Version augmentée et corrigée en 2019 : Un chef-d’œuvre
littéraire
méconnu, témoignage authentique sur le bagne, œuvre du
faux-monnayeur Delfaut (anagramme Daufelt)
« De quel bord es--tu ? »
Matricule n°1275
On connaît la formule
d’André-MarieAmpère : « Ne conforme pas tes idées à celles du
monde si tu veux qu’elles soient conformes à la vérité » .
Je suis tombé par
hasard, chez un allié aux communards de Nouvelle-Calédonie, M. Limousin
habitant au Pont- des Français, sur un
manuscrit écrit par un bagnard. Mais il ne voulait pas que ce manuscrit datant de 1895, sorte de chez lui et il ne voulait pas non plus que son nom
apparaisse. Aussi, avec François Otonari, neveu du député de l’époque et avec
le secrétaire de la mairie du Mont-Dore M. Heyman , il fallut que je lise sur
un dictaphone le texte entier, puis que je demande à Madame Lecomte de le
dactylographier gratuitement. F. Otonari était alors président du Kiwanis Club
de Nouméa et cherchait de l’argent pour
les œuvres sociales du club. Je lui proposai d’éditer le texte en métropole (où
cela était moins cher qu’à Nouméa) avec des illustrations photographiques que
Otonari recueillit à Sydney auprès de la Mitchell
Library, collection Hugan , 1878 environ. Nous décidâmes que l’argent irait au foyer
de garçons de la Vallée du Tir, le Foyer Georges Dubois dédié à l’enfance
abandonnée (ma mère était directrice du pendant féminin, l’ « internat des filles »
auquel j’ai en vain proposé de donner le nom de Louise Michel, institutrice
déportée en Calédonie). Je supprimai les noms des bagnards qui figuraient en
toutes lettres, les remplaçant par de simples initiales, et caviardai les rares
passages susceptibles d’offenser les Kanaks. C’est sous le titre Les damnés du Pacifique et sous le nom transparent
de Daufelt que l’ouvrage parut en 1974, connaissant deux tirages.
J appris que l’ouvrage avait
déjà paru, sous son titre original, en 1919, dans le
Messager d’Alain Laubreaux, d’après un autre manuscrit, que Alain Laubreaux
connaissait grâce à Marie-Thérèse
Levizac épouse de Henri- Louis Laubreaux et qui passa dans les mains de Marthe
Levizac , épouse Nicolas Tiby Hagen, puis que sa détentrice de l’époque, Madame Danton, née
Hagen, tenait d’un avocat de ses parents, Guiraud de Levizac. Je le fis
dactylographier également et le tirai à
100 exemplaires dont je remis un exemplaire (disparu, semble-t-il) à la
Bibliothèque Bernheim, dirigée alors par Madame H.Colombani.
Un 3e manuscrit, le plus tardif, a été expédié par Delfaut sur la fin de ses
jours à Sydney à Florindo Paladini, le
leader de l’extrême gauche communiste calédonienne, et il a été traduit en
anglais et publié par François Reichenbach : T. Delfaud, Story of the outcast, Histoire des réprouvés
, 1943, Sydney, pendant la guerre, pour les militaires américains.
En 1976, dans la France Australe des 27, 28 et 29
septembre, je fis paraître un supplément, le
marquis de La Furetière, extrait du second manuscrit, datant de 1896.
En 1985, le 1er
décembre, aux éditions Grain de sable, un universitaire, François Bogliolo, suivit le texte du Messager
, c’est-à-dire le manuscrit Danton
–Hagen et fit paraître le texte sous le titre Delfaut Daufelt, Nos criminels…le bagne en
Nouvelle-Calédonie, mais il ne connaissait ni l’ouvrage de Maresca et de
Lacourrège (ce qui n’était pas une perte) , ni le texte dactylographié dont j’avais remis à Madame Colombani un exemplaire
pour la Bibliothèque Bernheim qui semble bien avoir disparu des fonds publics..
En somme, je suis le seul à avoir publié le manuscrit Limousin hérité ensuite
parThierry Folcher, puis remis aux Archives
territoriales ).
Michel Soulard, aux éditions
Humanis à Nouméa en juillet 2019 , a fait paraître une somme sur Delfaut en
deux tomes :1) Au pays du crime,
mémoires d’un forçat du bagne de Nouvelle-Calédonie, avec préface du
spécialiste incontesté du bagne, José
–Louis Barbançon ; c’est une édition critique très sérieuse des deux manuscrits conservés de Delfaut et de ses
autres œuvres (poèmes, lettres à Zola, à la Ligue des Droits de l’Homme, etc .)
2) Le bagne et la plume, Entre légende et vérité : enquête sur le
forçat Delfaut, très documentée, mais qui , à mes yeux, reflète trop le
point de vue hostile de l’administration pénitentiaire .
En 1975,parurent Les nuits du bagne calédonien, archives collectées par Gérard Lacourrège et rédigées par Pierre
Maresca, avec Philippe Godard et Luc Chevalier .
Pierre Maresca, agent de police avant de trouver
sa voie dans la politique de Lafleur (candidat battu aux législatives, il fut
nommé conseiller spécial du chef du
gouvernement Frogier, pour le dédommager de n’avoir pas été élu) a dû remanier
le texte et peut-être fausser les documents. Je pense qu’il désira m’attaquer
indirectement (j’étais un élu de l’Union calédonienne à l’époque) à travers l’infortuné
bagnard dont j’avais publié les mémoires.
Le livre brille par un tas de
nombreuses inventions et exagérations (7000
exemplaires ! des Damnés ,
alors que l’édition dont je m’étais chargé comptait 1000 exemplaires et qu’il y
en eut un second de 1000 exemplaires
également) et par le parti pris de salir tous les bagnards et Delfaut en particulier en faisant
de lui , par exemple, ce qui est proprement ignoble, l’inventeur d’un
instrument de torture du bagne , les poucettes. Pourtant, dans l’enquête
Ribourt de 1874, c’est Delfaut lui-même qui, interrogé, avait dénoncé aux enquêteurs
ce supplice barbare : Au pays du
crime, mémoires d’un forçat du bagne de Nouvelle-Calédonie, p . 272
(tome 1) : « Quand un, condamné refusait d’avouer ou de raconter les
faits dont on le soupçonnait, on lui appliquait les poucettes avec une telle
rigueur qu’un condamné du nom de Jouanny [Gioanni,
un Italien, voir tome 2, p.229, matricule
n°145), qui a subi le martinet en 1869 et mourra lépreux à Belep à la léproserie
pénitentiaire en 1900] , qui existe au pénitencier [on peut donc l’interroger],
a eu trois doigts coupés et qu’un autre condamné , le nommé Sibut [voir Baudoux, Expiation}, conserve encore des traces de cet instrument (un pouce amputé,
selon le condamné Urbain dans l’enquête
Artaud-Pons.) » A l’époque , l’auteur de ces lignes ,Delfaut , était
l’ « écrivain » du surveillant- chef Lauzanne que, par loyauté, il n’accuse pas auprès des enquêteurs , alors
que c’est Lauzanne qui , sadiquement, appliquait les poucettes .Les
avait-il inventées ? Delfaut ne l’affirme pas.Mais Lauzanne
accusera quand même Delfaut de l’avoir personnellement dénoncé et lui en voudra à mort.
Au surplus, si l’on compare avec
le Papillon de Henri Charrière, l’exactitude est évidente
car le « nègre « qui rédigea et très bien cet autre chef -d’œuvre n’a jamais mis les pieds ni en
Guyane ni dans uin bagne. Il s’agit de Max Gallo, l’auteur également d’un
autre chef-d’œuvre Au nom de tous les
miens où il ne faut pas chercher non
plus un document à valeur
historique, l’auteur étant né en 1940 !
Les Damnés sont un
texte qui dénonce les atrocités de l’institution du bagne et du camp Brun et
qui raconte la création par Delfaut de la
première et ancienne route Bourail –Houaïlou et du centre de Pouembout-Koniambo ainsi que le coup de foudre ressenti par notre
condamné lorsqu’il entend le très beau discours lyrique prononcé par le
gouverneur Pallu de la Barrière à son arrivée en Nouvelle-Calédonie. Je n’ai
malheureusement plus le texte qui avait paru dans les journaux de l’époque et
se terminait par : « J’ouvre tout grand les portes du bagne. »
Pour cette œuvre de
dénonciation d’une institution qui manquait son but, et
accessoirement de réhabilitation personnelle, il va de soi que
Delfaut ne fera pas comme le colonel Delfaut de passage à Nouméa vers 1980 qui n’hésita pas, face à la
presse, à se réclamer de sa parenté avec
l’illustre condamné, ni ne citera son
cousin germain, bagnard en Guyane ,
Pierre Delfaud, né le 12 avril 1852
à Belves, arrondissement de Sarlat, fils de Pierre Delfaud et de Jeanne Gendrel,
condamnné à Lyon pour
fabrication de fausse monnaie italienne commise en juin et juillet 1889, et
libéré le 2 mars 1897, mais décédé le 7
mai 1891 au Maroni en Guyane. En effet, ce
qui importe dans son œuvre, c’est ce qu’il a fait « à la Nouvelle » , il ne faut pas le juger sur
sa parenté qu’il a présentée de façon fantasmée et avantageuse.
Généalogie de Jean-Baptiste Delfaut.
Le nom de Delfaut (et quelle
que soit l’orthographe, avec ou sans t ou d) vient d’un pluriel latin , de
illis fagis , celui qui habite près de hêtres , au singulier Dufau ( de de illo fago) fagus en
latin signifiant le hêtre et donnant en
ancien français faus noté fauz, puis fauts et faut ou faud ),
l[le Puy du ] fou ,[Le] fol, fée,fay, ou avec un suffixe fayard , fayolle, (du)fayet.
Les Delfaut au XII e siècle habitaient probablement le hameau de la Favède (du bas latin fagitas , hêtraie) à Turenne en
Corrèze
Notre condamné est arrivé par
le Fleurus en Nouvelle-Calédonie, aux
débuts du bagne en 1867, matricules 1275, puis 239, enfin 12403.Il fut en effet condamné sur le
territoire à nouveau, en 1874 et en 1881
.
Les faits bien établis.
Il était né dans une famille
nombreuse. à Turenne en Corrèze, arrondissement
de Brive , le 28 juillet 1839, acte N°49, et mourut à l’hospice de l’île Nou , le 24
octobre 1918 (dernier renseignement aimablement fourni par Madame Rose-May
Cuer) . .
Voici son
signalement :1,63 mètre, yeux verts, nez régulier ,bouche moyenne, menton
rond, visage ovale, cheveux, sourcils et barbe châtains, teint coloré, taches
de rousseur, traces de vaccin aux deux
bras.
Il affirme avoir été l’aîné des
garçons, avec dix frères et sœurs et avait bénéficié d’une excellente
instruction au collège des jésuites de Sarlat-la Canéda, en Dordogne, jusqu’en
classe de première, un petit séminaire sur lequel on peut consulter le livre de
M . -M. Compère et de Dominique Julia, son époux, qui fut membre de mon jury
dc thèse, Les collèges français, répertoire, tome 2 France du midi, Paris, CNRS, 1984, 760 p.
Pourquoi ne nomme-t-il jamais le collège de Sarlat ?
Parce que celui-ci avait pour martyr et pour « saint » un
Guillaume Delfaut , jésuite, vicaire général de Sarlat, né à Daglan (arrondissement
de Sarlat-la- Canéda en Dordogne ) le 5 avril 1733, massacré sous la Révolution le 2 septembre 1792 à la prison
des Carmes à Paris. .
Un autre illustre parent : le baron Delfau de Belfort
Delfaut prit en Algérie, op .
cit., tome 1, p. 57, l’identité d’un comte de Belfort Lebrun,
par un malicieux clin d’œil à la famille Delfaut . A Châteaudun existe une rue
, la rue Belfort , en l’honneur du sous-préfet de ce nom, latiniste éminent qui fit paraître un recueil des archives
hospitalières de Châteaudun en latin (sans traduction).Il s’agit du baron Delfaut
de Belfort (le Belfort du Quercy), près de Cahors), issu de François –Louis
Delfau de Belfort, issu lui-même de Jean-Jacques Delfau, baron de Roquefort (1702-1782) dans la
région de Figeac. Au XVIII e siècle, une
branche créole (Louisiane et Saint-Domingue) s’est formée à partir de la ville
d’Albas près de Cahors, sous le nom de Delfaut de Pontalba.
D’autres parents présentés
orgueilleusement par l’infortuné bagnard comme des frères.
Delfaut nous indique qu’un de ses frères a fait des études à l’école de médecine, entendons
d’officier de santé , un autre à l’école navale, le 3e à
l’école de droit (huissier).
Deux mots sur la profession paternelle .Son fils
écrit qu’il a dû vendre l’étude d’avoué
de son père : il anobli le métier paternel
, s’ identifiant à celui-ci, à
une époque où lui-même était en relation et espérait beaucoup de l’étude d’avoué de Guiraud de
Levizac, : il voyait un protecteur paternel en celui-ci, à qui il remit un
manuscrit des Damnés.
L.a révocation de son bon emploi de comptable à la
Compagnie des Chemins de fer du Midi (1857-1862) .
Le 3 septembre
1862, alors que Delfaut est devenu fusilier
au 31e régiment d’infanterie, 2e portion du
contingent, il est condamné à 2 mois d’emprisonnement pour vol à l’encontre de son beau-frère Métayer au détriment de son employeur, l’économat de la Compagnie des Chemins de fer, ce qui lui vaut la révocation immédiate, Son protecteur Saige n’est plus là pour le
sauver . Or, sa perte d’emploi entraîne chez lui une profonde dépression . Comment
dans ses Mémoires un peu romancés
expliquer cet acte inqualifiable qui lui a valu la mesure en cause ? C’est
là qu’il songe à la politique et fait intervenir , au mépris de la chronologie ,
celui qu’il nomme à tort son père et qui est pêuit-être son grand-oncle ,Hilaire Delfaut , un tailleur d’habits arrêté en 1852 ,
afin de rendre plausible son coup de
sang et ses imprudences vis-à-vis de Napoléion III à Bordeaux, de passage aux
bureaux de la Compagnie, alors que l’Empereur se rend à Biarritz en juillet-août
1854 : Manuscrit Hagen, Au pays du crime, tome 1, p.38 :
« il contemplait d’un oeil triste l’homme néfaste qui avait occasionné la
mort de son père (le déporté, son grand-oncle ).Il fut remarqué par quelques agents
mêlés à la foule, qui lui demandèrent les motifs de son silence et de sa
morosité. Indigné de ces questions, cédant à une irritation bien
compréhensible , il répondit que , loin d’acclamer
l’homme sinistre qu’il avait sous les yeux, il voudrait pouvoir l’anéantir. Il n’en fallut pas davantage pour le faire appréhender au corps et le
faire mettre en état d’arrestation. . . ..Il fut arrêté [et] sitôt révoqué. »
Ou bien , dans le manuscrit Limousin :
« Napoléon III « s’arrêta devant lui en visitant les installations récentes des bureaux.Le voyant si jeune (il était né
le 27 juillet 1839, il aurait eu , en juillet 1854 , 15 ans), il lui adresa la parole ; ce fut sa perte
(celle de Delfaut), car il lui répondit par un sanglant outrage qui le fit
révoquer sur l’heure . »
Le déporté républicain socialiste Hilaire Delfaut.
Le
« père » de notre
Delfaut était, nous dit-il, un républicain
socialiste déporté en Polynésie française à Nouka Hiva pour sa participation
aux journées républicaines de Sauveterre
–de -Rouergue près de Rodez contre le coup d’Etat du 2-décembre 1851.
J’avais écrit à Nouka Hiva pour vérifier s’il
n’existait pas un déporté du nom de Delfaut, mais la commune marquisienne n’a
de registres d’état civil que depuis 1865 ; j’ai donc écrit ensuite au
service territorial des archives de Polynésie , en vain Il n’y eut
guère plus de trois déportés en Polynésie en réalité, selon José Barbançon, mais
la presse fit beaucoup de bruit autour de ces consonances barbares.
Selon le Maîtron, consulté en ligne
(maitron-en- ligne.univ-paris1.fr), Dictionnaire
du mouvement ouvrier, tome 1, j’ai trouvé
un Delfau Hilaire, tailleur
d’habits comme souvent dans la famille. Les sources du Maîtron sont les
Archives départementales de l’Aveyron, les Minutes des procès des résistants
au coup d’Etat du 2 décembre 1851, notes
de J.-M. Cosson. Le Maitron écrit : « Il fut condamné à l’Algérie Moins, », ce qui
signifie
que pendant cinq ans il avait la liberté de résider dans une ville déterminée,
en résidence forcée et surveillée, tandis que Algérie plus signifie : pendant dix ans, détention dans un
camp ou un fort (Lambessa, Douéra, Bône, Fort Saint-Grégoire à Oran).
Ma femme a retrouvé l’ acte
de mariage du grand-père de Delfaut , Jean Delfaut, né le 14 novembre 1781, marié avec
Mondane (prénommée ainsi en l’honneur de sainte Mondane,mère de saint
Sacerdos, massacrée par les Vandales en 722 et qui a laissé son nom à des communes
du Périgord et de Dordogne) Tassain, née
en 1784 à Sarlat et décédée le 4 février 1865 à 84 ans à Sarlat.
La fréquence des mêmes prénoms et le grand nombre de Delfaut dans cette région, celui par
exemple de plusieurs Hilaire Delfaut à Montézic, incite à la plus grande
prudence dans l’établissemlent des
parentés. Sopus toutes reéserves donc, le grand-père de Delfaut avait un frère , un Jean-François Delfaut ,né le
23.05.1806, acte 18, à Saint-Geniez d’Olt, huisser, père du futur déporté en
Algérie, Hilaire Delfaut, tailleur
d’habit, né à Saint-Geniez-d’Olt le 7 janvier 1812.de Rose Soulages et de
Jean-François Delfaut, huissier au tribunal de commerce. Jean-François
Delfaut serait ainsi le grand-oncle du
bagnard et il est en tout cas le
père du déporté politique. Le déporté est donc, non pas le père de notre Delfaut , mais le fils de son
grand-oncle. De plus, Napoléon III l’a
très vite gracié, dès 1852, si bien qu’il pouvait revenir dès 1853
de la ville algérienne qu’il avait choisie, Constantine.
N* d’ordre 8554, dossier n°2 :
il était marié et habitait la commune du Monastère, près de Rodez dans l’Aveyron. C’était
l’un des principaux meneurs du parti socialiste au Monastère. Il a été vu en rapport avec les bandes armées de
Sauveterre-de-Rouergue (Aveyron , près de Rodez) et , dans la matinée du 5, il réglait lui-même leurs
dépenses dans les auberges du Monastère.A parcouru les campagnes pour fomenter
l‘insurrection.Il aparaît certain qu’il a passé une partie des journées du
3 et du 4 à parcourir les campagnes pour y fomenter l’insurrection.
Grâce accoprdée par Napoléon III : surveillance le
28/12/1852
Ar chives nationalese
f/7/*2590 ; dossier de grâce BB/22/143/2
Url :
hhtp//poursuivis-décembre1851.fr/index. php
Quelques repères chronologiques : la
présence en métropole , en Algérie et en Calédonie de
Delfaut établie indiscutablement par les condamnations encourues.
Collège de Sarlat
1854, sa mère meurt à Bordeaux à l’Hôtel-Dieu
1 Bordeaux , le 13 février 1856, un an de prison ;
2 Bordeaux, 18 juin 1858, condamnation à 13 mois ;
3 Sarlat, le 14 mars 1857, un an contre Jean –Baptiste
Delfaud , dit Martineau, dit Alphonse , 17 ans, habitant Bordeaux et
arrtêté à Domme ;
dit avoir trouvé un emploi de comptable à la Compagnie
des Chemins de fer du Midi , 13 mois d’emprisonnement;
4 Bordeaux, 1e décembre 1859, 2 ans de prison.
Héritage de Jean –Baptiste
Auguste Delfaut, né le 22 octobre 1813, à Sarlat, mort le 15
jullet 1860 à Sarlat, tailleur
d’habit, 47 ans ,
Service militaire le 1er octobre 1861, entré au
service du
1er régiment de ligne à Montpellier, arrivé au corps le
6 décembre 1861, renvoyé dans ses
foyers le 6 avril 1862, comme appartenant à la 2e portion
du contingent de la classe 1860 de la
Gironde (de là sa déclaration de naissance le 27 juillet 1840 , afin de pouvoir joindre cette classe et de pouvoir entrer sous les drapeaux , alors qu’il
était né en réalité à Turenne en Corrèze,
arrondissement de Brive , le 28
juillet 1839, acte N°49 ) ;
5) la 2e portion
de la classe est rappelée : le
voilà , le 3 septembre 1862, fusilier
au 31e régiment d’infanterie, 2e portion du
contingent ;
Bordeaux , habite la Bastide, commet un vol à l’encontre de son beau-frère Métayer au détriment
de l’économat de la Compagnie des Chemins de fer, ce qui lui vaut la
révocation, de son emploi à cette compagnie
(Saige n’est plus là pour le protéger) : 2 mois d’emprisonnement ;
6) Bordeaux , 19 novembre 1862, 5 ans de prison.
7) 1862 -1865 : Algérie
Mort de Saige (encore vivant en 1857 et avant 1862, et de Rose_Marie Delfaut en 1864 , 1865 ou
1866 , vers avril (et non en 1861, comme l’indique Delfaut) : une lettre
de son « frère » , savoir Marin Delfau, , l’enfant naturel de Saige
et de Rose Delfau , qu’il appelle son frère parce qu’il est le fils de Saige
comme lui-même dans ses fantasmes se
considère comme le fils de cet homme honorable. Embarque d’Alger le 15 mars 1866
pour Marseille avec un sauf-conduit de 3 mois (fabriqué par lui, voir la
condamnation par la cour d’assises d’Alger, 23 mai 1867) et arrive 15 jours après
la mort de Rose , en avril 1865 (mais où meurt-elle ?)
7)Condamnation à Alger le 20 janvier 1865 à 3 ans pour
dissipation d’effets
le 4 avril 1865
à 5 ans ;
8) le 26 septembre 1865 à 2 ans de prison ;
9)1er conseil de guerre d’Alger 13 mars 1866, 6 ans de
réclusion pour faux en écritures privées, et usage de pièces fausses, contrefaçon
de timbres de bureaux de poste et de cachets de mairie, avec usage des dits timbres et cachets, fabrication d’un faux sauf conduit dans le but de se
soustraire à l’autorité, et dissipation
d’effets à lui remis pour le service. Dégradé
le 7 août 1866
10) Condamné par la Cour d’Assises d’Alger le 23 mai
1867 à 20 ans de travaux forcés pour association de malfaiteurs [avec le Corse
Quenza, condamné à la même peine], faux et usage de faux.
Arrive à Nouméa le 3 août 1867
5 mars 1871 ,
mort de son père à Bordeaux à l’hôpital.
11) Condamné en Nouvelle-Calédonie à 40 ans le 14
juillet 1874 pour le meurtre du correcteur Embarek Mohamed ben Azoun, qui selon le
communard Allemane dans ses Mémoires (1977,
p .55 ) « avait moitié assommé [Delfaut lequel s’était ] plaint, mais avait été renvoyé sur les
travaux. »
12) Condamné le 29 juillet 1881 à 10 ans pour évasion et fabrication d’un faux laissez-passer ;
13) 9 mars 1906, 3 mois de prison pour infraction à l’interdiction
de séjour.
14) 2 avril 1906, ; 1 an de prison pour
infraction à l’interdiction de séjour
15) 21 octobre 1910
complicité de vol par recel.
Un sondage dans les Mémoires pour vérifier l’existence des événements auxquels Delfaut
fait référence : l’héritage de l’oncle.
1854, sa mère meurt à Bordeaux à l’Hôtel-Dieu
5 mars 1871 , mort de son père à Bordeaux à l’hôpital.
L’héritage de l’oncle en 1864
Un fait bien établi
cité par Delfaut , Au pays du crime, p.39 :
« Le
notaire oublié de sa faémille, vint lui apprendre qu’un de ses oncles, mort
sans héritier, riche propriétaire de la Dordogne, touché de sa malheureuse
condition, l’avait institué son légataire universel… ;La liquidation de
cet héritage fut rapide.Un conseil de famille décida que les pauvres orphelins
seraient placés dans diverses maisons d’éducation. Seul l’aîné (des garçons,
Daufelt) resta libre de se choisir un état. Trois ans s’écoulèrent ,
pendant lesquels ses frères furent admis, l’un à l’école de médecine, le second
à l’école navale (allusion humoristique
à Marin Delfaut, l’enfant naturel de Saige et de Marie-Rose Delfaut) et
le dernier à l’école de droit.» . Pour le
premier, il fait allusion à un officier de santé
Jean-François Delfaut à Montézic, près de Rodez dans l’Aveyron , dont la fille
est Rose Delfaut, 55 ans, née en 1807, épouse de François Rouquette , mort
à Montézic le 3 janvier 1865 .
Pour l’huissier, il vise un
autre Jean-François Delfaut , huisser, père de Hilaire Delfaut,
tailleur d’habit, né à Saint-Geniez-d’Olt le 7 janvier 1812, le futur déporté en Algérie..
On est en 1864. Il s’agit de son oncle qui voulut
honorer son filleul qui portait les mêmes prénoms de Jean-Baptiste Auguste que lui, son parrain, savoir Jean –Baptiste
Auguste Delfaut, né le 22 octobre 1813, à Sarlat, mort le 15
jullet 1860 à Sarlat, tailleur
d’habit, 47 ans , époux de Rosalie Augustine Hébert. Mais Daufelt nous parle de
sa première mauvaise action qu’il ne précise pas ; mais nous pouvons
présumer qu’il s’agit de l’usurpation de l’identité de son frère pour percevoir
indûment l’héritage, , ce qui lui était facile puisqu’il s’appelait lui aussi
Jean-Baptiste, mais sans Auguste.
.
Un bagnard comme Delfauit peut avoir le sens de l’honneur
familial et désirer ne pas révéler la raison pour laquelle l’ingénieur Saige,
qui en juin 1857 est Ingénieur en chef du matériel et de la traction
des chemins de fer du Midi à Bordeaux lui a apporté sa protection, savoir
sa liaison avec la sœur aînée de Delfaut, Marie-(Rose), une fille mère qui
avait eu de lui un enfant naturel, un bâtard comme on, disait alors, Marin
Delfaut. Telle me sermble devoir être le motif de l’ombre dont il a
entouré la mort de Marie, sans donner de lieu et en indiquant une date qui
ne peut être que fausse : 1861.
Les hypothèses ; le
protecteur Saige, imago paternelle,
amant de Marie Delfaut sa sœur aînée.
Le protecteur de Delfaut appartient, à l’illustre
famille Saige de Bordeaux . Elle a
fourni, un siècle après Montaigne et avant Chaban-Delmas et Juppé, un noble,le baron Saige de Beautiran, seigneur de Bonoas,
Ducasse, etc., né le 20 février 1734 à Bordeaux où il est exécuté le 2 brumaire an II (23 octobre
1793. Il fut trois
fois élu maire de Bordeaux et guillotiné
sous la Révolution, Il s’agissait de François-Armand Saige (1734-1793), marié
avec une de Verthamon, d’où Jean –Baptiste Saige (1815-1887) , marié avec Catherine Marie Adrienne
Laville,
Il a un frère , Alphonse ( ?) Saige , qui est un ingénieur en poste à la Compagnie du chemin
de fer du Midi .
Paul Saige, autre ingénieur des chemins de
fer, ne peut être le protecteujr de Delfaut, non plus que son fils Gustave, ,tous les deux étant encore
vivants en 1872 , ce dernier à Monaco.
Alphonse Saige, marié , avait
une liaison adultère avec la sœur aînée de Delfaut, Marie , et paya les études
de jean-Baptiste au prestigieux collège jésuite de Sarlat, plaça toute la famille dans les
chemins de fer , l’attirant à Bordeaux et dans ses environs. Ainsi ,trouve-t-on
à la Bastide , quartier des cheminots de Bordeaux, non seulement J. B. Delfaut lui-même, mais une de ses sœurs , une autre Marie, mariée avec
Jean Métayer, employé des Chemins de fer du Nord, ; on a encore le
décès de la mère de Delfaut à l’Hôtel-Dieu de Bordeaux le 28 octobre 1854, acte
1520 du 28 octobre1854, section 3 -1871 Décès 3E252 (Delfaut y est présent) et le décès de son
père André le 5 mars 1871 à l’Hôpital
Saint-André de Bordeaux, acte 657 du 6 mars 1871, section I, 1854 Décès 3 E1499.
C’est bien lui qui
paie
les études de Jean-Baptiste et de ses frères au petit séminaire de Sarlat
jusqu’en classe de première pour Jean-Baptiste . En tout cas, c’est lui qui le
fait entrer comme archiviste ou comptable à Bordeaux
dans la Compagnie des Chemins de fer du Midi. Mais « M. Saige, écrit Delfaut, p. 6, Les damnés… mon vénéré maître,
mourut subitement d’une attaque d’apoplexie . Ce nouveau malheur…sembla un
instant l’abattre. Rien ne pouvait le consoler de cette perte, qui fut en effet
irréparable pour lui, comme on le verra par la suite. Un pressentiment secret semblait l’avertir
que la perte de ce second père
devait fatalement faire dévier sa destinée. » Il nous parle, op . cit., p. 6, de « cet ingénieur distingué qui l’aimait comme son fils ».
Nous n’avons pas trouvé la
mort de Saige,même si nous pensons qu’elle a dû se situer avant la révocation ,
avant 1862 par conséquent, et après 1857, date de l’embauche de Delfaut ,
selon ses dires, à la Compagnie des Chemins de fer.
Delfaut nous dit que son frère , savoir Marin Delfaut, l’enfant naturel de Saige et de Rose Delfaut
, qu’il appelle son frère parce qu’il
est le fils de Saige comme lui-même , dans ses
fantasmes, se considère comme le
fils de cet homme honorable, lui écrit
que sa soeur aînée , mourante, désire le voir à son chevet.Il est alors
au Maghreb et interdit de séjour en métropole. La prudence lui conseillerait
de se dérober ; mais qu’à cela ne tienne !
Delfaut se forge un sauf conduit pour trois mois pour
lequel il sera condamné à Alger, voir la
condamnation par la cour d’assises d’Alger du 23 mai 1867. Il réussit à embarquer d’Alger le
15 mars 1865 pour Marseille et arrive 15 jours après la mort de Rose , en avril
1865 (mais où meurt-elle ?).
La parentèle.
Ma femme a retrouvé la naissance des enfants du grand-père de Delfaut tous nés à Sarlat :
Jean-Baptiste, né le 29
vendémiaire an XII,
Pauline, née an XIII,
Jean, le 8.03.1807,
André le 03.12-1808, père de
notre Delfaut,
Marguerite, née le 20.09 .1811
, épouse Delbos, décédée le 23 juin 1876.
Jean –Baptiste Auguste Delfaud,
né le 22 octobre 1813, à Sarlat, mort le
15 jullet 1860 à Sarlat, 1812,
tailleur d’habit, 47 ans , époux de Rosalie Augustine Hébert, l’oncle à
héritage ;
Un 2e Delfaut Jean, le 26.03 .1816,
tailleur de pierre : un enfant mort
le 7 novembre 1847,
Charlotte , le 13, 11-1818,
épouse Ma rlas, morte le 9 janvier 1899.
Pierre Alfred, le 15.06.1821.
Le grand-père lui-même était
le fils de Jean Delfaut marié avec
Jeanne Gautier, et son épouse était la fille de Pierre Tassain et de Jeanne Veyssière.
Les frères et sœurs: 6 au moins.
1Ma femme a trouvé
la naissance de la sœur aînée de
notre Delfaut, Marie (Rose) Delfaud le 7 mai 1833, acte n°43 de Sarlat ;
2-la naissance d’une Anne le
10 mars 1834 ;
3 une seconde Marie le 22 janvier 1837 à Turenne
(avec pour marraine la 1ère , d’où son prénom), plus tard veuve de Jean Métayer, remariée avec Alphonse Boitel à Paris ;
4- notre Jean-Baptiste ,
l’aîné des garçons, né le 27 juillet 1839 à Turenne ;
5 la naissance de Louis
Théodore Delfaut le 8 janvier 1841 à
Turenne,
6- la naissance d’un second Jean-Batiste Auguste
Delfaud, le 10 janvier 1843 à Turenne toujours. Dans son acte de mariage, son père est domicilié à Saint-Sulpice
d’Izon.
Le prénom Jean –Baptiste dans la famille.
Son père l’appellera Jean-Baptiste du prénom de son grand-père paternel et du prénom de son cousin, né vers la même
date, le 01 février 1834 à Graissac près de Rodez, fils de Jean Baptiste Delfau et de Julie Marie -Jeanne Doumergue qui avait 21 ans lors
de son mariage à Cantoin , La Bastide, près de Rodez ,dans l’Aveyron le 23
janvier 1831.
Une anagramme révélatrice de Delfaut: Alphonse, prénom dans lequel il y a certaines lettres de
Delfaut, savoir ALF (ph) O (O, phonétiquement comme AU ) E.
.
J’avais demandé à un Calédonien
professeur d’histoire , Louis- José Barbançon,qui devait se rendre à Aix, de
vérifier aux Archives d’Aix ce qui était cité dans l’ouvrage de Maresca et qui
visait à faire de Delfaut un indic et un tortionnaire au mépris , me
semblait-il, de la vérité historique. Quand il revint en Nouvelle-Calédonie, il
m’indiqua que les archives citées avaient été truquées par des individus
qui se sont dit : « Bah ! Un bagnard ! Ce n’est pas grave ! » (cf le bulletin
de la SEHNC, n°52, 3e trim. 1982 :
Colonisation,
histoire et engagement, où je m’exprimais de façon à éviter une censure politique) ,). Fort de ce que L.-J. Barbançon m’avait
appris, je fis d’ailleurs, en présence de l’un des auteurs, Maresca, au Kiwani’s, une mise au point à laquelle il
ne répondit pas, faute d’arguments. Le Kiwani’s club de Nouméa dont F. Otonari avait été le créateur et le président
avait changé d’esprit et lui était devenu favorable.
Tout le reste de l’ouvrage de
P. Maresca est de la même farine :
ainsi, comme je m’entretenais sur tout autre sujet avec ma
voisine Madame D. Ignatieff, celle-ci me fit part de son indignation à la
lecture de l’ouvrage en cause lorsqu’elle y apprit que sa parente, Madame
Duhamel, épouse d’un surveillant au pénitencier de Teremba, était une femme à la cuisse légère, alors qu’elle était
particulièrement sévère et de mœurs parfaitement honnêtes.
Bien plus tard, parlant avec
un professeur agrégé d’anglais, Thierry Folcher, j’appris qu’il avait hérité par
sa femme du manuscrit Limousin que
j’avais suivi et qu’après avoir lu le tissu de mensonges de Lacourrège et de
Maresca il eut la tentation de brûler le manuscrit comme écrit par un bagnard
mythomane. La réaction est typique de certains « Calédoniens ».
L’absence de preuves et le doute,
surtout pour des petits détails sans importance de sa biographie, doivent
toujours profiter à l’accusé Pour moi, Delfaut est un homme qui vaut n’importe
quel autre , pour reprendre les mots de Sartre à la fin des Mots.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire