Historique de la Grande Métairie de Libouville et de ses modes de
culture depuis 1202.
Par Paul Griscelli,
avec l’aide de Christian Léger.
Version
corrigée du 10 août 2018
Lucien
Merlet, dans l’Introduction à son Inventaire
sommaire des archives hospitalières
antérieures à 1790, Hospices de Châteaudun, énumère les possessions de
l’Hôtel-Dieu de Châteaudun dans la paroisse de Châtillon- en- Dunois au XVIII è siècle. On y trouve : 1) dans
le Grand Libouville, la grande métairie
de Libouville (ou Grand’Maison), maison, grange, bergerie, étable,
écurie, jardin potager et terres
labourables ; la grande et la
petite Minaudière.– le Boulay , le Grand Boulay et le Petit Boulay ou Crenne ; la métairie des Champs- Picard (112 setiers
et 1 boisseau de terre labourable) ; 2) dans le Petit Libouville, la petite métairie de Libouville
(24 setiers de terre labourable), aujourd’hui
la Bernetterie, commune de Lanneray.
Etymologie
du toponyme de Libouville , de leubold –villa, la ferme (villa) de Léopold .
Christian
Léger (Voir dans Cahiers percherons, 2001- I, p. 19-32, ses deux articles magistraux sur Châtillon-
en- Dunois: « Châtillon- en-
Dunois : son château et ses seigneurs » et « L’église
de Châtillon- en- Dunois » dans le bulletin n°290 de la Société dunoise) nous a communiqué le texte de Raymond
Bouquery : « Libovilla en
1225 (Merlet) pourrait avoir été le domaine d’un LIEBAULT d’origine germanique,
ou d’un LIBO romain cité par Nègre pour LIBOS. L’agglutination de l’article
ramènerait à L’IB qui serait un IBBO germanique, aussi cité par Nègre pour un
Ibouvilliers. » Une remarque d’abord : la première occurrence de Libovilla remonte à mai1202 (voir ci-dessous l’acte de donation du comte de Blois et
non pas à 1225, coquille pour 1225,
seconde occurrence du toponyme).D’autre part, le latin connaît un Libo , génitif Libonis , surnom porté dans la gens
Scribonia et dans la
gens Marcia, -un diminutif de ( sc)ribo, qui signifie recruteur, devenu libo, mais ne connaît
aucun Libos (est-ce une coquille pour le génitif Libon-(is)?).
On peut toutefois douter de l’origine latine, car les linguistes ont noté qu’au
VIII-IX e siècle le mot villa se voit
antéposé des noms germaniques, Le nom de
Liebault , en germanique Liubald,
de leut et de wald, signifierait qui commande (wald) au peuple (leut donnant liu, puis li). J’ajouterai
que le prénom germanique de Léopold ou Leutbald, de
leut, peuple, et de wald, gouverner,
qui gouverne le peuple, est identique au Liebault de Merlet.
Or, nous
trouvons un Leutbald en 863, cité par Olivier Bruant dans Les villas
ligériennes de l’Autunois, centres de pouvoir et d’encadrement (VIII e - début
XI e siècle), p. 111-136, comme souscrivant à la donation
faite à Molinet . Le chapitre fait partie d’un des rares ouvrages qui traite
des villas ligériennes en cette époque mal connue, savoir, de Dominique Barthélemy et d’Olivier Bruant, Les pouvoirs locaux dans la France du centre et de l’ouest (VII e I -XI
e siècle), PUF,
2005.
On y trouve, entre autres, le nom d’un Ingelbald qui pourrait avoir donné
Nivouville, de in (gel)bald-villa ou
d’un Atton qui a laissé son nom à tel
hameau du Mée.
« De la fin du IXe au milieu du XI e siècle,
écrivent ces auteurs à propos des villas carolingiennes, on observe le maintien des caractéristiques
antérieures. Le nombre de villas
s’accroît régulièrement et celles-ci se définissent de plus en plus comme un
village avec leur finage, organisé autour de l’église paroissiale. La réalité
des pouvoirs locaux dans ces villas demeure mal connue, car les actes où elles
apparaissent portent le plus souvent sur des donations partielles et ne permettent
pas de reconstituer vraiment
le statut et le pouvoir des donataires. Néanmoins, on retrouve à de nombreuses
reprises, à côté de personnages qui font partie des élites locales, des prêtres
qui semblent exercer localement un rôle prépondérant ». Le
mot « villa » ne désigne au Moyen
Age , ni une ville ni une villa, mais une agglomération groupée autour de la
maison d’un propriétaire rural, avec four et
écuries. Ainsi Libouville désigne-t-il à l’origine un très grand domaine (300 hectares environ), une villa
dont un Leutbald est le propriétaire autour de l’église paroissiale de
Lanneray.
La
Grande Métairie de Libouville
La première attestation du nom de Libouville date de 1202 : il s’agit du parchemin par lequel
Louis, comte de Blois, lègue ses biens avant de pârtir pour la croisade à l’Hôtel -Dieu de Châteaudun, « VILLAM
LIBOVILLAE CUM TERRIS », la ferme de Libouville avec ses terres, c’est-à-dire un immense domaine foncier d’un
seul tenant, de plus de 300 hectares, plantés
en méteil (mélange de seigle et de froment semés ensemble pour qu’ils
viennent mieux ), en escourgeon ou orge
d’automne, en froment et en avoine.
Photographie aérienne de la
Grande métairie de Libouville aujourd’hui. .
LE ROULEAU DE PARCHEMIN QUI SCELLE POUR HUIT SIECLES LE
DESTIN DE LA GRANDE METAIRIE DE
LIBOUVILLE (A14).
A
14, original, parchemin (vue d’un folio plié, avec sur la pliure de gauche (au bout de la 5e ligne) T(erram) C(um) villa (et au début de la pliure de droite ) Liboville pour
Libovillae
Ou
bien , de préférence , copie plus lisible
rédigée vers 1250, A5,12, registre, in-folio, parchemin, cartulaire de
l’Hôtel-dieu de Châteaudun (Liboville à la 8e ligne est plus lisible)
Si besoin d’une autre illustration, A13, carton , 2 pièces,
papier, mars, 1324 , ratification de ladite donation par Gui de Châtillon , comte de Blois (mais
on ne lit pas sur la page Liboville)
Nous avons eu la chance d’être autorisés à consulter dans l’actuelle Ecole d’infirmières de Châteaudun les archives hospitalières que L. Merlet avait inventoriées et que Delfaut de Belfort a publiées en latin, mais sans traduction. Nos photographies ont été prises directement avec l’aide de Guy Bataille. L'original de la donation qui nous intéresse existe encore, cf. la photographie ci-dessus. Merlet le range en A 14, isolément, et le définit à tort comme une "confirmation par Louis, comte de Blois, avant de partir pour la croisade, [de la donation à l’Hôtel-Dieu ] de tous les biens de l'Aumône (terram de Contermont, de Pertes, de Villa- Episcopi, de Villenblain,Bordarum, Liboville, Tronchetis,de Bella-fago, etc. " alors qu'il s'agit bien de l'original et non d’une simple confirmation . Peut-être a –t-il été induit en erreur par le verbe confirmavi du texte latin qui ne veut pas dire confirmer, mais s’engager pour l’avenir. D'ailleurs dans Belfort, Archives de la Maison- Dieu, p. 50 sqq. , cette inadvertance est corrigée et il est dit : "Original. A 14. - Copies au XIII e siècle, A 3, n°169, et A5, n°12; de 1522, A13, n°1; du XVIIIe siècle, A8, n°155 et 305 ». Précisons qu’ A13, 1 est une simple confirmation sur papier de la donation datant de 1522. A13,2, est une ratification datant de mars 1324 de la donation de Louis Comte de Blois par son descendant Gui de Châtillon, comte de Blois , comme A8, 240 qui n’est qu’une copie datant de 1738,
Traduction en français de l’acte de donation par le comte de Blois de tous ses biens à l’Hôtel -Dieu (mai 1202).
A noter que l’identification des lieux est difficile (nous avons utilisé l’index donné par Delfau de Belfort, mais il est malheureusement fort incomplet.
°Lettre
de Louis, comte de Blois, au sujet des dispositions à observer concernant tous
nos biens.
Moi, Louis, comte de Blois et de Clermont, je rends
public pour tous les hommes , tant
présents que futurs, que moi, partant pour Jérusalem, pour l’amour de Dieu et
pour le salut de mon âme, de celles de mes parents et de mes ancêtres, je me suis
chargé de toutes les affaires de l’Aumône [l’Hôtel -Dieu ou hôpital] de
Châteaudun en ma garde et protection, et
que je lui ai cédé en toute propriété comme pouvant être gagées et je me suis
engagé (latin confirmavi) concernant
les biens de l’Aumône apportés par
moi-même, et avec mon consentement, ainsi que celui de mes ancêtres ou bien du
gré de ces ancêtres , savoir:
la terre de
Contermont [commune de Péronville],que le comte Thibaud mon père donna à
l’Aumône elle-même, ainsi que dans cette même région la terre que Hugo de
Jallans donna à ladite Maison de l’Aumône, avec le consentement de son fils
Gulilaume ; la terre de Villeret [commune de la Bazoche –en
–Dunois] ; la terre de Puertes [paroisse de Péronville probablement ]
; la terre de Villevêque le grand
[commune de Villamblain; la terre de Villlamblain ;la terre de
Jallans ; la terre des Bordes [ commune d’Autheuil] ;la terre de Libouville avec la ferme (Terram Libovillae cum villa)[commune de
Châtillon-en-Dunois] ;la terre des Tronchets [commune de Lanneray, ferme
mentionnée en 1396 dans le registre des fiefs sous la forme Tronsé- le-- Chemin
et en 1618 dans la charte de l’Abbaye de Saint Avit près de Châteaudun sous la
forme Le Tronchet –sur- Yerre ]; la terre de Beaufou avec sa
ferme ;la terre de Borgelattre ; une pièce de terre dont feu Osmond
de Thiville fit don près de Nozay [Noeretum,
commune de Thiville] :cent
sous de revenu annuel que le comte Thibaud, mon père, donna et dont il stipula
qu’ils seraient à payer au début de l’année au prieur de Châteaudun ;
vingt livres de revenu que j’ai données moi-même à la Maison de l’Aumône ;
dix livres qui seront à payer lors de mon ban de Noël chaque année ; et
aussi dix livres à payer au ban de Pentecôte à Châteaudun ; le bois des
Bordes ; la dîme de Porcheronville [commune d’Ozoir -le- Breuil] que
Rahier de Peveris et son épouse Bochagia, lui donnèrent ;sur la dîme de Villevoison ][ commune de Lutz –en
–Dunois] treize setiers d’hibernage [récolte d’hiver) et un boisseau d’avoine
de revenu annuel à la fête de saint Rémy, dons que fit Thibaud le Roux ; un boisseau d’hibernage
[récolte d’hiver] sur la dîme de
Donnemain, et la dîme du vignoble de Renaud de la Fontaine qui est près de l’Hébergement et que Puceline de La Roche donna ; à
Sarmesolles une asnette de terre et une
hostise de terre [l’une et l’autre sont de petites tenures comprenant
terres et maisons concédées à des « hôtes » contre un cens et divers
services] avec pareil revenu : cinq
sous six deniers parisis chaque année à
la fête de saint Rémy et deux setiers d’avoine remplis à ras bord, quatre
boisseaux de blé de la même terre pour le pain des pauvres, deux poules et deux
deniers également à la Noêl et la pièce
de terre tout entière , sauf un arpent où est bâtie la mansion [maison du manant ou mansionnier soumise à un cens] , qui
demeure exemptée de tous droits , pour les pauvres ; et le cens parisis …[
lacune] sur les teintures à la fête de
saint Chéron ; un setier de revenu d’hibernage sur la dîme de Liconci
[Loir-et-Cher] ; les dîmes de Villévêque le grand [commune de Villamblain] , de Villampuy et de Villeloup [commune de
Ozoir-le-Breuil]; un setier de revenu que Adam de Badillerie a donné sur sa
dîme de Villévêque [commune de Villamblain] ; une dîme à Binas que Geoffroy de Binas le père a donnée ;une
dîme de four et de pressoir que Hugo en personne a donnée ; un setier de revenu sur le
moulin de Chavant [commune de La Ferté-
Villeneuil ] que Hugo Olivier a donné à payer à la saint Rémy ; un
boisseau de revenu que Hugues le Chambellan
a donné sur le moulin de Chavant à payer à la fête de saint Jean
–Baptiste, au fur et à mesure que les revenus le permettront au fil des
mois ; un setier de revenu que Herode Maleterre a donné sur sa
propre terre de La Haie [commune d’Ecoman] à payer à la saint Rémy ; et douze
deniers de cens dans le clos de Rouserein sur les vignobles d’Etienne Guéhon et
de Marie, son épouse, qui fut l’épouse de Renaud Tescelin qu’ils doivent tous les deux , savoir :
quatre setiers et une hémine de blé de revenu à
Thoreau [commune de Saint- Denis-les- Ponts] sur la terre d’Odon Brunel
que donna Odon lui-même, pour la saint Rémy ; concernant le
marché de l’Aumône, que Geoffroy IV, vicomte de Châteaudun et moi-même
nous avons l’habitude de tenir à la fête
de Madeleine , pour que ceux qui vont au marché y aillent et en reviennent en toute sécurité , selon la
coutume que lui et moi nous observons pour la tenue du marché de Châteaudun à la fête de la Nativité
de la bienheureuse Marie , six
livres de revenu que l’Aumône prend sur les revenus du comte de Beaumont de
Châteaudun , qu’il a données lui-même, et qu’il tient du vicomte de
Châteaudun ; le bourg de Chartres toujours esclave de l’Aumône ; la
Maison de l’Aumône à Chartres quitte et libre d’impôts et de taille et de
toutes redevances coutumières, les
moulins de Vouvray [commune de Saint- Denis-les- Ponts], qui sont absolument
libres de tout autre charge pour l’Aumône , sauf que
l’Aumône donne chaque année quatre muids de revenu à Bernard de
Bulou ; la pêche des bogues et des brochets dans les
biefs des moulins est tout entière la propriété privée
de l’Aumône ; l’eau de Villeret
[commune de la Bazoche –en –Dunois] ; la paix entre l’abbaye et l’Aumône
de Châteaudun au sujet de la dîme sur les vignobles que devait l’Aumône à l’abbaye,
pour laquelle dîme elle lui donnera; chaque année 70 sous dunois et la dîme reviendra perpétuellement à
l’Aumône sur tous ceux qui possèdent des vignobles ; les lieux de des vignobles sont les suivants
: à Frèteval, 3 arpents ; à Monflat , trois arpents ; à
Huédine, deux arpents et demi ; à
Terresdouces, quatre arpents ;près des vignobles de Hugo le Cocher , 3
quatiers (mesure inférieure au setier) ; pour les vignobles appartenant à Frontin, 1 arpent .
Il faut qu’on sache que la dîme de Binas, dont j’ai parlé
ci-dessus, est une menue dîme.
L’un et l’autre établissement pourront acquérir licitement
et garder ce qu’ils auront acquis sans condition fixée par l’autre et
dans la censive de l’autre, alternativement,
jusqu’à près de la totalité du cens de l’autre
En outre, j’ai donné à la maison elle-même pour être gardés
perpétuellement tous les biens qu’elle
pourra acquérir dans mon fief en toute
légalité, au fil du temps, si Dieu le permet. Pour que ces dispositions restent
perpétuellement stables et immuables, je les ai confiées par écrit et je les ai
garanties (confirmavi) par l’apposition de mon sceau. Fait à Orléans, au
monastère de saint Euverce, l’an de grâce 1202. Donné par la main de Thibaud,
mon chancelier, ce mois de mai.
Voici maintenant les principales pièces d’archives que nous avons pu recenser
concernant la grande métairie de Libouville :
1) Février 1227, don à l’Aumône
par Hugues de Bouloire,en latin de Boloria {près du Mans, dans
la Sarthe] d’un setier de rente sur sa terre de la Bâtardière, de Baatarderia , près
Libouville 1 .
2)
Juin 1235, vente à l’Aumône par Thibaut du Pré, moyennant 4 livres, de 3 mines
de terre à Libouville 2 .
3)
Juillet 1237, abandon par Marie de Bouloire, en latin de Bolaria, à Louis de Saint- Maixent de 9 muids [=boisseaux] de terre à
Libouville (soit 45 hectares),
lequel Louis de Saint- Maixent vend aussitôt ces terres à l’Aumône moyennant
100 livres tournois3.
Cette famille de Bouloire (Sarthe) a joué un grand rôle dans la constitution de
Libouville.
4)
Mai 1239, vente par Eudes Poret d’un quartier de
vigne à Libouville 4 .
5)
Juillet 1239. Don par Renaud de La Fontaine de 14 deniers de cens que lui
devait Geoffroy Chapeacol, de Libouville, avec une certaine terre à Libouville
5 .
6)
Août 1240. Reconnaissance envers la Maison- Dieu par Nicolas Nafreit de 67 sous
dunois sur un héritage à Libouville ;
décembre 1245, cession à l’Aumône d’une maison et appartenances à
Libouville6 .
7)
Mai 1246. Vente à l’Aumône par Cécile La Poutele d’un quartier de vigne à
Libouville et de 2 setiers de terre au Coudray, apud Coudreium [commune de Châtillon] 7
.
8)
Décembre 1319. Vente par Simon, de Libouville,
d’une maison à Libouville, moyennant 10 livres 8.
9)
1445 – Don à l’Hôtel-Dieu par Jean Bourdineau, écuyer, de 3 muids de blé et 2
muids d’avoine de rente sur la métairie de Libouville et la moitié des dîmes du
lieu (Donation importante qui explique comment l’Hôtel-Dieu de Châteaudun était
gros décimateur de la paroisse de Châtillon) 9.
10)
1527. Renonciation en faveur de l’Hôtel-Dieu par Jacques Chastelain, archer des
ordonnances du roi sous le seigneur du Lude, du droit qu’il avait sur la
septième partie de la métairie de Libouville
10.
Baux 11 par l’Hôtel-Dieu de la
grande métairie de Libouville :
1°1352, à Jean
Dumont, pour 6 ans, à moitié. « En 1352, au sortir de la guerre de Cent-
Ans, les frères de l’Hôtel-Dieu durent faire un prêt à Jean Dumont de 6 muids
de blé, 6 muids d’avoine, 2 setiers de pois, 2 setiers d’orge, 1 setier de
vesces et 24 livres tournois pour l’aider à cultiver la grande métairie de
Libouville qui devait être ruinée (B 281) » (indication de C.
Léger) ;
2°1486, à Simon
Pilverdier, laboureur, pour 2 vies (99 ans, bail emphytéotique) moyennant 8
muids de blé et avoine, 2 porcs et 3
chapons ;
3°1578, à Calais
Pilverdier, pour 3 vies et 59 ans, moyennant 9 muids de froment et d’avoine, 2
porcs et 4 chapons ;
4°1615, à Michel
Jaquelin, pour 9 ans, moyennant 4 muids et demi de méteil et 2 chapons ;
5°1621, accord
entre l’Hôtel-Dieu et Etienne Jaquelin sur les arrérages d’une rente de 4 muids
et demi de froment et autant d’avoine, 2
porcs et 4 chapons, sur la métairie de Libouville. Rangé en B 298, carton, 1
pièce, parchemin.
6° 1631,
reconnaissance envers l’Hôtel-Dieu par Etienne Jaquelin de 9 muids de grain de
ferme sur la métairie de Libouville. Rangé en B289, carton, 1 pièce,
parchemin ;
7°1663 à Imbert
Ysabel, marchand, pour 29 ans, moyennant 4 muids et demi de froment et
méteil ;
8°1666, à Jacques
Dumont, laboureur, pour 9 ans, moyennant
4 muids et demi de méteil et 2 chapons ;
9°1680, à Etienne Porcher, laboureur, pour 3
ans, moyennant 40 setiers de méteil et 2 chapons ;
10° 1684. Bail de
2 vaches par l’Hôtel-Dieu à Etienne Porcher, fermier de Libouville, moyennant
24 livres de beurre par an. Rangé en B 288 (Carton), 1 pièce papier
11°1691, bail à Lubin Prudhomme, laboureur, pour 9 ans,
moyennant 3 muids de méteil et 4 chapons ;
12°1698, à
Toussaint Cottin, laboureur, pour 6 ans, aux mêmes conditions ;
13°1714, à
Emerance Bongars, veuve de François Lange, pour
9 ans, aux mêmes conditions ;
14°1722, à la
même, pour 9 ans, moyennant 4 muids de méteil et 4 chapons ;
B 292, en 1722,
les Bornes de la dîmerie de Libouville.
15°1730, à Denis
Bois, laboureur, pour 6 ou 9 ans, moyennant 40 setiers de méteil et 6 chapons. Les
clauses sont les mêmes que pour le bail de 1744,. 16°1742, au même, pour 9
ans, aux mêmes conditions . La
minute du bail passé le 31/10/1742 par les administrateurs de l’Hôtel-Dieu de
Châteaudun à Denis Bois, laboureur, et
Pétronille Ronceray, sa femme, de la grande métairie de Libouville , à
Châtillon, existe aussi aux Archives Municipales de Châteaudun. Les époux Bois reconnaissent devoir à
l’Hôtel-Dieu la somme de 700 livres pour anciens arrérages de ferme de la dite
terre, déduction faite du surplus des dits arrérages dont les sieurs bailleurs
leur avaient fait remise en considération de la grêle tombée sur la dite terre
en l’année 1735 et de la stérilité des années suivantes et notamment l’année
1741 et de la présente dont la récolte n’a pas produit aux preneurs de quoi les
nourrir et ensemencer les terres sus baillées ». Les fermiers, trop endettés,
n’ont pas pu poursuivre l’exploitation de la ferme de Libouville qui fut remise
en location en 1744..
16°1744, à René Ronceray, laboureur, pour 9 ans, moyennant 3 muids de méteil et 6 chapons. Pour ce bail, on dispose aussi aux Archives municipales de Châteaudun
(source communiquée par C. Léger), de la minute du bail de René Ronceray et de sa femme Marie Bois .
Note liminaire sur quelques mots
d’ancien français , avec l’aide de C. Léger :
Coutaison :
Voici ce qu’écrit
Paul Martellière en 1893 dans son Glossaire
du Vendômois :
Coutaison : Assolement, ordre qu’on
suit dans la culture des terres. Dans le Perche, on prononce cotaison. Il
ajoute que dans le Vendômois, la cotaison est quadriennale : un blé, un
mars, un trèfle et une jachère. A Châtillon,
l’assolement était triennal : un blé, un mars,(orge et avoine), une jachère..
Journet (communiqué par C.Léger) : Paul
Martellière, dans son « Glossaire du
Vendômois » édité en 1893 propose pour journet (page 181) : substantif masculin. Ajonc, Ulex
europeus, papilionacées. Journetière,
champ d’ajoncs. Nom de localité, les Journets,
commune de Bouffry (Loir-et-Cher).
« Mars » (menus grains d’orge et d’avoine qui se sèment au
mois de mars ).
Moison : Voici ce qu’écrit Paul Martellière dans son « Glossaire du Vendômois » publié en
1893.Moison : fermage dont le prix s’acquitte en nature,
bail moyennant une quantité de grain ou de denrées déterminées à l’avance.
Ancien français moeson, langue d’oc moyso,
mesure. Du latin modius , boisseau. On disait aussi, en 1396, « moisonnier » pour
« métayer ».Ce mot s’applique bien pour la grande ferme de Libouville
qui était baillée en métayage par l’Hôtel-Dieu de Châteaudun.
Le
mot régnant
ne vient pas du verbe régner, mais du verbe résner, retenir , du latin retinere, attacher un cheval avec
des rênes, brider, mettre les
rênes , d’où conduire , donc régnant signifie conduisant
à .
Joignant, à
aller, joindre, à joindre signifient
rencontrant, coupant, rejoignant.
A droit jusqu’à signifie en face de, plutôt qu’à droite, directement, tout droit jusqu’à .
Les
4 points cardinaux sont évoqués par d’un bout, au sud ; d’autre bout, au nord ; d’un
côté, à l’est ; d’autre côté, à l’ouest.
Bail de Libouville
(Châtillon-en-Dunois) en 1744.
N.
B. Que Christian Léger soit remercié pour son aide au décryptage de ce
texte.
A
tous ceux qui ces présentes lettres verront, Jacques Costé, seigneur de
Vallière en Pont [ commune d’Autainville, Loir-et- Cher] et autres lieux, juge
magistrat civil, criminel et de police, bailli du Comté et Bailliage de Dunois,
Salut. Savoir faisant que par devant Nicolas Tiercelin, l’un des principaux
notaires du Comté et Bailliage de Dunois résidant à Châteaudun soussigné,
Le
15 novembre 1744,
Furent
présents en leur personne noble homme Maître Nicolas Maury, seigneur de
Moncheny, lieutenant général du Comté et Bailliage de Dunois, Maître Jean Louis
Guérineau, avocat en parlement, maire de cette ville, Maître Jacques Hardouin
Souchay, avocat en parlement, procureur fiscal et général du Comté de Dunois,
Maître Jean Baptiste Frion, prêtre chanoine régulier, prieur de l’abbaye de la
Madeleine, Maître Jacques Gaspard Thuaült, prêtre, Maître de l’Hôtel-Dieu de
Châteaudun, Maître Claude Foucault, prêtre curé de la paroisse de Saint-Pierre,
et honorable homme René Breton, marchand bourgeois demeurant audit Châteaudun,
administrateurs nés et électifs de l’Hôtel et Maison- Dieu de cette dite ville,
Lesquels
esdits noms ont reconnu et confessé
avoir baillé et baillent par ces présentes à titre de ferme et moison
[redevance de métayage] pour le temps de neuf ans entiers et consécutifs
s’ensuivant l’un et l’autre sans intervalle de temps qui ont commencé pour
l’habitation des logis au jour de Toussaint dernier et qui commenceront pour la
culture des terres au mars de l’année prochaine 1745 pour finir à pareil jour
le présent bail expiré, et promettent audit titre faire jouir à René Ronceray,
laboureur et Marie Bois, sa femme, de lui autorisée pour l’effet des présentes,
demeurant à Libouville, paroisse de Châtillon, à ce présents preneurs et
acceptant audit titre pour eux, leurs hoirs et ayant- causes,
C’est
à savoir le lieu, terre et métairie appelé la Grande Métairie de Libouville
sise paroisse de Châtillon consistant en maison pour le fermier, granges et
écuries aux chevaux, étables à vaches, bergeries, toits à porcs, une loge, cour
enclose de mur avec porte charretière, jardin et clos dans lequel il y a des
arbres joignant ladite cour, et jardin dans lequel il y a une fosse à
eau et six boisseaux de noües en
la quantité de quatre-vingts septiers de
terre labourable en trois saisons, plus la dîme dépendant dudit lieu de
Libouville en ladite paroisse de Châtillon ainsi qu’elle se poursuit et
comporte à prendre depuis le chemin bas de Libouville à joindre celui de
Châteaudun à Châtillon, vulgairement appelé le Chemin de la Pierre aux Chevaux
régnant le long du dit chemin à aller à Châtillon à droit jusqu’à l’extrémité
de la pièce de quarante septiers faisant partie des terres baillées vers
Châtillon et depuis le bout desdits quarante septiers à aller joindre la vallée
qui enferme et traverse quatorze septiers de terre appartenant au nommé
Gallerne, un septier au nommé Coudré, une mine à la veuve du Sieur Germont à
cause de sa terre de la Brunetière, un septier à la veuve et héritiers Nicolas
Leroy et trois boisseaux au nommé Hallouin et à Monsieur Hodier, depuis ladite
vallée qu’on appelle plus loin les Gouffres jusqu’au bas au fil de l’eau des Grandes Noües en s’écartant
à gauche jusqu’à une voie de charrette peu fréquentée tenant à droit vers la
Galichère jusqu’au chemin d’Unverre à Châtillon, en descendant le chemin
jusqu’aux noues,
La
dîme se perçoit à raison de trois gerbes par arpent et depuis le chemin
d’Unverre traversant les noues pour aller jusqu’au Petit Friche joignant le
chemin de Gohory à Sainte-Radegonde, à droit jusqu’au-dessus de la métairie de
la Bernetterie jusqu’au chemin qui va dudit chemin de Gohory régnant le long
des haies du clos du village de Libouville vers Châteaudun faisant en
descendant et en tournant audit premier chemin appelé le chemin de la Pierre
aux Chevaux joignant ledit chemin de Châtillon à Châteaudun où se trouve
enclavés vingt septiers de terre à gauche au terroir de Beauvoir, tenant d’un
bout à la Vallée Féty, d’autre bout auxdites noues, d’un côté au chemin
d’Unverre à Châteaudun et d’autre côté
vers la Vallée de la Venarde, lesdits vingt septiers en trois réages dépendant
des ois, exempts de ladite dîme aussi bien que les terres dont jouissait
Hamonière dépendant dudit Hôtel-Dieu ainsi que le tout se poursuit et comporte
sans en rien réserver par lesdits Sieurs bailleurs sinon les droits
seigneuriaux, gands ( pour gaing ou
gain ou gaaing,droit sur les terres ensemencées] ventes, arrérages [droit sur
ce qui est dû d’une terre affermée] et autres droits seigneuriaux dans lesquels
lesdits preneurs ne pourront rien prétendre.
Pour
au surplus jouir par lesdits preneurs audit titre en bon père de famille tout
ainsi qu’en a joui ou dû jouir Denis Bois et sa femme en vertu du bail à eux
fait par lesdits Sieurs administrateurs passé devant Marteau, notaire commis en
ladite ville sous le notaire soussigné le 31 octobre 1742, et par celui
précédemment passé devant Bérail, notaire en cette ville le 29 octobre 1730,
dans lequel le tout est plus au long détaillé, coté et altenancé, plus jouiront
lesdits preneurs des terres dont la déclaration suit :
Premièrement
deux septiers et mines de terre sis au terroir de (blanc) tenant des deux côtés
et d’un bout au Sieur Debaste et d’autre bout au chemin tendant de Châteaudun à
La Bazoche,
Item
deux autres septiers et mines de terre tenant
des deux côtés aux terres de la Haloyère [commune de Lanneray], d’un
bout sur l’Herbage [pour Herbergage désignant une grange disparue au Boulay]
dépendant de la terre de la Brunetière
et d’autre bout aux terres de la Mainferme [commune de Lanneray],
Item
sept septiers faisant partie de la pièce de vingt septiers situés au terroir de
(blanc) tenant d’un côté au chemin d’Unverre à Châteaudun, d’autre côté aux
terres de la Galichère [commune de Châtillon], d’un bout au surplus de la pièce
et d’autre bout sur une noue qui fait partie de ladite terre des Goislards (la
Bernetterie),
Item
sept autres septiers faisant aussi partie de la pièce de vingt septiers tenant
d’un côté à six septiers faisant partie de la même pièce dont jouit le nommé
Coutant, d’autre bout audit chemin d’Unverre à Châteaudun, d’un bout à la pièce
dernière déclarée et d’autre bout à plusieurs,
Item
trois septiers et mines (moitié de sept septiers) terroir des Châteaux [commune
de Châtillon] tenant d’un côté au surplus de ladite pièce dont jouit le nommé
Coutant, d’autre côté et d’un bout en pointe à un muid de terre faisant partie
dudit lieu de Libouville et d’autre bout au Chemin des Morts,
Item
un clos contenant cinq boisseaux ou environ tenant d’un côté au jardin de la
métairie de Libouville, d’autre côté à
la rue du village de Libouville au grand chemin de Châteaudun, d’un bout à la
commune et d’autre bout sur les jardins de Pierre Letartre et Mathieu
Laudereau,
Item
un septier ou environ en noue et journets tenant d’un côté à la première pièce
de sept septiers ci-dessus déclarée, d’autre côté aux terres de l’Echarbot
[commune de Lanneray] d’un bout aux terres de la Minaudière [ commune de
Châtillon] et d’autre bout sur ledit chemin tendant d’Unverre à Châteaudun,
A la charge par lesdits preneurs ainsi qu’ils
s’y obligent de jouir du tout en bon père de famille, de faire leur demeure sur
le lieu à leur famille, chevaux et bestiaux en nombre suffisant, tant pour
l’exploitation dudit lieu que pour sûreté de la ferme ci-après, de bien et
dûment labourer, fumer, cultiver et ensemencer lesdites terres labourables en
temps et saisons convenables et par coutaisons égales, sans les doubler ni dessaisonner,
de bien et dûment livrer leur dîme, conserver la possession d’icelle et faire
en sorte qu’il ne soit fait aucune entreprise par qui que ce soit, et s’il s’en
faisait quelqu’une, d’en avertir lesdits Sieurs bailleurs , de laisser en fin
du présent bail sur ledit lieu toutes les pailles, balles et fourrages et
engrais sans en pouvoir divertir ni en enlever aucuns, d’engranger le bled et
mars qui proviendront chacun an desdites terres, ensemble de la dîme, dans les
granges dudit lieu sans en pouvoir engranger ailleurs, de faire les approches
des matériaux nécessaires pour les réparations des bâtiments dudit lieu
[indication communiquée par C .
Léger : cette clause est
nulle, c’est le fermier des Champs- Picards qui en est tenu avec celui de
Bussard pour moitié], de voiturer chacun an avec leur harnais du lieu de
Châtillon la moitié de la redevance de quatre muids de bled méteil et
trente-deux septiers d’avoine dans les greniers de l’Hôtel -Dieu de cette ville
que ledit Hôtel-Dieu a droit de prendre sur la grande dîme de Châtillon
appartenant au Comté de Dunois, de planter chacun an six sauvageaux, et lorsque
lesdits sauvageaux seront en état d’être entés [greffés], les feront enter de
fruits francs, comme aussi de fournir chacun an par les preneurs douze nombres
de chaumes mis au pied desdits logis, de voiturer et prendre sur lesdites
terres toute la marne nécessaire pour marner les terres ci-dessus baillées qui
ont besoin d’être marnées prise sur la marnière dudit Hôtel –Dieu : pour quoi leur sera payé trois livres dix
sols par chacun setier des dites terres qui seront par eux marnées.
Ce
bail fait aux dites charges et outre moyennant la quantité de trois muids de
bled-méteil bon, loyal et marchand tel qu’il sera recueilli sur lesdites
terres, mesure de Dunois, rendus ès greniers dudit Hôtel -Dieu et six chapons,
le tout de ferme par chacun an, payable, savoir les chapons à Noël et la ferme
en bled au jour de saint Rémy que les preneurs s’obligent, un seul d’eux et
pour le tout sans division, ni discussion, ni fidéjussion à quoi ils renoncent,
même ledit preneur par corps, comme ferme de campagne de payer chacun an
auxdits sieurs bailleurs ès greniers dudit Hôtel-Dieu ou au porteur des
présentes et de leur en faire et payer la première année de paiement pour les
chapons au jour de Noël 1745 et pour le bled au jour de saint-Rémy 1746 et
ainsi continuer sur ce pied à pareil jour durant le cours du présent bail, le
droit duquel les bailleurs ne pourront céder ni transporter sans consentement
exprès et par écrit desdits bailleurs auxquels ils s’obligent de délivrer à
leur frais une expédition des présentes en forme exécutoire,
Et
pour faciliter auxdits bailleurs la culture des dites terres et le charroi de
la marne et pour leur aider à avoir des
bestiaux, lesdits Sieurs bailleurs leur ont présentement fait payer par
le Sieur Cochery, receveur dudit Hôtel-Dieu la somme de trois cent livres que
lesdits preneurs reconnaissent avoir reçue, plus la somme de cent quatre-vingts
livres, prix de deux cavalles (juments), une charrette roulante, une charrue
aussi roulante, un banneau démonté, trois herses, une selle de limon [pour
cheval destiné à traîner une limonière ,charrette avec deux limons ou barres
d’attelage, beaucoup plus lourde par conséquent] et autres équipages desdites
cavalles que lesdits preneurs reconnaissent que Denis Bois et sa femme
actuellement fermiers de la dite terre lui ont livré pour tenir (compte de)
ladite somme de cent quatre-vingts livres que lesdits Bois et sa femme doivent
audit Hôtel-Dieu pour ferme et avances au bail du 30 octobre 1742, lequel
bail, du consentement du dit Bois et
Pétronille Ronceray à ce présente et pour ce comparante, ladite femme autorisée
dudit Bois son mari, demeure résilié pour ce qui en reste à expirer sous réserves
faites par les dits Sieurs administrateurs dudit Hôtel-Dieu du surplus de
l’année qui échoira au terme de l’année prochaine ; pour quoi, de leur consentement, ledit bail
demeure en sa force et vertu, lesquelles deux sommes viennent ensemble à quatre cent quatre-vingts livres ;
Plus
lesdits Sieurs administrateurs s’obligent de fournir aux preneurs la quantité
de trois muids d’avoine dite mesure [dunoise], et un cent de foin pris au lieu
qui leur sera indiqué, laquelle somme, grain et foin lesdits preneurs
s’obligent solidairement comme dessus de les rendre et payer, savoir la somme
de quatre cent quatre-vingts livres dans les quatre, cinq et sixième années du
présent bail par portion égale, l’avoine en espèce dans les trois premières
années et le foin sur le pied qu’il vaudra lors de la livraison aussi dans les
trois premières années du présent bail,
Car
ainsi promettant, approuvant, renonçant, fait et passé audit Châteaudun, au
bureau dudit Hôtel-Dieu, présents Gilles Péan, armurier et Joseph Clément, menuisier,
demeurant audit Châteaudun témoins qui ont, avec lesdits Sieurs bailleurs et
ledit Ronceray et nous notaire , signé la minute des présentes, ainsi
signé : Maury, Guérineau, Souchay, Tuault, Foucault, curé de Saint-Pierre,
Breton, Ronceray, G. Péan, Clément et nous notaire soussigné aux présentes, et
la minute contrôlée à Châteaudun le 28 novembre 1744 par Delaplace qui a reçu
six livres pour deux droits, et quant aux autres susnommés ont déclaré ne
savoir signer de ce enquis et interpellés [scellé le 28 décembre 1744].
Tiercelin
(Notaire).
____
Commentaire de ce bail.
Lieux –dits :
Le problème compliqué des Goislards,
c’est-à -dire la Bernetterie aujourd’hui, et des Goislardières, tous deux
paroisse et commune de Lanneray. .
1
Le petit Libouville, ou la petite métaierie de Libouville, dite la Brunetière, puis les Goislards et la Goislardière (B305),
désigne la ferme actuelle de la Bernetterie (commune de Lanneray).Cette ferme isolée de la
Bernetterie tire le nom qu’elle a porté un temps, les Goislards , de
son fermier de 1448,
Colin Goislard
et du fermier de 1557 Pasquier Goislard , Cf .
le nom d’un administrateur de l’Hôtel-Dieu, Pierre Goislard , sieur de
Villebresme, seigneur du Rameau et du Bois-Raimbourg.à Langey. C’est une pure
coïncidence géographique que leur nom,
signifiant originaire de Goële (autour de Dammartin–en–Goële, prononcer
goile) ou de Gohelle (autour de Lens), se retrouve proche du hameau des
Goislardières. Après avoir été mentionnée comme Chevron en 1239, elle est appelée la Brunetterie en 1505 dans
la charte de l’Abbaye de la Madeleine de Châteaudun et la Bernetterie, en 1861
seulement , dans le Dictionnaire
topographique d’Eure-et-loir de Lucien Merlet. C’est pour éviter la
confusion possible avec le nom du hameau
voisin des Goislardières que
le nom de La Brunetière s’impose au détriment de celui de la Goislardière ou des Goislardières
à partir de 1742 (B 331) .De là
le nom actuel de la Bernetterie.
2 Le hameau des Goislardières, dans la commune de Lanneray également, tire
son nom du Bois des Goislardières qu’il
prolonge . Ce bois était la propriété du Chapitre de Chartres et d’‘ailleurs
il fut longtemps appelé le Bois du
Chapitre. Il n’a jamais appartenu à l’Hôtel-Dieu , sauf pour les menues dîmes ;
il est d’ailleurs
attesté en 1217 :
Registre, In-folio, parchemin, 30 feuillets A3,
23 et 120, A6, 12, A 8, 51 et 120, don à
l’Aumône par Geoffroy de Droué (en latin de
Droi), de la menue dîme à la
Goislardière (singulier à noter) d’une terre
appelée en latin Gouherderia , la
Gouherderie. On trouve mentionné
ce nom en 1417 dans le registre des fiefs sous la forme La Goislardière, en 1525 dans la Charte du Chapitre de
Chartres sous la forme Les Goaslardières,
en 1609 sous la forme La Gouaschardière,
en 1650 sous la forme La Gouaslardière,
en 1686 sous la forme les ss Goueslardières . En février
1623 , un sieur François Brebion se dit sieur de la Goislardière. . L’étymologie
est un mot gaulois signifiant jachère. Car le Bois du Chapitre de la carte de Cassini vers 1760 a
repris le nom qu’il avait en 1217, la Gouherderia , ce dernier étant attesté
en 1609 comme le bois des
Guaschardières . Il s’agit d’un nom commun qui se retrouve
dans la commune de Langey dans un nom de
hameau et signifie jachère. Le mot jachère
est d’origine gauloise et vient du gaulois gascaria , ébranchage, débroussaillage. Le gaulois gauharia, avec
suffixe gaulois -ari , terrain
découvert, signifie
taillis, branches basses, landes,
d’où le toponyme de Gohory et le
patronyme de Gohier, de gauhari.
Beauvoir,
la Galichère
et les Châteaux
sont dans la commune de Châtillon.
La
Vallée Féty
correspond peut-être à La Glonnière , au sud du Bois-
Mouchet et au nord du Bois- Mouchet des Marandeaux . Le nom de la vallée Féty (pour Fetuy devenu Fetii) désigne la vallée où
l'on récolte la paille pour faire les toits et Fetui vient du latin, festuca , de même signification. Mais, à côté de cette forme savante qui n’a pas
survécu, existe une forme populaire d’origine
germanique, la vallée de la Glonnière, de gluionnière mot dérivé lui-même de l’ancien français gluion , botte de paille du germanique gluye
, paille.
La
Vallée de la Renarde , plutôt
que de la Venarde , semble correspondre
de par la localisation à l’actuelle vallée de l’Araignée, ou aragne , peut-être altération de l’ancien français
arage au sens de terre
labourable .
La
vallée
des Gouffres est indiquée sur le cadastre de la commune de Lanneray section G1, vers le bois des Goislardières : c’est
aujourd’hui la vallée de des Serins., puis de Libouville.
Le masculin Petit Friche désigne un
terrain non cultivé, comme les deux
masculins de l’ancien français fraitis ou friez , du latin fractitium,
qui désignent une terre qui n’a reçu qu’un premier labourage. Ce toponyme
correspond peut-être aujourd ’hui
au Petit Muid, évolution par
abréviation de « le Petit Friche d’une superficie de un muid
« (muid , du latin modium, grande mesure de blé et par
suite surface ensemencée avec cette mesure, environ un boisseau ).
Sur
la carte, sont aussi mentionnées les Grandes Noues (les grands
marais) et les Noues de la Vallée.
Définition de la ferme et des
terres :
« Maison pour le fermier, granges et
écuries aux chevaux, étables à vaches, bergeries, toits à porcs,loge
[atelier,maillère ] , cour entourée de murs avec porte charretière [entre la Petite et la
Grande Minaudière, à laquelle aboutit le chemin dit justement de Grand’Maison],
jardin dans lequel il y a une fosse à
eau et 16 boisseaux de noues [marécages] et clos , dans lequel il y a des
arbres, joignant ladite cour, en la quantité de 80 setiers de terre à
Libouville 5200 hectares) et dîmes dépendantes en ladite paroisse de
Châtillon ».
Le territoire des dîmes de
Châtillon.
Routes :
Le chemin de la pierre aux
chevaux désigne le chemin de
Châteaudun Châtillon, ou chemin dîmier, soit, non le chemin de Logron avec embranchement vers Libouville rejoignant Châtillon, mais la voie passant par Lanneray,
Cormier,les Champs- Picard et le Coudray : la D31 .
Chemin d’Unverre à Sainte- Radegonde et Châteaudun : la D 31.
Chemin de Libouville :
la D361, 1.
Chemin de Gohory : la D128 1
Chemin passant par Beauvoir
et La Galichère :
la D17.
Le
bail, nous précise que la dîme se
perçoit à raison de 3 gerbes par arpent.
Ce
territoire est traversé de façon médiane par le chemin dîmier, vulgairement appelé le chemin de la pierre aux chevaux , appellation qui désigne le chemin de Châteaudun à Châtillon ( D31 actuelle ) , qui passe par Lanneray, Cormier,
les Champs- Picard , les Châteaux (du latin populaire catella, petts sillons
petites buttes de terre) et
le Coudray (et non pas le chemin de
Lanneray à Logron avec l’embranchement
vers Libouville rejoignant
Châtillon) .Il englobe largement à
quelques exceptions près typiques d’une propriété dispersée, la grande métairie
de Libouville ,et s’étend :
1 au sud depuis la Vallée actuelle des Serins (commune
de Lanneray) ou vallée de Libouville
près du bois des Goislardières appelé les Gouffres (section G1 du cadastre de Lanneray)
et de Sainte- Radegonde ;
2 au nord, depuis
les Noues de la Vallée et les Grandes Noues ;
3 à l’ouest,
depuis l’actuelle Vallée de l’Araignée (anciennement de la Renarde) ;
4 à l’est, depuis la Glonnière (ancienne vallée Fetii) jusqu’au Petit Friche , à Beauvoir et
à la Galichère sur la commune de Châtillon et jusqu’à la Bernetterie.
Le
bail nous précise que la dîme se perçoit
à raison de trois gerbes par arpent.
Voici le texte exact de la charte modernisé :
La
dîme est à prendre depuis le chemin bas
de Libouville (D361 1) qui coupe le
chemin de Châteaudun à Châtillon, vulgairement appelé le Chemin de la Pierre aux Chevaux (le
chemin de la pierre aux chevaux désigne
le chemin de Châteaudun à Châtillon, ou
chemin dîmier, soit le chemin passant par Lanneray, la D31 ),
menant le long du dit chemin à aller à Châtillon (D 31) en
face jusqu’à l’extrémité de la pièce de quarante
septiers faisant partie des terres baillées vers Châtillon et depuis le bout desdits quarante septiers
rejoignant la vallée [de Libouville
aujourd’hui] qui enferme et traverse quatorze septiers de terre
appartenant au nommé Gallerne, un septier au nommé Coudré, une mine à la veuve
du Sieur Germont à cause de sa terre de la Brunetière, depuis ladite vallée qu’on appelle plus loin les Gouffres [ commune de Lanneray , section G1 du cadastre de Lanneray, vers le bois des Goislardières : c’est
aujourd’hui la vallée de Libouville, puis des Serins) jusqu’au bas au fil de
l’eau des Grandes Noües en s’écartant à gauche jusqu’à une voie
pour charrette peu fréquentée menant vers la Galichère (D17) jusqu’au chemin
d’Unverre à Châtillon ( D 31) en descendant le chemin jusqu’aux Noues (figurent
sur la carte : les Noues
de la Vallée) et depuis le chemin
d’Unverre (D 31) traversant ces Noues pour aller jusqu’au Petit Friche qui coupe le chemin
de Gohory à Sainte- Radegonde (D128 1, puis D31) en face jusqu’au-dessus de
la métairie des Goislards (la Bernetterie)
jusqu’au chemin qui va dudit chemin
de Gohory (D128 1, puis D31) qui mène le long des haies du clos du village
de Libouville vers Châteaudun faisant en descendant et en tournant audit
premier chemin appelé le chemin de la
Pierre aux Chevaux (D31) et coupant
ledit chemin de Châtillon à
Châteaudun (D31) où se trouvent
enclavés vingt septiers de terre à gauche au terroir de Beauvoir, tenant au sud à la
Vallée Fétii ; au nord auxdites Noues (de la vallée) ; à
l’est au chemin d’Unverre à Châteaudun (D31) et à l’ouest vers la Vallée de la Renarde , lesdits vingt
septiers en trois réages [pièces soumises à l’assolement
triennal dont une en jachère ] dépendant
de la Bernetteries , les 20 setiers
étant exempts de ladite dîme aussi
bien que les terres dont jouissait Hamonière dépendant dudit Hôtel-Dieu
La métairie de Libouville était bien une métairie car l'Hôtel-Dieu faisait l'avance du foin et des moyens de production et le loyer était payé en nature: grains plus volailles.
La recherche de l’augmentation du rendement agricole.
On peut lire dans le bail que « lesdits sieurs administrateurs s’obligent de fournir aux preneurs la quantité de 3 muids de semences, dite mesure dunoise », ce quiest la garantie de semences de qualité.
La diversité des plantes cultivées.
Si la vigne y était cultivée au 13e siècle , elle disparaît ensuite pour les cultures de blé , de seigle, d’avoine , d’orge et de pois ainsi que de vesce .Brebis, porcs et volailles y sont élevées également. L’orge est plantée en mêmetemps Que la vesce grimpante et lui sert de tuteur : la vesce sert de fourrage pour les brebis , les vaches et les chevaux et elle sert aussi d’engrais vert.
La recherche d’augmentation du rendement agricole.
A partir de 1615, apparaît un procédé d’augmentation du rendement : le méteil, c’est-à-dire le fait de semer ensemble du seigle et du froment, ce qui a pour effet d’améliorer à la fois la qualité et les quantités produites.
Les fermiers ont l’obligation de respecter l’assolement triennal.
Les terres devront être cultivées avec trois coutivoisons (cultures) simultanées sur trois réages (nom donné aux pièces dédiées à l’assolement, les soles aujourd’hui).
L’Hôtel-Dieu fixe plusieurs
types de culture : une céréale
d’automne (l’escourgeon
ou orge
d’automne) , une céréale d'hiver
(typiquement, le blé) et une céréale de
d’avoine qui se sèment au mois de mars ).
La première année, la première sole
(ce qu’à l’époque on appelait réage)
accueillera la céréale d'hiver, le blé
méteil (semé en même temps que le seigle) ; la deuxième sole, la céréale de printemps, l’orge et la
vesce, et la troisième sole sera en jachère
(repos).
La deuxième année, l'agriculteur
pratique une rotation : sur la première sole, il cultive la céréale de
printemps, sur la troisième la céréale
d'hiver tandis qu'il laissera la deuxième en jachère.
Enfin la dernière année, la première sole sera en
jachère, la deuxième accueillera
les
céréales
d'hiver et la troisième les céréales de
printemps et les pois .
Le matériel prêté par l’Hôtel-Dieu.
Les fermiers disposent d’ « une charrette roulante, d’une charrue aussi roulante, d’un banneau [petite voiture à deux roues] démonté, de 3 herses, d’une selle, de 20 harnais ».
La greffe
« Les fermiers ont l’obligation de planter par chacun an 6 sauvageaux [appelés aujourd’hui sauvageons] qu’ils feront enter de fruitiers francs [arbre fruitier provenant du semis des graines d’un arbre déjà amélioré par la culture, ce qui donne de meilleurs résultats que sur sauvageons, c’est-à-dire arbres fruitiers naturels], -
Le marnage et les engrais verts.
Les fermiers ont l’obligation de voiturer et prendre sur lesdites terres toute la marne nécessaire pour marner les terres ci-dessus baillées qui ont besoin d’être marnées , prise sur la marnière dudit Hôtel –Dieu : pour quoi leur sera payé trois livres dix sols par chacun setier des dites terres qui seront par eux marnées « .
Un bail stipule que « les fermiers ont l’obligation de laisser en fin de bail toutes les pailles, balles et fourrages et le grain », ce qui montre l’importance accordée également à l’engrais vert comme les éteules ou les vesces .
L’entretien des bâtiments, en particulier des toits en chaume .
« Les fermiers devront fournir chacun an par les preneurs douze nombres de chaumes mis au pied desdits logis. »
Les procès
1544-1663, sentences rendues au profit de l’Hôtel-Dieu contre les détenteurs de la métairie de Libouville, pour les rentes dues sur la dite métairie. Rangé en B 299, carton ,9 pièces, parchemin, 3 pièces de papier.
Les accidents humains et climatiques.
En 1352, la guerre de Cent- Ans qui se termine a durement affecté la grande métairie de Libouville , si bien que les frères de l’Hôtel-Dieu durent faire un prêt à Jean Dumont de 6 muids de blé, 6 muids d’avoine, 2 setiers de pois, 2 setiers d’orge, 1 setier de vesces et 24 livres tournois pour l’aider à cultiver la grande métairie qui devait être ruinée.
Le froid et la grêle sont les principales calamités. En 1742, l’Hôtel-Dieu doit faire une grosse remise aux fermiers « en considération de la grêle tombée sur la dite terre en l’année 1735 et de la stérilité des années suivantes , notamment l’année 1741 et de 1742, dont la récolte n’a pas produit aux preneurs de quoi les nourrir et ensemencer les terres sus baillées . Les fermiers, trop endettés, n’ont pas pu poursuivre l’exploitation de la ferme de Libouville qui est remise en location en 1744.
17°1753, au même Ronceray , pour 9 ans, moyennant 42
setiers de méteil et 6 chapons ;
18°1761, au même Ronceray, pour 9 ans, moyennant 3 muids
de froment, 3 muids de méteil et 6 chapons ;
19°1770, avec les Goislards (la Bernetterie actuelle
commune de Lanneray) , 24 setiers de
terre labourable , à Marie Bois,
veuve de René Ronceray, pour 9 ans, moyennant 90 setiers de froment et méteil,
6 chapons et 2 poussins.
20°1780, à la même, pour le même temps et le même
fermage ;
21°1785, à Alexis- René Ronceray, pour 9 ans, moyennant
90 setiers de froment et méteil, 6 chapons et 6 poulets.
Plans :
13 1759. Plan géométrique de la
terre et seigneurie de Libouville, des terres des Champs- Picards, les Goislardières (la Bernetterie actuelle), et le [grand]
Boulay, par Blin.
14 1759-1763. Relevé du plan géométrique de la seigneurie
de Libouville avec les dates des reconnaissances..
15 Compte rendu par François- Charles Blin , commissaire à
terrier, aux administrateurs de l’Hôtel
-Dieu de la recette des gands (le mot gand , ou avec une autre
orthographe gaaing désigne une
redevance sur les terres ensemencées )
et ventes dues à la seigneurie de Libouville, lors de la confection dudit
terrier, 48 livres 11 sous.
Constructions
et réaménagements de 1843. Le cahier des charges
Archives municipales de Châteaudun (communiqué par C.
Léger), dossier Archives hospitalières.
Annonce d’adjudication pour le 2 avril 1843, au prix de 7000 FR. avec 3
plans ; dans le journal, plans et cahier
des charges de 10 pages, indiquant entre autres que les bergeries actuelles
sont en bon état mais insuffisantes. Le 3e plan montre pour le
bâtiment B, de gauche à droite une soue
à cochon juste avant la grange, un poulailler dans le coin, puis deux bergeries (il existait d’autres bergeries
derrière la Petite Minaudière) et une « étable à vaches .
Comparaison avec la ferme
actuelle
La
grande métairie de Libouville s’est
aujourd’hui deux bâtiments d’habitation : l’un est situé vers la route
de Châtillon (bâtiment A), l’autre lui fait face (bâtiment B).La « maison pour le fermier » du
texte est devenue
aujourd’hui le salon du bâtiment B.
Les « granges »
du texte étaient au moins au nombre de deux.
La plus ancienne,
celle où les dîmes étaient probablement entreposées à titre provisoire, a été aménagée et été intégrée au bâtiment B, dont elle compose le hall d’entrée, la salle à
manger, le bureau, l’arrière- cuisine et le
garage. Les belles pierres
taillées de deux portes, l’une à l’avant donnant sur la cour et l’autre à
l’arrière donnant sur le « clos », sont encore visibles dans le garage. Les pierres d’encoignure de cette ancienne grange se discernent
difficilement dans le mur du hall
d’entrée.
Une
deuxième grange, bien plus récente,
est toujours en place au fond de la cour (voir photo).
Les étables aux chevaux, situées
derrière la maison du fermier, sont devenues une chambre à coucher dans le
bâtiment B.
Les étables à vaches
étaient situées à l’extrémité du corps du bâtiment A.
Les bergeries et toits à porcs ont
été
reconstruits en 1843 , dans
le corps du bâtiment B pour les bergeries , lesquelles ont été
transformées en maison d’habitation. Il existait aussi d’autres bergeries derrière la Grande Minaudière, mais
elles ont été détruites .Le toit à porcs a été reconstruit et juxtaposé à
un poulailler entre la grange et les
bergeries, fermant ainsi la cour de ce côté.
La loge était
l’autre nom des ateliers, ou hangars, appelés localement maillères , et ils sont toujours en place .
Quant à la « cour enclose de
mur avec porte charretière », les murs ont disparu
ainsi que la porte charretière. La porte
charretière se trouvait entre la Petite Minaudière et la Grande Minaudière, à
l’aboutissement du chemin de la Grand’Maison
. Les bornes d’entrée ont tardivement
été déplacées et apportées au manoir de
la Poterie par le fermier Mauger pour complaire à la famille de son
gendre. Elles se trouvent de chaque côté d’un porche d’entrée monumental datant
du XVII e siècle.
Le « clos dans
lequel il y a des arbres joignant ladite cour » constitue le verger actuel qui débouche sur la cour.
Le « jardin
dans lequel il y a une fosse à eau [entendons une mare] et 6 boisseaux de
noues » [marais] était assez grand
et s’étendait jusqu’à un endroit jadis appelé le Vivier situé devant
la Grande Minaudière. Les noues étaient
étendues, mais ont été asséchées.
En 1975, l’Hôtel-Dieu a décidé de construire un nouvel
hôpital et , pour cela,de vendre aux
enchères tous ses biens inutiles . Le fermier occupant, Maurice Mauger et son
épouse née Blondeau obtiennent la Grande métairie de Libouville qui sera alors
partiellement démembrée (La Petite Minaudière et la Grande Minaudière ) et
amputée de divers morcellements et
lotissements (la Taille Nord), que le maire de Châtillon –en-Dunois
Claude Terouinard arrêta heureusement.
C’est ainsi que se termina l’histoire de la Grande Métairie, du moins en tant
que métairie : Mauger, puis son épouse affermèrent les 200 hectares
de terres cultivables à M. Olivier
Gernez.
Notes
1 A3/32.
2 A7/132.
3 A4 /7.
5 A7 /128 .
6A7/129.
7 A7 /130 et 131.
8 A 7 /132.
9 B 283.
10 B 286.
11 B 287(Carton) 20 pièces, parchemin ; 23 pièces, papier.
12 A3, 23 et 120, A6, 12, A 8, 51 et 120,
Carton, In-folio, parchemin, 30 feuillets.
13 B293 (plan), 1 pièce, papier collé sur
toile.1759.
14 B 294, registre, In-folio, papier, 138 feuillets 1759-1763,
15 B301, 1763, carton, 2 pièces de papier.
° Litterae Ludovici Blesis comitis de omnibus nostris observandis . Ego Ludovicus, Blesis et
Clarimontis comes, notum facio omnibus , tam futuris quam praesentibus, quod
ego, Ierosolymam proficiscens, pro amore Dei et animae meae et parentum et
antecessorum meorum remedio, Elemosinam Castriduni, in custodia et defensione
mea, et res ejus universas suscepi, et ei universas elemosinas, et a me et ex
assensu meo, et ab antecessoribus meis
vel ipsorum voluntate collatas,
garantandas manucepi et confirmavi, videlicet : terram de Cortermont, quam
comes Theobaldus, pater meus ipsi Domui dedit et illam terram in eadem parte,
quamHugo de Iallans dedit Domui quitam Elemosinae,Guillermo, filio
suo,,concedente, Terram de Villereti ;Terram de Pertes ;terram de
Villa Episcopi ;Terram de Villemblini ;Terram de Iallanz ;
terram Bordarum ;Terram Libovillae cum villa ; Terram de
Tronchetis ; Terram de Bello Fago cum villa ; Terram de
Borgelattre ; campum terraequem defunctus Osmundusde Tievilla dedit juxta
Noeretum ; centum solidos annui redditus quos comes Theobaldus,pater meus,
dedit in anno novo reddendos de praepositur Castriduni (corrigé par
moi en ; praeposito Castriduni) ; vigintilibrasredditus quos ego ipsi Domui dedi ; decem libras
in banno Pentecosten, apud Castrumdunum ; nemus Bordarum ; decimam de
porcheronvilla quamRaherius de Peveris et Bochagia, uixor suaz,dedeunt ;in
decima de villavesson , tredecim sextarios ybernagii et unum modium avenae
redditus annui in festo sancti Remigii
quos theobaldus Ruffus dedit ; unum modium ybernagii in decima de Donamanu
et decimam vineae Raginaldi de Fonte quae est juxta Herberiagium quae Pucelina
de Rupe dedit ; asnetam terrae apud Sarmesoles et hospîtam terrae cum tali
redditu ;quinque solidos et VIdenarios
Parisiensium annuatim ad festum sancti Remigii , et duos sextarios
avenae ad rasum, et quatuor boisellos annonae ejusdem terrae pro panibus
oblitorum, et duas gallinas, e tduos denarios pariter in natali, et campi partem totius terrae,
excepto arpento mansionis, quae immunis remanet pro oblitis et …picturina
census Pariensis in festo sancti Carrauni ; unum sextarium redditus
ybernagii in decima de Liconci ;
decimas de Villa Episcopi et de Villa in Podio, et de VillaLupi ;
unum sextarium redditus quem Adam de Badilleriis , in decima suade Villa
Episcopi , dedit ;decimam de Binais quam pater Gaufridi de Binais
dedit ; decimam furni et pressorii Hugonis de Cloia, quam ipse Hugo
dedit ; unum sextarium redditus in
molendiino de chavanz, apud Feritatem, quem Hugo Oiiveri dedit ; ad sancti
Remigii ,unum modium reditus q uem Hugo Camerarius dedit in dicto molendino de
Chavanz, ad festum sancti Johannis Baptistae sicut redditus veniet per
menses recipiendum ;unum sextarium
redditus quem Eraudus Malaterra dedit in terram suam de Hahia ad sancti
Remigii, et XIIdenarioscensus in vineis
Stephani Guehon et Mariae, quae fuit uxor raginaldi Tescelini in clauso de
Rouseren, uterque debet videlicet : quatuor sextarios unam et eminam nnonae deredditu ad Toriellum
in terra Odonis Brunel quos ipse O ; dedit ad sancti Remigii ;
nundinas Elemosinae quas ego et G.
Castriduni vicecomes, dedimus in festo Magdalenae cum salvo conductu euntium ad
nundinas et redeuntium ad tales consuetudines ad quales ego et ille tenemus
nundinas Castriduni in Nativitate Beatae
Mariae ; sex libras redditus quas
Elemosina capit in redditiibus comitis
de Bello Monte ad Castridunum quas ipse dedit , et tenetde vicecomite
Castriduni ;burgensem apud Carnutum semper Elemosinae servientem, ab
exactione et tallia et omnibus consuetudinibus quitum et liberum, domum
Elemosinae apud Carnotum ; molendinosde Vovreto, qui sunt toti immunes
Elemosinae,ita quod elemosina proinde reddit annuatimquatuor modios redditus
Bernaldo de Bullou, piscatura boccarum et bracarum in portis molendinorum
totaest propria Elemosinae ; aquam Villereti ; pacem inter Abbatiam
et Elemosinam Castriduni de decima vinearum quam Elemsina debebat Abbatiae, pro
qua reddet ei de cetero annuatim sexaginta et decem solidos Dunensium, et
decima quicumque loca vinearum possideat
in perpetuum,erit Elemosinae, et sunt loca vinearum haec : in Freitval
tria arpenta ; ad Mouflat,tria arpenta ; ad Huelinam, duo arpenta et
dimidium ; ad Terras Dulces , quatuor arpenta ; juxta vineas Hugonis
Quadrigarii, tres quateria ; vinea de Fronteniounum arpentum ;utraque
domus licite sine conditione alterius sub censivis alterius ad invicem juxta
summam census utriusque poterit adquirere et tenere quod adquisierit,salvo jure census..Sciendum est
autem quod decima de Binais ,de qua supra locuti fuiest minuta decima.Praeteea
resuniversasipsi Domuiin perpetuum tenendas concessi.,quas, deo volente,
processu tempois in foedo meo juste adquirere.Quod ut in perpetuum stabile
maneat ac firmum, litteris commendavi,et sigilli mei impressione
confirmavi.Actum Aureliani, apud Sanctum Evurtium,anno gratiae millesimo
CC°,secundo ; Datum per manumTheobaldi cancellarii mei, mense Maii.
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