jeudi 29 mars 2018

POUR EN FINIR UNE FOIS POUR TOUTES AVEC LE MASQUE DE FER


POUR EN FINIR UNE FOIS POUR TOUTES AVEC LE MASQUE DE FER
  C'est Voltaire qui a créé le mythe du masque de Fer en 1751 dans Le Siècle de Louis XIV et comme la question avait piqué sa curiosité, il continua à s'interroger toute sa vie à son sujet : dans Le Siècle de Louis XIV il avait écrit : "Ce qui redouble l'étonnement c'est qu’ [...] il ne disparut dans l'Europe (c'est nous qui soulignons : Voltaire ne s'est pas limité à la France) aucun homme considérable. Ce prisonnier l'était sans doute" (sans aucun doute). Dans le Dictionnaire philosophique, à l'article Anecdotes, en 1764,il discute les diverses hypothèses sur son identité ;en 1765,  dans L’Encyclopédie au tome 8, à l’artiche Histoire, il revient sur le sujet « L’histoire de l’homme au masque de fer aurait passé dans mon esprit, écrit Voltaire,  pour un roman, si je ne la tenais que du gendre du chirurgien [Righle] qui eut soin de cet homme dans sa dernière maladie,  mais l’officier qui le gardait alors [Rû] m’ayant aussi attesté le fait, et tous ceux qui devaient en être instruits me l’ayant confirmé, et les enfants des ministres d’Etat  dépositaires de ce secret,  qui vivent encore, en étant instruits comme moi,  j’ai donné à cette histoire un grand degré de probabilité …. » en  avant , dans ses Questions sur l'Encyclopédie, 2e édition (1771), de révéler qu'il s'agissait, non d'un jumeau, mais d'un frère aîné de Louis XIV  qui était le fils de la reine Anne d'Autriche (espagnole malgré son nom), épouse de Louis XIII,  et du duc George Villiers de Buckingham , fils légitime en quelque sorte (is est pater quem nuptiae denuntiant) né en 1626 , ce qui expliquait à la fois leur ressemblance criante et le danger d'une contestation de sa légitimité en vertu du droit d'aînesse et du fait qu'il était né dans les liens du mariage, surtout si l'on pouvait de surcroît soupçonner Louis XIV de ne pas être le fils de Louis XIII, mais de quelqu'un de beaucoup plus basse extraction que le duc de Buckingham. L ‘assassinat de Buckingham par Felton devrait beaucoup à la politique du roi, a fait observer Dufet de l’Yonne.
   De qui Voltaire tenait-il ses informations? De Madame de Saint-Quentin, maîtresse du marquis de Barbezieux, fils de Louvois, qui avait succédé à son père comme Ministre de la Guerre, l'un des derniers à connaître le secret puisqu'il gérait le sort du prisonnier.  En 1782, le marquis de Luchet, dans le Journal des Gens du monde (tome IV, n°23, page 282 et suiv.) “fit honneur à Buckingham de la paternité en litige. Il cita en témoignage une demoiselle de Saint-Quentin, ancienne maîtresse du ministre Barbezieux, qui mourut à Chartres verts le milieu du dix-huitième siècle, et qui avait dit publiquement que Louis XIV condamna son frère aîné à une détention perpétuelle, et que la parfaite ressemblance des deux frères nécessita l’intervention du masque pour le prisonnier”(Citation de Alexandre Dumas et A. Arnould, Crimes célèbres,   le Masque de fer, p .213, tome III, , Cercle du Bibliophile). Selon le bibliophile P. –L. Jacob (L’homme au masque de fer) , la première œuvre, anonyme,  en 1745, à parler du prisonnier, les Mémoires de Perse, serait de Voltaire qui était engagé à ne jamais  et qui s’est donné un prétexte  pour pouvoir ensuite en parler, la chose étant connue. Soulignons  qu'aujourd'hui encore la dernière opinion de Voltaire (1771) dans les Questions sur l’Encyclopédie, est censurée, comme on peut le constater dans  les Oeuvres historiques de Voltaire publiées par René Pomeau dans la Pléiade :  p.  1714, on lit le mensonge par omission :"Voltaire a noté dans ses Notebooks (p. 124) que le mystérieux prisonnier était "soupçonné d'être un frère aîné de Louis XIV", sans  mentionner le nom de son père , Buckingham.Il ne fut pas dupe , à la différence de Michelet, du roi qui aurait préféré qu’on lui attribue comme père le nom du garde de la reine, Commynes de Marcilly, qu’on attribua aussi comme père à Louis XIV et que Louis XIV donna comme dernier nom sur l’obit mortuaire de la Bastille à l’infortuné » prisonnier : de Marcilly.
Voltaire avait des informations de source directe. Ainsi, lorsqu’il écrit que le Masque de fer « jouait de la guitare », la phrase  renvoie au  passeport du masque de fer lorsqu’il débarqua d’Angleterre pour Dunkerque, rédigé au nom de «  Matteo Battaglia, servant  of the Queen [valet de la reine], maestro di capello  at Saint-James »; le mot servant fut traduit de façon erronée par valet, ce qui donna lieu à polémique , suite à la phrase du ministre : « Comme ce n’est qu’un valet… ». Mais lorsqu’on enquêta sur cet Italien de la cour de  la reine d’Angleterre, Matteo Battaglia, on découvrit  que ce «  valet », ce serviteur,  était en réalité le «  maître de chapelle, maestro di capello », de là la mention de la   guitare par Voltaire . Ce passeport du futur Masque de fer fut d’abord entre les mains d’un miliaire qui prit le parti du roi sous la fronde et avait donc toute sa confiance, savoir Henri Boivin sieur de Vauroy ou Vauroüy,originaire de Rouen, l’homme auquel Louis XIV confia,  en juin 1769,  le soin de l’arrêter à Dunkerque sous prétexte qu’il était un transfuge de l’Armée royale. 
C’est donc de la littérature , en particulier romantique, qu’est sortie l’histoire du masque de fer: Alexandre Dumas (Le vicomte de Bragelonne) , Vigny (poème La Prison, 1821)  et Hugo (le drame en vers  inachevé Les Jumeaux publié en 1861),   Marcel Pagnol, dans Le secret du masque de fer, s’approche de la vérité historique en citant  l’ouvrage de Msge. Barnes. De nos jours,  John Dickson Carr montre son intérêt pour l’époque dans son roman historique  Devil Kingsmere de  1934 (paru sous le pseudonyme de Roger Fairbairn) ,  remanié en 1964 sous le titre Most secret et traduit sous le titre Le grand secret (celui du projet secret et invraisemblable de  la conversion du roi d’Angleterre , un Stuart,  au catholicisme) ont exploité le filon .Mais ce  blog est surtout  inspiré par la lecture d’une pièce radiophonique de H. D . Carr datant de 1940, The man in the iron mask, titre français L’homme au masque de fer, intéressante pour moi en ce sens que c’est à ma connaissance le seul ouvrage qui soit inspiré du livre de Monsignor A. S. Barnes, The man of the mask,1908, London, non traduit en français, dont  j’ai connu l’existence grâce à Marcel Pagnol, par conséquent très proche de la thèse que je défends, sauf l’identité du Masque et du fils de Charles II.. Pour moi, au contraire, le masque est le fils de Anne d’Autriche, reine de France et espagnole comme son nom ne l’indique pas etde Buckingham.
Our moi, Eustache Danger, le nom du prisonnier, s’explique d’une part  par une anagramme (les lettres du nom d’Anne d’Autriche, savoir anne autr che  ) et le nom porté sur son acte de décès , Marcilly (le nom porté de façon provocante par le protestant Roux de Marcilly indique qu’il connaissait le secret de Louis XIV ) révèle le lien avec la famille Fouquet , originaire d’Angers (Eustache d’Anger).
Eustache   Danger fait allusion à l’origine angevine de Fouquet de Croissy et des Fouquet en général) Pourquoi Danger, alias  d’Angers ? Parce que la famille de l’homme qui avait donné son nom à la naissance du fils d’Anne d’Autriche et de Villiers de Buckingham était un Fouquet d’origine angevine, seigneur de Marcilly- sur Maulne en Indre- et- Loire où l’on peut encore voir un très beau château appartenant à cette famille angevine.
La naissance du futur masque à Croissy-sur-Seine près de Saint-Germain –en- Laye  (Yvelines) le 5 ? mars 1626 et le choix du nom de  Marcilly .
Je me suis librement inspiré des auteurs anglais ou américains : Andrew  Lang The tragedy of valet, appendice, à lire sur Google Books,   et The mystery of James de la Cloche , 1903 ) ,  Rupppert Furneaux,The man behind the maskj, , London,Cassel &Company,1954 ; enfin Paul Sonnino, The man in the iron mask, a historical detective story, Rowman &Littlefield, Maryland, 2016.  J’ai découvert dans ce dernier, p 29, l’existence du diplomate (qui était ami de la Reine, du Prince de Condé et de Retz selon Retz (Pléiade, ancienne édition, voir index et en particulier p.853, ou nouvelle édition p. 658-659), Antoine Fouquet de Croissy de Marcilly, propriétaire de Croissy-sur-Seine près de Saint-Germain –en- Laye  (Yvelines). Là, à deux pas de la cour de Saint-Germain-en-Laye, donc sans éveiller les soupçons, avec l’aide de la sage-femme Madame Perronette , dont le nom nous est livré par Marcel  Pagnol (Le secret du masque de fer), la reine accoucha d’un garçon qui fut ondoyé (il est catholique de naissance, deviendra calviniste, puis redeviendra catholique). Il reçut le prénom de Jacques (en l’honneur des Stuart et du roi d’Angleterre) et le nom de Marcilly. En effet, les  noms de Marchiel (registre mortuaire de Du Junca à la Bastille  recouvre certainement celui du château de  Marcilly- sur-  Maulne près de Tours (Indre-et-Loire), propriété des Fouquet et en particulier du parlementaire Antoine  Fouquet de Croisset, mort en 1665 en son château, qui portait aussi le nom de seigneur de Marcilly et avait par dévouement pour la reine prêté son logis isolé pour abriter la naissance du futur Masque de fer.
Le cardinal Mazarin prononçait Marcilly à l’italienne avec un l mouillé, soit Marchille ou Marchelle qui fut noté Marchiel sur ordre de Louis XIV, la graphie ci notant le son ch., même si le roi avait aussi en tête de diriger les curiosités vers Commynes de Marcilly. On y  sent un « accent italien », écrit justement Paul Sonnino
Quant à l’autre forme Marchialy, non attestée directement ( elle  figurait peut-être dans un registre mortuaire aujourd’hui perdu et reproduit par Topin en un fac-simile peu lisible, réimprimé ensuite par Funck- Brentano dans ses Légendes de la Bastille . tandis que le  registre du Junca  et sa forme de Marchiel, eux,  existent toujours ) , elle  masque la graphie  Marcally ;  on peut penser que le i ou le  y final, peu audible chez Mazarin,  a été  correctement restitué, le a étant l’ erreur d’un  copiste . On peut rapprocher le souvenir de la prononciation ancienne  Chailly pour Chilly, le château de Mazarin qui a pu influencer, soit le scribe, soit Mazarin lui-même.
Les historiens français s’obstinent à s’occuper u prisonnier et méconnaissent le moment de son arrestation en 1669, à Dunkerque-Calais,  alors que les historiens anglo-saxons  s’en préoccupent beaucoup, ainsi que du rôle de Jacques Stuart de la Cloche (sous ce nom risible, il faut voir une allusion au cardinal Bellings  dont Jacques avait été l’entreprenant secrétaire) ou de l’abbé Pregnani ou Prignani, alias du masque au moment de son arrestation. C’est pourtant là qu’il faut chercher la clé du mystère.
  Richard Bellings est l'homme -clé qui a mis  en relation notre futur Masque et  Charles  II : c’est Bellings qui  est intervenu à deux reprises comme représentant personnel secret de  Charles II , une première fois vis- vis du Saint-Siège pour négocier le chapeau de cardinal de lord d’Aubigny d'abord, -en vain, - puis une  seconde fois  vis- vis de Henriette d’Angleterre. Malgré le fait que le futur Masque  ait été trop loin la première fois et que,  condamné au bannissement, il ait dû changer de  pseudonyme, il est resté dans les meilleurs termes avec son maître.
 La lettre du 8 août 1668 (citée par Msgr  Barnes, op. cit., p.305 et 306) et fabriquée par Jacques de Lacloche annonce le plan qu'il mettra en oeuvre sous le pseudonyme  du faux abbé Pregiani : approcher Charles pour lui expliquer la supériorité du catholicisme sans donner de soupçons aux protestants, sous le prétexte qu'il serait son fils naturel.
  Le roi Charles II, roi pourtant d’un pays protestant qui haïssait « le papisme et les sabots », avait l’idée folle de faire un traité secret avec Louis XIV, en échange d’argent versé par le roi- soleil,, le traité de Douvres, par lequel le  roi d‘Angleterre sortait son pays  de la triple alliance protestante  Suède, Hollande, Angleterre contre la France catholique et s’engageait à convertir lui-même et son pays à la religion catholique dès que les circonstances le lui permettraient. Tel est le grand secret des deux rois.
 Lorsque,  plus tard , le roi de France voudra s'enquérir auprès de Fouquet  si le masque , emprisonné avec lui et lui servant de valet avait révélé devant l'autre valet de Fouquet, Larivière,  "ce  à quoi il avait été employé (par le roi Louis XIV-le passif impersonnel est révélateur!) avant son arrestation" ,  ce n'est que de cette  mission qu"il s'agit : l’alliance secrète de la France et de l’Angleterre, en d’autres termes,la félonie, la trahison de Charles II .
Il existe pourtant un double grand secret :  louis XIV va s’apercevoir que son négociateur n’est autre que son demi-frère , fils légitime de sa mère et de  Buckingham, avec les conséquences qui suivront. .

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire