UNE RACE BLANCHE
DISPARUE en 2021, CELLE DES AÎNOUS AUX
ILES RYU KYU (OKINAWA, AU SUD DU JAPON), ET AU JAPON .
J’ai découvert les Aïnous
vers 1950 à Sarraméa quand je vis le professeur Avias
manipuler des crânes d’autochtones pour les mesurer, afin de les rapprocher de
ceux des Aînous. Puis je lus avec passion Le
livre de Marco Polo [1254 -1323] ou
le Devisement du monde ( au XII e siècle) qui écrit : « Cipango [cf . Nippon[go], les îles
Ryu Kyu et tout le Japon ] est peuplé d’une race blanche de belle allure ») et les articles du Professeur Avias Lorsque, bien plus tard, je me rendis au Japon avec mon épouse, bien
que je ne pusse me rendre sur l‘île de Hokaïdo (Yeso , comme l’appellent les
Ainous ), je voulus , à Tokyo, voir des Aïnous ; or, il y avait, à
l’enseigne de l’Ours ,un restaurant
aïnou. J’y rencontrai un couple d’Aïnous parlant la langue ainou , en plus du
japonais, et conversai, si l’on peut
dire, en anglais avec eux, bénéficiant d’un interprète , mais ils étaient métissés de Japonais et avaient une couleur un peu foncée et un faciès mongoloïde . Je ne
mangeai jamais aussi mal, sans pouvoir le montrer bien entendu, car la cuisine
aïnou, bien que reposant sur le millet , le riz et l’arrow-root, semble affreuse à un européen.
Aujourd’hui, et même à Yeso, les Aïnous ont jusqu’au dernier disparu par métissage avec
les Japonais. Ils occupaient autrefois tout le Japon et, au sud de l’archipel, les îles Ryu Kyu ; ils sont victimes
aujourd’hui encore d’un racisme virulent qui leur conteste même leur couleur
blanche (Le vieux Larousse Universel en
plusieurs volumes de la Bibliothèque Bernheim écrivait qu’ils sont « si sales et si velus que nul n’a
jamais pu dire la couleur de leur peau » !). Heureusement aujourd’hui, j’ai pu
lire, de Georges Montandon La civilisation aïnou net les cultures arctiques
(1937), ethnologue , qui est également l’ auteur de Au
pays des Aïnous. Pour faire bonne mesure, j’ai lu, en anglais, l’ouvrage
d’une préhistorienne d’origine japonaise
, Junko Habu, intitulé Ancient Jomon of Japan (2004).
Bachelor, qui est le meilleur
connaisseur de la langue aïnou avec An
Ainu-Engflish –Japanese Dictionnary, including a grammar of the Ainu language,Tokyo,
Methodist publishing House, 2e édition de 1905, 3e
édition aujourd’hui ,est aussi l’auteur
de The Koropok guru or pit-dwellers of
North Japan , and a critical examination of the nomenclature of Yeso , Yokohama
,1904, à remplacer par The pit-dwellers and Ainu place-names considered,48 p, 1925, Saporo, qui donne
la preuve que tous les noms géographiques qui étaient d’origine énigmatique ,
sans exception, ont une étymologie aïnou.
Le père John Bachelor soutient que la langue aïnou ou des parlures
apparentées comme celle des Koriak et des Ghiliak ont occupé tout l’espace entre l’Oural et le
Pacifique, et en particulier la Sibérie ou pays des Ibères.
Les hommes petits de Ryu Kiu
et du Japon, appelés en aïnou koro-pok-guru,
ce que Bachelor traduit par pit-dweller, soit habitant de fosses ( semi)
–souterraines ,mais ils ont été absorbés
dans l’ethnie aînou par métissage. Ces
pygmées font songer à certains Pygmées barbus et moustachus
cités par Rivet dans Les origine de l’homme américain , p.
140 : « En Haute-Birmanie, au
Khiongul (Troun), aux sources de l’Irawaddy, le missionnaire Détry, en 1947, a
voyagé plusieurs mois dans leur pays
appelé Khiou-Khiang. Il insiste sur le caractère non -négroïde de ces pygmées dont le type s’apparente au type birman
et non au type dravidien. La face est pleine, avec un léger
aspect mongoloïde. La taille varie de 1m.35 à 1m. 50 ; les cheveux sont
noirs et non crépus ; le nez est
moyen, la teinte des téguments cuivrée, plus claire chez la femme que chez les hommes.
Le nom de leur contrée, Khiongul, me fait songer au nom aïnou de ces personnes petites : koro-pok-guru , guru correspondant à –gul et khiou à koro de korop. Les « nains » sont donc des Birmans qui ont
débarqué aux îles Ryu Kyu (de Khiou
, Khiou-Khiang étant le nom de leur
pays d’origine), puis se sont installés
pour une part d’entre eux au futur Japon où ils se sont métissés aux
Aïnou. Il est tentant de rapprocher les
abris demi- souterrains appelés koro-pok-guru
qui leur sont prêtées du nom
des mongulu des pygmées africains
qui sont des huttes (mon) construites en feuilles de marantacées (parentes de
l’arrow-root) assemblées sur un treillis ancré en terre et arqué de force en
forme de tonnelle. Les feuilles sont posées comme des tuiles agrafées par
leurs pétioles incisés.
Ce sont les femmes qui se chargent de construire ces huttes.
La langue maternelle de
l’archipel des Ryu Khyu est cette langue birmane de Khiou Khiang, différente du
japonais et de l’aïnou.
Origine des Japonais
.
Les éléments indonésiens et
mongoloïdes se sont alliés dans
l’archipel à des éléments aïnous :
tels sont les facteurs dont le mélange a produit l’ethnie japonaise, la plus
récente race du monde, puisque ces envahisseurs mongoloîdes et indonésiens et du sud, soit des îles Ryu Kyu
et de l’archipel aïnou , sont arrivés par petits paquets entre le 5e
et le 10 e siècle par la Corée, même pour les éléments indonésiens.
La langue aïnou
C’est une langue ibère , apparentée
au basque , au ouigour , au kirgiz, ainsi que le montrent les noms de la Sibérie,
de ibère,
et les noms de peuplades apparentées : les Ghiliak, d’un mot signifiant souveraineté en basque,c’est-à-dire l’euskara
parlé par les Euskalduna , venant de k°l °(d) u(n)-ak de euskalduna,
Basque en basque, Ghiiak qui sont le peuple le plus proche des Aînou avec son festival de l’ours, ou bien les Koriak
, de kul °(d)u-ak. Le morphème –aki
est une marque de pluriel en aïnou, par exemple kema, pied, kema-aki, les
pieds. Citons encore les locuteurs du
langage gold , de ku°ldu(r), Cf. lapon, de lakwun , métathèse de kwulan. De même pour les
Estonie , dont le nom serait à rapprocher de Euskalduna .
Aïnou doit être approché de Inuit, le nom que se donnent les Eskimos et qui signifie également
la fraternité, comme celui des Fini de Finlande.
Les populations arctiques et subarctiques de Montandon sont les
Lapons , Ostiak et Vogoul (qui
formaient autrefois le royaume d’Ougrie,
d’où le nom de finno-ougrien, et , historiquement,
le nom de la Hongrie , qui ne vient pas
des Huns, mais est dérivé de ougrie )
, les Toungouzes , les Sami ou
Samoyèdes, les Iakoutes, les Ioukaghir, les
Koriak , les Tchoutchi, les
Kamtchadal, les Ghiliak, les Aïnou , les
Eskimos ou Inuits, etc. auxquels on peut
rajouter les Finlandais , les Estes et sur le plan de l '’apparentement
linguistique les Indiens d’Amérique du Nord : Athanapaskes (cf Alaska et surtout Basques) et Algonquins. Les langues dites
caucasiques (Tchétchène, Circassiens ou
Tcherkesses) sont à ranger dans ce même groupe.
Leroi‑Gourhan , Archéologie du
Pacifique,1946, fait état d’objets
très similaires, à l’actif des populations du Japon néolithique.
Ces pics à gorge appelés Dokko‑ishi ou Dokko‑Jo‑sekki et représentés p. 150, figure 9
dans Ancient
Jomon of Japan de Junko Habu,et étudiés par
Takayuki Okamoto,
1999, “ Dokko-jo- sekki
(Dokko-ishi, Shirakawa-gata
sekk », dans Jomon
Jidai (journal of Period Studies , 10(4) :83-89
(avec titre anglais : Dokko-ishior Shirakawa type stone tool se rapportent à la culture Jomon, datée d’entre 4000 et
2300 ans avant le présent, soit entre 2000 et 300 av. J.‑C. environ.
Les trouvailles récentes de la grotte de Denisov en Sibérie confirment les vues du Professeur Jacques Avias (« La préhistoire néo-calédonienne « dans le Journal de la Société des Océanistes , année 1953 ).
Selon les analyses des fossiles de la grotte sibérienne, les Inuits (et autres populations arctiques comme les Estes ou les Finlandais) auraient reçu de l’homme de Denisov des gènes qui facilitent l’adaptation au froid , comme les Tibétains ont reçu de sa part un gène facilitant la vie dans un oxygène raréfié, tandis que les Papous auraient 4 à 6% d’ADN denisovien, comme les Aborigènes australiens et les Mélanésiens .
Fossiles possiblement dénisoviens cités
par Wikipedia :
« En 2019, les seuls fossiles reconnus comme
dénisoviens sont ceux de la grotte de Denisova et la mandibule de Xiahe [Tibet]. Mais d'autres
fossiles découverts en Asie et décrits avant 2010, et considérés alors comme
des Homo erectus tardifs ou des Homo sapiens archaïques
(ou laissés en attente d'une dénomination), pourraient appartenir à l'Homme de
Denisova, notamment :
·
l'Homme de Jinniushan (Chine, Liaoning) :
Découverte : 1984 par Lu Zune,
Capacité crânienne estimée :
1 260–1 400 cm3,
Datation : entre −280 000 et
−200 000 ans ;
·
l'Homme de Dali (Chine, Shaanxi) :
Découverte : 1978 par Shuntang Liu,
Capacité crânienne estimée : 1 120 cm3,
Datation : −210 000 ans ;
·
l'Homme de Maba (Chine, Guangdong) :
Découverte : 1958,
Capacité crânienne estimée : 1 300 cm3,
Datation : entre −150 000 et
−130 000 ans.
Il faut y ajouter aujourd’hui les crânes calédoniens étudiés par Avias. Pour lui, les canaques « 1° ont des affinités avec les autralo-tasmanoïdes ; 2° Ils ont de nombreux caractères néanderthaloïdes; 3° Ils ont de curieux caractères de blancs primitifs : groupes sanguins classiques, forte pilosité, diamètre bizygomatique, etc., et certains traits communs avec les Aïnous. On peut remarquer, à ce propos, que le blanc primitif tel que l'«aïnoïde » possède à beaucoup de points de vue plus d'affinités avec les Néanderthaliens qu'avec les races colorés, d'où le problème qui semble pouvoir être posé d'une origine néanderthalienne des blancs. Les Canaques à caractères de blancs et de néanderthaliens, métissés il est vrai de colorés, pourraient être à ce point de vue considérés comme des reliques d'anciennes races transitionnelles. »
« A la suite de l'étude comparée des groupes sanguins des néocalédoniens que j'ai menée en 1946-1947 avec la collaboration de R. T. Simmons et J. J. Graydon, jointe à l'ensemble des faits semblant alors acquis dans les domaines préhistoriques et anthropologiques, j'ai été amené à poser l'hypothèse ou mieux le groupe d'hypothèses de travail suivantes (1949-1950) :
« 1. Une ou des civilisations néolithiques, à techniques plus affinées que la civilisation mélanésienne actuelle, ont occupé jadis la Nouvelle-Calédonie.
« 2. Cette civilisation ou ce
groupe de civilisations serait lié à une ou à des migrations apparentées à la
Chine néolithique, à l'Eurasie du Nord et
plus spécialement aux ancêtres blancs des Aïnous (1), migrations qui
auraient passé ou auraient abouti à la Nouvelle-Calédonie. Ces migrations probablement blanches au
départ ont dû assimiler au moins partiellement les populations les plus
anciennes qu'elles ont rencontrées (australo-tasmanoïdes
ou négritos).[Note 2 sur les Négritos dres Philippines ]: : A Célébès , des
traces du peuplement denisovien ont été trouvées dans l’ADN
d’un squelette vieux de 7000 ans en 2015 dans une grotte, avec des
ancêtres différents de ceux qui sont présents dans le sud de la Sibérie (grotte Denisova).
Selon les chercheurs, en
arrivant dans les îles des Philippines, il y a environ 53000 ans , les ancêtres
des Negritos (constituant 25 groupes ethniques sur 118 groupes philippins analysés) se seraient
métissés avec les hommes de Denisova , déjà arrivés sur place des milliers
d‘années auparavant , leur laissant 5% d’ADN denisovien chez les Négritos Ayta
Magbukon qui vivent à l’écart sur la péninsule de Bataan , au centre de Luzon,
la principale île de l’archipel des Philippines. Les Papous , les habitants de l’Australie et de
la Tasmanie ainsi que les Canaques de Nouvelle-Calédonie ,
leurs plus propres parents, sont aussi issus de l’homme dénisovien qui a
donné les Aïnou.. . Il y a plus de 2300
ans, les Negritos ont reçu l’apport de populations asiatiques venues de Thaiwan (Formose) ].
Les populations résultantes ont dû, après une assez longue période de développement, être submergées à leur tour par des migrations « mélanésiennes » provenant de ce creuset humain qu'a toujours été la Nouvelle-Guinée, migrations auxquelles sont venus se surajouter à une époque historique ou protohistorique des éléments de la grande expansion polynésienne. » .
« Note (1) : (migration) « apparemment pouvant dater d’une période antérieure à celle de l’occupation du Japon par les Aïnous proprement dits. »
Vestiges des Aînou en Calédonie : la poterie lapita,la flèche
faîtière et la hache ostensoir (voir mon
blog Complément aux Ainou).
Montandon, op. cit., p. 33 sqq. ,et voir p. 37, la figure 6, écrit : « la
poterie jomon est en fait la poterie
ainou … la poterie jomon (jomon shiki,
c’est-à-dire style jomon) signifie poterie cordée, parce qu’une ornementation
caractéristique est faite d’impressions
de textiles et de cordes. Elle est toujours façonnée à la main [sans
tour]… ; la poterie jomon ou paléo-aïnou révèle l’histoire des Aïnou en Hondo
dans ses trois derniers stades, dont
l’ensemble forme précisément le jomonshiki.
Dans le premier stade,
atsude, la poterie est épaisse ,
jaune –rougeâtre ou brun rougeâtre [comme la poterie calédonienne de Koné [où
se trouve la tribu lapita qui a donné
son nom à ce type de poterie ] [figurée dans l’ouvrage de Sand, p. 11 et 12],
parfois peinte en rouge, à surface grossière, mais les vases , en cloche
renversée, sont d’un baroque exubérant, à bord non plat formant des anses plus
grandes qu’il n’est nécessaire. .. . La poterie atsude est la seule qui nous intéresse pour la solution des problèmes généraux de l’Extrême- Orient… La poterie similaire à atsude (dite aussi Jomon I) se trouve largement répandue
préhistoriquement dans tout
Extrême-Orient.
«Dans le 2e
stade
aïnou usude de la poterie, celle-ci est plus fine et meilleure,
en même temps que les formes se simplifient et qu’apparaissent des vases à
goulot… . Les vases à goulot semblent être une création proprement aïnou
et être nés dans la partie montagneuse centre- nord du Hondo
septentrional ; ils sont tout d’abord assez semblables aux théières
japonaises actuelles et ornementés par des imitations de filet de pêche ou par
des bandes ; puis ils s’étendent
vers les rives du Hondo où ils sont à bord dentelé et à dessins en
surface. »
On peut donc hésiter pour certains fragments de poterie lapita entre la poterie première atsude
et la poterie plus tardive usude,
cette dernière avec ses imitations de filets
de pêche comme les poteries de l’île
des Pins,découvertes à Vao, identiques selon Avias à la poterie découverte
à Ouatom (Nouvelle-Bretagne et,-
coïncidence ou pas ,-on retrouve même
nom en Calédonie), savoir la poterie lapita.
La poterie lapita
ou ouatom
Christophe Sand, dans Traces,
3000 ans de patrimoine archéologique calédonien, p.11, écrit :
« Ce sont les restes de poteries qui permettent le mieux d’identifier le passage des premiers
colonisateurs…. Les mieux connus sont
les pots décorés de motifs pointillés ou
simplement par des indentations sur le
bord. » (période de Koné , premier millénaire av. J. –C ) .»
Pour Avias, -et ceci lui a été confirmé ultérieurement par Leroi-Gouran qui , en 1946 déjà, dans Archéologie du Pacifique, faisait état de ce
que Madame le Professeur Junko Habu ,
op. cit. , p. 157 et surtout figure
5, 4,9, appelle « dokko-shaped tools »,
étudiés par Takayuki Okamoto, 1999, “
Dokko-jo- sekki (Dokko-ishi, Shirakawa-gata sekk », dans Jomon Jidai (journal of Period Studies , 10(4) :83-89 (avec titre anglais : Dokko-ishior Shirakawa
type stone tool). Louis Lagarde paraît les nommer aussi ces Dokko‑ishi ou Dokko‑Jo‑sekki et
les qualifie de pics à gorge qui sont des œuvres du Japon néolithique
des Aïnou qui se rapporteraient à la culture Jomon
(euphémisme signifiant cordes, pour
éviter les mots qui fâchent : aïnou
de race blanche) datée d’entre entre -2000 et
300 av. J.‑C. environ (L.Lagarde).Mais il n’y a pas
d’illustration de ces pics dans l’article de Louis Lagarde consulté sur le Net
, « Les pics à gorge », et on est en droit de se demander si l’on
parle bien de la même chose, c’est-à-dire des casse-têtes à gorge de
Leroi-Gouran, d’Avias (représentation référencée) et de Leenhardt, ainsi que
Madame Habu (figure citée) et Okamoto . Ces objets , quelle qu’en fût la
destination, ne sont en rien des pics,
-ils n’ont pas de pointe, -même s’ils ont bien des gorges aussi et s’il existe , bien entendu, des pics par ailleurs .
Car qu’est-ce qu’un pic ?
Littré : «instrument de fer courbé, pointu, à long manche, dont on se sert pour casser des fragments de rocher
ou pour ouvrir la terre. Prends ton pic,
et me romps ce caillou qui te nuit, La Fontaine, Fabl. VI, 18. » Or, L. Lagarde écrit : « Cette expression [pics à gorge] désigne habituellement des objets en pierre,
biconiques et donc de section ronde, munis d’une gorge centrale perpendiculaire
à leur axe morphologique. Ils sont également caractérisés par le soin apporté à
leur réalisation, comme en témoignent les exemplaires du Musée d’Aquitaine
(R 4bis) ou du Musée de
Nouvelle‑Calédonie (MNC 86.5.184) ».
Pour Leenhardt aussi (1951, p.315), comme pour
Leroi -Gouran et comme pour Avias, « les « pierres sacrées » des canaques de forme
biconique, à gorge centrale et polies ,vues au Musée de l’Homme, sont des casse-têtes à gorge absolument
identiques à ceux caractéristiques du Japon néolithique et proaïnous , dont on peut d’ailleurs suivre la trace
jusqu’en Indonésie . »
De plus, Avias signale :
1) des pendentifs, des pics simples ou doubles , de longues
lames ,à section ovale aplatie, faites dans les mêmes matériaux et d’une
structure que l’on peut probablement attribuer à une même industrie qu’il a dé
nommée : « Industrie des casse- têtes à gorges ; »(1)
[Note (1) : figuration et description dans
l’article d’Avias du Journal de la
Société des Océanistes , t.V, n°5 (1949),
notamment le tableau de la p. 45, où il a tenté de synthétiser
l’ensemble des données acquises de la préhistoire néo-calédonienne.]
2) des objets lithiques plus tendres (surtout schistes plus
ou moins phylladiens) et comportant des pièces, soit taillées à grands éclats,
soit polies (Ex. : fameuse hache de Poya). Par leurs formes ces pièces évoquent
également les industries néolithiques de la Chine et du Japon néolithique [aïnou].Tant
par leurs dimensions que par leurs formes, ces pièces sont peut-être à rattacher
à l’ « industrie » des « casse-tête à gorge (Avias) ».
Le culte de l’ours des Aïnou.
Ce culte religieux plonge ses racines au paléolithique supérieur. L’ours des Aïnou est un animal
élevé dans cette intention dès l’âge tendre et, à l’occasion,
allaité par une femme ; il est considéré comme une sorte d’ inao (bâton à copeaux soulevés de façon
à former une touffe, qui rappelle le mycelium des champignons comme les Sclerotinia sclerotiorum (Lib.) de Bary, 1884, qui infectent le soja, , lequel
est appelé
dans le langage courant blanc de
champignon (référence à la couleur du feutrage) et qui était utilisé pour la
guérison des blessures rituelles , le mot signifiant messager entre hommes et dieux en aïnou). Lorsqu’il atteint l’âge adulte, on le sort de
sa cage, on le promène rituellement et on le tue en finissant par l’écraser
dans un tronc d’arbre fendu disposé horizontalement, puis on le mange en grande
cérémonie (repas totémique ?). Ce faisant, on s’excuse auprès de lui de
devoir lui enlever la vie. » A date ancienne, on le tuait avec la
baguette de libation, p . 52,qui me
fait songer aux « fourchettes dites de cannibales » de Calédonie,
baguette qui est si acérée à son extrémité . On est tenté de rapprocher
cette cérémonie de celles des Lupercales à Rome.
Avant la procession
de février, dite des Lupercales, le prêtre ou luperque, après avoir
immolé une chèvre, qui remplace l’ours
du paléolithique, touchait le front des
Luperques avec son couteau sanglant (qui
remplace la baguette dite de libation acérée des Aînou) et la trace en était
alors essuyée avec un flocon de laine
imbibé du lait de la chèvre. Les Luperques devaient, à ce moment, faire entendre un éclat de rire sardonique
rituel. Le sacrifice comportait aussi l’immolation d’un chien. On peut rapprocher leur confrérie de celle des Hirpi Sorani (les boucs de Soranus, un
autre nom de Vulcain, nom interprété
ensuite comme les loups de Soranus) qui dansaient pieds nus sur des charbons
ardents en l’honneur de Vulcain. Hirpi est un mot sabin qui désigne
le loup, mais hircus désigne en latin le bouc.
La labio- vélaire indo-européenne kw a donné p en
sabin, où l’on a hirpi au sens de
boucs, et le mot s’est dès lors confondu
avec le nom du loup (latin lupus, grec
lukos anglais wolf) ou du renard (vulpes
en latin, alôpèx en grec, sanskrit lopâçah), de welkw, werkw, le w initial
devenant dans hirpi une simple aspiration.
Vulcain , Vulcanius, métathèse de l°kw-anyos, était d’abord le dieu de la viande
crue ; ce n’est que par la
suite qu’il est devenu le dieu du feu et celui des aliments qu’on fait cuire.
Dans le culte des hirpi sorani, on
racontait que des loups (substitut des ours aïnou, Lup-ercus étant un
des noms de Pan et Lup-ercalia s’analysant comme contenant lup,
cru , de lu°kw, Vulcain et d’un correspondant sabin du grec arkèlos
, petit ours, ourson domestique, attesté par Elien dans La personnalité des animaux, VII, 47 , de
arkos ,ours , attesté par le même Elien , op. cit., 1,31 (cf . le nom de l’ours en arménien arj, en sanskrit rksa-,
en avestique aresa,en irlandais art ) étaient survenus au cours d’un
sacrifice et avaient arraché à la flamme impie des morceaux de chair des
victimes. Lors du rire sardonique, la chair des victimes devait être mangée
crue. De là le mot Lup-ercale, ourson
(mangé) cru. « Aussi vrai que je voudrais pouvoir manger ton coeur tout
cru », dit Achille à Hector.
Un rite
archaïque de modification de l’apparence.
Selon
Bachelor, « Quoique les femmes aient sans aucun doute une grande affection
pour leur progéniture, quelques-unes
d’entre elles ont une curieuse façon de traiter leurs bébés, qui me paraît être
quelque peu cruelle. Elles coupent (avec un inao ?
(bâton à copeaux soulevés de façon à former une touffe,qui rappelle le
mycelium) la partie grasse des jambes, aux garçons comme aux filles, à leur
réunion près du pelvis, puis pansent la blessure avec des couches, semblables à du cuir, de mycélium du
champignon qui croît entre l’écorce et le bois du chêne, de l’orme (attouch en aïnou) et du frêne. [ Le mot cuir comme l’usage médical font songer au champignon appelé amadou. Voici ce qu’en dit Wikipedia : « L'amadou est un matériau spongieux
constituant la partie supérieure de la chair de certains champignons,
sorte de feutre naturel utilisé séché depuis la Préhistoire,
principalement pour allumer le feu, mais aussi pour favoriser la dessiccation des plaies en médecine et
des mouches de pêche, ou encore comme succédané du tabac et du cuir. On utilise le
plus souvent la chair des polypores qui se développent sur les arbres,
essentiellement l'amadouvier (Fomes
fomentarius), mais aussi d'autres espèces fongiques employées
localement pour des propriétés comparables [orme, frêne].
Le plus utilisé, apprécié pour l'épaisseur de sa
chair :
·
Fomes fomentarius — l'amadouvier.
D'autres espèces de champignons ont pu être utilisées
pour obtenir de l'amadou, bien que donnant une matière moins performante, comme
la Dédalée du chêne, utilisé en Autriche
(mais cette espèce a peut-être été
confondue par les auteurs anciens avec l'Agaricus quercinus de
Linné, qui désigne ainsi l'Amadouvier vrai) » .Le mot mycelium s’explique de la façon suivante : Wikipedia :
« Au sommet du
champignon, un noyau mycélien , d'aspect marbré à la section, assure le contact
avec l'arbre.
L'amadouvier est
quelquefois saprophyte,
vivant sur des arbres morts, mais il parasite fréquemment
des feuillus vivants.
La présence de chapeaux d'amadouvier à la surface du tronc témoigne de
l'envahissement généralisé du bois par
le mycélium. Le dépérissement, la
mort et la chute de l'arbre ne mettent pas un terme au développement de
l'amadouvier qui, devenu saprophyte, poursuit son œuvre jusqu'à la destruction
totale du bois. »
« Je me suis parfois demandé si cette coutume n’est pas un résidu
d’une cérémonie ressemblant à la circoncision … Le champignon est censé être appliqué sur la blessure
simplement pour la guérir... L’opération est réalisée par les femmes seules, et
cela sans prière, les hommes n’y prenant pas part, et aucune cérémonie de
quelque ordre que ce soit ne l’accompagne. »
Selon moi, ce rite est destiné à prévenir et à empêcher l’anthropophagie
, la tecnophagie ici ( le fait de manger ses enfants pour une mère comme en
Australie) , car le mollet, mot qui vient de la chair molle , de mou,
est la partie la plus grasse et la plus tendre de l’être humain
pour les cannibales, chez la femme en particulier. De même, la circoncision
visait peut-être chez certains primitifs à détourner du cannibalisme, car chez
l’homme le prépuce, le sot-l’y laisse, le croupion et les glandes attenantes ,
les rognons , passent pour la part la meilleure.
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