UN AGENT ANGLAIS D’ORIGINE CORSE SOUS NAPOLEON,
CIPRIANI, DEVENU L’HÔTE DES INVALIDES,
par un Corse de la région de Corte.
Bibliographie :
1. Pour mémoire, non lu et introuvable sauf au
prix de 500€ sur Internet., Georges Rétif de
la Bretonne, Anglais, rendez-nous
le corps de Napoléon ! 1969.
2.. Bruno Roy- Henry,
Napoléon, L‘énigme de l’exhumé de 1840,
2000, ouvrage passionnant.
L identité mystérieuse d’un agent anglais de l’entourage
de Napoléon, Jean-Baptiste François -Marie
Ramolino, dit Cipriani.
Dans son ouvrage sur Napoléon, Une imposture, 1969, le
psychiatre corse Roger Caratini prétend
que Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, les parents de Napoléon,
vivaient en concubinage car ils n’avaient jamais réalisé leur mariage officiellement ;
bien que son ouvrage soit très intéressant et novateur, nous ne partageons pas
son point de vue sur cette question, car la Corse était alors sous le régime
légal de Gênes, et les Bonaparte s’y
sont conformés. L’acte de mariage avait été dressé, le 2 février « 1745 » (coquille manifeste du baron H. Larrey dans Madame Mère, 1892, pour 1764),car en 01745 charles Bonaparte
n’était pas né : il naquit le 27 mars 1746) , par Pierre-François Costa, à
Ajaccio (Madame Mère, du Baron H.
Larrey, 1892) et transmis au père de la mariée mineure de 14 ans, le Comte Jean
–Jérôme Ramolino, avec une note sur la tante de Letitizia qui nous intéresse au
premier chef, car il s’agit de la mère du futur Cipriani : celle-ci portait les mêmes prénoms que sa nièce Maria –Letizia
, si bien qu’on a pu la prendre pour une sœur aînée de la mère de Napoléon ,
née vers 1745 et morte assassinée alors
qu’elle était jeune. C’est en réalité la mère de Napoléon qui reçut les prénoms
de sa tante lors de sa naissance le 24 août 1750.
De Jean –Augustin Ramolino,
lieutenant dans la compagnie corse ducapitaine Rocca, et de Marie-Thérèse Ricci
sont nés 4 fils et 1 fille :jean –Jérôme , marié à Angela –Maria Pietra Santa, noble de Sartène,
grands-parents de Napoléon (celle-ci avait une sœur Antoinette qui épousa un
Benielli dont elle eut une fille Antoinette, devenue en 1774 la femme de
Hyacinthe Arrighi de Casanova, d’où naquit le futur général de division Jean
-Toussaint Arrighi de Casanova, créé duc de Padoue ) ; François- Marie, prêtre, curé archiprêtre d’Ajaccio ;
Bernardin marié à Angela-Marie Seta ,
père du comte André ; Paduo Antonio , marié à M. Levie (dont les
descendants actuels, autorisés à relever le nom). Angela –Maria Seta devenue veuve épouse en secondes noces Joseph Antoine d’Ornano, né le 20
janvier 1738 suivant l’acte original
présenté au conseil supérieur, commissaire de la junte de Guagno par brevet du 2 novembre 1772 (extrait baptistaire admis au
conseil supérieur). Ils auront pour enfants Luc Antoine, comte d’Ornano, major
de l’armée française, qui laisse deux
filles : Claire, , mariée d’abord à Vincent Poli, de Guagno (dont une
fille a épousé Pompée Chiaroni d’Aullène : leurs héritiers possèdent une
partie des archives de cette branche d’Ornano), puis à Charles Folacci et Rosine, mariée à
Pompée Colonna d’Istria ; François –Xavier ; François-Marie, lieutenant-colonel d’infanterie, né en 1781, mort à
Ajaccio le 20 mars 1825 . On verra que le frère aîné de Joseph Antoine, Jean-Baptiste François- Marie d’Ornano, qui fut le parrain représenté de Cipriani, parce qu’il
était absent, et en l’honneur de qui le
futur Cipriani recevra ses prénoms de François- Marie et de Jean-Baptiste, jouera un rôle dans la vie de Cipriani à
Bordeaux lors de l’affaire Louis XVII, voir ci-dessous.
Voilà selon moi,
l’explication du nom Franceschi qu’on
a cru être son patronyme. Comme Napoléon
s’adressait à lui en corse, langue qui ne prononce pas les syllabes finales, en
l’appelant par son prénom Francesch’[o] ,
o en a déduit qu’il s’appelait Franceschi. Précisons que Cipriani parlait mal
le français et s’exprimait en corse, en italien et en anglais.
Nous pouvons compléter ce que
dit de lui Marchand, le valet de Napoléon (savoir , qu’il était corse et non italien et qu’il
avait été élevé dans la famille de Napoléon)
en lui assignant pour lieu de naissance Guagno- les- Bains , pour date
de naissance 1773 ou 1780 et pour mère la tante de Letizia , Maria Letizia
Ramolino, qui
mourut étranglée dans son lit. Il fut recueilli par les Bonaparte à la mort de
celle-ci, à la demande de son père, C. Salicetti. Il aurait donc dû s’appeler Jean-Baptiste François- Marie (
Ramolino , du nom de sa seule mère).
Maintenant, d’où vient le nom de guerre de Cipriani ? Ce n’est ni son
prénom (ce serait Cipriano,celui
qui est originaire de Chypre,par allusion à saint Cyprien, père de l’Eglise
dont,la fête a lieu le 16 septembre et d’ailleurs Cipriani était athée et
anticlérical) , ni , au pluriel, son nom de famille. Il l’aurait choisi à
partir du nom de Louis- Antoine de Cipières, officier de marine et député de
Marseille, propriétaire de l’Hôtel Cipières à Marseille , où Letizia et
lui-même durent se réfugier en fuyant la Corse, en1793.
Christophe Salicetti, agent anglais et père de
Cipriani.
Né en Corse à Saliceto près
de Corte, le 26 août 1757, il étudie à Bastia et il est reçu avocat à Pise. Il
est élu député du tiers Etat pour la
Corse en 1789 et réélu à la Convention .
Il est l’ami de Robespierre, vote la mort du roi et siège avec les Montagnards. Le 30 novembre
1789. il fait voter l’intégration de la Corse au Royaume de France et fait
rappeler Pascal Paoli exilé en Angleterre. Mais la Convention, qui se méfie de
Paoli, l’envoie en Corse pour surveiller ce dernier. En 1793, il doit fuir la
Corse avec Letizia Bonaparte à Marseille à l’Hôtel Cipières dont est
propriétaire un de ses anciens collègues à l’Assemblée nationale, le baron de
Cipières, avec le futur Cipriani qui en
tirera son pseudonyme. Il fait nommer général le capitaine Napoléon Bonaparte,
commandant de l’artillerie à l’armée qui assiège Toulon détenu par les
royalistes. Il aide à la répression de l’agitation royaliste à Marseille. En
janvier 1789, il est nommé à l’armée d’Italie auprès de Napoléon Bonaparte. En octobre
1797, il participe à la reconquête de la Corse et divise l’île en deux
départements. Il est élu député au Conseil des Cinq- Cents. En 1798, il est en
mission à gênes. Napoléon l’envoie représenter la France à Lucques de 1801 à
1802, puis à gênes à nouveau en 1805 : il y fait voter le
rattachement de Gênes et de la Ligurie à La France.
En janvier 1808, alors que ,
à Naples, il est le ministre de la police (renseignements généraux) et de la
guerre du roi de Naples, Joseph Bonaparte,et qu’il est une sorte de vice-roi
pour le compte de l’Empereur, éclate une conspiration montée par le futur Louis
XVII et dirigée parle commandant sicilien dans l’île de Ponza, le prince de
Canosa, avec le soutien des catholiques pontificaux . Ils font exploser la
demeure de Salicetti, mais celui-ci s’en tire, miraculeusement. En octobre1808,
au service de Murat, il lui donne son seul succès militaire, la prise de Capri,
île où sévit déjà le tristement célèbre lieutenant-colonel Hudson Lowe, à la
tête de son Corsican Rangers et chargé d’espionner tout le secteur
italien. Salicetti a préparé le siège de Capri avec son fils Cipriani qu’il a
mis à la tête d’un réseau d’agents secrets corses ; Cipriani contacta au Corsican
Rangers son compatriote Antoine Suzarelli et retourna cet ancien
condisciple de Salicetti à Bastia, ce qui aboutit à la capitulation de Lowe et
de la garnison napolitaine et corse de Capri. Le 20 janvier 1809, Napoléon ordonne
à Salicetti de démissionner du ministère de la guerre et l’envoie à Rome
présider la Commission chargée des ex-territoires pontificaux. En juin 1809, il
revient à Naples qui est menacée par une expédition sicilienne contre Ischia et
Procida. En 1809,le 23 décembre , il est
assassiné par son préfet de police, un
génois Antonio Maghella, agissant pour le compte des Bourbons et des
catholiques pontificaux ;
Napoléon a dit de Salicetti
qu’il admirait et qui avait été son bienfaiteur et celui de toute la famille
Bonaparte : « Salicetti, les jours de danger, valait cent mille
hommes ! »
Il avait épousé la fille de
Jean- Thomas Boerio et de Marie Catherine Arrighi
de Casanova, ces derniers étant des alliés de la famille Bonaparte, ce qui
l’empêcha de reconnaître son fils Cipriani et sa liaison avec sa mère :
celle-ci , qui menaçait le mariage de Salicetti, mourut étranglée dans son lit ,
probablement par un Arrighi de Casanova.
Cipriani,
l’agent double des Anglais et de Napoléon.
Cipriani, vénal et aimant
beaucoup l’argent, préféra conserver un compte à Gênes, largement alimenté par
les Anglais, par Salicetti, et par
Napoléon qui l’appelle « son
espion » sans se rendre compte qu’il est surtout celui des Anglais. Il
met à l’abri sa femme et sa fille chez Madame Mère et son fils chez le cardinal Fesch,-le demi-frère de Letizia.
1 Sous la Révolution, une tentative d’évasion ratée de
Louis XVII ourdie parles Anglais et où
Cipriani joue un rôle méconnu.
Un pseudo-Louis XVII méconnu : le tambour de
Belgiojoso,en 1800 , avant Marengo dans l’armée du général autrichien Mélas, un
blond aux yeux bleus selon Silvio Pellico qui l’a rencontré dans leur prison
commune et qu’on retrouve, selon ses
propres dires , à Bordeaux et à Bastia,
chaperonné par Cipriani.
Nous avons dit dans notre
blog sur le baron de Richemont,
pseudonyme du marquis de Bourbon Conti, qu’il avait deux
tombes : l’une, celle du baron de Richemont, à Gleizé (Rhône), au château de Vaurenard,
chez Madame d’Apchier, datant de 1853,
et l’autre au Père Lachaise datant de 1832-1833 , où
fut enterré , avec l’assentiment
du baron de Richemont, le faux dauphin
en qui croyaient Fouché et Joséphine , ainsi que , peut-être,
le baron de Richemont qui semble
avoir porté beaucoup d’affection à ce demi-frère qui portait le nom de Jean Louis Bourbon
.Il avait été emporté par l’épidémie de choléra qui sévit à Paris à cette
époque. Comme sur Richemont (j’ai oublié dans mon blog de citer parmi les
origines possibles de son pseudonyme le
fait qu’à la mort de Jeanne d’Arc c’est le colonel de Richemont qui reprit le
flambeau contre mes Anglais , comme le baron estimait qu’il le faisait contre
la monarchie de Juillet), on a fait de nombreuses hypothèses sur l’ identité de
ce faux dauphin : il pourrait
avoir été le fils adultérin
(elle en eut au moins trois et, curieusement, le Directoire la contraignit de
les reconnaître) de la femme de lettres
parisienne Fanny de Beauharnais, née
Marie Anne Françoise ou Fanny Mouchard de Chaban (1737-1813), l’épouse
de Claude de Beauharnais, et du propre père
du baron de Richemont, le marquis de Bourbon -Conti, à en juger par les
anagrammes dont sont truffés ses pseudonymes.
Parmi les nombreux autres amants
de Fanny de Beauharnais, il nous faut citer les hébertistes Michel de Cubières
et Mororo, un Corse. Lorsque Jacques René Hébert
sera guillotiné, Fanny de Beauharnais sera inquiétée et devra quitter
précipitamment Paris. De là le nom d’Hébert que prendra le faux dauphin, car Hébert
était un agent royaliste payé par les Anglais, contrairement à ce qu’on croit.
Hébert , qui voulait instituer durant la
minorité de Louis XVII un grand juge , savoir lui-même ou le maire de Paris
Pache, trempa dans un projet d’évasion du dauphin et eut besoin d’un garçon du même âge pour faire
illusion lorsque le dauphin serait exfiltré.
L’enfant qu’on projetait de substituer au dauphin fut vite trouvé : le fils du Prince de Bourbon et
de Fanny de Beauharnais, enfant blond,
aux yeux bleus, du même âge, qui lui ressemblait ce qui s’explique par sa parenté, car c’était
un Bourbon. On invita celui-ci à entrer
dans un cheval de carton que le cocher Genès Ojardias amena du logement de Simon dans la
cour des écuries au Temple pour opérer la substitution et l’y cacher, ceci se passant le 5 janvier 1794. mais l’ordre final de Hébert,
inquiet pour sa propre sécurité, n’arriva pas. On a deux témoignages crédibles de Voisin et de la
veuve Ladrée qui ont aperçu ce cheval de carton. Les témoignages sont cités par
Marina Grey dans Enquête sur la mort de
Louis XVII, Le prince et le savetier, p.108 dans le chapitre intitulé Le cheval de carton. Le déménagement de
Simon, qui avait été révoqué par
Chaumette, a lieu en direction de son nouvel appartement, au-dessus des
écuries, à l’angle ouest de l’Enclos,
près des cuisines, de la caserne et du cloître, aménagés pour des artisans Là attendait le futur tambour de Belgiojoso
destiné à remplacer le dauphin.
Le projet échoua, mais le garçonnet en garda le souvenir.
Vers 1800, Fouché, ministre
de la police, vint trouver Napoléon Bonaparte pour lui apprendre l’affaire dite
du tambour de Belgiojoso. Joséphine
de Beauharnais, bien informée grâce à sa
grand- tante Fanny de Beauharnais et grâce à Madame Campan, d’une famille
créole comme elle, intervient auprès de Fouché pour qu’il protège ce garçonnet
de 14 ans qui avait été condamné pour une peccadille à un traitement cruel,
celui de passer trois fois par les baguettes, et qui, pour tenter d’y échapper,
avait déclaré à son colonel qu’il était
fils de Marie-Antoinette. Le colonel l’envoie à Turin et, en chemin, à
Asti, il est reconnu par un Suisse du château de Versailles, ainsi que par
diverses personnes qui avaient séjourné à la cour de France, notamment, dit-on,
à cause d’une cicatrice au bas de la mâchoire gauche provenant de la morsure
d’un lapin blanc que le Prince élevait. Selon son récit, après être sorti du
temple dans un cheval de carton, il
aurait été élevé par Madame Fanny de Beauharnais et se serait rendu d’abord à
Bordeaux,
Pourquoi Bordeaux ?
Cipriani y avait un allié, François-
Marie Jean-Baptiste d’Ornano, chevalier
de Saint Louis, général de brigade, maréchal de camp et gouverneur de Bayonne
en 1768. Il avait épousé à
Saint-Domingue en premières noces Charlotte Maingart, fille de riches colons de
l’île Maurice. Ses accointances avec les créoles le firent nommer tuteur de
Theresa Cabarrus, la future Madame Tallien , Madame Ouvrard, et princesse de
Chimay. .En secondes noces, il épousa la fille de Jean-Baptiste de Campennes,
marquis d’Amon, gouverneur de Bayonne, et de Marie-Charlotte de Menou, dont il
eut une fille unique, Victoire, mariée au vicomte André- Guy du Hamel, plus tard maire de
Bordeaux. Elle mourut en 1796. François- Marie
Jean-Baptiste d’Ornano était installé à Versailles où la révolution
décida de l’arrêter ; ^prévenu ; il voulut fuir vers Bordeaux, mais il
fut arrêté en chemin au château de Castels
près de Langon en Gironde , en décembre1793. Enfermé au Luxembourg, il
fut guillotiné le 6 juillet 1794, pour avoir entretenu une correspondance avec
les princes étrangers, l’Angleterre en particulier.
De Bordeaux, Cipriani et son protégé se rendirent à Bastia où le jeune adolescent apprit
l’italien, un italien mâtiné de corse. Il prétend qu’il devint garçon limonadier à Bastia.
De Bastia, le faux dauphin gagne l’Italie cherchant à gagner Vienne, mais, dès son arrivée en Italie , il est enrôlé dès
son arrivée en Italie dans un régiment autrichien, juste avant Marengo (14 juin
1800).
Lorsque Cipriani cessera de s’occuper du faux
dauphin, il sera rapidement emprisonné (voir mon blog sur le baron de
Richemont).
2 1815, à l’île d’Elbe, la première grande trahison de
Cipriani : la vraie cause des Cent- Jours et du retour prématuré de
Napoléon à l’instigation de l’Angleterre.
A Gênes , Cipriani avait
fondé une prospère compagnie de navigation spécialisée dans les trajets Gênes-
Porto –Ferrajo Ile d’Elbe et qui ne fut
, bien entendu, jamais arraisonnée par les Anglais, pourtant très actifs en
Méditerranée. Ajoutons que Cipriai a été vu au Congrès de Vienne, où il
attendait les ordres du cabinet anglais. La coalition contre la France et
contre Napoléon y bat alors de l’aile,
n’étant d’accord sur pratiquement rien, en particulier sur le rétablissement
des Bourbons. Le tsar, mécontent, a déjà abandonné les lieux. Tout ceci
inquiète le cabinet anglais qui donne l’ordre à son agent Cipriani de tout
faire pour que napoléon quitte sans attendre son petit royaume de l’île d’Elbe,
afin de cimenter à nouveau devant le danger
une coalition en voie de dislocation. Cipriani apporte à Napoléon, à l’île d’Elbe, les
informations voulues pour que l’empereur précipite son départ. Eût –il attendu
quelques jours d’autres informations plus honnêtes, -même s’il est vain de vouloir
refaire l’histoire, -on est en droit de penser que le sort eût été différent pour
la France et son chef.
3 A Sainte-Hélène, le suicide à l’arsenic de Cipriani, « vie et destin d’un
traître », titre du dernier
chapitre de l’ouvrage cité de B. Roy-Henry.
En 1818, l’empoisonnement de Cipriani à l’arsenic.
Napoléon avait pour Cipriani
une affection qui l’aveuglait. Mais tel n’était pas le cas , dans son
entourage, du général Gourgaud en particulier.
Citons deux incidents. Le
premier est un repas secret de napoléon avec Albine de Montholon, la femme du
général. Or, le marquis de Montchenu, commissaire extraordinaire de Louis
XVIIII à Sainte-Hélène, dont Napoléon disait : « C’est un vieux con,
un général de carrosse qui n’a jamais entendu un coup de fusil»,vint à
l’apprendre et Napoléon le sut à sa grande colère : « Il y adonc des
agents ici ! » s’exclama-t-il. L’indiscrétion venait de Cipriani.
Le deuxième incident est le suivant. Emmanuel Pons de Las Cases
(prononcez kaz) , l’auteur du Mémorial de
Sainte –Hélène,et son fils le jeune Emmanuel Pons qui signait Pons pour se
différencier de son père avaient cousu dans la doublure de la veste de leur domestique deux messages
à acheminer , l’un à Lucien Bonaparte, l’autre à Lady Clavering, une Française émigrée à Londres
chez laquelle le marquis de Las Cases, royaliste émigré à l’époque, avait été
précepteur. Or, marchand nous apprend que l’infortuné domestique fut jeté en prison
sur dénonciation de Cipriani, avec aussi pour conséquence que H. Lowe assigna à résidence à Jamestown les
deux Las Cases avant de les expulser sur le Cap en Afrique pour une quarantaine imposée avant leur retour en Europe. Cipriani avait surnommé Las
Cases le jésuite. Les généraux
Montholon et Bertrand ainsi que son
épouse s’étaient ligués contre lui. Cipriani fut mis au courant par le fils de
Montholon du projet de Las Cases. Dans
ces conditions, il n’y a rien d’étonnant que les Las Cases ne désiraient pas
retourner à Longwood, alors que Lowe leur en offrait la possibilité, car las
Cases se doutait que Napoléon ne le soutiendrait pas contre un compatriote, même s’il leur était redevable d’une grosse somme
qu’il avait été obligé de leur emprunter. Lors de ses descentes en ville, pour
l’approvisionnement, Cipriani en profitait pour livrer des renseignements aux
Anglais. Mais l’alerte avait été chaude pour lui et il dut se faire remplacer
par un domestique anglais pour éviter de
se griller » complètement. Napoléon se plaignit, naïvement , à Montholon,
bien au fait des trahisons de toutes sortes dont l’Empereur était la
victime, que Thomas Reade, l’adjoint de
Lowe, « assurait qu’il savait
tout ce qui se passait chez eux ».
Le 30 octobre 1818,
Gourgaud trouve sa fenêtre forcée et
Tristan, le fils de Montholon, lui révèle que le coup a été fait par Cipriani.
L’ancien aide de camp de Napoléon, ne réussissant pas, lui non plus, à lui ouvrir
les yeux, préfère demander son retour en Europe et fait ses adieux à l’Empereur
le 15 février 1818. Il quitte définitivement Longwood, la résidence de
Napoléon, pour Jamestown, la petite capitale de l’île. Il y dîne avec Balmain,
le commissaire russe , et avec d’autres commissaires alliés, et Gourgaud
obtient des preuves formelles sur l’espionnage dont Cipriani s’est rendu
coupable. Il envoie son valet Fritz remettre à Montholon un rapport accablant
pour le protégé de l’Empereur. Le dimanche 22 février 1818, l’Empereur prend
connaissance de ce rapport de Gourgaud
que Montholon lui a remis et entre dans une violente colère. Il convoque le
traître et lui montre le rapport qui le confond, le traitant de bâtard, de chien qui mord la main de son
maître, d’individu qui n’a pas même pas eu la reconnaissance du ventre. Encore
ne sait-il pas que Cipriani trempe dans le projet anglais de l’empoisonner à
l’arsenic. L’Empereur lui annonce sa décision de le renvoyer en Europe, n’étant
pas libre d’appliquer la seule sentence qui s’impose pour les espions et les
traîtres à leur pays, la mort. Il fera connaître à la famille de Cipriani par le cardinal Fesch les raisons
déshonorantes qui motivent son renvoi.
Le lendemain, lundi 23 février,
Cipriani a pris sa décision. Avec
Piéron, il se rend à Jamestown et, sous prétexte de lutter contre les rats, y
achète de l’arsenic afin de s’empoisonner. Le soir même, écrit Montholon,
« ce pauvre Cipriani servait le dîner de l’Empereur quand il se sentit
pris de si violentes douleurs qu’il lui fut impossible de regagner seul sa
chambre. A peine sorti de la salle à manger, le malheureux se roulait par terre en poussant des cris déchirants. »
Le docteur O’Méara et Noverraz le portent dans son lit et lui apportent toute leur aide. Le docteur Arnott et deux
autres médecins anglais du 66 e régiment, Buxter et Henry, dépêchés en hâte par Lowe qui ne veut
pas perdre son informateur, se joignent au docteur O’ Méara pour tenter de le
sauver .Mais, le vendredi 27 février 1818, Cipriani meurt . Il sera
enterré, non pas dans le lieu qui
abritera la dernière dépouille de Napoléon, mais dans le cimetière qui entoure l’église anglicane, en bordure du
parc de Plantation House. Plus tard, il sera
étrangement impossible de retrouver la tombe qui, en 1827, avait été
vidée de son occupant sur ordre du roi d’Angleterre George IV dans des
conditions que nous allons exposer.
Ce qui a animé Cipriani,
c’est la jalousie du bâtard: son suicide est une sorte d’amok corse, provoqué par l’humiliation insoutenable de voir ses
traîtrises percées à jour, de perdre la face,d’être démasqué. Mais jusque dans
son dernier acte, le suicide à l’arsenic, se glisse une allusion mauvaise à la
fin de Napoléon à laquelle Cipriani a trempé parle même poison.
De quoi est mort Napoléon à Sainte-Hélène le 5 avril
1821(son âge était inscrit dans la date de sa mort, 51 ans, 8 mois, 21
jours !) ?
Bien que le problème ait
donné lieu à de nombreuses polémiques (on a invoqué en particulier un cancer de l’estomac, du pylore plus
précisément), il semble acquis aujourd’hui, grâce aux chercheurs et historiens
américains, que Napoléon a bel et bien été assassiné à l’arsenic , sur ordre des
Anglais, avec la complicité active de Cipriani, de O’Méara,de Montholon et du
médecin anglais Arnott. Il faut lire à ce sujet René Maury , L’assassin de Napoléon, 1994 , et Ben
Weider, Napoléon est-il mort
assassiné ?1999.
Hudson Lowe , le geôlier et
espion de Napoléon, a dit, en 1818, au docteur O’Méara, Irlandais, mais
protestant, que « la vie d’un homme est peu de chose, surtout quand il est
responsable de millions de morts et qu’il pourrait l’être encore », l’incitant
à assassiner l’Empereur .Napoléon lui-même disait de H. Lowe : « je suis sûr que cet
homme-là a reçu l’ordre de me tuer. »
La jalousie de Montholon ,
dont la femme Albine était la maîtresse de Napoléon, aurait été un motif ,
selon certains historiens, de l’assassiner, mais ce motif ne tient pas à mes
yeux , car Albine a eu , à Sainte-Hélène,bien d’autres amants, comme le docteur
O’Méara ou le lieutenant Jackson , qui, par la suite, l’accompagna en Europe et
ne fut pas victime d’ empoisonnement . Ce qu’il y a de certain, -c’est le
journal de Las Cases qui nous l’apprend,
- Montholon possédait à Sainte-Hélène un livre sur l’affaire des Poisons qui exposait
en détail la méthode de la Brinvilliers administrant l’arsenic
avec une trentaine de doses sur plusieurs mois et avec le calomel pour parachever l’œuvre et faire
que les médecins diagnostiquent, comme chez Napoléon, un cancer de l’estomac.
Montholon disposait en 1822 de 50 millions de francs lourds et le
voilà ruiné en 1829. Sa complicité dans l’assassinat tient à l’argent et aux
ordres de l’Angleterre. Maury se demande qui a fait chanter Montholon pour
qu’il se retrouve ainsi ruiné (est-ce Antommarchi qui finira ses jours à
Cuba ?). Dès la fin de 1817, à une époque,où Cipriani ne s’était pas
encore suicidé et jusqu’à la mort de Napoléon en 1821, l’Empereur présentait
tous les symptômes d’un empoisonnement à l’arsenic, avec , naturellement, des périodes
de rémission qui, loin d’infirmer l’hypothèse, la confirment bien au
contraire . C’est une dose massive
de calomel qui, associée à un sirop
d’orgeat, et administrée à Napoléon le 3 mai 1821 à l’instigation du docteur
Arnott, approuvé par Montholon, qui en connaissait les effets grâce au livre
qu’il possédait sur la marquise de
Brinvilliers, mais contre l’avis d’Antommarchi, provoqua une formation
foudroyante et mortelle de cyanure de
mercure.
Une affaire compliquée : celle des masques
mortuaires de Napoléon.
1 La prise d’un masque mortuaire en 1818 par O’Méara
sur le visage de Cipriani et sur ses mains, trois ou quatre jours après son
décès, peut-être le 3 mars 1818.
Le masque mortuaire de Cipriani sera repris par un Corse,
le docteur François Antommarchi après la mort de Napoléon, lorsqu’il était de
retour à Londres. Il l’a alors remanié pour alimenter pour alimenter la légende
impériale. Il nous est présenté aujourd’hui par les historiens comme celui de
Napoléon ! Il est vrai que les visages des deux hommes se ressemblaient.
I Le seul masque mortuaire de Napoléon.
Le masque Burton (1821), seul masque authentique de
Napoléon, qualifié de « Death mask of Napoleon », exposé
aujourd’hui encore à Londres au Royal
United Service Museum.Il porte une inscription anglo-française :
« L’Empereur Napoleone à Saint
–Helena » , Saint -Helena
étant le nom anglais de Sainte-Hélène
(voir p . IV du cahier photographique
du livre cité de B. Roy- Henry). Il a été pris sur le visage mortuaire de Napoléon, mais, comme
il n’a pas été jugé convenable pour la légende napoléonienne, on lui préféra le
masque de Cipriani pris par O’Méara, mais retouché par Antommarchi, ce qui se
prêtait
à merveille au plan anglais
de substitution des cadavres ..
II Les masques de Cipriani.
Le masque en cire Noverraz , 1818 et 1828 (photo, p. XII, cahier photographique, op. cit.) ressemble à tous les masques
dit Antommarchi. Ce ne peut être le masque de Napoléon, car celui-ci avait été
rasé six heures après sa mort, à la différence de Cipriani qui, en 1818,
n’avait pas été rasé, et ce masque en cire contient des éléments pileux ; il a été pris
trois ou quatre jours après la mort de Cipriani par O’Méara, en présence du docteur Arnott.
Le masque Arnott ( 1818) .
Il fut vendu par le docteur
Arnott, qui était présent auprès du lit de mort de Napoléon, 3000 livres
sterling au roi de Wurtemberg. En 1837, son beau-frère, Jérôme Bonaparte , le roi de Westphalie, en devint le propriétaire
et inscrivit : « Arnot
[avec un seul t], mai 1821) ». Napoléon rachète ce masque
4000 livres et l’expose aux Tuileries en
1863, où il est photographié (photo publiée, p . XVI, cahier
photographique, op. Cit. ). Puis le
masque refait surface à Nice où une dame
Pardee en fait don au Musée Masséna. C’est en réalité le visage de Cipriani
pris par le docteur Arnott.
Les masques dit Antommarchi, masques de Cipriani,
fabriqués à Londres en 1827 pour
alimenter la légende impériale.
De la tête de Cipriani moulée par O’Méara en 1818, Antommarchi fait à Londres avec le dessinateur
Rubidge rentré de Sainte-Hélène et avec quelques autres, en 1827, un premier masque de cire qui finira à Cuba où
Antommarchi finit ses jours. Il en fait
une copie en plâtre fin qui lui servira désormais d’ « original » et sera abondamment dupliquée ; ce prétendu
« original » est conservé dans
la chapelle de la Miséricorde à l’île d’Elbe. On en a un double donné par Antommarchi à la ville de la
Nouvelle-Orléans où il a exercé comme médecin. Dans La vie qotidienne en Louisiane,
1815-1830,par Liliane Crété, p. 112 , on peut lire qu’en 1834, les bonapartistes de la
Nouvelle-Orléans accueillirent «
avec joie et émotion » « le médecin particulier de Napoléon, le docteur Antommarchi, qui
devait ouvrir un cabinet rue Royale [à la Nouvelle-Orléans], et offrit à la
ville le masque mortuaire, en bronze [Comme
les légendes vont vite ! Ce devait être, plus modestement, un masque de cire], de
L’Empereur. »
Conclusion : le masque Antommarchi est une
imposture et représente, non pas le visage de Napoléon, , mais le faciès de
Cipriani dûment retouché.
L’affaire des masques mortuaires
dits de Napoléon est certes fort compliquée, mais c’est un détail et cela ne touche que légèrement le point
fort de l’histoire, qui est la
substitution du cadavre de Napoléon et
son remplacement par celui du traître
Cipriani sous l’auguste dôme des Invalides , une mystification qui dure encore , puisque ce monument vient d’être
visité par le Président Trump et son épouse Mélanie.
1840, le
rapatriement des cendres de Napoléon et la substitution de Cipriani à Napoléon par les Anglais.
Le mot cendres au pluriel est
d’emploi noble et désigne, dit le Littré, « les restes des morts », à
une époque où l’incinération donnant de la cendre (en ce sens, selon Littré,
« poudre qui reste après la
combustion du bois et autres matériaux » comme le corps humain)
n’était guère pratiquée.
Napoléon avait dit de façon
prémonitoire au Grand maréchal Bertrand, le 27 mars 1821 : « la seule
chose à craindre, c’est que les Anglais ne veuillent garder mon cadavre et le mettre à Westminster [c’est ce qui fut
effectivement fait]. Mais qu’ on les force à le rendre à la France ; qu’on
le signifie au Prince Régent, de telle manière qu’il ne soit pas tenté de
garder mes cendres ; après m’avoir
assassiné, c’est le moins qu’il rende mes cendres à la France, la seule patrie que j’aie aimé, où je désire être enterré
[ pas la Corse, la terre du traître Cipriani ; pas Sainte-Hélène non plus,
la terre où le traître Cipriani est enterré]. » Le 13 avril, il avait
déclaré : « je viens d’écrire au Prince régent pour lui demander de ne pas garder mes cendres à Londres et de
les renvoyer sur les bords de la seine.
Je lui prédis que s’il me fait un monument ,
John Bull un jour jurera sur ce
monument la destruction de son trône et
la ruine de l’oligarchie .Il verra cela ;ce serait, du reste, un
monument de la honte. »Le 23avril, il apostrophe le docteur Arnott, l’assassin qui prescrira
la dose mortelle de calomel :
« Il ne me reste plus qu’à aller à Londres (à travers son
cadavre ; vivant, Napoléon, prisonnier d’Etat , était déporté, mais mort
son cadavre appartient à la Couronne…Vous
m’avez assassiné. Je suis venu me livrer
à vous de bonne foi, non au Prince régent que je méprise, ni à vos
oligarques : je les connaissais, mais je croyais que le peuple
anglais ne permettrait pas qu’on me
traitât ainsi. Mais votre oligarchie est trop puissante. »
La substitution.
1° Premier acte en 1826 après la fabrication et la
vulgarisation d’un masque mortuaire frauduleux, celui de Cipriani, donné comme
celui de Napoléon, : le retour surprenant du docteur O’Méara , qui avait
moulé le masque sur le visage de Cipriani et assisté à son enterrement, donc
connaissait l’emplacement de sa tombe, à Sainte-Hélène .
En 1826, le cabinet
anglais chargea le docteur O’Méara de retourner à Sainte-Hélène
pour faire l’autopsie du cadavre de Cipriani, quelque neuf ans après son
inhumation , et pour préparer les cadavres
en vue de la substitution de Cipriani à Napoléon en habillant Cipriani comme l’Empereur et en transférant son corps
dans la tombe de Napoléon, tandis que le corps de Napoléon était provisoirement
remisé près des anciennes écuries . Au cours de l’autopsie de Napoléon,
l’intestin qui était sain fut laissé en
place. Mais , pour Cipriani,
O’Méara retira un bout d’intestin
grêle qui présentait une grosse perforation due à la dose massive d’arsenic ingéré et le rapporta à Londres, où il le
remit au Collège Royal des Chirurgiens d’Angleterre,sous la rubrique
mensongère : « Incipiunt fungus
in the glands of intestins of Napoleon », , c’est- à dire les
champignons commencent à apparaître dans
les viscères de Napoléon,Il faut rapprocher cette inscription latino- anglaise
de l’aveu d’O’Méara à Sir Ashley Cowper : « le fragment d’intestin
n’avait pas la provenance qu’on lui assignait » ( c’est -à - dire
qu’il ne provenait pas de l’intestin de Napoléon, mais de celui de
Cipriani) ; ce prélèvement d’intestin perforé avait pour but de faire
disparaître toute trace d’empoisonnement arsenical de Napoléon par les Anglais
au cas où les Français voudraient pratiquer une nouvelle autopsie du cadavre
qu’on leur donnerait comme celui de Napoléon. Il fut prescrit par le cabinet que ce fragment accusateur ne
pourrait pas être montré avant cent ans et seuls les présidents successifs du collège
de chirurgiens purent le voir. En 1927, Sir Berkeley Moynihan, nouveau
président du collège britannique, le montre au professeur Leriche au cours
d’une réception officielle destinée aux médecins étrangers.
2 L’escale intrigante de Lowe à Sainte-Hélène en 1827,
ou l’assassin revient toujours sur les lieux de son crime.
Après Sainte-Hélène, Lowe fut
nommé en 1825 pour commander les troupes à Ceylan. Il fut rappelé en cours de mission par George
IV pour se rendre à Sainte-Hélène, où
son service consisterait à rapporter en Angleterre le corbillard qui avait servi pour
l’enterrement de Napoléon, avec, à l’intérieur,
le corps de Napoléon , afin de l’inhumer
, de nuit et secrètement, dans une
crypte de l’abbaye de Westminster. Il devait aussi remplacer le cadavre de
Napoléon par le cadavre de Cipriani que O’Méara avait habillé comme l’Empereur
avec quelques erreurs, qui sont autant d’indices pour nous .Lowe
laissa le corbillard , vidé de son illustreoccupant, à l’arsenal de Woolwich.
Il fut donné parvlareine Victoria à Napoléon III et exposé dans la chapelle
Napoléon de l’église Saint-Louis des Invalides.
3° L’exhumé de 1840.
Il nous faut comparer
quelques détails de l’exhumation de 1840 qui, bien curieusement, se passa, sur
ordre des Anglais, en pleine nuit noire , après
minuit , avec l’inhumation de 1821.
Examinons d’abord, dans la
relation de Rohan- Chabot du 15 octobre
1840, cette phrase : « Le
général Bertrand fait un bond
involontaire, comme s’il était surle point de se jeter dans les bras de
l’Empereur. » on peut imaginer sa surprise : il s’attendait à voir
l’empereur plus ou moins décomposé et il voit, parfaitement bien conservé grâce
à l’arsenic ingéré,… Cipriani lui-même. Mais Rohan -Chabot avait fait promettre sur l’honneur à tous les assistants de ne
manifester leurs sentiments en aucun cas, car tout différend avec
l’Angleterre risquait, disait-il, de
déclencher un conflit international, voire une guerre. Aussi le général
Bertrand se tut-il.
Premier détail
surprenant : la barbe .
Celle de l’Empereur avait été rasée six heures après le décès par son valet Marchand et , contrairement aux
croyances populaires, la barbe ne repousse pas chez les morts, en tout cas
jamais quelques heures après le décès. Or, le cadavre exhumé avait une barbe et Cipriani, lui, n’avait pas
été rasé après sa mort ;
Ensuite, les décorations étaient au nombre de trois sur
l’Empereur .Manque celle de l’Ordre
de la Réunion sur le cadavre exhumé en
1840.
Le cadavre ne porte pas les bas blancs qui lui avaient été mis, et
les bottes ne portent plus les éperons
d’argent. Surtout, les quatre petits doigts de chaque pied, nus, dépassent de chaque botte dont les coutures ont été
coupées. La pointure de Cipriani était plus grande que celle de Napoléon,
ce qui contraignit, pour pouvoir lui
enfiler les bottes de Napoléon , à enlever les bas et à
découdre, cela se révélant insuffisant , l’extrémité des bottes .Les
dents de Napoléon étaient fort
mauvaises et noircies, tandis que celles du cadavre de Cipriani sont d’une
blancheur éclatante . De plus, les objets
personnels mis à côté du cadavre en 1821 (assiette, couteau, etc.) n’ont
pas été aperçus en 1840.
Secret d’Etat : les Gorrequer
Documents .
Après le 25 juillet 1821, date
du départ de h. Lowe, ce fut le gouverneur Gorrequer
qui lui succéda sur l’île .sa correspondance avec le cabinet anglais
esr conservée à la Chancellery Direction à Londres et le vice-chancelier bacon
déclarait qu’ils étaient « d’une si
haute importance politique que leur contenu ne devait pas être dévoilé »
et aujourd’hui encore elle n’est pas accessible aux chercheurs. Ils
recèlent, «écrit B. Roy-Henry, op. cit.,
p.171, « la preuve que le gouvernement de Sa Majesté envisageait bien de rapporter en Angleterre la dépouille de
celui qu’il s’obstinait à ne vouloir nommer que le général Bonaparte »et
qu’il avait « le dessein secret de
procéder à une substitution avec le cadavre de Cipriani. » Mais pour cela
il devait attendre, par prudence, que le masque de Cipriani (masque dit
Antommarchi) soit officialisé comme étant le masque authentique de Napoléon. Auprès de la petite cour de
Marie-Louise d’Autriche à Parme, de son amant Neipperg et de leurs enfants, les
époux Burghersh virent les enfants de Marie-Louise et de Neipperg traîner pour s’amuser le masque
qu’Antommarchi lui avait remis (masque dit Burghersh.
article très intéressant - Cipriani demeure une énigme ! êtes-vous joignable pour en discuter ? (par courrier, e-mail...) Cdt, PB
RépondreSupprimerBonjour
RépondreSupprimerJe vous remercie pour ce travail très intéressant. Pourriez-vous me dire quelles sont vos sources sur les origines de Cipriani?
Merci.
Le boulot de "Cold Case" n'est pas très fiable et il ne vous répondra pas.... il ne dispose pas de sources, ou alors "arrangées"... Avancer par exemple que Cipriani aurait choisi ce nom en référence à l'hôtel Cipières de Marseille est grotesque !
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