LES PRÉTENDUS POLISSOIRS PREHISTORIQUES ET LEUR SIGNIFICATION
L’agriculture préhistorique en Beauce,
un « polissoir » immergé dans le Loir, les « polissoirs » du Baignon et leurs sillons magiques.
La fertilité divine des pierres.
Jared Diamond,
dans Effondrement ou Comment les sociétés
décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris, 2005,
p. 132, décrit de surprenantes méthodes
préhistoriques d’agriculture, qui ont pu être pratiquées en Beauce : « les
zones d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en surface à proximité les unes des
autres afin que les cultures puissent pousser entre les pierres ;
d’autres vastes zones furent modifiées par ce qu’on appelle des « mulchs lithiques », c’est-à-dire
que l’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente centimètres, des pierres qui étaient, soit prélevées sur
des affleurements rocheux environnants , soit obtenues en creusant jusqu’au
substratum rocheux pour briser les roches qui le composaient. ».[On appelle mulch en anglais un paillis, une couche
protectrice faite d’éteules et de
déchets de moisson laissés à la surface du sol pour le protéger avant et
pendant la mise en culture.]
« Dans les fermes du nord-est des
Etats-Unis, […] les agriculteurs se donnaient beaucoup de mal pour évacuer les
pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée d’y apporter
délibérément des pierres .On retrouve […] l’agriculture de mulchs lithiques dans de nombreuses
parties du globe, comme dans le désert du Néguev en Israël, dans les régions
sèches du Pérou, de la Chine, de l’Italie antique et en Nouvelle-Zélande
maorie. Les pierres rendent le sol humide en le recouvrant, réduisent
l’évaporation d’eau due au soleil et au vent et empêchent la formation à la
surface du sol d’une croûte dure qui favorise
le ruissellement des eaux de pluie [en
ne laissant pas l’eau de pluie pénétrer en profondeur]. Les pierres
réduisent les fluctuations diurnes dans la température du sol en absorbant la
chaleur du soleil au cours de la journée et en l’évacuant pendant la
nuit ; elles protègent le sol
contre l’érosion car les gouttes de pluie viennent s’écraser à leur
surface ; des pierres sombres
sur un sol plus clair réchauffent le sol en absorbant une plus grande quantité
de chaleur solaire ; et elles peuvent également servir de pilules
fertilisantes à diffusion lente […], car
elles contiennent des minéraux indispensables qui pénètrent progressivement
dans le sol ».Des chercheurs américains comme Christopher Sevenson ont expérimenté ce système
agricole dans le sud-ouest américain et prouvé que la quantité d’humidité était
ainsi doublée et les températures
maximales des sols au cours de la journée abaissées, tandis que les températures minimales
durant la nuit étaient augmentées ;
le rendement était de quatre à cinquante
fois supérieur selon les espèces.
« Suivant
saint Augustin (De civitate Dei, IV,
8), les Romains, écrit Frazer, Le Rameau
d’or, Ed. Robert Laffont, collection
Bouquins, Paris, 1984, 4 vol, vol. 3, Esprits des blés et des
bois, p.712, note 1, avaient imaginé toute une série de divinités
distinctes, des déesses pour la plupart, qui veillaient sur le blé à ses
différents stades, depuis le moment où on confie la semence au sol jusqu’à l’engrangement
de la récolte. » A l’engrangement correspond la déesse gauloise Sirona, au
nom qui appartient à la famille du grec seiros,
silo, sitos, pain. Dans la commune de Lanneray , en Eure-et-Loir, le nom
de la vallée des Serins est une
altération, par incompréhension, de la vallée de Sirona.
Le
menhir en marteau de Göbel-li et des
Baléares, avec sa dalle au sommet qui représente la mort du grain
préalablement à sa renaissance (voir
mon blog : Du nouuveau sur les
menhirs) présidait aux semailles printanières, tandis que ce qu’on appelle
très improprement « polissoir »
se rapporte à la période antérieure à ces semailles, celle du
creusement au début de l’hiver, du sillon. Le sillon est le lieu de la
mort du grain, antérieurement à sa germination. Peut-être même l’existence simultanée
des « polissoirs » avec leurs « sillons » gravés est-elle la raison pour laquelle cette dalle
horizontale a pu progressivement disparaître du haut des menhirs primitifs.
Le sens
des « polissoirs » dans les cultures néolithiques.
Ces
mégalithes, qu’on appelle à tort des « polissoirs » et qu’on néglige
à tort, ne peuvent être, comme on le dit
parfois, le résultat accidentel de la taille d’outils ou d’armes, comme le sont
les vrais polissoirs portatifs auxquels, à regarder de près, ils ne ressemblent
pas exactement. Les polissoirs dits
fixes ne sont pas des polissoirs et ceci explique la gêne des archéologues qui
préfèrent ne pas parler de ces
mégalithes gravés.
Le
« polissoir » prétend reproduire sur la pierre les sillons qui, dans
la réalité, ont été profondément creusés
parmi les cailloux laborieusement transportés pour faire pousser le blé. La magie imitative, une fois encore, vise à
reproduire en miniature, sur une roche isolée,
ces sillons qui s’étendaient parfois sur deux kilomètres comme à Malte Peu avant le
printemps et son équinoxe, des plantations faites dans un peu d’humus et soigneusement arrosées
dans les stries du pseudo- polissoir
poussaient avant la future plantation « réelle » du champ,
donnant le gage, grâce à la magie imitative, que celles-ci lèveraient.
De même,
il fallut-il en appeler à la magie imitative
pour imiter la pluie et la faire se produire. Albert Sidoisne, dans sa brochure Bonneval sur le Loir, 1965, Bonneval,
Edition du syndicat d’initiative, p.50, a localisé un curieux polissoir immergé
dans le Loir, visible uniquement avec un bateau : « Croteau :
passer le Loir et, 100 m , plus loin , tourner à droite ; le chemin
serpente entre les bois et les prés ; on atteint le gué Véronneau (1
kilomètre700), ancien moulin; dans le
lit même du Loir, petit polissoir, que l’on peut voir en s’aidant d’un bateau . »
Le Baignon, commune de Saint-Maur, comprend
des polissoirs qui étaient « baignés », immergés presque complètement,
à certaines époques. Ainsi le fait d’immerger
dans l’eau du Loir les sillons figurés sur
la pierre, dans la magie imitative de l’époque, est-il censé apporter la si précieuse humidité, car la Beauce était sans arbres et
ventée, donc trop sèche pour
l’agriculture
néolithique et les mulch lithiques ne
suffisaient pas toujours à pallier cette
hygrométrie défaillante. On comprend l’aide qu’était censée apporter les stries
bien arrosées des »polissoirs ».
Quel est le sens des stries des « polissoirs » ? Photo
Dans le livre de Karl Schmidt, Le premier temple, CNRS
Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations. On a un fort ancien
« polissoir » révélateur de leur signification générale avec la photographie, p .382, d’une protomé de sanglier trouvée entre les piliers 39
et 28 de l’Enceinte C. Or, le
sanglier, porcus en latin, porkos en grec, dérive du nom du dieu
des morts, Orcus à Rome, qu’on
retrouve dans le nom de Persèphona,de
pork-epona , la jument de Porcus, en latino- étrusque Prosepina, métathèse de Porks-+epina, jument, de même signification.
Les sillons gravés sur la pierre du
« polissoir » symbolisent le monde de Pluton, d’Orcus ,
des morts en général et , en particulier ici,
la mort des végétaux , avant leur renaissance printanière, au même titre
que la dalle horizontale des menhirs en marteau. Le nom du dieu étrusco -romain
Orcus,qui,donne
le nom de l’ogre en français et vient
de workwos, est l’altération àpartir de o(st)r(i)kwos , de Ostricon en Corse, Austricum
à Chartres, Lestrygon attesté dans l’Odyssée
, Logron, métathèse de lau(st)r(i)gon en Eure-et-Loir, Logrogno en Espagne, etc., c’est-à-dire le dieu des morts, devenu
pour certains peuples le dieu de la renaissance agricole.
A remarquer que l’interdiction religieuse de consommer du
porc chez les populations orientales et conservée jusqu’à aujourd’hui ne vient pas d’une autre raison : c’est parce que le porc est l’avatar du
dieu des morts.
Le blé, le khorasan ,
ancêtre de notre blé caractérisé par ses
grains épais et bosselés, le seigle, sont vraisemblablement les plantes
auxquelles étaient dédiés les pierres dites improprement druidiques ou « polissoirs ».
« Si le ne meurt pas, disait le
Christ, il ne donne pas de fruit »: si cette mort n’arrivait pas, comme
lorsque la terre était épuisée, malgré les jachères souvent quinquennales au
Moyen Orient, il n’y aurait pas de
récolte .Le but magique du
polissoir est de s’assurer de la bonne mort du grain de blé dans le billon létal.
Le polissoir est un mégalithe avec des cupules où l’on mettait
une ou
plusieurs graines avec de l’humus et un peu de marne blanche qu’on arrosait soigneusement. Citons un
exemple en Egypte : au VII e siècle ap. J. -C. encore, dans les
mystères d’Osiris, les prêtres devaient façonner une effigie d’Osiris, appelée « Osiris végétant », avec du limon noir et des graines d’orge.
Les Egyptiens arrosaient cette poupée
avec l’eau sacrée du Nil jusqu’à germination, puis l’emmaillotaient dans
des bandelettes comme si c’était un cadavre
momifié et, -chose plus étrange pour nous, -inhumaient, enterraient
cette orge germée en forme d’effigie d’Osiris. Supposons que cet enterrement se passe dans les stries ou les
cupules des « polissoirs » et nous en aurons la signification.
Au printemps, quelques jours avant que dans les sillons,
en pleine terre, le blé ne germe, et
pour, en quelque sorte, une levée du
deuil, on espérait la levée des graines plantées dans les cupules du
« polissoir », levée comparable aux Jardins d’Adonis et qui aiderait magiquement la levée de la récolte de pleine terre parmi
les cailloux amassés.
Le plus ancien « polissoir »
connu et sa date : le tell Qaramel (K. Schmidt,
Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations. ,
p.298) près de Göbekli, en
Turquie actuelle.
A Tell Qaramel (Carmel) existe
un beau polissoir gravé d’araignées
venimeuses dont le nom était synonyme de sillons , de lignes
droites, comme le grec phalanx qui a aussi les deux
significations : araignée venimeuse et
sillon .L e nom de Tell vient de stela
,la stèle, et Qaramel, blé, vient de khwarament- , à rapprocher de khorasan ,
l’ ancêtre de notre blé européen , caractérisé par ses grains épais et bosselés ,dont le nom est
parent du latin frumentum et far, du tokharien bhahar,
du grec puramidos,
et puros ,La vocation de ce polissoir millénaire était de protéger
les sillons qui devaient accueillir les grains de khorasan.
Le fait de trouver ce « polissoir »
à Göbekli Tepe nous donne une date : il fut gravé il y a 12000 ans
environ, soit 7000 ans avant les Pyramides et 5000 ans avant les menhirs de
Carnac et nous fournit peut-être, pour nos « polissoirs «
d’Eure-et-Loir, une estimation :ils
auraient été sculptés il y a 5500 ans.
Les deux polissoirs » de
Civry et le polissoir de Corancez. Voir photo ci-contre.
Taillés
dans un poudingue gréseux datant de l’éocène, ces polissoirs de Civry ont été
déplacés au XIXe siècle à partir d’un champ situé au nord-ouest du village dans
la rue du Polissoir, l’un devant la
mairie, l’autre sur la Place de l’Eglise.
Le
mégalithe de la Place l’Eglise est
appelé Puits saint Martin, de puis, (altération de buxum, peigne de buis, nom
donné aux polissoirs à cause des dents du peigne qui rappellent les stries du
polissoir) et de Martin (christianisation de mar,
qui , en gaulois, désigne la jument , avatar de Perséphone).
Le
mégalithe de la place de la Mairie est
appelé identiquement Puits de saint Martin, ou pinte de saint Martin ; pinte
est l’altération du latin (s)spica+suffixe de ressemblance –eida , pierre qui ressemble à un épi,
désignant à l’origine un menhir,
confondu avec pincta, peinte,
la pierre du « polissoir » étant réputée peinte de sillons, pourvue de
marques de mesure,comme l’était la pinte , parce que « peinte »
de sillons,
Un autre
polissoir à Corancez porte les mêmes noms
Dans les
deux mégalithes, les malades buvaient une eau salutaire qu’ils puisaient
dans les cupules des mégalithes (comparées à des pintes) et, leur santé revenue, ils déposaient en offrande des tiges de blé, des
fleurs et des rameaux verts.
Ceux qu’au dix-neuvième siècle on
appelait des « antiquaires »
distinguaient les pierres
druidiques (qui incluent les pseudo- polissoirs )de deux autres sortes de mégalithes,
les dolmens et les menhirs. Le terme de pierre druidique ou celtique a
l’inconvénient de présupposer de façon anachronique une intervention des
druides ou des Celtes, alors que ces pierres sont bien antérieures à ceux-ci,
mais elles avaient l’avantage de ne pas présupposer l’usage du polissage, comme
l’implique le nom inapproprié de « polissoirs ». Les pierres dites druidiques se présentent
généralement en groupements, comme
autour du polissoir de la Pierre
cochée à Droué dans le Loir-et-Cher et elles ont des formes qui semblent
étranges. Quelquefois elles ont des trous, des cupules qui évoquent les mortiers néolithiques,
simples pierres avec un trou où l’on mettait un pilon (les mortiers
paléolithiques, eux, avaient consisté en
une pierre plate). Tel est bien le cas à
Droué précisément. On retrouve ces « pierres druidiques » à Nottonville , où Sidoisne , op . cit. , p . 59 , les localise ainsi : suivre le sentier qui longe la
Conie ; « à 50 m., on rencontrera de volumineux « perrons » , que domine
un énorme conglomérat de roches dit le Cheval-de-Bronze
et qui demeure assez énigmatique ». Selon moi, bronze est l’altération
populaire par incompréhension du nom
d’une céréale, grec briza ou oruza , seigle , qui a donné
en français le mot sarrasin , de arizan, avec attraction de l’arabe charqiyin, orientaux , noirs :
bronze est donc la réfection de brindze, , seigle . Cheval de bronze désigne le sanctuaire de Perséphone, la jument
de bronze chargée de seigle
Les noms des « polissoirs ».
Les
cannelures imitant les sillons du polissoir ont
inspiré ses divers noms. Citons d’abord
le nom, pour une fois
transparent, de Pierre complissée, du
latin complicata, pierre avec des
plis, nom transféré d’un polissoir à un
dolmen de Berchères-les- Pierres.
Inversement, d’autres dénominations sont obscures , comme , en Eure -et- Loir, le nom du « polissoir »
d’Ymeray, la Mère aux Cailles, qui a gardé son
ancien nom gaulois mar faisant allusion,à la
jument Peséphone et pris le nom latin de l’échelle
à cause des échelons analogues aux stries du polissoir, scala, à partir de mara scala , Mais les noms des polissoirs
jouent plus souvent sur
l’analogie :
A) grille ou gril à cause
des stries du polissoir comme à Courtalain ,
les Grils du Diable, altérés en Griffes du Diable ;
B) soufflet de forge, à cause des plis du soufflet ; à partir du nom latin du soufflet, follis, , on a les nombreuses Folies , aujourd’hui
incompréhensibles : la
Folie de Maintenon, la
Folie- Montchaussée dans le bois de la Roche- Bernard à Saint- Denis-
les- Ponts, déposés en 1990 au musée de Châteaudun, avec de belles cupules, , les nombreuses Folies comme celle , peut -être disparues, de Fains-la –Folie (la Folie-Herbault), la Pierre
à folie , nom de polissoir transféré à
un menhir , à Berchères- sur-
Vesgres, au lieu dit le bois de la Butte..
Du nom grec des soufflets de forge physaria,
on a Figueiras en Espagne, Figari en Corse (ce dernier toponyme étant attesté par Ptolémée au II è siècle après J
–C sous la forme Phisèra).
C) éventail , comme dans Santa- -Maria- Siché en
Corse où Marie est la
christianisation de mari, la jument
Cérès, et où siché renvoie au grec psychtèrion éventail de liège , liitéralement qui
donne de la fraîcheur ;
D) peigne .Les
mots latin buxum et bas-latin buxidion, peigne en buis, à cause des dents du peigne
rappelant les stries du polissoir,
ont donné puits ou buis -. Dans le
Tarn, le nom du menhir de Boissezon, de buxidion, commune de Murat -sur- Vèbre, encore dit menhir de
Candoubre, a été transféré d’un polissoir ou d’un dolmen , car le mot latin
pouvait s’appliquer aussi à un dolmen,
signifiant également coffre de buis,
cercueil. Ainsi
, en Eure-et-Loir, existe un dolmen du Buisson à Vieuvicq , nom
venant de buxidion , au sens de cofffre,
de cercueil.
E) Un mot
d’origine francique, comme kroes, friser au fer chaud , a donné
les nombreuses grosses
pierre, où grosse (de kroes
,plissé) pierre fait allusion aux plis du polissoir . De même, les Pierres grises, altération de pierres greselies, du même radical
francique croesel. .
F) Le bénitier et la coquille Saint Jacques
Le bénitier du Diable, entre Varize et Corrmainville , au Bal des dames de Bainville, « vaste
terrain semé de roches aux formes bizarres » (Sidoisne) parmi lesquelles
se trouvent plusieurs autres polissoirs, est un polissoir ainsi nommé à cause
des stries du coquillage appelé bénitier, coquillage qui ressemble à la
coquille Saint-Jacques. Les Dames de Bainville
qui donnent leur nom au champ de « poilssoirs » sont les mêmes que les
fées de Valainville à Saint-Maur, si redoutables que l’on a
altéré le nom de leur sanctuaire : Belena
ou Belsena , qui donne
son nom à la Beauce et à Bellême, est un nom gaulois de Perséphone , la
déesse du blé mort.
La coquille Saint Jacques est l’emblème des pèlerins qui se sont rendus sur le tombeau de saint Jacques le Mineur en Espagne à
Compostelle. .Il s’agit, à cause des stries que porte la coquille, d’une allusion au pseudo- polissoir qui avait donné son
nom à Compostelle, dont le nom se
décompose en stela, tombeau, polissoir,
en korn, grains de blé (anglais corn) et en por, froment (grec puros, latin far, blé), c’est-à-dire korn-por-stèla,
le tombeau du blé, qui a donné Compostelle Les stries du polissoir rappelaient la mort provisoire
du blé. D’autre part, dans le nom de
coquille saint Jacques, Jacques
est l’altération de basque.
La mort du blé en vue de sa renaissance a été aisément assimilée par
le christianisme primitif , en Gaule
notamment, à travers la religion d’Isis,
vers le IIe siècle ap. J. -C : les lampes funéraires retrouvées à
côté d’une aiguière et d’une assiette dans les sépultures en Eure-et-Loir portent
d’abord l’image complète des sillons où
repose le représentant du blé mort, Osiris, représentés par une coquille Saint -Jacques , puis cette image se
réduit de façon à ne plus figurer que sur le pourtour de la lampe et à n’être
guère identifiable pour des profanes. Les treize sillons de la lampe, héritiers
des sillons du « polissoir » , sont pour les adeptes d’Isis Sochir (Sochir désigne , aujourd’hui encore , le champ d’orge en copte)
le gage de la vie future après la mort, comme, sur le polissoir, ils avaient été le gage de la renaissance de
l’orge après ce que Frazer appelle la
« mort » du dieu.
Les Grecs identifiaient Isis à Dèmèter et les
Romains à Cérès. Frazer, dans Le Rameau
d’or, Atys et Osiris, Ed. Robert
Laffont, collection Bouquins Paris, 1984, 4 vol., vol .2, p. 471, cite
Diodore de Sicile (I, 14, I) qui, résumant les travaux aujourd’hui perdus de
l’historien égyptien Manéthon, attribuait à Isis la découverte du blé et de l’orge.
« On portait en procession à ses fêtes des tiges de ces céréales pour
commémorer le don qu’elle avait fait aux hommes. Les Egyptiens, quand ils
coupaient les premières tiges, les posaient sur le sol et se frappaient la
poitrine en se lamentant et en invoquant Isis. On a déjà expliqué cet usage,
continue Frazer, comme une lamentation en l’honneur de l’esprit [ancien] du
blé, tombé sous la faucille » [Osiris, Perséphone].
On retrouve le nom de
cette « Maîtresse de
l’abondance » dans le nom eurélien de Luplanté, les sillons d’abondance, de lup, sillon, et de l’ancien français plenté, abondance, resté en anglais (plenty), du latin plenitatem,
plénitude, abondance, les sillons d’abondance,
G) Autres noms
de « polissoirs » liés au nom du sillon : le radical lup-, lut-, rut-, sillon.
Le radical lup- signifiant sillon se retrouve dans
le nom du polissoir de la Louveterie
de Bonneval, de lup, sillon, et de –ete,
orge + suffixe locatif en- ria, comme dans le nom d’une peuplade anatolienne
préhistorique, les Louvites et dans les
noms christianisés de ces mégalithes, par exemple à (La Bourdinière-) Saint- Loup. Lut-,
étant parent du latin ulcus, sillon, se retrouve avec rhotacisme dans le nom
maltais du géoglyphe (carl) rut,
sillon (sillon pour orge, carl en
maltais ancien). Il faut en
rapprocher la série eurélienne Louville, Louvilliers, La Loupe, Lutz -en- Dunois, Lucé … Les nombreux et
énigmatiques toponymes de Chanteloup, par exemple dans le Loir-et-Cher (commune de Renay, près de
Vendôme) donnent le nom complet du mégalithe : « sillons pour les grains d’orge »,
de lout, sillons et de kltha,
grains d’orge, où le k devient ch et où le l voyelle se nasalise, donnant en français chante . Sur Châtillon-en-Dunois, le
lieu-dit les Châteaux à Libouville
s’analyse comme venant de cat
kltha , grains (Klitha)d’orge (cat) , altéré en catella, confondu avec le
latin castella, place forte. .
H) La confusion des mégalithes, notamment des menhirs et des
pseudo-« polissoirs ».
Le nom
de pierre au tambour a été transféré
d’un « polissoir » à un
dolmen de Conie – Molitard. A l’origine, le « polissoir » était
appelé pierre –tambour. L’arabe al- tambour désignait une sorte de lyre ou de cithare, un
instrument dont les cordes ont été
comparées aux rayures du pseudo-« polissoir ». On songe à la pierre -lyre trouvée en Afrique et
transportée au Musée Branly , et à ces pierres analogues appelées pierre
en H par Klaus Schmidt
et trouvées à Gobekli On trouve aussi une « pierre- lyre » au nord de
l’Ecosse, dans les Orcades (cercle de
Brodgar sur Mainland).Peut-être le mot grec lura , comme le mot luth, vient-il
de luda, qui désignait le sillon .
De même, le nom du « très beau polissoir » signalé dans la commune de Bonneval, par
Sidoisne, op. cit. , p. 50, Lormorice, signifie « les sillons
de Perséphone » et vient de lura ,
sillon, et mor pour mar , qui désigne la jument, avatar de Perséphone (Cf . le nom christianisé de Saint –Maur où maur est l’altération du gaulois
mar, la jument (voir mon
article sur les menhirs).
Le
mot sillon dans les langues indo-européennes
provient du radical *swe/olk, gonfler, et désigne, non pas la tranchée proprement
dite, mais ses crêtes formées de la
terre écartée, les billons . Le grain
passe pour mourir dans ces billons avant de pouvoir pousser, ce qui avait excité
les railleries de Voltaire quant à l’ignorance botanique du Christ. Celui-ci
dit en effet (Evangile de Jean, 12,
24) : « Si le grain de
blé qui est tombé à terre ne meurt, il
reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit», ou,
autrement traduit, le grain de blé doit être mis en terre et y mourir pour
rapporter plusieurs plants. . L’invention de l’agriculture liée aux semailles
procède du fait de mettre en terre, à
une certaine profondeur, des grains de blé ou d’orge.
I)
A
Göbekli, Tepe, il s’agit d’un « cromlech » où les menhirs en
marteau, juxtaposés, sont prêts à se rejoindre comme ils le feront plus tard,
vers -2800, à Stonehenge. Le second élément de Stone -henge est, d’après celui qui fait autorité en la
matière, Christopher Chippindale dans
son Stonehenge Complete, un mot signifiant en vieil anglais potence,
gibet, savoir hen (c) en, plus tard rapproché à tort, dans l’a mentalité populaire,
du nom courant du dolmen, stone hung, pierre suspendue. Henge serait en réalité apparenté à phalang-,
qui désigne le fléau de la balance, le linteau au sommet
du menhir.
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