samedi 18 septembre 2021

UNE RACE BLANCHE DISPARUE en 2021, CELLE DES AÎNOUS AUX ILES RYU KYU (OKINAWA, AU SUD DU JAPON), ET AU JAPON .

 

UNE RACE BLANCHE DISPARUE en 2021,  CELLE DES AÎNOUS AUX ILES RYU KYU  (OKINAWA,  AU SUD DU JAPON),   ET AU JAPON .

J’ai découvert les Aïnous  vers  1950  à Sarraméa quand je vis le professeur Avias manipuler des crânes d’autochtones pour les mesurer, afin de les rapprocher de ceux des Aînous. Puis je lus avec passion Le livre de Marco Polo [1254 -1323] ou le Devisement du monde ( au XII e siècle) qui écrit :  « Cipango  [cf . Nippon[go], les îles Ryu Kyu et tout le Japon ] est peuplé d’une race blanche de belle allure ») et  les articles du Professeur Avias  Lorsque, bien plus tard,  je me rendis au Japon avec mon épouse, bien que je ne pusse me rendre sur l‘île de Hokaïdo (Yeso , comme l’appellent les Ainous ), je voulus , à Tokyo, voir des Aïnous ; or, il y avait, à l’enseigne de l’Ours ,un restaurant aïnou. J’y rencontrai un couple d’Aïnous parlant la langue ainou , en plus du japonais,  et conversai, si l’on peut dire, en anglais avec eux, bénéficiant d’un interprète ,  mais ils étaient métissés  de Japonais et avaient une couleur un peu  foncée et un faciès mongoloïde . Je ne mangeai jamais aussi mal, sans pouvoir le montrer bien entendu, car la cuisine aïnou, bien que reposant sur le millet , le riz et l’arrow-root, semble  affreuse à un européen.

Aujourd’hui, et même à Yeso, les Aïnous ont  jusqu’au dernier disparu par métissage avec les Japonais. Ils occupaient autrefois tout le Japon et, au  sud de l’archipel,  les îles Ryu Kyu ; ils sont victimes aujourd’hui encore d’un racisme virulent qui leur conteste même leur couleur blanche  (Le vieux Larousse Universel en plusieurs volumes de la Bibliothèque Bernheim écrivait qu’ils sont « si sales et si velus que nul n’a jamais pu dire la couleur de leur peau » !). Heureusement aujourd’hui, j’ai pu lire,  de Georges Montandon La civilisation aïnou net les cultures arctiques (1937), ethnologue , qui est également l’ auteur  de Au pays des Aïnous. Pour faire bonne mesure, j’ai lu, en anglais, l’ouvrage d’une préhistorienne d’origine  japonaise , Junko  Habu, intitulé  Ancient  Jomon of Japan (2004).

 Bachelor, qui est le meilleur connaisseur de la langue aïnou avec An Ainu-Engflish –Japanese Dictionnary, including a grammar of the Ainu language,Tokyo, Methodist publishing House, 2e édition de 1905, 3e édition aujourd’hui ,est  aussi l’auteur de The Koropok guru or pit-dwellers of North Japan , and a critical examination of the nomenclature of Yeso , Yokohama ,1904, à remplacer par  The pit-dwellers and Ainu place-names  considered,48 p, 1925, Saporo, qui donne la preuve que tous les noms géographiques qui étaient d’origine énigmatique , sans exception, ont une étymologie aïnou.  Le père John Bachelor soutient que la langue aïnou ou des parlures apparentées comme celle des Koriak et des Ghiliak  ont occupé tout l’espace entre l’Oural et le Pacifique, et en particulier la Sibérie ou pays des Ibères.

Les hommes petits  de Ryu Kiu et  du Japon, appelés en aïnou  koro-pok-guru,   ce que Bachelor traduit par pit-dweller,  soit habitant de fosses ( semi) –souterraines  ,mais ils ont été absorbés dans  l’ethnie aînou par métissage. Ces pygmées font songer  à certains  Pygmées barbus  et moustachus  cités  par Rivet dans Les origine de l’homme américain , p. 140 :  « En Haute-Birmanie, au Khiongul (Troun), aux sources de l’Irawaddy, le missionnaire Détry, en 1947, a voyagé plusieurs mois  dans leur pays appelé Khiou-Khiang. Il  insiste sur le caractère non -négroïde  de ces pygmées  dont  le type s’apparente au type birman et non au type  dravidien. La face est pleine, avec un léger aspect mongoloïde. La taille varie de 1m.35 à 1m. 50 ; les cheveux sont noirs   et non crépus ; le nez est moyen, la teinte des téguments cuivrée, plus claire chez la  femme que chez les hommes.

Le nom de leur contrée, Khiongul, me fait songer au nom aïnou de ces personnes petites : koro-pok-guru  , guru  correspondant à –gul et khiou à koro de korop. Les « nains » sont donc des Birmans qui ont débarqué aux  îles Ryu Kyu  (de Khiou , Khiou-Khiang étant le nom de leur pays d’origine),  puis se sont installés pour une part d’entre eux au futur  Japon où ils se sont métissés aux Aïnou. Il est tentant de rapprocher  les abris  demi- souterrains appelés  koro-pok-guru  qui leur sont prêtées du nom des mongulu des pygmées africains qui sont des huttes (mon)  construites en feuilles de marantacées (parentes de l’arrow-root) assemblées sur un treillis ancré en terre et arqué de force en forme de tonnelle. Les feuilles sont posées comme des tuiles agrafées par leurs pétioles incisés. Ce sont les femmes qui se chargent de construire ces huttes.

La langue maternelle de l’archipel des Ryu Khyu est cette langue birmane de Khiou Khiang, différente du japonais et de l’aïnou.

 

Origine des Japonais .

Les éléments indonésiens  et mongoloïdes se sont alliés dans l’archipel à des éléments aïnous : tels sont les facteurs dont le mélange a produit l’ethnie japonaise, la plus récente race du monde, puisque ces envahisseurs mongoloîdes et   indonésiens et du sud, soit des îles Ryu Kyu et de l’archipel aïnou , sont arrivés par petits paquets entre le 5e et le 10 e siècle par la Corée, même pour les éléments  indonésiens.

La langue aïnou

C’est une langue ibère ,  apparentée au basque , au ouigour , au kirgiz, ainsi que le montrent les noms de la Sibérie, de ibère,

et les noms de peuplades apparentées : les  Ghiliak, d’un mot signifiant souveraineté en basque,c’est-à-dire l’euskara parlé par les Euskalduna  , venant de k°l °(d) u(n)-ak de euskalduna, Basque  en basque, Ghiiak qui sont le  peuple le plus proche des Aînou avec son  festival de l’ours, ou bien les Koriak , de kul °(d)u-ak. Le morphème –aki est une marque de pluriel en aïnou, par exemple kema, pied, kema-aki, les pieds. Citons   encore les locuteurs du langage gold , de ku°ldu(r), Cf. lapon, de lakwun   , métathèse de kwulan. De même pour les Estonie ,   dont le nom serait à rapprocher de Euskalduna .

Aïnou doit être  approché de Inuit, le nom que se donnent les Eskimos et qui signifie également  la fraternité, comme celui des Fini de Finlande.

Les populations arctiques et subarctiques de Montandon sont les Lapons , Ostiak et Vogoul (qui formaient autrefois le royaume d’Ougrie, d’où le nom de finno-ougrien,  et , historiquement,  le nom de la Hongrie , qui ne vient pas des Huns, mais est dérivé de ougrie ) , les Toungouzes , les Sami ou Samoyèdes, les Iakoutes, les Ioukaghir, les Koriak , les Tchoutchi,  les Kamtchadal,  les Ghiliak, les Aïnou , les Eskimos ou Inuits, etc.  auxquels on peut rajouter les Finlandais , les Estes et sur le plan de l '’apparentement linguistique les Indiens d’Amérique du Nord : Athanapaskes (cf Alaska et surtout Basques)  et Algonquins.  Les langues dites caucasiques  (Tchétchène, Circassiens ou Tcherkesses) sont à ranger dans ce même groupe. 

Leroi‑Gourhan , Archéologie du Pacifique,1946,  fait état d’objets très similaires, à l’actif des populations du Japon néolithique. Ces pics à gorge appelés Dokko‑ishi ou Dokko‑Jo‑sekki et représentés p. 150,  figure 9 dans Ancient Jomon of Japan de Junko Habu,et étudiés par

Takayuki Okamoto, 1999, “ Dokko-jo- sekki

(Dokko-ishi, Shirakawa-gata sekk », dans Jomon Jidai (journal of Period Studies , 10(4) :83-89 (avec titre anglais : Dokko-ishior Shirakawa type stone tool se rapportent à la culture Jomon, datée d’entre 4000 et 2300 ans avant le présent, soit entre 2000 et 300 av. J.‑C. environ.

Les trouvailles  récentes de la grotte de Denisov en Sibérie confirment les vues du Professeur Jacques Avias (« La préhistoire néo-calédonienne « dans le Journal de la Société des Océanistes , année 1953 ).

Selon les analyses des fossiles de la grotte sibérienne, les Inuits (et autres populations arctiques comme les Estes ou les Finlandais) auraient reçu de l’homme de Denisov des gènes qui facilitent l’adaptation au froid , comme les Tibétains ont reçu de sa part un gène facilitant la vie dans un oxygène raréfié, tandis que les Papous  auraient 4 à 6% d’ADN denisovien, comme les Aborigènes australiens et  les Mélanésiens .

 Fossiles possiblement dénisoviens  cités par Wikipedia :

« En 2019, les seuls fossiles reconnus comme dénisoviens sont ceux de la grotte de Denisova et la mandibule de Xiahe [Tibet]. Mais d'autres fossiles découverts en Asie et décrits avant 2010, et considérés alors comme des Homo erectus tardifs ou des Homo sapiens archaïques (ou laissés en attente d'une dénomination), pourraient appartenir à l'Homme de Denisova, notamment :

·                    l'Homme de Jinniushan (ChineLiaoning) :

Découverte : 1984 par Lu Zune,

Capacité crânienne estimée : 1 260–1 400 cm3,

Datation : entre −280 000 et −200 000 ans ;

·                    l'Homme de Dali (ChineShaanxi) :

Découverte : 1978 par Shuntang Liu,

Capacité crânienne estimée : 1 120 cm3,

Datation : −210 000 ans ;

·                    l'Homme de Maba (ChineGuangdong) :

Découverte : 1958,

Capacité crânienne estimée : 1 300 cm3,

Datation : entre −150 000 et −130 000 ans.

Il faut y ajouter aujourd’hui les crânes calédoniens étudiés par Avias. Pour lui, les canaques «  1° ont des affinités avec les autralo-tasmanoïdes ; 2° Ils ont de nombreux caractères néanderthaloïdes; 3° Ils ont de curieux caractères de blancs primitifs : groupes sanguins classiques, forte pilosité, diamètre bizygomatique, etc., et certains traits communs avec les Aïnous. On peut remarquer, à ce propos, que le blanc primitif tel que l'«aïnoïde » possède à beaucoup de points de vue plus d'affinités avec les Néanderthaliens qu'avec les races colorés, d'où le problème qui semble pouvoir être posé d'une  origine néanderthalienne des blancs. Les Canaques à caractères de blancs et de néanderthaliens, métissés il est vrai de colorés, pourraient être à ce point de vue considérés comme des reliques d'anciennes races transitionnelles. » 

«  A la suite de l'étude comparée des groupes sanguins des néocalédoniens que j'ai menée en 1946-1947 avec la collaboration de R. T. Simmons et J. J. Graydon, jointe à l'ensemble des faits semblant alors acquis dans les domaines préhistoriques et anthropologiques, j'ai été amené à poser l'hypothèse ou mieux le groupe d'hypothèses de travail suivantes (1949-1950) :

 « 1. Une ou des civilisations néolithiques, à techniques plus affinées que la civilisation mélanésienne actuelle, ont occupé jadis la Nouvelle-Calédonie.

« 2. Cette civilisation ou ce groupe de civilisations serait lié à une ou à des migrations apparentées à la Chine néolithique, à l'Eurasie du Nord et plus spécialement aux ancêtres blancs des Aïnous (1), migrations qui auraient passé ou auraient abouti à la Nouvelle-Calédonie.  Ces migrations probablement blanches au départ ont dû assimiler au moins partiellement les populations les plus anciennes qu'elles ont rencontrées (australo-tasmanoïdes ou négritos).[Note 2 sur les Négritos dres Philippines ]: : A Célébès , des traces  du peuplement denisovien  ont été trouvées  dans l’ADN  d’un squelette vieux de 7000 ans en 2015 dans une grotte, avec des ancêtres différents de ceux qui sont présents dans le sud de la Sibérie  (grotte Denisova).

Selon les chercheurs, en arrivant dans les îles des Philippines, il y a environ 53000 ans , les ancêtres des Negritos (constituant 25 groupes ethniques sur 118  groupes philippins analysés) se seraient métissés avec les hommes de Denisova , déjà arrivés sur place des milliers d‘années auparavant , leur laissant 5% d’ADN denisovien chez les Négritos Ayta Magbukon qui vivent à l’écart sur la péninsule de Bataan , au centre de Luzon, la principale île de l’archipel des Philippines. Les   Papous , les habitants de l’Australie et de la Tasmanie ainsi que les Canaques de Nouvelle-Calédonie  ,  leurs plus propres parents, sont aussi issus de l’homme dénisovien qui a donné les Aïnou.. . Il y a  plus de 2300 ans, les Negritos ont reçu l’apport de populations asiatiques  venues de Thaiwan (Formose) ]. 

 Les populations résultantes ont dû, après une assez longue période de développement, être submergées à leur tour par des migrations « mélanésiennes » provenant de ce creuset humain qu'a toujours été la Nouvelle-Guinée, migrations auxquelles sont venus se surajouter à une époque historique ou protohistorique des éléments de la grande expansion polynésienne. » .

« Note (1) : (migration) « apparemment pouvant dater d’une période antérieure à celle de l’occupation du Japon par les Aïnous proprement dits. »

Vestiges des Aînou en Calédonie : la poterie lapita,la flèche faîtière  et la hache ostensoir (voir mon blog Complément aux Ainou).

 Montandon, op.  cit., p. 33 sqq. ,et voir  p. 37, la figure 6, écrit : «  la poterie jomon est en fait la poterie ainou … la poterie jomon (jomon shiki, c’est-à-dire style jomon) signifie poterie cordée, parce qu’une ornementation caractéristique est faite d’impressions de textiles et de cordes. Elle est toujours façonnée à la main [sans tour]… ; la poterie jomon  ou  paléo-aïnou révèle l’histoire des Aïnou en Hondo dans ses trois derniers  stades, dont l’ensemble forme précisément le jomonshiki.

 Dans le premier stade, atsude, la poterie est épaisse , jaune –rougeâtre ou brun rougeâtre [comme la poterie calédonienne de Koné [où se trouve la tribu lapita qui a donné son nom à ce type de poterie ] [figurée dans l’ouvrage de Sand, p. 11 et 12], parfois peinte en rouge, à surface grossière, mais les vases , en cloche renversée, sont d’un baroque exubérant, à bord non plat formant des anses plus grandes qu’il n’est nécessaire. .. . La poterie atsude est la seule qui nous intéresse  pour la solution des problèmes généraux  de l’Extrême- Orient… La poterie  similaire à atsude  (dite aussi Jomon I) se trouve largement répandue préhistoriquement dans tout  Extrême-Orient.

 «Dans le 2e  stade  aïnou usude  de la poterie, celle-ci est plus fine et meilleure, en même temps que les formes se simplifient et qu’apparaissent des vases à goulot…  . Les vases à goulot semblent être une création proprement aïnou et être nés dans la partie montagneuse centre- nord du Hondo septentrional ; ils sont tout d’abord assez semblables aux théières japonaises actuelles et ornementés  par des imitations de filet de pêche ou par des bandes ;  puis ils s’étendent vers les rives du Hondo où ils sont à bord dentelé et à dessins en surface. »

On peut donc hésiter pour certains fragments de  poterie lapita entre la poterie première atsude  et la poterie plus tardive usude, cette dernière avec ses imitations de filets  de pêche comme les poteries  de l’île des Pins,découvertes à Vao, identiques selon Avias à la poterie découverte à  Ouatom (Nouvelle-Bretagne et,- coïncidence ou pas ,-on retrouve  même nom en Calédonie), savoir la poterie lapita.

La  poterie lapita ou ouatom

Christophe  Sand, dans Traces, 3000 ans de patrimoine archéologique calédonien, p.11, écrit : « Ce sont les restes de poteries qui permettent le mieux  d’identifier le passage des premiers colonisateurs…. Les mieux connus  sont les pots  décorés de motifs pointillés ou simplement par  des indentations sur le bord. » (période de Koné , premier millénaire av. J. –C ) .»

Pour Avias, -et ceci lui a été   confirmé ultérieurement par Leroi-Gouran  qui , en 1946 déjà, dans Archéologie du Pacifique, faisait  état de ce que Madame le Professeur Junko Habu , op. cit. , p.  157 et surtout figure 5, 4,9, appelle « dokko-shaped tools », étudiés par Takayuki Okamoto, 1999, “ Dokko-jo- sekki (Dokko-ishi, Shirakawa-gata sekk », dans Jomon Jidai (journal of Period Studies , 10(4) :83-89 (avec titre anglais : Dokko-ishior Shirakawa type stone tool). Louis Lagarde paraît les nommer aussi ces Dokko‑ishi ou Dokko‑Jo‑sekki  et les qualifie de pics à gorge qui  sont des œuvres du  Japon néolithique des Aïnou qui  se rapporteraient  à la culture Jomon (euphémisme signifiant cordes, pour éviter les mots qui fâchent : aïnou de race blanche) datée d’entre  entre -2000 et 300 av. J.‑C. environ (L.Lagarde).Mais il n’y a pas d’illustration de ces pics dans l’article de Louis Lagarde consulté sur le Net , « Les pics à gorge », et on est en droit de se demander si l’on parle bien de la même chose, c’est-à-dire des casse-têtes à gorge de Leroi-Gouran, d’Avias (représentation référencée) et de Leenhardt, ainsi que Madame Habu (figure citée) et Okamoto . Ces objets , quelle qu’en fût la destination, ne sont en rien des pics, -ils n’ont pas de pointe, -même s’ils ont bien des gorges aussi et s’il  existe , bien entendu, des pics par ailleurs .  Car qu’est-ce qu’un pic ? Littré : «instrument de fer courbé, pointu, à long manche, dont on se sert pour casser des fragments de rocher ou pour ouvrir la terre. Prends ton pic, et me romps ce caillou qui te nuit, La Fontaine, Fabl. VI, 18. » Or, L. Lagarde écrit : « Cette expression [pics à gorge] désigne habituellement des objets en pierre, biconiques et donc de section ronde, munis d’une gorge centrale perpendiculaire à leur axe morphologique. Ils sont également caractérisés par le soin apporté à leur réalisation, comme en témoignent les exemplaires du Musée d’Aquitaine (R 4bis) ou du Musée de Nouvelle‑Calédonie (MNC 86.5.184) ».

Pour Leenhardt aussi (1951, p.315), comme pour Leroi -Gouran et comme pour Avias, « les « pierres sacrées »  des canaques de forme biconique,  à gorge centrale et  polies ,vues au Musée de l’Homme,  sont des casse-têtes à gorge absolument identiques à ceux caractéristiques du Japon néolithique et proaïnous  , dont on peut d’ailleurs suivre la trace jusqu’en Indonésie . » 

De plus, Avias signale :

1) des pendentifs, des pics simples ou doubles , de longues lames ,à section ovale aplatie, faites dans les mêmes matériaux et d’une structure que l’on peut probablement attribuer à une même industrie qu’il a dé nommée : « Industrie des casse- têtes à gorges ; »(1)

 [Note (1) : figuration et description dans l’article d’Avias du Journal de la Société des Océanistes , t.V, n°5 (1949),  notamment le tableau de la p. 45, où il a tenté de synthétiser l’ensemble des données acquises de la préhistoire néo-calédonienne.]   

2) des objets lithiques plus tendres (surtout schistes plus ou moins phylladiens) et comportant des pièces, soit taillées à grands éclats, soit polies (Ex. : fameuse hache de Poya). Par leurs formes ces pièces évoquent également les industries néolithiques de la Chine et du Japon néolithique [aïnou].Tant par leurs dimensions  que par leurs  formes, ces pièces sont peut-être à rattacher à l’ « industrie » des « casse-tête à gorge (Avias) ».

 

 Le culte de l’ours des Aïnou.

Ce culte religieux  plonge ses racines au paléolithique  supérieur. L’ours des Aïnou est un animal élevé  dans cette  intention dès l’âge tendre et, à l’occasion, allaité par une femme ; il est considéré comme une sorte d’ inao (bâton à copeaux soulevés de façon à former une touffe, qui rappelle le mycelium des champignons comme les  Sclerotinia sclerotiorum (Lib.de Bary1884, qui infectent  le soja, , lequel est  appelé dans le langage courant blanc de champignon (référence à la couleur du feutrage) et  qui était utilisé pour la guérison des blessures rituelles ,   le mot signifiant messager entre hommes et dieux en aïnou).  Lorsqu’il atteint l’âge adulte, on le sort de sa cage, on le promène rituellement et on le tue en finissant par l’écraser dans un tronc d’arbre fendu disposé horizontalement, puis on le mange en grande cérémonie (repas totémique ?). Ce faisant, on s’excuse auprès de lui de devoir lui enlever la vie. »  A date ancienne, on le tuait avec la baguette de libation, p .  52,qui me fait songer aux « fourchettes dites de cannibales » de Calédonie, baguette qui est si acérée à son extrémité . On est tenté de rapprocher cette cérémonie de celles des Lupercales à Rome.

Avant la procession de février, dite des Lupercales, le prêtre ou luperque, après avoir immolé une chèvre, qui remplace  l’ours du paléolithique,  touchait le front des Luperques avec son couteau sanglant  (qui remplace la baguette dite de libation acérée des Aînou) et la trace en était alors essuyée  avec un flocon de laine imbibé du lait de la chèvre. Les Luperques devaient, à ce moment,  faire entendre un éclat de rire sardonique rituel. Le sacrifice comportait aussi l’immolation d’un chien. On peut rapprocher leur confrérie de celle des Hirpi Sorani (les boucs de Soranus, un autre nom de Vulcain, nom interprété ensuite comme les loups de Soranus) qui dansaient pieds nus sur des charbons ardents  en l’honneur de Vulcain. Hirpi est un mot sabin qui désigne le  loup, mais hircus désigne en latin le bouc. La labio- vélaire indo-européenne  kw a  donné p en sabin, où l’on a hirpi au sens de boucs,  et le mot s’est dès lors confondu avec le nom du loup (latin lupus, grec lukos  anglais wolf) ou du renard (vulpes en latin, alôpèx en grec, sanskrit lopâçah), de welkw, werkw, le w initial devenant dans hirpi une simple aspiration.

Vulcain , Vulcanius, métathèse de l°kw-anyos, était d’abord le dieu de la viande crue ; ce n’est que  par la suite qu’il est devenu le dieu du feu et celui des aliments qu’on fait cuire. Dans le culte des hirpi sorani, on racontait que des loups (substitut des ours aïnou, Lup-ercus étant  un des noms de Pan et Lup-ercalia  s’analysant comme  contenant lup, cru , de lu°kw, Vulcain  et d’un correspondant sabin du  grec arkèlos , petit ours, ourson domestique, attesté par Elien dans La personnalité des animaux, VII, 47 , de arkos ,ours ,  attesté par le même Elien , op. cit., 1,31 (cf .  le nom de l’ours en arménien arj, en  sanskrit rksa-, en avestique aresa,en irlandais art ) étaient survenus au cours d’un sacrifice et avaient arraché à la flamme impie des morceaux de chair des victimes. Lors du rire sardonique, la chair des victimes devait être mangée crue. De là le mot Lup-ercale, ourson (mangé) cru. « Aussi vrai que je voudrais pouvoir manger ton coeur tout cru », dit Achille à Hector.

Un  rite archaïque de modification de l’apparence.

Selon Bachelor, « Quoique les femmes aient sans aucun doute une grande affection pour leur progéniture,  quelques-unes d’entre elles ont une curieuse façon de traiter leurs bébés, qui me paraît être quelque peu cruelle. Elles coupent (avec un inao ? (bâton à copeaux soulevés de façon à former une touffe,qui rappelle le mycelium) la partie grasse des jambes, aux garçons comme aux filles, à leur réunion près du pelvis, puis pansent la blessure avec des couches,  semblables à du cuir, de mycélium du champignon qui croît entre l’écorce et le bois du chêne, de l’orme (attouch en aïnou) et du frêne.  [ Le mot cuir comme l’usage médical font songer au champignon appelé amadou. Voici ce qu’en dit Wikipedia : « L'amadou est un matériau spongieux constituant la partie supérieure de la chair de certains champignons, sorte de feutre naturel utilisé séché depuis la Préhistoire, principalement pour allumer le feu, mais aussi pour favoriser la dessiccation des plaies en médecine et des mouches de pêche, ou encore comme succédané du tabac et du cuir. On utilise le plus souvent la chair des polypores qui se développent sur les arbres, essentiellement l'amadouvier (Fomes fomentarius), mais aussi d'autres espèces fongiques employées localement pour des propriétés comparables [orme, frêne].

Le plus utilisé, apprécié pour l'épaisseur de sa chair :

·                    Fomes fomentarius — l'amadouvier.

D'autres espèces de champignons ont pu être utilisées pour obtenir de l'amadou, bien que donnant une matière moins performante, comme la  Dédalée du chêne, utilisé en Autriche  (mais cette espèce a peut-être été confondue par les auteurs anciens avec l'Agaricus quercinus de Linné, qui désigne ainsi l'Amadouvier vrai) » .Le mot mycelium s’explique de la façon suivante : Wikipedia : «  Au sommet du champignon, un noyau mycélien , d'aspect marbré à la section, assure le contact avec l'arbre.

L'amadouvier est quelquefois saprophyte, vivant sur des arbres morts, mais il parasite fréquemment des feuillus vivants. La présence de chapeaux d'amadouvier à la surface du tronc témoigne de l'envahissement généralisé du bois par le mycélium. Le dépérissement, la mort et la chute de l'arbre ne mettent pas un terme au développement de l'amadouvier qui, devenu saprophyte, poursuit son œuvre jusqu'à la destruction totale du bois. »

 

 

« Je me suis parfois demandé si cette coutume n’est pas un résidu d’une cérémonie ressemblant à la circoncision … Le champignon est censé être appliqué sur la blessure simplement pour la guérir... L’opération est réalisée par les femmes seules, et cela sans prière, les hommes n’y prenant pas part, et aucune cérémonie de quelque ordre que ce soit ne l’accompagne. »

Selon moi, ce rite est destiné à prévenir et à empêcher l’anthropophagie , la tecnophagie ici ( le fait de manger ses enfants  pour une mère comme en Australie) , car le mollet,  mot qui vient de la  chair molle , de mou,  est la partie la plus grasse et la plus tendre  de l’être humain pour les cannibales, chez la femme en particulier. De même, la circoncision visait peut-être chez certains primitifs à détourner du cannibalisme, car chez l’homme le prépuce, le sot-l’y laisse, le croupion et les glandes attenantes , les rognons , passent pour la part la meilleure.

 

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