DU NOUVEAU SUR LES MENHIRS DE FRANCE
Du nouveau sur les menhirs grâce aux
fouilles de l’archéologue Klaul Schmidt à Göbekli en Turquie et à son livre, Le premier temple (2015).
De 1995 à sa mort en 2014, l’Allemand Klaus Schmidt a exécuté les fouilles de Göbek-li en Turquie
et a fourni le récit de ses recherches
dans Le premier temple, CNRS
Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations. Selon lui, il s’agit du plus ancien temple de l’humanité, qu’il date
d’environ -10000 ans ; pour nous, c’est l’apparition de curieux menhirs en T ou en marteau , taillés dans un
seul bloc de calcaire blanc lissé , qui portent à leur sommet une dalle
horizontale que nous retrouverons aux Baléares, mais taillés en deux blocs
séparés cette fois ; De plus, grâce à l’ADN végétal, on a pu remonter à l’origine des céréales d’Europe,et
à leur domestication il y a quelque 10 000 ans : il poussait à
l’état sauvage une sorte d’engrain (de un grain, tandis que l’escourgeon a deux grains et l’orge quatre) , qui est
, encore aujourd’hui , présent à l’état
sauvage dans la province de Sanliurfa , là où se trouve le sanctuaire de
Göbekli Tepe (tepe, de tepe,en tokharien, étant l’équivalent
du latin templum ). Or, l’ADN nous révèle
que cette plante sauvage, est l’ancêtre de 68 céréales
contemporaines ! J’ajouterai volontiers : comme les menhirs en
marteau du lieu sont les ancêtres des autres menhirs des Baléares et
d’Eure-et-Loir et contribuent à les expliquer.
Ajoutons qu’à deux kilomètres de la côte de Malte, près de l’île de Gozo (Gö- est l’abréviation du nom de la déesse Göbekli, chargée de céréales, zô , de dzoia, orge ), on retrouve le nom du
temple de Göbek-li en Turquie. Ce temple a été englouti
et il porte le nom de Gebelk-ol –Bahar.
L’historien grec du VIe
siècle Hérodote (IV, 94) nous a
conservé le nom d’une déesse Gebeleïdzis (où l’on
reconnaît Göbekli avec un postfixe -dzis , parent du grec homérique zèia et signifiant orge. C’est une déesse dont on a
la variante thrace Zamolxis, avec prolepse du z : de gembolg(oï)- dzis
L’engloutissement du temple
maltais témoigne de la montée des eaux
et du recul de la côte lors du dernier
maximum glaciaire, à la fin du pleistocène, de 9350, à 200 années près, av. J. C.
Göbekli en
Turquie et Gebelg-ol sur l’îlot
englouti près de Malte signifient le
sanctuaire de la Jument divine,
savoir un avatar de Cérès, et göbelkl est apparenté au grec kobalos,
au latin cavallus (de kabalkos,) qui nous a laissé le mot français cheval. Or, phénomène de conservation très remarquable, c’est le même nom que nous retrouvons dans
le nom d’un menhir en marteau de Minorque aux Baléares : Cavalleria, de Cavalk [pour le k, cf. le
piémontais cavalcada, cavalcade]
+morphème de féminin i + herria, pays, soit le pays de la déesse Cérès. La jument ou plutôt la déesse Cérès , en grec Perséphone , en latin Proserpina , est associée aux céréales et
aux menhirs, si bien qu’ on retrouve ce radical dans des noms de lieux
préhistoriques riches en mégalithes
comme Gavarni , l’îlot
Gavrinis en Bretagne, La déesse
gauloise Epona, au nom correspondant au latin equina, jument, dont, selon
Juvénal (Satires, VIII, v. 155), on peignait l’image dans les écuries devant
des mangeoires emplies d’orge est un avatar de cette déesse Göbekli ou de
sa fille Persèphone.
D’après la mythologie, Mars, en grec Arès, poursuivit Cérès (le temple maltais est
dédié à Tarksos, équivalent
phonologique tokharien de Cérès ou Dèmèter ) de ses importunités.
Celle-ci se métamorphosa en jument
pour lui échapper, mais Mars se
transforma de son côté en cheval de labour
et il naquit de cette union deux
enfants à l’aspect de pouliche et de
poulain : une fille dont il était interdit de prononcer le nom
véritable (et qu’on appelait seulement la Jeune Fille, Korè en
grec, la Dame ou la Maîtresse, savoir la femme du dieu des morts Orcus,
Perséphone (le nom, de Pherkus -éponè, signifie la jument , -éponè, -d’Orcus ou Phorkus), et un cheval nommé Aréion qui tire son nom de
son père Arès, dieu de la guerre grec qui correspond à Mars. .
Toutefois, l’engloutissement du sanctuaire de la Jument,
Gebelg-ol Bahar, au large de l’île de Malte, fut interprété comme la manifestation
du mécontentement de Poseidon, le dieu de la mer et des mouvements
sismiques, et vint modifier ces
croyances : on retira à Arès la paternité d’Aréion et de Perséphone pour en faire honneur à Poseidon, dans
l’espoir d’apaiser la divinité, en
interdisant de surcroît de prononcer le nom de Perséphone.
Les îles
Baléares et les archaïques menhirs en marteau de Minorque.
Le nom ancien de
Minorque, était Pityussa , qui signifie l’orge dormante, par allusion à la
pierre qui surmonte les taulas,
représentant cette orge en son état de mort ou de sommeil hivernal. En
effet, Voltaire a
raillé ce qu’il appelait l’ignorance botanique du Christ lorsque celui-ci
déclare dans Jean 12, 24: « si
le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais
s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ».
Pourtant, le Christ se faisait là l’écho
d’une croyance populaire universelle : le grain ne pouvait germer que s’il
mourait d’abord ! Il faut donc que la mort du grain, condition de tout, soit symbolisée, d’une façon ou d’une autre, dans
un menhir qui symbolise la germination de plusieurs grains.
Frazer (op. cit, vol. III, Esprits
des blés et des bois, p. 143), a
distingué deux sortes de blé : « Isis et son compagnon Osiris [sont] deux
personnifications du blé …. Isis serait l’ancien
esprit du blé, Osiris le nouveau. » Par ancien esprit du
blé, Frazer, entend qu’il est immanent
au blé, tandis que, pour l’esprit nouveau, il est extérieur au blé, même s’il
lui est encore lié. « Ainsi, quand
on donne à une gerbe particulière le nom de l’esprit du blé, quand on la pare
de vêtements, quand on la traite avec vénération,il est clair que l’on
considère l’esprit comme immanent dans le blé ;Mais quand on dit que
l’esprit fait pousser les récoltes en les traversant, ou qu’il nielle le grain
des gens à qui il en veut, c’est , selon toute apparence, qu’on le conçoit
comme distinct du blé, bien qu’exerçant son pouvoir sur lui. L’esprit du blé,
conçu de cette façon, n’est pas loin de devenir une divinité du blé…Quand on
conçoit l’ancien esprit ou la nouvelle divinité comme créant ou produisant
l’objet en question, le problème est facilement résolu. Puisque l’objet passe
pour être produit par l’ancien esprit, et pour être animé par le nouveau, ce
dernier, en tant qu’âme de l’objet,doit aussi l’existence au premier ;l’ancien
esprit se trouvera, donc, vis-à-vis du nouveau, dans la position de ce qui est
produit par rapport à ce qui st produit, c’est-à-dire en mythologie la posiion
de parent à enfant ; et, si les deux esprits sont conçus comme du sexe
féminin , leurs positions respectives seront celles de la mère et de la
fille » , de Dèmètèr ou Cérès et de
Perséphone ou Proserpine,
Les Grecs identifiaient Isis à Dèmèter et les Romains l’identifiaient
à Cérès. Frazer, dans op. cit. , vol .2, Atys et
Osiris, p. 471, cite Diodore de
Sicile (I, 14, I) qui, résumant les travaux aujourd’hui perdus de l’historien
égyptien Manéthon, attribue à Isis la découverte du blé et de l’orge. « On
portait en procession, écrit-il, à ses
fêtes, des tiges de ces céréales pour commémorer le don qu’elle avait fait aux
hommes. Les Egyptiens, quand ils coupaient les premières tiges, les posaient
sur le sol et se frappaient la poitrine en se lamentant et en invoquant Isis.
On a déjà expliqué cet usage, continue Frazer, comme une lamentation en
l’honneur de l’esprit [ancien] du blé, tombé sous la
faucille. »
Aussi
, le nom ancien de Minorque, Pityussa , qui signifie l’orge dormante ,
doit-il s’analyser en pit- , qui,signifie orge cf. wet, eta
en vieux –haut- allemand, wheat, froment,
oats,
avoine en anglais, wet, devenant bit- (cf le nom des Bituriges, les habitants du Berry), puis pit-.
Le
second élément, pour nous plus intéressant encore, est –-yusia ou -yussia, participe
présent au féminin d’un verbe signifiant
dormir, grec (y)auô, sanskrit ya-sati,
latin jaceo, gésir, être étendu. Le participe ya-ntya, attesté par le grec
Pityunt-, ou encore Pityoessa, donne yussa, l’ensemble signifiant
l’orge dormante et renvoyant au linteau qui surmonte le menhir.
Le trajet des créateurs des taulas et e la civilisation talayotique
de la Turquie à la Sardaigne et à la
Balagne en Corse jusqu’à Minorque aux
Baléares.
On peut les suivre à travers
le nom Pityussa . Non loin de
Göbekli , on trouve Pityunte, une
ville de Colchide près du Pont-Euxin, Pityussa,
une ville de Troade, puis une ville de Chio, une de Lampsaque ,une de Salamine, une île Pityoussa entre l’Attique et le Péloponnèse dans le golfe
Saronique ; depuis Malte jusqu’ en
Corse (la Balagne a même étymologie que les Baléares ou que Bahar à Malte , et
signifie le blé) et aux îles Baléares.
Le mot taula.
Le
mot taula ne vient pas du latin tabula,
la table, même si les partisans de cette hypothèse invoquent le nom catalan de
ces menhirs, mesa, qui, en espagnol, signifie bien
la table, mais … qui, ici, vient du latin messis, avec changement de terminaison comme dans le français moisson, savoir messa, moisson, récolte, ce qui nous ramène à l’origine agraire
des menhirs et à leurs vertus magiques fécondantes. .
En
réalité, le mot « taula »
lui-même est à rapprocher du grec stelewa, manche de marteau. Le grec stèlè, éolien stalla , de stalwa,, désignent une colonne, une stèle. Les colonnes d’Hercule, stolae
en grec désignaient les menhirs en marteau
à double extrémité identique comme
l’étaient les marteaux de ciseleur, car
elles sont comparées à des manches de massue que seul un géant comme Hercule
pouvait manier.
Certains noms de menhirs minorquins.
1Les
divinités citées dans les noms de menhirs.
Les
divinités à l’honneur avec ces taula sont : Cérès, dans le nom de menhir Cavalleria ;qui signifie le pays (herria) de la jument incarnant
Cérès ; dans Beltrana , nom local de Belisama
, qui est présente dans le nom du menhir
appelé la Beltrana,déesse du blé et
de l’orge, et son parèdre masculin Bélénos , qui est présent dans cet
autre nom de menhir : Dwellnou, c’est-à-dire Bweleno(s) ; le
nom :complet est bini Crodellnou : pour bini
, cf . espagnol peña, roche, breton van, cro, de clava, massue, en
latin
comme en espagnol. :le menhir
qui est la massue de Bélénos.
2 Les noms qui font référence à l’orge
ou au blé.
Citons
les noms de menhir :
son (pierre) catlar pour cat
lar(nax),Hésychius attestant une forme narnax
de la famille du grec narcôtikos et qui donne par dissimilation desvnasales larnax,
cercueil (la barre transversale) de l’orge (cat du grec kritha
, avec r voyelle se vocalisant en a) ;
- bini
acvell, de blato, ac-vell de aktè,
nourriture selon Hésychius, sanskrit açnati,
la nourriture de Démétèr , c’est-à-dire l’orge, et dans l’expression homérique alphitou aktè, nourriture de farine d’orge ;
-torr –alben-cvell, avec alben ,à
rapprocher du grec alphanô, procurer , et de acvell, de aktè, nourriture et vell, blé, l’ensemble signifiant
la tour (par confusion avec les moulins, au lieu de bini, le menhir) qui procure
la nourriture de Dèmètèr .
3 Le nom de la balance avec ses deux
plateaux , latin trutina, grec trutinè. pour les taula doubles , comme torre trencada, altération de trutina.
Photographie
de Torre Trencada.
4 Le nom du marteau dans les noms de taula .
Du
grec sphura, qui signifie marteau, il
faut rapprocher :
-bini-safullet vient de bini, la
pierre, et de s°phul,marteau,+eta,
orge , la pierre en marteau pour l’orge;
-al-furin –, de (s)phuron +
eta, orge ;
- torre- lafuda, de torre et safura ;
-
torre-li(fu)sa, de torre et lafura.
Du latin malleus,
en grec au génitif mulakos, de mulako - signifiant marteau, cf. le latin, mulè, meule, on retrouve à Minorque trepuko, qui est une métathèse de murako donnant rampuko.
Le nom de la massue dans les noms de
taula.
1En
latin, la massue d’Hercule se dit
clava , d’où cro –Dellnou
, de Duelnou , la massue de Bélénos,
2
Le nom de la masse se retrouve dans un
autre nom : bini masso, bini, menhir, et
masso ,à rapprocher de l’espagnol macho,
massue.
3
Le nom de la massue se retrouve dans le
nom d’une autre taula : cotaina,
de skabhtina, apprenté au sanskrit scabh-n, de la famille du grec
skèptron, sceptre.
.4
Le nom du manche de massue se
dit caça en espagnol, du bas- latin capia , la prise : il se retrouve à
Minorque dans le nom de taula : (so
na) caça (na).
Les noms de menhirs en France, révélateurs de leur destination agraire.
Les menhirs peuvent certes s’appeler simplement pierres
droites, pierres longues (en breton menhir,
de men, pierre, et de hir, longue), longperriers en Seine-et-Marne, pierriers, poiriers. Toutefois, les appellations qui font allusion à des
céréales sont fréquentes et le nom de
l’épi a laissé beaucoup de
dénominations, incomprises et très altérées
de nos jours.
Le nom donné aux menhirs par leurs bâtisseurs
présumés, sans doute apparentés aux
créateurs des taula des Baléares.
1 L’épi sans
sa balle, frit.
Grâce à l’auteur latin d’un Traité
d’agriculture, Res rusticae (I, 48,3). Varron au Ier siècle avant J.- C, nous avons conservé le nom,
indéclinable, de la pointe de l’épi, frit.
La Pierre Frite, avec ou
sans le suffixe –ske marquant la naissance,
était la pierre en forme
d’ épi naissant (suffixe) , et elle a
donné en Eure-et-Loir la Pierre
–Xi--Frite (peut-être de axis, pieu , et de
frit , soit la pierre- pieu en
forme d’épi), nom de menhir
originellement passé à un dolmen du Boulay- Thierry près de Nogent-le-Roi ,
ainsi que Saint -Jean- Pierre- Fixte (métathèse
de fit-ske
, fikste) près de Nogent-le-Rotrou, ou bien la Pierre
Fiche, de fit + suffixe -ske à
Alluyes ; ailleurs , on a la Pierre
-Fixte, la Pierre Fite, Peyrefitte.
On trouve aussi ce nom en Alsace dans le nom du
menhir de Breitstein, de frit -stone, la pierre -épi, ou en
Moselle, à Marty, dans
le nom de Frescaty, de frist-sk, -ask étant un suffixe de commencement, -aty provenant du suffixe de ressemblance –ada,
–eida ou –eita, soit la pierre qui ressemble à une pointe d’épi. Nous avons le même nom à Toulouse, à l’hôtel
Assézat (Musée Saint -Raymond) avec le
menhir de Frescaty qui y a été déplacé depuis Lacaune. Songeons
aussi au nom de l’Afrique
(le latin Africa désigne la seule Tunisie actuelle, riche précisément en mégalithes), de ‘fritsk-a, avec coup,de glotte initial
rendu par un a . Le nom est au masculin
à Saint- Affrique près de Millau, ou à Saint-Affrique -du- Causse
à Gabriac dans l’Aveyron, et, dans le Tarn, à Saint-Affrique –les- Montagnes. Pour la Corse, il n’est
que d’invoquer le site préhistorique de Filitosa
(de frit-osa, lieu riche en menhirs, qui donne
aussi Frileuse en Eure-et-Loir, dans la commune de Péronville ou dans celle d’Orgères-en-Beauce), pour la Sardaigne, Filigosa , de fri(ts)k -osa ; pour la
Corse encore, la Petra Frisgada (de frit- sk--ada) , la pierre qui ressemble à une pointe d’ épi, dans
la commune de Cambia ; pour les Pays-Bas, le toponyme de Frisia (de frit-sk-ia),ou Frise .Dans l’Antiquité, le
nom de la Phrygie, de frit-skya en
a aussi gardé le souvenir.
2 L’épi avec sa balle. leba-ada,
Les
nombreuses Pierres levées (Peyrelevade à Vaour ,
Pierre Lebade à Mont- de- Sainte- Carissime, Peyra Levata au Verdier dans le Tarn ) ne semblent pas être ce
que l’on croit et ne viennent pas du verbe levare
signifiant soulager,lever dans les airs,
mais du grec labè, manche, +
suffixe de ressemblance -eida,-eda, la
pierre qui ressemble à un manche de marteau donnant labeda,puis lebada.
3 Le fléau de la balance, grec phalanx et les Peyre plantade ou Pierres Blanches.
Le nom du fléau de la balance a servi de
métaphore pour désigner le linteau
horizontal surmontant jadis certains
menhirs, savoir phalanx, génitif
phalangos en grec. De là en Corse Palaggio, ensemble de menhirs, et paladini, de palagwin-,
les menhirs, ou bien à Alzon, dans le Gard, le nom du menhir Peyre plantade, qui remonte
à p
(ha)lang-ada, la pierre qui ressemble à un fléau de balance .
Les Pierres Planktes de l’Odsyssée
(XII, 59—67), Petrai planktai en
grec, -un singulier ibère en –ai pris pour un duel , - permettent au passage de confirmer la localisation de ce passage de l’Odyssée, puisqu’on a retrouvé
sous 60 mètres d‘eau le menhir en cause,-12 mètres de hauteur, - au large de la
Sicile , lieu appelé de nos jours Pantellaria
Vecchia (de planktai herria , herria
signifiant pays), c’est-à-dire l’ancien
pays de la pierre qui ressemble à un fléau de balance. Cela amène à
penser que les souvenirs rapportés à Homère dataient d’un temps où l’élévation du niveau de la mer avait laissé dépasser le
menhir qui était encore debout .Lorsqu’il disparut de la surface, son nom
fut réinterprété en pierre errante. Et cela nous permet de dater l’un des plus
anciens menhirs conservés avec ceux de Turquie , puisque la géologie permet de
le dater de 9350, à 200 années près, av.
J. C.(
Les Pierres
Plantées sont devenues chez
nous par incompréhension, les Pierres Blanches, par exemple à Pléneuf
dans les Côtes-du-Nord, ou à Pietrobianchata à Antisanti en Corse,
alors qu’il n’y a pas la moindre pierre de couleur blanche en ce lieu. C’est un
ancien Petroplancado, une pierre qui ressemble à un fléau de
balance.
En Eure- et- Loir, sur le territoire d’Arrou,
on a un lieu-dit vallée de l’Araignée, où
se trouvait un menhir disparu et appelé araigne, remontant au latin arachneada, pierre qui ressemble à un fléau de balance,
variante dialectale du grec phalanx, phalangos , au sens de fléau
de la balance, à rapprocher du nom du site corse de Araggio. .
Le mot palanx,
n’étant plus compris, été rattaché au
mot planta qui, en latin, désigne la plante
des pieds et aussi, comme on se servait du talon pour planter les boutures, la
bouture elle-même, et donné, par
étymologie populaire, la pierre qui
ressemble à une bouture (qu’on plantait en foulant le sol de la plante du pied et du talon).
Les noms de menhir d’origine indo-européenne.
a)Le nom indo-européen de l’épi, spica en latin.
Le latin spica donne, soit la Pierre
-By (entre Charray et Moisy), soit
la Pierre Pique, réinterprétée dans ce dernier cas comme la Pierre Lance. Spicada, la pierre qui ressemble (suffixe –ada) à un épi. Spicada a
donné le nom de la Pierre Piquée, visible derrière une
grille à Montjouvin (Illiers). Mais le mot épi
était paronyme en ancien français du mot épieu,
qui vient du francique speut,
ce dernier ayant donné le nom d’une céréale, l’épeautre, de spelta.
Le diminutif espiet, épillet, épi
naissant, s’est confondu avec espiet,
petit épieu, orthographié en
Eure-et-Loir Epiais ou Epieds (–en
–Beauce) et signifiant pareillement
à l’origine la Pierre- épi naissant.
b) L’épi sans sa balle.
Une racine religieuse
désignait la tige sans la balle et elle se retrouve dans le latin culticula, qui est le nom , dans la
langue augurale , d’une baguette de bois
sacrée , sans son écorce, employée dans les sacrifices à Rome. De là le
mot couteau au sens de baguette
effilée dans la Pierre- couteau,
c’est-à-dire la pierre épi, et dans le nom de
Coltainville, la ferme (villa) de la pierre- épi (coltain); mais par confusion avec le
latin cultellus, qui donne couteau au sens d’instrument de cuisine
tranchant, nous avons aujourd’hui, au pluriel,
la Pierre aux Couteaux.
c) L’épi avec sa balle.
. De acucula, on a le mot français
aiguille qui, au début, garde son sens premier de pousse,
bourgeon , conservé dans notre aiguille
de pin, avant, par attraction de aculeo, génitif aculeonis, , aiguillon, de prendre le sens moderne d’instrument
métallique utilisé pour piquer et pour
coudre, avec ses connotations de magie noire et de maléfices. Ainsi le nom de menhir pierre
aiguille renvoie-t-il d’abord à l’épi de blé ; mais le mot n’est plus
compris et on a au pluriel la pierre aux
aiguilles avec sa connotation d’envoûtement.
De
acu- et du gaulois blato, désignant le blé, on a le menhir
d’Ecublé, aujourd’hui encastré sous le mur du cimetière (commune de Tremblay -les- Villages) ou avec acu- et man désignant le sésame (grec
sèsamôn) ou le millet (radical mel ou
man) Ecoman , de acuman, à
Viévy -le- Rayé dans le Loir-et-Cher.
II y a parfois eu confusion entre acucula, pointe d’épi de blé avec sa balle, et cuculla, capuchon, si bien que l’on a : pierre coquelée ou coquelet, pierre aux coqs, chantecoq (Ymeray),
pierre cochée, au sens de pierre marquée
de coches, nom qui a passé d’un menhir à un polissoir
à Droué (Loir-et-Cher), cocherelle (nom transféré d’un menhir au polissoir de Sorel- Moussel), pierre coverte (à Varize et à
Ver- lès- Chartres), pierre
coverclée (Moriers), couvre- clair (nom
transféré à un polissoir accompagné d’un dolmen à Neuvy -en- Dunois) .
Chantecoq et Pissecoq…
Explicitons chantecoq à Ymeray, nom composé dans
lequel coq vient de acucula, pointe d’épi, et chante d’un nom du grain d’orge,
l’ensemble signifiant pointe d’épi d’orge. De même, dans
le nom de Chantemesle (Logron),
désignant à l’origine un mégalithe
aujourd’hui disparu, chante signifie orge et mel,
de mar, signifie pierre.
Piscop
dans le Val d’Oise vient d’un Pissecoq (du latin spica, épi, +
(a)cucula,
pointe d’épi) attesté au XIIe et au XIII e siècles, de épi et de coq au sens de pointe d’épi, et
désignait à l’ origine un menhir.
Enfin, acucula,
pointe d’épi de blé, réduit à acula, s’est
confondu avec asciola (diminutif du
latin axis, hache), qui donne en français la série aisseau, aissette au même sens de hache. Précédé du radical
mar ou mal, qui signifie d’abord pierre, du nom désignant une pierre- épi de blé on passe
à une pierre- hachette. On trouve, à Désertines dans la Mayenne, en 1158,
un nom de menhir Maloseiol,
Malaisé aujourd’hui et, ailleurs,
Maleissie, qui, n’étant plus
compris, donne de nombreux toponymes : la Malassise près de
Châteaudun, avec les légendes de la pierre
qui bouge (la pierre mal assise)
et qui s’ouvre à minuit le soir de Noël, se fendant en deux et laissant s’échapper des démons ou bien
révélant un trésor infernal.
d) Les menhirs portant un nom de
mesure de capacité du grain.
Les noms des mesure de
capacité du grain de semence, précédés ou non de grand, ont aussi été donnés
aux menhirs pour la récolte qu’on en escomptait : le grand Muid, du latin modius, sorte de boisseau plus grand, à
Villiers- Saint -Orien, le grand et le petit
Bussard (au sens de tonneau, -deux
menhirs disparus à Saint-Denis- les- Ponts),la bure, au sens d’aiguière à col allongé, nom de menhir transféré à un dolmen à Corancez ; bot qui, au,départ , désigne la ou les cupules du sommet (la pierre Debout à Colombiers
–sur -Seulles, dans le Calvados, puis parfois , à cause de l’homonymie avec bot au sens de crapaud, le nom est
altéré en pierre aux bouts (au sens de crapauds), puis en pierre aux grenouilles à Alluyes ; citons
encore le boisseau (petit menhir du près de Ver- lès- Chartres).
La fonction première du menhir : un catalyseur
magique de la percée végétative.
James George Frazer, dans Le Rameau d’or, Balder le Magnifique, Ed. Robert Laffont,
collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol., vol .4, p. 98,
en donne un exemple : « Dans plusieurs parties de la Bavière,
on pensait que la hauteur des tiges de
lin dépendrait de celle des sauts des jeunes gens. » Au Vanuatu,
sur l’île Pentecôte, le spectaculaire saut du gaul (mot signifiant plongeoir),
toujours pratiqué malgré les accidents mortels et consistant à sauter du point le plus haut, est censé
faire pousser les ignames d’autant plus
profondément que le saut aura été
accompli du plus haut plongeoir . En Nouvelle-Calédonie existaient de très
précieuse pierres à ignames et pierres à taros, sur lesquelles les sorciers
canaques faisaient encore, il n’y a pas si longtemps, leurs conjurations secrètes. Ces pierres à ignames
ou à taros étaient les équivalents en miniature des pierres pour l’orge, le sésame ou le blé qu’étaient les menhirs. Dans le nord de la
Nouvelle-Calédonie, à Arama, il existe même une quarantaine de petits
menhirs dépassant du sol de 60 cm environ : eux aussi, comme les plongeoirs de
l’île Pentecôte, sont censés favoriser
magiquement la croissance en profondeur des tubercules souterrains des taros et des ignames.
On retrouve en France des restes analogues de
superstition , par exemple dans
l’Orne, avec le menhir de Passais qui, au
printemps, lorsqu’on entend le coucou chanter pour la première fois, est
encore une invite pour le passant agriculteur, s’il désire avoir une récolte de blé abondante, à toucher le menhir de la main et
à tâter en même temps le « blé» » symboliquement présent dans son porte- monnaie. Nos épis de faîtage au nom symbolique
reposaient sur la même croyance que, grâce à ces talismans placés en
hauteur les récoltes croîtraient aussi
haut que ces ornements. L’érection d’un
menhir avait ainsi pour but de mimer
analogiquement la pousse de l’orge ou de
quelque autre céréale, de la stimuler et de la favoriser par magie
imitative. Frazer, Le Rameau d’or,
Editeur Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol, vol. III, Esprits
des blés et des bois, p. 26, écrit
du « Dionysos de l’arbre »
que « son image n’était souvent qu’un poteau planté en terre, sans bras
», imitant très grossièrement
l’arbre fruitier , ici le cep de vigne, qu’il s’agissait de faire
pousser par sympathie.
Sur les menhirs en marteau de
Göbekli, les nombreux pictogrammes qui représentent des grues confirment cette origine agraire. En effet, l’arrivée de
ces oiseaux annonçait la période des semailles et
cette arrivée donnait lieu à des danses
rituelles, les danses de la grue, durant toute une nuit avec concours à resterait
éveillé le plus longtemps, concours dont le prix consistait en un gâteau rituel
d’orge et de sésame (pyramous), L a fonction est toujours la même. Toutefois,
dans certains cas, de petits menhirs, juxtaposés près de plus grands, jouent une
autre fonction, celle de repère minimal de la hauteur que doit atteindre la
tige de blé. Ainsi, s’explique peut-être le groupement des quelque 3000
menhirs de Carnac (gaulois carnac, de carn-ask, où le morphème –asc
est une marque de commencement, l’ensemble
signifiant le germe de blé, anglais corn, blé). Il y a trois alignements
séparés, appartenant peut-être chacun jadis à une tribu : celui du Ménec, celui
de Kermario et celui de Kerlescan.
L’alignement du Ménec compte 1100 menhirs, rangés par ordre de
taille croissante pour représenter les différents stades de croissance merveilleuse espérée de la
céréale, depuis 60 cm de hauteur vers le littoral jusqu’à 4 mètres pour le plus grand.
L’alignement de Kermario compte 1030 menhirs alignés sur dix rangées (peut-être
une rangée par clan), des plus courts
sur les collines aux plus hauts vers la mer.
L’alignement de Kerlescan
compte 555 menhirs partant de la rivière Crach
et disposés aussi des moins élevés aux plus hauts.
Dans ces trois ensembles
existe ce qui nous paraît, au premier regard du moins, une anomalie : à côté du menhir le moins élevé,
haut de 0,60 ou 0,70 cm, on
trouve un menhir de 3 mètres. Ce dernier sert sans doute de repère et de
modèle pour la taille que doivent
atteindre les céréales. Ces menhirs prétendus « aberrants »
présentent de curieuses ondulations gravées qui représentent vraisemblablement les ondulations de la moisson arrivée à la
hauteur souhaitée.
Le champ de menhirs de
Carnac compte beaucoup de menhirs qui représentent autant de pousses de
céréales souhaitées.
En
Bretagne, les noms de Mané Rutual ou
de Mané Lud contiennent le mot sillon
sous la forme lud ou rut--ual, -ual signifiant découvert, superficiel, (cf.tir-ial, terrain découvert ,
clairière défrichée en gaulois) et il y a quatre rangées de bâtons
coudés dans lesquels on a vu à juste titre des épis ou
germes de sésame (et non , comme parfois,
des crosses d’évêque !), accompagnés d’une
tête de jument, c’est- à- dire de la déesse Cérès. Mané est parent du latin milium, millet et du grec sèsamon,
sésame.
Essai de typologie des
menhirs ou comment augmenter le
rendement promis.
Dès
l’origine, à Göbek-li en Turquie, l’efficacité des menhirs laissait peut-être à
désirer ; Pour augmenter le rendement des récoltes attendues, les chamans
imaginèrent de faire reproduire dans le calcaire deux pousses d’orge, imitant
les deux grains propres à l’escourgeon ou orge sauvage , au lieu du grain
unique de l’engrain (khorasan au
grain épais et bosselé, mot de la famille
de l’anglais corn, du latin far et frumentum, du grec puros,
etc., de khormn). Avec la représentation de ces deux pousses au lieu d’une seule, donc de
deux pieds du menhir, on espérait de la
magie imitative qu’elle aboutirait à la germination de plusieurs touffes. Mais
aussi on trouva aussi d’autres moyens.
1) Les trilithes ou lichavens (du latin triplex
+ breton van, pierre), comme le lichaven de Saint-Nazaire. .
Voir carte postale du trilithe de Saint-Nazaire. A comparer avec celle de la taula
Trencada de Minorque.
Autre trilithe, d’ailleurs voisin : le prétendu
« dolmen » d’Avrillac à Saint-André –des –Eaux, un
autre lichaven.. Avrillac
signifie les germes (radical ak-
, cf. latin acus ) de seigle (cf. le
grec briza et oruza, très proche de
aurilla, avrilla. En somme, comme à Minorque, où les trilithes existent
également, par exemple dans la taula Trencada (la balance à deux plateaux), -le lien entre les menhirs
français et les taulas de Minorque, -est ici avéré, - une seconde dalle verticale,
un second pied symbolisant une 2e
pousse d’orge vient assurer la stabilité de la dalle horizontale. Cet apport de
stabilité est peut-être la raison pour laquelle le procédé a tendu à se
répandre, supplantant la taula à pied
unique.
Une remarque
liminaire à ce propos : pourquoi
qualifie-t-on de « dolmen »
ces deux trilithes ?
Problèmes de
lexicographie : dolmen, demi- dolmen, trilithe ou lichaven et allée
couverte.
Dans son Dictionnaire (1846 -1872), Littré
définit le dolmen comme un « monument formé d’une grande pierre
plate posée sur deux pierres dressées
verticalement, qu’on attribue aux premiers habitants de la Gaule » et il définit le lichaven comme un
« monument celtique formé de trois pierres, l’une plate superposée
sur les deux autres qui lui servent de support. »
A partir de la première définition, le demi- dolmen sera défini comme un
« dolmen dont la table repose à
terre par l'une de ses extrémités ».
Avec
ces définitions officielles, on ne s’étonnera pas de voir appeler « dolmens »
les mégalithes de Saint- Nazaire ou de Saint-
André –des -Eaux . Pour nous, un dolmen
est, en effet, formé d’une grande dalle plate posée sur une série de pierres
dressées qui l’enclosent totalement sauf éventuellement l’entrée.
De même,selon le Larousse, l’ allée
couverte est un « alignement
de dolmens rangés pour former couloir », selon nous un double série de pierres dressées
peu hautes qui se continuent sur une assez grande distance, et soit totalement
couvertes, soit en partie seulement, par de petites dalles plates. Ces
définitions sont, on le voit, trop floues pour être d’usage
scientifique .Je proposerai donc d’appeler trilithes (ou en breton,
lichavens) les mégalithes composés de trois pierres: la dalle
horizontale évoquant le blé ancien, les
deux dalle de soutien les deux pousses d’orge.
En ce
qui concerne les demi- dolmens, négligés à tort par les archéologues qui
imaginent qu’il ne s’agit plus là que
du reste d’un ensemble de pierres
abîmées par le temps et par les hommes, je les appellerai des dilithes (mégalithes composés de deux
pierres), dont l’une est inclinée , représentant l’orge penchée sous le poids des épis ou
plutôt des grains d’escourgeon (éventuellement figurés , comme à Minorque, par une pierre ronde ) et repose sur l’autre , peu visible et écrasée
sous son poids . Parfois, une pierre au sol rappelle le grain mort.
Le palet
de Gargantua à Chamizay en Indre
-et- Loire (Au sol, la pierre peut
représenter le grain mort).
2) Les pseudo- « demi -dolmens » : en
réalité des trilithes .
Les prétendus « demi- dolmens » (définition du
Littré : « dolmen
dont la table repose à terre par l'une de ses extrémités ») doivent, selon
moi, être rangés dans les menhirs. Ainsi , à Minorque, on a été intrigué devant la taula
de Taliti , nom composé de tal –
eta, tal (de dav, étant lié à duo), double , et de eta signifiant orge (vieux haut allemand gersta), soit deux pousses d’orge. . De
ces deux pousses d’orge l’une est, représentée
par le fût du menhir et l’autre par une dalle oblique appuyée contre le pied de
la taula, avec, au sommet de
cette dalle oblique, une grosse pierre
ronde évoquant un épi d’orge futur .La magie imitative explique ce nouvel
arrangement : en représentant des tiges de blé ployées sous le poids des
épis, on croyait augmenter les probabilités d’une récolte abondante. En France,
nombreux sont les pseudo- « demi-
dolmens » qui rentrent en réalité dans cette catégorie. Alors que, trop souvent,
on parle d’effondrement, en réalité la
dalle a été inclinée dès l’origine.
Les demi- dolmens d’Eure-et-Loir appelés
« palets de Gargantua ».
Dans la région de Bonneval,
-j’utilise la brochure d’Albert Sidoisne ,
Bonneval sur le Loir,,
Bonneval, Edition du Syndicat d’initiative, 1965,64 p. -,je relève, parmi les demi- dolmens signalés comme tels, l’un, p . 55, près d’Alluyes, appelé le palet de Gargantua , l’ autre, p. 57 près de Dangeau (la pierre dite du Breuil).
.. J’ajouterai à Nottonville un autre pseudo -« demi
–dolmen » appelé aussi Palet de
Gargantua.
Même avec beaucoup
d’imagination, on ne peut concevoir comment de tels menhirs, de forme plutôt
conique, mais jamais plate ni ronde,
pourraient être des palets , c’est-à-dire des pierres rondes et plates, destinées à
être envoyée près d’un but. Palet
recouvre bien évidemment quelque chose
d’autre. Ce pourrait être l’altération,
par incompréhension, du nom rencontré à Minorque, talati,
double pousse d’orge.
D’où vient le nom de Gargantua ?
Gargantua vient
probablement , par une série de métathèses tant vocaliques que consonantiques, de gorgoduina , donnant gargantu(i)a . C’est l’altération du
nom de la déesse des Boïens (entre autres) Gorgobina
ou Gorgoduina, composé de gorgo et de dueina, terrible, donnant bina
ou duina, la terrible Cérès. Gorgo ou Golgo, de g(ebe)lgoi, est à rapprocher du nom de la jument
divine, avatar de Cérès, Göbekli en Turquie et Gebelg-ol sur l’îlot englouti près de Malte et göbelkl est parent du grec kobalos, en latin cavallus de kabalkos, qui
nous a donné le français cheval. Or,
par un phénomène de conservation très remarquable, c’est le même nom que nous
retrouvons dans le nom d’un menhir en marteau de Minorque : Cavalleria, de Cavalk. Le nom de Cérès nous a laissé en Corse Cucuruzzu, nom d’un site préhistorique fameux, qui vient de cucur-
osum, lieu consacré à Cérès, en Lozère. Cocurès
et
plus anciennement , en Turquie,
le nom du site néolithique de Gurcu-tepe, métathèse de , cucur-, le temple de Cérès .
La ville ancienne de Corbilo ,de Gor(go) bino , aujourd’hui
Saint –Nazaire en Loire Atlantique, doit son nom à cette déesse des moissons,
et ce n’est pas un hasard si c’est dans cette ville qu’on trouve ce qu’on
appelle à tort un dolmen, en fait un trilithe ou lichaven, C’est , avec le trilithe
du voisinage, à Saint-André- des- Eaux, dit le dolmen d’Avrillac,les seuls
mégalithes identiques à ceux de Minorque (comme la taula Trencada, à deux
pousses d’orge représentées par les deux pieds du menhir et avec la dalle
horizontale représentant la mort du blé) que j’ai trouvés en France, mais il
peut en subsister d’autres , par exemple à Bonneval, op. cit. , p. 50 : à Bonneval, .à côté de Lormorice,
« un très beau polissoir, auprès duquel trois énormes dalles
donnent l’impression d’un dolmen effondré » (disons plutôt d’un trilithe).
Lorsqu’on observe les
menhirs en Turquie, aux Baléares et en France, on note l’existence de deux vagues d’artistes :
l’une, avec des pierres blanches sculptées et lissées (Turquie et Baléares),
l’autre avec des pierres frustes, brutes, qui semblent ressortir à la pierre
taillée et non plus à la pierre polie
(la France).
3) Les menhirs jumelés.
Ailleurs, existe aussi le
jumelage d’un second menhir éloigné de quelque trois mètres comme dans le Tarn,
à Lacabarède, appelé , Les deux sœurs, deux menhirs qu’on range parfois dans la catégorie
disparate de ces statues –menhirs qui
seraient une bonne trentaine dans le Tarn.
« On trouve parfois, écrit F. Niel dans Dolmens et menhirs, 1977, P. U. F.,
collection Que Sais-je ? des menhirs jumelés, tels ceux de Penrhos
Feilw (île d’Anglesey, pays de Galles),
de Cambrai, « Jean et Jeanne de Runello » à Belle-Isle , les
« Causeurs » de l’île de Sein, ou les Pierres jumelles de Mont –Saint
-Eloi (Pas-de-Calais) » .
A Bonneval, Sidoisne , op .
cit. , p. 50, localise ainsi les deux menhirs de l’Isle, qui
sont situés à moins de 3 mètres environ l’un de l’autre, ou plutôt qui
étaient ainsi situés, car l’un d’eux a été renversé : « Ferme
de Lormorice. On arrive au bois de
l’Isle (300 m.) ; on laisse à gauche, dans la pâture, un petit
menhir, et, entrant dans le bois, on
aperçoit bientôt à gauche une clairière où se dresse un beau menhir ; à
quelques mètres à gauche, perdu dans les ronces, autre menhir, mais renversé. » Pourquoi l’un des deux
menhirs a –t-il été volontairement
renversé ? Il existait une superstition selon laquelle, un jour, les
deux menhirs se rejoindraient, amenant
alors la fin du monde. Pour éviter cette éventualité terrible, des
esprits superstitieux préférèrent prévenir l’événement en renversant le menhir
associé à la mort du blé.
comme le disait le Christ, si le grain
ne meurt d’abord, il ne donne pas
plusieurs fruit, mais s’il meurt, il donne plusieurs fruits.
4) Les pierres-
lyres, ou pierres en H de Turquie, comme les appelle K. Schmidt , et les menhirs
troués .
Par
Ji-Elle — Travail personnel, CC BY-SA 3.0,
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19655106
Nombreuses
sont les pierres trouées, avec deux demi-cercles qui enserrent
un espace vide et qui
représentent deux pousses d’orge ou d’escourgeon. À remarquer qu’il demeure, le
plus souvent, sous une forme ou sous une autre, une trace architecturale de la
barre du sommet qui représentait le blé mort. Ainsi, sur la photo ci-dessus d’une pierre-
lyre qui a été transportée au
Musée Branly, pesant 4 tonnes et mesurant 2 mètres de haut, la barre transversale qui joint les deux
pieds du menhir est le vestige de la
dalle horizontale représentant le grain mort. A Malte (voir photo), on a une tel menhir de petite taille avec un trou
carré, au-dessus du quel un sanglier (porcus)
rappelle que le grain est au lieu des morts , au royaume d’Orcus. Schmidt préfère les appeler pierre
en H à Gobekli. On
en trouve aussi au nord de l’Ecosse,
dans les Orcades.
4) Certaines statues –menhirs.
Il existe de véritables
statues –menhirs, qui représentent un homme, mais il ne faut pas les confondre
avec des menhirs beaucoup plus frustes, pour lesquels seul le sommet a été façonné de façon à se
présenter de façon , distincte par rapport au reste du pilier. Cette marque du bloc vertical était une façon de
représenter l’ « orge
dormante » non plus avec une
dalle au sommet comme à Gobekli
et à Minorque , mais avec, en lieu et place de cette dalle, une sorte de
tête qui faisait partie intégrante du
menhir et ne risquait pas de tomber .
5) Le cercle de menhirs en marteau juxtaposés de façon quasi-continue, image du
cycle indéfini des saisons.
La
disposition en cercle des menhirs, qui existait déjà à
Göbekli, est peut-être inspirée des ces « ronds de sorcières »
qui, en une nuit, apparaissent soudain sur les prairies et donnent une preuve de la fécondité de la nature. Ces « ronds de sorcières »
produisent une impression de surnaturel, L’imagination populaire est stupéfaite devant la régularité du
cercle et la soudaineté de son apparition, elle
y voit l’œuvre de fées ou de forces telluriques.
Quel
était le but de la disposition circulaire des menhirs ? Il s’agissait de représenter le cycle de la mort et de la vie du
grain, de sa mort provisoire en vue de sa de sa germination et de sa renaissance. Le cercle des menhirs visait
à imiter et à favoriser , par
magie sympathique, non pas le cours du soleil dans le ciel, mais l’indispensable mort des grains durant la saison froide,
puis leur germination au printemps ,
ensuite leur mort à nouveau dans
un cycle sans fin. Il existait parfois,
au centre du cercle, un ou deux
menhirs plus grands, les chefs d’orchestre divins qui représentaient, non pas le soleil et la lune, mais la déesse du blé et sa fille ,respectivement Cérès ou Dèmèter et Proserpine ou
Perséphone . Perséphone, représentante du grain de blé mort et enterré, était capable de fléchir son époux Hadès ou Orcus et de
libérer des demeures souterraines les
grains morts comme de se libérer
elle-même des régions infernales au printemps. A Göbekli, Tepe, il s’agissait d’un « cromlech » où les menhirs
en marteau, juxtaposés, sont prêts à se rejoindre comme ils le feront plus
tard, vers -2800, à Stonehenge. Le second élément de Stone -henge est, d’après celui qui fait autorité en la
matière, Christopher Chippindale dans
son Stonehenge Complete, un mot signifiant en vieil anglais potence,
gibet, savoir hen (c) en, plus tard rapproché à tort, dans l’a mentalité populaire,
du nom courant du dolmen, stone hung, pierre suspendue. Henge serait en réalité apparenté à phalang-,
qui désigne le fléau de la balance, le
linteau au sommet du menhir, ce qui montre bien qu’il s’agit là des mêmes
menhirs en marteau .
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire