vendredi 9 novembre 2018

QUI FUT LE BARON DE RICHEMONT,? CE MYSTÉRIEUX PRÉTENDANT A , ’IDENTITÉ DE LOUIS XVII (VERSION DÉFINITIVE ET RETOUCHÉE)?


CE MYSTERIEUX PRETENDANT A lQUI FUT LE BARON DE RICHEMONT, ’IDENTITÉ DE LOUIS XVII (VERSION DEFINITIVE ET RETOUCHEE)?
Parmi les prétendants au titre de Louis XVII, le baron de Richemont est absolument à part, parce qu’il était  riche et   ne  cherchait  pas  à vivre aux dépens  de gens crédules, parce qu’il bénéficiait de hautes  protections surprenantes et parce que la police  n’a jamais réussi à percer  de façon certaine son pseudonyme. Il s’agit donc bien d’un agent secret  en mission, d’un James Bond du XIX e siècle. . Ainsi ne s’étonne-t-on pas trop de le voir à Lyon, sous le nom du Colonel Julien,  pousser  les canuts à la révolte contre Louis-Philippe.  C’est aussi le seul prétendant à avoir eu l’honneur  d’être reçu par le pape en audience privée  durant deux heures. Pourquoi a-t-il eu cet honneur ? La décoration, qu’il ne craignait pas d’arborer  sur ses portraits, l’Ordre de la Toison d’Or selon Madame Jacqueline  Ducassé, dans Louis XVII et ses agents politiques d’après des documents inédits,  p. 14 (1984, chez l’auteur Le Marquisat, 47390 Layrac), livre  qui, malgré son titre, est consacré au baron de Richemont,  lui avait été  remise par l’Empereur d’Autriche dans les armées duquel il avait  servi avec les émigrés contre la France et contre la Révolution : elle  aurait pu conduire à percer son secret, mais elle n’a jamais fait l’objet d’étude.  La  police secrète,  op. cit .  p. 123 et 139, , avait déjà eu des doutes et s’était intéressée aux agissements du marquis de Bourbon- Conti. Celui-ci avait cherché à joindre  le fils du Conventionnel Courtois,  susceptible d’avoir  hérité de son père, des confidences et des documents intéressants sur Louis XVII.  D’autre part, il désirait lnterroger Madame de Monteymart au sujet des fouilles du cimetière de Sainte –Marguerite concernant la dépouille de Louis XVII, par l’intermédiaire de l’abbé Veyron.  Madame la marquise de Monteymart était la fille d’un intime de Louis XVIII, son ancien maître de cérémonies, le marquis de Dreux-Brézé.
  Après son évasion de la prison de Sainte-Pélagie en 1834, le baron de Richemont se rendra au château de Tencin, au nord-est de Grenoble, où,, ainsi que le raconte dans ses Mémoires, Sosthène de La Rochefoucauld- Doudeauville, la châtelaine accordera l’hospitalité au baron de Richemont qu’elle avait connue sous son nom véritable de marquis de Boubon-Conti et le présentera à l’abbé Veyron, curé de Goncelin,  son voisin , qui deviendra l’in des correspondants les plus réguliers du baron.  Lorsque le baron de Richemont parle de l’accueil que lui réserve son royal cousin lorsqu’il arrive dans la principauté de Modène, il faut se rappeler que le marquis de Bourbon- Conti était effectivement le cousin du prince d’Este- Modène. Celui-ci appartenait à la maison de Bourbon- Conti (son père était Louis François -Joseph, 1734-1804). De même pour ses aventures à Rio de Janeiro où le prince Juan , fils de Pierre de Bourbon -Bragance mort en 1812 à Rio de Janeiro, est bien le cousin du marquis de Bourbon- Conti, alias le baron de Richemont.  Il avait aussi été décoré en 1815 par le roi d’Espagne (encore un parent !) de l’Ordre de Charles III en qualité d’officier d’état –major du duc de Bourbon.  En 1815, il fut également  décoré  de l’Ordre de Saint Louis de Malte par Louis XVIII. 
  Madame Jacqueline Ducassé, une descendante d’un faux dauphin,  a présenté une hypothèse séduisante, dont nous nous  inspirerons  librement. Selon elle, ce n’est pas, -bien entendu, - le dauphin Louis XVII échappé du Temple, puisqu’il n’avait pas les yeux bleus comme celui-ci mais noirs ;  ce n’est pas non plus, comme le voulait la police et  Louis Veuillot, le fils d’un boucher de Lagnieu dans l’Ain (près de Belley),  Claude Perrin, clerc de procureur et faussaire. Ce qui a induit en erreur la police, c’est qu’il existait avant 1789 à Saint-Domingue une famille de propriétaires fonciers appelée Perrin de Richemont (Louis et Louis Marie, liste de Griech). Elle n’a bien entendu rien à voir avec notre baron, mais c’est l’origine de l’identification erronée de la police du baron et de Claude Perrin. Le baron de Richemont est en réalité un prince du sang, cousin de Louis XVII, savoir François Claude  Fauste, marquis de Bourbon –Conti et  marquis de Rémoville, fils de Louis François de Bourbon- Conti Ier (1717-1776) et de sa maîtresse Marie-Claude Gaucher –Dailly, dite  Madame de  Brimont (de Brimont dans la Marne, près de Reims),   née vers 1745. Fauste Louis est né  le 21 mars 1771 à  Gonneville -lès- Rouen et il a été baptisé le 21 mars 1773 à Saint-Pierre de Gonneville -lès- Rouen. Il a été doté du marquisat de Rémoville près de Neufchâteau dans les Vosges et a eu deux morts et deux sépultures,  la première officielle en 1833, l’autre réelle sous le nom de baron de Richemont en 1853 à Gleizé dans le Rhône près de Villefranche. Il avait été reconnu par son père et,  à la Restauration, son frère cadet Félix et lui furent accueillis comme parents par Louis XVIII. Ils avaient eu leurs terres confisquées sous la Révolution  et,  par lettres patentes du 17 novembre 1815,  le roi  les avait rétablis dans leurs titres ;   l’ordonnance du 29 avril 1824  les confirme dans leurs  titres sous condition que les lettres patentes constitutives leur seraient délivrées dans les deux mois.
Un indice : les deux  sceaux  du marquis de Rémoville.
 Le marquis de Rémoville possédait  un  cachet avec un  aigle  et  un cachet à fleur de lis. .Son identité avec un homme portant le pseudonyme de Hébert et avec le baron de Richemont est confirmée par le fait que Hébert touchait de l’argent chez son banquier Clavelan en utilisant son cachet à aigle ou son cachet à fleur de lis (en ce dernier  cas l’argent venait du trésor royal de France, ce qui est étonnant, mais peut s’expliquer par le fait qu’il était colonel et touchait une pension).
 Or, en 1834, le 26 octobre, devant la cour d’assises de la Seine, l’avocat général déclare : « un individu se nommant Hébert âgé de 46 ans qui maintenant dit se nommer Baron de Richemont et être enfant naturel appartenant à une famille distinguée et étrangère et que l’honneur lui défendait d’en dure davantage (on remarque la présentation , ici, de Louis XVII comme le fils  adultérin du Suédois Axel de Fersen et de l’Autrichienne Marie-Antoinette) avait, avant la révolution de 1830, élevé la prétention d’être Louis XVII . Il faisait valoir ses prétendus titres dans de nombreuses  publications et écrits. On suppose que Richemont en est l’auteur, mais la calligraphie est de la main de Colliard [un imprimeur parisien], celui précédemment employé par Hullin, impliqué dans le premier procès de la Société des Droits de l’Homme.…. Il cherche à exciter certaines gens [comme les canuts de Lyon] et à lever une milice. Le 18 juillet, il passe chez Coquardon pour prendre ses cachets dont un à aigle. On lui trouve un autre cachet à fleur de lis. On a saisi chez lui une correspondance chiffrée, qui a été traduite par des experts et qui provient de son principal agent, la femme Duru. On a saisi chez lui une espèce de presse et un poignard. »
L’histoire du cachet à l’aigle.
  L’histoire de ce cachet mérite d’être contée. En janvier 1792, Crawford, cité dans  Louis XVII, p.19, écrit : « Ce jour là, la reine, remarquant une pierre gravée que j’avais au doigt, me demanda si j’y étais bien attaché. Je lui répondis que non. « Je vous le demande, me dit-elle, car si j’avais besoin de vous écrire de ma main, le cachet vous servirait d’indication. » Cette pierre représentait un aigle portant dans son bec une couronne d’olivier .Sur quelques mots que ce symbole me suggéra, elle secoua la tête en me disant : « Je ne  me fais pas d’illusion, il n’y a plus de bonheur pour moi. ». Puis, après un moment de silence, « le seul espoir qui me reste, c’est que mon fils pourra du moins être heureux. » Avant le 10 août, « Monsieur de Goguelat … se trouvant auprès de Sa Majesté, elle lui donna cette bague en disant : « Si vous voyiez jamais Monsieur Crawford, vous la lui remettrez de ma part. » Son intention a été remplie,  Monsieur de Goguelat me l’ayant remise à Vienne », avec en note : « J’ai perdu cette bague avec d’autres effets qui m’ont été volés chez moi. » Le marquis de Rémoville l’a récupérée et l’a pieusement conservée en tant que souvenir de Marie-Antoinette.
La fratrie du baron
  Il eut pour frère Félix, comte de Bourbon- Conti (1772-1840), chevalier d’Hattonville (dans la Meuse, commune de Vigneulles-lès-
 Hattonchâtel) et de Groslieu ,  fils également de Madame Gaucher- Dailly.  Sosthène de La Rochefoucauld -Doudeauville possédait une terre voisine de Hattonville dans la Meuse et épousa la veuve du chevalier de  Hattonville, Herminie de la Brousse de Verteillac, ce qui explique le chapitre élogieux consacré au baron de Richemont (vol. XII) dans ses Mémoires : il connaissait l’identité du baron à cause du voisinage de son frère et de sa veuve qu’il avait épousée.  
Il eut pour demi-frère Louis François Véronèse, dit le chevalier , puis le comte de Vauréal,  fils de Marie –Anne Véronèse et de Louis François de Bourbon- Conti Ier,  né à Paris  en 1761 et mort à Melun en 1785. Sa veuve, la comtesse de Vauréal, nous intéresse, parce que Madame Ducassé (op. cit. p.146) a découvert une lettre de Richemont de 1842, dans laquelle il adresse ses amitiés à « Madame la Comtesse de Vauréal ainsi qu’à sa famille », à sa demi- belle- sœur, ce qui confirme l’identité du baron. J’ai consacré un blog à sa demi-sœur, Stéphanie de Montcairzin.  
L’origine du pseudonyme Richemont.
D’abord, Richemont est l’anagramme des noms du père et de la mère du Baron,  Conti et Brimont , en ajoutant l’anagramme de son marquisat de Rémo (ville).  Parmi les autres origines possibles de son  pseudonyme, citons le fait qu’à la mort de Jeanne d’Arc c’est le colonel de Richemont qui reprit le flambeau contre les Anglais, comme le baron estimait qu’il le faisait contre la monarchie de Juillet : le prince de Bourbon-Conti d’ailleurs était lui-même colonel et il est intervenu  sous le nom du  colonel Julien à Lyon où il excita les canuts révoltés,
  Autre allusion historique dans le pseudonyme de Richemont : Henry Tudor, duc de Richmond chassa l’usurpateur Richard III qui avait assassiné ses neveux pour régner à leur place et pour ravir leur fortune. Comment entendre cette allusion ? Je crois qu’il s’agit d’une allusion à Madame Royale, Marie-Thérèse, duchesse d’Angoulême,   héritière des grandes richesses de ses parents, fortune que son oncle Louis XVIII convoitait. Voir mon blog sur la sœur de Louis XVII.

L’édifiant  pseudonyme du baron pour les intimes : o.
Il s’agit de l’hymne antiphonique : O Virgo virginum, ô vierge des vierges ! que l’on chantait pendant les sept jours qui précédaient Noël. Notre-dame du O se célébrait autrefois le 18 décembre.  C’était la fête de l’Expectatio Partus Beatae Virginis Mariae (l’attente de l’accouchement de la bienheureuse Vierge Marie).Ce pseudonyme montre la ferveur sincère du baron.  

Les mobiles de Richemont et son appartenance à une société secrète  initiatique de la Restauration, qui avait pour but la restauration de l’ordre monarchique d’avant 1789, les Chevaliers de la Foi.
 Les membres de la société secrète des Chevaliers de la Foi, procédant d’une autre société secrète,  la Congrégation, hiérarchisée à l’exemple de la franc-maçonnerie et  étudiée par le Père Guillaume de Bertier de Sauvigny, étaient des intégristes catholiques et le baron de Richemont en fait partie. C’est cette appartenance qui permet au  baron de Richemont  d’être  reçu en audience privée par le pape à Gaëte ; c’est elle aussi qui explique que le baron s’intéresse aux apparitions de la Salette.  Le baron  et ses associés étaient  gênés  par ses yeux marron et non pas bleus comme ceux du Dauphin qui les tenait  de Marie- Antoinette. Aussi ont-ils l’ingénuité mystique  de demander à Dieu un miracle pour changer la couleur des yeux du baron ! Houzelot , cité par Madame Ducassé, op. cit, . p.177, écrit à l’abbé Veyron à propos d’un pèlerinage à la Salette : « Il a été convenu qu’une neuvaine sera faite à Notre Dame de la Salette pour lui demander d’accorder trois choses à O (pseudonyme du baron) :
1) qu’elle lui remette les yeux dans leur état naturel… ;
3) qu’elle lui accorde également toutes les grâces nécessaires afin qu’il puisse remplir la mission qui lui a été confiée [détrôner l’usurpateur Louis-Philippe] ;
P. S. Quant au premier motif de la neuvaine, c’est entre nous. Il ne faut nullement parler des yeux à personne. Il faut expliquer le premier motif de manière qu’il ne soit pas intelligible car certains en tireraient un mauvais parti, ne comprenant pas qu’il y a quelque chose de mystérieux dans ce phénomène ».
Comme le remarque Madame Ducassé, il y avait différents niveaux d’initiation et seuls les plus élevés savaient que le baron, avec ses yeux noirs, n’était pas Louis XVII ! Et dans une lettre de Richemont de 1849 à la comtesse Henriette d’Apchier de Vabre (née Corteilles de Vaurenard, sa maîtrese op. cit, p. 146, également  membre de la société secrète) : « Il est fâcheux que les yeux noirs vous aient échappé. »
  Mais c’est pour une autre raison, plus personnelle,  que le baron  participe à la procession  annuelle de la Confrérie des Pénitents blancs au Bois d’Oingt –en- Beaujolais du 4 au 10 octobre 1850. Il s’agit de la  Confrérie du Gonfalon (mot d’origine francique, doublet de gonfanon, désignant l’étendard contre les musulmans)   destinée à racheter les esclaves de race blanche  et de religion chrétienne  faits par les musulmans, originellement dans les Etats pontificaux et liée aux capucins (franciscains). Le baron  avait,   au cours de sa vie mouvementée, été pris comme esclave, vendu dans le grand marché d’esclaves d’Alep, et rapidement, -heureusement pour lui, -racheté par la confrérie du Gonfalon. Mais son honneur l’a amené à passer sous silence cette période,  qu’il jugeait humiliante pour un prince du sang descendant de Louis XV .Voici son récit :
 « Arrivé à Paris en août 1815, j’en partis en mai 1816. Je m’embarquai à Marseille pour Gibraltar; de là pour Londres ; ensuite je débarquai à Edimbourg où je trouvai Tancrède de Hauteville [anagramme d’un autre faux dauphin ,  Hervagault et de Grimaldi de Monaco, le père naturel de Hervagault étant Honoré IV Grimaldi de Monaco, duc de Valentinois], mon secrétaire, le même qui avait été arrêté pour moi à Saint-Malo [Il est intéressant de voir ici que le baron qui avait longuement étudié les archives du procès de Rouen  -sa région natale,- identifie , comme le font certains historiens, Hervagault et Charles de Navarre, arrêté à Saint-Malo et à qui fut substitué le  sabotier Mathurin Bruneau : Hervagault était un blondinet aux yeux bleus, d’allure et de moeurs  très efféminées…]… Partis de là [avec de Hauteville] pour le Cap de Bonne Espérance, nous embarquâmes sur un bateau portugais qui cinglait vers Ormuzd. En passant à Goa [où il est certain que le « colonel de Richemont » a combattu pour les Portugais catholiques], Tancrède y fut assassiné par des brigands. [Ce sont des pirates,  qui, tandis que le substitué Bruneau décède au Mont Saint Michel,  tuent le vrai Hervagault, par accident ou bien , peut-être, en raison de ses mœurs et de son aspect efféminés, et  prennent le baron comme esclave.]
…Arrivé à Ormus [les fers aux pieds], j’attendis l’arrivée de la caravane des Indes et je partis avec elle pour le pèlerinage de la Mecque, en passant par Bassora, Bagdad, Alep [où il est vendu comme esclave], Damas [ où il est racheté et libéré par les confrères du Gonfalon], Jérusalem et Suez. Remonté jusqu’à Jérusalem, je quittai la caravane, changeai de costume et entrai dans le Saint Sépulcre… »


Les deux tombes du baron.
Il a eu deux morts et deux sépultures,  la première officielle au Père Lachaise datant de 1833  comme prince de Bourbon -Conti, l’autre réelle comme baron de Richemont en 1853 à Gleizé dans le Rhône près de Villefranche,  au château de Vaurenard, chez Madame d’Apchier. Au Père Lachaise,  fut enterré à sa place ,  avec l’assentiment du baron de Richemont,  le faux dauphin en qui croyaient Fouché et Joséphine, savoir le tambour de Belgiojoso, voir mon blog sur le Tambour de Belgiojoso. .Le baron de Richemont  semble  avoir porté beaucoup d’affection à ce demi-frère qui portait le nom de Jean Louis  Bourbon .Il fut  emporté par une épidémie de choléra qui sévit à Paris à cette époque. On a fait de nombreuses hypothèses sur son identité : il est  le fils adultérin (elle en eut au moins trois et, curieusement, le Directoire tenta de la forcer à les reconnaître) de la femme de lettres parisienne Fanny de Beauharnais, née Marie Anne Françoise ou Fanny  Mouchard de Chaban (1737-1813), épouse de Claude de Beauharnais, et du père du baron de Richemont, le marquis de Bourbon -Conti, à en juger par les anagrammes dont sont truffés les pseudonymes de ce Louis XVII qui fut probablement le seul des prétendants à y croire, en raison de l’ entourage de son enfance.  Parmi les nombreux amants de Fanny de Beauharnais, il nous faut citer les hébertistes Michel de Cubières et Mororo .Lorsque Jacques René Hébert sera guillotiné, Fanny de Beauharnais sera inquiétée et devra quitter précipitamment Paris. De là le nom d’Hébert que prendra le faux dauphin, car Hébert était un agent royaliste, contrairement à ce qu’on croit généralement (voir mes blogs sur le tambour de Belgiojoso et Un agent anglais d’origine corse) .

Les revenus du baron de Richemont
Le baron de Richemont était colonel et avait donc droit à cette  pension du trésor royal qu’il touchait avec son sceau fleurdelisé, à Rouen par exemple, et de plus il avait des revenus personnels qu’il touchait avec son sceau à l’aigle.  Aux Archives Nationales, archives privées, T170 papiers Rémoville et Hattonville, nous apprenons que le marquis de Bourbon –Conti avait été , comme son frère , ancien élève de la Marine et pupille de l’avocat au parlement  Charles Louis Clausse. Du dénombrement de leurs biens, je retiens concernant le marquis de Rémoville , outre  le fief vosgien de Rémoville près de Neufchâteau et un hôtel parisien situé rue d’Artois partagé avec son frère, le Mesnil-sur-Vair près de Neufchâteau dans les Vosges    et Auvilliers, ainsi que , tous près de Neufchâteau,  Aouze,  Balléville,   Viocourt ,Tilleux, Certilleux, Aroffe , Jainvillotte  et Soncourt .  Le cadet, sans postérité, avait des biens en Essonne : Morigny-Champigny, Corbreuse,  et, dans les Yvelines Groslieu (Allainville) et Hattonville (commune de Vigneulles-lès-Hattonchâtel dans la Meuse).
La famille proche du baron
Son héritière,  née le 4 septembre1833 à Paris dans le
8e arrondissement,  est Melle Louise  Charlotte Virginie Worff, qui porte le nom de sa nourrice. Elle avait pour curateur Joseph Chevrier,  négociant, habitant 16 rue Thévenot (aujourd’hui rue Réaumur, 2e arrondissement). Il avait trois autres filles : l’aînée épousa le comte de Riccio, une autre le Comte hongrois de Goritz, neveu du comte Batthiany, une troisième un basque M. Iturbide. Marie-Antoinette de France (Marie Manczer) me semble  être plutôt  la fille de l’ancien tambour de Belgiojoso.
A noter que le baron touchait 1200 francs  par an de Madame veuve Picqué de Strasbourg, qui  se disait  veuve du professeur de dessin de Louis- Charles, duc de Normandie et habitait 12, rue de Condé, 6e,  à Paris, où résidait  aussi le baron.
 Son exécuteur testamentaire était le médecin Louis Balthazar Caffe,  chevalier de Saint Louis, demeurant 49, rue de la Ferme des Mathurins, 8e,  fils d’un sénateur de Chambéry, Louis Charles Caffe, qui  avait participé, en automne 1793, avec Michonis , Pierris et Marino, à un complot destiné à faire évader la reine (Madame Ducassé, op. cit., p.52).
Le but de la mission secrète du baron
Le prince, comme la Société secrète, était persuadé de l’évasion, de  la survivance de Louis XVII et peut-être  de son identité avec le  Bourbon de Milan, le tambour de Belgiojoso. . Mais, pour eux, Louis XVII n’était qu’un bâtard issu de Fersen et capable de l’ignominie d’accuser sa mère d’attouchements sexuels.  Richemont  devait donc l’éliminer du trône, sans le tuer, de façon à assurer la sécurité du trône de Louis XVIII, puis de Charles X et éventuellement  du Comte de Chambord. Le baron de Richemont est naturellement très opposé à Louis - Philippe, « l’infâme régicide », comme il l’appelle, par allusion à son père qui avait voté  la mort de Louis XVI. 
Richemont lui aussi a cru , au moins au début, à cause des yeux bleus entre autres,  que le prisonnier de Milan était le vrai dauphin. Les ordres étaient  de le neutraliser à son inévitable libération de prison.  Pour cela,  une solution consistait à se faire emprisonner lui-même à Milan, mais une seconde consistait à  capter la confiance du carbonaro et à lui donner de nouveaux ordres. C’est la seconde solution que, selon moi, choisit Richemont,  faisant jouer pour la rencontre et la libération du carbonaro son cousinage avec le duc d’Este- Modène.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire