lundi 13 juillet 2020

Où se trouve la terre des Phéaciens ?


              Où se trouve la terre des Phéaciens ?
L’historien grec Thucydide (VI, 2), sceptique, a écrit : « Cyclopes et Lestrygons, les vieux habitants, dit-on,  d’un canton de la terre ! Je n’en puis dire, ni la race, ni le pays d’où ils vinrent, ni celui où ils disparurent. Je renvoie le lecteur aux poètes et à la connaissance que chacun peut avoir de ces gens- là ! »  Toutefois, Thucydide s’est risqué à identifier la  Scheria des Phéaciens à Corcyre, aujourd’hui Corfou (1, 25,4), alors que le mot schéria en grec signifie seulement banc de sable continu . Mais la question homérique  a été modifiée de fond en comble depuis l’ouvrage génial de Felice Vinci (1995), Omero nel Baltico,  en traduction anglaise (2006) The Baltic origins of Homer’s epic tales, The Iliad,  the Odyssey, and the migration of myth. Eratosthène  (210 avant J.C. environ) avait raillé les contradictions de la géographie homérique appliquée en Méditerranée,  disant que «quiconque voudrait trouver les lieux visités par Ulysse devrait d’abord trouver le savetier qui fit les coutures du  sac de cuir où Eole enferma les vents. » . Il accusa Homère d’avoir placé dans des régions méditerranéennes des endroits et des situations qui ne pouvaient se trouver que dans l’extrême nord.
Je suis fier d’avoir élucidé dans mes blogs au moins certaines escales d’Ulysse, en particulier l’île de Circé aux Orcades (en m’inspirant des théories baltiques de Vinci), le passage concernant les Lestrygons entre la  Corse et la Sardaigne et, au chant XII,  les Roches errantes  (en réalité un haut menhir englouti  au large de la Sicile), et on verra si je fais mentir ou non Thucydide pour les Cyclopes ci-après, comme je l’ai fait pour ,les Lestrygons,  mais j’avais séché pour l’escale des Phéaciens, dont Homère dit , chant VI, vers 200 qq  : (c’est Nausicaa qui parle ) : «  Nous vivons à l’écart et les derniers des peuples , en cette mer des marées [ce n’est donc pas la Méditerranée], si loin que nul mortel n’a commerce avec nous. »
Où est située l’antique Tarsis ? S’agit-il de la Scheria de l’Odyssée, terre des Phéaciens  ?
Aujourd’hui, je reviens sur ce lieu mystérieux après avoir vu, dans une émission récente sur Arte consacrée à l’Atlantide, des fouilles sur la mystérieuse Tarsis de la Bible, Tarschich , en grec  Tarcissos  à l’embouchure du Guadalquivir, l’ancien Béotis. Corse, j’avais été frappé par la citation d’un évêque de Tarcissos au VI e siècle ap. J.-C, Tarcissos se révélant être Carghèse en Corse. Carghèse  vient en effet  de Tarcissos.  et ce fut peut-être un comptoir commercial phéacien, près d’une haute  falaise.
Avien (Ora maritima, vers 300 ap. J.-C)  cite un ancien Périple qui place Tartessos à l’embouchure du Baetis , et Scymnos dans sa Périégèsis ,  se référant à l’historien Ephoros (400-334 av. J.-C.) dit que Tartessos était à deux jours de navigation du détroit de Gibraltar actuel. Tartessos était à l’ouest de la mer Ligure, lacus Ligustinus.  Selon Jenssen , en 1922, un ancien port de mer se trouvait derrière l’île de Tartessos, à l’embouchure du fleuve et il s’est de plus en plus ensablé. A partior du VIe siècle av. J. –C ; en partant du bras suid-est. Ce lac était alors  navigable, en large communication avec la mer Atlantique, selon l’auteur du Périple. A l’époque romaine, il y avait encore une baie ouverte, mais moins étendue que précédemment. Aujourd’hui,à l’exception des profonds canaux du fleuve,  tout le bassin est rempli de vase jusqu’au-dessus du niveau des hautes mers. C’est seulement en temps de pluie que les surfaces se couvrent en partie d’eau.

  Dans l’Ancien Testament, examinons les passages d’Ezéchiel, 27, 5 : « (adressé à la ville de Tyr)Tu as commercé  avec Tarscisch et tu as apporté sur tes marchés toutes sortes de marchandises, de l’argent, du fer, du zinc et du plomb »  et des  Rois, 1,  10,  22 : le roi Salomon avait en mer des navires de Tarsis avec ceux de Hiram, et tous les trois ans arrivaient les navires de Tarsis, apportant de l’or (de la Côte de l’Or appelée Ufa, aujourd’hui Ife , bassin inférieur du Congo , région de Bussira, en avant du Bénin , p. .43), et de l’argent
(des environs de Tarsis), de l’ivoire, des singes et des paons ; telle est du moins la  traduction traditionnelle. Mais les paons sont originaires d’Inde et on les voit mal être importés de Tarsis à Jérusalem. D’autres traduisent par guenons (pithèkos au féminin) ou par autruches  (strouthos) ; enfin d’autres se fondent, non sur  l’hébreu thukkijjoim, paon, mais  sur une leçon voisine  donnée par Flavius Josèphe sukkijjim et qui désigne le esclaves  Ethiopiens noirs ; il y avait en effet une autre Ethiopie, celle de l’Afrique  de l’ouest  , qui fournissait des esclaves noirs Ces « Ethiopiens »,  ou plutôt Nigériens, selon Frobenius, portaient un tatouage frontal en forme de cercle.  Leurs maîtres s’appelaient les Cyclopes par allusion au tatouage d’un «  œil » frontal et les Phéaciens bataillèrent contre eux en Hypérie, c’est-à-dire en  Ibérie, - en Espagne. A  la suite de leurs démêlés, ils préférèrent s’expatrier sur la terre des Phéaciens.

Deux indices principaux  pour l’identification de Tarsis et de la terre des Phéaciens.
1 Ulysse , nageant à son  arrivée  sur la côte des Phéaciens,  est prisonnier d’un mascaret, phénomène inconnu en Méditerranée, mais qui est marquant à l’embouchure du Guadalquivir dont  le fort courant  rencontre la marée montante de l’océan Atlantique.
2 La pétrification par Poseidôn, l’ennemi d’Ulysse, du navire des Phéaciens en rocher pour les punir les Phéaciens d’avoir transporté Ulysse jusque chez lui à Ithaque et la création , dans le cadre de l’ensablement du port,de hautes dunes autour de la terre des Phéaciens-Tarrtessos.. J’interprète  le mot montagne par montagne de sable, haute dune  ,au  chant XII, vers 178 sqq. , et je  traduis ainsi : « le dieu Poseidôn , qui avait immobilisé sur un rocher le navire des Phéaciens ensablé  au fond de la mer  couvrirait le bourg de  grandes dunes qui l’encercleront . » Dans l’émission sur Arte que j’ai citée, on voit la fouille (même si le chercheur imagine qu’il s’agit d’une nef noyée dans la catastrophe de l’Atlantide, ce qui n’est pas mon cas) déboucher sur un pétroglyphe représentant un bateau ensablée. La catastrophe prêtée à Poseidôn et   qui a scellé le sort de Tarsis est un ensablement progressif. Tel dut aussi être le sort de l‘Atlas marocain que  Persée aurait pétrifié en rocher, puis en montagne,  en lui présentant la tête de Méduse. Hérodote, IV, 184, est le premier à  nous parler d’Atlas  comme d’une montagne située en Afrique du Nord.
Les deux Atlas et l’étymologie de Tarsis.
On oublie trop souvent que Atlas est le  fils de Japet , et donc différent , en principe, du Atlas,  le héros éponyme de l’Atlantide, l’Atlantique , l’Adriatique , qui , lui, est le fils de Poseidôn et de Clitô , et qui a pour fils Nausithoos  et pour petit-fils Alcinoos, roi des Phéaciens, avec son épouse et sœur Arétè, dont le nom est indo-européen et vient du mot signifiant sœur : grec oar, latin  soror , sanskrit svesar  .
Il a dû y avoir très tôt confusion chez les mythographes, ce qui explique qu’on localise le premier Atlas chez les Hespérides, donc dans l’Extrême-Occident , ou chez les Hyperboréens (de ibères) ; de plus , le mythe  quile condamne à soutenir sur ses épaules la voûte céleste et l’intervention momentanée d’Héraklès est peut-être lié à cette histoire de rocher et de  montagne ; en tout cas , le roi des Phéaciens, Alcinoos, est le petit-fils d’un Atlas , fils de Poseidôn, et de lui vient le nom de Tarsis, de
(a)tl voyelle donnant al ou adr , soit tar adr + suffixe sicos, donnant shisch , soit Hadrian ou Atlant-.
Autres étymologies : Phéaciens,Palacio,  Baetis, Schéria.
Phéaciens, grec Phaiakes, vient du mot que nous connaissons sous la forme basque, de paisakes,  comme le nom de la cité actuelle à l’intérieur des terres près de l’embouchure du Baetis, appelée Palacio, de p(h)aiakio(s)..
Le nom de Baeitis ,le fleuve qui donne son nom à la Bétique,  vient de baiskis , basque.
  Quant à Schéria,le nom de l’île » des Phéaciens,  il est à rattacher au grec schéros , tertre ferme, continue (littéralement terre qui se continue, longée de côte), dans enscherô , d’une manière continue,et dans epischérô, sur une même ligne, à la suite l’un de l’autre, du verbe grec echô ,se tenir ensemble,  infinitif  scheîn,   racine segh, sanskrit sahate. J’interprète le nom de Schéria comme s’appliquant à une île  stabilisée , une langue de terre  sablonneuse ou marécageuse composée originellement de plusieurs bancs de sable agglutinés au fil du temps et devenus fermes et stables. De là aussi l’erreur de Thucydide se fiant à une autre ïle Schéria  près de l’actuelle Corfou, anciennement Corcyre.La ville de l’antiquité  peut se trouver enfouie à plusieurs kilomètres plus loin que le pétroglyphe au bateau phéacien retrouvé dans le marais de Bonanza(cf. le sort d’Aigues-Mortes la bien nommée).
Les colonnes d’Hercule, Gadeirides pulai en grec, les portes de Gadeires, en grec pluriel Gadeira, ville de Bétique aujourd’hui appelée Cadix (à rapprocher sur le plan de l‘étymologie des noms africains Agadir et  aussi île de la même côte.
Sur cette île, dite île de Gadès,  ou aujourd’hui de Santipetri, à 18 kilomètres de Cadix,  écoutons Netolitzky(1923) : « il ne peut y avoir aucun doute sur l’endroit où était le célèbre temple d’Héraklès cité par Srabon [devenu celui de Melkart ,après l’installation vers 1100 av. J .-C. des  Phéniciens] de Gadès. Il se trouvait à 12 milles (18 kilomètres) de la ville de Gadès, à l’extrémité sud-ouest de l’île de Gadès, près du bras de mer qui la sépare du continent. » Telle est l’origine du toponyme de Colonnes (du Temple ) d’Hercule qu’on continua à employer alors que les colonnes du temple avaient disparu et que Hertcule avait cédé la place à Melkart, pour désigner la fin du monde connu des Anciens. Ce sont les Gadeirides pulai (les Portes de Gadès) et le Gadeiraios  porthmos qui constituaient le détroit actuel de Gibraltar.

Quelques milliers d’années plus tard...le port  de Cadix , à 18 kms de  l’embouchure du fleuvre.

Interrogeons Internet : Cadix se situe à environ 30 kilomètres au sud-sud-ouest de l'embouchure du Guadalquivir [où se trouvait Tarsis]. Cadix est bâtie sur un rocher relié au continent par une chaussée étroite et au bord d'une baie ouvrant sur l'océan Atlantique. C'est un port de pêche, de voyageurs et possédant des fortifications militaires. C'est de là que partent les navires vers les îles Canaries, l'Afrique et l'Amérique du Sud. Un pont de 3 400 mètres, construit en 1969, enjambe la baie.

Origine du toponyme de Cadix.

Gádir , en berbère et en phénicien,   signifie littéralement « château » ou « forteresse », qui trouve son équivalent dans agadir, terme fréquent en Afrique du Nord, avec par exemple Agadir au Maroc. De nos jours, pour les berbères, agadir signifie « grenier » ou « forteresse ».Il ne faut pas confondre ce mot, semble-t-il, avec gadeirikos chez Platon,  Critias, 114b, venant d’un frère jumeau d’Atlas , le héros éponyme de l’Atlantide, donc fils de Poseidôn, dieu de la mer. Le nom de Calypsô, qu’on localise  traditionnellement au détroit de Gibraltar, une fille d’Atlas le héros éponyme de l’Atlantide,  vient peut-être de gadiro et on peut la situer sur cette île de
 Gadès, qui  devrait à la déesse son  nom,  ou aujourd’hui de Santipetri, à 18 kilomètres de Cadix. Selon Netolitzky(1923) : « il ne peut y avoir aucun doute sur l’endroit où était le célèbre temple d’Héraklès [devenu celui de Melkart ,après l’installation vers 1100 av. J .-C. des  Phéniciens] de Gadès. Il se trouvait à 12 milles (18 kilomètres) de la ville de Gadès, à l’extrémité sud-ouest de l’île de Gadès, près du bras de mer qui la sépare du continent. »Le jardin de Calypsô était celui des Hespérides et riches en Pommes d’or, les oranges,-des tangerines peut-être, que Héraklès réussit à cueillir..
Aujourd'hui le nom de la ville se dit : Gaddirr en phénicien, génitif gaddiris,  Gádeira en grec, pluriel Gades ou Gadis en latin, Qādis (قادس') en arabe, Cádiz en espagnol.
Les reliques de Tarsis.
D’abord , il y a l’écriture tartessienne, qui ressemble à des runes et aux caractères de certaines monnaies hispaniques (comme aux signes trouvés à Glozel) dont parlait Strabon, qu’on ne sait déchiffrer, telle qu’elle apparaît , par exemple, sur une bague trouvée à Tartessos en 1923 par Schulten dans un village de pêcheurs aux maisons construites en pierres à l’encontre de ce que l’on constate ordinairement dans la région (reproduction de ces caractères inconnus sur une bague, p.69, dans Bessmertny , L’Atlantide, Payot, 1949,  d’après Hennig, Terres mystérieuses, Munich). On trouva aussi un joli marbre sculpté venant des Phéaciens dans ce village (p. 77, dans Bessmertny, op. cit.).
A propos de Glozel, les archéologues  bien-pensants accusent les trouvailles de faux , parce que pour eux l’écriture doit être une invention de l’orient, des Phéniciens notamment.
Ensuite il y a la boussole inventée par Tartessos. L’Odyssée  La Vie d ’Apollonios de Tyane de Philostrate, la Pléiade, p  1135, III, ch. 46, nous montrent
que ce ne sont pas les Chinois qui ont inventé la boussole . Les grecs appelaient cette pierre magnétique la pantarbe,étymologiquement celle qui tremble devant tout objet et Anatole Bailly dans son Dictionnaire la qualifie de « sorte de pierre précieuse » !  avec les auteurs qui ont utilisé le nom : Ctès.  (Ctésias de Cnide, historien du 5e siècle av. J. C. ,  p ;265, Bahr, édition de C ; Muller dans Hérodote,1844, Didot ; Hld (Héliodore d’ Ephèse, les Ethiopiques ) 8,10 (référence fausse) : Philostrate ,133, etc.. Voici dans la Pléiade un court extrait :  (Apollonios avait demandé si  ce caillou qui se comportait comme un aimant (en grec Hérakleia , citée par Platon dans le Timée ,  80 et dans Ion 533 d , mais se dit plus tard Magnèsia lithos, Hpc Hippocrate de Cos 543,28, Porph., Théocrite 22,79 et Orph.Lith.302) existait bien et son interlocuteur lui répond : «  quant à la pierre qui  attire et s’attache d’autres pierres, tu ne dois pas être sceptique, car tu peux voir toi-même cette pierre et admirer toutes ses propriétés ;Elle atteint , au plus, environ la grandeur de ce doigt (et il montrait son pouce), et elle est conçue dans un creux de la terre, à une profondeur de 7 m  environ. … . Après quoi  il me montra cette pierre ainsi que ses propriétés » Nous sommes en Inde. »,
Le mystérieux guidage des navires phéaciens.
« Une question intrigante, écrit Vinci, p. 275, dans Les origines baltiques des contes homériques, trad. anglaise,   que Alcinoos, le roi des Phéaciens, pose à Ulysse  contient la clé concernant un outil qui a rendu les longs voyages à travers l’océan possibles, le compas nautique ». (Odyssée, chant VIII, vers 555-563) :
 «  Dis-moi quels sont  ton pays, ton peuple, ta ville, pour que nos bateaux, guidés ( tituskomenai , littéralement orientés  ) grâce à un organe qui palpite
 (  phresi , datif singulier  après un participe médio- passif comme complément d’agent inanimé, du datif  phrunasi,   d’un  verbe signifiant  mouvoir , remuer,palpiter,  cf . grec sphuxis, ,[de sphurksi] ,  pouls, pulsation cœur, respiration du poumon,  latin  pulsus,[de sphurks-i] ; faut-il corriger en datif sphuxei , une respiration,  par un pouls , par un cœur ?  En tout cas, le mot ne voient pas du grec phrèn au sens d‘esprit, de  pensée] t’y ramènent [ glose interpolée par un scoliaste qui a cru que les nefs phéaciennes  étaient des  nefs magiques et n’a pas compris la nature de l’aiguille magnétique :En effet , les Phéaciens n’ont  ni  les pilotes ni les gouvernails que possèdent les autres navires ; ] nos aiguilles [non pas naues, vaisseaux, mais à corriger, soit  en gnômones, aiguilles de cadran solaire, qui a d’ailleurs subi l’attraction de gignoskô au sens causatif de faire connaître (l’heure) mais qui est aussi à rattacher à la racine nev –ou nav- ,a   u vocalisme o,  celle qui palpite, qui , bouge, soit,  au vocalisme o,  noves, de neuô,, faire un signe de tête, mouvoir , remuer, cf. sanskrit nauti, navate, latin nutus, numen , adnuo  ou annuo ,  non de  novèma, mouvement, ci-dessous   et ne signifiant pas pensée) d’elles--mêmes ( autai ) , préviennent  (isasi,  de oida, savoir, connaissent , les  pensées et les intentions des hommes , elles pointent  (par haplologie isasin  fautif, à corriger en ieisi de hièmi, se diriger vers)   vers les cités , vers les  champs fertiles  de tous les peuples,  et les navires font voile à travers les abîmes de la mer , très vite. Même recouverts par  la brume et les nuages (kai eéri[te] nephelei kekalymménai), ils ne craignent jamais de  souffrir quelque dommage que ce soit ou de se perdre. »
Traduction de Bérard, p. 132  : « Dis-nous quelle est ta terre et ton peuple et ta ville, où devront te porter nos vaisseaux phéaciens qui, doués de raison (sic),voguent sans le pilote et sans le gouvernail qu’ont les autres navires ; ils savent deviner, d’eux-mêmes, les désirs et les pensées des hommes ; connaissant les cités  et les grasses campagnes du monde tout entier, ils font leurs traversées sur le gouffre des mers, sans craindre ni la moindre avarie ni la perte dans les brumes et les nuées qui les recouvrent » .
Traduction de  Leconte de Lisle, p. 15 : « dis-moi aussi ta terre natale, ton peuple et ta ville, afin que nos nefs qui pensent t’y conduisent ; car elles n’ont point de pilotes, ni de gouvernails, comme les autres nefs, mais elles pensent comme les hommes, et elles connaissent les villes, et les champs fertiles de tous les hommes, et elles traversent  rapidement la mer, couvertes de brouillards et de nuées, sans jamais craindre d’être maltraitées ou de périr. »
« A première vue, continue F. Vinci,  nous pourrions penser  que le poète reproduit un mythe  qui rappelle plus ou moins les fabuleux bâtiments qui se retrouvent dans les légendes celtiques, ceux de saint Brandan par exemple, saint dont le nom est apparenté à celui du mystérieux phresi qui guide les nefs phéaciennes . Cependant, si nous laissons tomber les exagérations poétiques contenues dans  ces vers, ils semblent se référer à un « esprit » (mind dans la traduction anglaise que je suis)  qui  montre la route et  qui pilote les navires phéaciens lorsqu’ils sont dans le brouillard. Le mot phresi , -c’est l’ « esprit » qui guide les navires,- a une signification complexe, qui inclut le diaphragme et le cœur (sa racine est liée au sanskrit bhurati, qui signifie  mouvoir , remuer) .Le poète semble bien se référer à une sorte de boussole,-le secret des Phéaciens. Seuls les bateaux  équipés de cet instrument, qu’une mentalité archaïque  considérait comme magique, -ou mieux encore, comme un être animé, à cause du mouvement pendulaire de l’aiguille magnétique qui revient invariablement dans la direction du  nord, -faisaient voile  dans des conditions de très mauvaise visibilité, ainsi que le suggèrent les mots « recouverts de brouillard ».
« De façon encore plus vague et plus elliptique, le poète semble à nouveau se référer à cet « esprit » quand il décrit, Odyssée, chant VII, vers 34-36,  la façon dont les Phéaciens « comptant sur la célérité de leur rapides vaisseaux,   traversent l’abysse immense (méga laitma)[ de l’Océan atlantique, que leur a donné Poseidôn l’Ebranleur de la terre pour qu’ils le fassent traverser.]  Leurs vaisseaux sont aussi rapides qu’un battement d’ailes (hendiadyn incompris  :  battement et aile ; nouèma , battement, du verbe neuô au vocalisme o, faire un signe de tête, mouvoir , remuer ,  non de noèma, pensée , voir ci-dessus noves  ). »
Bérard, p. 106 : « Nous mettons nos espoirs  en nos croiseurs rapides ; car l’Ebranleur du sol a concédé le grand abîme à nos passeurs : nos vaisseaux sont plus prompts que l’aile ou la pensée ».
Leconte de Lisle : « Confiant dans leurs nefs légères et rapides, ils traversent  les grandes eaux, et Celui qui ébranle la terre leur a donné des nefs rapides comme l’aile  des oiseaux et comme la pensée »
Nous rappelant que les Chinois utilisaient la boussole depuis des temps immémoriaux,  nous pouvons envisager les Phéaciens, «  ces fameux navigateurs » (Odyssée, 8,191 : nausiklytoi andres , comme s’aventurant à travers l’immense abyme de l’Océan Atlantique , guidés par un compas primitif , qui n’ était pas aussi perfectionné que le compas magnétique géant du Queen Mary.
Le secret d’Etat des Phéaciens, don précaire du dieu de la mer.
Phrèn, dorien phran, datif pluriel phrasin chez Pindare,  vient de phrnsi, avec un n voyelle  pouvant donner  a, ana, na, est un  nom de partie du corps, dit Chantraine. Est-ce le cœur, est-ce  les poumons ? C’est  en tout cas quelque chose qui palpite.  On peut en rapprocher, avec un o prothétique, le nom grec des sourcils, ophrus, sanskrit bhruh, de bhravu- , vieux slave bruvi ,  gaulois Brandan (de bhransa- ), nom du mystérieux chef des navigations fantastiques et désignant à l’origine la  boussole, l’aiguille magnétique.  Pourquoi la connaissance même  de cette aiguille a-t-elle  disparu ?
On peut invoquer l’épuisement de la mine, mais le plus vraisemblable est  le cataclysme dont parle Platon : en même temps que l’Atlantide, la mine a été engloutie ainsi que ceux qui en détenaient le secret commercial (voir mon blog à paraître sur l’Atlantide).
La boussole  était connue donc des Phéaciens, -exactement comme en -1300 le canal de Suez avait été creusé par Séthis Ier, mais les civilisations sont mortelles.
Enfin citons le fait qu’Aristophane dans Les Grenouilles , vers 475 , à une date où on n’a plus aucun commerce avec la ville, cite comme très appréciées de ses contemporains les murènes de Tartessos , gardant le souvenir d »’un apprêtement phéacien (s’agit-il d’une sauce au garum (nyok mam à base d’anchois fermentés et d’herbes aromatiques  comme le coriandre  fabriqué en Afrique du Nord à Néapolis et ailleurs) ?)
Les Cyclopes.
Felice Vinci , dans son génial The Baltic origins of Homer’s epic tales, the Iliad , the Odyssey and the nmigration of myth, traduction anglaise de 2006 (édition originale en italien, 1995) a rattaché, p. 53, les Cyclopes à une carte du 11e siècle d’un historien allemand, Adam Bremen  qui situe sur la côte nord de la Norvège une île des Cyclopes (insula Cyclopum) comme leur  premier lieu d’occupation selon lui ; de là ils passèrent vers le sud  sur la côte située au centre nord de la Norvège et arrivèrent à un fiord appelé Tosenfjorden , riche en grottes,et Vinci rapproche le nom de la nymphe mère de Polyphème Thoosa du nom de Tosenfjorden ; ils
 émigrèrent dans la région de Klepp d’où ils tirèrent leur nom de Kyklope.
De là ils passent en Angleterre,  en Ecosse et en
 Irlande , ils y fondent des cités , les troy towns ou Trojaburg (noms dérivés du verbe de moyen anglais throwen, draja en haut allemand, thruaian en gothique, troian en celtique  qui fait allusion à l’aspect circulaire de ces temples) ,  et des mégalithes comme ceux de Stonehedge consacrés à la fertilité agraire et au rendement des récoltes. Ils confirment par un tatouage frontal vert (qu’on retrouve chez les Pictes) cette croyance en la force magique de la  végétation .Comme ces grands navigateurs vont jusqu’en Afrique noire, ils ramènent des esclaves noirs qu’ils tatouent,  comme eux-mêmes, au front de plusieurs cercles pour affirmer leur propriété sur ceux-ci ; de là,  la transformation de leur nom de Klepp en  Cyclope, œil unique tatoué  en vert  au milieu de leur front. Esclaves, or  et singes viennent  de la Côte de l’Or appelée Ufa, aujourd’hui Ife,  dans le  bassin inférieur du Congo , région de Bussira, en avant du Bénin , selon Frobenius, dans Théogonie Atlantique, spécialiste de l’Afrique noire , avec des reproductions , p. 43, dans Bessmerty , L’Atlantide, Exposé des hypothèses relatives à l’énigme de l’Atlantide,Payot, 1949,  de ces tatouages sur des masques de  terres cuite, tant ceux qui furent trouvés en Méditerranée occidentale que et datés du premier siècle avant l’ère chrétienne que d’autres de même époque et provenant de l’ Ife,  ou encore de la région de Bussira, haut bassin du Congo.  Les  Cyclopes ont laissé en chemin vers l’Afrique noire , le Bénin et la Nigérie, des mégalithes au Sénégal (voir mon blog sur les traces des indo-européens dispersés dans le monde ancien) et en Afrique du Nord , où ils fondèrent la confrérie religieuse et artisanale  des Kabires  (forgerons) qui  a donné leur nom aux  Kabyles..
Les Cyclopes, sous le nom de basques,  ont passé par l’Ibérie  (l’Espagne et le Portugal), où ils ont laissé tant de mégalithes. Sur la côte du Portugal actuelle, ils sont entrés en conflit armé avec les Phéaciens et ont réussi à les chasser  jusqu’à ce que ceux-ci se réfugient sur l’île de Schéria,  à l’embouchure du fleuve Baetis. De l’Ibérie  ils ont essaimé dans toute l’Europe , laissant le souvenir de leurs murs cyclopéens .





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