Version 2017,
rectifiée :UNE CLOCHE DE FRONTEAU D’AVANT
APPARTENANT A LA BOUSSOLE
IDENTIFIEE GRACE A SES ARMOIRIES .
A La cloche signée « Pichard », cloche
du fronteau d’avant de la Boussole.
Une grande
cloche a été retrouvée à
Vanikoro, pesant 35 kilos, soit environ 69 livres, sans le battant qui ferait 4 kilo environ :
elle est signée PICHARD,
avec deux branches de houx et
l’avertissement en latin Ne objecta ! (Ne t’y frotte
pas ! Qui s’y frotte s’y pique !). Elle a été récupérée en mer par Claude
Magnier sur le site de la faille du récif, site selon moi du bateau de secours
des naufragés, et non de la Boussole comme
en le croit souvent.. .Or, le houx est
la marque d’Aigrefeuille d’Aunis,
aigrefeuille venant du pluriel
latin acrifolia qui signifie feuilles piquantes, acrifolium désignant
le houx. Dans la paroisse d’Aigrefeuille se trouvait l’actuelle
commune des Forges
qui fabriquait les objets en bronze
pour l’arsenal de Rochefort et c’est à Rochefort que la gabarre le
Portefaix avait été armée le 26
avril 1785 avant de changer de nom à deux reprises, devenant d’abord l’Astrolabe, puis, à partir du
1er juin 1985, la Boussole. Le vice-amiral Duperrey, le 3
décembre 1829, répond au Ministre de la Marine : « Chacun des
bâtiments de cette expédition avait deux cloches, une grande et une
petite ; celles de la Boussole
provenaient de son précédent armement; et, quant à l’Astrolabe, la grosse cloche
se trouvait à bord à l’époque de son réarmement, et la petite fut délivrée en
complément le 23 juin 1785…. Ce n’est donc
qu’au port de Rochefort qu’il est
possible de s’assurer si, à cette époque ou précédemment, la grosse cloche du
bâtiment a pu être livrée dans les magasins de l’arsenal par le sieur Bazin
[Pichard pour nous]. … Suivant l’usage, la grosse cloche [du fronteau
avant] était restée constamment à bord pendant le désarmement de ce
bâtiment. ». Une certitude : cette cloche PICHARD
est donc la cloche du fronteau avant de la
Boussole.
A noter que le maître de
forges de l’Arsenal de Rochefort était, soit un R . Dupont (qui s’installa à Brest par la suite, soit par un Lonlaigne
qui travaillait aux forges de Lathaussade,
mais que les noms ni de l’un ni de
l’autre ne figurent sur la cloche et que celle-ci n’a pas été fabriquée à
l’arsenal de Rochefort, mais à Aigrefeuille ou à la commune voisine de Forge,
dépendant de la paroisse de Rochefort.
La forge de Lathaussade était-elle installée à la Forge et
employait-elle un Pichard ? Nous ne le savons pas.
Brossard, p . 204, écrit
dans Rendez-vous avec Lapérouse à
Vanikoro : « on lit sur la collerette supérieure
« LA », le A est au1/3 cassé et la brèche s’étend sur une longueur, où peut normalement tenir
« BOUSSSOLE » .L’inscription
repart aussitôt après la brèche et porte
parfaitement conservé, en capitales, le nom «PICHARD ; De plus, sur la
jupe, on a fait apparaître, en grattant le léger dépôt de corail et l’oxydation, plusieurs figures en relief
représentant l’une une feuille de fougère très fine, une autre une feuille de
platane et deux branchages ou chardons . L’identification par ces
inscriptions portera surle nom du
fondeur. Il prouve en tout cas que l’épave est bien celle d’un vaisseau
français. Comme pour celle de l’Astrolabe
[la cloche Bazin qui n’est pas
une cloche de fronteau, mais une cloche à usage religieux fondue à Nantes et
appartenant au père Receveur, cordelier nantais, voir mon blog plus ancien], la
cloche ne porte pas son nom.» En réalité, on ne peut absolument pas lire ni
LA ni L sur cette cloche. Au surplus, le nom serait LE PORTEFAIX.
Illustration, p. 38 in Bicentenaire du voyage de Lapérouse ,
1785-1788 , colloque Lapérouse
d’Albi, mars 1985, association Lapérouse- Albi France, 1522 p .
Annexe, p.1-55
B Une cloche de fronteau d’arrière à trois fleurs de
lis, deux en haut, une en bas.
Dillon a
trouvé à terre une petite cloche
de fronteau arrière, pesant 5 kgs (sans battant), soit environ 9 livres, proche avec le battant du poids habituel des
cloches de fronteau arrière de 14 livres
et comptant trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas: c’étaient aussi les armoiries de la ville de Brest.
Bossard a publié dans Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro,
p .284, la reproduction d’un billet
d’armement de la Boussole :
« Une cloche de fronteau d’arrière avec un dé (sic pour dais), et à
établir avec un montant en fer. A bord, ce 17 juin 1785. J.Walin-Audiffret ( lecture incertaine, signature difficile
à déchiffrer). Le chevalier de Clonard » Est-ce à dire qu’il s’agit de cette cloche ? Tout
dépend du sens qu’on donne au mot dais.
Mais on peut pencher plutôt pour une cloche de l’Astrolabe. Car si l’on
comprend que les survivants de l’expédition aient, par une délicate attention, voulu
récupérer la cloche originelle de la
Boussole sur l’épave du nord-est pour l’installer sur le bateau de secours
nommé par eux, selon Makataï, le Lapérouse
(ce qui prouve que celui-ci était mort) et incendié par ce dernier à l’endroit
où l’on a trouvé la cloche Pichard, on
voit mal l’intérêt d’une récupération de la cloche de fronteau arrière de la Boussole.De surplus, ils devaient avoir
celle de l’Astrolabe à portée de la
main.
On n’a pas encore retrouvé au minimum 4 cloches :
les deux cloches de fronteau avant de l’Astrolabe, ni celle
qui est originelle (l’Autruche, fondue au Havre),
ni celle qui fut achetée à Brest « en complément » et mise en réserve ;
la cloche de fronteau avant de la Boussole achetée à Brest ;
une cloche de fronteau
arrière pour la Boussole (voir le
billet d’armement) achetée à Brest. Illustration, p. 40, op. cit.
A noter que le maître de
forges de l’Arsenal de Rochefort était, soit un R . Dupont (qui s’installa à Brest par la suite, soit par un Lonlaigne
qui travaillait aux forges de Lathaussade,
mais que les noms ni de l’un ni de
l’autre ne figurent sur la cloche et que celle-ci n’a pas été fabriquée à
l’arsenal de Rochefort, mais à Aigrefeuille ou à la commune voisine de Forge,
dépendant de la paroisse de Rochefort.
La forge de Lathaussade était-elle installée à la Forge et
employait-elle un Pichard ? Nous ne le savons pas.
Illustration, p. 38 in Bicentenaire du voyage de Lapérouse, .785-1788 , colloque Lapérouse d’Albi, mars 1985,
association Lapérouse- Albi France, 1522 p . Annexe, p.1-55
B La cloche à trois fleurs de lis, deux en haut, une
en bas, cloche de fronteau arrière de la Boussole ou de l’Astrolabe.
Dillon a
trouvé à terre une petite cloche
de fronteau arrière, pesant 5 kgs (sans battant), soit environ 9 livres, proche avec le battant du poids habituel des
cloches de fronteau arrière de 14 livres
et comptant trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas: c’étaient aussi les armoiries de la ville de Brest. Dans Brossard, Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro figure la reproduction, p. 224, d’un billet
d’armement signé « à bord, ce 17 juin 1785 » par « le
chevalier de Clonard » pour la Boussole et, pour le fournisseur de la cloche, par (peu lisible) J.R. Val-Naurffet : « Armement, Une cloche de fronteau d’arrière
Avec un dé (sic, dais) et à établir
avec un montant en fer. » C’était, en principe, Madame Veuve
Beurier qui fournissait les cloches.
L’article du pilote nous donne comme achetées à Brest 2 cloches pour l’Astrolabe et 2 cloches pour la
Boussole au prix identique qui surprend de 340 livres la cloche, soit au
total 1360 livres. On peut supposer que le total a été divisé par 4 pour simplifier et que, pour la Boussole, la cloche de fronteau avant
ainsi achetée a été mise en réserve ; pour l’Astrolabe, aucune des deux
cloches achetées n’a été retrouvée, pas plus que les cloches d’origine,
si elles subsistaient en réserve.
Cette cloche trouvée sur terre appartenait-elle à
la Boussole ou à l’Astrolabe ? Aucun élément ne
permet de répondre de façon certaine, car le dais qui ornait celle de la Boussole
peut avoir été plus grand que celui de la cloche retrouvée (voir la
reproduction), mais on peut pencher plutôt
pour l’Astrolabe, car le
bâtiment désossé était l’Astrolabe et on peut se demander si les
marins ont pu récupérer les deux cloches
sur la Boussole. Bref, il n’y a
aucune certitude.
Il manque encore au minimum 3 cloches :
1 la cloche de fronteau avant
originelle, fondue pour l’Autruche au
Havre, appartenant à l’Astrolabe ;
2la cloche de fronteau avant de la Boussole mie en réserve ;
3 une cloche de fronteau
arrière pour l’Astrolabe ou pour la Boussole
fondues à Brest.
C La cloche la plus énigmatique, la
cloche signée « Bazin ».
Illustration, p. 42, op. cit.
La plus célèbre des cloches de Vanikoro est
celle dont parle Jules Verne dans Vingt mille lieues sous les mers,
« une cloche en bronze, dit-il,
portant l’inscription : « Bazin
m’a fait », marque de la
fonderie de l’Arsenal de Brest vers 1785 » , ce qui est faux, même si
cela a été répété à l’envi. Mais cette
cloche n’a pas le poids requis pour être
ni une cloche de fronteau avant ni une
cloche de fronteau arrière, donc pour être une cloche de navire. C’est Dillon qui rapporta cette cloche ,
qu’il avait récupérée à terre : il nous décrit la cloche comme présentant,
d’un côté saint Jean Baptiste, de
l’autre côté la Sainte Famille mais la description doit être
complétée ainsi : il y a , d’un côté saint Jacques à la gauche d’une croix et , à la droite, saint Jean
avec de l’autre côté la Sainte
Famille (Joseph, Marie et Jésus).C’est une allusion au curieux nom de la paroisse nantaise de « Saint
Jacques Saint Jean Sainte Famille » , où se trouvait le couvent
franciscain de Nantes, Saint Jean étant l’évangéliste et non saint
Jean -Baptiste comme l’a cru Dillon.
Or, à bord, figurait ce qu’on
a retrouvé dans la faille du récif, une
cloche d’office, une clochette, un grelot (qui était peut-être une objet
d’échange destiné aux insulaires), une pierre d’autel (4 fragments dont
certains ont été trouvés sur l’épave de l’Astrolabe),
une boîte à huiles saintes, un crucifix avec 2 fleurs de lis et l’inscription INRI, un étui à missel en bois orné d’une fleur de
lis, une médaille religieuse. Le Père
Laurent Receveur, blessé à Tutuila
et enterré à Sydney où il mourut des blessures, qui lui furent infligées par
les insulaires samoans, était un franciscain et avait servi un
temps au couvent franciscain de Nantes
(couvent dit des cordeliers). On peut supposer que
cette cloche était un souvenir du couvent nantais et qu’elle lui
appartenait. En effet, les Bazin étaient une famille de fondeurs nantais selon Champeaux, Dictionnaire des fondeurs de cloches, 1886, et ils étaient spécialisés dans les cloches
d’églises ou de couvents : selon Berthele, Enquêtes campanaires, ils avaient fondu deux cloches en 1754
pour le grand séminaire de
Nantes (elles étaient pareillement signées Bazin ,sans prénom ) ; ils
avaient aussi fondu une autre cloche , en 1779 pour une église de Vendée (elle
signée pareillement Bazin sans
prénom ). Jean Bazin le père est
l’auteur de la grande cloche de Saint-Martin, paroisse de Châteauthébaud
en 1753,
Les plus connus des Bazin sont Jean Bazin père et
Jean Bazin fils, qui figure sur
la liste de la milice bourgeoise de Nantes
de 1774 à 1778, avec l’indication « fondeur de la ville ».
La cloche appartenait ainsi au
Père Laurent Receveur, qui avait dû servir à Nantes comme régent dans un
collège de la paroisse de « Saint Jacques Saint Jean
Sainte Famille ».
Le canon signée Jean Bazin Nantes : à l’origine en lest sur
l’Astrolabe ?
On rencontre une autre fois
le nom de Bazin sur un pierrier
en bronze trouvé dans la faille du
récif, avec « Fc (fecit) J(ean)
Bazin à Nantes 1779 Dragon » . Le
Dragon est le nom d’un bateau corsaire anglais capturé dans la Manche en
1781 et transformé en corvette par la Marine royale. Il était percé pour 20
canons et 4 obusiers ou pierriers. En 1782, et le 11 décembre 1787, il est à
Brest d’où il part pour Saint-Domingue où les Anglais l’attaquent. Son épave a
été fouillée par le Musée de la Marine et François Gendron.
Le scénario qu’on peut imaginer est que Jean
Bazin fils fond le canon à Nantes en 1779
et que la Marine le lui achète en 1781 pour le Dragon, mais , comme il n’y a de place à bord que pour quatre
obusiers, elle reprend son pierrier et le remise
à Brest : le Comte d’Hector le fournit en lest à Lapérouse.
Etant donné que c’est sur la
faille du récif, donc sur l’épave du bateau de secours principalement construit
avec des éléments de l’Astrolabe, que
le pierrier a été repêché, on doit en
déduire que le pierrier fut chargé sur
l’Astrolabe.
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