LE PEUPLEMENT D’OUVEA , UNE DES LOYAUTE PRES DE LA CALEDONIE .
Ce sont des populations mélanésiennes venant
du Vanutu, de Tanna plus précisément, qui ont peuplé Ouvéa. Leur langage est le
iaai (de yawe), et elle est parente
d’une langue de Tanna, le nw hal ou nw hay (de nw, langage, et de bawe), voir le blog suivant De quelles îles les Canaques sont-ils venus en Calédonie? .
Ils ont constitué le plus gros de la
population de l’île , y ont laissé leur langue et le nom de Fayawé, de fa,
signifiant langue et de yawe , pour le village le plus peuplé .
Le toponyme
Gosanna à Ouvéa est parent du mot australien goana qui désigne un lézard géant de 1, 60 m de long, de la
famille des méiolanidae , et d’un autre mot australien gauarge ( Heuvelmans, Sur la piste des bêtes ignorées, tome
II, p.109) désignant un animal disparu, peut-être un dinosaure). Mais,
plutôt que le lézard australien du même nom, on peut songer à un
crocodile, le Crocodilus porosus, car il existait en Nouvelle-Calédonie comme en
Australie un crocodile en
Nouvelle-Calédonie comme en Australie. Il y a deux espèces de crocodile dans le
Pacifique : le crocodile à double crête (Crocodilus porosus), de près de 10 m de long, qui se retrouve en
Inde et aux îles Fidji, car il est le seul crocodile à circuler en pleine
mer et donc le seul à avoir pu gagner Ouvéa. Un second crocodile (C .Johnstoni) existe
uniquement dans le nord de l’Australie.
Ce n’est qu’à la fin du XVIII e siècle qu’arrivèrent des Salomon les Polynésiens de Saint -Joseph à Ouvéa .
Outre le triangle polynésien
classique entre Hawaiï, la
Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques, il existe au moins 14 outliers ou exclaves
polynésiennes recensés pour le moment.
Ce sont l’arrière-garde des
Polynésiens, restés le plus proche de leurs lieux originels ; citons aux
Salomon l’outlier de Ticopia et dans
l’archipel calédonien Ouvéa (dit
occidental pour le différencier du Ouvea oriental-Wallis de la même façon qu’on distingue le Futuna
dit occidental du Vanuatu du Futuna oriental).
Les linguistes rangent dans un même
sous-groupe linguistique les outliers
du Vanuatu dont Futuna occidental,
Wallis- Ouvéa oriental, Futuna oriental et notre île d’Ouvéa occidentale avec son
langage (faga uvea), parlé à
Saint-Joseph. On doit y adjoindre la langue parlée en Micronésie à Nukuoro et à
Kapingamangi où une émigration eut lieu depuis Vanikoro sous la pression des
Mélanésiens vers 1825 ainsi que les
archipels de Rotuma (Iuea) et de Uiha aux
Tonga, dans l’archipel Ha’apai. .
Grâce
au récit de l’expédition de d’Entrecasteaux en 1793 , on sait que La
Billardière trouva à Balade une planche rabotée et vernissée et qu’un jeune officier ,de La Motte du Portail,
repéra , sur une plage de Balade , un morceau de bois peint en rouge. Ces
débris avaient été récupérés par des Polynésiens sur le lieu du naufrage de
l’expédition de Lapérouse en 1788 à Vanikoro ; certains
restes en bois appartenant aux bâtiments de Lapérouse ont été
emportés à Ticopia
et à Utupua, une colonie ticopienne proche
avec laquelle les Polynésiens de Vanikoro
entretenaient des relations d’intermariage.
Mais Vanikoro, Ticopia et Utupua étaient
exigus et souffraient d’une démographie galopante, si bien que des pirogues
quittèrent une première fois Vanikoro,
Ticopia et Utupua, firent escale à Santo (Tutuba) et Futuna au Vanuatu et se fixèrent à
Wallis et Futuna.
Plus tard, avant 1793, une autre migration quitta Ticopa pour Ouvéa
avec ces reliques européennes qui avaient passé de Vanikoro à Ticopia.
Les Polynésiens d’Ouvéa sont
donc venus de Ticopia aux Salomon, entre 1788 et 1793. Quant au nom d’Ouvéa, il est polynésienet reprend l’ancien nom de
Ticopia, Tutupua va Nikoro, qui signifie l’île en forme de demi-cercle de la Déesse Serpent (de li guri, l’enroulé
devenu nikoro). Le serpent arboricole
en question (Pytho engyralis ) se
retrouve à Lifou, où il a été importé de Nouvelle-Bretagne . Il a la
particularité de se lover en entonnoir pour recueillir l’eau de pluie afin d’y
piéger les oiseaux assoiffés dans ces îles sans rivière. Son nom a souvent, par
métaphore, désigné l’île avec lac central comme l’était Ticopia ou comme l’atoll
d’Ouvéa. Le nom vient ainsi de Utupua, l‘île en forme de demi-cercle.
Aujourd’hui nous devons utiliser la génétique
pour tenter de retracer les migrations polynésiennes. La génétique (The American Journal of Human Genetics
de février 2011), selon les travaux du professeur Martin Richards, de
l’université de Leeds, a analysé l’ADN mitochondrial prélevé chez des milliers
de Polynésiens et conclu à une origine asiatique, Formose (la mythique Hawaiki)
avec un passage par l’Archipel Bismarck, en Papouasie- Nouvelle-Guinée, il y a
six ou huit mille ans. On peut songer aux exclaves restées les plus proches de
la Papouasie, Takuu, Nukumanu, Nuguria, cette dernière étant à 250 kms de la
Nouvelle-Irlande située dans l’archipel Bismarck.
« Hawaiki », selon les tradition polynésiennes, était leur
patrie originelle: c’est Formose, la belle en latin (Formosa), autrement dit Taïwan ou pour les indigènes Païwan (de araukhania devenu abaukania qui donne baikwan).Païwan donne à son tour Haikaïwi, puis par métathèse Hawaïki.
Ils se rendent ensuite aux Philippines à Palawan, puis en Indonésie (à Sulawesi, les Célèbes en
français, où les Tibawe les initient à l’art du tatouage), puis en
Nouvelle-Bretagne où ils se métissent avec les populations qui fabriquaient les
poteries ouatom, les Djomons, et
s’installent à Ticopia avant de
gagner, du moins pour certains d’entre eux, l’archipel calédonien.
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