CE MYSTERIEUX PRETENDANT A lQUI FUT LE BARON DE RICHEMONT, ’IDENTITÉ DE LOUIS XVII (VERSION
DEFINITIVE ET RETOUCHEE)?
Parmi les prétendants au titre de Louis XVII, le baron de
Richemont est absolument à part, parce qu’il était riche et
ne cherchait pas à
vivre aux dépens de gens crédules, parce
qu’il bénéficiait de hautes protections
surprenantes et parce que la police n’a
jamais réussi à percer de façon certaine
son pseudonyme. Il s’agit donc bien d’un agent secret en mission, d’un James Bond du XIX e siècle.
. Ainsi ne s’étonne-t-on pas trop de le voir à Lyon, sous le nom du Colonel Julien, pousser
les canuts à la révolte contre Louis-Philippe. C’est aussi le seul prétendant à avoir eu
l’honneur d’être reçu par le pape en
audience privée durant deux heures. Pourquoi
a-t-il eu cet honneur ? La décoration, qu’il ne craignait pas
d’arborer sur ses portraits, l’Ordre de la Toison d’Or selon Madame
Jacqueline Ducassé, dans Louis XVII et ses agents politiques d’après
des documents inédits, p. 14 (1984,
chez l’auteur Le Marquisat, 47390 Layrac), livre qui, malgré son titre, est consacré au baron
de Richemont, lui avait été remise par l’Empereur d’Autriche dans les
armées duquel il avait servi avec les
émigrés contre la France et contre la Révolution : elle aurait pu conduire à percer son secret, mais
elle n’a jamais fait l’objet d’étude. La police secrète, op. cit .
p. 123 et 139, , avait déjà eu des
doutes et s’était intéressée aux agissements du marquis de Bourbon- Conti. Celui-ci avait cherché à joindre le
fils du Conventionnel Courtois, susceptible d’avoir hérité de son père, des
confidences et des documents intéressants sur Louis XVII. D’autre part, il désirait lnterroger Madame de
Monteymart au sujet des fouilles du cimetière de Sainte –Marguerite concernant
la dépouille de Louis XVII, par l’intermédiaire de l’abbé Veyron. Madame la marquise de Monteymart était la
fille d’un intime de Louis XVIII, son ancien maître de cérémonies, le marquis de Dreux-Brézé.
Après son évasion de
la prison de Sainte-Pélagie en 1834, le baron de Richemont se rendra au château
de Tencin, au nord-est de Grenoble, où,, ainsi que le raconte dans ses Mémoires, Sosthène de La Rochefoucauld-
Doudeauville, la châtelaine accordera l’hospitalité au baron de Richemont
qu’elle avait connue sous son nom véritable de marquis de Boubon-Conti et le
présentera à l’abbé Veyron, curé de Goncelin, son voisin , qui deviendra l’in des
correspondants les plus réguliers du baron.
Lorsque le baron de Richemont parle de l’accueil que lui réserve son
royal cousin lorsqu’il arrive dans la principauté de Modène, il faut se
rappeler que le marquis de Bourbon- Conti était effectivement le cousin du
prince d’Este- Modène. Celui-ci appartenait à la maison de Bourbon- Conti (son père
était Louis François -Joseph, 1734-1804). De même pour ses aventures à Rio de
Janeiro où le prince Juan , fils de Pierre de Bourbon -Bragance mort en 1812 à
Rio de Janeiro, est bien le cousin du marquis de Bourbon- Conti, alias le baron
de Richemont. Il avait aussi été décoré
en 1815 par le roi d’Espagne (encore un parent !) de l’Ordre de Charles III en qualité
d’officier d’état –major du duc de Bourbon.
En 1815, il fut également
décoré de l’Ordre de Saint Louis de Malte par Louis XVIII.
Madame Jacqueline
Ducassé, une descendante d’un faux dauphin, a présenté une hypothèse séduisante, dont nous
nous inspirerons librement. Selon elle, ce n’est pas, -bien
entendu, - le dauphin Louis XVII échappé du Temple, puisqu’il n’avait pas les
yeux bleus comme celui-ci mais noirs ;
ce n’est pas non plus, comme le voulait la police et Louis Veuillot, le fils d’un boucher de
Lagnieu dans l’Ain (près de Belley),
Claude Perrin, clerc de procureur et faussaire. Ce qui a induit en
erreur la police, c’est qu’il existait avant 1789 à Saint-Domingue une famille
de propriétaires fonciers appelée Perrin
de Richemont (Louis et Louis Marie, liste de Griech). Elle n’a bien
entendu rien à voir avec notre baron, mais c’est l’origine de l’identification
erronée de la police du baron et de Claude Perrin. Le baron de Richemont est en
réalité un prince du sang, cousin de Louis XVII, savoir François Claude Fauste, marquis de Bourbon –Conti et marquis de Rémoville, fils de Louis François de Bourbon- Conti Ier
(1717-1776) et de sa maîtresse Marie-Claude
Gaucher –Dailly, dite Madame de
Brimont (de Brimont dans la Marne, près de Reims), née vers 1745. Fauste Louis est né le 21
mars 1771 à Gonneville -lès- Rouen
et il a été baptisé le 21 mars 1773 à Saint-Pierre de Gonneville -lès- Rouen. Il
a été doté du marquisat de Rémoville
près de Neufchâteau dans les Vosges et a eu deux morts et deux sépultures, la première officielle en 1833, l’autre réelle
sous le nom de baron de Richemont en 1853 à Gleizé dans le Rhône près de
Villefranche. Il avait été reconnu par son père et, à la Restauration, son frère cadet Félix et lui furent accueillis comme parents par Louis XVIII. Ils
avaient eu leurs terres confisquées sous la Révolution et, par lettres patentes du 17 novembre 1815, le roi
les avait rétablis dans leurs titres ; l’ordonnance du 29 avril 1824 les confirme dans leurs titres sous condition que les lettres
patentes constitutives leur seraient délivrées dans les deux mois.
Un indice : les deux sceaux du marquis de Rémoville.
Le marquis de
Rémoville possédait un cachet avec un aigle et
un cachet à fleur de lis. .Son identité
avec un homme portant le pseudonyme de Hébert
et avec le baron de Richemont est confirmée par le fait que Hébert touchait de
l’argent chez son banquier Clavelan en utilisant son cachet à aigle ou son
cachet à fleur de lis (en ce dernier cas
l’argent venait du trésor royal de France, ce qui est étonnant, mais peut
s’expliquer par le fait qu’il était colonel
et touchait une pension).
Or, en 1834, le 26
octobre, devant la cour d’assises de la Seine, l’avocat général déclare :
« un individu se nommant Hébert
âgé de 46 ans qui maintenant dit se nommer Baron de Richemont et être enfant naturel appartenant à une famille
distinguée et étrangère et que l’honneur lui défendait d’en dure davantage
(on remarque la présentation , ici, de Louis XVII comme le fils adultérin du Suédois Axel de Fersen et de l’Autrichienne
Marie-Antoinette) avait, avant la révolution de 1830, élevé la prétention
d’être Louis XVII . Il faisait valoir ses prétendus titres dans de
nombreuses publications et écrits. On
suppose que Richemont en est l’auteur, mais la calligraphie est de la main de
Colliard [un imprimeur parisien], celui précédemment employé par Hullin,
impliqué dans le premier procès de la Société des Droits de l’Homme.…. Il
cherche à exciter certaines gens [comme les canuts de Lyon] et à lever une
milice. Le 18 juillet, il passe chez Coquardon pour prendre ses cachets dont un à aigle. On lui trouve un autre cachet
à fleur de lis. On a saisi chez lui une correspondance chiffrée, qui a été
traduite par des experts et qui provient de son principal agent, la femme Duru.
On a saisi chez lui une espèce de presse et un poignard. »
L’histoire du cachet
à l’aigle.
L’histoire de ce
cachet mérite d’être contée. En janvier 1792, Crawford, cité dans
Louis XVII, p.19, écrit : « Ce jour là, la reine,
remarquant une pierre gravée que j’avais au doigt, me demanda si j’y étais bien
attaché. Je lui répondis que non. « Je vous le demande, me dit-elle, car
si j’avais besoin de vous écrire de ma main, le cachet vous servirait d’indication. » Cette pierre représentait un aigle portant dans son bec
une couronne d’olivier .Sur quelques mots que ce symbole me suggéra,
elle secoua la tête en me disant : « Je ne me fais pas d’illusion, il n’y a plus de
bonheur pour moi. ». Puis, après un moment de silence, « le seul
espoir qui me reste, c’est que mon fils
pourra du moins être heureux. » Avant le 10 août, « Monsieur de
Goguelat … se trouvant auprès de Sa Majesté, elle lui donna cette bague en
disant : « Si vous voyiez jamais Monsieur Crawford, vous la lui
remettrez de ma part. » Son intention a été remplie, Monsieur de Goguelat me l’ayant remise à
Vienne », avec en note : « J’ai perdu cette bague avec
d’autres effets qui m’ont été volés chez moi. » Le marquis de Rémoville
l’a récupérée et l’a pieusement conservée en tant que souvenir de
Marie-Antoinette.
La fratrie du baron
Il eut pour frère
Félix, comte de Bourbon- Conti (1772-1840), chevalier d’Hattonville (dans la Meuse, commune de Vigneulles-lès-
Hattonchâtel) et de Groslieu
, fils également de Madame Gaucher- Dailly. Sosthène de La Rochefoucauld -Doudeauville
possédait une terre voisine de Hattonville dans la Meuse et épousa la veuve du chevalier
de Hattonville, Herminie de la Brousse
de Verteillac, ce qui explique le chapitre élogieux consacré au baron de
Richemont (vol. XII) dans ses Mémoires :
il connaissait l’identité du baron à cause du voisinage de son frère et de
sa veuve qu’il avait épousée.
Il eut pour demi-frère Louis François Véronèse, dit le
chevalier , puis le comte de Vauréal, fils de Marie –Anne Véronèse et de Louis
François de Bourbon- Conti Ier, né à
Paris en 1761 et mort à Melun en 1785.
Sa veuve, la comtesse de Vauréal,
nous intéresse, parce que Madame Ducassé (op.
cit. p.146) a découvert une lettre de Richemont de 1842, dans laquelle il
adresse ses amitiés à « Madame la Comtesse de Vauréal ainsi qu’à sa
famille », à sa demi- belle- sœur, ce qui confirme l’identité du baron. J’ai
consacré un blog à sa demi-sœur, Stéphanie de Montcairzin.
L’origine du
pseudonyme Richemont.
D’abord, Richemont
est l’anagramme des noms du père et de la mère du Baron, Conti et Brimont , en
ajoutant l’anagramme de son marquisat de
Rémo (ville). Parmi les autres
origines possibles de son pseudonyme,
citons le fait qu’à la mort de Jeanne d’Arc c’est le colonel de Richemont qui reprit le flambeau contre les Anglais,
comme le baron estimait qu’il le faisait contre la monarchie de Juillet :
le prince de Bourbon-Conti d’ailleurs était lui-même colonel et il est
intervenu sous le nom du colonel
Julien à Lyon où il excita les canuts révoltés,
Autre allusion
historique dans le pseudonyme de Richemont : Henry Tudor, duc de Richmond chassa l’usurpateur Richard III qui avait assassiné ses neveux pour régner à leur place et pour ravir leur fortune.
Comment entendre cette allusion ? Je crois qu’il s’agit d’une allusion à Madame Royale, Marie-Thérèse, duchesse
d’Angoulême, héritière des grandes richesses
de ses parents, fortune que son oncle Louis XVIII convoitait. Voir mon blog sur
la sœur de Louis XVII.
L’édifiant pseudonyme du baron pour les intimes :
o.
Il s’agit de l’hymne antiphonique : O Virgo virginum, ô vierge des
vierges ! que l’on chantait pendant les sept jours qui précédaient Noël. Notre-dame du O se célébrait autrefois
le 18 décembre. C’était la fête de l’Expectatio Partus Beatae Virginis Mariae (l’attente
de l’accouchement de la bienheureuse Vierge Marie).Ce pseudonyme montre la
ferveur sincère du baron.
Les mobiles de Richemont et son appartenance à une
société secrète initiatique de la
Restauration, qui avait pour but la restauration de l’ordre monarchique d’avant
1789, les Chevaliers de la Foi.
Les membres de la société secrète des Chevaliers de la Foi, procédant d’une
autre société secrète, la Congrégation, hiérarchisée à l’exemple
de la franc-maçonnerie et étudiée par le
Père Guillaume de Bertier de Sauvigny, étaient des intégristes catholiques et
le baron de Richemont en fait partie. C’est cette appartenance qui permet
au baron de Richemont d’être
reçu en audience privée par le pape à Gaëte ; c’est elle aussi qui
explique que le baron s’intéresse aux apparitions de la Salette. Le baron
et ses associés étaient gênés par ses yeux marron et non pas bleus comme
ceux du Dauphin qui les tenait de Marie-
Antoinette. Aussi ont-ils l’ingénuité mystique de demander à Dieu un miracle pour changer la
couleur des yeux du baron ! Houzelot , cité par Madame Ducassé, op. cit, . p.177, écrit à l’abbé Veyron
à propos d’un pèlerinage à la Salette : « Il a été convenu qu’une
neuvaine sera faite à Notre Dame de la Salette pour lui demander d’accorder
trois choses à O (pseudonyme du baron) :
1) qu’elle lui remette les yeux dans leur état
naturel… ;
3) qu’elle lui accorde également toutes les grâces
nécessaires afin qu’il puisse remplir la mission
qui lui a été confiée [détrôner l’usurpateur Louis-Philippe] ;
P. S. Quant au premier motif de la neuvaine, c’est entre nous. Il ne faut
nullement parler des yeux à personne. Il faut expliquer le premier motif de
manière qu’il ne soit pas intelligible car certains en tireraient un mauvais
parti, ne comprenant pas qu’il y a quelque chose de mystérieux dans ce
phénomène ».
Comme le remarque Madame
Ducassé, il y avait différents niveaux d’initiation et seuls les plus élevés
savaient que le baron, avec ses yeux noirs, n’était pas Louis XVII ! Et
dans une lettre de Richemont de 1849 à la comtesse Henriette d’Apchier de Vabre
(née Corteilles de Vaurenard, sa maîtrese op.
cit, p. 146, également membre de la
société secrète) : « Il est fâcheux que les yeux noirs vous
aient échappé. »
Mais c’est pour une autre raison, plus
personnelle, que le baron participe à la procession annuelle de la Confrérie des Pénitents blancs au Bois d’Oingt –en- Beaujolais du 4
au 10 octobre 1850. Il s’agit de la Confrérie du Gonfalon (mot d’origine
francique, doublet de gonfanon,
désignant l’étendard contre les musulmans)
destinée à racheter les esclaves de race blanche et de religion chrétienne faits par les musulmans, originellement dans
les Etats pontificaux et liée aux capucins (franciscains). Le baron avait,
au cours de sa vie mouvementée, été pris comme esclave, vendu dans le
grand marché d’esclaves d’Alep, et rapidement, -heureusement pour lui, -racheté
par la confrérie du Gonfalon. Mais son honneur l’a amené à passer sous silence
cette période, qu’il jugeait humiliante
pour un prince du sang descendant de Louis XV .Voici son récit :
« Arrivé à Paris en
août 1815, j’en partis en mai 1816. Je m’embarquai à Marseille pour Gibraltar;
de là pour Londres ; ensuite je débarquai à Edimbourg où je trouvai Tancrède de Hauteville [anagramme d’un
autre faux dauphin , Hervagault et de Grimaldi de Monaco, le père naturel de Hervagault étant Honoré IV
Grimaldi de Monaco, duc de Valentinois],
mon secrétaire, le même qui avait été arrêté pour moi à Saint-Malo [Il est
intéressant de voir ici que le baron qui avait longuement étudié les archives
du procès de Rouen -sa région natale,-
identifie , comme le font certains historiens, Hervagault et Charles de Navarre, arrêté à Saint-Malo
et à qui fut substitué le sabotier
Mathurin Bruneau : Hervagault était un blondinet aux yeux bleus, d’allure
et de moeurs très efféminées…]… Partis
de là [avec de Hauteville] pour le Cap de Bonne Espérance, nous embarquâmes sur
un bateau portugais qui cinglait vers Ormuzd. En passant à Goa [où il est
certain que le « colonel de
Richemont » a combattu pour les Portugais catholiques], Tancrède y fut assassiné par des
brigands. [Ce sont des pirates, qui,
tandis que le substitué Bruneau décède au Mont Saint Michel, tuent le vrai Hervagault, par accident ou
bien , peut-être, en raison de ses mœurs et de son aspect efféminés, et prennent le baron comme esclave.]
…Arrivé à Ormus [les fers aux
pieds], j’attendis l’arrivée de la caravane des Indes et je partis avec
elle pour le pèlerinage de la Mecque, en passant par Bassora, Bagdad, Alep [où il est vendu comme esclave], Damas [ où il est racheté et libéré par les confrères du Gonfalon],
Jérusalem et Suez. Remonté jusqu’à Jérusalem,
je quittai la caravane, changeai de costume et entrai dans le Saint Sépulcre… »
Les deux tombes du baron.
Il a eu deux morts et deux
sépultures, la première officielle au
Père Lachaise datant de 1833 comme
prince de Bourbon -Conti, l’autre réelle comme baron de Richemont en 1853 à
Gleizé dans le Rhône près de Villefranche, au château de Vaurenard, chez Madame
d’Apchier. Au Père Lachaise, fut enterré
à sa place , avec l’assentiment du baron
de Richemont, le faux dauphin en qui
croyaient Fouché et Joséphine, savoir le tambour de Belgiojoso, voir mon blog
sur le Tambour de Belgiojoso. .Le baron de Richemont semble
avoir porté beaucoup d’affection à ce demi-frère qui portait le nom de Jean Louis Bourbon
.Il fut emporté par une épidémie de
choléra qui sévit à Paris à cette époque. On a fait de nombreuses hypothèses
sur son identité : il est le fils adultérin (elle en eut au moins
trois et, curieusement, le Directoire tenta de la forcer à les reconnaître) de la femme de lettres parisienne Fanny de Beauharnais, née Marie Anne
Françoise ou Fanny Mouchard de Chaban (1737-1813), épouse de Claude de Beauharnais, et
du père du baron de Richemont, le marquis
de Bourbon -Conti, à en juger par les anagrammes dont sont truffés les
pseudonymes de ce Louis XVII qui fut probablement le seul des prétendants à y
croire, en raison de l’ entourage de son enfance. Parmi les nombreux amants de Fanny de
Beauharnais, il nous faut citer les hébertistes Michel de Cubières et Mororo
.Lorsque Jacques René Hébert sera guillotiné, Fanny de Beauharnais sera
inquiétée et devra quitter précipitamment Paris. De là le nom d’Hébert que
prendra le faux dauphin, car Hébert était un agent royaliste, contrairement à
ce qu’on croit généralement (voir mes blogs sur le tambour de Belgiojoso et Un
agent anglais d’origine corse) .
Les revenus du baron de Richemont
Le baron de Richemont était
colonel et avait donc droit à cette
pension du trésor royal qu’il touchait avec son sceau fleurdelisé, à
Rouen par exemple, et de plus il avait des revenus personnels qu’il touchait
avec son sceau à l’aigle. Aux Archives
Nationales, archives privées, T170 papiers Rémoville et Hattonville, nous
apprenons que le marquis de Bourbon –Conti avait été , comme son frère , ancien
élève de la Marine et pupille de l’avocat au parlement Charles Louis Clausse. Du dénombrement de
leurs biens, je retiens concernant le marquis de Rémoville , outre le fief vosgien de Rémoville près de
Neufchâteau et un hôtel parisien situé rue d’Artois partagé avec son frère, le
Mesnil-sur-Vair près de Neufchâteau dans les Vosges et Auvilliers, ainsi que , tous près de
Neufchâteau, Aouze, Balléville, Viocourt ,Tilleux, Certilleux, Aroffe , Jainvillotte et Soncourt .
Le cadet, sans postérité, avait des biens en Essonne :
Morigny-Champigny, Corbreuse, et, dans
les Yvelines Groslieu (Allainville) et Hattonville (commune de
Vigneulles-lès-Hattonchâtel dans la Meuse).
La famille proche du baron
Son héritière, née le 4 septembre1833 à Paris dans le
8e
arrondissement, est Melle Louise Charlotte Virginie Worff, qui porte le nom de
sa nourrice. Elle avait pour curateur Joseph Chevrier, négociant, habitant 16 rue Thévenot
(aujourd’hui rue Réaumur, 2e arrondissement). Il avait trois autres
filles : l’aînée épousa le comte de Riccio, une autre le Comte hongrois de
Goritz, neveu du comte Batthiany, une troisième un basque M. Iturbide.
Marie-Antoinette de France (Marie Manczer) me semble être plutôt
la fille de l’ancien tambour de Belgiojoso.
A noter que le baron touchait
1200 francs par an de Madame veuve
Picqué de Strasbourg, qui se disait veuve du professeur de dessin de Louis-
Charles, duc de Normandie et habitait 12, rue de Condé, 6e, à Paris, où résidait aussi le baron.
Son exécuteur testamentaire était le médecin
Louis Balthazar Caffe, chevalier de
Saint Louis, demeurant 49, rue de la Ferme des Mathurins, 8e, fils d’un sénateur de Chambéry, Louis Charles
Caffe, qui avait participé, en automne
1793, avec Michonis , Pierris et Marino, à un complot destiné à faire évader la
reine (Madame Ducassé, op. cit.,
p.52).
Le but de la mission secrète du baron
Le prince, comme la Société
secrète, était persuadé de l’évasion, de
la survivance de Louis XVII et peut-être de son identité avec le Bourbon de Milan, le tambour de Belgiojoso. .
Mais, pour eux, Louis XVII n’était qu’un bâtard issu de Fersen et capable de
l’ignominie d’accuser sa mère d’attouchements sexuels. Richemont
devait donc l’éliminer du trône, sans le tuer, de façon à assurer la
sécurité du trône de Louis XVIII, puis de Charles X et éventuellement du Comte de Chambord. Le baron de Richemont
est naturellement très opposé à Louis - Philippe, « l’infâme
régicide », comme il l’appelle, par allusion à son père qui avait
voté la mort de Louis XVI.
Richemont lui aussi a cru ,
au moins au début, à cause des yeux bleus entre autres, que le prisonnier de Milan était le vrai
dauphin. Les ordres étaient de le
neutraliser à son inévitable libération de prison. Pour cela,
une solution consistait à se faire emprisonner lui-même à Milan, mais
une seconde consistait à capter la
confiance du carbonaro et à lui donner de nouveaux ordres. C’est la seconde
solution que, selon moi, choisit Richemont,
faisant jouer pour la rencontre et la libération du carbonaro son
cousinage avec le duc d’Este- Modène.
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