Où
se trouve la terre des Phéaciens ?
L’historien grec Thucydide
(VI, 2), sceptique, a écrit : « Cyclopes
et Lestrygons, les vieux habitants, dit-on,
d’un canton de la terre ! Je n’en puis dire, ni la race, ni le pays
d’où ils vinrent, ni celui où ils disparurent. Je renvoie le lecteur aux poètes
et à la connaissance que chacun peut avoir de ces gens- là ! » Toutefois, Thucydide s’est risqué à identifier
la Scheria des Phéaciens à Corcyre,
aujourd’hui Corfou (1, 25,4), alors que le mot schéria en grec signifie seulement banc de sable continu . Mais la
question homérique a été modifiée de
fond en comble depuis l’ouvrage génial de Felice Vinci (1995), Omero nel Baltico, en traduction anglaise (2006) The Baltic origins of Homer’s epic tales, The
Iliad, the Odyssey, and the migration of
myth. Eratosthène (210 avant J.C.
environ) avait raillé les contradictions de la géographie homérique appliquée
en Méditerranée, disant
que «quiconque voudrait trouver les lieux visités par Ulysse devrait d’abord
trouver le savetier qui fit les coutures du
sac de cuir où Eole enferma les vents. » . Il accusa Homère d’avoir
placé dans des régions méditerranéennes
des endroits et des situations qui ne pouvaient se trouver que dans l’extrême
nord.
Je suis fier d’avoir élucidé dans
mes blogs au moins certaines escales d’Ulysse, en particulier l’île de Circé
aux Orcades (en m’inspirant des théories baltiques de Vinci), le passage
concernant les Lestrygons entre la Corse
et la Sardaigne et, au chant XII, les
Roches errantes (en réalité un haut
menhir englouti au large de la Sicile), et
on verra si je fais mentir ou non Thucydide pour les Cyclopes ci-après, comme
je l’ai fait pour ,les Lestrygons, mais
j’avais séché pour l’escale des Phéaciens,
dont Homère dit , chant VI, vers 200 qq : (c’est Nausicaa qui
parle ) : « Nous vivons à
l’écart et les derniers des peuples , en cette mer des marées [ce n’est donc
pas la Méditerranée], si loin que nul
mortel n’a commerce avec nous. »
Où est située l’antique Tarsis ? S’agit-il de
la Scheria de l’Odyssée, terre des Phéaciens ?
Aujourd’hui, je reviens sur
ce lieu mystérieux après avoir vu, dans une émission récente sur Arte consacrée
à l’Atlantide, des fouilles sur la mystérieuse Tarsis de la Bible, Tarschich
, en grec Tarcissos à l’embouchure du Guadalquivir, l’ancien
Béotis. Corse, j’avais été frappé
par la citation d’un évêque de Tarcissos
au VI e siècle ap. J.-C, Tarcissos se révélant être Carghèse en Corse. Carghèse vient en effet de Tarcissos.
et ce fut peut-être un comptoir
commercial phéacien, près d’une haute falaise.
Avien (Ora maritima, vers 300 ap. J.-C)
cite un ancien Périple qui
place Tartessos à l’embouchure du Baetis , et Scymnos dans sa Périégèsis , se référant à l’historien Ephoros (400-334
av. J.-C.) dit que Tartessos était à deux
jours de navigation du détroit de Gibraltar actuel. Tartessos était à
l’ouest de la mer Ligure, lacus Ligustinus.
Selon Jenssen , en 1922, un ancien port
de mer se trouvait derrière l’île de Tartessos, à l’embouchure du fleuve et il
s’est de plus en plus ensablé. A partior du VIe siècle av. J. –C ; en
partant du bras suid-est. Ce lac était alors
navigable, en large communication avec la mer Atlantique, selon l’auteur
du Périple. A l’époque romaine, il y
avait encore une baie ouverte, mais moins étendue que précédemment. Aujourd’hui,à l’exception des profonds
canaux du fleuve, tout le bassin est rempli
de vase jusqu’au-dessus du niveau des hautes mers. C’est seulement en temps de
pluie que les surfaces se couvrent en partie d’eau.
Dans l’Ancien
Testament, examinons les passages d’Ezéchiel,
27, 5 : « (adressé à la ville de Tyr)Tu as commercé avec Tarscisch et tu as apporté sur tes
marchés toutes sortes de marchandises, de l’argent, du fer, du zinc et du
plomb » et des Rois,
1, 10, 22 : le roi Salomon avait en mer des navires
de Tarsis avec ceux de Hiram, et tous les trois ans arrivaient les navires de
Tarsis, apportant de l’or (de la Côte de
l’Or appelée Ufa, aujourd’hui Ife , bassin inférieur du Congo ,
région de Bussira, en avant du Bénin , p. .43), et de l’argent
(des environs de Tarsis), de
l’ivoire, des singes et des paons ;
telle est du moins la traduction
traditionnelle. Mais les paons sont originaires d’Inde et on les voit mal être
importés de Tarsis à Jérusalem. D’autres traduisent par guenons (pithèkos au
féminin) ou par autruches (strouthos)
; enfin d’autres se fondent, non sur
l’hébreu thukkijjoim, paon,
mais sur une leçon voisine donnée par Flavius Josèphe sukkijjim et qui désigne le esclaves Ethiopiens noirs ; il y avait en effet une autre
Ethiopie, celle de l’Afrique de l’ouest , qui fournissait des esclaves noirs Ces « Ethiopiens »,
ou plutôt Nigériens, selon Frobenius,
portaient un tatouage frontal en forme de cercle. Leurs maîtres s’appelaient les Cyclopes par allusion au tatouage d’un
« œil » frontal et les Phéaciens bataillèrent contre eux en Hypérie, c’est-à-dire en Ibérie,
- en Espagne. A la suite de leurs
démêlés, ils préférèrent s’expatrier sur la terre des Phéaciens.
Deux indices principaux pour l’identification de Tarsis et de la terre
des Phéaciens.
1 Ulysse , nageant à son arrivée
sur la côte des Phéaciens, est
prisonnier d’un mascaret, phénomène inconnu en Méditerranée, mais qui est
marquant à l’embouchure du Guadalquivir dont le fort courant rencontre la marée montante de l’océan
Atlantique.
2 La pétrification par Poseidôn, l’ennemi d’Ulysse, du navire des
Phéaciens en rocher pour les punir les Phéaciens d’avoir transporté Ulysse jusque
chez lui à Ithaque et la création , dans le cadre de l’ensablement du port,de
hautes dunes autour de la terre des Phéaciens-Tarrtessos.. J’interprète le mot montagne
par montagne de sable, haute dune ,au chant XII, vers
178 sqq. , et je traduis ainsi :
« le dieu Poseidôn , qui avait immobilisé sur un rocher le navire des Phéaciens ensablé au fond de la mer couvrirait le bourg de grandes dunes qui
l’encercleront . » Dans l’émission sur Arte que j’ai citée, on voit la
fouille (même si le chercheur imagine qu’il s’agit d’une nef noyée dans la
catastrophe de l’Atlantide, ce qui n’est pas mon cas) déboucher sur un pétroglyphe représentant un bateau
ensablée. La catastrophe prêtée à Poseidôn et
qui a scellé le sort de Tarsis est un ensablement progressif. Tel
dut aussi être le sort de l‘Atlas marocain que
Persée aurait pétrifié en rocher, puis en montagne, en lui présentant la tête de Méduse. Hérodote,
IV, 184, est le premier à nous parler
d’Atlas comme d’une montagne située en
Afrique du Nord.
Les deux Atlas et l’étymologie de Tarsis.
On oublie trop souvent que Atlas est le fils de Japet , et donc
différent , en principe, du Atlas, le
héros éponyme de l’Atlantide, l’Atlantique , l’Adriatique , qui , lui, est le
fils de Poseidôn et de Clitô , et qui a pour fils Nausithoos et pour petit-fils Alcinoos, roi des Phéaciens,
avec son épouse et sœur Arétè, dont le nom est indo-européen et vient du mot
signifiant sœur : grec oar, latin soror ,
sanskrit svesar .
Il a dû y avoir très tôt
confusion chez les mythographes, ce qui explique qu’on localise le premier
Atlas chez les Hespérides, donc dans l’Extrême-Occident , ou chez les
Hyperboréens (de ibères) ; de
plus , le mythe quile condamne à
soutenir sur ses épaules la voûte céleste et l’intervention momentanée
d’Héraklès est peut-être lié à cette
histoire de rocher et de montagne ;
en tout cas , le roi des Phéaciens, Alcinoos, est le petit-fils d’un Atlas , fils de Poseidôn, et de lui
vient le nom de Tarsis, de
(a)tl voyelle donnant al ou adr , soit tar adr + suffixe
sicos, donnant shisch , soit Hadrian ou Atlant-.
Autres étymologies : Phéaciens,Palacio, Baetis, Schéria.
Phéaciens, grec Phaiakes, vient du mot que nous
connaissons sous la forme basque, de
paisakes, comme le nom de la cité actuelle à
l’intérieur des terres près de l’embouchure du Baetis, appelée Palacio, de p(h)aiakio(s)..
Le nom de Baeitis ,le fleuve qui donne son nom à la Bétique, vient de baiskis
, basque.
Quant à Schéria,le nom de l’île » des Phéaciens, il est à rattacher au grec
schéros , tertre ferme, continue (littéralement
terre qui se continue, longée de côte), dans enscherô , d’une manière continue,et dans epischérô, sur
une même ligne, à la suite l’un de l’autre, du verbe grec echô ,se tenir ensemble, infinitif scheîn, racine segh, sanskrit sahate.
J’interprète le nom de Schéria comme s’appliquant à une île stabilisée , une langue de terre sablonneuse ou marécageuse composée
originellement de plusieurs bancs de sable agglutinés au fil du temps et devenus fermes et stables. De là aussi
l’erreur de Thucydide se fiant à une autre ïle
Schéria près de l’actuelle Corfou,
anciennement Corcyre.La ville de
l’antiquité peut se trouver enfouie à
plusieurs kilomètres plus loin que le pétroglyphe au bateau phéacien retrouvé
dans le marais de Bonanza(cf. le sort d’Aigues-Mortes
la bien nommée).
Les colonnes d’Hercule, Gadeirides
pulai en grec, les portes de Gadeires, en grec pluriel Gadeira, ville de Bétique aujourd’hui appelée Cadix (à rapprocher sur le plan de l‘étymologie des noms africains Agadir et aussi île de la même côte.
Sur cette île, dite île de Gadès,
ou aujourd’hui de Santipetri,
à 18 kilomètres de Cadix, écoutons
Netolitzky(1923) : « il ne peut y avoir aucun doute sur l’endroit où
était le célèbre temple d’Héraklès cité
par Srabon [devenu celui de Melkart ,après l’installation vers 1100 av.
J .-C. des Phéniciens] de Gadès. Il
se trouvait à 12 milles (18 kilomètres) de la ville de Gadès, à l’extrémité sud-ouest de l’île de Gadès,
près du bras de mer qui la sépare du continent. » Telle est l’origine du
toponyme de Colonnes (du Temple ) d’Hercule
qu’on continua à employer alors que les colonnes du temple avaient disparu et
que Hertcule avait cédé la place à Melkart, pour désigner la fin du monde connu
des Anciens. Ce sont les Gadeirides pulai
(les Portes de Gadès) et le Gadeiraios porthmos qui constituaient le détroit actuel de Gibraltar.
Quelques milliers d’années plus tard...le port de Cadix , à 18 kms de l’embouchure du fleuvre.
Origine du toponyme de Cadix.
Gádir , en berbère et en phénicien, signifie littéralement « château »
ou « forteresse », qui
trouve son équivalent dans agadir, terme fréquent en Afrique
du Nord, avec par exemple Agadir
au Maroc.
De nos jours, pour les berbères, agadir
signifie « grenier » ou « forteresse ».Il ne faut pas
confondre ce mot, semble-t-il, avec gadeirikos
chez Platon, Critias, 114b, venant d’un frère jumeau d’Atlas , le héros éponyme
de l’Atlantide, donc fils de Poseidôn, dieu de la mer. Le nom de Calypsô, qu’on localise traditionnellement au détroit de Gibraltar,
une fille d’Atlas le héros éponyme de l’Atlantide, vient peut-être de gadiro et on peut la situer sur cette île de
Gadès, qui devrait à la déesse son nom,
ou aujourd’hui de Santipetri,
à 18 kilomètres de Cadix. Selon Netolitzky(1923) : « il ne peut y
avoir aucun doute sur l’endroit où était le célèbre temple d’Héraklès [devenu celui de Melkart ,après l’installation
vers 1100 av. J .-C. des
Phéniciens] de Gadès. Il se trouvait à 12 milles (18 kilomètres) de la
ville de Gadès, à l’extrémité sud-ouest
de l’île de Gadès, près du bras de mer qui la sépare du continent. »Le
jardin de Calypsô était celui des Hespérides et riches en Pommes d’or, les
oranges,-des tangerines peut-être, que Héraklès réussit à cueillir..Aujourd'hui le nom de la ville se dit : Gaddirr en phénicien, génitif gaddiris, Gádeira en grec, pluriel Gades ou Gadis en latin, Qādis (قادس') en arabe, Cádiz en espagnol.
Les reliques de Tarsis.
D’abord , il y a l’écriture tartessienne, qui ressemble à des runes et aux caractères de certaines monnaies hispaniques (comme aux signes trouvés à Glozel) dont parlait Strabon, qu’on ne sait déchiffrer, telle qu’elle apparaît , par exemple, sur une bague trouvée à Tartessos en 1923 par Schulten dans un village de pêcheurs aux maisons construites en pierres à l’encontre de ce que l’on constate ordinairement dans la région (reproduction de ces caractères inconnus sur une bague, p.69, dans Bessmertny , L’Atlantide, Payot, 1949, d’après Hennig, Terres mystérieuses, Munich). On trouva aussi un joli marbre sculpté venant des Phéaciens dans ce village (p. 77, dans Bessmertny, op. cit.).
A propos de Glozel, les archéologues bien-pensants accusent les trouvailles de faux , parce que pour eux l’écriture doit être une invention de l’orient, des Phéniciens notamment.
Ensuite il y a la boussole
inventée par Tartessos. L’Odyssée La Vie
d ’Apollonios de Tyane de Philostrate, la Pléiade, p 1135, III,
ch. 46, nous montrent
que ce ne sont pas les
Chinois qui ont inventé la boussole . Les grecs appelaient cette pierre
magnétique la pantarbe,étymologiquement
celle qui tremble devant tout objet et Anatole Bailly dans son Dictionnaire la qualifie de « sorte de pierre précieuse » ! avec les auteurs qui ont utilisé le
nom : Ctès. (Ctésias de Cnide, historien du 5e siècle av. J. C. , p ;265, Bahr, édition de C ; Muller dans Hérodote,1844, Didot ; Hld (Héliodore d’ Ephèse, les Ethiopiques ) 8,10 (référence fausse) :
Philostrate ,133, etc.. Voici dans la Pléiade un court extrait : (Apollonios avait demandé si ce caillou qui se comportait comme un aimant
(en grec Hérakleia , citée par Platon
dans le Timée , 80 et dans
Ion 533 d , mais se dit plus tard Magnèsia
lithos, Hpc Hippocrate de Cos 543,28, Porph., Théocrite 22,79 et Orph.Lith.302)
existait bien et son interlocuteur lui répond : « quant à la
pierre qui attire et s’attache d’autres
pierres, tu ne dois pas être sceptique, car tu peux voir toi-même cette pierre
et admirer toutes ses propriétés ;Elle atteint , au plus, environ la
grandeur de ce doigt (et il montrait son pouce), et elle est conçue dans un
creux de la terre, à une profondeur de 7 m environ. … . Après quoi il me montra cette pierre ainsi que ses
propriétés » Nous sommes en Inde. »,
Le mystérieux guidage des navires phéaciens.
« Une question
intrigante, écrit Vinci, p. 275, dans Les
origines baltiques des contes homériques, trad. anglaise, que Alcinoos, le roi des Phéaciens, pose à
Ulysse contient la clé concernant un
outil qui a rendu les longs voyages à travers l’océan possibles, le compas nautique ». (Odyssée, chant VIII, vers 555-563) :
« Dis-moi quels sont ton pays, ton peuple, ta ville, pour que nos bateaux, guidés ( tituskomenai , littéralement
orientés ) grâce à un organe qui
palpite
( phresi , datif singulier après un participe médio- passif comme
complément d’agent inanimé, du datif phrunasi, d’un
verbe signifiant mouvoir ,
remuer,palpiter, cf . grec sphuxis, ,[de sphurksi] , pouls, pulsation
cœur, respiration du poumon, latin pulsus,[de sphurks-i] ; faut-il corriger en datif sphuxei , une respiration, par un pouls , par un cœur ? En tout cas, le mot ne voient
pas du grec phrèn au sens d‘esprit,
de pensée] t’y ramènent [ glose interpolée par un scoliaste qui a cru que les
nefs phéaciennes étaient des nefs magiques et n’a pas compris la nature de
l’aiguille magnétique :En effet , les Phéaciens n’ont ni les
pilotes ni les gouvernails que possèdent les autres navires ; ] nos
aiguilles [non pas naues, vaisseaux,
mais à corriger, soit en gnômones, aiguilles de cadran solaire,
qui a d’ailleurs subi l’attraction de
gignoskô au sens causatif de faire connaître (l’heure) mais qui est aussi à
rattacher à la racine nev –ou nav- ,a u
vocalisme o, celle qui palpite, qui , bouge, soit, au vocalisme o, noves,
de neuô,, faire un signe de tête,
mouvoir , remuer, cf. sanskrit nauti, navate, latin nutus, numen , adnuo
ou annuo , non de novèma,
mouvement, ci-dessous et ne signifiant
pas pensée) d’elles--mêmes ( autai ) , préviennent (isasi, de oida, savoir, connaissent , les pensées et les intentions des hommes , elles
pointent (par haplologie isasin fautif, à corriger
en ieisi de hièmi, se diriger vers) vers
les cités , vers les champs fertiles de tous les peuples, et les navires font voile à travers les
abîmes de la mer , très vite. Même recouverts par la brume et les nuages (kai eéri[te] nephelei kekalymménai), ils ne craignent jamais de
souffrir quelque dommage que ce soit ou de se perdre. »
Traduction de Bérard, p. 132
: « Dis-nous quelle est ta terre et ton peuple et ta ville, où
devront te porter nos vaisseaux phéaciens qui, doués de raison (sic),voguent sans le pilote et sans le gouvernail qu’ont
les autres navires ; ils savent deviner, d’eux-mêmes, les désirs et les
pensées des hommes ; connaissant les cités
et les grasses campagnes du monde tout entier, ils font leurs traversées
sur le gouffre des mers, sans craindre ni la moindre avarie ni la perte dans
les brumes et les nuées qui les recouvrent » .
Traduction de Leconte de Lisle, p. 15 : « dis-moi
aussi ta terre natale, ton peuple et ta ville, afin que nos nefs qui pensent t’y conduisent ; car elles n’ont point de pilotes, ni
de gouvernails, comme les autres nefs, mais elles pensent comme les hommes, et elles connaissent les villes, et les
champs fertiles de tous les hommes, et elles traversent rapidement la mer, couvertes de brouillards
et de nuées, sans jamais craindre d’être maltraitées ou de périr. »
« A première vue,
continue F. Vinci, nous pourrions
penser que le poète reproduit un
mythe qui rappelle plus ou moins les
fabuleux bâtiments qui se retrouvent dans les légendes celtiques, ceux de saint
Brandan par exemple, saint dont le nom est apparenté à celui du mystérieux phresi qui guide les nefs
phéaciennes . Cependant, si nous laissons tomber les exagérations
poétiques contenues dans ces vers, ils
semblent se référer à un « esprit » (mind dans la traduction anglaise que je suis) qui montre la route et qui pilote les navires phéaciens lorsqu’ils
sont dans le brouillard. Le mot phresi
, -c’est l’ « esprit »
qui guide les navires,- a une signification complexe, qui inclut le diaphragme
et le cœur (sa racine est liée au sanskrit bhurati,
qui signifie mouvoir , remuer) .Le poète
semble bien se référer à une sorte de boussole,-le
secret des Phéaciens. Seuls les bateaux
équipés de cet instrument, qu’une
mentalité archaïque considérait comme
magique, -ou mieux encore, comme un être animé, à cause du mouvement pendulaire
de l’aiguille magnétique qui revient invariablement dans la direction du nord, -faisaient voile dans des conditions de très mauvaise
visibilité, ainsi que le suggèrent les mots « recouverts de
brouillard ».
« De façon encore plus
vague et plus elliptique, le poète semble à nouveau se référer à cet « esprit » quand il décrit, Odyssée, chant VII, vers 34-36, la façon dont les Phéaciens « comptant
sur la célérité de leur rapides vaisseaux,
traversent l’abysse immense (méga
laitma)[ de l’Océan atlantique, que leur a donné Poseidôn l’Ebranleur de la
terre pour qu’ils le fassent traverser.]
Leurs vaisseaux sont aussi rapides qu’un battement d’ailes (hendiadyn incompris : battement et aile ; nouèma , battement, du verbe neuô
au vocalisme o, faire un signe de
tête, mouvoir , remuer , non de noèma,
pensée , voir ci-dessus noves ). »
Bérard, p. 106 :
« Nous mettons nos espoirs en nos
croiseurs rapides ; car l’Ebranleur du sol a concédé le grand abîme à nos
passeurs : nos vaisseaux sont plus prompts que l’aile ou la pensée ».
Leconte de Lisle :
« Confiant dans leurs nefs légères et rapides, ils traversent les grandes eaux, et Celui qui ébranle la
terre leur a donné des nefs rapides comme l’aile des oiseaux et comme la pensée »
Nous rappelant que les
Chinois utilisaient la boussole depuis des temps immémoriaux, nous pouvons envisager les
Phéaciens, « ces fameux navigateurs » (Odyssée, 8,191 : nausiklytoi
andres , comme s’aventurant à travers l’immense abyme de l’Océan Atlantique
, guidés par un compas primitif , qui n’ était pas aussi perfectionné
que le compas magnétique géant du Queen
Mary.
Le secret d’Etat des Phéaciens, don précaire du dieu
de la mer.
Phrèn,
dorien phran, datif pluriel phrasin chez Pindare, vient de phrnsi,
avec un n voyelle pouvant donner a,
ana, na, est un nom de partie du corps, dit Chantraine.
Est-ce le cœur, est-ce les
poumons ? C’est en tout cas quelque
chose qui palpite. On peut en
rapprocher, avec un o prothétique, le
nom grec des sourcils, ophrus,
sanskrit bhruh, de bhravu- , vieux slave bruvi ,
gaulois Brandan (de bhransa-
), nom du mystérieux chef des navigations fantastiques et désignant à l’origine
la boussole, l’aiguille magnétique. Pourquoi la connaissance même de cette aiguille a-t-elle disparu ?
On peut invoquer l’épuisement
de la mine, mais le plus vraisemblable est
le cataclysme dont parle Platon : en même temps que l’Atlantide, la
mine a été engloutie ainsi que ceux qui en détenaient le secret commercial
(voir mon blog à paraître sur l’Atlantide).
La boussole était connue donc des Phéaciens, -exactement
comme en -1300 le canal de Suez avait été creusé par Séthis Ier, mais les
civilisations sont mortelles.
Enfin citons le fait qu’Aristophane dans Les Grenouilles , vers 475 , à une date
où on n’a plus aucun commerce avec la ville, cite comme très appréciées de ses
contemporains les murènes de Tartessos , gardant le souvenir d »’un
apprêtement phéacien (s’agit-il d’une sauce
au garum (nyok mam à base d’anchois fermentés et d’herbes aromatiques comme le coriandre fabriqué en Afrique du Nord à Néapolis et ailleurs)
?)Les Cyclopes.
Felice Vinci , dans son génial The
Baltic origins of Homer’s epic tales, the Iliad , the Odyssey and the
nmigration of myth, traduction anglaise de 2006 (édition originale en
italien, 1995) a rattaché, p. 53, les Cyclopes à une carte du 11e
siècle d’un historien allemand, Adam Bremen qui situe sur la côte nord de la Norvège une île des Cyclopes (insula Cyclopum) comme leur
premier lieu d’occupation selon lui ; de là ils passèrent vers le
sud sur la côte située au centre nord de
la Norvège et arrivèrent à un fiord appelé Tosenfjorden
, riche en grottes,et Vinci rapproche le nom de la nymphe mère de Polyphème Thoosa du nom de Tosenfjorden ; ils
émigrèrent dans la région de Klepp d’où ils tirèrent leur nom de Kyklope.
De là ils passent en
Angleterre, en Ecosse et en
Irlande , ils y fondent des cités , les troy towns ou Trojaburg (noms dérivés du verbe de moyen anglais throwen, draja en haut allemand, thruaian
en gothique, troian en
celtique qui fait allusion à l’aspect
circulaire de ces temples) , et des
mégalithes comme ceux de Stonehedge consacrés à la fertilité agraire et au
rendement des récoltes. Ils confirment par un tatouage frontal vert (qu’on
retrouve chez les Pictes) cette croyance en la force magique de la végétation .Comme ces grands navigateurs
vont jusqu’en Afrique noire, ils ramènent des esclaves noirs qu’ils
tatouent, comme eux-mêmes, au front de
plusieurs cercles pour affirmer leur propriété sur ceux-ci ; de là, la transformation de leur nom de Klepp en Cyclope,
œil unique tatoué en vert au milieu de leur front. Esclaves, or et singes viennent de la Côte
de l’Or appelée Ufa, aujourd’hui
Ife, dans le
bassin inférieur du Congo , région de Bussira, en avant du Bénin , selon Frobenius, dans Théogonie Atlantique, spécialiste de l’Afrique
noire , avec des reproductions , p. 43, dans Bessmerty , L’Atlantide, Exposé des hypothèses relatives
à l’énigme de l’Atlantide,Payot, 1949,
de ces tatouages sur des masques de
terres cuite, tant ceux qui furent trouvés en Méditerranée occidentale
que et datés du premier siècle avant l’ère chrétienne que d’autres de même
époque et provenant de l’ Ife, ou encore
de la région de Bussira, haut bassin du Congo. Les
Cyclopes ont laissé en chemin vers l’Afrique noire , le Bénin et la
Nigérie, des mégalithes au Sénégal (voir mon blog sur les traces des
indo-européens dispersés dans le monde ancien) et en Afrique du Nord , où ils
fondèrent la confrérie religieuse et artisanale des Kabires
(forgerons) qui a donné leur nom aux Kabyles.. Les Cyclopes, sous le nom de basques, ont passé par l’Ibérie (l’Espagne et le Portugal), où ils ont laissé tant de mégalithes. Sur la côte du Portugal actuelle, ils sont entrés en conflit armé avec les Phéaciens et ont réussi à les chasser jusqu’à ce que ceux-ci se réfugient sur l’île de Schéria, à l’embouchure du fleuve Baetis. De l’Ibérie ils ont essaimé dans toute l’Europe , laissant le souvenir de leurs murs cyclopéens .
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