Pour
une réhabilitation de l’authenticité des Mémoires historiques de Fanny de Montcairzin.
Parmi les enfants du prince de Bourbon-Conti, Stéphanie de Montcairzin de Bourbon- Conti nous
a laissé ses Mémoires historiques (1798, réédition de 1986), à la fois
chef-d’œuvre littéraire rédigé par cette élève de Rousseau et autobiographie
exacte et passionnée. Cette demi-sœur du baron de Richemont, Amélie
Gabrielle Stéphanie- Louise, appelée de Montcairzin, par
allusion au nom de son père Conti
et à celui de sa mère, la duchesse de Mazarin, est née en décembre 1762 à Paris, paroisse de
saint-Eustache. Elle ne sera baptisée que beaucoup plus tard, le 7 octobre
1788, op. cit. p.160, à l’abbaye
Saint-Antoine à Paris, avec pour marraine Madame de Gimel de Lentillac, abbesse
de l’abbaye royale de Meaux. Elle a été reconnue par son père et légitimée par
Louis XVI, protégée par Monsieur, puis nommée surintendante de la maison de la
Reine par Louis XVI dans les derniers jours de son règne. Elle a été victime
d’un complot odieux ourdi par son frère
légitime et par sa mère pour la déshériter de la plus grosse part de sa
fortune. Sa mère, la comtesse de
Mazarin, est la fille de Hortensia Mancini, une nièce du cardinal et elle avait
épousé en 1661 Armand Charles de Meilleray, duc de Mazarin dont elle eut des
enfants légitimes : c’est pour avantager ses enfants légitimes et
peut-être aussi pour dissimuler son adultère avec le prince de Conti qu’elle
unit ses efforts à ceux du seul fils légitime du Prince de Conti, issu du mariage du Prince de Conti et de
Louise d’Orléans, savoir le peu intéressant comte de la Marche, Louis François II de Bourbon- Conti
(1734-1814) .
Le prince de Conti, se
méfiant de son fils et de son ex-maîtresse, obtient la légitimation de Stéphanie par le roi, Mémoires historiques, p.52 : « ainsi est ma volonté de
reconnaître et de légitimer la fille de M. le prince de Conti, âgée de onze ans
et ayant été élevée, de mon
consentement, sous le nom de comtesse de
Mont-Cair –Zain, à laquelle qualité
elle peut ajouter, dès ce jour, le titre d’Altesse
Sérénissime, légitimée princesse du
sang ; les honneurs du Louvre lui sont accordés, et je me réserve,
ainsi que son père, de lui faire l’apanage nécessaire à son rang . Signé LOUI S». Cet acte semble sonner
le glas des espérances de sa mère et de son frère légitime, qui se voient obligés de partager avec elle un important
héritage. Ils mettent au point un complot machiavélique. Ils fabriquent un faux
acte de décès, à Viroflay, près de Versailles, de Stéphanie, op. cit. p. 73, en date du 7 juin 1773.
Dans cet acte, les faussaires vont même jusqu’à
reconnaître que cette
comtesse de Mont Cair-Zain était légitimée princesse du sang et fille de
Louis François de Bourbon –Conti, ce
que contestent pourtant les détracteurs de la princesse, comme le comte de
Barruel –Beauvert dans son ouvrage Histoire
de la prétendue princesse de
Bourbon-Conti. Ils la font enlever
le jour prévu pour la présentation au roi, avec la complicité de son
« institutrice » privée, Madame Delorme, la droguent pour la marier, à Viroflay, avec un procureur de Lons-le- Saulnier,
un dénommé Billet, intéressé par la dot laissée à Stéphanie à défaut de
l’héritage auquel elle avait droit. Le
procureur n’était pas regardant et désirait
consommer le mariage alors que Stéphanie n’avait que onze ans et s’y refusait
absolument, Ils donnent à Fanny l’identité
de Anne Louise Françoise Corméo,fille d’Etienne Corméo et de Madame Delorme
(nom qui n’était que le pseudonyme d’une Grillet épouse
Martin) , née le 30 juin 1756 à
Saint-Sulpice, et la marient à Viroflay, le 18
janvier 1774 , avec ce procureur complaisant et cupide de Lons-le-Saunier, sous l’identité de Louise Françoise Delorme, prétendument née à
Saint-Sulpice le 30 juin 1756, op. cit., p.105-106. « On
mariait une fille de Madame Delorme et Madame Delorme ne comparaissait pas plus
dans l’acte de ce prétendu mariage qu’elle n’avait comparu au contrat quelques
jours auparavant ; on mariait Anne Louise Françoise Delorme ; ce
n‘était donc pas moi ; je n’étais donc pas mariée ; car j’étais et je
suis Bourbon- Conti. », s’indigne Stéphanie, op. cit. , p.106.
Ils éliminent
tous ceux dont ils craignent les révélations, empoisonnant Madame
Delorme, éliminant un garçonnet de 12
ans qui s’était attaché à Stéphanie, de peur qu’il ne parle. Sous la Révolution, ils
paieront une prostituée demi-folle, Marie Rosine Mornay demeurant rue Sébastien- Pont- aux- Choux quand elle n’est pas enfermée à l’hospice
d’aliénés de Sainte-Pélagie, op. cit. ,
p.214 afin de lui faire usurper le nom et le rôle de Stéphanie. Ils
réussissent ainsi à la discréditer auprès du comité révolutionnaire qui l’avait
autorisée à pénétrer au Temple et à rendre visite à la sœur du Dauphin. Il est curieux de voir
des historiens épouser le parti de son frère légitime sans se donner la peine
de vérifier ses affirmations, peut-être
parce qu’elle est réellement
princesse du sang et se
revendique comme telle, et
déclarant son mari forcé, le procureur de Lons-le- Saulnier, indigne
d’elle et de son sang. J’ai voulu
vérifier quelques détails de son récit : elle parle du lieu de Faille près du canal d’Orléans au château
du prétendant de Madame Delorme, M.
Jacquet. Il s’agit de Fay- aux- Loges (Loiret) et la famille Jacquet est présente à Fay (prononcé faille) dès 1694.
Autre détail : op. cit.
, p.145, Stéphanie cite par sa seule initiale B… un complice de son mari
qui, à Lons-le-Saunier, chercha à l’outrager. Il s’agit du comte Barruel- Beauvert qui, en 1811, publia , pour se
venger du soufflet qu’elle lui avait administré en présence de son
pseudo-« mari »,une Histoire de
la prétendue princesse Stéphanie de Bourbon- Conti,
-in-8°, que Napoléon fit mettre au pilon immédiatement, mais dont certains historiens s’inspirent.
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