POUR EN FINIR UNE FOIS POUR TOUTES AVEC LE MASQUE DE FER
C'est Voltaire qui a créé le mythe du masque de Fer en 1751 dans Le
Siècle de Louis XIV et comme la question avait piqué sa curiosité, il
continua à s'interroger toute sa vie à son sujet : dans Le Siècle de
Louis XIV il avait écrit : "Ce qui redouble l'étonnement c'est qu’
[...] il ne disparut dans l'Europe (c'est nous qui soulignons : Voltaire
ne s'est pas limité à la France) aucun homme considérable. Ce prisonnier
l'était sans doute" (sans aucun doute). Dans le Dictionnaire
philosophique, à l'article Anecdotes, en 1764,il discute les
diverses hypothèses sur son identité ;en 1765, dans L’Encyclopédie
au tome 8, à l’artiche Histoire, il
revient sur le sujet « L’histoire de l’homme au masque de fer aurait passé
dans mon esprit, écrit Voltaire, pour un roman, si je ne la tenais que du
gendre du chirurgien [Righle] qui eut
soin de cet homme dans sa dernière maladie,
mais l’officier qui le gardait alors [Rû] m’ayant aussi attesté le fait,
et tous ceux qui devaient en être instruits me l’ayant confirmé, et les enfants
des ministres d’Etat dépositaires de ce
secret, qui vivent encore, en étant
instruits comme moi, j’ai donné à cette histoire un grand degré de probabilité
…. » en avant , dans ses Questions
sur l'Encyclopédie, 2e édition (1771), de révéler qu'il s'agissait, non
d'un jumeau, mais d'un frère aîné de Louis XIV
qui était le fils de la reine Anne d'Autriche (espagnole malgré son
nom), épouse de Louis XIII, et du duc
George Villiers de Buckingham , fils légitime en quelque sorte (is est pater
quem nuptiae denuntiant) né en 1626 , ce qui expliquait à la fois leur
ressemblance criante et le danger d'une contestation de sa légitimité en vertu
du droit d'aînesse et du fait qu'il était né dans les liens du mariage, surtout
si l'on pouvait de surcroît soupçonner Louis XIV de ne pas être le fils de
Louis XIII, mais de quelqu'un de beaucoup plus basse extraction que le duc de
Buckingham. L ‘assassinat de Buckingham par Felton devrait beaucoup à la politique
du roi, a fait observer Dufet de l’Yonne.
De qui Voltaire tenait-il ses informations? De Madame de Saint-Quentin,
maîtresse du marquis de Barbezieux, fils de Louvois, qui avait succédé à son
père comme Ministre de la Guerre, l'un des derniers à connaître le secret
puisqu'il gérait le sort du prisonnier.
En 1782, le marquis de Luchet, dans le Journal des Gens du monde
(tome IV, n°23, page 282 et suiv.) “fit honneur à Buckingham de la paternité en
litige. Il cita en témoignage une demoiselle de Saint-Quentin, ancienne
maîtresse du ministre Barbezieux, qui mourut à Chartres verts le milieu du
dix-huitième siècle, et qui avait dit publiquement que Louis XIV condamna son
frère aîné à une détention perpétuelle, et que la parfaite ressemblance
des deux frères nécessita l’intervention du masque pour le prisonnier”(Citation
de Alexandre Dumas et A. Arnould, Crimes célèbres, le Masque de fer, p .213, tome III, ,
Cercle du Bibliophile). Selon le bibliophile P. –L. Jacob (L’homme au masque de fer) , la première œuvre, anonyme, en 1745, à parler du prisonnier, les Mémoires
de Perse, serait de Voltaire qui était engagé à ne jamais et qui s’est donné un prétexte pour pouvoir ensuite en parler, la chose
étant connue. Soulignons qu'aujourd'hui encore la dernière opinion
de Voltaire (1771) dans les Questions sur
l’Encyclopédie, est censurée, comme on peut le constater dans les Oeuvres historiques de Voltaire
publiées par René Pomeau dans la Pléiade :
p. 1714, on lit le mensonge par
omission :"Voltaire a noté dans ses Notebooks (p. 124) que le
mystérieux prisonnier était "soupçonné d'être un frère aîné de Louis
XIV", sans mentionner le nom de son
père , Buckingham.Il ne fut pas dupe , à la différence de Michelet,
du roi qui aurait préféré qu’on lui attribue comme père le nom du garde de
la reine, Commynes de Marcilly, qu’on
attribua aussi comme père à Louis XIV et que Louis XIV donna comme dernier nom
sur l’obit mortuaire de la Bastille à l’infortuné » prisonnier : de Marcilly.
Voltaire avait des informations
de source directe. Ainsi, lorsqu’il écrit que le Masque de fer « jouait de la guitare », la phrase renvoie au passeport du masque de fer lorsqu’il débarqua
d’Angleterre pour Dunkerque, rédigé au nom de « Matteo Battaglia, servant
of the Queen [valet de la
reine], maestro di capello at Saint-James »; le mot servant fut traduit de façon erronée par
valet, ce qui donna lieu à
polémique , suite à la phrase du ministre : « Comme ce n’est qu’un valet… ». Mais lorsqu’on enquêta sur cet Italien de la cour de la reine d’Angleterre, Matteo Battaglia, on
découvrit que ce « valet »,
ce serviteur, était en réalité le « maître de chapelle, maestro di
capello », de là la mention de la guitare par Voltaire . Ce passeport du futur
Masque de fer fut d’abord entre les mains d’un miliaire qui prit le parti du
roi sous la fronde et avait donc toute sa confiance, savoir Henri Boivin sieur de Vauroy ou Vauroüy,originaire de Rouen, l’homme
auquel Louis XIV confia, en juin
1769, le soin de l’arrêter à Dunkerque
sous prétexte qu’il était un transfuge de l’Armée royale.
C’est donc de la littérature ,
en particulier romantique, qu’est sortie l’histoire du masque de fer: Alexandre
Dumas (Le vicomte de Bragelonne) ,
Vigny (poème La Prison, 1821) et Hugo (le drame en vers inachevé Les
Jumeaux publié en 1861), Marcel
Pagnol, dans Le secret du masque de fer,
s’approche de la vérité historique en citant
l’ouvrage de Msge. Barnes. De
nos jours, John Dickson Carr montre son intérêt pour
l’époque dans son roman historique Devil
Kingsmere de 1934 (paru sous le pseudonyme
de Roger Fairbairn) , remanié en 1964 sous le titre Most secret et traduit sous le titre Le grand secret (celui du projet secret
et invraisemblable de la conversion du
roi d’Angleterre , un Stuart, au catholicisme) ont exploité le filon .Mais ce blog est surtout inspiré par la lecture d’une pièce
radiophonique de H. D . Carr datant de 1940, The man in the iron mask, titre français L’homme au masque de fer, intéressante pour moi en ce sens que c’est à ma connaissance le seul ouvrage qui
soit inspiré du livre de Monsignor A. S. Barnes, The man of the mask,1908, London, non traduit en français,
dont j’ai connu l’existence grâce à
Marcel Pagnol, par conséquent très
proche de la thèse que je défends, sauf l’identité du Masque et du fils de
Charles II.. Pour moi, au contraire, le masque est le fils de Anne d’Autriche,
reine de France et espagnole comme son nom ne l’indique pas etde Buckingham.
Our moi, Eustache Danger, le nom du prisonnier, s’explique d’une part par une anagramme (les lettres du nom d’Anne d’Autriche, savoir anne autr che ) et le nom porté sur son acte de décès , Marcilly (le nom porté de façon
provocante par le protestant Roux de Marcilly
indique qu’il connaissait le secret de Louis XIV ) révèle le lien avec la
famille Fouquet , originaire d’Angers
(Eustache d’Anger).
Eustache Danger fait allusion à l’origine angevine de Fouquet de Croissy et des Fouquet
en général) Pourquoi Danger, alias
d’Angers ? Parce que la famille de l’homme qui avait donné son nom
à la naissance du fils d’Anne d’Autriche et de Villiers de Buckingham était un Fouquet
d’origine angevine, seigneur de Marcilly- sur Maulne en Indre- et-
Loire où l’on peut encore voir un très beau château appartenant à cette famille
angevine.
La naissance du futur masque à
Croissy-sur-Seine près de Saint-Germain –en- Laye (Yvelines) le 5 ? mars
1626 et le choix du nom de Marcilly
.
Je
me suis librement inspiré des auteurs anglais ou américains : Andrew Lang The
tragedy of valet, appendice, à lire sur Google Books, et The
mystery of James de la Cloche , 1903 ) , Rupppert Furneaux,The man behind the maskj, , London,Cassel &Company,1954 ;
enfin Paul Sonnino, The man in the iron
mask, a historical detective story, Rowman &Littlefield, Maryland, 2016.
J’ai découvert dans ce dernier, p 29, l’existence du diplomate (qui
était ami de la Reine, du Prince de Condé et de Retz selon Retz (Pléiade,
ancienne édition, voir index et en particulier p.853, ou nouvelle édition p.
658-659), Antoine Fouquet de Croissy de Marcilly, propriétaire de Croissy-sur-Seine
près de Saint-Germain –en- Laye (Yvelines). Là, à deux pas de la cour de
Saint-Germain-en-Laye, donc sans éveiller les soupçons, avec l’aide de la
sage-femme Madame Perronette , dont le nom nous est livré par Marcel Pagnol (Le
secret du masque de fer), la reine accoucha d’un garçon qui fut
ondoyé (il est catholique de naissance, deviendra calviniste, puis redeviendra
catholique). Il reçut le prénom de Jacques (en l’honneur des Stuart et
du roi d’Angleterre) et le nom de Marcilly. En effet, les
noms de Marchiel (registre mortuaire de Du Junca à la Bastille
recouvre
certainement celui du château de Marcilly- sur- Maulne près de Tours
(Indre-et-Loire), propriété des Fouquet et en particulier du parlementaire
Antoine Fouquet de Croisset, mort en
1665 en son château, qui portait aussi le nom de seigneur de Marcilly et
avait par dévouement pour la reine prêté son logis isolé pour abriter la
naissance du futur Masque de fer.
Le cardinal Mazarin prononçait Marcilly à l’italienne avec un l mouillé,
soit Marchille ou Marchelle qui fut noté Marchiel sur ordre de Louis XIV, la
graphie ci notant le son ch., même si le roi avait aussi en tête
de diriger les curiosités vers Commynes
de Marcilly. On y sent un « accent italien », écrit
justement Paul Sonnino
Quant à l’autre forme Marchialy, non attestée directement ( elle figurait peut-être dans un
registre mortuaire aujourd’hui perdu et reproduit par Topin en un fac-simile
peu lisible, réimprimé ensuite par Funck- Brentano dans ses Légendes de la
Bastille . tandis que le registre du
Junca et sa forme de Marchiel, eux, existent toujours ) , elle masque la
graphie Marcally ; on peut penser que le i ou le y final, peu audible chez Mazarin, a été
correctement restitué, le a étant
l’ erreur d’un copiste . On peut
rapprocher le souvenir de la prononciation ancienne Chailly pour Chilly, le château de Mazarin
qui a pu influencer, soit le scribe, soit Mazarin lui-même.
Les historiens français s’obstinent
à s’occuper u prisonnier et méconnaissent le moment de son arrestation en 1669,
à Dunkerque-Calais, alors que les
historiens anglo-saxons s’en préoccupent
beaucoup, ainsi que du rôle de Jacques
Stuart de la Cloche (sous ce nom risible, il faut voir une allusion au
cardinal Bellings dont Jacques avait été
l’entreprenant secrétaire) ou de l’abbé
Pregnani ou Prignani, alias du
masque au moment de son arrestation. C’est pourtant là qu’il faut chercher la
clé du mystère.
Richard Bellings est l'homme -clé qui a mis en relation notre futur Masque et Charles
II : c’est Bellings qui est
intervenu à deux reprises comme représentant personnel secret de Charles II , une première fois vis- vis du
Saint-Siège pour négocier le chapeau de cardinal de lord d’Aubigny d'abord, -en
vain, - puis une seconde fois vis- vis de Henriette d’Angleterre. Malgré le
fait que le futur Masque ait été trop
loin la première fois et que, condamné
au bannissement, il ait dû changer de
pseudonyme, il est resté dans les meilleurs termes avec son maître.
La lettre du 8 août 1668 (citée par Msgr Barnes,
op. cit., p.305 et 306) et fabriquée par Jacques de Lacloche annonce le
plan qu'il mettra en oeuvre sous le pseudonyme
du faux abbé Pregiani : approcher Charles pour lui expliquer la
supériorité du catholicisme sans donner de soupçons aux protestants, sous le
prétexte qu'il serait son fils naturel.
Le roi Charles II, roi pourtant d’un pays protestant qui
haïssait « le papisme et les sabots », avait l’idée folle de faire un
traité secret avec Louis XIV, en
échange d’argent versé par le roi- soleil,, le traité de Douvres, par lequel
le roi d‘Angleterre sortait son
pays de la triple alliance
protestante Suède, Hollande, Angleterre
contre la France catholique et s’engageait à convertir lui-même et son pays à
la religion catholique dès que les circonstances le lui permettraient. Tel est le grand secret des deux rois.
Lorsque,
plus tard , le roi de France voudra s'enquérir auprès de Fouquet si le masque , emprisonné avec lui et lui
servant de valet avait révélé devant l'autre valet de Fouquet, Larivière, "ce
à quoi il avait été employé (par le roi Louis XIV-le passif
impersonnel est révélateur!) avant son arrestation" , ce n'est que de cette mission qu"il s'agit : l’alliance secrète
de la France et de l’Angleterre, en d’autres termes,la félonie, la trahison de
Charles II .
Il existe pourtant un double grand
secret : louis XIV va s’apercevoir
que son négociateur n’est autre que son demi-frère , fils légitime de sa mère et
de Buckingham, avec les conséquences qui
suivront. .
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