Seconde
partie (de trois parties).
Essai sur la
toponymie corse d’origine basque et ibère : les auteurs
grecs et la toponymie corse, ainsi que les mégalithes.
Quelques tribus ibères venant de Tarraconnaise (Tarragonès, de
(lais )tragonès avec r voyelle
donnant ara, ethnonyme qui
a donné le nom de la province d’Aragon ,est apparenté à Lestrygones)
ou de Cantabrie (de cant, serpent, et de Ibères, au nom identique à celui des Celtibères, de celt, altération de cant) espagnoles.
1 Les Vescitani , de vesci tania, le pays des Vesques ou Vascons,
gascons, basques, attesté sous la forme Scania,
de (ve)sca (ta) nia , en Suède, d’où
ils ont émigré.
Vizzavona, la montagne des Vesci (en langue sami, du groupe ougro-finnois, apparenté au
basque, vona signifie montagne ;
cf. en « gaulois » , dun
qui signifie montagne, colline, éminence de terrain dans Verdun, etc. .Le mot est proche de la forme qui désigne la
rivière, von).
Tattone, de basque
tag, commander et vone, col, signifie ce qui commande le col, l’avant- garde du col.
Le nom de dolmen Vascolaccio, le dolmen qui ressemble à ceux que font les Basques,
vient de vesc-, basque, + suffixe ibère de ressemblance ou d’appartenance –oida devenu
-ol +-suffixe péjoratif indiquant un
monument non chrétien –accio.
2 Les Vocontiani,
du pays (tania) des Vo(s)cons ( basques, . gascons), ou Volcioni .
3 Les Lacétans, de basco et tania, pays.
Ils nous ont légué en Corse le nom de la rivière Casaluna, de Lacetania,
puis, par métathèse, katselania, kaselania, kasaluna. Le t de –tania, pays, était un ts à appendice sifflant.
Casaluna et Catalogne sont identiques, comme le
nom de Catane, de la métathèse ka
(le) pour lacce, basque tania en Sicile.
4 Les Vaccéens, de bascéen
Les Vaccéens étaient connus pour leurs silos souterrains où ils dissimulaient bétail et moissons, femmes
et enfants en période de guerre. Ces derniers étaient secrets, naturellement, et aujourd’hui l’Etat, sous prétexte de
sécurité, a dissimulé l’entrée de ces immenses grottes, mais j’ai pu visiter
jadis avec mon père qui avait été instituteur à Bonifacio et y avait des
parents le silo de Bonifacio, altération de suri vakkio, le silo vaccéen qui a donné le Suraco de Ptolémée, qu’il appelle encore Syracuse. Suri vient du nom du silo, seiros en grec, sirus en
étrusco- latin. On a d’ailleurs la Punta della Vacca en Sardaigne, en face de Bonifacio ,la Pointe
desVaccéens.
Le nom du complexe
mégalithique de Settiva (cco) vient, par métathèse, de tari vacco, tesi vacco, le serpent vaccéen.
De même pour
Zevaco, illustrée par un célèbre auteur, et sa métathèse Zicavo, par aphérèse de (te) si-
+ vacco, le serpent basque.
Le nom d’un menhir, Vaccil (vaccoida, avec suffixe d’appartenance) Vecchio, le vieux Vaccéen rappelle son origine
vaccéenne.
5 Les
Bastetani (de baste pour basque et de tania, pays) ou Bastuli (de
bastutani) nous a laissé Bastia.
A ne pas confondre avec Bastelica, métathèse
de basi-lica(to) , basi signifiant seigneurs en basque et licato renvoyant à une tribu, celle des Licinioi , des Ligures, de ligurinioi, liginioi par assimilation vocalique .
Les auteurs grecs de l’Antiquité et leur témoignage
sur la toponymie.
Aléria, Vico et Bonifacio-Syracuse, les trois cités- ports du Ier siècle avant J. C.
Hérodote vers
-425 citait (I, 165) Alaliè (Aleria)
comme fondée par les Phocéens. Diodore
de Sicile, au Ier siècle avant J. C,
écrit (V, 13,3): « il n’existe que deux villes (poleis) dignes de ce nom en Corse,
savoir Kalaris [Galeria ] et Nikaia [Vico]. Les Phocéens fondèrent Kalaris, les Tyrrhéniens (Etrusques et leurs alliés de Corse Turdéniens) Nikaia [Vico] ».
Diodore
ajoute : « Cyrnos a un très beau port, appelé Syracuse (Bonifacio) ».Strabon
au Ier siècle avant J. C .cite
Henikoniai qui est la même que la Nicaia
de Diodore.
En -564 environ, un
port existe déjà, celui d’ Aléria
sur la côte orientale, port aménagé par une colonie de Phocéens venus d’Asie mineure et qui y
restera vingt ans. Selon Strabon, c’est
après une victoire navale contre
les Phocéens, avec pour alliés les
Carthaginois, que les
Etrusques ont fondé une ville appelée [V]enikoniai, la Victorieuse. La même racine ibère signifiant vaincre, *vic avec nasale infixée, qu’on retrouve dans le latin vincere
et dans le grec nikaia donnant Nice
, a produit , à partir de l’étrusque *Veniconiai, Ve (ni)co
(iai), finalement Vico , nom de
la colonie côtière . Il était normal que les Etrusques s’intéressassent
à la côte opposée à celle d’Aleria et de Bonifacio- Syracuse, ports qui préexistaient depuis longtemps tous deux,
ainsi peut-être, si l’on en croit Diodore, que Galeria qui aurait aussi été
fondée par les Grecs Phocéens, et qu’ils fondent leur propre port, Vico, non loin du golfe de Sagone.
Les 6 cités
anciennes de Strabon (Ier siècle avant J. C.)
Strabon écrit :
« Il y a en Corse quelques petits bourgs comme Eniconiai, Vapanes, Blesino,
Charax », soit aujourd’huiVico,
Piana, Lurinon, Chatra… »
1 Eniconiai,
la victorieuse, est devenue Vico.
2 Vapanes au
Ier siècle, devient
Port Favone, identification
certaine.On a aussi Favone en Sardaigne et Port Pavone ou Port Paone sur un îlot en
face de Naples, appelé Nèsida . Sens :
de (a)va(r), avar ou ibère cf Bavelle
et Bavière, et pana, bina, cf. latin bonus, pour le
sens de bonus non pas bon ,
bienveillant,mais terrible, qui inspire la peur,grec devo, craindre, , voir le culte de la Dea Bona, grec dveinos(bis et duo) redoutable :
la cité des redoutables Avars.
3 Blèsino .On
doit en rapprocher Bletisa en Lusitanie (le Portugal ), Brindisi en
Italie méridionale , les noms de (saint ) Brendan: c’est aujourd’hui Brando,de
brandono, du nom du soleil savil, de (sa)vilo+no ,
vésino, blèsino , brèd( i) ( n)o.
4
Charax, le lieu avec des pieux,
a été traduit en latin par Castra, le camp qui a donné le nom de la commune de Chatra, près d’Opino.
5 Phaiacana, la phéacienne, est devenue par apocope Ocana.
6 Lurinon est
devenu Luri. Est-ce l’actuelle Luri
, ou bien, meilleure hypothèse, la Turrinum
, ex-Lurinum de Ptolémée détruite par
les Vandales ?
Les 32 cités et ports de Ptolémée dans son Traité
de géographie au IIe siècle après J. C.
Le texte est d’une valeur immense
pour nous . La carte qui l’accompagne a été
étudiée magistralement par Ascari dans trois
numéros de l’ Archivio storico di Corsica,
juillet- septembre 1939, an XIV, n° 2, 3 et 4, n°1 , p.161-191 et particulièrement
n°2 p.331-393, « La Corsica nella carte geografiche di
Tolomeo » . Mais la carte est postérieure à l’époque de Ptolémée :
la mention d’un autel de Totila
évoquant les Goths commandés par
Totila et envahissant Aleria en 439 en
témoigne. Même si cette carte n’est pas de Ptolémée et si elle est tardive,
ce qui demeure irremplaçable, ce sont
ces noms vieux de 2000 ans, qui nous donnent un état toponymique antique de Cyrnos,
même si la localisation peut être contestée.
Les 12 tribus de Ptolémée rangées par ordre
alphabétique :
1 les Balatinoi, de bala tania,de avar , donnant le cours d’eau appelé la Balatèse, -èse étant un suffixe de rivière, de l’ibère asura ou adura, fleuve ,cf . Adour; la Balagne et (près de Sagone) Balogne. De avar ;.
2 les Cervinoi, Cervione. Artabres.
3 les Kilebensioi, métathèse de
likeb + suffixe ethnique en – ensioi,
presqu’île de Senini près de Piana,
par métathèse de (Kile) bensioi, (kile) sebenoi,senenoi, le Celavo.
Kinsen (près d’Antisanti).
4 les Kumasenoi, cf. Cumes en
Italie et Sermano,
Cambia. Ligures
5 les Likinoi (Lieninoi). Ils
nous ont laissé le nom de Bastelica et celui du Niolo (de
liguroi),Ligures. De même pour le nom d’une province, le Niolo, de ligoro, à comparer avec le nom du dolmen de Graoh Niohl , le serpent enroulé, à Arzon,
dans le Morbihan. Mario Ascari, op. cit. , n°3, p. 393, fait venir Niolo de « nero »,
noir, du latin nigrum. Pour ma part, je ferais aussi venir le
nom du Niolo comme celui du Nebbio, de
nigrum. Mais ce n’est pas au sens de
noir, comme le veut Ascaris : c’est
au sens de ligure, de serpent. En
effet,
Nigrum et ligoro (cf. la Liger, génitif Ligeris, le Loir et la Loire) sont des variantes paléo- ibères du
nom de la déesse Serpent : le Liger (le
Loir) et le fleuve africain le Niger,
ainsi que le Nigéria,
proviennent de cette signification.et indiquent l’extension à date
préhistorique des Ligures- Ibères jusqu’au sud –ouest de l’Afrique. Le sens de noir et du mot nègre sont secondaires et dérivent de cette cette couleur noire que
les peuples de la Nubie (Lybie) et du Niger avaient pour les Latins.
Selon
Mario C. Ascari, op. cit.
, le nom d’une montagne située entre le Fiumalto et la Casaluna, le mont Nigéuno, dériverait de Henikoniai, la ville dont le nom
signifie victoire, précisément fondée au
VIe siècle selon Strabon, après la victoire des Ligures et des Carthaginois sur
les Phocéens d’Aléria. Diodore de
Sicile (V, 13, 3) attribue aux Etrusques le nom grec Nikaia de cette ville. Mais
je crois que Nigéuno de ligurona , puis par métathèse liguerano avec r voyelle, nigeu(ra) no s’explique aussi bien à partir de liguro, ligure, le Serpent
enroulé.
6 les Makrinoi, Mantinon, ville attestée par Ptolémée, de.
7 les Opinoi, de (Ghorgh)bina
, Mont Opido (Chatra, près d’Aleria), tribu cantabre, voir Gorgobina.
8 les Ouanakinoi, Vendelicium. Venaco(na) ,
avec lasca pour basques, est dédiée à
la divinité Vendis ou Bendis et
contient par ailleurs l’épithète de la déesse,
lasca, basque, du nom de cette tribu, les Lacétans
(lace de basque, tan de tania, pays). Le culte de Bendis
existait en Macédoine, en Thrace, en Egypte, en Espagne chez les Cantabres et
même au Pirée, le port d’Athènes. En Thrace, elle reçoit le nom de Bendideia et on associe cette déesse à la ville
de Mendes (Bendis ou Vendis), de Menphis en Egypte et aux
deux Mantoue d’Espagne et d’Italie. Les Cantabres ont une tribu qui se nomme les Vindeliciens et il paraît naturel de
faire le lien entre Vindelicia et Vangelia, la demeure souterraine : Bendideia, l’épithète thrace de la
déesse, signifie la Vindelicia.
Bocognano est
issu par métathèse de venacona, vocoñano
9 les Surboi, en latin Surbroi (région
de Calvi). Corbara (région de Calvi), de
gor(go)bina, korbani,au locatif
ibère korbarai. Le nom est à rapprocher de Corbières (en latin Corbara également), le Serpent ibère, cf. le monstre
gardien des Enfers nommé Cerbère. Ligures.
10 les Subursanoi, famille des Cyclopes. Carbini (région de Sartène)
et Carbuccia, liés tous deux aux Boîens et à Gorgobina.
Zonza, de métathèse de subursanoi, swonisa, sw donnant dz noté z, et ys donnant ids, noté iz, zoniza;
11 les Tarrabenoi, métathèse de
taberranoi à rapprocher du nom de la ville basque Tabar et du nom nom d’une rivière,
le Taravo, métathèse de tavaro pour tabaro qu’on retrouve dans le nom de la commune corse de Tavère et dans celui de la commune corse Tavaco(-na) , cf
Tarrascon et Tarraconnaise (de tavacona), le c ou ks (cf les
deux Tarrascon ) de Tavaco notant un r
guttural, pour Tavaro. Lié à Lestrygon.
Les 32 cités ou
ports et les caps et rivières de
Cyrnos cités par Ptolémée.
Côte occidentale :
Le cap Tilox, de liguris, par métathèse de lirug-is, tilogs . A
Tilox cité par Ptolémée, correspondent le nom de la Sierra de Tolox , de lirugis, puis lorogis, tologs, et celui de Tolède, de lirugis-sa, lorogis
–sa, tol (og
i)da, en Espagne, ainsi que celui de Toulouse,
de lirugis-sa,
lorugi –sa, tolu(gi)da, toluda, de tolusa
. Le sa final, dérivé de anassa,
est un titre de courtoisie postposé (maîtresse).
Tilox a laissé son nom à ce qui était censé à
l’époque de Ptolémée être le plus haut sommet de l’île, cf. la serra de Tolox, le Mont
Rotundo, de 2625 mètres, le Monte Cinto, 2707, ayant perdu par la
suite son ancien nom de Monte d’Oro
pour éviter l’homonymie avec un autre Monte
d’Oro, de 2391 mètres. Rotundo vient
de toluda-na, par métathèse lotunado,
rotunado.
De même, Vivario vient de ligario
Le cap d’Attios, le golfe de Casalos, le cap de Ouiriballum
et l’embouchure du Kirkidius
Le nom du cap Attii, cap d’Azzo aujoud’hui, vient du génitif pluriel accipitrium,
le cap des éperviers, cf. latin accipite,
génitif accipiteris , épervier,de même sens que le cap Sacrum
ou le fleuve Sacré , Sacer, dédiés au décharnement des cadavre.
Le nom du Golfe Casalus, de casanoi, carien, est devenu aujourd’hui celui du cap Cavalo,
près du golfe de Porto.
Le cap Ouiriballum (wi, serpent
ou rivière, et ligurum, rigalum, le serpent enroulé), la rivière du Oualerius, de vi li (gu) rius,
la rivière ligure. On retrouve son nom en Sicile vers la ville sicilienne de Naxos,
avec le nom actuel du fleuve Onobala,
anciennement Onabalas.
Le fleuve Circidius, avec suffixe de ressemblance -eida ,celle qui ressemble à un serpent, cf
Korkyre. Ce serait
aujourd’hui le ruisseau de Chioni,
de ci (rci) di (us).
Rhoetium a donné son nom au cap
Rosso.
Urcinium, dont le nom se retrouve aujourd’hui dans la pointe
d’Orchino et dans les noms des communes (du basque sari, valeur, cf.
Sarrola (diminutif de sari, valeur) d’Orcino et Saint-André
d’Orcino,tient son nom de (G)org(ob)ina.
Le nom latin de la côte Arenosa, signifiant en apparence « sableuse »,
est en réalité à rapprocher de Charax ou d’Araggio en Corse, où ces noms désignent des sites mégalithiques. Le nom du site préhistorique du Castello Araggio signifie riche en pierres
levées, à partir du sens de pieu, de bouture associé aux menhirs qu’avait Araggio. Il est à rapprocher
de la nécropole Arzachena en Sardaigne,
de arach +-eida,
(avec des rocs) qui ressemblent à des pieux. De même dans le Sartenais, pour
le dolmen sous tumulus Arghiola, de arch+-oida, qui ressemble à des pieux (ibère karak). A remarquer que le dolmen porte un nom de menhir. En effet, les noms de mégalithes,
qu’il s’agisse de ceux qui, à l’origine, désignaient précisément les
polissoirs, les menhirs ou les dolmens, sont, au fil du temps, devenus interchangeables.
Le cours d’eau Locra (cf. le nom de la Locride) vient de ligura,
au sens de serpent enroulé par allusion
aux méandres duu cours d’eau . On retrouve ligura dans le nom des
ensembles mégalithiques de Cauro ou de
Cauria, de gavaros, puis gavaria . On
retrouve le même radical dans
(Coti) -Chiavari, de gavari, près d’Ajaccio, prononcé kiav et à rapprocher du nom
du cirque de Gavarni, de Gavrinis
en Bretagne, de Gâvres dans le Morbihan et de Gavoi
en Sardaigne. Le toponyme désigne
des dolmens.
Le port Pauka est devenu Port
Pollo aujourd’hui, de vaskana,
basque, phéacien, phaivask-ana.
L’embouchure
du fleuve Pitanos, de potamos (fleuve) Titanos, le fleuve Titanos.
Pit(it)anos, parent
du grec potamos, eau, qu’il s’agisse
de la mer ou des cours d’eau et fleuves,
a donné Ventilègne, de pentitanos,
ventitène.
La fontaine de Patana, dans le golfe de Santa
Amanza, honore la vieille déesse des
eaux dont on retrouve le nom dans la divinité étrusco- latine Ne ptunus ou Poseidon, forme
dorienne au génitif Potidanos, ne pour Neith ou Anaïtis. Neith, la mer en ibère, est étymologiquement
identique au nom des Nartes, les ancêtres des Ossètes ou
Scythes étudiés par Dumézil et à celui
d’une déesse citée par Tacite dans Germanicus, 40, 2, Nerthus,
ainsi qu’à une divinité norvégienne Njord.
Neptunus est le dieu de la rivière (pitanus)
de l’Océan atlantique (neith), comme
l’appelle Homère, c’est-à-dire le courant chaud du Gulf Stream.
Physera a donné Figari,
du nom du soufflet donné aux polissoirs à cause des stries, physaria,
de physa et de -eida,
qui ressemble à, cf Figarella. Une
autre radical, authentiquement ibère, pour désigner les
soufflets-polissoirs-mégalithes, se retrouve dans l’albanais fronj, souffler, cf.latin fremo, grec bremô, fulmino, et Tala fronaggia près deVezni, nom ibère d’un dolmen, littéralement
la dalle, tula (ru), cf étrusque tularu et fronaggia, ressemblant à un soufflet.
Le nom du promontoire et de la
ville de Marianon, comme de Meria(non), sont liés à la tribu des Makrinoi : le nom est devenu , par
perte du k et par diphtongaison du i, Mariana , la ville détruite par les Vandales. Il ne faut pas la confondre avec Mariana, la colonie de Marius, près de Bastia.
Mantinon, de makrinon, du peuple des Makrinoi, est aujourd’hui Matra, en Haute-Corse, de makrina, et il y a une seconde Matra en Corse du Sud. Les Arméniens
ont une langue (indo-européenne)) déroutante, à mutation consonantique, proche
du grec, de l’albanais et de l’étrusque.
Or, en Corse, certains noms ont une
phonologie proche et donc très difficile . Le peuple des Makrinoi, de ma, de tamia, pays, (gorgo)duina,
dui donnant erk en arménien (surprenante, mais certaine transformation établie par l’incontestable
linguiste Meillet), donc kr par
métathèse de erk donc kri
Canelata est aujourd’hui Cannelle, de cant-eida,
(dieu) qui ressemble à un serpent, cf. Canale
, ainsi que Cannetto à Lipari.
Côte méridionale
Charax, Chatra, le Praesidium,
Le nom de la ville citée aussi
par Strabon, Charax, qui signifie le
camp fortifié, a été traduit naturellement en latin par castra, qui est devenu Chatra,
près d’Aléria. C’est là que se trouvait le Praesidium
(la protection des Romains). La ville
a englobé Opino, lié à la
tribu cantabre des Opinoi, dont le
nom s’est confondu avec celui de l’oppidum,
sur l’actuel mont Opido. C’est là que Sénèque a
été exilé.
Le port de Syracuse, Suraco, de suri vaccio, le silo
basque, est aujourd’hui Bonifacio,
le silo basque
La ville de Roubra, le serpent (wi) ibère (ibra), a laissé le nom
de Orbo (Roubra) Alemana (où les Alémaniques,
vers 725, se sont installés) et peut-être le nom de Rondenara, de Roudra
La ville d’Alista, de alis +tra,
suffixe de lieu planté d’arbres, comme
Noceta, de nocetra, le lieu planté de noyers, cf. latin pluriel -collectif nuceta, est
aujourd’hui devenu Alistro (près de Canale -di –Verde, cf Cannelle et, pour Verde, Verdes en Loir-et-Cher, de
Visis –eida, qui ressemble à un
serpent), le lieu planté d’aulnes, alnus cordifoliata cf grec klèthra, de kalistra.
Lenom du promontoire Graniacum, après Porto Vecchio, aujourd’hui à l’emplacement de la pointe de la Chiappa, vient du pluriel (li)
k(u)ra (r voyelle) n-akka + peut-être finale de génitif latin en –um, le cap (des) Ligures, et il est
apparenté au nom du dieu Kronos (de (li) krwn-os, ligure) auquel il était dédié.
Côte orientale
Le nom de Centurinum, aujourd’hui Centuri,
s’analyse comme Cantabre, de cant, serpent et de iberi, centubrinum , Cent ibère, Celtibère.
Mora est aujourd’hui Campoloro di Moriari, mora signifiant le grand (mau) saura, serpent (cf grec sauros) + suffixe -eida
Le Ieros (Sacer).
Le nom du Ieros, le fleuve sacré, sur les bords
du quel on faisait décharner les cadavres, est devenu celui du Fium (latin
flumen, fleuve) Orbo, de ero, par attraction de orb, fleuve en ibère.
L’embouchure du Rotanos.
Le Rotanos (cf.
Rhodanus, Rhône, Eridan [Pô]) , cf . L’Ozanne, par déglutination du l initial, nom d’une rivière
d’Eure-et-Loir, Lausanne, de rodhsanos, mot féminin avec suffixe de
rivière en –anos, parent de amnis, rivière en latin), denous a laissé le nom de Rotani prononcé Rudani.
L’autel de Toutila (bômos Toutèla, ara Toutila).
On trouve trace des Goths qui
envahirent Aleria et du nom de leur chef
Totila dans le nom de l’autel de Totèla
en grec (avec iotacisme : prononciation du è comme un i), bômos Toutèla, ara Tutela, dont on trouve trace dans Ordela, de ara T(out)ila
Marianè est
la même que Mariana, cette colonie de
vétérans fondée vers -100 par Marius,
tandis que Sylla fondait une colonie militaire vers Aleria. Elle sera détruite
par les Vandales vers 449. Les ruines de
Mariana seraient situées dans le Campo
Moro (peut-être altération volontaire de Mariana: le camp des Maures,
entendons des étrangers, des Romains), sur le territoire de Grosso. Il ne faut pas la confondre avec le cap et le port
indigènes Marianon, devenus
Méria aujourd’hui, non loin l’une de
l’autre : ne peut-on supposer que Marius ait fondé sa colonie Mariana à côté
d’une Marianon préexistante ?
Le nom
ancien d’un promontoire, Anagum (ou Vagum
selon certaines leçons erronées) vient de an(t)akanum,
anticana , endroit défriché ou , en tout
cas, sans arbre, avec du maquis pour
seule végétation, cf . les noms d’Antisanti, d’Artisanne
(commune de Mendionde) Antica(na) en Espagne et même aux
Antilles, explorées par les Ibères, Antigua(na).
Klunion,
près de Méria, doublet phonétique évolué de Kersunion,
a laissé son nom à l’étang de Chiorlina, de kersinia Son nom est lié à celui de Kersunion.
Albiano, de Albianos, de ligurinos,
ligvarinos,libua(ri)nos, le ua se
diphtonguant en ia, libianos , avec métathèse vocalique dans labianos, avec prolepse du i qui se trouve dans li, i qui se ferme en e, puis s’ouvre en a et
donne albianos, -comme le nom
de l’île d’Elbe [Ilva en latin, de ligva, -ligure,cf . Ilpa en Bétique, citée par Pline l’Ancien,
3, 11 et le nom des Ilvates de Ligurie) , ainsi que lebia(no), devenu aujourd’hui Levie,
de ligurina , leguri(n)a,lebui (n)a), lebia ], et de ligurinos
legur(no).. De même pour Appiano, de albiano, ou, avec changement de suffixe (-etès, pour indiquer les habitants, Appietto.
Venicium est aujourd’hui
Venaco. De même, près de Corté, Sermigium, lié au nom de la tribu des Koumasenoi, avec métathèse de k et de s, semakenoi, sermakio, est devenu Sermano(i).
Palanta (nia) ou Pala(ta)nia est dérivée du nom de la
Balagne, debalana tania, le pays , -tania, -des Avars (prolepse du a, (a) vala)
;
Kaisia aigialos, la côte Caesia, qui signifie la côte des
Cariens.
L’Ile -Rousse tient peut-être son nom de insula chrousea, interprété comme rossa, alors qu’il venait de Korkureida
(-eida , suffixe de ressemblance), l’île qui ressemble à un serpent ou qui appartient à
la divinité Serpent.. .
Kersounon, de ku(ma)senon, lié
à la tribu des Koumasenoi , a laissé son nom à
La pointe Curza
, de (li)gurs(n)ya,
dans le Désert des Agriates, et Cuvasina,
de (li)gur°na, (li)guvurina, kuvusina doivent leur nom
aux Ligures. .
Coinicum ou Coenicon, Cenicum , noms dérivés du nom de la tribu des Cunicones, de
Caricones, les Cariens, est une
ville détruite par les Vandales et leur tribu des Sillings en 439. Ces derniers s’installèrent tout près,
à
Zigliara, de silling+suffixe
locatif -na .
Osinkon devenu
Asinco.Le prince Bonaparte a
rapproché le nom de la rivière Oso du
mot basque oso qui signifie tout entier.Pareillement, les mots Teuton
ou Deutsch , parents du latin
totus, tout entier, désignent le peuple rassemblé. Osinkon
présente un suffixe de ville en –incon
Talcini, où
l’on peut reconnaître Gorgobina, de garg(o b)ina a laissé son nom à la pointe
de Talsini, cf.Talllone de galgon(bi)ne
près de Moïta, et Tolla, près
d’Ajaccio, de (gar)gob(i)na , tolna .
D’autres ligures : les Ilercavones,
Cervinoi ou Cunii.
Les Ilercaviones (de ibercuone, cunones) sont les mêmes que
la tribus de Corse dont Ptolémée nous a
laissé le nom, les Cervinoi, métathèse
de lercavione, cerlavinoi, habitant la Balagne jusqu’à l’invasion des Vandales. Les
Cervinoi nous ont laissé le nom de Cervione, fondée sur la côte orientale après
la destruction par les Vandales de leur première installation sur la côte
occidentale, près de Calvi, Koinicon,
de (lestr)ygon donnant koin + suffixe ethnique -icum Ceci est de leur part un retour
sur une côte orientale, qu’ils connaissaient puisque leurs ancêtres , les Lestrygons ( de Keltrigour,
à rapprocher de Cantrigours, les
ibères du serpent, altéré en Cantabres
et en Celtibères) , y avaient laissé leur nom, l’Ostricon, ainsi que le nom
des îles Cuniculariae (de kun-ik-oidai-ria, avec 3 suffixes dont un suffixe ethnique, -ikos, un suffixe ibère d’appartenance -oida, un autre signifiant
pays en basque –herria), l’ensemble
voulant dire non pas îles aux
lapins, mais îles appartenant
aux Kunii.
Biguglia
vient de li guria, comme Girolata, de giro, et de lata,
pierre levée pélage, de
lasta, péleste.
Rogliano vient
de ligur +iano, donnant (métathèse de
l et de r) riguliano.
Les Celtibères ou Cantabres et Sintiens ou Santones.
Le nom de Centurinum, aujourd’hui
Centuri, s’analyse comme Cent ibère, Celtibère, Cantabre, de cant, serpent.
A Ghison
correspond exactement chez les Cantabres espagnols Gijon. On dit souvent , depuis le
Prince Bonaparte, que les noms
des deux Ghison, aussi bien espagnol
que corse (Ghisoni), ainsi que Ghisonaccia,
proviennent du basque gizon, homme , mais ils proviennent,
bien plus probablement , de ligurn , le gh venant du g et
le
s provenant du l, par métathèse donnant gilun- , puis ghison +na . Dans
Ghisonaccia, « le mauvais Ghison », disait mon père qui y
avait été nommé instituteur à sa sortie de l’Ecole normale et détestait le coin, .on a aussi Ligure, mais avec la marque de pluriel basque en –aka : le pays (tania réduit à -nia) des Ligures, de ghisonaka
nia , puis, par métathèse, ghison na kia . Le pluriel –aka + le suffixe en –nia , signifiant pays, donnant
sia, au final -aksia, n’ont pas de valeur péjorative, à la différence du suffixe –accia avec lequel il s’est confondu. De
même, Guitera en Corse,
correspondant à Guéthary en pays
basque, vient de ligur, qui donne gilur par métathèse, puis gitur+tania , le pays des
ligures , guiter(ni)a en Corse
et en pays basque getirta(n)ia, puis , par métathèse
vocalique du r et du n getari()a, getari .
Antisanti, à rapprocher, en tout état de cause, du,lieu-dit Artisanne dans les Pyrénées –Atlantiques, commune de Mendionde, est difficile. Artisanne
serait à rattacher àau basque artica,
souvent utilisé pour nommer les crêtes sans arbres, nues, avec du maquis. De
plus, latradition populaire rapportée par mon père fait état d’un antsanti
originellement sans t, Antisani,cf Alisanne. . Elle raconte qu’un curé,
outré de voirl’impiété des gens d’Antisanti, leur demanda d’y renonceret en
compensation de se contenter d’être désormais contre les saints, anti santi.
Le nom peut faire songer à Anticaria en Bétique aujourd’hui Antequera, de anti, signifiant crête, hitite ante , front, qui a donné le
latin ante , le grec anti,
cf. ancien égyptien anti. La seconde partie d’Anticaria, caria, viendrait de gadeira,
la demeure souterraine. Les crêtes étaient consacrées à Perséphone ou par
la suite à Pluton. Selon Karst, op. cit.,
il existait un couple de dieux phrygiens
Saentis, Sentis et Disantis d’une part (cf . latin Dis, Ditis, de Disantis, nom
de Pluton), Sandas et Desandas , d’autre part , qu’on est tenté de rattacher à Hadès (cf. Sandas ou Sandès qu’on
retrouve dans la commune de rattachement de Mendionde,de sendionde ) ,
ou à Aidôneus , le dieu des
enfers. Antisanti serait à rattacher
à la tribu des Xantones ou Santones. Le noms tribaux de Sintiens, Santoni, Santi présents dans Antisanti pourraient provenir de sagon eida, puis sa (go)nta ou
santi , qui ressemble à un serpent, l’ensemble
signifiant la crête qui ressemble au Serpent , ou plutôt la crête
dédiée au dieu en forme de serpent. On
trouve trace de Sintoi ou en latin Sintii en Macédoine thrace. Tel est
aussi le nom des premiers habitants de Lemnos « au parler guttural »,
dit Homère, -entendons qui parlent une langue ibère proche de l’étrusque. On a
d’ailleurs déchiffré dans l’île une inscription dans une langue voisine de l’étrusque. Lemnos
était réputée pour son travail de
chaudronnerie et une tribu tzigane émigrée de Bombay aux Indes à Rome
spécialisée dans le travail du cuivre
porte le nom de Sinties, ce
qui montre que les Sinties ont aussi émigré en Inde.Dans la basse vallée de l’Indus vivent les Sindhi, au nom
analogue à celui des Sintiens homériques,
dans un district du Pakistan appelé le Sind.
Toutefois, je crois plutôt
que Anticaria est à rapprocher
du basque artica , lieu nu, sans arbres,avec
du maquis, + un
suffixe de lieu en –ria , de –na, et que Antisanti , de antisani ,avec
peut-être une prolepse du t, a la
même origine : de artiksa-na,antisa-na,
le k étant une consonne à appendice sifflant, ks.
Les noms de cours d’eau. .
Noms paléo-basques Le nom du Rizzanese vient de rhodsan,
et du suffixe féminin –ese . On
retrouve le même radical dans l’Ozanne
en Eure-et- Loir, Lausanne, Rhodanus,
Rotanus, Rhône, etc. .
La rivière l’Alisani est comparable à Lausanne, l’Ozanne, la Lozère, l’Isère. De même pour l’Aliso. Le a initial est l’article ibère.
Le nom du Golo, de gauola, attesté , Ascari, op . cit. , p. 373 et
suiv. , écrit d’abord Gauola puis Touola par attraction de Toutèla bômos, Ara Tutela, équivalent du Praesidium, et correspondant au nom d’une montagne du Niolo le Tuola, vient du nom ibère du milan ou de l’épervier
(espagnol gavilan), oiseaux qui
nettoyaient les os des cadavres humains. Le nom du Tavignano,
de gavilano, (cf. Draguignan, Perpignan) vient aussi du nom de l’épervier .
Comment expliquer le nom
sepagnol gavilan de l’épervier ?
Il faut partir du sanskrit çien qui présente une particularité très
intéressante par rapport à son correspondant gres, iktinos, savoir le e intermédiaire, remontant à une
diphtongue ai pour ei, qui a disparu en grec comme en corse (fin). Le y de ai est devenu un l mouillé voyelle, prononcé ilya, tandis que le s de la consonne à appendice sifflant ks devenait v. De l’ibère ksalyin-
on a ainsi gavilano.Milano en italien, milan en français , vient
de (ga) vilano, avec peut-être prolepse
du n, devenu m, (ga)nilano, (ga )milano.
Il nous faut revenir
maintenant au nom francique de l’épervier, sparwari,
ou le nom francique de l’épervier, spar-wari
(qui a donné notre mot français épervier,
l’allemand Sperber, l’italien sparviere, l’espagnol esparavel) issu, par une série de métathèses de sparwlano, sp venant de ks et ar notant un r voyelle venant de rw, un
wr cacuminal.
A rapprocher de l’anglais raven,
de rawari,
ravani, , corbeau.
Noms ibères. Pour le nom du
Taravo, on peut rapprocher
le nom de la tribu des Tarrabenoi et
sutout Taragone ( commune corse de Tavaco,
de taragon, de lestrygon) chez
les Cantabres espagnols et poser un nom de serpent, daragone (Cf. Tarascon et sa Tarasque), ou Tari beasca
chez les Valaques (de basque) de Roumanie. La Navara corse a la même origine que la Navarre
espagnole. C’est une métathèse pour narava(sca),
de tara boasca, (en basque Nafarroa), serpent ou,
par une métaphore qu’on rencontre souvent, rivière , basque.
Le nom de la tribu des Gravii
se retrouve dans la Gravona, de (g)
vona, lit de rivière (ou vona , col , peut-être deux paronymes ) cf.
le nom de la Garumna ou Garonne, de gravona.
Le nom du Liamone vient de ri(s)an-vone , -vone signifiant rivière en ibère et risa
venant due la racine ibère signifiant rivière adus+ suffixe –na, donnant lisanon, apparenté au grec limnè,
abri pour les bateaux qui, à Epidaure,
était sous la protection d’Artémis Limnètis,
et
au grec limèn, bras de mer, chenal.
Le Fiumorbo et le Fiumalto ont un premier élément latin : fiume, de flumen,
fleuve. Orbo viendrait de son nom ancien, Ieros, Sacer, sacré, avec
attraction, du nom ibère du fleuve, orbo,
cf les noms de l’Ebre, ibère et de l’Urbalaccone, le fleuve basque.
Le nom de l’Alto est obscur,
même s’il a été compris au sens du latin altus, profond. Il est à rapprocher, disent les
bascophones, de Irato, nom d’une
rivière espagnole (la forêt d’Iraty dont le nom se retrouve dans le nom des
fromages de brebis basques Ossau-Iraty);
et fougeraie en basque,
irado, fougère. On peut
songer à une métathèse de orba,
olta, alto, nom des rivières en basque.
Le Celavo doit son nom aux
Kilebensioi, la Balatese, de balat, zvar, et de –ese suffixe ibère de rivière, de asura, aux
Balatinoi
A suivre
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