LE SECRET DES LIGNES NAZCA EN AMERIQUE
DU SUD, en réponse à une émission
télévisée.
La vraie signification
de ces « lignes »: ce sont des sillons
destinés à l’agriculture lithique telle
que la pratiquaient les Amérindiens et qu’on retrouve à Malte. Voir mes blogs Les
menhirs et la naissance de l’agriculture
en Beauce, Les sanctuaires gaulois de Lanneray, Les prétendus –« polissoirs »,
La louve fondatrice de Romeet le sillon de Romulus.
Question liminaire : Qu’est-ce qu’un mulch ? C’est habituellement un
paillis, une couche protectrice faite de
chaume , d’éteules et de déchets de moissons laissés à la surface du sol pour
le protéger avant et pendant la mise en culture ; mais, avec l’épithète lithique, le mulch lithique consiste en une masse de petites pierres sombres, accumulées sur de
grandes longueurs. Les sillons des Naxa
consistent ainsi dans des pierres qui, rejetées d’un (ou parfois des deux ) côtés du fossé, constituent un
mulch lithique sombre et le véritable « sillon » où planter, la
ligne blanche, ici gypseuse, n’étant
que le résidu de l’opération. Les Naxas réalisaient leurs dessins, selon
le Net qui reflète la théorie traditionnelle, « en déblayant les
pierres sombres, brûlées par le soleil , et en les empilant de chaque côté des
lignes pour faire apparaître par contraste la terre plus claire riche en gypse
en dessous, ce qui explique que le promeneur distingue des sillons bordés de
pierres de chaque côté le plus souvent ».
Jared Diamond, dans Effondrement ou Comment les sociétés décident de leur disparition ou de
leur survie, Gallimard, Paris, 2005, p.
132, décrit ,à propos de l’île de Pâques au climat très sec et venteux, où
se pratiquait aussi cette agriculture lithique, ces méthodes préhistoriques de culture utilisant
des mulchs lithiques si surprenantes pour nous , mais adaptées au climat
et au sol:
« les zones
d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en
surface à proximité les unes des autres , afin
que les cultures puissent pousser entre les pierres ; d’autres vastes
zones furent modifiées par ce qu’on appelle des « mulchs lithiques », c’est-à-dire que l’on ajoutait au sol des pierres sur une profondeur d’environ trente
centimètres qui étaient, soit prélevées sur des affleurements rocheux
environnants , soit obtenues en creusant jusqu’au substratum rocheux pour
briser les roches qui le composaient. …Dans les fermes du nord-est des
Etats-Unis, où je passais l’été lorsque j’étais enfant, les agriculteurs se donnaient beaucoup de mal
pour évacuer les pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée
d’y apporter délibérément des pierres .On retrouve […] l’agriculture de mulchs lithiques dans de nombreuses
parties du globe, comme dans le désert
du Néguev en Israël, dans les régions sèches du Pérou, de la Chine, de
l’Italie romaine et en Nouvelle-Zélande maorie. Les pierres rendent le sol
humide en le recouvrant, réduisent
l’évaporation d’eau due au soleil et au vent et empêchent la formation à la
surface du sol d’une croûte dure qui
favorise le ruissellement des eaux de
pluie. Les pierres réduisent les fluctuations diurnes dans la température
du sol en absorbant la chaleur du soleil au cours de la journée et en
l’évacuant pendant la nuit ; elles protègent le sol contre l’érosion car les gouttes de
pluie viennent s’écraser à leur surface ; des pierres sombres sur un sol plus clair réchauffent le sol en
absorbant une plus grande quantité de chaleur solaire ; et elles peuvent
également servir de pilules fertilisantes à diffusion lente, analogues aux
pilules de vitamines à diffusion lente
que certains d’entre nous prennent au petit déjeuner , car elles contiennent des minéraux
indispensables qui pénètrent progressivement dans le sol . Des expériences
modernes effectuées dans le sud-Ouest américain et visant à comprendre pour quoi
les anciens Anasazis (chapitre 4) utilisaient les mulchs lithiques ont révélé
que les mulchs apportaient beaucoup aux
agriculteurs. Un tel traitement des sols
finissait par doubler leur
quantité d’humidité, parvenait à faire baisser les températures maximales des sols au cours de la journée et
à en faire augmenter les températures minimales durant la nuit et permettait
d’obtenir un meilleur rendement pour la totalité des seize espèces végétales
qui étaient cultivées ; le rendement était en moyenne quatre fois
supérieur pour les seize espèces, et cinquante
fois supérieur pour les espèces qui profitèrent au mieux des mulchs. Les
avantages de cette méthode étaient donc considérables. »
Toutes ces réalisations demandaient un travail gigantesque et nécessitaient le
déplacement de millions de tonnes de pierres.
Bibliographie donnée par J Diamond , op. cit., p 820 :
« Parmi
les écrits de Christopher Stevenson sur l’agriculture intensive et sur les
mulchs lithiques, citons : Archaelogical
Investigations on Easter island, MaugaTari : an upland Agriculture complex
(Los Ososq, Calif. : Easter Island Foundation 1995) ; avec Joan
Wozniak et Sonia Haoa « Prehistoric agriculture production on Easter
Island (Rapa Nui), chile » (Antiquity
73 :801-812(1999), »etc .
« Dale
Lightfoot, dans « Morphology and Ecology of lithic-mulch agriculture “(Geographical Review 84:172-185(1994), et
Carleton White et alii, dans “Water conservation through
an Anasazi gardening technique” (New Mexico Journal of Science 38: 251-278
(1998)), expliquent comment on se
servait des mulchs lithiques dans d’autres régions du monde.
Trois pictogrammes dessinés par
certains sillons naxas éclaircis par référence
à la langue ibère (voir mon blog
sur les menhirs et la naissa,nce de
l’agriculture en Beauce pour l’élucidation par le tokharien des pictogrammes
des temples de Gobek-li datant de dix mille ans) .
1Le motif
de l’araignée venimeuse,cf. le
mot grec phalanx en grec,qui signifie araignée mais
aussi rangée de plantes toute droite. Le
pictogramme dessiné par certains sillons
désigne un sillon droit, par
opposition aux sillons qui, épousant les formes du relief, forment des motifs divers ;
2 Le motif
de la baleine,surprenant pour des terriens : en grec, la ba leine se dit to kètos,génitif kètous, de ketes-, mot d’origine ibère, tandis que le maïs se dit en ibère et dans
la langue disparue des Naxas, kedes. A
Maré , une des Loyauté près de la Nouvelle-Calédonie,
le mot kédé, désigne le maïs. « Le
maïs , écrit le père M. -J. Dubois dans Gens
de Maré,1981, p. 141, est appelé à
Maré « kedre » ou « wa-kedr ». Il a reçu le nom d’une
plante maréenne lui ressemblant, en
petit. Son épi est « anga-kedr »
et il est consommé grillé, bouilli ou avec du lait de coco. » Le [ dr ] du Père Dubois note une cacuminale
et recouvre un [d ]: par conséquent , le nom ibère du maïs était, selon moi,kèdes. Wa- est un préfixe caractérisant
une plante, non plus sauvage comme la plante indigène voisine d ‘apparence, mais domestique, introduite par Lapérouse en
1788 et par son botaniste Collignon. (voir mes blogs sur le peuplement de Lifou
et de Maré et sur Lapérouse,le découvreur véritable des Loyauté). Le
pictogramme indique la destination du sillon : la culture du maïs ;
3 le motif
du calmar géant avec deux yeux énormes, de
couleur pourpre, Architeuthis dux, en
aïnou la déesse Akkoro,voir mon blog sur le serpent de mer et les flèches canaques cf. dans les
langues amérindiennes le paronyme toro , tubercule souterrain en général, ici pommes de terre ,polynésien toro, mélanésien taro. Le pictogramme indique
que le sillon était destiné à la culture des patates.
La datation de ces géoglyphes : entre 200 et 600 ap.
J. –C. et le climat de l’époque.
On a trouvé
des escargots sous le sable du désert actuel des Naxas qui s’étend au pied de la Cordillère des
Andes, au sud du Pérou. La présence de ces gastéropodes prouve que les lieux
étaient suffisamment humides pour les abriter et que le courant chaud si mal
connu appelé El Niño a modifié le
climat et que c’est lui qui a désertifié
la région. Ce courant chaud annonce la saison
des pluies et apparaît aujourd’hui vers
le 25 décembre, de là son nom qui désigne la Nativité du Christ (la saison dure
jusqu’en avril).Un signe de
l’apparition du El Niño était le
pullulement de coquillages bivalves rouges, jaunes ou violets, hérissés
d’épines, les Spondylus regius. Chez les Incas, le
spondyle royal de
couleur pourpre était très apprécié et même sacré, comme chez les Naxas qui
sont des pré- incas.
Les populations en cause et leur lointaine origine.
Il nous
faut relire Les origines de l’homme
américain de Paul Rivet et songer à
cette race blanche ancienne qu’il appelle les Océaniens, venue peut-être par le
pôle sud en suivant le courant chaud El Niño. Voir aussi mes blogs sur l’île de Pâques et sur la formation des races en Amérique. Ceux-ci
avaient fait une escale en Australie où nous trouvons le plus grand géoglyphe
connu, appelé l’homme de Marree, mais qui représentait surtout un oiseau
picoreur des sillons, peut-être une sorte de caille. A noter que les déesses représentées
sur les géoglyphes sont d’origine marine, alors que les Naxas habitent un
plateau à l’intérieur des terres : le calmar géant aux yeux énormes, l’épaulard ou requin, un
camélidé disparu, la baleine, qui est le souvenir des mers froides qu’ils ont
traversées .
Examinons
maintenant où existent dans le monde des géoglyphes analogues à ces
géoglyphes américains qui sont loin d’être isolés : à Malte, au large de la
Sicile sous l’eau, en Australie, au Kazakhstan et même en France
et en Europe dite celtique (ibère ou ouigour selon moi, comme la Bohême).
1 Malte et le large de la
Sicile : les Carl Rut.
Le géoglyphe
maltais des carl rut, mots qui signifie sillon pour grains d’orge,
s’analyse en : carl , grain d’orge , de kardha, en grec kritha , en latin hordeum , en gaulois ksordheon
(français escourgeon ou orge d’automne)
en allemand Gerstenkorn, du vieux
haut allemand gersta , de kwr, grain, et de dhea, orge, grec homérique dzeai, épeautre , à rapprocher du sanskrit yavah, orge ; et rut, de luk , sillon, parent de la
racine we/olk , gonfler, qui donne en
latin ulcus, sillon, Les carl rut sont à Malte des sillons parallèles de plusieurs kilomètres. A
noter qu’on trouve aussi ces mêmes profonds
sillons dans l’îlot englouti au large de la Sicile,datant de -8000, la Pantellaria
vecchia. . On voit d’ailleurs sur
les images du Net des taches blanches (est-ce
du gypse , comme chez les Naxas?) près de ces sillons pour orge plus sombres, tant à Malte
que sous l’eau pour la Pantellaria Vecchia.
2 L'homme
de Marree, ou géant de Stuart, est un géoglyphe découvert
le 26 juin 1998. selon le Net, « il
semble décrire un homme aborigène d'Australie, probablement un membre du peuple
Pitjantjatjara, chassant les oiseaux ou
les wallabys à l'aide d'un bâton à lancer. Il est situé sur un plateau à
Finnis Springs, 60 km à l'ouest de la ville de Marree, dans le centre de
l'Australie-Méridionale » L’oiseau est, à mon avis, une sorte de caille,la caille des chaumes australienne, Coturnix pectoralis, voir ci-dessous in fine, oiseau dont le nom, vortice,
signifie qui picore les grains d’orge ou de millet.
Le motif du
pictogramme, la caille, en grec wortug-, de vortiks, est paronyme du nom d’une céréale,
briza, qui en grec désigne le seigle,
et aujourd’hui encore en Thrace et en Macédoine, sous la forme vrisa, une variété de blé ; ou oruza, le riz ;
3 La Nasa a
publié des clichés en 2015 de géoglyphes découverts dans les steppes du nord du
Kazakhstan en Asie centrale, datant du début de l âge du fer en Asie, de –8000, voir les images du Net.
4 On a
trouvé de même en Touraine de très longs
ensembles (plusieurs centaines de mètres en ligne droite) de fossés et
de talus multiples, en nombre variable,
c’est-à-dire de sillons, d’une largeur de 8 à 12 mètres, en particulier
en Forêt d’Amboise (2 endroits), dans la Forêt Bélier (commune de Monnaie) et dans un bois situé à l’ouest du
champ de courses de Chambray. L’auteur de l’article qui les mentionne, Jean
-Mary Couderc , dans « Les enceintes quadrangulaires de Touraine »,
in Actes du 9 è colloque de l’association
française pour l’étude de l ’âge de fer, Châteaudun, 16-19 mai 1985,
Editions Errance, Paris, 1989, p.76 , évoque à leur propos le lacis de
fossés et de talus devant la porte des « fossés de César » (nom
populaire pour des fossés préhistoriques ) à Nouzilly près de Tours et cite son article de
1984 sur le sujet (« Les enceintes en terre de Touraine (II) », Bull.
Soc. Archéol. de Touraine, XL, p. 735-787, 11 figures, 21 photogr.) Parlant
de l’enceinte du Chatelier (commune des Hayes, Loir –et- Cher), il indique que le sillon « qui a fait le
tour de l’enceinte, continue au lieu de
s’arrêter au point de raccordement et forme comme une antenne enserrant le grand talus, puis se subdivise de façon
complexe à proximité du chemin. »
Chaque fois que les archéologues parlent d’antenne, il s’agit du même
phénomène : à l’origine de ces enceintes plus ou moins fermées, il y avait
des sillons droits et on a utilisé par la suite leur tracé pour constituer un
côté de l’enceinte nouvellement créée , enceintes qui sont consacrées
, comme à Lanneray en Eure-et-Loir, aux
divinités agricoles.
.Ajoutons
que le Tchèque J. Waldhauser (in Les Viereckschanzen et les enceintes quadrilatérales en Europe celtique,
p.49) a découvert un four avec des graines de millet incinérées dans l’enclos de Markvartice en Bohème celtique, le pays des émigrés Boïens de
César, vartice signifiant sillon à céréale, souvent
l’orge, ici le millet en langue celtique, comme dans un autre enclos appelé Vazice en Tchéquie (op. cit, p. 45) cf. . Varize
en Eure-et-Loir. En grec, ortux,
attesté par Hésychius avec digamma sous
la forme gortux, comme le vartice
de Bohême, c’est-à-dire wortux,
confirmé par le sanskrit vartakah, le grec ortugia. , ou ôtugia, désigne la caille, c’est-à-dire,
étymologiquement, l’oiseau qui picore les grains d’orge (en indo-européen yew-, orge, donnant en grec ug) des
sillons (vorth). Mark pourrait renvoyer, dans Markvartice
, au four en pierres, mark signifiant
pierre. Voir mon blog Les sanctuaires gaulois de Lanneray
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