzerat,  dans le sud-est de l’Inde et à Célèbes, atteste du  passage des Tuas , comme le font, aux îles de l’Amirauté,  les pointes de flèches taillées à grands éclats. Les lieux où l’on trouve la  trace indiscutable  de cette arme de jet sont la Tasmanie, la Nouvelle- Galles du Sud,  la Nouvelle-Zélande où les Pakéas en ont  introduit l’usage,  Santo, Maré et Hienghène. Mais l’association du boomerang et de l’Australie est si forte que, par exemple, le musée de Pithiviers, possesseur d’une  collection calédonienne dont un boomerang, a fait disparaître récemment, comme une pièce rapportée, ce boomerang ! Il a fallu les études de la SEHNC, de B. Brou et du P. Dubois, pour tenter de mettre l’accent sur les boomerangs de Maré ou de Hienghène. L’appartenance du boomerang à la culture de l’archipel calédonien est si peu connue qu’un collectionneur averti de mes amis  a commis la même méprise que le musée du Loiret.

2)  Les Tibawe : le stade de l’agriculture sédentaire.
Le nom des Tibawés  est  peut-être à rapprocher de celui des  YaYoi du Japon.   Ceux-ci que nous connaissons par le livre de Madame Habu sur les Djomon (c’est –à-dire les Aïnous) ont domestiqué diverses plantes, dont le prunier  qui a donné son nom au lotissement N’Géa à Nouméa. .  Selon G. Païta, op .cit, p. 28, note : N’Géa  « désigne l’endroit où il y a de nombreux figuiers », arbuste littoral à fruits jaunes comestibles, appelé obubu à Ouvéa–Iai. N’guna  qui a donné son nom à l’île Nguna aux îles Shepherd  vient de l’aïnou mume ou ume, « prunier ». Vers l’époque du Christ, les Yayoi,  acclimatèrent une plante sauvage qui fut la première, assure-t-on, à être cultivée par eux, le Prunus mume, prunier ou abricotier sauvage du Japon. Les omaï (ume à Okinawa  ou myrabalans, mirabelles, petites prunes salées),  si  appréciés des enfants calédoniens, viennent d’un arbre voisin, mais amélioré par une culture millénaire.
Les Yayoi  se seraient métissés en cours de route vers la Calédonie.  On doit rattacher de nombreuses  langues de Calédonie aux Tibawés :   
 1) le nom du  paici, parlé autour de Ponérihouen,  doit être rapproché  du baki (pour pa iki) d’Epi au Vanuatu. C’est  une langue apparentée au palao (pelew) en Micronésie ; elle est parente du palyupalangic ou patengic, parlé en Birmanie, en Thailande et dans le  sud de la Chine .   On peut décomposer le mot  pa-langic en paa -lyanga-ik, -ik étant un suffixe de  langage, paa, de parama, signifiant birman, et lyanga, cf Lindéralic, Hienghène ou Tanghène venant de lyngano et  signifiant le  calmar ou serpent  qu’on retrouve dans  la seconde partie du  nom des langues d’Australie et de Papouasie , paama –yanga ;
2 le xa anacuu,  de la région de Canala, xa  signifiant langue, anacuu ou aracuu venant   de anaukhanasia, du prototype  anayasko azika, radical dégagé par le linguiste Jean Karst et signifiant la tribu fraternelle, avec l’usage d’un suffixe adjectivant -asko . La langue d’une île de Micronésie appelée Ruk ou Truk (la graphir tr notant une consonne cacuminale) et aujourd’hui Chuuk lui  est apparentée.  Canala vient de Kanara,  de arkanala (de araukanasia) signifiant les frères de la tribu comme dans  Guadarcanal aux Salomon ;
4 Le mea (de miao pour hmong) est parlé dans la région de Méchin (de myao chuuk) et dans les régions de Fachin pour Fa chuuk (la rivière chuuuk), de Kouaoua et de  Mebara . Langue ou dialecte proche de la langue précédente, la langue de Canala ;
5 le iaai, langue non polynésienne parlée à Fayawé sur l’île d’Ouvéa et qui passe pour parente de la langue de Hienghène, le aai, et de la langue de Canala, le xa anacuu (voir mon blog sur Ouvéa) ;
6 le fwa aai de Hienghène, de fwa, langage,  parent du nowai (de no, langage, et de wai),  parlé à Tanna. .Ces populations pratiquaient l’art des pétroglyphes et connaissaient le boomerang qu’on réserve à tort aux Tuas;
7 le  yawe (pour bawe), parlé à  Ouayaguette et Ouaième (de baye),  parente d’une langue parlée à Tanna, le (a)vava ou navava (de a ou  na, langage, et de bawé), peut-être parente de la  précédente;
8  le yalayu,  langue de Balade, des îles Belep, de Pam. Le  nom  du yalayu est à mettre en rapport  avec celui du   varsu d’Epi au Vanuatu et plus lointainement,  via la Tasmanie,   avec le palyu (de parama et de lyanga) de Birmanie.  Le yalayu est en effet  une langue austro asiatique hmong, à preuve le mot  qui désigne le  pou  en Belep,  cien, en semai cee’, en bahnari sii, en mundari siku. Ce sont les gens de Balade, nous raconte Baudoux dans L’invasion sournoise,  qui introduisirent à Pouébo les poux, inconnus jusque là (ils étaient très nombreux en Tasmanie),  lors d’un pilou de réconciliation entre les deux peuples de Balade et de Pouebo.
 Le mot désignant le chien à Belep, tavia,  est australien, venant peut-être de wallaby (macropodidé), ainsi nommé en l’honneur du Serpent ; il se retrouve dans le maréen païla, alors  qu’aux Tuamotus, dans une langue tua , chien se dit tout autrement : ngaeke.
Le nom de Parama (birman) Balade vient d’un euphémisme religieux signifiant fuyant pour désigner  le Serpent, balado, -qui se retrouve dans le nom de l’île Balabio, dans Balabom  (aujourd’hui la pointe Mézières en face de l’île de Pam) et dans l ’ancien nom de Pam, Parama (birman,  donnant Pam)  Pouarabom (altération de barabom, le dragon fuyant) . Poum vient de pouarabom balama, altéré en Pouemonala ;   
9 le chamuki, parlé à Touho, est à  rapprocher du piamatsi na parlé à Santo (Vanuatu),  de kamaski, venant lui-même du  prototype  azika anayaski signifiant la tribu  fraternelle ;
10 larhe,  à rapprocher  du Eora de la région de Sydney et du Aoré (de newari, népalais) de Santo au Vanuatu. C’est une langue morte des tribus de  Nekliai ou Nekiriai appartenant, dans le groupe hmong miao, aux langues bunu, le bunu naoklao notamment , où Naoklao  rappelle le nom de la tribu Nekliai de la zone a rhe . L’arhe est une langue she ; 
11 le yuanga ou yuaga, de rakhine, nom d’une langue de Birmanie, ou encore nyua. C’est la langue de Bondé (comme Pombéi, de bau bawé), de Paimboa (même étymologie)  et de la région de Gomen.  A rapprocher du nakahamanga parlé au Vanuatu  à Vaté. Tiabet et le Diahot dérivent de tibawé. Cette langue est à rapprocher des langues de Papouasie, d’Australie (langues  paama-yanga) et des langues amérindiennes yaghan, ces dernières étant quasi mortes : les Yaghan vivaient en Patagonie ;
12 le lelemwa ou lelema, ou nenema  parlé dans le nord à Arama. ; Arama   existe au Japon sous la forme Ara Aama (en ainou, ara, qui signifie   la plage, et  parama, birmane). A rapprocher du lelepa parlé à Vaté. Lelemwa vient de aniwa (de anaukanyia).
 Un dialecte : le fwa nig kouma k,   où fwa signifie langue,  nig représente niw (de aniwa),   kouma-k,  où l’on reconnaît le suffixe de pluriel en –ki (comme dans les Dzouma- k), signifie les montagnes (yoma-ki, cf. le nom du Fuji Yama). Le lieu-dit Le Caillou à Ouégoa s’appelait précédemment Pouemonala  avant d’avoir été rebaptisé de façon moqueuse, par allusion au port du Gros- Caillou, à Paris, sur les bords de la Seine, à cause du chantier de réparation de chalands pour le minerai de cuivre sur  la rive droite du Diahhot.  Le nom de Manghine, la maison à double corne,  garde leur souvenir, comme celui de Ouango près de Voh (même signification).Le mur du  Nord  relevé par Avias  et destiné à déclarer sacré un territoire agricole est  leur œuvre.   Yandé et Tiari viennent de Tibawé;  
13 le ti ri (de anayaski, devenu nisi et signifiant fraternel), parlé à  La Foa anciennement (village du sorcier d’Ataï appelé Ouanaka, cf. Ouanache, près de Fonwhary) au Petit et au Grand Couli aujourd’hui, dont le nom rappelle le biri en Australie ; à rapprocher du bieri parlé à Epi au Vanuatu. Nassirah   ou Nassendou comme Nessadiou (de nasaskiu)   témoignent de leur extension dans le passé ;
14 le tipindjé,  langue mourante parlée dans la haute et la basse Tipindjé, est à rapprocher du tipintjara en Australie (tipitjara ou mindi ou dragon, de ligura) et du nindé parlé à Malekula. Le nom de  Biganda (Puyganda, de liguri, l’enroulé) à Hienhgène désigne également  ce redoutable dragon.  A noter que les noms de pays africains Ouganda et  Ruanda et les sites mégalithiques d’Afrique noire, par exemple, au Zimbabwé, le site de Tambacounda (anaconda, serpent), qui comprend   un monument   circulaire, ou ceux  du Niger, du Togo, du Tchad, de  Sénégambie, de Mauritanie, du Mali, de République Centrafricaine pourraient bien être l’œuvre de cousins des Tibawés.
En Australie existe la légende du mindi, python- diamant pourtant originellement confiné sur la région côtière.  Avant le python- diamant ou plus tard le serpent arc-en-ciel, le mot mindi (de li guri) devait désigner le calmar monstrueux.
Les Pinjés ont d’abord été refoulés par les Hawekes, comme en témoigne le nom de Wé hava (de , rivière, Haweke)  qui détrône l’ancien nom Tipindjé, de ti, rivière, et de Pidjé. . Puis les protestants tuas parlant  pwamei (tribu de Ouélis) et pwamalé (tribus de Tiendanit et de Ouanache) les ont pratiquement fait disparaître à la suite des événements de 1917, alors qu’ils n’y étaient pour rien.


Entre 1452 et 1475 de notre ère, d’une île volcanique  du Vanuatu disparue à la suite d’une éruption et  appelée Kuwaé (altération de Tibawé) entre Epi et Vaté, a lieu une migration vers Païta, Tonghoué et Tonghouen (même mot), lieux qui doivent leur nom au village de Panita  et à l’île  de Tongoa  où est situé ce village au Vanuatu,  p .140, 165, » (J. Garanger, 1976, Tradition orale et préhistoire en Océanie », Cahiers de l’O. R. S. T. O. M., Série Sciences Humaines, vol. XIII, n°2, p. 147-161) :
 « Tombuk, un homme originaire de Lopevi (Vanuatu), fut trompé par les gens du village de Kuwaé qui, par jeu et la nuit, le firent coucher à son insu avec sa mère. L’ayant reconnue trop tardivement et désespéré de son acte incestueux, il décide de mourir et d’entraîner  avec lui dans la mort tous ceux qui étaient plus ou moins responsables de sa faute. Il part à Lopevi chez un oncle qui lui donne les moyens de la vengeance sous la forme d’un lézard (serpent), véhicule de puissance des volcans.
« Il revient à Kuwaé, organise une fête qui dure six jours. Chaque jour un porc (homme) est sacrifié et il en attache la vessie, après l’avoir gonflée, aux branches d’un bois de fer [appelé toa en langue tuamotou], Casuarina oligodon.  Sous cet arbre, il avait caché le lézard enfermé entre les deux nœuds d’une tige de  bambou.
« La fin de la fête approchant, il monte dans l’arbre et fait éclater successivement les quatre premières vessies, ce qui cause un tremblement de terre de plus en plus intense. Kuwaè bascule, puis éclate en morceaux en même temps que la cinquième vessie.
« Quand Tombuk fait éclater la sixième vessie, un volcan surgit de terre à l’emplacement du bois de fer sous lequel était caché le lézard.
« Aux premiers signes avant-coureurs du cataclysme, la plupart des chefs s’étaient enfuis dans leur pirogue et avaient regagné Vaté, leur ancien habitat. Le reste de la population périt, sauf un adolescent. Il était occupé à piéger des oiseaux sur la côte de Kuwaè qui n’existe plus, à un point situé  entre l’île de Tongoa et celle de  Tongariki .Il s’abrita à l’intérieur d’un grand et y fut découvert par une jeune femme qui, elle aussi, avait pu échapper au cataclysme. Ce qui restait de Kuwaé n’étant plus qu’un amas de laves et de cendres, ils trouvèrent refuge dans une petite île voisine : Makura, où ils vécurent quelques années. Semet ou Asionget était le nom du jeune homme. Il reçut ensuite les titres de Matanauretong et de Ti Tongoa Liseiriki ; ces noms seraient en rapport avec celui d’une plante, la première qu’il vit repousser sur cette île [Makura]. Ti Tongoa Liseiriki réorganisa la colonisation de ce que nous appelons les îles Shepherd [Tongoa, Nguna,  Emae] ; les chefs qui s’étaient réfugiés à Vate revinrent s’y installer. Six ans s’étaient écoulés, disent certains, depuis la disparition de l’île Kuwaè. A sa mort, le héros fut inhumé près de l’ancien village de Panita à Tongoa, en compagnie de ses femmes et de quelques représentants de sa suite ».
 Il s’agit de la version mythique d’une formidable éruption historique, expliquée comme une crise d’amok commise par un Oedipe canaque.  Platon justifiait de  même l’engloutissement de l’Atlantide par les fautes morales de ses  habitants et par le juste courroux des dieux contre eux. Autre remarque : le nom du village de Païta vient probablement de Panita sur l’île de Tongoa au Vanuatu, .comme ceux de Paouta près de Pouembout et  de Lapita (métathèse de Palita) près de Koné.  De plus, Ouitoé près de Païta vient de wi, le Serpent, et de toa, le bois de fer du mythe précédent, dans lequel est caché le Serpent. .

II Les migrations plus  récentes  
A En provenance de Mélanésie :
Quelles sont les autres migrations  aboutissant en Calédonie?
A Du Vanuatu, 6 langues :
1) De Tanna
Le neku de anayasko, signifiant   (la communauté) fraternelle,  doit être raproché du lenakel (de nayasko) parlé à Tanna. C’est une langue hmong mien quasi morte,  parlée jadis à Moindou et dont les rares ressortissants  habitaient  Moméa (de Hmong myao). et Ouaoué (de Tibawé, attestant de la présence ancienne des Tibawés.).  Le toponyme Moindou atteste d’une présence passée des Tuas et signifie Hmongs noirs (du).
2) De Vaté ou Efate
Le xa-ragure, parlé dans la région de Thio,  doit être rapproché du E-rakor du sud de Vaté ou  Efaté , dont on retrouve le nom en Australie dans le nom d’une tribu et d’une langue Xa signifie langue et ragure  vient de aragunia, Araukhanie, ce dernier venant de azika anaïk, frères de race, membres de la tribu. Bogota (de tua pou ti), non loin de Thio, est la trace d’une occupation tua plus anciene et  se retrouve dans le nom d’une langue du Vanuatu et dans une autre langue de Nouvelle-Irlande, le bughutu, ainsi qu’en Colombie (Santa Fé de Bogotazo) .
Le nom de l’île, Efaté, est à mettre en rapport avec le nom de Yaté en Calédonie (on retrouve le nom de Vaté en Australie) , ce qui qui témoigne d’une occupation ancienne étendue des Tibawés, comme le nom des Dzumak, qui signifie les montagnes (voir à Koumak).
3) D’Erromango
La langue de Houaïlou, l’a jie (a signifiant langue) est à rapprocher du sie d’Erromango au Vanuatu. Elle fait partie d’un groupe de langues mon-khmer dites she parlées en Malaisie par des populations dont la  langue est appelée   le kensieu, le kensiu ou le kensiw (de kanasia, de (i) kan métathèse de anaik, au sens de frère, et  azika, au sens de tribu, c’est-à-dire les  frères de la  tribu).
4) Des Banks (Gava)
Le nemi parlé à Hienghène doit être rapproché du nume parlé à Gava (de garva, karen). Le nemi est apparenté au chon amérindien et à certains dialectes australiens. Ainsi, le mot chanem qui signifie excrément en Hienghène et correspond à bomaign (de gonaym) en langue de Balade et à boné en langue de Maré , se retrouve dans le chon ganum, le kechua huanu (d’où vient notre mot guano) et dans l’australien guna, gunong, ganing.
5) De Pentecôte
1) L’arha de la région de Poya est apparenté au saa (de sarha, langue she) parlé dans cette île Pentecôte  et son nom vient  de anayasko , (la communauté) fraternelle.
2) Le siche, zire ou nerë,  langue morte parlée autrefois dans la zone littorale de Bourail, aujourd’hui à Moméa et à Gouaro (mot qui désigne le sang et se retrouve dans le Chon d’Amérique du sud sous les formes wuar et hwarr, en australien sous les formes guara et gwaro (Rivet, Les origines de l’homme américain , p.94, à l’île de Pâques sous la forme gouaro, (voir mon blog sur l’île de Pâques) est à rapprocher du seke ou ske parlé à Pentecôte. C’est une langue she, dont le nom vient du finale de a-nayasko, frère, avec suffixe adjectivant –sko.
B des Salomon (Ticopia etUtupua), vers 1700 : le sud de la Calédonie et l’île des Pins, parlant le kaponé.
L’île de Ticopia aux Salomons avait au départ la même forme que celle d’Ouvéa, celle d’un demi-cercle, appelé tutupia par allusion à un rite d’initiation : la demi- circoncision, d’où  les noms d’Utupua, de Tticopia et d’Ouvéa. Mais au début du XVIII è siècle, selon une tradition rapportée par P. Kirch et Douglas  et confirmée par des preuves archéologiques, l’ancienne grande baie d’eau  salée de Ticopia se transforma en ce qui est aujourd’hui le lac saumâtre de l’île, après qu’un banc de sable en eut fermé l’entrée. Ce phénomène eut pour résultat la disparition des bancs de coquillages qui avaient auparavant  proliféré aux abords de l’étang et une sévère diminution de sa population piscicole. Il s’ensuivit une famine et une guerre : le clan Nga Faea et d’autres préférèrent prendre la mer et gagner d‘autres terres, pour certains Santo (Tutuba, de  Utupua), enfin le sud de la Nouvelle-Calédonie.
Entre 1452 et 1475 de notre ère,cette  île volcanique  du Vanuatu, Kuwaé,  située  entre Epi et Vaté, disparaît  à la suite d’une éruption ,entraînant une migration  vers Païta, Tonghoué et Tonghouen (c’est le même mot), lieux qui doivent leur nom respectivement au village de Panita  et à l’île  de Tongoa  où est situé ce village de Panita  au Vanuatu,  p .140, 165 (J. Garanger, 1976, Tradition orale et préhistoire en Océanie », Cahiers de l’O. R. S. T. O. M., Série Sciences Humaines, vol. XIII, n°2, p. 147-161) :
 « Tombuk, un homme originaire de Lopevi (Vanuatu), fut trompé par les gens du village de Kuwaé qui, par jeu et la nuit, le firent coucher à son insu avec sa mère. L’ayant reconnue trop tardivement et désespéré de son acte incestueux, il décide de mourir et d’entraîner  avec lui dans la mort tous ceux qui étaient plus ou moins responsables de sa faute. Il part à Lopevi chez un oncle qui lui donne les moyens de la vengeance sous la forme d’un lézard [serpent], véhicule de puissance des volcans.
« Il revient à Kuwaé, organise une fête qui dure six jours. Chaque jour un porc  est sacrifié et il en attache la vessie, après l’avoir gonflée, aux branches d’un bois de fer [appelé toa en langue tuamotou], Casuarina oligodon.  Sous cet arbre, il avait caché le lézard enfermé entre les deux nœuds d’une tige de  bambou.
« La fin de la fête approchant, il monte dans l’arbre et fait éclater successivement les quatre premières vessies, ce qui cause un tremblement de terre de plus en plus intense. Kuwaè bascule, puis éclate en morceaux en même temps que la cinquième vessie.
« Quand Tombuk fait éclater la sixième vessie, un volcan surgit de terre à l’emplacement du bois de fer sous lequel était caché le lézard.
« Aux premiers signes avant-coureurs du cataclysme, la plupart des chefs s’étaient enfuis dans leur pirogue et avaient regagné Vaté, leur ancien habitat. Le reste de la population périt, sauf un adolescent. Il était occupé à piéger des oiseaux sur la côte de Kuwaè qui n’existe plus, à un point situé  entre l’île de Tongoa et celle de  Tongariki .Il s’abrita à l’intérieur d’un grand tambour et y fut découvert par une jeune femme qui, elle aussi, avait pu échapper au cataclysme. Ce qui restait de Kuwaé n’étant plus qu’un amas de laves et de cendres, ils trouvèrent refuge dans une petite île voisine : Makura, où ils vécurent quelques années. Semet ou Asionget était le nom du jeune homme. Il reçut ensuite les titres de Matanauretong et de Ti Tongoa Liseiriki ; ces noms seraient en rapport avec celui d’une plante, la première qu’il vit repousser sur cette île [Makura]. Ti Tongoa Liseiriki réorganisa la colonisation de ce que nous appelons les îles Shepherd [Tongoa, Nguna,  Emae] ; les chefs qui s’étaient réfugiés à Vate revinrent s’y installer. Six ans s’étaient écoulés, disent certains, depuis la disparition de l’île Kuwaè. A sa mort, le héros fut inhumé près de l’ancien village de Panita à Tongoa, en compagnie de ses femmes et de quelques représentants de sa suite ».
 Il s’agit de la version mythique d’une formidable éruption historique, expliquée comme une crise d’amok commise par un Oedipe canaque.  Platon justifiait de  même l’engloutissement de l’Atlantide par les fautes morales de ses  habitants et par le juste courroux des dieux contre eux. Autre remarque : le nom du village de Païta vient probablement de Panita sur l’île de Tongoa au Vanuatu, comme ceux de Paouta près de Pouembout.  De plus, Ouitoé près de Païta vient de wi, le Serpent, et de toa, le bois de fer du mythe précédent, dans lequel est caché le Serpent.
  Le nom de la  langue actuelle du sud et de l’île des Pins, le kapone, vient du nom de la langue d’Utupua, appelée  lavono,  qui lui-même vient d’ Alavano, nom de l’Araukhanie en Birmanie,  à mettre en rapport avec  le nom  des îles voisines, vano alavana. Dans  vano alavana on distingue, outre  vano, pays, le nom d’Araukania, savoir alovana. De même, aux Fidji, à l’ouest de Vanua Levu, on a une langue, le gone (de kavone, cf. lavone), dont le nom se  rapproche du kapone,  ainsi que  le ba-navosa (de ba, langue, et lavona) .
Le kaponé se divise en 4 dialectes : 1 le naa dubea ou langue (naa) de la presqu’île  (parlée à PaÏta et par les clans exilés à Ounia  par le chef haveke  Kamba  ),
2 le naa numéé (même sens) à  Yaté, Ounia, Goro et Touaourou ,
3 le naa  wee à l’île Ouen,
4  le naa kuenyii à l’île des Pins. Nouméa, Dumbéa et Nimbo sont le même mot nou, île, suivi d’une négation,  mia (presqu’île).
 Dans le sud il y avait avant eux les Djomons, ensuite  les Tuas (Touaourou, Goro), enfin les Tibawe (pétroglyphes et tarodières  de Païta). La conquête par  les Avekes, sans conséquence linguistique notable, a peu modifié l’aspect de la région sauf en déplaçant certains clans indigènes de Païta à Ounia.
B Les conquérants venant de Papouasie avec escale à Manikula et à Avokh.
 Les témoignages du chef Koudjima en 1898 et de Gabriel Païta sur la migration des Haveke depuis la Papouasie et leurs conquêtes  à Ouvéa et en Calédonie.
a)La déclaration du chef des Pouebo, Koudjima
Nous avons la bonne fortune d’avoir l’histoire de la migration de son peuple racontée par le chef Koudjima lui-même, grâce à Jules Durand qui a recueilli en 1898 ses déclarations  dans Chez les Ouébias (1908,republié par G. Coquilhat sur le net dans Approche pour une lecture des pétroglyphes néo-calédoniens) :
 « Nous étions loin, bien loin d’ici, là-bas où le soleil se couche dans notre patrie lointaine, Ahaké [aujourd’hui Koké (de Kawaké) en Nouvelle-Guinée –Papouasie],  avec beaucoup, avec beaucoup de Canaques en train de construire des pirogues, lorsque le fils du chef qui jouait parmi nous fut victime d’un déplorable accident : une des haches de pierre que tenait un travailleur frappa malheureusement l’enfant qui fut tué.»
Par crainte de la vengeance  du chef ils décident de s’enfuir à bord des pirogues. Le chef  prophétise : 
« Vous ne trouverez de terres que loin, très loin d’ici, du côté où le soleil se lève, où vont les courants et la brise. Et retenez mes paroles, car vous rencontrerez  beaucoup d’écueils, des flots dangereux et stériles : ne vous arrêtez pas là ! Mais lorsque, après avoir longtemps voyagé, vous serez à bout de vos vivres, vous découvrirez une première île [au Vanuatu, près de  Manikula , la petite île Avokh où l’on reconnaît le nom de la langue calédonienne des Pouébos ,   l’aveké ], ne vous arrêtez pas là…
« Vous en verrez une autre plus grande [132 Km²], avec des cocotiers [Ouvéa, anciennement Ahaké ou Ouvake, de Awake, paronyme du nom polynésien Ouvéa], ne vous arrêtez pas là.
« Puis une troisième [la Nouvelle-Calédonie], hérissée de récifs, en face [d’ Ouvéa], ayant de hautes montagnes ;  débarquez-y votre malade [à l’îlot Poudioué :il s’agit du souvenir déformé du premier enterrement d’un blanc, le 6 mai 1793, 3 jours avant le départ des deux bâtiments l’Espérance et la Recherche,   de nuit et avec toutes sortes de précautions, ce qui marqua fortement l’imagination de tous les Mélanésiens comme le montre la rumeur dont M.Wabealo s’est fait l’écho sur un homme blanc venu  très anciennement sur un bateau ,   enterré à Koniene et dont le cyclone de 1992 aurait fait reparaître les restes . ll s’agit en réalité du commandant de l’Espérance,  Huon de Kermadec, de l’expédition d’Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse] et visitez la côte (est] car elle sera habitée (par les gens de Balade ). Quand les poissons sauteront sur l’eau autour des pirogues [prophétie étymologique qui joue avec le  nom voisin des Ohao et  le nom du waho, thon- banane, Acanthocybium solandri, gros poisson de plus de 2 mètres], arrêtez-vous là [près de Pouébo, forme anciennement attestée Pweo, de  Weo, de Ohao].
« C’est ainsi que nous arrivâmes dans des parages peuplés de guerriers [les gens de Balade], lesquels avaient remplacé déjà des naturels  ne sachant pas construire des cases et vivant dans des trous [les Tuas qui donnent leur nom  à Touho, de toua,  et à Poindimié et occupent la région des Poyes, où mon ami le chef Néa Kyolet Galet me montra les grottes secrètes où ses hommes et lui se réfugièrent lors des troubles de 1917 : c’étaient ces « trous » dont parle Koudjima).
 « Il y eut de grandes guerres au commencement [entre gens de Balade qui s’étendaient bien au-delà de  Pouebo et gens nouvellement arrivés], dans l’endroit où l’on avait débarqué le malade [Huon de Kermadec à Pouébo et l’îlot Poudioué] et, victorieux, nous nous sommes,  par la suite des temps,  fondus avec les autres et répandus de toutes parts sur la terre d’Ohao». Soulignons que le chef de Pouébo utilise en 1898 la forme Ohao qui  , correspond  bien à waho, avec une autre graphie, et qui reprend le nom de Pweho ou Waho [Pouébo].
b) L’expansion, conquérante des Kamba -Wassio selon un de leurs descendants, G. Païta.
  G. Païta a brièvement évoqué les conquêtes de ce peuple martial qui fut le seul à tenter d’unifier par voie de conquête la Nouvelle-Calédonie et dont il descend par la grande chefferie des Kambwa ou Tchambas- Meindu.   Avec 10 000 guerriers (hyperbole !)   le chef  Poré  conquiert le sud, s’installe vers  la Tontouta, puis à l’île Nou,  conquiert l’île des Pins où le nom de Vao (de wao) rappellerait  ses conquêtes et enfin part  à l’attaque de Maré, où il introduirait le jonc  et le niaouli, et fonderait Médu (du nom de la chefferie Kamba-Meindu) et  Wabao (de Waho) . Ils fondent Ounia  auquel ils donnent le nom d’une île de l’archipel Bismarck qui fut leur escale au cours de leur trajet. Sur trois générations, dit G. Paita, soit en 60 ans, les Kambas- Wassio donnent naissance à 400 personnes, ce qui montre leur fécondité. Poré est le conquérant qui a tenté d’unifier, mais en vain, la Calédonie et les îles. 
  Quelle est la langue de ces conquérants, avec ses nombreuses variations dialectales ? Elle s’appelle le haveke (Oundjo, Gatope, Tieta) et ses dialectes sont au nombre de 5 :1 le hmwa-haveke (Tieta) où hmwa signifie langage , 2  l’haeke (Kone et Baco), 3 le mwen- ebek (mwen signifiant langage, ebek venant de aveke)  ou ca aak (ca signifiant parler et aak venant de avak) à Pouébo  et à la Conception, 4 le béko (de avéko), parlé depuis  Ti waka (de ti, rivière et waka, la rivière des Havekés ) jusqu’à Tié (de ti et de bawé  ) ; 5) le tié en zone camuki parlé aux Poyes et à Touho .
C’est dans  la vallée de la  Faténaoué (de fa, rivière, tena pour vena, pays, aoué pour awek) que se trouvaient les  célèbres momies faites par les hwaekés comme  dans leur patrie d’origine, à Koke en Papouasie. Ils avaient aussi  laissé des momies près de Ouégoa à la Roche Mauprat ou plus exactement au second sommet des Roches Mauprat , qu’on peut appeler la Tour Cazeau : leur nom venait d’une allusion au roman de George Sand, Mauprat, où le sorcier de la tour Cazeau, un meneur de loups berrichon, terrorise les rares passants, épouvantés à l’idée  d’encourir le mauvais sort, que  peut jeter le sorcier  gardien de ces momies taboues. 
  Linguistes et généticiens remontent même bien plus haut que la Papouasie, à Formose (appelée Taïwan par les Chinois et Païwan par les indigènes) et en Birmanie, dans la province d’Araukhanie (Cf. le mot ouragan, hurricane en anglais emprunté à une langue caraïbe pour désigner un  dieu, spécialisé ensuite dans les manifestations violentes de la Nature). Païwan vient de abaukania qui donne baikwan. Païwan donne à son tour Haikaïwi, puis par métathèse Hawaïki ou Kawake.

 Les Papouas ont gardé le k initial à la différence des Polynésiens chez lesquels  il a été remplacé par un coup de glotte noté h et, pour désigner Formose,  ils se servent   du mot Kavake  avec le k conservé. D’Araukhanie en Birmanie nous pouvons les suivre  en Papouasie-Nouvelle-Guinée à Koké (de kaveke) où, comme nous avons pu le voir dans une émission télévisée de 2011 faite par une archéologue allemande,  leurs cousins continuent aujourd’hui à fabriquer des momies comme jadis sur les bords de la  Faténaoué. A partir des formes évoluées  où le coup de glotte a remplacé le  premier k, savoir Havaike ou Haveke, ils ont baptisé leurs nouveaux  lieux d’installation Avokh au Vanuatu près de Manikula, Sur la Grande Terre, ils se sont plus tard installés près de Pouébo  à Ouvak (où l’on reconnaît sans peine Aveke),  à  Ouvanou (Opao-vanou, la terre d’Opao) et à  Pouébo, de Pweo,   toutes formes attestées.

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