Nouveaux détails sur les assassinats de mes grands-parents en 1917.
J’ai commis un blog
précédent sur le sujet :
UNE CONSPIRATION EUROPÉENNE APPUYÉE SUR DES RIVALITÉS INTERTRIBALES DANS LE NORD DE LA
NOUVELLE-CALÉDONIE,par le dernier descendant des colons massacrés, Paul--François
Griscelli, ou
comment mes grands-parents ont été mangés par le chef Noël et par son frère
Poigny .
Est-ce les tribus de tendance catholique comme celles
de Kavéat qui sont les rebelles, ou plutôt les protestants du chef Néa , du chef Noël, de son frère Poigny et de
leurs hommes ? Kavéat , lui qui fut assassiné, pour éviter qu’il n e
parle, n’est-il pas plutôt innocent et victime, tandis que des coupables comme
Néa sont innocentés par la justice ?
Aujourd’hui que tout le monde est mort et que j’ai moi-même
80 ans, je veux, « sans colère et sans haine, comme Moïse le
rocher » frapper à nouveau les faux
historiens et révéler divers éléments.
J’avais eu connaissance par une journaliste métropolitaine
(elle avait enregistré ses propos et me donna la bande magnétique), savoir Edouard Normandon de Ouégoa, ami de
Mézière (de Ouégoa aussi ) et apparenté
aux Leroi-Nakamura de Pam-Pondelaï près de Ouégoa – marié à une autochtone
Pouye ou Poye de Ponérihouen .Ils mettaient en cause le lépreux Louis Delhumeau,
un métis de Oué Hava agissant sur ordre de Néa Kiolet Galet ( de la tribu de Ouanach protestante)
et qui fut plus tard banni de la tribu de Oué Hava.
Ma mère, que je
questionnai sans pitié et je le regrette aujourd’hui, m’a raconté comment son père tomba à Oué Hava
dans un traquenard : de bonne heure ,
il fut attiré hors de sa maison par un
homme de Oué Hava,un métis qu’il connaissait bien et agissant par racisme
antiblancet par jalousie aussi ne prit-il pas son fusil, ce qui fut fatal sa
femme et à lui-même ainsi qu’au Javanais qu’il employait . Ce fut le seul de cette tribu qui ait pris le parti des rebelles et qui, étant le
traître de la tribu de Oué Hava , chercha à incriminer faussement sa patrie et
à attirer sur elle les représailles de l’armée par une sordide mise en scène,
ce qu’il paya plus tard par une sentence d’exil. Mon grand-père avait confiance
en lui et à Pierre, au point qu’il avait demandé à ce lépreux de témoigner sur l’acte de
naissance de ma mère Marguerite Grassin, le 3 novembre 1907, de concert avec un
colon voisin (Jauneau), Louis Dehumeau.
Dès que mon grand-père l’eut reconnu et
se fut ’avancé sans méfiance, une balle
l’atteignit et tous les rebelles « protestants » ( !) de
l’autre côté de la chaîne, de Koniambo , se débusquèrent.
On trouve un Pierre Delhumeau,celui qui est
arrivé en Calédonie avec son père, employé de Petijean-Laborderie en 1907, vendant à Petitjean le lot 13 bis de 5
hectares 83 centiares dans la Haute Tipindjé,
à Oué Hava. .Il est marié à Iké Démou, soeur du petit chef de Oué Hava, marié
lui-même à une Wimanick., d’où leur fils Léon. Il est concubin de Pouapoué
Thiéou, d’où Louis et Henri, reconnus par lui. citons encore Kalène, beau-
frère de Kavéat (donc il avait épousé
une de ses soeurs)Sans m’attarder sur la généalogie des Delhumeau, ceux-ci, originaires d’Oléron,
arrivèrent avec leur fils Pierre (-Félix), né à Saint-Georges
d’Oléron le 23 juin 1856 , fils de Félix
Delhumeau (né le 30 octobre 1827à
Saint-Georges d’Oléron, fils de Pierre Delhumeau, 66 ans, cultivateur, au
lieu-dit Chaucre de cette commune et de feue Elisabeth Courrier, marié à Saint-Georges le 21 juin 1853 avec Mélanie Savis, Pierre Delhumeau était le père de Louis qui nous intéresse ici , de Henri et de Léon, demi-frères. Acte
de naissance à Touho le 17 mars1904 de
Léon Delhumeau , fils de Pierre
Delhumeau et de Iké Démou (sœur su chef de Oué Hava). Le 27 septembre 1904, à Touho,
mariage de Pierre et de Iké Démou et reconnaissance de Léon.
Les parents Delhumeau et leur fils Pierre débarquent dès le
27/12/1865 en Calédonie, attirés par ler
chimérique espoir d’un pseudo-phalanstère , à Yaté, mais le phalanstère échoue lamentablement ;
toutefois, ils restent sur place , à Ounia.
La mère de Pierre, Mélanie Théotiste (altération, du grec
Théotimétite, ce lle qui honore Dieu) Savis,
née le 12 mars 1836 à Saint-Georges d’Oléron, fille de Philippe Savis, 41 ans,
cultivateur au lieu-dit Les Sables-(Boisseau dans la commune) et de Marie Boisseau,49
ans, a abandonné son mari , pour un
métis mélanésien , dont elle eut des enfants, en particulier Victorine
Delhumeau, acte 99 bis, le 10/11/
1877, par jugement du 29/08/1879, acte 71, à Nouméa. Victorine Delhumeau fut l’épouse
d’un chef de Ounia, appelé Terebo.
A Yaté, toute la tribu d’Ounia se dit apparentée.
La généalogie est compliquée et souvent obscure, à mes yeux
du moins ;Nombreuses sont les morts violentes et peu claires dans cette famille : de l’ancêtre Félix à Ounia à leur fils Pierre Delhumeau , né à Saint-Georges d’Oléron le 23 juin 1856, passeur
du bac de Hienghène le 2 janvier 2010 et père de Louis le futur lépreux et de
Henri, d’une concubine originaire de Oué Hava, et de Léon issu de sa femme
légitime, Iké Démou, sœur du chef de Oué Hava, , Rappelons que , à Ounia, ont
été déportés en 1878 les partisans et
derniers descendants d’Ataï et ce sont
les adversaires de ceux-ci, liés aux Canala, qui ont mis fin aux jours de Félix
.
De là la mention de La Foa (Ataï) comme source du second
article qui prélude aux événements dans le
Bulletin du Commerce : « Suivit un autre article, daté du 15 février 1917 et localisé à La Foa, mais émanant du même
auteur que celui, émanant de Hienghène : « Retrouverons-nous nos caféeries
et nos cultures si nous revenons [du front] ? Nous sommes prêts à
faire notre devoir, comme nos frères qui sont au front. Mais il est vrai que
l’administration n’a pas exposé (au gouvernement de la métropole], sous son
véritable aspect, la situation. »Rappelons
que les lépreux comme Louis Delhumeau sont exemptés de service militaire…
La famille Delhumeau s’exile ensuite aux Poyes , participant
aux troubles dits des Poyes et se mariant avec des filles de Oué Hava,
notamment avec la soeur du chef Tiéou.
Mais en 1923, après le
retour dans sa tribu du chef Tiéou exilé
à l’île des Pins avant les troubles de 1917, les Delhumeau sont
chassés de Oué Hava et se réfugient vers
1920-1922 (Henri Delhumeau, ; qui
est du voyage avec Léon, , Kalène et Iké Démou, , est encore témoin au mariage à Touho d’une métisse bPetitjean1920) sur l’îlot
Balabio au nord de la Calédonie, où leur ami Mézières de Ouégoa les a
exfiltrés dans son bateau. C’est de Mézières
que Edouard Normandon tenait
ses renseignements sur le rôle méconnu du lépreux Delhumeau dans les
événements et la raison du bannissement de toute la famille y compris Iké, par la tribu de Oué Hava , pour avoir pris parti
contre la tribu de Oué Hava, avoir essayé de la compromettre et pour avoir en fin de compte assassiné le grand
chef Kavéat, pourtant parent de Iké.
L’assassinat du frère
de Nöel , Poigny, par le
conscrit Josiah Winchester .
C’est à Tiouandé, le long de la rivière, que bivouaquaient
en 1919 sur la propriété Ragot
l’armée et ses prisonniers. L’armée se garda d’interroger ceux-ci et notamment
les plus responsables. Un conscrit du nom de Josiah Winchester (fils de Flora ,
fille d’ Alexandre Winchester, né le
07.08.1813 en Ecosse , domicilié à l’îlot Mouac, capitaine au long cours,
colon, décédé à Ouégoa, îlot Mouac , le 2l 10.1876 et d’une
tahitienne) qui habitait Koné , à Kataviti,
tendit un piège odieux à son ami
, un prisonnier canaque , Poigny,le
frère de Noël, en lui laissant
croire qu’il le laisserait
s ‘évader en traversant à la nage la rivière, la Tiouandé, vers
l’embouchure. Celui-ci n’eut pas plus
tôt le dos tourné pour s’enfuir qu’il
tira sur lui et le tua (certainement sur
ordre) afin de l’empêcher de révéler le secret de la conspiration de 1917
contre mes grands-parents. Lorsque les autorités militaires eurent connaissance
de ce crime de guerre et de cette trahison, Winchester demanda à mon
oncle Roger Grassin ,conscrit en même
temps que lui et qui me l’a lui-même raconté, de prétendre
que c’était lui qui avait tué le canaque Poigny. Il aurait, lui dit Josiah, les circonstances atténuantes du conseil de
guerre, vu le meurtre de son père dont
celui-ci était coupable. Mon oncle passa devant le conseil de guerre où il fut
défendu par Paul Bloc (de gauche à l’époque), arrivé en 1901 comme mon
grand-père dont il était l’ami, c’était alors un colon libre de la côte est à
Ponérihouen, et l’affaire fut vite enterrée. Elle ne figurait même pas sur
le livret militaire de mon oncle que
j’ai pu consulter lorsqu’il mourut. . Mon oncle n’avait pas compris qu’il était
tombé dans un piège et qu’il lui faudrait ensuite raconter ce que voulaient ses
employeurs de Nouméa d’accord avec les comploteurs. En réalité Winchester, qui
n’avait aucun motif personnel de vengeance contre son ami Poigny , avait ordre de faire taire le canaque Poigny et d’ empêcher ainsi
ses révélations concernant Louis Delhumeau que la famille Winchester, sur les
iîot Mouac et Neba, connaissait bien. L’embouchure de la Tiouandé où se sont passés
ces événements a été déclarée taboue par
les Kiolet Galet de Ouanache en raison de la mort de ce Poigny, et elle est
restée taboue aujourd ‘hui encore.
L’assassinat du grand
chef de Ouenkout qui comprenait la tribu
de Oué Hava dans sa chefferie. L’assassinat de l’infortuné Kavéat , qui en
savait trop long, dont le corps a été
retrouvé, longtemps après sa mort, en février 1923, dans un creek, cet homme qui
aurait pu donner des informations intéressantes, et qui était favorable à mon
grand-père et plus généralement à la présence européenne doit être attribué à Louis Delhumeau et c’est
l’une des causes du bannissement. La sœur de Kavéat était mariée à un stockman métis
européen, nommé Guillemard, gérant
de la station Gros à Pamalé, à Neouyo) et c’est elle qui sauva ma future mère.
L’assassinat du chef Noël par un
« Arabe » (un Marocain) de Koné .
A la fin de la rébellion, une
prime avait été promise par le gouverneur Repiquet à qui permettrait la capture
de Noël. Mais c’est plutôt le désir de
faire taire un complice gênant pour beaucoup de gens qui anima Mohmed Ben Ahmed, un commerçant de Koné, de Koniambo plus
exactement, chez qui
Noël allait s’approvisionner et
qui était bien au fait de la rébellion : l’arabe, avec l’aide d’un Javanais à son service, lui trancha la tête avec son tomahawk (machette, prononcer tamioc) (carte
postale en vente sur le Net à 500€, sur
laquelle on voit le manche du tamioc) et
l’apporta aux gendarmes de Koné. Ceux-ci, loin de lui remettre la prime
attendue, le firent emprisonner aussitôt, sur l’ordre du
gouverneur, pour l’interroger.
C’est à la suite de l’interrogatoire de Ben Ahmed que le gouverneur Repiquet rédigea son rapport secret sur les vraies
raisons de cette agitation. Le PV, rédigé
sur la base des aveux et des dénonciations du meurtrier arabe, est daté du 19 janvier 1918 : c’est le
lendemain de l’interrogatoire. Le rapport du gouverneur Repiquet est indiqué comme « très confidentiel, sans copie, sur les vraies causes de l’insurrection ».
Un autre dossier, n°345, également
intéressant, concerne aussi le meurtrier
arabe. Celui-ci s‘était mis à table
rapidement, si bien qu’il fut obligé de quitter Koné pour Pouembout par crainte
de représailles des blancs et métis justement incriminés par lui. Le gouverneur
préféra garder le secret à cause du membre du conseil général Laborderie et des
colons impliqués, car Ahmed indiquait bien que Laborderie avait profité de cette agitation pour que mon
grand-père et son voisin Papin soient éliminés.
Où se trouve aujourd’hui le rapport Repiquet de 1917 ?
C’est en vain que je l’ai cherché pour le publier dans les
archives de la rue Oudinot. C’est ma
femme qui , en lisant par hasard La Mémoire oubliée, Les archives des Français, butin de guerre nazi, puis
soviétique (de 1940 à nos jours) par Sophie Coeuré, chez Payot ,2002, 270 p., a attiré mon attention sur la page 218, concernant un ensemble de dossiers
du Ministère des colonies, 1895-1941, 7 cartons, restitués par la Russie (Archives militaires d’Etat russes,RGVA) aux
Archives nationales : CAC. Le mystère est donc résolu en ce qui me
concerne.
La pseudo-attaque de
la station Ragot par Néa Kyolet Galet
père.
le 16 juillet 1917, à Tiouandé,
intéressante en ce qu’elle montre le rôle des protestants de Néa Galet.
Les mauvais
historiens , -et ils sont légion, racontent que la station Ragot ou plus
exactement l’habitation fondée par
Higginson à Tiouandé, d’où la rivière permet d’accéder à la tribu de
Ouanach (dont le protestant Néa est le chef ) par de jolis arroyos bordés
de palétuviers, fut attaquée par les hommes de Néa avec à
leur tête Néa. Or, il faut préciser les choses.
La propriété de
Tiouandé , de 80 hectares, avec une maison de pierre construite vers 1900 par
des libérés du bagne, avait fait partie des mille hectares d'une concession de
Higginson .Ce grand homme d'affaire et entrepreneur de mines de nickel et
autres minerais, né le 13 novembre 1839 à Itchen (Southampton), mort à Paris ,
2e arrondissement, le 24 octobre
1904, l'avait louée à une Anglaise,
Madame Wilson, et le père d'Eugène Ragot arrivé de la Réunion s'était lié
d'amitié avec Higginson à Ouégoa, où il s'était installé au lieu-dit la Boulange, comme boulanger. Il lui
acheta 80 hectares et l'habitation, ainsi qu'à Nouméa, rue de Sébastopol, une
maison coloniale en bois. Eugène Ragot le fils naquit d’ailleurs à Ouégoa. Le chef protestant de Ouanache . Néa , le père du conseiller
territorial Néa Kiolet Galet, était
l’ami du colon de Tiouandé , Eugène
Ragot, chez qui il venait s’approvisionner,
et vint en personne le prévenir
que sa famille et lui-même devaient s’en aller, s’ils tenaient à leur vie
: Néa ne pouvait refuser
d’attaquer la maison du colon vis-à-vis de ses hommes. Craignant le pillage et l’incendie de ses biens, Eugène Ragot hésita
beaucoup et lui arracha la promesse de ne pas attenter à
sa propriété. Il s’en alla avec sa famille
sur l’îlot Camille, ainsi appelé, après 1946, à cause d’un métis japonais ou plutôt d’Okinawa, Camille,
né en 1926 à Touho, fils de Koki Miyagushiku alias Hokama, et de la veuve Emilie Volcy installée au bord
de mer à Touho (Pouïou), qui avait loué
ce très joli îlot que j’ai beaucoup
aimé.. Lorsque Eugène Ragot, sa femme Marthe , ses deux fils André et Armand et des Javanais
à son service revinrent de l’îlot
Camille sur leur propre bateau, ils eurent la désagréable surprise de
découvrir que leur habitation avait été pillée , contrairement
aux engagements du chef Néa qu’ils croyaient de parole. Dans mon enfance,
Sarmina, la jolie Javanaise qui avait
participé au séjour forcé sur l’îlot,
m’a monté la trace de plusieurs
« pieds de marmite », utilisés comme projectiles par les
canaques, dans un mur pourtant de bonne épaisseur, à l’arrière de la grande
habitation notamment, du côté de la rivière..
Cette mise au point a surtout le mérite de démontrer
qu’incontestablement le chef protestant
de Ouanache, Néa, n’en déplaise au
pasteur Leenhardt et aux protestants qui lui emboîtent le pas au mépris de la
vérité, faisait bien partie d’une conspiration dont il était peut-être l’âme. Leenhardt
carus mihi est, sed veritas carior. Mais Néa n’a pas été condamné, si bien
que les vrais coupables n’ont aucunement été inquiétés, pour la plus grande
surprise des accusés mélanésiens. « Selon
que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc
ou noir. »
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