Le Serpent de mer géant en Corse, origine lointaine de
la tête de maure.
Les Cantabres,
peuple ibère de Tarraconaise en Espagne, ont donné leur nom en latin à un étendard, cantabrum. Cet étendard portait
une tête de Serpent de mer, niger en
langue ibère, qui signifiait originellement serpent, et non pas noir, sens secondaire
(cf ; Montenegro, le mont du Serpent). Ceci a donné la tête de nègre ou de
Maure ou plutôt de négresse ou de Mauressque corse ; car le Grand Serpent
est une déesse. Maure signifiait en langue ibère le grand (mau)
serpent (sagolos), comme le montre
l’ancien nom de l’Indus, Mausoolos,
de mau sagolos, le Grand Serpent. On retrouve le même
radical sagol- dans le nom du roi d’Assyrie Sargon II, qui régna de 722 à
705 avant J. C et aperçut à Chypre un serpent de mer géant, ainsi qu’en Corse
dans le nom des îles Sanguinaires ou
dans celui de Sagone, en Espagne tarraconaise dans les villes de Sagontium et de Seguntia (Siguenza aujourd’hui) , bien plus loin au Cameroun dans
le nom du fleuve Sanga, où il désigne un serpent de mer géant.,
le « dragon congolais ».
A partir de Mausagolos , le rhotacisme, phénomène
phonétique de transformation du s en
n ou en r , explique la forme corse
Monaccia (d’Aullène ou d’ Orezza), de monak+suffixe
locatif –ia, l’habitation du Grand Serpent, comme le
nom de Monaco. Le nom du Maroc
(en anglais, Morocco) provient aussi
du même radical, avec
rhotacisation cette fois du n en r. Le mot More a passé à
la signification actuelle de maure, brun : la Mauritania , pays (tania) des Maures, fut d’abord le pays du grand serpent, le Nigeria fut aussi le pays du Niger,le fleuve de la
déesse- Serpent. En latin, niger
désigne les hommes du Grand Serpent : comme ceux-ci étaient
majoritairement noirs, l’évolution sémantique
en a fait un synonyme de noir, sens second qui a prévalu.
Quel était ce monstre ? En 1907,
« toute la population locale observe, dans le golfe de Porto, un monstre à
l’aspect de chapelet de corps flottants, et, le 6 mai 1924, un animal
serpentiforme est aperçu dans le golfe d’Ajaccio, par C. Juranville, inspecteur
de l’assistance publique en Corse » cité, p.140 dans Serpent
de mer et monstres aquatiques, par J.J. Barloy 1978, qui émet l’hypothése, p 171, que ces serpents de mer doivent être rangés parmi les des
anguilliformes géants. D’après Ely Boissin, dans Secrets d’Epaves, cité par Barloy p., 136, des pastenagues de 8
mètres d’envergure fréquenteraient les parages de la Corse ; autrement
dit, elles atteindraient les dimensions de la raie manta. Normalement, les
pastenagues, qui sont des raies munies d’un aiguillon, ne dépassent pas un
mètre d’envergure. Mais peut-être est-ce plutôt de mobulars, autre type de raies qu’il s’agit. ». Il existe
aujourd’hui en Corse une association Diavulu
di mari qui a pour mission d’étudier le diable
méditerranéen, ce poisson inconnu.
Du Serpent de mer à l’orque et à l’agneau blanc.
Si nous essayons de mettre de l’ordre dans les différents types
de serpents de mer géants de Corse, on en distingue trois au moins :
1) l’otarie géante (de 5 à 20 mètres, une dizaine en
général) à long cou, la Mégalotaria
longicollis, pek dans chipekwe en
Angola (elle est couverte d’un léger pelage ras). En effet, en Angola (de Sangola), dans les marais de Dilolo, on rencontre un monstre appelé chipekwe,p.
86,
où l’ibère pek indique
qu’il s’agit d’un mammifère à toison
(grec alopeks, renard, pecari, etc.) . « Sur la tête,
écrit Barloy, op. Cit. , p. 225, se dressent deux petites « cornes » dont la nature est mal
définie : il pourrait s’agir de tubes érectiles prolongeant les narines et
permettant à l’animal de respirer en surface tout en restant dans l’eau. Ce
dispositif contribuerait à expliquer l’incognito des monstres lacustres. Mais
ces « cornes » pourraient être des oreilles, que l’otarie dresserait
de temps en temps. Rappelons en effet que les otaries, au contraire des
phoques, possèdent de petites oreilles, d’où leur nom en grec : otarion, petite oreille.
Cette otarie ne nous concerne pas pour la tête de maure, non
plus que l’anguilliforme. .
2)Le calmar géant, de couleur rouge lorsqu’il est mort, Architeuthis
princeps, dont la carcasse échouée a
pu donner les noms de Sagone,
Sanguinaires, etc. Sanguis, sanguinis, qui en latin désigne le sang
, a pu lui être appliqué en raison de sa couleur. La couleur rouge de certains
bandeaux ibères en provient.
3) Enfin, pour expliquer les couleurs noires et blanches
qu’on trouve dans le cantabrum corse,
il nous faut avoir recours à un auteur
grec du IIIe siècle après J. C.,Elien, La personnalité des animaux, tome II,
livre XV, 2, p 137 :
« selon ce que racontent les hommes qui vivent au bord de
l’Océan, les anciens rois d’Atlantide,
nés de la semence de Poseidon, auraient porté en serre-tête les bandes des
béliers de mer (krios en grec à cause des bonds) mâles comme insignes de leur pouvoir ; et
leurs épouses, les reines, auraient porté les boucles des femelles, également
comme une marque de leur pouvoir . »
Ces béliers de mer, souvent représentés dans les œuvres d’art, passaient leurs
quartiers d’hiver entre la Sardaigne et la Corse, vers Bonifacio ; « autour
d’eux nagent des dauphins de très grande taille. Le bélier mâle a une bande blanche qui fait le tour de son front
et qui fait penser au diadème de Lysimaque, d’Antigone [Antigonus II Gonatas,
de Macédoine, les extrémités du bandeau ayant
souvent été prises pour des cornes par la suite] ou d’un autre roi de
Macédoine [du III e siècle avant
J. C]; quant au bélier femelle, il a des boucles qui, comme
les barbes des coqs, lui pendent sous le cou. » Une note de A .Zucker
précise qu’il doit s’agir de l’Hyperoodon arctique (Hyperoodon ampullatus) dont certains individus présentent bien une nette bande claire autour du cou, alors
que l’orque (Orcinus orca ou Orca
gladiator selon Thompson, épaulard ou baleine tueuse, n’a qu’une petite tache ovale derrière l’oeil. La baleine arctique
n’est plus présente que dans l’Océan Atlantique
En tout cas, l’Hyperoodon arctique confirme la localisation nordique de
l’Atlantide, ainsi que l’origine nordique des Macédoniens et même des Corses.
Nous pensons qu’il
s’agissait à l’origine (de -10000 environ à -300) de l’Hyperoodon arctique, mais qu’il y a eu
contamination avec l’orque par la suite. Précisons que l’orque tire son nom du dieu étrusque de la
mort, Orcus, et que certaines ont une tache
blanche caractéristique derrière et au-dessus de l’oeil, le reste du
corps étant noir. Le nom grec de l’orque ou de la baleine tueuse est phalaina, en latin ballaena, emprunté à l’ibère phalos
cité par Hésychius au sens de blanc
(cf . latin pallor,pâleur, palatium , palais royal , pallium, manteau blanc, etc.).
En tout cas, le
bandeau de la tête de maure corse est blanc et se porte au-dessus de l’œil en souvenir d’un cétacé ancien qui hante la
Corse, vers Bonifacio, et ravit même, en bondissant sur les roches du littoral ,
un Corse (trait qui semble caractériser une
orque, comme le voisinage de dauphins), raconte encore Elien comme une histoire
célèbre de son temps : « les habitants de la Corse racontent
qu’après le naufrage d’un bateau pris dans une tempête,un homme qui était un
excellent nageur parcourut une grande distance sur la mer avant d’atteindre un promontoire
de leur pays ; il y grimpa et se
mit debout , pleinement soulagé, comme s’il était désormais à l’abri de tout
danger, sans crainte pour sa vie et maître de son sort. Mais un bélier de mer
qui nageait par là aperçut l’homme debout et, comme il était tenaillé par la
faim, il se ramassa sur lui-même et s’arc-bouta, et il poussa devant lui , avec
sa partie caudale, une énorme masse
d’eau, avant de s’élever dans les airs, porté par la vague qu’il avait
soulevée, et avant d’être projeté en un
rien de temps sur le promontoire, emportant l’homme à la façon d’un ouragan ou
d’un tourbillon .Voilà pour l’histoire du rapt du bélier corse et de sa
proie. » .L’histoire est confirmée par les attaques d’orque de nos jours. On retrouve le même bandeau chez les rois atlantes, chez les rois de Macédoine et chez ceux de
Corse, tous d’origine ibère. . La couleur noire de la tête de maure peut venir
de la couleur du reste du corps de
l’orque.
Le prénom corse
Parthénopée .
On retrouve dans
une famille corse de Vezzani un prénom
masculin d'origine grecque, Parthénopée, altéré en « Parthélope » , nom qui
vient de Parthénopéïos, consacré à Parthénopée, la Vierge noire , de
« Parthénos », Vierge, et d’
« Oupis » ou « Opis » (OupiV WpiV) , nom de la grande Déesse Mère lorsqu’elle est brunie
par le Soleil .
La Grande Déesse Parthénopis.
Grâce à Frazer dans le Rameau d'Or, en particulier dans Le Roi magicien dans la société primitive,
on peut interpréter Parthenos comme la femme non mariée
toute-puissante de l’époque du
matriarcat et « Oupis » comme le nom de la
Grande Déesse Mère d'Ephèse, une Vierge noire, et de Délos, ,
plus tard assimilée par les Grecs
à Artémis, puis à Diane par les Romains.
Une trace du culte de la Grande Déesse mère Oupis se retrouve près d’Aleria
dans le nom actuel de l’étang de Diane. Quelle est l’étymologie du nom Oupis ou Opis ? Le nom vient de l’ibère , grec ophis ou echis, ou ephis, serpent, cf. ta Ephésia, de ephis, fête en l’honneur d’Artémis : Apis, la déesse égyptienne, a la même
étymologie.
En grec, Opoora,
l’automne, est la saison (ôra) d’Opis (de la cuisson, -optaô en grec signifie cuire, - des
fruits par le soleil) commençant à la Canicule, c’est- à- dire qu’elle commence
au 15 août, date de l‘Assomption de
la Vierge, anciennement grande fête de la déesse Oupis à Ephèse. . Quand Napoléon Bonaparte naquit, heureux
présage ! un 15 août, sa mère Lætitia , née Ramolino et donc originaire du
Vezzanais, lui imposa le diminutif de
Parthenopé Partholopé, savoir
Napoleone . Napoléon lui- même fixa pour
Naples le nom de République Parthénopéenne, sachant que l’île en face de Naples
s’appelait Parthenopée et que Naples s’appelait d’abord Parthénopéia, nom devenu au fil du temps Néapolis et Napolis
par étymologie populaire (en grec, la
nouvelle ville) .
De
Parthenopis (Artémis ou Diana) à
la Vierge noire et à la tête de maure
La tête de maure,
en héraldique, se rencontre assez fréquemment : en Irlande (familles O’Conry,
Conroy, etc. au XVIe siècle), en Normandie
près de Lisieux notamment
( Lexovium, de bascovium,
Lisieux en latin , signifiant
basque), en Italie, en Allemagne (en particulier en Bavière), en
Espagne où le roi d‘Aragon avait un sceau à 4 têtes de maure qu’il a légué à la
Sardaigne et à la ville de Cagliari.
Origine ibère du Maure de Freising, la vierge noire de Chartres.
Le pape Benoît XVI,
originaire d’Allemagne, archevêque de Freising et de Munich en Bavière a
tout naturellement pris pour blason
pontifical la tête de maure de Freising
au naturel (couleur brune) dont les lèvres, la couronne et le collier
sont rouges : c’est l’antique emblème de l’archevêché de Freising, emblème
attesté au VIIIe siècle. A l’origine de cet emblème se trouve le premier évêque
de Freising, saint Corbinien, né à Chartres vers 680 et mort le 8 septembre
730, qui a introduit en Bavière la Vierge
noire encore adorée aujourd’hui dans
sa ville natale à Chartres dont le nom ancien, Autricon rappelle les Autricons
ou Ostricons de Tarraconaise et de Corse (l’Ostricon, les Lestrygons dans l’Odyssée. A rapprocher du nom de
Logron nom d’un peuple cantabre proche
des basques et des Gascons, Logron venant de lau(stry)gon bauscon, qui
existe non loin de Chartres comme en
Cantabrie espagnole) .
Première constatation: il s’agit d’une femme. Deuxième
source d’étonnement : le bandeau blanc corse (le « tortil argent » des héraldistes)
est remplacé par un diadème royal de couleur rouge flamme, la pourpre étant la couleur du soleil levant ;
la mauresque porte aussi un collier de pierres précieuses et des boucles
d’oreille de perle sur ses oreilles percées. Il s’agit bien évidemment d’une
reine : « je suis noire, et pourtant je suis belle », comme dit la
Bien -Aimée du Cantique des cantiques. Il s’agit ici indiscutablement de la représentation héraldique d‘une vierge noire.
Or les vierges noires,
pour J. Huynen, (L’énigme des vierges
noires), sont des avatars de la déesse Oupis , la déesse d’Ephèse , Parthenopis , qui était liée au culte héllène
du soleil levant et des déesses- terre de couleur noire fécondées par le Soleil:
« A Ephèse, écrit J. Huynen, dans le Temple de Diane (Artémis), l’une des
sept merveilles du monde, on vénérait une statue
noire de la Grande Déesse, sœur de l’Apollon solaire, et il est frappant de
relever que c’est à Ephèse que la Vierge
Marie aurait vécu après la mort du Christ et qu’une tradition y place son Assomption, le lieu même de celle-ci
étant appelé en turc karatchlti,
c’est- à- dire exactement « la pierre noire » , noire parce que
brûlée par le soleil- dieu. La maison de
la Vierge Marie à Ephèse (en Turquie aujourd’hui) attire les pèlerins : on l’appelle Panaya Kapulu, la Maison de la Vierge,
et on doit sa découverte à une vision de Catherine Emmerish, morte en 1824. Elle
en avait donné le signalement exact et sa vision correspondait à une réalité
qu’elle ne pouvait connaître. Marie-Madeleine,
l’une des trois Marie, fille de Anne, la grand-mère du Christ, confondue en
Corse avec Sara la noire, est morte à Ephèse. Enfin, c’est dans cette ville qu’eut lieu le
concile qui, en 431, proclama le dogme de Marie
mère de Dieu. On mesure la force du lien entre le culte marial et Ephèse.
Citons d’autres
exemples de cette couleur noire étrangement associée au culte du soleil.
D’après E. Saillens (Nos Vierges noires,
1945), la plus ancienne idole du Hedjaz était une pierre noire, volcanique et
météorique, dite la Kaaba : à la Mecque, la pierre noire a cette couleur parce
qu’elle a été brûlée par le feu du soleil.
.Dans Philostrate, La vie d’Apollonios de Tyane, nous avons
un récit, par un témoin oculaire, vers 62,
qui établit le lien entre le
culte du soleil levant et la pierre noire du colosse Memnon à Thèbes en Egypte (VI, 4, p.1214, Romans grecs et latins, la Pléiade):
« La statue est tournée vers le Levant : c’est celle d’un jeune homme qui
n’a pas encore de barbe; elle est faite de pierre noire, ses deux pieds sont
réunis comme dans le style des statues dédaliques ; ses bras, tout
droits, s’appuient sur le siège, car il est représenté au moment où il est en
train de se lever ». « Lorsque les rayons du soleil frappèrent la
statue, ce qui arrivait au moment du lever de l’astre, continue le témoin, les
spectateurs ne purent maîtriser leur admiration, car la statue se mit à parler
dès l’instant où le soleil effleura sa bouche, les yeux se mirent à briller et s’animèrent à
la lumière, comme ceux des hommes qui aiment le soleil. Les spectateurs comprirent alors que la
statue est représentée dans l’acte de se lever, comme le font ceux qui adorent
debout les puissances divines. Les prêtres
offrirent un sacrifice au Soleil
Ethiopien et à Memnon fils de l’Aurore et
expliquèrent aux spectateurs qu’ils devaient faire le même sacrifice, ajoutant que le nom
du premier Ethiopien venait des mots grecs aithô
voulant dire « brûler », et
ops, voulant dire «
visage », au visage brûlé par le soleil) … » La tête de maure se dit d’ailleurs en latin caput
æthiopicum, tête éthiopienne, brûlée par le soleil, l’épithète éthiopienne étant une épithète rituelle
et non géographique. Il s’agit d’une
statue fruste mais animée, dite dédalique, par conséquent d’une sorte d’automate
comme ceux que mentionne parle Platon, dans le Ménon (97, 2).
L’origine historique
de la tête de maure corse.
Callimaque appelle la
déesse d’Ephèse du nom d’Oupis (Hymne à Artémis, 3, 204) et ce nom
d’Oupis est celui sous lequel la Terre- Mère s’est d’abord installée à Ephèse.
Or, elle y était représentée, nous venons de le voir, par la statue d’une vierge
noire. Les Phocéens, voisins d’Ephèse, ont aussi pratiqué le culte de la
Vierge noire avant de s’installer en Corse, à Aléria.
C’est d’ailleurs à
Aléria , comme par hasard, que la légende corse situe l’enlèvement d’une jeune
fille appelée Diana par un Maure,
Mansour, venu d’Espagne : son fiancé ,
Paolo, part à sa recherche et coupe la
tête du Maure, qui saigne sur le bandeau ( l la couleur rouge se retrouvera dans le bandeau royal de Neuhoff ), la présentant sur un drap blanc :ce
serait l’explication populaire du drapeau corse.
Les historiens font
remarquer que la première apparition certaine de ce blason en Corse date de 1736 avec le roi de Corse d’origine allemande
Théodore de Neuhoff, qui peut très bien avoir été inspiré par des
armes comparables vues en Allemagne : bandeau rouge et diadème royal, et avoir
pris ces armes à titre personnel.
C’est à l’Immaculée
Conception de la Vierge Marie par sa
mère sainte Anne que Paoli
avait voué la Corse, le 30 janvier 1735, devant la consulte de Corte:celapeut
être une vieille tradition, car au Vie siècle le Roi Arthur au pays de GFalles
du nord porte un bouclier où l’image de Marie le mère était peinte (clypeum in quo imago sanctae Mariae
genetricis impicta », p6, Annales
Cambriae.
« Nous élisons pour la protection de notre patrie
et de tout le royaume l’Immaculée Conception de la Vierge Marie et nous décrétons de
plus que toutes les armes et drapeaux de
notre dit royaume soient empreints de l’image de l’Immaculée Conception, que la veille et le jour de sa fête (8
décembre) soient célébrées dans tout le royaume avec la plus parfaite dévotion
et les démonstrations de foi les plus grandes ».
En 1745, Gaffori reprend en le modifiant
le blason de Théodore Neuhoff sur le
drapeau de son armée : est-ce que les vieilles traditions vezzanaises et
alérianes ont joué un rôle dans son choix?. En tout cas, son choix est
officialisé par Paoli , mais, le 24
novembre 1762, soit 27 années après avoir consacré la Corse à l’Immaculée
Conception de la Vierge, Paoli
semble changer d’avis et consacre la Corse, cette fois-ci, à la Vierge
noire ; il reprend le blason du
précédent roi et surtout de Gaffori,
transforme le diadème royal qui n’avait plus lieu d’être pour une
république en bandeau blanc à
l‘italienne et non plus pourpre comme en Allemagne (la couleur du soleil
levant), mais il garde son aspect
féminin à ce qui deviendra la tête de
maure: à ses yeux , il s’agissait sans
doute, non de la tête coupée d’un sarrasin brandie comme une tête de Méduse,
mais d’une des trois Marie qui avaient débarqué, assurait-on, aux Saintes- Marie -de- la- Mer (où le
processus de l’immersion d’une statue de la Vierge noire rappelle l’immersion
du soleil couchant) , très honorées en
Corse : il s’agirait de trois filles de sainte Anne, Marie-Madeleine,
Marie Salomé et Marie Jacobée et Marie-Madeleine,
qui est confondue avec Marie l’Egyptienne et avec Sara la Noire, la sainte des
Tziganes (mon père qui habitait à Ajaccio le quartier des Trois-Marie avait la
plus grande vénération pour elles et il n’hésita pas à assister au pèlerinage
des Saintes-Maries de la mer) son teint basané s‘expliquant par son origine égyptienne. Le blanc du nouveau blason
reprend l’ancienne Immaculée Conception par Anne, la mère de Madeleine. .
L’origine païenne du tortil corse : l’Agneau
aux cornes d’or, héritier du bélier des mers
L’agneau blanc (jeune
mouflon) avec ses petites cornes, est un avatar du grand serpent de mer, du
bélier des mers ou orque. Le bandeau
blanc, signe de royauté, attesté
par Elien, provient de l’orque - serpent de mer et ce sont les extrémités du bandeau qui ont été prises pour des cornes. .
Mais d’autres peuples
ont déifié un autre Serpent de mer géant,
le calmar géant, ce dernier lui
donnant alors sa couleur rouge.
Par la suite, le
paganisme classique donnera au Serpent de mer des connotations solaires.
La déesse Oupis et
son héritière Artémis agréaient les offrandes d’agneaux blancs et on se
souvient de la colère d’Artémis lorsqu’ Atrée hésita à lui sacrifier le plus
bel agneau de son troupeau aux cornes d’or qui évoquaient le soleil. L’épithète
rituelle, Karneïos, appliquée à son
frère Apollon, indique cette référence à l’agneau blanc (karnos est attesté par Hésychius au sens de mouton).
Selon les croyances, l’agneau
naît noir au solstice d’hiver, puis
devient de plus en plus blanc jusqu’à devenir immaculé au 15 août et devient alors
l’Agneau pur. C’est le symbole du Soleil levant, il y a un « aspect solaire, viril et lumineux,
de l’agneau ».
En résumé, le tortil
rouge a originellement fait référence au calmar géant,
puis au Soleil, tandis que le tortil blanc de Corse renvoie à une orque, enfin à un Agneau immaculé renvoyant au soleil et à la Vierge noire, brûlée par la puissance des
radiations solaires lors de son Assomption surnaturelle à Ephèse.
Les têtes de maure
ailleurs qu’en Corse : la Vierge noire en Aragon, en Sardaigne, en
Irlande, etc.
Les 4 têtes de
maure du roi d’Aragon, de la Sardaigne et de sa capitale Cagliari
s’expliquent par une allégorisation des
trois Marie (Marie- Madeleine, Marie
- Salomé, Marie Jacobée, mère de Jacques) et de la Vierge. D’autres vierges
noires existaient en Aragon : celle de Valence, celle de Sarragosse, et enfin la plus célèbre, grâce à Richard Wagner, celle de l’abbaye de
Montserrat près de Barcelone appelée la Morenata,
la mauresque (de la Maurétanie, la couleur brune trahissant l’origine : le serpent de mer, niger évoluant vers le sens de noir).
Rappelons, pour Cagliari, que selon Diodore de Sicile
(V, 13, 3) les Phocéens, voisins d’Ephèse, avaient fondé une ville appelée Calaris, qu’il situe par erreur en
Corse, mais qui coïncide avec l’actuelle Cagliari de Sardaigne. Florus (II,
2) la nomme Carala , d’autres Caralis .
Le pape Pie VII
Barnaba Gregorio Chiaramonti (1800-1823), né à Césène en Italie , avait dans
son blason pontifical 3 têtes de maure,
donc une allusion à la Trinité (ou aux 3 Maries).La Vierge noire dont il s’inspire pour son blason peut être
la Vierge noire de Loreto,
La Vierge noire de Offaly en Irlande a inspiré les armes
de la famille O‘Conry. Le pallium de cette dernière famille irlandaise peut
être rattaché à l’archevêque de Tuam, Florence O’Conroy ou O’Conry (1561-1629)
qui a composé un traité théologique important en gaëlique et a anglicisé son
nom irlandais signifiant d’origine royale, savoir O’Maolconaire.
Le tortil blanc qui
orne la tête de maure(sse) corse
Le tortil est, selon la définition du Larousse, un
« bourrelet en torsade à bouts pendants par derrière, qui ceint une tête
de maure ». On peut penser que le tortil de la tête de maure a succédé au
tortil au sens également attesté par le Larousse : « cercle d’or gemmé,
rebordé plus fortement en haut qu’en bas et autour duquel est passé en spirale
un collier de perles: c’est la couronne des barons », autrement dit à la
couronne solaire dont les pointes symbolisent les rayons du soleil, pointes
dorées qui étaient jadis remplacées par des cornes de bélier. Le tortil blanc
du blason corse est un symbole de juridiction épiscopale, l‘agneau signifiant le Christ et
ses représentants sur terre, du chef de la religion aux évêques. »
Quant aux
nœuds à l’arrière de la tête de maure corse ou au-dessous de l‘écu de
Benoît XVI, il ne s’agit pas de quelque frivole catogan, mais du reste de l’offendix du Souverain Pontife (Pontifex Maximus) des Romains, souvenir
des prêtres indo- européens qu’on
retrouve sur les bustes de Bouddha en Inde et qui consiste dans les nœuds qui
attachent les brides du bonnet pontifical ou tiare appelé en latin apex.
Le pallium
(manteau) ou plutôt l’omophorion (du
grec omos, épaule, et phoreo, porter, cape qu’on jette sur
l’épaule) en laine blanche d’agneau ou l’origine chrétienne du bandeau blanc
corse.
Le pallium (ou omophorion) souvent confondu avec le
tortil blanc dont il a pris la suite signifie toujours une allégeance de l’évêque par rapport à l’évêque de Rome, le pape :
évêque d’Aléria pour la Corse, évêque de
Tuam pour la famille irlandaise, évêques
de Chartres et de Freising, Mais, pour l’Aragon et pour la Sardaigne, le
bandeau blanc est exclusivement un tortil
et non un pallium.
Dans le blason du pape, nous avons un pallium blanc, insigne liturgique typique du souverain Pontife,
selon Mgr Andrea Cordero Lanza di Montezomolo, nonce apostolique, et qui
indique sa charge de pasteur du troupeau qui lui a été confiée par le Christ :
« « au cours des premiers siècles, les papes utilisaient une
véritable peau d’agneau posée sur l’épaule » : c’est le pallium ou plus exactement l’omophorion utilisé aujourd’hui encore
par les patriarches orientaux. « Puis apparut l’usage d’un ruban de
laine blanche, tissée en pure laine d’agneaux élevés dans cette intention. Le
ruban portait plusieurs croix, qui lors des premiers siècles étaient noires ou
parfois rouges. » Au IVe siècle, le
pallium était déjà un insigne liturgique
spécifique et typique du pape. L’usage que le pape confère le pallium aux
archevêques métropolitains commença au
VI1e siècle. »
Conclusion pour le drapeau corse.
Le drapeau corse a une origine ibère. De même pour les armoiries irlandaises ou espagnoles et
sardes, normandes (Lisieux) et chartraines. L’image était devenue celle du
Soleil et il pouvait y en avoir trois ou quatre, voire plus, comme on le voit sur
la toge d’un prêtre –roi de la
civilisation de Mohendjo Daro datant de -2000. La tête de maure est ainsi le
résultat de l’évolution de la déesse du Grand Serpent, devenue une Vierge noire brûlée
par le Soleil.
nawak
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