samedi 7 mars 2015

La toponymie corse d’origine basque et ibère


La civilisation ibéro- basque comprenant les Canaries,  les Baléares,   l’Espagne(Hispania, de isp-tania, le pays –tania-des Ibs- de Ibèr, Ibères) , la Corse, la Sardaigne,   la Sicile ,  Chypre , l’Egypte et toute l’Europe, y compris l’Angleterre ou Britania, le pays (tania) des Ibères, l’Irlande ou Ibernia , de ibertania, pays des Ibères ,les Hébrides, de ibérides, l’Ecosse, de (ba)scot, la Scandinavie , de (ba)scandinadia,

fut,  il y a  quelque douze  mille ans,  une aire linguistique unie, malgré les variantes dialectales, avec une unité culturelle profonde en tout cas. L’ensemble sardo- corse et Tarraconaise espagnole va nous intéresser au premier chef et il est grand dommage que ce que nous allons essayer de faire pour la Corse n’ait  é tenté à partir de la Géographie de Ptolémée pour la Tarraconaise ibérique. En revanche le sarde a été mieux étudié que le corse, notamment par  E. Blasco- Ferrer qui a, en 2010, fait pour la toponymie basque de Sardaigne ce que nous tentons ici (Paleo-Sardo : le radici linguistihe della Sardegna neolitica).  Le prince Louis- Lucien Bonaparte, corse et ayant séjourné en pays basque, a tenté ce rapprochement linguistique le premier, dans ses  Remarques sur les dialectes de la Corse et sur l’origine basque de plusieurs noms locaux de cette île, Londres, 1877, en  rapprochant  les toponymes basques et corses  (par exemple Ghijon de Ghizone, Tolox de Tilox etc.).

La « race » corse primitive

On a trouvé avec la momie d’Otzi, datée de – 2500 ans, le plus lointain cousin génétiquement, puisque son ADN renvoie aux Corses et aux Sardes. Cette momie a été trouvée à la limite de l’Italie et de l’Autriche et, en utilisant les travaux du grand ibérologue Jean Karst, on peut la rattacher linguistiquement  aux alpino- illyriens et aquitano-ibères.  A l’appui, Ibar et Iberus, fleuves en Illyrie et en Espagne (Ebre).Les Corses, les Sardes primitifs et l’homme d’Otzi seraient des Grouzino-ibères (Grouzines  ou Géorgiens dans le Caucase), une « race intermédiaire entre bascoïdes et Carthvéliens [ou Cariens] »

Quelle était  la couleur de la peau des Ibères originels ?

On peut appeler « race » une stabilisation statistique composée d’éléments hétérogènes et susceptible d’évolution. On distingue, de façon primaire,  le Corse des montagnes, blond, grand, aux yeux bleus et le Corse méditerranéen brun et de taille moyenne. Les Ibères sont de race blanche,ils ont le  nez aquilin, mais, indépendamment des invasions sarrasines qui ont pu introduire et laisser  des cheveux crépus et un teint brun clair, il y a un teint café au lait qui vient des certains Ibères eux-mêmes. En effet,   Amédée Thierry nous apprend,  dans son  Histore d’Attila, 1864, tome I,  p 7.que  les Ouigours « se divisaient , dès le IVe siècle, en deux grandes branches qui n’avaient plus entre elles que des liens extrêmement lâches si même  elles en avaient ;  qu’un  rameau oriental ou caspien [caucasique] portait le nom de « Huns blancs », par opposition au  rameau occidental ou ouralien  « dont les tribus nous sont représentées comme basanées ou plutôt noires. » En Corse ce sont les ouigours blancs qui ont prédominé,  mais  l’autre rameau noir est aussi présent, ce qui explique cette couleur café au lait résiduelle  

Il existait une autre sources de métissage :lorsqu’on constate une couleur , non pas café au lait ou basanée, mais jaunâtre,il s’agit du legs des invasions maures ou sarrasines  dont le but était d ’emmener en esclavage  des Corses et s’accompagnaient du viol de femmes corses. Le cas échéant, il peut y avoir des cheveux crépus ou frisés émanant de la déportation de Guadeloupéens ert de Haïtiens en Corse de 1801à 1811. De 1500 à 1830 la traite arabo -musulmane  a été étudiée par Davies dans Esclaves Chrétiens, maîtres musulmans, L’esclavage blanc en Méditerranée (1500-1800). Dans la région d’Ajaccio, le métissage moresque ou morisque provenant d’esclaves subsahariens s’explique par le fait que  les envahisseurs  barbaresques s’y étaient installés quelque temps après avoir tué nombre d’hommes et enlevé des enfants, comme Pierre Paul Tavera (1518-août1 558) , dit Hassan Corso, né près d’Ajaccio à Tavera , enlevé à 5 ans et  emmené à Istambul . Il espérait être nommé  caïd d’Alger par le pouvoir ottoman; mais le divan nomma un turc de race. Il se rebella et, vaincu, sera affreusement torturé pendant 3 jours  avec des  crocs de fer

 

Dans la région de Sartène, en 1550, sous le commandement de Dragut, il fut fait 130 esclaves ; en novembre  il y eut 15 morts, tandis qu’en 1745, il fut fait 130 esclaves, en 1549,  80, en 1583, 450 .Jacques Senti ,  enlevé à 9 ans dans la région de Sartène, règnera à Tunis  sous le nom de Mourad Bey de 1623 à 1631.

Dans la région de Calvi , à Monticello l’expédition algéroise  d’Hassan Pacha en  1582  fit 400 esclaves  ; dan,s les  champs de Corbara près de Calvi , en 1751 , où ils cultivaient leurs champs , le couple Franceschini  est capturé par des pirates tunisiens. Une fille, Davia (la maison de son frère s’appelle « a casa di i Turchi »), leur  naît en Tunisie mais au cous de son retour en Corse elle est à nouveau capturée par des pirates marocains qui la présenteront au sultan : elle sera l’ornement de son harem ; tous ces pirates  ont laissé en Corse des enfants émanant surtout de subsahariens déjà métis ou noirs (Mali). Les patronymes d’Albani , de Cuglioli , Coulogli et de Cugola (matronyme sarde)  étaient portés par les enfants des  janissaires albanais (Albani) ou métis de subsahariens noirs (du turc kogh -ohle , fils d’esclaves. Signalons encore Passano qui deviendra en 1820 le chef de la flotte d’Ali Pacha.

Le sarde

C’est une langue romane, donc dérivée du latin vulgaire indépendamment de l’italien, avec substrat ibèro- basque. Plusieurs autres idiomes sont parlés dans l’île : le gallurèse au nord  et le sassarais  d’origine  corse, un autre d’origine génoise , le tabarquin, et enfin un dernier d’origine catalane, l’alquénois.

Le corse moderne.

C’est un idiome qui est parlé en Corse et dans le nord de la Sardaigne (gallurèse et sassarais) qui est dérivé du toscsan,   avec un  substrat liguro-basque. On peut distinguer , outre le gallurèse et le sassarais, le sartenais, la parlure de Taravo, la parlure de Vico et d’Ajaccio, celle de Vénaco,  celle du Cap corse et de Bastia, le balanin. Mention à part pour la parlure de Bonifacio, d’origine génoise, comme celle de Bastia.

La langue corse primitive

Ce n’était pas une langue indo-européenne comme le latin, dont le toscan ou italien est dérivé,  le grec ou le gaulois, mais une langue ibère, apparentée à la langue basque et au ouigour.  Le plus bel exemple de substrat linguistique ibère en  espagnol est le mot porro, chien (de trait originellement), alors que le mot latino- grec signifiant chien canis est présent dans toutes les autres langues romanes,  se retrouve en lappon sous la même étonnante forme porro , où il désigne un autre animal de trait, le renne. Le Grec Pausanias au II e siècle après J. C. (X, 17, 8-9) nous a laissé un mot de ce langage premier des Corses , le mot balaroi (nominatif singulier en –oi ou en –ai pris pour un pluriel) au sens premier de migrateur, d’expatrié, de fugitif pour désigner les Corses exilés dans la Gallurese, au nord de la Sardaigne, par la voie obligée des migrations dans les deux sens, les îles Lavazzi,  qui au néolithique permettaient de relier à pied sec ces deux îles Corse et Sardaigne  qui , longtemps ne formèrent qu’une seule et même  île. C’est par là que circulait l’obsidienne sarde.  Ce mot balaroi nous a donné le nom de la Balagne ou de Balogne et il se retrouve dans le nom des Baléares : il vient de gadeira, le  calmar géant divinisé, nom  qui se retrouve dans celui de la baleine précisément migratrice jusque devant les Bouches de Bonifacio, latin balaena. grec phallaina. . Avec mufro, le mouflon, c’est tout ce que nous savons expressément du corse.

Observations sur la phonétique historique ibère :  

consonantisation du u en v avec développement de la  voyelle a, avant et après ce : lu dans lusi donne lavasi  , cu donne cava ;

apparition d’un v épenthétique entre deux voyelles et fréquente transformation du v en ;

métathèses très fréquentes ;

l ,  r ,  n et interchangeables ;

nombreuses consonnes à appendice sifflant ;

devant N, apparaît souvent un R épenthétique .

Pausanias nous précise que l’île nommée Kurnos par les Héllènes avait reçu son nom des Libyens et que le nom de  Korsica.venait aussi des Libyens, c’est-à-dire des   Ligures (ce  ne sont, ni des indo-européens, ni  des Gaulois, mais des Ouigurs , Ouigours ou  Ibères, proches parents des Basques). Libye est le même mot que  Ligurie ou Nubie (métathèse vocalique et l et n interchangeables). Dans la même série on a liburna, Livourne, Ligusticum (troène) , Ligustica, (livèche), le vent libèccio, de libycon, Tibullus, , etc.

L’écriture ibéro-étrusque.

Elle est composée de pictogrtammes commer ceuix de Frisgada en Corse, et on a récemment pu déchiffrer une inscription de l’île de Lemnos, qui s’est révélée écrite dans une langue voisine de l’étrusque.

Un   nom de la Corse, Kyrnos, emprunté  par les Grecs aux tribus ligures des Cunésiens, Curnésiens, Cunei ou Conii et lié aux Laistrygons. .  

  Une tribu ibèro- ligure, plus précisément cantabre, les  Cynésiens, installée notamment à Opino (commune de Chatra), a légué le nom de Cyrnos  aux Grecs installés à Aléria. Devant N, apparaît un R épenthétique, ce qui donne Kyrnesiens, d’où Kyrnos.  Le nom de Kinsèn  près de Vezzani a conservé la forme ancienne,du nom de la tribu citée par Ptolémée kilebensoi donnant par métathèse kinesenioi .Sans R. Kurnos  vient de Laistrygon,de gonos,  attesté vers – 1000 dans l’Odyssée, chant X, vers 81-132. On a aussi une forme qui se rencontre en Espagne, chez les Turdes, dans le nom de la ville Laconinturgis  qui permet de restituer pour Laistrygones, bascoligures ou lacoligures :Lacon inturdis ou lacon (altération de basque) inturgis, de ligur –etès (suffixe ethnique  ibère - etès), nigurtis, par métathèse niturgis  ou lacoligures

Les Laistrygones  ou Ostricones, qui sont des Etrusques (ceux-ci s’appelaient eux-mêmes Rasna, de Lais (trygones) + suffixe ibère ethnique –na, cousins des Ligures , des  Turdes et des  Ocricoli de Propriano,  constituent une première vague de Ligures et habitaient vers -2000  sur la côte orientale de la Corse ainsi qu’au nord de la Balagne. Leur nom se retrouve dans celui des  Paléo-Ibères de Chartres,  les Austricones. Le nom des Laystrygones est le même mot que ligure et  signifie le Serpent enroulé, li (peut-être à l’origine calmar géant, baleine, puis serpent) stragon (à l’origine en forme de roue cf.  latin curvus, courbe, de ksurgwos,  et grec  gyros, arrondi, puis serpent, drakôn dragon).Quelle est l’origine de ces Laistrygone ?s

A partir de Ostricones, par  aphérèse, on a le nom de Kunésiens, de Kunii et ses multiples variantes. Or, le lapin a en latin le nom de cuniculus, que le grec a emprunté et qui vient du nom de cette tribu ligure, les   Cunii cf. le cap Cuneus en Lusitanie.  

Pline l’Ancien cite les îles  Cuniculariae entre Bonifacio et la Sardaigne,  îles des Kunéens. Ce sont  les îles Lavazzi aujourd’hui, de ce  nom de Laas Trugonée qu’on retrouve en Sardaigne près de la Punta delle Vacche (pointe des  Basques ) , laas étant compris comme la pierre  mais provenant de Lais ( trugones). Lavazzi vient ainsi de la asi, avec dégagement d’un v entre les deux a.

Le nom de la petite  île Ratino  est à rapprocher du mot ibère signifiant carrière, latomie en Sicile  ou lautumiai, latumio (Cf. en Corse Lumio et ses carrières de granit du lieu-dit  Spa(lu)n(ca), la caverne, latin- étrusque spelunca), ratumio,  et du nom de la capitale des Laistrigons , selon l’Odyssée, savoir Lamos, Lamia , de latomiai . Homère qualifie Lamie de télépyle, ce qui veut dire, celle qui est pleine de roches taillées   (ibère tele, plein, nombreux, cf  le ruisseau Pisciatel, plein de poissons, poissonneux, et ibère pyla, pierre de mégalithe, cf. attique phelleus, caillouteux). Il ne faut pas oublier que les îles du détroit entre Bonifacio et la Sardaigne se tenaient entre elles à l’époque néolithique, offrant alors une beaucoup plus grande surface qu’aujourd’hui,  boisée au surplus. . En effet, l’exploitation de granite dans d’immenses carrières sur l’île dès l’époque préhistorique est avérée et le fait de jeter d’énormes blocs de pierre sur les hommes et les bâtiments  d’Ulysse n’est que la transformation poétique de la réalité prosaïque.

Homère cite la fontaine de l’Ours (Artakion) à propos des Lestrygons : il s’agit d’un rocher en forme d’ours situé en Sardaigne, dans l’anse de Palau ou Parau,  qui a donné son nom au cap Orso et à une fontaine. Toujours en Sardaigne, la punta Pozzo, de bosco, basque, en Sardaigne, est,  selon Bérard, le fjord visé par Homère. Le poète n’a pas visité lui-même les lieux, puisqu’il mêle la ville de Lamie sur une île Lavezzi et la fontaine de l’Ours située en Sardaigne comme le fjord.Pozzo.  Il faudra se souvenir de ces inexactitudes quand nous traiterons du pays des Phéaciens.

La  capitale des Cunii,   Cunicum, Coinicum, Caenicum ou Cenicum, près de Calvi, a disparu, détruite par les Vandales vers 439. Les Cunii sont liés aux Ilercavones (de ibercunones),  qui sont peut-être les mêmes que l’une des douze tribus de Corse dont Ptolémée nous a laissé le nom, les Cervinoi, de lercavione,  habitant initialement la Balagne. Les Cervinoi, par métathèse de lercuonoi, nous ont laissé le nom de Cervione.

Le nom de Cenestum ,  de kun-etes ,-etes étant un suffixe ethnique, est lié à   cesestana, de ceses tania (le pays des Ceses ou Kunes), aujourd’hui Calenzana, de celes tania .Le nom de la côte (aigialos) Caesias, près de Calvi,  vient aussi probablement de ceses, la côte des Ceses.

Albitreccia et Albertaccia viennent d’austricon, de Alsitrec+ suffixe –ia.  

Un autre   nom de la Corse, Corsa : celui que les Romains ont pris à la tribu ligure des Cossons.

Le r devant n disparaît souvent en ibère comme en corse : tel est le cas pour Cynarchie de Kyrnarchia, le commandement de Cyrnos.  La chaîne montagneuse principale de l’île s’appelle la serra Cinaggia, de kurn archia, celle qui domine Cyrnos. Les noms de montagnes comme ceux des cours d’eau, des villes et des îles sont souvent des noms de la déesse serpent. Le nom de la tribu paléo- ibère des Cossons vient  de Corson : c’est cette tribu ligure  des Cossons ou Corsons qui a donné à la Corse son nom latin de Corsa et l’adjectif Corsica (insula Corsica, l’île corse, comme insula Sardinia, l’île sarde, la Sardaigne).

 Signalons la Thébai Corsiai ou Thèbes corse en Béotie, fondée aussi  par ces Corsons liguro-basques  et opposée à la Thèbes égyptienne, ainsi que  Corsôpè en Mésopotamie, le dernier élément –ôpè à mettre en rapport avec un mot paléo –ibère signifiant huppe, aigrette qu’on retrouve dans le grec epops,  latin upupa, comme dans Cyclope. 

Précisément l’étymologie de Corson est (kor)koredôn,  nom de la grande  déesse serpent à aigrette (-udôn), qu’on retrouve  dans le nom de Carthage, Karchèdôn ou en latin au génitif Carthaginis et comme dans Carcassonne. de la Circassie, des Kirgkiz, dans le nom du Caucase,  Kaukasios, de karkasios, des Cosaques, dans Kasaks –tan, etc. Un  site préhistorique très important de Corse répond au nom curieux de Cucuruzzu, à rapprocher de Cucuraddu  et de Cucureddi di Esterzili en Sardaigne ou de Cugulutz d’en- Jaquet (jaquet, pays basque) aux Baléares. Ce nom vient aussi de korkuredo : celui de la déesse mère, le Serpent  à plumes, Kukan –edo ou Kukloopes qu’on retrouve sous la forme voisine krokrura dans Corcyre ou dans Propriano. A Murato, dans le Nebbio,  les menhirs  de e Collule porte des noms de dolmen,  de (cu) cur –edo, colole.

Ni le Cap corse,  ni  la Punta Sardegna en Sardaigne ne désignent   le cap de la Corseou  un cap de Sardaigne, mais le cap occupé par les Corsons de même que  la ville de Corscia (de corsica) signifie, non une ville de Corse, une ville habitée par des Cossons.L’île n’avait pas de nom global, mais un nom variant selon les tribus. Selon les Hellènes, les plus vieux noms de peuples  qu’ils aient connu dans le nord de la Sardaigne,dans  la Gallura, et les îles voisines, sont ceux des Korses et des Balaroi, bien plus indigènes que les Sardes, Ioléens, Iliens, Libyens, Ibères, etc. Le mot balaroi,  nous a appris Pausanias, n’est qu’une épithète signifiant migrateur. D’ailleurs, le dialecte parlé en Gallura,  est, non pas du sarde, mais du corse. Aussi peut-on admettre avec Bérard que le nom de Korses « semble avoir été le seul et véritable nom du peuple établi sur les deux rives des Bouches »de Bonifacio. »

 

 

 

  Un autre nom méconnu  de la Corse, celui  de  Tyrrhènie au VIe siècle avant J. C, selon Solon (Platon) et Hérodote, de turditania, de turda tania, le pays des Turdes, un peuple ligure.

Solon vivait deux siècles avant Platon. Or, il a traduit  le mot Teresh qui figurait, dans des textes de Ramsès III à côté de Shekelesh, Siculi, les Siciliens , Sherden les Sardes, par Tyrrhénia un nom ancien des Corse appelés Torre, de Turdi,  Tyrrhéné, tombé en désuétude,  a été repris par Platon parce qu’il utilisait le texte plus ancien  écrit par son parent.sur les traditions égyptiennes. 

 Voici le texte de Platon  dans le Timée : « Dans nos contrées, de ce côté-ci du détroit (de Gibraltar), les Atlantes étaient maîtres de l’Asie (Wasaa maritime) de la Libye (Lebu dans le texte, de l’Afrique) jusqu’à l’Egypte  et de l’Europe (l’Espagne) jusqu’à la Tyrrhénie (Teresh, la Corse). » Et dans le Critias : « ils soumirent dans ces mers (l’Atlantique) un grand nombre d’autres îles (Canaries, etc.) et étendirent leur domination par delà l’Atlantique, comme nous l’avons dit (dans le Timée), jusqu’à l’Egypte  et la Tyrrhénie (la Corse). »    

Hérodote vers - 450 emploie le mot dans le même sens : les Phocéens, qui avaient fondé une colonie en Corse à Alaliè (Aleria), nous dit-il, donnèrent aux autres  Grecs des notions géographiques  plus exactes sur «  les côtes d’Hadria (l’Adriatique), sur celles de la Tyrrhénie (la Corse) et sur Tartesse (Espagne) ».

  Regardons enfin  le curieux itinéraire d’Apollonios dans la Vie d’Apollonios de Tyane de Philostrate (Pléiade, p. 1183) :  « de Gadès [Cadix] en Espagne,  Apollonios part avec les siens pour la Libye (c’est- à- dire l’Afrique) et le pays des Tyrrhéniens  (la Corse), et, tantôt à pied, tantôt  en bateau, ils parvinrent en Sicile, à Lilybée où ils s’arrêtèrent » .Pierre Grimal annote cette difficulté : « Le pays des Tyrrhéniens étant l’Etrurie (Italie centrale) ,  cet itinéraire est étrange. Il est probable que le sage ne passe pas par l’Afrique (la Libye), mais la Ligurie, c’est-à-dire suit la côte de Provence. Il faut probablement corriger le texte et lire : Ligurie au lieu de Libye. »Mais, selon moi, aucune correction n’est nécessaire :il faut comprendre le pays des Tyrrhéniens au sens de la Corse. D’ailleurs,  la mer voisine de la Corse  est appelée mare Tyrhrenium , la mer tarde  ou corse, comme la mer voisine de la Sardaigne est appelée mare Sardum, tandis que mare Tuscum désignait la « mer étrusque » à l’ouest de la Sardaigne,  près de la côte étrusque. Quant au  fretum gallicum qui désigne le détroit entre Bonifacio et la Sardaigne (où il n’y a pas de Gaulois), il doit se traduire par le détroit gallèque,  et fait allusion à une tribu ibère, celle des Galléciens qu’on retrouve dans la Galice espagnole et dans la Galicie polonaise.

  On a  nous l’avons dit, une forme qui se rencontre en Espagne, chez les Turdes, dans le nom de la ville Laconinturgis  et qui nous permet de restituer comme étymologie de Turdes Ligure, le Serpent (li) enroulé (gyro),    laco (altération de basque) ninturgis ou lacoligures,  Ligure, le Serpent enroulé.

 Le même radical turditania se retrouve :

1dans le nom de la Sardaigne (de tsardinia, de turdi et  tania, tania au sens de pays, comme dans Mauritania). Le  s de Sarditania  indique une labio –vélaire initiale à appendice sifflant du type Kws .Les Sardes, comme la tribu des Corses l’a fait  en Sardaigne,  ont essaimé en Corse à Sartène ;

2 le nom Lydie, de tudia, et l’on sait que les Etrusques, Tusci, ou Tyrrhènoi, sont censés,  selon les Anciens,  parler une langue apparentée au paléo-lydien ;

3 dans les noms des Pyrénées, ta Pyrènaia,  de tude (ta) naiai , turenaia, et de Tirana en Albanie : il signifie  le pays (tania)  du Serpent, Turdi tania. Le nom de la tribu est flottant : Turditans, Turtitans, Turtutans, Turdérans, Tartares, Tatares,  Tardutes,  Turtes, Tourshes, ou Tourses .Ce sont ces « Torréens » dont parlent les archéologues, de torre (tan), de turditans.Le nom des  nuraghi sardes est identique à celui des kourganes (cf .le mot celte korrigan)qui jalonnent la migration des torréens depuis les mers du Nord jusqu’à lamer Noire et à la Corse.

4 dans le nom de Tizzano, de Titanos cité par Ptolémée, de la tribu des Tardéniens  ou Turtutans, comme le suggère le nom du fleuve cité par Homère, Titaresius ou du sommet neigeux Titanos. . Grâce au livre de F. Vinci, nous pouvons remonter de Tizzano jusqu’en Finlande au fond du golfe de Bothnie d’où la migration eut lieu en suivant le cours du Danube. : Iliade, II, 751 : «puis Gounée, qui amène 22 nefs de la ville de Cyphe (aujourd’hui Kuiva-niemi, le dernier mot signifiant cap ou pointe en finnois). Il a sous ses ordres, avec les Eniènes (Finlandais , du nom  ancien de la Finlande, Aeningia), les Perrhèbes( Peraiboi, ou Piereia) (cf le nom finnois de la mer Perameri qui s’étend jusqu’à la Laponie et jusqu’au cercle arctique) , guerriers valeureux, établis au pays inclément de Doodoonè(Lapponè, de Lapithone) ; et ceux qui cultivent les terres le long du Titarésios charmant, dont l’onde claire va se jeter dans le Pénée, sans pour cela se mélanger à ses tourbillons d’argent, mais en coulant à sa surface, tel un flot d’huile ; c’est qu’il est une branche du Styx, le fleuve terrible du serment. », p. 227 ou encore dans l’Iliade, II, 735, « Puis ceux d’Orménion, de la source Hypereia (Ibèreia, en Pieria), ceux d’Astérion aussi, ceux  du Titanos au sommet blanc de neige (on est en été). Ils ont à leur tête Eurypyle, le brillant fils d’Evenor : il a sous ses ordres 40 nefs à la proue enduite de noire résine. » Le mont Titanos évoque l’actuel Tritonranta selon F. Vinci, où ranta signifiant rive en finnois. Voir carte 210. Le nom du mari de l’Aurore, Titoon, le brillant , est apparenté.

 

Le  s de Sarditania, le l de Lydia, le p de Pyrénées, le K de Korsa, correspondent   au t de Tirana ou de Turditania

 

Les Paléo- Ibères : les Phéaciens et un  premier  nom méconnu de la Corse, celui de l’immémoriale Schéria homérique (-1000 avant J. C et bien plus tôt -12000).

. Les Phéaciens sont des Pélasges et leur nom est le même (Phai vaskes).

La thèse nord- atlantique de Felice Vinci.

L’historien grec Thucydide (VI, 2), sceptique, a écrit : « Cyclopes et Lestrygons, les vieux habitants, dit-on,  d’un canton de la terre ! Je n’en puis dire, ni la race, ni le pays d’où ils vinrent, ni celui où ils disparurent. Je renvoie le lecteur aux poètes et à la connaissance que chacun peut avoir de ces gens- là. ! » Et pourtant ! Avant de traiter des Phéaciens de Homère et de la Corse, il nous faut marquer nos interrogations. La question homérique  a été modifiée de fond en comble depuis l’ouvrage génial de Felice Vinci (1995), Omero nel Baltico,  en traduction anglaise (2006) The Baltic origins of Homer’s epic tales, The Iliad,  the Odyssey , and the migration of myth. Eratosthène  (210 avant J.C. environ) avait raillé les contradictions de la géographie homérique appliquée en Méditerranée , disant que «  quiconque voudrait trouver les lieux visités par Ulysse devrait d’abord trouver le savetier qui fit les coutures du  sac de cuir où Eole enferma les vents. » (cité par Strabon, I, 24) . Il accusa Homère d’avoir placé dans des régions méditerranéennes des endroits et des situations qui ne pouvaient se trouver que dans l’extrême nord.

  Je songe à Dumas qui, racontant sa visite à l’île  Monte-Cristo sur la côte oirientale de la Corse, fait allusion à son futur Comte de Monte Cristo et  ajoute ces paroles provocantes : «Et maintenant, libre à chacun de chercher au Comte de Monte- Cristo une autre source que celle que j’indique ici ; mais bien malin celui qui la trouvera. » 

Or, un généalogiste normand,  M. Gilles Henry, a découvert,  le premier, une piste haïtienne pour ce nom (Monte- Cristo ou l’extraordinaire aventure des ancêtres d’Alexandre Dumas- Biographies, mémoires, correspondances, avec préface d’Alain Decaux , Perrin, 1976).Il a révélé que la plantation haïtienne du grand’oncle de Dumas se trouvait à environ 24 kilomètres du port  franc alors appelé Monte- Cristo, aujourd’hui Montecristi en République dominicaine : Selon nous,  l’arrière grand-père de Dumas n’était pas allé bien loin pour mettre une frontière entre lui et ses poursuivants et pour  trouver un  refuge sûr en territoire étranger, neutre ou espagnol,  d’abord dans l’île de Monte-  Cristo située non loin du port de Monte Cristo avec ses trois compagnons, les nègres  Rodrigue et Cupidon et une négresse au doux nom, Catin, puis avec  Cézette..C’est là que naquit le futur généraql napoléonien d’une indigène d’origine indienne, Cézette. Dans le titre Monte-Cristo, s’amalgament, superficiellement, l’île italienne et, profondément, le Monte-Cristo  des Caraïbes, comme pour Homère la Schéria corse et les Phéaciens nordiques.

Justement à propos des Phéaciens, par exemple, Eratosthène critique le courant du fleuve qui, à la prière d’Ulysse, rebrousse son cours  «  Homère est un menteur , puisqu’il fait couler le courant d’un fleuve en sens inverse,  phénomène tout à fait impossible dans le monde . » Mais là où il y a des marées, ailleurs qu’en Méditerranée, le courant d’embouchure remonte deux fois par jour et s’arrête à marée haute. C’est le phénomène dit de mascaret (Littré : « masse d’eau en forme de barre remontant avec impétuosité le courant d’un fleuve »).

De même, à propos des Laiystrygons, Kratès de Mallos (environ 170 avant J. C.) avait remarqué les étonnants soleils de minuit et ces courtes nuits d’été qui ne se trouvent pas en Méditerranée (épisode des Phéaciens), mais seulement dans la zone arctique. Il est vrai que l’on peut invoquer l’interpolation de ces vers (Odyssée, X, 86 et suivants), ainsi que pour le voyage à travers le pays des Cimmériens, dans l’extrême nord, dans la péninsule Cimbrienne (Jutland aujourd’hui). D’ailleurs, le nom d’Homéros est peut-être à rapprocher de Gomeros, le peuple de Gomer (cf  Gomorrhe, Kumran) cité dans l’Ancien Testament  (Ezéchiel, 38,6)  en caractères cunéiformes Gimirai, en grec Kimmerioi ; ce serait un poète cimbre  arrivé par la mer du Nord avec ses traditions poétiques, qu’il aurait adaptées  à la géographie nouvelle en y rajoutant certains épisodes typiquement méridionaux comme celui des Laystrygons devant lesquels il avait pu passer vers 1400 ou celui des Lotophages.

En, effet, le pays des Lotophages  est peut-être situé sur les bords de l’Atlantique, du  Rif marocain, près de Tanger plus précisément, et la drogue que les gens y  mastiquent est le hachich , cannabis coupé de datura. La plante à fleurs jaunes dont parle Homère n’est ni le dattier, ni le jujubier ni le figuier de Barbarie, c’est  le datura  metel chloroantha. C’est le mot hindi dhaatuura qui a donné le mot looto, de la métathèse raatuu (dha), donnant lautau. La drogue se présente sous la forme d’une confiture où entrent la pistache, la cannelle, le poivre, la muscade, le miel, etc. : c’est le dawamesh connu jadis dans tout l’orient.  

En ce qui concerne l’île de Circé et  l’île de Calypso, Strabon avait remarqué qu’elles devaient se placer dans l’Atlantique, puisque Homère précise  que leurs fleuves  se jettent dans l’Océan Atlantique. Plutarque (46-120 après J. C.) confirme, dans De facie quae in orbe lunae apparet, cette opinion : selon lui, l’île de Calypso serait à 5 journées de voile de l’Angleterre. Tacite, dans sa Germanie (3, 2), parle aussi des traversées nordiques d’Ulysse. Vinci identifie Ogygie, l’île de Calypso (dont il rapproche le nom de Kalsoy dans les îles Feroè à Hagoyggi dans l’île de Spora Dimum, et l’île de Circé, Aiaiè (aie signifiant terre) à Haja.

D’autre part,  les vers homériques,  X, 86,  placés à la fin de l’épisode d’Eole et avant celui des Lestrygons où ils n’ont que faire, sont intriguants. Les voici : « on y voit le berger appeler le berger ; quand l’un rentre, il en sort un autre qui répond ; un homme entreprenant gagnerait deux salaires, l’un à paître les boeufs, l’autre à paître les blancs moutons, car les routes du jour et celles de la nuit sont voisines ».  Ceci signifie que le temps d’éclairement dure si longtemps qu’on pourrait travailler presque 24 heures par jour.  Fin juin, dans le sud de la zone subarctique, mais non en Sardaigne chez les Laistrygons, le  soleil ne descend pas au-dessous de l’horizon pendant 73 jours, la durée du jour dépasse 19 heures. On est donc tenté d’accorder créance à Plutarque et de placer cette île de Calypso dans l’Atlantique nord (il doit falloir replacer ces vers dans l’épisode de Calypso).

 

Quant à l’épisode des Phéaciens,  c’est un composite boréal et corse.  

1) Ainsi le nom de la mule de Nausicaa, hémionos, littéralement demi- âne, mulet,  hybride de cheval et d’ânesse ou d’âne et de jument, et donc stérile, a inspiré divers commentaires, sachant qu’il n’y avait probablement pas de cheval en Corse à l’époqiue. Le cheval des immigrants du nord était un cheval qu’on retrouve aujourd’hui pur de tout mélange en, Norvège (Norvégian Fjord Horse) avec une crinière hérissée et un corps trapu évoquant la forme de l’âne dit d’Asie que nos nordiques avaient importé en Syrie en lui laissant son nom hèmionos. , ce dernier nom  venant non pas de hémi, demi, et onos, âne, mais  du féminin  anisonos,  âne cf. sumérien ansu,  latin , par métathèse,  asinus , arménien es (de esnos) Anisonos, âne,dont on remarque le féminin indépendant du sexe   a subi l’attraction de  hémionos, mulet,   au point qu’on trouve dans l’Iliade agrotéra hémionos, âne sauvage,  qui ne peut être une mule sauvage, mais seuilement un âne sauvage.   Togarmah, nom donné dans la Bible aux Cimbres, le peuple de Gomor, échange des chevaux et des hémionoi, des ânes et non pas des mules, au marché (Ezéchiel, 27,13). Il n’est donc pas si étonnant que Homère appelle « mule » ce qui est un âne sauvage destiné au transport du linge, ce qui est plausible pour la Corse.

 Selon moi, l’épisode des Phéaciens  était originellement situé dans la mer du nord, mais les Phéaciens ne sont pas restés au même endroit.Leur roi  était Nausithoos ; Héraclès eut avec Melitè, fille du dieu fluvial Egée, un fils nommé Hyllus qui, à la majorité et devenu le chef des peuples du Nord, quitta son île natale  averc  des guerriers pour  migrer dans la mer de Kronios (mer du Nord). Là, en Hypéreia, peut-être de Ibéreia, nous dit l’Odyssée (VI, 4),  au cours d’un raid visant à capturer du bétail, il fut tué à Tégée par Echenus, chef des Mentors, qui étaient des Cyclopes.  Homère qualifie Hypereia de polychôreia qu’on, traduit souvent par aux vastes emplacements, de grec polus, nombreux, et de chôra, lieu.  Mais on peut, au prix d’un simmple abrègement du ô, rapprocher l’épithète de choros, chœur de danse et des vers de l’Odyssée, XII, 3-4, à propos de l’île deCircé, où « l’Aurore qui se lève tôt a sa maison ert ses danses (choroi) ». La divinité de l’Aurore, Eôs aux doigts de rose, Ushas en sanskrit, Aurora en latin, du radical ausôs, exécute ce qu’on appelleen anglais des aurores tourbillonnantes (revolving dawns), des aurores boréales.Pour Tilak, les danses de Usha sont , dans les Védas, une métaphore pour les Aurores boréales. Quand on parle des Héraclides ou du retpour des Héraclides pour désigner ces migrations nordiques, on fait allusion au fait que Hyllus était le fils d’Hercule. C’est ainsi que les Phéaciens se retrouvèrent en Corse.  

2 ) Quant à l’expression « hommes du bout du monde » ,  dans la bouche de Nausicaa à propos de la terre des  Phéaciens (VI, 205) : «Nous vivons à l’écart et les derniers des peuples, en cette mer des marées (l’Ocean atlantique) , si loin que nul mortel n’a de commerce avec nous », elle n’est certes pas valable pour la Corse , mais , comme pour les Cimmériens et pour les noirs Ethiopiens ou Mauritaniens (I, 23), ou bien pour les îles du Nord où habitent Circé et  Calypso, elle est à rapporter à l’habitat originel des Phéaciens , comme lorsque le poète déclare : « Nausithoos au visage de dieu avait transporté [les Phéaciens] loin des pauvres humains (loin de leurs compatriotes nordiques) et les avait fixés en Schérie (en Corse) ».

   La «  terre des Phéaciens », dirigée par le roi Antinoos et sa femme Arètè (de oarèter, sœur- épouse comme chez les Pharaons,  cf. grec oar)  s’appelait, nous dit Homère, Schéria (à rapprocher de Euskal  herria, nom du pays [herria] basque [euskalduna] , le composé donnant skheria).

Il  est  tentant, pour le linguiste,  de songer à  Piana,   face à la presqu’île de  Scandola.

Toponymie de Piana

Le nom de l’antique Piana vient de  phaiacana, de philania (ancienne Vapanes de Strabon par métathèse de phavanes, puis Philenium de Ptolémée (comparez l’île Piana à l’est de la Sardaigne.

Les étapes des Phéaciens ou le nom de Scandola.

Le nom de la baie de Scandola  vient de (eu) skalduna, basque, à comparer

1) avec le nom du mont Scuderi, près de la ville d’Ali,  voisine de l’écueil Scylla ;

2) avec le nom de  la pointe de Scherraza sur l’îlot Stromboli ;

3) la pointe della Scaro, de Scariana,  à Stromboli également ;

4) Icaria (nom d’un archipel dans la mer ionienne) cf. Ischia;

5) la ville de Scherini en Sicile citée par Pline ;

6) Ichnoussa,  de iskanduna, l’ancien nom de la Sardaigne cité par Aristote. 

Homère  raconte que Poseidon, pour punir les Phéaciens d’avoir ramené Ulysse dans son île,   transforma leur vaisseau en pierre. Or, dans cette baie de Scandola, on a un îlôt Palazzo (de Posidonio.  Le nom de «  Posidonios  » était peut-être le nom du bateau qui transporta Ulysse.On y trouve encore            

          la punta Palazzo, de  Posidion, la pointe du Posidium, c’est-à-dire, non un temple à la façon grecque,  mais, sur le mode ibère, un simple autel à la pointe du promontoire ;   

         l’île Gorgola, de corcyr + suffixe –oida de ressemblance , « qui ressemble au serpent sacré », et l’îlot Gorgonella , avec diminutif latin, le petit serpent,  qui doivent leur nom au nom du serpent , corcyr, qui  n’était qu’un avatar de Neptune- Poseidon.

« Ulysse vint, toujours nageant, à la bouche d’un fleuve aux belles eaux courantes, et c’est là que l’endroit lui parut le meilleur : pas de roche, une plage abritée de tout vent. » Ce fleuve serait le Dardo au fond de l’anse de Dardo (de dardanos, doublet du nom de tribu Tardus). Le nom de Dardo se retrouve en Syrie comme nom de fleuve sous la forme Dardès ou Daradaks. A noter que Apollonios de Rhodes cite un autre nom, Aegon,  pour le fleuve que rencontrent les Argonautes chez les Phéaciens bien avant le voyage d’Ulysse, donc peut-être en Norvège si l’on accepte de suivre les géniales hypothèses de Vinci. 

Les deux ports pourraient être  ceux de

-a Castagna, de kassos, kattos, kètos, cétacé ou tout grand animal marin comme la baleine, le calmar ou plus récemment le thon, avec un suffixe -eia, kasteia (grec kèteia, en Sicile Catana ou Catina, Caieta (na), Gaëte), thonnerie, lieu de pêcherie des espadons ou des  thons, Castigna ayant subi l’attraction phonétique de castagna, châtaigne ;

- et  le port de e Lughe, le port  des loups de mers ou chiens de mer, ou encore  espadons. 

   Selon les Anciens, Schéria s’est appelée ensuite Corcyre. Pour Bérard, Corcyre ne saurait être que l’actuelle Corfou., ancienne Corcyre comme bien d’autres cités. Mais Corfou est une île, alors que Homère ne dit pas que Schéria soit une île.

 

Les curieuses traditions de Piana.

Le mythe a été christianisé en Corse. . Nausicaa est devenue « la Vierge corse Anagalla (métathèse de Nausicaa, naucaasa, naugala) ornée de toutes les vertus », née à Salogna à l’ouest de Piana., bien que,  selon d’autres, elle serait née à… Corcyre- Corfou. ! Comme Nausicaa, elle jouait à la balle,  jeu sacré typiquement ibère,  et passe même pour avoir inventé le jeu de ballon (pelote basque), selon Girolami-Cortona citant l’Athénée de tous les hommes et femmes illustres d’Oldoini

De plus, Satan, repoussé part une bergère de Piana, décida de punir ce cœur pur (serait-ce la même qu’Anagalla ?) «  en se faisant sculpteur et, à grands coups d’éclairs, de soufre et de maléfices, en  campant  un bestiaire fantastique dans l’amoncellement dantesque d’alentour qui porte encore  les traces de sa colère. C’est peut-être la christianisation de la menace de Poseidon qui,  afin de  punir les Phéaciens s’ils s’entêtaient à lui désobéir,  avait assuré qu’il entourerait plus tard  leur ville de montagnes qui la rendaient inaccessible

 Heureusement, saint Martin, de passage à Piana où le vacarme l’avait attiré, bénit le paysage satanique, si bien que, grâce à son intercession,  une immense vague vint baigner le bas des rochers et forma le golfe de Porto,  dont les eaux limpides transformèrent la cité du diable en un paradis de fraîcheur d’une grandiose beauté » (le Guide de la Corse mystérieuse, Tchou). On perçoit les ressemblances entre les noms Nausicaa, de  phaviaska, phausikaa (la phéacienne)  et Anagalla.

  Consultons encore la mythologie : elle nous apprend que Phaiax, le héros éponyme des Phéaciens, était le fils du dieu de la mer  Neptune et de Corcyre, une nymphe fille d’Asôpos (le serpent à aigrette). Le nom de Corcyre   vient d’un nom  paléo- ibère du Serpent, Korkrura  ou krokrura.  Corcyre  eut pour fils Croton, fondateur de la ville du même nom, roi du cap Lacinion (basque, gascon) sur le territoire de Crotone, de krorkore.

 Dans certaines régions corses, le nom du Serpent, krosous, aboutit à chrousoun, qui sera compris comme le grec chruseon, doré. L’Ile -Rousse tient peut-être son nom de insula Chrusea, l’île qui ressemble à un serpent, puis l’île dorée,  interprété comme insula  Rossa,  l’île Rousse. .  Ascari  fait remarquer que le Monte d’Oro (2391 m) ne correspond pas,  par sa situation géographique, , avec l’Aureus Mons , Chrysoun Oros,  de Ptolémée qui serait plutôt le Monte Cinto (2707 m) : le nom se retrouve dans la vallée de Cruzzini. Or, pour revenir à Ajaccio, nous avons le Campo dell’Oro, dont l’étymologie populaire, celle que mon père me donna, rapproche des pommes dorées ou tomates, pome d’or, que l’on cultivait autrefois sur cette plaine très riche. L’étymologie pourrait bien être Campo de Corcyro, Près  d’Ajaccio nous trouvons Calcatoggio, de korkroroidio, kalkaroizio. Le nom des îles Sanguinaires, comme celui du Mont Salario, vient de sagonaria,sagoneida,  qui ressemble (suffixe ibère de ressemblance ou d’appartenance –eida devenu -eira) à un serpent.

 Rapprochons maintenant  le nom des Phéaciens, en grec  Phaiaces, -leur  nom est à rapprocher de celui des Basques, vaiasces, -de celui de la ville d’Ajaccio, de phaiax, vaiax,  la (ville) phéacienne, la basque,  Ayatch dans la prononciation moderne.

 Le nom  de Propriano ,  de la tribu des  Ocricoli  (de ocricroni),  est  à rattacher à une  série paléo -ibère qui donne précisément Crotone, l’étrusque Cortona, de crocrona et désigne la déesse  serpent , cf. le nom du  crocodile pour crocrodile .De même Corte  de korkyra , cf. Cordoba, Cordoue et  Corticchiato , de  Korkridatès avec suffixe d’habitant , puis korkritsada ou Calacuccia, de karakrotès. Propriano venant  de krokruno, c’est bien est une ancienne Corcyre (cf. le  mégalithe de Crocuno, pour crocruno , au nord de Carnac, ou le menhir de Crocuny à Carnac, le toponyme homérique  ta Croculeia près d’Ithaque, le nom de la ville de Perpignan, de kerkruna). De même pour (Sarrola)-Carcopino, de Kerkrudino, avec suffixe –oida,  qui ressemble à un serpent, ou Patrimonio, de Krakridonio.   Le nom de Corcyre  succède ainsi à celui de Schéria.

 Guagno –les--Bains a un nom ibère qui signifie nauséabond à cause de l’odeur des eaux sulfureuses.

Les Pélasges ou Pélestes  cf.  Philistin, Palestine. 

  Palas  de  palasgos. Palasgo (tania, pays), autre nom de Bonifacio, nous a laissé les lieux-dits voisins  Palavania (de palasgo  et tania, pays) et   Paragnano (de palasgano) près de Bonifacio.

Venzolasca  est dédiée à la  divinité Vendis ou Bendis et contient par ailleurs l’épithète de la déesse,  lasca,  basque, du nom de cette  tribu,  les Lacétans (lace de basque, tan de tania, pays). Le  culte de Bendis existait en Macédoine, en Thrace, en Egypte, en Espagne chez les Cantabres et même au Pirée, le port d’Athènes. En Thrace, elle reçoit le nom de Bendideia et on associe cette déesse à la ville de Mendes (Bendis ou Vendis), à Menphis en Egypte et aux deux Mantoue d’Espagne et d’Italie.  Les Cantabres ont une tribu qui se nomme les Vindeliciens et il paraît naturel de faire le lien entre Vindelicia et Vangelia, la demeure souterraine : Bendideia, l’épithète thrace de la déesse,  signifie la Vindelicia .

Une autre commune corse, Palasca, à comparer avec le nom du dolmen de Kerlescan en  Bretagne ( la demeure, ker en breton, de la déesse ibèro- basque  Lescan, cf Lascaux), vient du paléo- ibère ba,maison et de lasca, 

Le nom de i Paladini , donné à deux menhirs, n’a rien à voir avec les Paladins (étymologie populaire), mais est une altération de palasgini.

De même, dans la région de Sartène, pour le nom de  l’alignement de Palaggio avec des statues- stèles, de palasgio. 

Le mégalithe Frisgolaccio près de Brando signifie le menhir (frisgo, de l’ibère frit, pointe d’épi, cité par Varron) et –laccio, de lasgio, pélage .

Parata vient de pelasta, comme lada ou lata, mégalithe,   de lasto ,pelasta.

Le Bozzio, de pelasgio, est étymologiquement le pays des Pélasges, comme la pointe Poggio en Sardaigne.

D’autres  villages phéaciens.

 Les habitants du port  de  Philenium, de phaivenes, citée par Ptolémée, aujourd’hui Piana,  tirent leur nom  de phaivacenes, Phéaciens. Port Favone (on a aussi Favone en Sardaigne et Port Pavone Port Paone, de  Port Pavone , sur un îlot en face de Naples, Nèsida) vient également de Philenium.

Le port Pauka(na), de  phaivask-ana, phéacien, basque,  est devenu  Port  Pollo , à comparer avec Porto Pollo, en Sardaigne, près des Bouches de Bonifacio,  .

Les cousins des Phéaciens : les  Cariens et Ciliciens.

Le nom des  Carietes ou Cariens (-etes, suffixe ibère ethnique) vient de Scheria, basque, qu’on retrouve dans le nom des îles Icariennes et dans le nom des Karienes,  un peuple de la Taraconnaise cité par Pline l’Ancien.  Il existe un mont Kasios (de skharios) en Syrie Koilè, connu pour son temple de Zeus., et un autre en Basse Egypte.. Il existe aussi en Magnésie une ville de Castanea ou Castana, de Kasi tania, le pays des Cariens, d’où la châtaigne aurait tiré son nom, tant en grec, kastanikè karia, le noyer de Castanie, qu’en latin, nux castanea., la noix de Castanie.   Le nom du  portu di a Castagna, le port de la Casitanie,  près de Piana,  a la même étymologie, de même que Calenzana, de calen tania, le pays (tania) des Karinoi, Cariens. Le nom du Golfe Casalus, cité par Ptolémée,  de  casanoi ,  carien,  a évolué aujourd’hui et produit le nom du  cap Cavalo, près du golfe de Porto, comparez la pointe Cavalli ,près de Porto Pollo en Sardaigne.

Le mont Cali à Vezzani vient de  Karinoi.

Le nom de la déesse Cérès, de celesna, ,la déesse carienne,   et celui de la ville de Cenestum,  de canestana,  calen  tania (pays des Cariens), près de Calenzana sont apparentés.

 

On peut  passer en revue  diverses tribus proches des Phéaciens., des Pélasges ou Pélestes,  des Cariens et des Basques :

 1Les  Vescitani , de vesci tania, le  pays des Vesques  ou Vascons, gascons, basques, attesté sous la forme Scania, de (ve)sca (ta) nia en Suède, d’où ils ont émigré. Ils seraient procghes des  Ligures.

Vezzani .La tribu basque  des Vesci, où l‘on reconnaît sans peine le mot basque, a donné en Corse, à partir de Vescitania (le pays  tania, des Vesques),  Vezzani, où le sulfure de cuivre rouge  était exploité anciennement, et, en Italie du nord, la ville de Vezzano Ligure, en Sicile, la ville de Vizzani.  Dans l’église de Vezzani dort, sous la chaire, un géant dompté, le vieux dieu Cali dont une montagne voisine perpétue le nom. .  Le nom de la montagne qu’on aperçoit de Vezzani, Cali, vient de Kasios,  le monstre divin. Les Vezzanais ne mangeaient pas de lièvre anciennement et plus anciennement de pika (lapin géant sans queue), animal familier disparu depuis le XVIIIe siècle, dit-on,  car, pika,  lapin ou lièvre, le nom est souvent interchangeable. Or,  il n’y avait de lapin à date ancienne qu’en Espagne et celui-ci était transporté sur les bateaux avec le plus grand soin par les émigrants: de là l’interdiction de manger du lapin à bord des bateaux aujourd’hui encore. Le pika corse ou sarde (Prolagus corsicanus) et en Corse  le chat sauvage (Felix silvestris reyi) , comme les belettes, ont disparu assez récemment à la suite d’ une épidémie.Le nom du lièvre,  en grec lagoôs, de lagoros, en latin au génitif  leporis,  qui était pour certains Ibères d’(Asie mineure un animal domestique analogue au chien , est à rapprocher de celui du lapereau (l’ancien nom du lapin, et non un diminutif),  portugais lapâro, lièvre, lapaõ , lapin, grec lebèris, provenant du nom d’une tribu basque, les Illésiens, donnant lebes, cf le libeccio   Le nom du lièvre et du  lapin signifiaient le ligure, legworo .

Vizzavona, le col (basque -vona)  tenu par les Vesci.   

Tattone, de basque tag, commander et vone, col, signifie ce qui commande le col, l’avant- garde du col.

Le nom de dolmen Vascolaccio,  le dolmen qui ressemble  à ceux que font les  Basques, vient  de vesc-, basque, + suffixe ibère de ressemblance ou d’appartenance  oida devenu -ol +-suffixe péjoratif indiquant un monument non chrétien –accio.

2 Les Vocontiani, du pays (tania) des Vo(s) cons (de basque, Cf. Gascons), ou Volcioni, nous ont laissé Bocognano  ,de vocontiano,  et   Asco, de vosconi  .

3 Les Lacétans, de basco et tania, pays..

Ils  nous ont légué en Corse  le nom de la rivière Casaluna, de Lacetania, puis,  par métathèse, katselania, kaselania, kasaluna. Le t de –tania, pays,  était un ts à appendice sifflant.

Casaluna et  Catalogne sont identiques, comme   le nom de Catane, de la métathèse  ka (le) tania en Sicile. Citons deux  villes corses se terminant en –laccone,  -lacaro (gascon) :

1Urbalaccone, le fleuve (urba, Ebre, Ibère) qui  appartient à une tribu basque, basque  apparaissant  ici sous la forme –lacone pour Vascone, Gascon, Basque.

2Solacaro, qui est composé par aphérèse de (te) si, (te)so, le Serpent,  et de lacano, lacaro, la (déesse) basque, cf. Settiva et Zévaco. .

4 Les Vaccéens, de bascéen

Les Vaccéens étaient connus pour leurs silos souterrains où ils dissimulaient bétail et moissons, femmes et enfants en période de guerre. Ces derniers étaient secrets, naturellement,  et aujourd’hui l’Etat, sous prétexte de sécurité, a dissimulé l’entrée de ces immenses grottes, mais j’ai pu visiter jadis le silo de Bonifacio, altération de suri vakkio, le silo vaccéen  qui a donné le Suraco de Ptolémée,  qu’il appelle encore Syracuse.  Suri vient  du nom du silo, seiros en grec, sirus en étrusco- latin.  

Le nom du complexe mégalithique de  Settiva (cco)  vient,  par métathèse,  de tari vacco,  tesi vacco,   le serpent vaccéen.

 De même pour Zevaco, illustrée par un célèbre auteur, et sa métathèse Zicavo, par aphérèse de  (te) si- + vacco, le serpent  basque. .  

Le nom d’un menhir,  Vaccil (vaccoida, avec suffixe d’appartenance)Vecchio ,  le vieux Vaccéen rappelle son origine vaccéenne.

Bavelle avec son amoncellement dantesque de rocs,  signifie la maison des Enfers et vient de gadeira na (-na, suffixe locatif), comme Tavère.

5 Les Bastetani (de baste pour basque et de tania, pays) ou Bastuli (de bastutani) nous a laissé Bastia. A ne pas confondre avec Bastelica, de basilica(to) .

 

Aléria, Vico et Bonifacio-Syracuse,  les trois cités- ports  du Ier siècle avant J. C.

Hérodote vers -425 citait (I, 165) Alaliè (Aleria) comme fondée par les Phocéens. Diodore de Sicile, au Ier siècle avant J. C,  écrit (V, 13,3): « il n’existe que deux villes (poleis) dignes de ce nom en Corse, savoir Kalaris  [Aleria ] et Nikaia [Vico]. Les Phocéens fondèrent Kalaris, les Tyrrhéniens (Etrusques et leurs alliés de Corse Turdéniens) Nikaia [Vico] ».

  Diodore  ajoute : « Cyrnos a un très beau port, appelé Syracuse (Bonifacio) ».Strabon au Ier siècle avant J. C .cite Henikoniai qui est la même que la Nicaia de Diodore.  Florus, au 2e siècle après J. C., cite (II, 21) Carala (métathèse de Kalara, Kalaris, Aleria ) .  L’étymologie d’Aleria, comme de Galeria, est gadeira, monstre marin divinisé, qui a survécu de façon reconnaissable dans Belgodère (de iber gadeira).

En -564  environ, un  port existe déjà, celui d’  Aléria sur la côte orientale, port aménagé par une colonie de  Phocéens venus d’Asie mineure et qui y restera vingt ans. . Selon Strabon, c’est  après une victoire navale  contre les Phocéens, avec pour alliés les Carthaginois,  que les Etrusques ont fondé une ville appelée [V]enikoniai, la Victorieuse.   La même racine ibère  signifiant vaincre,  *vic avec nasale infixée,   qu’on retrouve dans le latin vincere et dans  le grec nikaia donnant Nice ,  a produit , à partir de  l’étrusque *Veniconiai, Ve (ni)co (iai),   finalement Vico ,  nom de la colonie côtière transféré par la suite  , comme souvent,  vers  l’intérieur et les montagnes par peur des attaques maritimes. Il était normal que les Etrusques s’intéressent à la côte opposée à celle d’Aleria et de Bonifacio- Syracuse qui préexistaient depuis longtemps toutes deux et fondent leur propre port, Vico, non loin  du golfe de Sagone.

Les quatre cités anciennes de Strabon (Ier siècle avant J. C.)

Strabon écrit : « Il y a en Corse quelques petits bourgs comme Eniconiai, Vapanes,  Blesino Charax », Vico, Piana, Lurinon (disparu), Chatra

1 Eniconiai, la victorieuse,  est devenue Vico.

2 Vapanes. Son nom vient, par métathèse, de  phaivacenes, Phéaciens, donc de vaphaines.

Chez Ptolémée, au deuxième siècle après J. –C.,  Vapanes devient le port de Philonios, de phavonios, Piana aujourd’hui

3 Blèsino .On doit en rapprocher Bletisa  en Lusitanie, le Portugal, Brindisi en Italie méridionale , (saint ) Brendan, Broséliande: c’est peut-être aujourd’hui  Brando,de brandono,  du nom du soleil savil, de (sa)vilo+no , vésino, blèsino ,  brèd( i) ( n)o.

. 4 Charax, le lieu  avec des  pieux,  a été traduit en latin par Castra, le camp  qui a donné le nom de la commune de Chatra, près d’Opino.

 

Les 32 cités et ports de Ptolémée  dans  son Traité de géographie au II e siècle après J. C.

Le texte est d’un  prix  immense. La carte qui l’accompagne  a été étudiée magistralement par Ascari  dans trois numéros de l’ Archivio storico di Corsica, juillet- septembre 1939, an XIV, n° 2 , 3 et 4 , n°1 , p.161-191 et particulièrement n°2  p.331-393, «  La Corsica nella carte geografiche di Tolomeo » . Mais la carte est postérieure à l’époque de Ptolémée : la mention d’un autel de Totila évoquant  les Goths commandés par Totila  et envahissant Aleria en 439 en témoigne.  Même si cette carte  n’est pas de Ptolémée et si elle est tardive, ce qui demeure irremplaçable,  ce sont ces noms vieux de 2000 ans, qui nous donnent un état toponymique antique de Cyrnos, même si la localisation peut être contestée.

 

 

Les 12 tribus de Ptolémée rangées par ordre alphabétique :

1 les Balatinoi, de bala tania, donnant le cours d’eau appelé la Balatèse ; la Balagne et (près de Sagone) Balogne ; certains  ont fui dans le nord de la Sardaigne, les Balaroi, dont le nom signifie errants ou expatriés selon Pausanias. Ligures  

2 les Cervinoi, Cervione. Artabres.

3 les Kilebensioi, métathèse de likeb + suffixe ethnique en – ensioi,  presqu’île de Senini près de Piana, par métathèse de (Kile)bensioi,(kile)sebenoi,senenoi,  le Celavo. ,Kinsen (Antisanti).   Ciliciens

4 les Kumasenoi, cf. Cumes en Italie et  Sermano, Cambia, Cuvasina. Ligures 

5 les Likinoi( Lieninoi), le Niolo (de liguroi),Ligures

6 les Makrinoi,  Mantinon,  ville  attestée par Ptolémée, de makrinon,  Matra,  de makrina ,  ainsi que Moïta, de matisa.  Basques.

7 les Opinoi, Mont Opido (Chatra, près d’Aleria), tribu cantabre

8 les Ouanakinoi, Venicium, Venaco.Ibère

9 les Surboi, en latin Surbroi (région de Calvi). Corbara (région de Calvi), de ksorbarai,  est à rapprocher de Corbières (en latin Corbara également), de ksoriber, le Serpent ibère, cf. le monstre gardien des Enfers nommé Cerbère. Ligures.

10 les Subursanoi, famille des Cyclopes, Carbini (région de Sartène), de ksarbunoi et Carbuccia, de ksarbusoi. Ligures,

11 les Tarrabenoi, le Taravo. Ligures

12  les  Titianoi, Tizzano. Tribu des Tardéniens (Basques), cf. le fleuve cité par Homère Titaresius.

Dans la liste de Ptolémée, 2 tribus basques : les Makrinoi, les Titianoi ; 7 tribus ligures : les Balatinoi,   les Kilebensoi, les Koumasenoi, les Likinoi, les Surboi, les Subursanoi,   les Tarrabenoi ;  3 tribus ibères , dont 1 artabre ,  les Cervinoi , 1 cantabre , les Opinoi  , et les Ouanakinoi.     

 

 

Les  32 cités ou ports et les  caps et rivières de Cyrnos  cités par Ptolémée.

Côte occidentale :

Le cap Tilox.  A Tilox cité par Ptolémée, correspondent le nom de la Sierra de Tolox  et celui de Tolède en Espagne, ainsi que celui de Toulouse, de  Toloda.  Tilox ou Tolox, de tornad-sa comme Tolède (de tornado), signifie le serpent à huppe,  Korydon ,cf  latin torpedo, poisson torpille .  Le sa final, dérivé de esse,  est un titre de courtoisie postposé.

  Tilox a laissé son nom à ce qui était censé à l’époque de Ptolémée être le plus haut sommet de l’île, cf. la sierra de Tolox,  le Mont Rotundo, de 2625 mètres,  le Monte Cinto, 2707, ayant perdu par la suite son ancien nom de Monte d’Oro pour éviter l’homonymie avec un autre Monte d’Oro, de 2391 mètres. Rotundo vient de tolodo, par métathèse lotodo,rotodo.

Le cap d’Attios, le golfe de Casalos, le cap de Ouiriballum et l’embouchure du Kirkidius

Le nom du cap Attii, cap d’Azzo aujoud’hui,  vient de accipi(trium)de accipitrium, le cap des éperviers, cf. latin accipiter-eris , épervier,de même sens que le cap  Sacrum ou le fleuve  Sacré , Sacer,  dédiés au décharnement des cadavre.  

Le nom du Golfe Casalus, de  casanoi ,  carien,  est devenu aujourd’hui celui du  cap Cavalo, près du golfe de Porto.

Le cap Ouiriballum (wi, serpent ou rivière, et ligurum, rigalum, le serpent enroulé),  la rivière du Oualerius, de vi li (gu) rius ,  la rivière ligure. On retrouve son nom en Sicile vers Naxos, avec le nom actuel du fleuve Onobala, anciennement  Onabalas.

Le  fleuve Circidius, avec suffixe de ressemblance -eida cf.Circé et  Korkyre, qui ressemble à un  serpent. Ce serait aujourd’hui le ruisseau de Chioni, de ci (rci) di (us).                

   Rhoetium a donné son  nom au cap Rosso; quant à Rhion ou Rhium (de ligurum, riurum),  il a laissé le nom de la pointe Trio.

   Urcinium, dont le nom se retrouve aujourd’hui  dans la pointe d’Orchino et dans les noms des communes Sari (de tsartina, cf. Sarrola,  la tribu des Tardi) d’Orcino et de Saint-André d’Orcino, tient son nom du dieu de la mort, Orcus.

Le nom latin de la côte Arenosa, signifiant en apparence    « sableuse », est  en réalité à rapprocher de Charax ou d’Araggio en Corse,  où ces noms désignent  des  sites mégalithiques. Le nom du site préhistorique du Castello Araggio signifie  riche en pierres levées, à partir du sens de pieu, de bouture associé aux  menhirs qu’avait Araggio.  Il est à rapprocher de la nécropole Arzachena en Sardaigne, de  arach  +--eida,  (avec des rocs) qui ressemblent  à des pieux. De même dans le Sartenais, pour le dolmen  sous tumulus Arghiola, de arch+-oida, qui ressemble à des pieux (ibère karak).. A remarquer que le dolmen porte un nom de menhir. En effet, les noms de mégalithes, qu’il s’agisse de ceux qui, à l’origine, désignaient précisément les polissoirs,  les  menhirs ou les  dolmens, sont, au fil du temps, devenus interchangeables.

Le nom du cours d’eau Locra (cf. le nom de la Locride), de ligura, au sens de serpent  enroulé par allusion à ses  méandres et avec métathèse vocalique,  se retrouve dans les ensembles mégalithiques de Cauro ou de Cauria., de gavaros, puis gavaria (cf. le cirque de Gavarni). On retrouve le même  radical dans  (Coti) -Chiavari, de gavrari,  près d’Ajaccio, prononcé kiav et à rapprocher  du nom  du  cirque de Gavarni, de Gavrinis en Bretagne, de Gâvres dans le Morbihan et de Gavoi, en Sardaigne. Le toponyme désigne des dolmens et l ‘étymologie est  agadeira,  au sens de la  déesse calmar, la  maison  de la déesse des enfers.

Le port Pauka est devenu  Port  Pollo aujourd’hui, de vaskana, basque, phéacien, phaivask-ana.

L’embouchure du  Tikarios, Port Titanos, et Physera.

Tikarios a donné le nom de la Liscia   , qui vient de titanos, tikasios, ti(ka)sia (cf Ponte Leccia), de ti(ka)sia.

  Titanos de la tribu des Tardéniens (Basques), cf. le fleuve cité par Homère Titaresius.,  

 a donné Tizzano  

Un amant de l’Aurore aux doigts de rose chez Homère porte le nom de Tithônos (Odyssée, I, 1), de tithaunos,  constellation selon Vinci, P 321, à rapprocher du sanskrit didhyana, qui signifie  brillant.(Aldebaran ou Alpha Tauri, la plus brillante étoile où le soleil se levait à l’équinoxe de printemps formant le début de l’année, vers -2000 ).L’origine de Titianos est  Gadeira, puis Geidaro, Gidaro, Titiano.Ce n’est pas une simple coïncidence si la commune corse Canari porte le même nom qu’une des îles Fortunées dans l’Atlantique : leur  nom vient identiquement de  Gadiria (cf Agadir, Agadès,  Cadix, Gadès, Gomera, nom d’une autre des îles Canaries, de même étymologie, comme Madeira, Açores de akeira, Canaria et en corse Galeria, Aleria).   Platon a traduit l’ibère gadeira par le grec eumélos, au chant mélodieux.  La légende prête à la sirène  un chant merveilleux et la sirène des Canaries devait être quelque baleine  chanteuse (c’est elle qui a donné son nom à un oiseau chanteur de Malines, la sirène [sirènos, de tsurhènos,  tyrrhénien], des Canaries devenu canari par métonymie). On était  ainsi passé du super- calmar géant.à  la baleine, divinisée également.

 Physera a donné Figari, du nom du soufflet donné aux polissoirs à cause des stries,  physaria, de physa  et de -eida, qui ressemble à, cf Figarella. Une autre radical, authentiquement ibère, pour désigner les soufflets-polissoirs-mégalithes, se retrouve dans l’albanais fronj, souffler, cf.latin fremo, grec bremô, fulmino,  et Tala fronaggia près deVezzani, nom ibère d’un dolmen, littéralement la dalle, tula (ru), cf étrusque tularu et fronaggia, ressemblant à un soufflet.

L’embouchure du   fleuve Pitanos.  Pitanos, parent du grec potamos, eau, qu’il s’agisse de la mer ou des cours d’eau et fleuves,  a donné Ventilègne, de (i) ber et de pitène avec métathèse, tipène,  tivène. La fontaine de Patana, dans le golfe de Santa Amanza, honore la vieille déesse des eaux dont on retrouve le nom dans la divinité étrusco- latine Ne ptunus ou Poseidon, forme dorienne au génitif Potidanos, ne pour Neith ou Anaïtis. Neith, la mer en ibère, est étymologiquement identique au nom des  Nartes, les ancêtres des Ossètes ou Scythes  étudiés par Dumézail et à celui d’une déesse  citée par Tacite dans Germanicus,

40, 2,  Nerthus, ainsi qu’à une divinité norvégienne Njord. Neptunus est le dieu de la rivière (pitanus) de l’Océan atlantique (neith), comme l’appelle Homère, c’est-à-dire le courant chaud du  Gulf Stream.

Le nom du promontoire et de la ville de Marianon, de Mari, nom de la déesse mère ibère, est peut-être devenu Meria, de maria (non), près de Bastia. Il ne faut pas la confondre avec Mariana, la colonie de Marius, près de Bastia.

Canelata est  aujourd’hui Cannelle, de cant-eida, (dieu) qui ressemble à un serpent, cf. Canale et Canari, ainsi que Cannetto à Lipari.

 

Côte méridionale

Palla (sgo), la pélasgienne, autre nom de Bonifacio, nous a laissé les lieux-dits Paravania et   Paragnano, près de Bonifacio.

Charax, Chatra, le Praesidium,

Le nom de la ville citée aussi par Strabon, Charax, qui signifie le camp fortifié, a été traduit naturellement en latin par castra, qui est devenu Chatra, près d’Aléria. C’est là que se trouvait le Praesidium (la protection des Romains). La ville  a englobé Opino, lié à la tribu cantabre des Opinoi, dont le nom s’est confondu avec celui de l’oppidum, sur l’actuel  mont Opido. C’est là que Sénèque a été exilé.

Le port de Syracuse, Suraco, de suri vaccio,   le silo basque, est aujourd’hui Bonifacio, le silo basque

La ville de Roubra, le serpent (wi) ibère (ibra), a laissé le nom de Orbo (Roubra) Alemana (où les Alémaniques, vers 725, se sont installés) et peut-être le nom de Rondenara, de Roudra

  La ville d’Alista, de alis +tra, suffixe de lieu planté d’arbres, comme Noceta, de nocetra, le lieu planté de noyers, cf. latin  pluriel -collectif nuceta,  est aujourd’hui devenu Alistro (près de Canale -di –Verde, cf Cannelle  et, pour Verde, Verdes en Loir-et-Cher, de Visis –eida, qui ressemble à un serpent),  le lieu planté d’aulnes, alnus cordifoliata cf grec klèthra, de kalistra. 

Le promontoire Graniacum, après Porto Vecchio, aujourd’hui à l’emplacement de la pointe de la Chiappa,  est apparenté au nom de la tribu des Agrianes ou Grovii, cf. Agrigente.

 Le port de Philonios, de phavonios, Piana,  aujourd’hui. Son nom vient de  phaivacenes, phéaciens. C’est l’ancien Vapanes  de Strabon. Mais, sur la côte méridionale et bien que la carte, étant postérieure, ne  prouve rien, il y a  Port Favone, dont le nom qui se retrouve en Sardaigne a la même origine, phavonios.

 

 

 

 

 Côte orientale

Le nom de Centurinum, aujourd’hui Centuri, s’analyse comme Cantabre, de cant, serpent. et de iberi, centubrinum , Cent ibère, Celtibère.

Mora  est aujourd’hui Campoloro di Moriari,  mora signifiant le grand (mau) saura, serpent (cf grec sauros) + suffixe -eida

Le Ieros (Sacer).

Le nom du Ieros, le fleuve sacré, sur les bords du quel on faisait décharner les cadavres, est devenu celui du  Fium (latin flumen, fleuve) Orbo, de ero, par attraction de orb, fleuve en ibère.

Aleria  vient de gadeira, déesse Serpent.

L’embouchure du Rotanos Le Rotanos (cf. Rhodanus, Rhône, Eridan [Pô] ) nous a laissé le nom de Rotani prononcé Rudani .

 Le port d’Artémis ou étang de Diane.

L’autel de Toutila (bômos Toutèla, ara Toutila).

On trouve trace des Goths qui envahirent Aleria  et du nom de leur chef Totila dans le nom de l’autel de Totèla en grec (avec iotacisme : prononciation du è comme un i), bômos Toutèla,  ara Tutela, dont on trouve trace dans Ordela, de ara T (out)ila

 L’embouchure du Touola ou Gauola, le Golo, et  la ville de Marianè

Marianè est la même que  Mariana,  cette colonie de vétérans  fondée vers -100 par Marius, tandis que Sylla fondait une colonie militaire vers Aleria. Elle sera détruite par les Vandales vers 449.  Les ruines de Mariana seraient situées dans le Campo Moro (peut-être altération de Mariana, le camp des Maures, entendons des étrangers, des Romains),  sur le territoire de Grosso. Il ne faut pas la confondre avec le cap et le port indigènes Marianon,  devenus Méria aujourd’hui, non loin l’une de l’autre. : ne peut-on supposer que Marius ait fondé sa colonie Mariana à côté d’une Marianon préexistante ?

  Le promontoire Anagum (ou Vagum selon certaines leçons erronées) a  donné son nom à  la pointe d’Asco, de anako, d’un nom du Serpent , (Sel)anko .

 Mantinon,  de makrinon, du peuple des Makrinoi , est   aujourd’hui Matra, en Haute-Corse,  de makrina, et il y a une seconde Matra en Corse du Sud .

 Klunion, près de Méria, doublet phonétique évolué  de Kersunion,  a laissé son nom à l’étang de Chiorlina, de kersinia Son nom est lié à celui de Kersunion , à Koinicum et à la tribu des Koumasenoi.

 

 

 

Cités de l’intérieur

Ropicum , qui doit son nom aux polissoirs- soufflets,  est devenu Ruvignani et  Rospigliani ,  de ripidiani, avec un s épenthétique ou analogique du grec  rips au sens de claie, palissade,  mais  l’origine est un mot ibère apparenté au grec ripis, ripidos, soufflet.

Albiano comme le nom de  l’île d’Elbe (Ilva en latin), à rattacher à la tribu des Illesiens et  est aujourd’hui Levie, de lebia(no).

Venicium est  aujourd’hui Venaco. De même, près de Corté..Sermigium, lié au nom de  la tribu des Koumasenoi ,  avec métathèse de k et de s,  semakenoi,  sermakio, est devenu Sermano(i).

Matisa, du peuple des Makrinoi,  a donné Moïta, de maksina,  masuta, puis mautisa

Palanta ou Palania  est dérivé du  nom de la Balagne, de balanatania, le pays des migrateurs ;

L’Ile Rousse, Kaisias aigialos (la côte Caesia, la côte des baleines, de cessia, cettia, cf. .kètos, cétacé, monstre martin qui peut aussi bien être un cachalot, un calmar géant ,  un espadon ou un thon, cf. Castagna  ).

L’Ile -Rousse tient peut-être son nom de insula chrousea, interprété comme rossa, alors qu’il venait de Korkureida (-eida suffixe de ressemblance), l’île  qui ressemble à un serpent. .

  Kersounon , de ku(ma)senon, lié à la tribu des  Koumasenoi , a laissé son nom à  la pointe Curza ,  de kersuna, dans le Désert des Agriates,  à Kinsen, de kunsen,  lieu-dit près de Pietroso et à  Cuvasina

  Coinicum ou CoeniconCenicum ,  noms dérivés du nom de la tribu des  Cunicones, de Laystrygones,  est une ville détruite par les Vandales et leur tribu des Sillings en 439. Ces derniers s’installèrent tout près à Zigliara, de silling+suffixe locatif -na

Lurinum. . Chacun connaît Luri, et il y en a une seconde  moins connue, mais Ascari fait remarquer que la Luri actuelle ne correspond pas avec celle de Ptolémée.  5 villes ont  été détruites par les Vandales en 439 : Mariana,  Aléria, Ajaccio, « Turrinum » et Coenicum. Lurinum était devenue Turrinum, aux environs de Caccia. Le nom de Lurinon  est apparenté à celui de la tribu des Lusones. Des tribus vandales, celles des Sillings  se sont installées près de deux villes qu’elles avaient détruites, Zilia près de l’ancienne Cenicum et de  Calenzana et Zigliara près d’Ajaccio,  toutes deux devant leur nom aux Sillings.

   Lavasina près de Brando, de lusinon, Lavatoggio, de lusonio, lavatosio, doivent aussi leur  nom aux Lusones  ,  de  lavatando, avec attraction du nom du saint.

 

 On retrouve le nom d’Alouka dans les noms  du ruisseau Lucca et de la colline  Lucca.

 Osinkon, la ville pieuse (cf. grec osios et suffixe de ville  en –incon) survit dans Asinco .

Talcini, où l’on peut reconnaître le nom du Serpent, dracon , talcon,   a laissé son nom à la pointe de Talsini .

 

Sénèque au premier siècle après J. C.

Sénèque fut  exilé en Corse, près d’Aléria,  à Chatra, du latin castra, camp, en cantabre Charax , , où était , sur un oppidum, le Praesidium (protection) romain ; le mont Opido actuel.a pris la relève de l’ancien Opino, lié à la tribu des Opinoi . Il écrit dans sa Consolation à sa mère Helvia (VII):

“ L’île où je suis a changé plusieurs fois d’habitants. Sans parler de ces anciennes peuplades dont le temps a effacé le souvenir, les Grecs fixés aujourd’hui à Marseille, après avoir quitté la région de Phocée, commencèrent  par s’établir dans cette île. Quel motif les en chassa? Fut-ce la rigueur du climat, ou la crainte de la puissance des Italiens, ou le désavantage d’une mer privée de port? On n’en sait rien, mais ce ne fut sûrement pas la férocité des naturels, parce qu’ils passèrent dans la partie de la Gaule, qui pour lors était la plus sauvage et la plus barbare.

“ La Corse fut ensuite possédée successivement par les Ligures et par une colonie d’Ibères: la conformité des usages ne permet pas d’en douter. On retrouve ici les ornements de tête et les chaussures des Cantabres [Ibères] d’aujourd’hui, et quelques mots de leur langue, vu que le commerce des Grecs et des Ligures a entièrement dénaturé le langage primitif. ”Les chaussures sont blanches et le chapeau est un bonnet phrygien rouge dont la pointe est recourbée.

Sénèque était  né en Espagne, à Cordoue, d’un père qui était lui -même né en Espagne. Le  grand philosophe est un témoin oculaire, et pas n’importe lequel. La langue des Corses indigènes près d’Aléria  n’était pas indo-européenne, de son temps, elle n’était pas parente du gaulois, du latin ou du grec, mais  un dialecte cantabre, c’est- à- dire celtibère, celui des Opinoi. . Sénèque n’était pas un linguiste, certes, car il  eût dit que leur langue cantabre  était apparentée au  ligure  au lieu d’y voir une langue dénaturée par des commerçants ligures. Quant aux mots d’apparence grecque dès l’époque de Sénèque (Figari, de physaria, etc), il s’agit,  tout au contraire, de mots propres au cantabre et empruntés par le grec.

  Après avoir traité des premiers occupants phéaciens, basques ou paléo- ligures (Ostricons ) et de leurs mégalithes,  nous essaierons de  suivre les deux grandes familles d’envahisseurs,  les derniers Ligures  et les  Cantabres, Artabres  et autres Ibères.  Rappelons que ces deux branches ligure et ibère sont parentes entre elles. Le prince Louis- Lucien Bonaparte, corse et ayant séjourné en pays basque, a, le premier,  rapproché les toponymes basques et corses  (par exemple Ghijon,  Tolox etc.).  Le grand linguiste ibéro- basque, J. Karst, n’a malheureusement pas touché au corse primitif.

 Le Grec Pausanias au II e siècle après J. C. (X, 17, 8-9) nous a laissé un mot de ce langage primitif, le mot balaroi (nominatif singulier en –oi ou en –ai) au sens premier de migrateur,

d’expatrié, de fugitif pour désigner les Corses exilés dans le nord de la Sardaigne, par cette voie obligée des migrations dans les deux sens que constituaient  les îles Lavezzi. Cette voie,  au néolithique,  permettaient de relier à pied sec la Corse et la Sardaigne qui, longtemps,  ne formèrent qu’une île. C’est par là que circulait l’obsidienne sarde.  Ce mot balaroi nous a donné les nom de la Balagne ou de Balogne et il se retrouve dans le nom des Baléares : il vient de gadeira, le  calmar géant divinisé, puis la baleine. Avec mufro, le mouflon, c’est tout ce que nous savons expressément du corse primitif.  

  1)”Sans parler de ces anciennes peuplades dont le temps a effacé le souvenir”, écrit sénèque.  Ce sont les Paléo-Ibères : Phéaciens, Basques et première vague de Ligures (Laystrygons).

L’ancêtre des Phéaciens venait d’Hypérie, altération d’Ibérie, cf. hyperborée, de ibèr bor,  et Boraia, nom d’un vent, le Borée.   Les Phéaciens,  lassés des attaques de leurs voisins les Cyclopes, rejoignirent la Sardaigne d’où ils passèrent  en Corse par les îles Lavezzi et Bonifacio. 

Origine des Phéaciens.

Le nom de l’Hypéreia, d’où viennent, selon Homère,  les pacifiques Phéaciens,  est une altération  de Piéria, le pays des Muses, dont le nom existe aussi bien dans le monde méditerranéen que dans le monde scandinave.  Hypéreia  vient d’Ibereia, le pays des Ibères, qui  peut désigner  la Grande Bretagne, grec Brèttania, latin Britania, de  (I)beritania  et renvoyer à l’Ecosse, de Scottania, de (eu)skaldu(nia), la basque.  Le fleuve norvégien Figgi rappelle le nom des Phéaciens et la description surprenant des objets du palais d’Alcinoos avec des objets d’or et de bronze évoque les mêmes objets découverts à Kelpp en Norvège.

 

Origine des Cyclopes :

Kelpp en Norvège est un dérivé du nom des Cyclopes.Ceux-ci ont envahi le territoire des Phéaciens qui est celui de Norvège où l’on trouve le plus de restes de l’âge de bronze du IIe millénaire avant notre ère,  En Grande-Bretagne, nous trouvons le mot Kaldonia, Calédonie,  de (eus)kaldunia , basque, doublet de Cyclope, de  [eus] kuldun okw, kudlo, basque et okw, serpent.de mer (cf. grec ophis, serpent) .

Le « troisième œil » dessiné au milieu du front des Cyclopes est l’œil du super- calmar divinisé, aussi représenté comme sur certains menhirs et chez les Hindous de nos jours par un cercle dessiné au milieu du front, appelé tilak (le mot, de  [euskal] dulak, basque,  est apparenté à Cyclope, de [eus] kuldulokw, basque).

 

 

.Les noms des polissoirs créés par les paléo- ibères, entre – 12000 et -1500 ou bien plutôt.   

Il est curieux qu’aucun archéologue ne se soit penché sur les polissoirs corses. Les polissoirs, avec leurs grandes stries parallèles, ont exercé l’imagination de nos ancêtres et leur nom a même servi pour désigner par la suite tout mégalithe indifféremment.

La coquille de Saint-Jacques (jacque étant une altération de basque, christianisée) ou coquille basque était le nom des stèles ou dolmens réputés  funéraires de la plaine (latin campus) de Compostelle, les stèles de la plaine.. De là le fait que les pèlerins qui avaient rendu hommage au tombeau  de saint Jacques à Compostelle ou de  Notre Seigneur à Jérusalem aient porté à leur cou ce symbole du tombeau du Christ ou de son frère. .

 La désignation la plus courante du polissoir est celle du soufflet, folium en latin (Cf. les « Folies » d’Eure-et-Loir pour désigner un lieu-dit avec un polissoir, en Corse Folelli –Orezza, de foleida, les (pierres) qui ressemblent à des  soufflets). Ainsi Ptolémée cite une ville corse appelée Physaria. Il s’agit de l’actuelle  Figari, dont le nom  vient du nom du polissoir,  physarion, soufflet,  au pluriel, physaria à cause des stries du polissoir rappelant celles du soufflet de forge.

Dans  Sainte-Marie -Siché,  Mari est  la grande Déesse  Mère des  basques. La christianisation a été vite faite par l’adjonction d’un e à Mari : pour la Chapelle- Basse- Mer dans la Loire Atlantique qui était originellement Basi Mari, la déesse  Mari (sur Internet on peut lire que la chapelle était la propriété d’un seigneur appelé Basi Mari qui lui a donné son nom!) il a fallu plus d’imagination ! Quant à Siché, du pluriel  psychèia,  le nom est à rapprocher  de la famille du mot grec   psychè, souffle, froid, , et d’un mot   signifiant soufflet,  comme  les mot grecs psycheion, psychidion avec suffixe ibère  de ressemblance - edia ou -eria ou Psy (ché) ra, Psyra, , nom d’une île de la mer Egée, aujourd’hui Ipsara ou Osara.  Le nom Marie -Siché signifie le soufflet-polissoir de la déesse Mari.

Ruvignani et Rospigliani  viennent de Ropicum, cité nommée par Ptolémée, d’un mot ibère apparenté au grec ripis, ripidos, soufflet, de rispidiani, avec un s épenthétique ou analogique du grec  rips au sens de claie, palissade

 

L’origine de l’archéologie corse en Scandinavie : poignards et mégalithes à cupules et à trous de sortie.

L’origine du stylet corse est à chercher dans le poignard dit germanique ou nordique (« flange-hinted »), à poignée à rebord, dont on trouve des exemplaires du nord de l’Italie jusqu’ en Sardaigne, en Sicile, aux Baléares et à Malte. On peut comparer les dessins de deux poignard  corses anciennes figurant dans un article de A. de Mortillet  et trouvés à Bocognano et à Feno (Revue anthropologique, octobre 1916, n°10, p. 400) , ou ceux de certains menhirs,   avec ceux qui figurent p. 191 dans Atlantis of the North de Jürgen Spanuth.De même , les dolmens  à cupules de l’âge dit de bronze de Corse ont leurs ancêtres en Scandinavie.Même les trous dits de sortie des dolmens scandinaves   se retrouvent en Corse sous le nom de « trous de l’âme par lequel allaient et venaient les âmes des défunts ».

Les menhirs

« Dans les fermes du nord-est des Etats-Unis, les agriculteurs, écrit Jared Diamond dans

Effondrement, p.132, se donnaient beaucoup de mal pour évacuer les pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée d’y apporter délibérément des pierres.  Les agriculteurs de

l’île de Pâques, quant à eux, se donnèrent la peine inverse en raison du climat venteux, sec et frais de l’île. » « De grosses pierres étaient entassées pour faire obstacle a   u vent, afin d’éviter aux plantations d’être desséchées par les vents forts qui soufflent souvent sur l’île. De petites pierres étaient empilées pour protéger des jardins de surface ou enterrés, destinés … pour démarrer la croissance des petites pousses qui, lorsqu’elles avaient atteint une taille suffisante, étaient transplantées. Les zones d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en surface à proximité les unes des autres afin que les cultures puissent pousser entre les pierres. D’autres vastes zones furent modifiées par ce qu’on appelle « mulchs lithiques »[le mulch est habituellement un paillis, couche protectrice faite de chaume et de déchets de moisson laissés à la surface du sol pour le protéger avant et pendant la mise en culture], c’est-à-dire que l’on ajoutait  au sol, sur une profondeur d’environ 30 cm , des pierres qui étaient, soit prélevées sur les affleurements rocheux environnants, soit obtenues en creusant jusqu’au substratum rocheux pour briser les roches qui le composaient…. La construction de ces brise-vent de pierre (cf le nom de menhirs contre le vent, Sapara ventosa, donné aux mégalithes de Sartène à Arghiola) et de tous ces jardins demande un énorme travail, car elle nécessite le déplacement de millions, voire de milliards de pierres. »  Diamond donne la bibliographie, Op. cit, .  p.820, auquel je renvoie pour les détails. « Des expérimentations modernes … ont révélé que les mulchs apportaient beaucoup aux agriculteurs.  Un tel traitement des sols finissait par doubler leur quantité d’humidité…Le rendement était en moyenne quatre fois supérieur » Mais,  dans le désert des Agriates, la déforestation jointe à cette technique  qui érodait les sols a déterminé un processus de désertification.de cette région fertile et riche en blé. Mais,  en ce qui nous concerne, on voit l’importance de cette technique pour la conception des menhirs et pour expliquer les alignements.  Le grand nombre des clans, chacun chargé de l’empierrement d’un territoire délimité, peut expliquer la multitude  des menhirs groupés dans certaines régions : 18 000 pour la Bretagne, par exemple,  et les alignements corses. Mais l’imitation des nombreuses pierres accumulées à la surface du sol peut aussi en rendre compte.

 

1) Initialement, les petits menhirs agricoles, de 40 cm au-dessus du sol,  ne cherchent pas à  ressembler à un homme : ils n’ont aucune gravure.

  La société paléolithique pratiquait ce que G. Frazer appelle la magie imitative .Dans Le Rameau d'Or, en particulier dans Balder le Magnifique , celui-ci  nous rapporte que certains primitifs, à la saison des plantations, sautent le plus haut possible (ou bien depuis la plus grande hauteur, s’il s’agit de planter des tubercules comme les ignames ,-comme à  Vanuatu, sur l’île Pentecôte, lors du fameux et toujours pratiqué saut du gaul ou plongeoir: plus grande sera la hauteur d’où, au péril de leur vie , ils se laisseront tomber, et plus profondément s’enfoncera le tubercule de l’igname, autrement dit plus grosse sera l’igname ; plus haut ils sauteront, et plus haut le lin, le blé ou l’orge, pousseront; , autrement dit plus haut  sera le blé,   et meilleure sera la récolte dans tous les cas, qu’il s’agisse de blé ou d’ignames.

  Ainsi, le fait d’ériger un menhir a-t-il pour but de mimer analogiquement la croissance de l’orge ou du blé et de la stimuler magiquement. Le menhir symbolise l’épi et prétend exalter sa croissance.

2) Mais les menhirs ont beaucoup évolué de signification au cours des millénaires. La statue- menhir, caractéristique des Pélasges, est un menhir anthropomorphe, comme le menhir dit indicateur de la présence d’un dolmen : ce dernier marque une évolution, car il est anthropomorphe, tel l’omo di Cagna, l’homme du mont Cagna (ri), de Gadeiria., près de Sartène, c’est-à-dire l’être humain  gardien du monstre appelé Canari, le Serpent. Elle a des pectoraux et des seins avec des cupules caractéristiques des mégalithes nordiques ,  auxquels, comme à des seins, on forçait l’initié à boire, sans que ce soit du lait, mais un liquide coloré en rouge par l’hématite et évoquant le sang. Les noms des pierres dites perda  latta ou  Coffres de Géants ou Perda Lunga, de pelasga, en Sardaigne,   lada, de lasta,  péleste, sont de la même origine.

 Filitosa vient de  firitosa. , savoir d’un mot ibère, frit, que nous a heureusement conservé l’auteur latin  Varron (Res rusticae, 1,43, 3) et qui désigne la pointe de l’épi, et du suffixe basque –oida, qui ressemble à, confondu avec le suffixe latin  –osus. Le nom corse du menhir est filarate, de frit, ou flit;  français  pierrefrite.   Le menhir dérive ainsi de la  magie imitatrice agricole.

A Cambia (de kumasena), signalons la Petra Frisgada  frisgada venant de frit-eida, la pierre qui ressemble à  la pointe d’un épi , sur laquelle certains auteurs ont vu des traces d’écriture ibère.. Il y a eu contamination entre deux racines de sens voisin, l’une frit, désignant l’épi et  le menhir, l’autre désignant les polissoir (soufflets, en grec physaria, corse Figari, avec un g, comme dans Frisgada en Corse,  Frigara ,  Frigoso ou Filigosa,en Sardaigne

Le nom grec du cep de vigne ampelos est lié à la déesse des semailles Aprositos dont le nom est connu par des pièces ibères (cf. les noms d’Aphrodite,  d’Aprilis, avril,  et d’Amphitrite), cf. Ampugnani, de ampulani.   Parfois en Corse, la déesse des semailles  ibère, Aprositos ou Ceres,  accompagne le menhir. Ainsi, à Vico, à Apriciani (cf. Ampriani près de Moïta),  anciennement Apretiani  de apro(si) t-iani , le menhir décrit par Mérimée représente –t-il le buste d’une déesse ibère des semailles Aprositos .Ce menhir a été transporté,  vers 1960, devant la cathédrale  consacrée à saint Appien, -une christianisation de la déesse. Il y a deux  autres menhirs incorporés à l’église de Sagone.   L‘alignement de statues –stèles avec un dolmen à Appazzo,  de apradto, près de Sartène porte  le nom de la même  déesse.

.3) La statue- stèle est un menhir armé d’une épée de cuivre, datant de l’âge corse  des métaux   et menaçant les intrus. Elle  se trouve dans les alignements. Elle n’a souvent qu’un oeil, le troisième œil au milieu du front comme les Cyclopes. Elle vient  peut-être de la tribu des Soubasanoi citée par Ptolémée comme vivant à l’âge des métaux. Cette tribu devait son nom au  carquois (cf. Carcheto- Brustico) utilisé pour boire le sang utilisé dans les cérémonies initiatiques, en grec subènè, le carquois,   de subisana. 

 4) Dans la région de Sagone, le menhir avec de chaque côté de la tête des protubérances, malheureusement brisées, et la bouche ouverte, est  plus récent. Les protubérances seraient les ailes du serpentaire, l’oiseau qui, comme dans la mythologie ouigour (ibère),  est plus fort que le Serpent  et le dévore : il laisse dépasser de son, bec   dans la réalité jusqu’à 1m50 de la queue du serpent ingéré. Mais cette queue (on en voit parfois sur le menton des traces), - signe de triomphe sur l’ennemi, -a le plus souvent été brisée et laisse une bouche ouverte. Elle a laissé chez les Corses des traditions vivaces. .

 

 

Les rites funéraires et l’inhumation secondaire.

Le Cap Sacré (grec ieros),  comme le fleuve Sacré,  Ieros,  tire son nom probablement du mot ibère isira, cf. grec ta hiera, les entrailles sacrées du mort, et indique la coutume funéraire de décharner les cadavres avant de procéder à une inhumation secondaire des sdeuls ossements. .  Petre Biancali, sur la commune d’Antisanti, désigne les coffres de pierre appelés bancali, assimilés à des tables (banque) et non des pierres blanches (il n’y en a aucune dans les environs), comme Pancheraccia,  de  bancal + suffixe péjoratif –accia. Ce mot désignait,  comme tola ou tabula, la pierre qui servait au décharnement des cadavres.

 

Les dolmens corses et les rites secrets  d’initiation.

L’hypothèse des dolmens comme tombes ne tient pas ;  pourquoi bâtir des tombes au milieu de rivières comme  la Conie en Eure-et-Loir ? Ce sont en réalité des lieux d’initiation, comme l’indiquent certains noms bien interprétés. Ainsi, le nom de maison de nain donné aux dolmens et ce nom doit nous faire songer que le sol sous le dolmen devait être anciennement beaucoup plus haut qu’aujourd’hui de façon à contraindre le candidat à marcher courbé, à quatre pattes, comme un  animal. Comme l’écrit F. Niel dans Dolmens et menhirs, « en général, il faut se courber pour pénétrer à l’intérieur de ces monuments, et, parfois, se mettre à plat ventre »  De même dans les nuraghi sardes,dont la porte  « est ordinairement très basse, de façon qu’un homme a quelquefois de la peine à y pénétrer autrement qu’à plat ventre » (cité par Bérard, op . cit. p  253).Nuragho, de pelasgoi , désignant à l’origine un  dolmen, est à rapprocher de Pergame (le nom de Troie),  et de Purgos et signifie le Pelasge, cf. en corse turghio, pour désigner une tour génoise , à Piana, par exemple.  

 

Les divinités de l’initiation

  En Corse, on  appelle certains menhirs  de noms de dolmens, i Stantara, mot qui vient de Statana (avec suffixe ancien en -tina) de Stata –tina, qui donne Stantara. .  C’est la déesse qui présidait aux premiers pas de l’enfance, dont le nom est à mettre en rapport avec Stata Mater,  assimilée à la déesse du foyer Vesta. La déesse est  encore nommée  Statulina, de Stata tina avec le même  suffixe hypocoristique, puis Statulina. .Statana est de la même racine  que l’emprunt grec stèlè, employé pour désigner les mégalithes, pour Staala, déesse de l’initiation qui faisait que les hommes  cessent de marcher à quatre pattes et se lèvent comme l’homme de l’énigme du Sphinx.

 Comme témoins des divinités associées à l’initiation, on a en Corse Marmano et en Sardaigne Mamoiada, mama -oida, qui ressemble à, c’est-à-dire qui ressemble à une mère, à une fausse «  mère masculine », à rapprocher de Mammisi, de mammeidi, mot copte désignant le lieu dolménique de naissance véritable, introduit par Champollion pour désigner une chapelle où se déroulait annuellement une cérémonie anniversaire de cette naissance véritable de l’homme.  Au Portugal, nous avons marmadi, murumendi ou mamra, de mam oida, suffixe signifiant qui ressemble à. Ces noms, comme celui de Moguiro (de moguer, épouse) au Pays basque,  renvoient à des gouffres (équivalents dolméniques) où, tous les sept ans,  se passait une procession avec danse et sacrifice en l’honneur de la déesse Mari.

  Rappelons que, selon Strabon le rite de la couvade aurait été pratiqué en Corse : l’homme se mettait au lit lorsque sa femme accouchait,afin de  mettre au monde  lui aussi le futur initié.Le professeur Rhys (Hibbert Lectures),cité par Tilak, p.141 et 152,  a interprété, il est vrai, le rite irlandais de la couvade des héros Ouitoniens comme une imitation de l’absence du soleil durant neuf mois dans une zone arctique très froide suivie de la naissance du soleil au solstice d’été, au 21 juin  ;il cite Plutarque qui raconte que le dieu phrygien dormait tout l’hiver et reprenait ses activités à l’été seulement ou que les dieux Paphlagoniens étaientcensésêtre emprisonnés durantl’hiver et être libérés en été..

  La couvade est attestée chez les Celtibères et chez les Scythes (Ossètes). Selon Jan de Vries, dans La religion des Celtes, P 146, les habitants mâles de l’Ulster , si l’on en croit Ces noiden Ulad dans la Tain bo Cualnge, sont aussi faibles qu’une fzemle en couches pendant une période de 5 jours et quatre nuits appelée neuvaine, noindiu (9 jours, par allusion aux neuf mois de gestation). « Bien rentendu, cette légende ne prouve aucunemùent que tous les irlandais s’étendaient vraiment quand un enfant leur naissait. Nous savons déjà que cette faiblesse des hommes est présentée comme une malédiction : macha, mère des jumeaux d’emaîn, l’aurait prononcée contre les mâles de l’Ulster. Cela veut dire que l’on en était surpris :la légende est l’échod’une anciennecoutume, disparue depuis longtemps. » (Vendryès). En tout état decause, le nom de la déesse présidant à cette «  parturition » masculine était  Marmano, avec un radical marma signifiant la mère (mamma, marma) et suffixe –oida transformé en –ano.

  Nous y rencontrons aussi le nom de Anta qui vient de la déesse Annotina, la déesse qui protégeait les enfants d’un an, âge où l’on apprend normalement à marcher. Et précisément on va voir l’importance du pied.  

 

 

 

Le pied et le dolmen

Le dolmen est le symbole du fait que  le candidat à l’initiation doit apprendre à marcher sur ses deux jambes  et non plus sur quatre pattes comme l’animal  et être sevré du lait maternel. .

Le mot caxa (de capsa, châsse)  est utilisé  en Espagne comme en Corse (où caxa di Orcus; le coffre d’Orcus, dieu de la mort terrifiant, est altéré en casa di l’Urcu, maison  de l’ogre) pour nommer les dolmens, ainsi que arca, lequel est lié à charax, parent de  calx, le talon. En effet, le dolmen est lié à la plante des pieds, représentée au-dessous d’une déesse serpent et dans un rectangle sur le dolmen du Petit- Mont, mont au sens de mound, tertre, à Arzon dans le Morbihan. On a le même dessin dans la presqu’île de Quiberon, à Roch Priol, une roche sous abri.  De même, à Crouzilles en Indre-et-Loire, en 1842, l’abbé Bourassé écrivait : « On remarque encore à la surface de ces dolmens la forme assez vague d’un pied sculpté en creux dans le bloc. » Alzone  près d’Ajaccio, comme Altiano,  est à rapprocher de Alzon dans le Gard et d’Arzon  dans le Morbihan  ou d’Arzano dans le Finistère et vient du radical arca,  dolmen.

 

 

 

 

La sortie du dolmen comme nouvelle naissance de l’initié.

   La pierre de fermeture de certains dolmens  (elle porte le nom de pietrapole, pierre pivotante), lorsqu’il ne suffit pas de la basculer pour sortir du dolmen en rampant, a parfois un trou, avec un bouchon , malheureusement souvent perdu , que l’initié devait enlever pour passer à travers et naître vértitablement.

.Le mot ibère (pa) longon, de pélasge, désigne  une  pierre percée, soit celle qui servait à amarrer les navires,  soit les dolmens à trou (cf.Erbalunga, de arca, le dolmen, et balunga, pélasge et Porto Longo Sardo près des Bouches de Bonifacio). . En Corse la tradition, dans certaines régions, interprète l’aménagement d’entrée ou de sortie des dolmens comme « le trou de l’âme par lequel allaient et venaient les âmes des défunts » identifiés aux initiés, ce qu’on retrouve en Scandinavie, comme les pierres percées d’amarrage des navires..

 

 

La cérémonie de l’initiation.

Les  allées  découvertes (peut-être simplement couvertes de claies de branchages et de terre) ont précédé les dolmens pour obliger les initiés à la marche  à quatre pattes, phase essentielle  de la cérémonie. « Les grandes dalles plates, écrit Denis Roche, émergent à peine du sol comme les écailles aplaties d’un énorme boa dont l’échine aurait été déviée d’un coup sec. »

  La danse sacrée venait ensuite : elle consistait dans un premier temps à mimer la reptation du serpent, puis , dans une seconde phase, à piétiner triomphalement un  sol jonché d’ossements broyés menu dont on trouve encore parfois  la trace.  Le terme espagnol pour ce piétinement apparenté au fandango,  zapateada, désigne cette vieille technique de pompage des forces vitales telluriques  par la plante des pieds,  ponctuée du cri basque, l’irrintzina. et censée imiter la progression du serpent (Sagas-oida).

Dans la région de Sartène, le nom d’un dolmen semi- détruit à côté du dolmen d’ Arghiola, Sapara ventosa,  provient de cette danse sacrée, de sapa(tea) da, la danse du Serpent, saghol,, comme le montre l’ancien nom de l’Indus, Mausoolos.

Dans le nord de la Corse existe encore, christianisée,  une danse, originellement celle de la déesse Serpent, appelée Granitola, de Grao nigolha, de nigoli, de ligurioi,  et graoh, de gyro, enroulé. à comparer avec le nom du dolmen breton  de Graoh Niohl  de graohnigole ,le serpent enroulé,  à Arzon,  et le nom de dolmens corses ,  à Murato,   passé  à des menhirs,  e Collule,   de (cu) cur –edo, le Serpent à aigrette.

Le nom du dolmen de Fontanaccia et la réutilisation des mégalithes dans les rites pour faire pleuvoir.

Fontanaccia signifie la mauvaise fontaine, mauvaise parce que païenne et utilisée dans des rites magiques. On montait sur le haut du dolmen et on  faisait tomber des seaux d’eau sur la dalle supérieure : la nature imitait alors la chute de l’eau en faisant pleuvoir !

 Le culte des cupules sur les dolmens ou sur les menhirs (corse  pile, latin pila,  au sens d’auge, d’abreuvoir).

Ensuite l’initié devait boire dans un biberon en cuir ou en osier tressé appelé kibisis chez Homère ou kissubion, où le lait était remplacé par du sang frais. On a trouvé sur un site du Sartenais un godet avec de l’hématite près d’un alignement ; le dolmen de Bizzico Rosso, de (ki) bisiscon, biberon (kibisis) et de rosso, rouge,  possède sur l’une des dalles de couverture 8 cupules. Le nom de Zonza, de sou (ba) sa (noi),  vient peut-être de la tribu des Soubasanoi citée par Ptolémée comme vivant à l’âge des métaux. Cette tribu devait son nom au  carquois (cf. Carcheto-Brustico) utilisé comme biberon dans les cérémonies, en grec subènè,le carquois,   de subisana, cf kibisis ou kisubion.

Dans la plaine de Levie, le nom du  site de Capula, du latin capula ou capudo qui désigne un vase sacrificiel à anse (-edo) destiné à cette libation, en est l’indice.

 Le nom donné aux dolmens de cista,  le panier ou hotte tressés,  renvoie aussi au biberon d’osier.  On peut le mettre en rapport avec le panier sacré dérobé par Persée, appelé kibisis et contenant des objets sacrés conférant la royauté ou plus modestement la qualité d’initié. On retrouve en Egypte dans la coiffe pharaonique ces objets sacrés en sparterie

. Du trou du polissoir fonctionnel et primitif à Rudra et au Graal

Au départ il y avait  un simple trou dans la pierre  des polissoirs. Ce  trou était le résultat de l’affûtage du tranchant des outils, comme les rainures parallèles étaient le résultat de l’affûtage des bords des outils, le tout destiné à leur donner plus de résistance.

Puis ceci évolua dans ce qu’on appelle le culte des cupules préhistoriques sur menhirs ou dolmens: on utilisa les cupules (cupula désigne en latin un vase sacrificiel),  naturelles ou éventuellement artificielles, du sommet du menhir (ou de la table du dolmen)  et on les remplit de sang issu du sacrifice. Tel est le modèle de la lance qui saigne (substitut du menhir dans la procession christianisée avec allusion à la lance de Longin frappant le Christ) dans le cortège du Graal du Perceval ou Conte du Graal de Chrétien de Troyes. Mais à quoi se réfère ce sang ?

al, désigne  selon Tilak, P. 314, Vinci,  un vase blanc destiné à recueillir le soma ,  boisson sacrée destinée à donner l’immortalité (persan haoma finnois juoma désignant une bière brune d’origine divine  comme le latin camumou le  lapon sjöma, grec homérique  [vin] pramneios,).

  Dans la liturgie hindoue, il y a 9 types de vase liturgiques différents,  et chacun est affecté à un jour de la semaine, à une planète ou à une fête donnant lieu à sacrifice. L’un est appelé Shukra (correspondant au grec Kupros, Vénus), un autre Manthin (la lune).Un autre, le graha, de agrahayana, nom de Kronos, qui nous a donné notre  graal désigne ,  selon Tilak, un vase blanc destiné à recueillir le soma ,  boisson rouge sacrée destinée à donner l’immortalité (persan haoma , finnois juoma désignant une bière brune d’origine divine  comme le latin camum ou le  lapon sjöma. Le dieu Soma, dispensateur de la nourriture sacrée et de l’immortalité,  était , selon le Rig Veda, un  mélange de lait caillé et de miel, de couleur brune.  On y ajoutait du vin, mais à l’origine du sang provenant de victimes (cf grec aima, sang et persan haoma) ; au pôle la couleur rouge du soleil au solstice d’hiver amenait les populations à craindre le crépuscule du dieu soleil et sa mort. Les étoiles Arcturus et Rudra (l’étoile rouge en sanskrit), proches du Soleil du pôle,  leur paraissaient grièvement blessées : dans la tradition celtique,  le roi Arthur (Arcturus), immobile sur sa barque solaire, est paralysé des hanches,  où il a été frappé d’un coup de lance « félon ». 

  La magie et la religion ont pour rôle de ranimer le Soleil à l’agonie en s’identifiant à lui par l’imitation de  sa couleur de braise l’imitation de  sa couleur de braise et  en le confortant par une sorte de transfusion de sang destinée à réparer celui qu’il a perdu, ainsi que par des  mouvements vers le haut du ciel et vers la droite afin qu’il puisse reprendre sa route habituelle. Le vase sacrificiel était empli de sang ou d’un liquide rouge, vin ou eau teintée d’hématite comme en Corse,  dans le Sartenais par exemple,  et on levait le vase à la fin du sacrifice en se levant soi-même et en lui faisant faire un tour de droite à gauche, dans le même sens que la marche du soleil ou les aiguilles d’une montre,.  Le graal est ainsi le symbole du soleil agonisant. Dans le Perceval de Chrétien , traduction de Charles Méla, p.239,   « un jeune noble sortit d’une chambre porteur d’une lance blanche, qu’il tenait empoignée par le milieu…..Tous ceux qui étaient là voyaient la lance blanche et l’éclat blanc de son  fer.. Il sortait une goutte de sang du fer, à la pointe de la lance, et jusqu’à la main du jeune homme coulait cette goutte vermeille….D’un graal tenu à deux mains était porteuse une demoiselle, belle, gracieuse, élégamment parée .Quand elle fut entrée dans la pièce, il se fit une si  grande clarté que les chandelles en perdirent leur éclat comme les étoiles au lever du soleil ou de la lune. .Derrière elle en venait une autre qui portait un tailloir en argent [la lune]. Le graal qui allait devant (agrahayana  en sanskrit) était de l’or le plus pur. » Le blanc semble être le symbole de la santé, le rouge, celui de la mort proche.

  Nous avons,  dans ces régions   aujourd’hui  glaciales de Laponie ,  la trace de populations qui précédèrent les Esquimaux ou Inuits.A l’arrivée des Inuit au Groenland, au nord-ouest, existait encore une population appelée «  Dorset » par les archéologues et qui s’y était installée vers – 1000 en provenance du Canada actuel.  Dans un manuscrit du XVIe siècle, L’Histoire de la Norvège, voici comment  ils  sont décrits : « Plus au nord, au-delà des établissements viking, des chasseurs ont rencontré des petits hommes qu’ils appellent skraelings …. Lorsqu’ils sont poignardés, mais que la blessure n’est pas mortelle, celle-ci devient blanche et ils ne saignent pas (de sang rouge), mais, lorsqu’ils sont mortellement touchés, ils saignent abondamment ».  Ils ont disparu, peut-être suite à leur perturbation sanguine, mais aussi  par migration en Amérique.

Comment interpréter cette curieuse description ? Il y a plusieurs types d’albinisme  plus ou moins total et souvent caractérisé par d’importantes hémorragies ainsi que par  une prédominance  de globules blancs comme dans la maladie de  Waldenström ou dans le syndrome de Griscelli (du nom de mon parent,  le Professeur Claude Griscelli,  qui a étudié ces enfants appelés enfants de la lune parce qu’ils craignent le soleil).

 

3° L’ancienne religion du Serpent

1) Au départ était la déesse  ligoro, représentant  le calmar super- géant à 4 bras,, Architeuthis dux Steenstrup , gadeira en ibère.  

La grande déesse ibère était la représentation d’un super- calmar. Pline l’Ancien

(livre IX, 3, 1) parle d’un céphalopode  monstrueux appelé rota, la roue : « [Parmi les géants des mers], il y a aussi les «  roues »  qui tirent leur nom  de leur ressemblance avec la roue d’Ixion et  qui se distinguent par deux séries de quatre  rayons [en haut et en bas de la

«  roue »] ,  deux  yeux barrant le moyeu [carré] de la roue de chaque  côté  ».B  Heuvelmans, p. 153, tome I, Dans le sillage des monstres marins, commente en ces termes : « la description s’applique à un animal doté de 4 bras de chaque côté de la tête, où les yeux frappent sans doute par leur grandeur .On n’a pas de peine à reconnaître dans cette description un céphalopode aux huit bras toujours en mouvement.».Heuvelmans n’a pas voulu préciser s’il s’agissait d’un poulpe monstrueux  Octopus giganteus Verrill  (3 bras +1 tentacule x 2) comme en Corse ou d’un super- calmar géant monstrueux  Octopus giganteus Verrill  (4+1 x 2) : un amphithéâtre d’Aléria présente précisément trois cercles, renvoyant à la déesse poulpe. Mais  Gadeira ou  Akkoro (les Açores) renvoyait primitivement à cette roue, un super- calmar géant fréquent dans l’Atlantique. Voici la description que donne du super- calmar l’Odyssée, XII, 61 : « Et c’est là qu’habite Skyllè, qui pousse des rugissements et dont la voix est aussi forte que celle d’un jeune chien  (allusion à son nom par étymologie populaire, Skulax, jeune lion, arménien çul, grec skumnos). C’est un monstre prodigieux, et nul n’est joyeux de l’avoir vu, pas même un Dieu. Elle a douze pieds difformes, (4 bras + 2 tentacules par erreur au lieu d’un de chaque côté x 2, à cause de la mythologie qui affirmait qu’il y avait à ses aines six chiens monstrueux) , et six cous sortent longuement de son corps, et à chaque cou est attachée une tête horrible, et dans chaque gueule pleine de la noire mort il y a une triple rangée de dents épaisses et nombreuses. » . Ceci semblerait prouver que l’écueil se situe dans l’Atlantique. Le nom de Scylla vient peut-être de skeria, skeila,  cf Aiolia, l’île (aia) de Skeilia Charybdis  vient d’un radical ghwor, dévorer + suffixe ibère –bdèn, cf. molubdènios, plombé. Les écueils ont souvent reçu le nom de (a) gadeira, par exemple par métathèse Lipari, de paliri, Plagktai, de paligadeirai, singulier pris pour un pluriel et donnant par suite les Symplègades, de grec sun +paligadeirai , ou les Syndromades, Leucade (Ithaque) qui n’est pas liée à leucos, blanc, mais par métathèse à  gadeiria, deigariai, leukadiai.

 Il en reste la superstition consistant à replier le pouce et l’auriculaire et  à ne laisser que trois doigts , l’index, le majeur et l’annulaire levés en signe de talisman pour écarter le mauvais œil, les trois doigts symbolisant  les trois bras du super- poulpe divinisé.

 

 De l’  œil du calmar super- géant au troisième oeil des Cyclopes ou au tilak hindou..

Heuvelmans écrit (Dans le sillage des monstres marins,  tome 2, p.271) à propos de l’œil de ce  monstre : « [Le fait ] que [son cristallin] ressemble,  tant par la forme que par l’aspect,  à une perle avait été remarqué depuis bien longtemps, puisque des fouilles archéologiques ont démontré qu’au temps des Incas, les Péruviens se servaient des cristallins des grands céphalopodes à des fins ornementales et que les anciens Egyptiens en mettaient comme yeux à leurs momies .A une époque plus récente, les indigènes des îles Sandwich en vendirent comme perles authentiques à de naïfs voyageurs russes. »

  Le port d’une  perle à chaque oreille, comme,  initialement, le port de deux  cristallins en boucles d’oreille créole, était un hommage à la déesse  céphalopode et à sa force divine. Il sera aussi plus tard symbolisé par l’opercule d’un coquillage considéré comme l’œil du calmar.  C’est l’œil de sainte Lucie  ou l’aragonite percée chers aux Corses et aux Cantabres en  Aragon. .

  Mais l’œil du calmar était aussi représenté comme sur certains menhirs, chez les Cyclopes et chez les Hindous de nos jours par un cercle dessiné au milieu du front, appelé tilak chez les hindous (le mot, de kulakw, est apparenté à Cyclope, de kuklakw)

 La pierra quadrata (en corse, non pas pierre c rrée, mais équivalent du latin quadrati lapides,  pierres taillées géométriquement) trouvée à Canari  est constituée de petits blocs cubiques fragiles de magnétite couleur grenat, des oxydes de fer cristallisés réputés prévenir  les fractures des membres .La superstition les utilise,  en raison de leur  fragilité  qui imite celle des membres humains, pour prévenir la fracture des os. La pierra quadrata  représente originellement le centre du super- calmar géant. On la trouvait près de Canari à Oreglia de or-eida, qui ressemble à oro, c ‘est -à- dire à des cristaux de sulfure de cuivre rouge foncé, une  sorte d’azurite.

 Les sabres aux lames ondulées, encore appelées  lames flamboyantes,  sont des représentations des bras ondulants du super- calmar ou du super- poulpe géants et ces lames existaient en Corse,  pour chasser le mauvais œil, comme arme du guérisseur mazza curati (littéralement curé, prêtre sacrificateur, exorciste, en corse u mazzeru ou a mazzera , le sacrificateur ou la sacrificatrice, cf. grec mageiros et machaira,  sabre).  J’en ai une dans ma collection.

 

   2) La baleine, phallaina, qui a donné son nom aux balaroi, migrateurs et à la Balagne.

Elien, auteur grec du IIIe siècle après J. C., dans sa Nature des animaux (9, 49), écrit : « (les baleines, krioi )  hibernent dans les parages du détroit qui sépare la Corse de la Sardaigne. Le serpent de mer  a autour du front un bandeau blanc. On pourrait dire qu’il ressemble au diadème de Lysimachus ou d’Antigonus ou d’un autre roi macédonien. Les habitants des rivages de l’Océan atlantique disent que, dans les temps anciens, les rois de l’Atlantide, descendants de Poseidon, portaient sur la tête, comme insigne de leur pouvoir, les bandeaux (blancs) du front des baleines femelles », orques , orca en latin, en grec phallaina, en latin balaina, peut-être dérivé du nom du super- calmar géant, gadeira et  lié à deux mots ibères  signifiant, l’un blanc, phalos cité par Hésychius et l’autre, roi, phalen..

La couleur blanche du  bandeau  de la tête de Maure corse  a été prise à la baleine comme

insigne de royauté (cf. le grec phalen  signifiant roi ou  Képhallen, le royaume,  cf. basileus de basi, prince, et phalen, roi , égyptien kephallen ou Kephren. Le nom de Képhallénie s’est restreint par la suite à une île appelée Céphalonie aujourd’hui)..

 

3) Le serpent à aigrette a succédé à ces monstres marins, le super- poulpe et la baleine, comme déesses, sous le nom de  Korkura. .

                                            

 

2) Les Ligures récents en Corse et leurs fondations.

Le mot ligure est de la même famille que les mots Libye ou Lydie. Pour les Grecs, ce que les Romains appellent Africa est la Libye, nom donné à tout le continent peuplé de lybico- berbères (de ibère), cousins des Ibères et voie principale obligée  pour la migration en Corse. Les Laistrygones  sont la plus ancienne vague de Ligures.

 Carghèse, cf. Carcès dans le Var,  le nom de Carthage, Karchèdôn ou au génitif Carthaginis ou en Chersonèse Chalkèdôn, la Chalcédoine, et Tartessa en Espagne, est à rapprocher d’Artesse en Sardaigne. Carghèse est citée comme l’évêché de Tartèssa (cf Tartessa) par saint Grégoire dans ses lettres (I, 77) vers 591 après J. C., mais la leçon des manuscrits est malheureusement incertaine (Tainatissa, etc). Le mot  vient de Kark ydôn,  nom de la grande  déesse serpent (Korkur) à aigrette (-udôn), 

Il faut rapprocher Carghèse de Calagorris ou  Calaguris, aujourd’hui Calahore, la patrie de Quintilien en Espagne Tarraconaise, ou d’une ville homonyme,  toujours en Tarraconaise , devenue Lohara , de Calagonere et de Cagliari , de kar ligurai , le port (kar) ligure, en Sardaigne.

L’étymologie d’Aleria, comme de Galeria, est gadeira, monstre marin divinisé, qui a survécu de façon reconnaissable dans Belgodère (de iber gadeir, comme Bengazi).

  Selon  Archivio storico di Corsica, juillet- septembre 1939, an XIV, n° 3, p.331-393, article de Mario C. Ascari intitulé  «   La Corsica nella carte geografiche di Tolomeo », le nom d’une montagne située entre le Fiumalto et la Casaluna, le mont Nigéuno, dériverait de Henikoniai, la ville dont le nom signifie victoire, précisément fondée  au VIe siècle selon Strabon, après la victoire des Ligures et des Carthaginois sur les Phocéens d’Aléria. Diodore de Sicile (V, 13, 3) attribue aux Etrusques le nom grec Nikaia de cette ville.  Mais je crois que Nigéuno s’explique aussi bien à partir de liguro, le Serpent enroulé.

 De même pour le nom d’une province, le Niolo, de ligoro, comme le prouve le nom de la tribu des Likinoi ( Lieninoi), cité par Ptolémée, à comparer avec le nom du dolmen de Graoh Niohl , le serpent enroulé,  à Arzon.  Mario Ascari, op. cit. , n°3, p. 393, fait venir Niolo de « nero », noir, du latin nigrum.  Pour ma part, je ferais même  venir le nom d’une autre province, celle du Nebbio,  de nigrum. Mais ce n’est pas au sens de noir, comme le veut Ascaris : c’est au sens de ligure, de serpent. .En effet,  Nigrum et ligoro (cf. le Liger, -eris, le Loir et la Loire) sont des variantes paléo- ibères du nom de la déesse Serpent : le Liger,  (le Loir) et le fleuve africain le Niger,  ainsi que le Nigéria, proviennent de cette signification.et indiquent l’extension des Ligures- Ibères jusqu’au sud –ouest de l’Afrique. .  Le sens de noir et du mot nègre sont secondaires et dérivent de ce que les peuples de la Nubie (Lybie) et du Niger avaient cette couleur noire.

Le cantabrum et la tête de maure.

  Les Cantabres ont donné leur nom en latin  à un étendard blanc, cantabrum, avec tête de Serpent (niger), ce qui a donné la tête de nègre ou de Maure ou plutôt de Mauresse corse ; car le Serpent est une déesse. Maure signifiait le grand (mau) serpent (sagolos), comme le montre l’ancien nom de l’Indus, Mausoolos, de mau sagolos, qui ressemble au Grand Serpent. Mausagolos est devenu en Corse, soit Monaccia, de monak+suffice locatif –na,  l’habitation du Grand Serpent., soit avec rhotacisme (s transformé en r) Maurako  (cf Marocco) et, comme pour Niger, le mot Maure a passé à la signification actuelle de maure, brun (la Mauritania est  le  pays du grand serpent).

 Le tortil blanc au front, insigne de royauté, est ce qui reste du corps de la déesse- serpent. La Vierge noire est aussi un avatar, dans les régions anciennement peuplées d’Ibères, de cette  Déesse  Serpent, parfois appelée Oupis ou Opis (grec ophis ou echis, ou ephis,  serpent, cf. ta Ephésia, de epis,  fête en l’honneur d’Artémis). On identifie à Artémis ou à Diane cette Oupis ou Bendis et le nom de l’étang de Diane, traduit étang d’Artémis par Ptolémée, lui rendait hommage, comme le nom de Parthénopée (de parthénos, vierge, et Opis, serpent, cf le nom du mont Parth), altéré en Napoléon dans la région de Vezzani.

La tête de maure, en héraldique, se rencontre assez fréquemment : en Irlande (familles O’Conry, Conroy, etc. au XVIe siècle),  en Espagne où le roi d‘Aragon avait un sceau à 4 têtes de maure qu’il a légué à la Sardaigne et à la ville de Cagliari, en  Normandie),  en Italie et  en Allemagne. Le Maure de Freising et  la Vierge noire de Chartres sont d’origine ibère. Le pape Benoît XVI, originaire d’Allemagne, archevêque de Freising et de Munich en Bavière, a tout naturellement  pris pour blason pontifical la tête de maure de Freising  au naturel (couleur brune) dont les lèvres, la couronne et le collier sont rouges : c’est l’antique emblème de l’archevêché de Freising, emblème attesté au VIIIe siècle. A l’origine de cet emblème se trouve le premier évêque de Freising, saint Corbinien, né à Chartres vers 680 et mort le 8 septembre 730, qui, de Chartres, dont le nom ancien, Autricon rappelle les Autricons ou Ostricons de Tarraconaise et de Corse, a introduit en Bavière la Vierge noire  encore adorée aujourd’hui à Chartres.

D’autres ligures : les  Ilercavones,  les Cervinoi et  les  Cunii.

Les Ilercaviones (de ibercuone, cunones) sont les mêmes que la  tribus de Corse dont Ptolémée nous a laissé le nom, les Cervinoi, de lercavione,   habitant  la Balagne jusqu’à l’invasion des Vandales..

Coinicum ou Caenicum ou Cenicum, en Balagne près de Calvi est une ville citée par Ptolémée et détruite par les Vandales et leur tribu des Sillings en 439.  Les Cervinoi, par métathèse de lercuonoi , nous ont laissé le nom de Cervione, fondée après la destruction par les Vandales, ce qui témoigne de leur retour  sur la côte orientale, qu’ils connaissaient puisque  leurs ancêtres , les Lestrygons ( de Keltrigour, à rapprocher de Cantrigours, les ibères du serpent,   altéré en Cantabres et en Celtibères) , y avaient laissé leur nom, l’Ostricon, ainsi que  le nom des îles Cuniculariae (de kun-ik-oidai-ria, avec 3 suffixes dont un suffixe ethnique, -ikos, un suffixe ibère d’appartenance oida,   un autre signifiant pays en basque,  –herria, l’ensemble   voulant dire  non pas îles aux lapins,  mais îles appartenant aux  Kunii citées par Pline, aujourd’hui les îles Lavazzi avec leur  capitale homérique (-1200),  Lamia.

Biguglia vient de li guria, comme Girolata, de giro, ligure  et de lata,   pierre levée pélage, , de lasta, , péleste.

Rogliano vient de ligur +iano, donnant (métathèse de l et de r) riguliano.

3) Quelques autres tribus  Ibères en Corse.

Noms de  tribus ibères qui, outre  les  Paléo- ibères et les Ligures, ont peuplé la Corse :

1 Les Celtibères ou Cantabres,  Santones

2Les Artabres :Illesiens, Lusones ou Lusitans

 2 Les Agrianes, Gravi , Grovii ou Galléciens

 

1 Les Celtibères ou Cantabres et  Sintiens ou Santones.

Le nom de Centurinum, aujourd’hui Centuri, s’analyse comme  Cent ibère, Celtibère, Cantabre, de cant, serpent.

Le mont Opido près d’Aleria, dont le nom a subi  l’attraction de l’oppidum qui y existait à l’époque romaine, cité par Ptolémée sous la forme originelle  Opino, vient du  nom d’une tribu cantabre que Sénèque a pu observer,  les Opinoi, ibère ocheinos au sens de serpent, ophis, ephis echis,  cf. grec echeinos.

Guagno –les--Bains a un nom ibère qui signifie nauséabond, excrémentiel, à cause de l’odeur de soufre des eaux. . 

    A Ghison correspond exactement chez les Cantabres espagnols  Gijon.  Les noms des  deux Ghison, aussi bien espagnol  que  corse,  proviennent du basque gizon, tribu. Ghisonaccia vient de ghisonaka, avec pluriel basque en –ak , et a la même signification.

  Antisanti est  difficile.  La ville serait à rattacher à la tribu des Xantones ou Santones.  Le nom, pour la première partie, fait songer à Anticaria en Bétique  aujourd’hui Antequera, de anti, signifiant  crête, cf.  ancien égyptien anti. La seconde partie d’Anticaria,  caria, vient de gadeira, la demeure souterraine. Les crêtes étaient consacrées à Perséphone ou par la suite à Pluton. Selon Karst, il existait un couple de dieux phrygiens  Saentis, Sentis et Disantis,  Sandas  et  Desandas, qu’on est enté de rattacher à Aidôneus ou Hadès, Desandas,  de dosanas,   et  Saentis , par métathèse, de  senad-eus . 

 .  La ville serait à rattacher à la tribu des Xantones ou Santones.Le nom tribal de  Sintiens, Santoni, Santi  présent dans Antisanti   pourrait  provenir de sagon eida, puis sa (go)nta ou santi ,  qui ressemble à un serpent, l’ensemble signifiant la crête qui ressemble au Serpent , ou plutôt la crête dédiée  au dieu en forme de serpent. On trouve trace de Sintoi ou en latin Sintii en Macédoine thrace. Tel est aussi le nom des premiers habitants de Lemnos « au parler guttural », dit Homère, -entendons qui parlent une langue ibère proche de l’étrusque. On a d’ailleurs déchiffré dans l’île une inscription dans une  langue voisine de l’étrusque. Lemnos était  réputée pour son travail de chaudronnerie et une tribu tzigane émigrée de Bombay aux Indes à Rome spécialisée dans le travail du cuivre  porte le nom de Sinties, ce qui montre que les Sinties ont aussi émigré en Inde.

Dans la basse  vallée de l’Indus vivent les Sindhi , au nom analogue à celui des Sintiens homériques,  dans un district du Pakistan appelé le Sind.

2 Les Artabres (Artrigours) :   les Lusones ou Lusitans (de lusi et de tania, pays, cf. la Lusitanie, ancien nom du Portugal).

 Les Lusones nous ont laissé le nom de Luri  pour lusinon, cf. les Illyriens.ou Illésiens.  

  Le nom du port de Calvi,  à rapprocher de Calpé en Italie, est à décomposer ainsi : cal (port) iviça (Ibiza, illésien).

 De même l’île d’Elbe se dit Ilva en latin, à rattacher à Illesien,

 Evisa rappelle Ibiza aux Baléares. Ebusus, Eburus,  où l’on reconnaît ibère, est le nom latin d’Ibiza.   Le nom d’Evisa est à rapprocher de Tevisa en Espagne, de Thiasi en Sardaigne, de thevisa, puis par métathèse vocalique thivasi et de Trevisa en Italie. Le tr de Trévise ou le th sarde amène à reconstituer art eburai, de gadr, gart, Artabre, Artr igour, tr y notant une cacuminale, du  nom du Serpent, à partir de gadeira, le poulpe divin. Artabax en Sardaigne est un port fondé par les Artabres.

3 La tribu des Agrianes qu’on connaît par l’Agrianas,  fleuve de Thrace,  et par la tribu des Agrianes de Thrace et surtout de Pannonie, près de l’Adriatique, nous a laissé  le nom du  désert des Agriates.

L’étymologie est lointaine : sanskrit agrayana, signifiant « celui qui débute l’année », de même radical que Kronos, de graynos. Les Grées (grec graiaai).vivaient dans l’extrême occident, au pays de la nuit, -en Laponie,-et c’est de ces divinités que les Grecs, en latin Graeci, en  grec Graikes, tirent leur nom. Comme la série graus, graia, signifiant vieux, ancien.

a) Les Grallaïques, de gralyaka .

Le nom des Agrianes , a est l’article ibère, doit être rapproché de celui du promontoire Granicum au-delà d’Aléria,  cité par Ptolémée,  et du nom des Grallaïques ou  Gravii  de la Taraconnaise,  qui faisaient partie des Galléciens ou Gallaïques. Le nom grallaïque s’analyse en  graoh ligur, de gyro, enroulé,  à comparer avec le nom du dolmen breton  de Graoh Niohl  ou avec la granitola. Il y a eu contamination entre Grallaïques,  Gallaïques et Gallurès, tous parents.

Les Gallaïques, écrit  A. Pardo, p. 49,  dans L’Espagne primitive, « s’attribuèrent à eux-mêmes une origine grecque. Le hasard d’un nom, celui de la tribu des Gravii, servit à confirmer l’erreur flatteuse de cette origine”. Le nom de cette tribu des  Gravii se retrouve dans la Gravona comme  dans la  la Garumna (Garonne), de gravona, de Gravii et de  vona, vallée de rivière.  Le mot Gravïkos, grec,  est apparenté,  comme celui de Grallaïc, au nom des Gravii.

  b) Les Gallurès, de kalt ebures, les Celtibères, de kant, serpent..

Considérons le nom surprenant du détroit «  gaulois »,  fretum Gallaicum », fretum Gallicum,  qui désigne le détroit entre Bonifacio et la Sardaigne,  lieu où pourtant  il n’y a pas de Gaulois,  mais des Gallurès, qu’on  retrouve dans les Gallurès de Sardaigne, de gall  ebures, Celtibères, Ibères du serpent,  dans la Galice espagnole et dans la Galicie polonaise. On peut en rapprocher les trois îlots appelés Galli près de Capri, les îlots avec la prairie des Sirènes

 (le pré ders tyrrhéniennres  ? ) chantée par Homère. .

c) Les Gallaïques, de kelt liguricus, ligures du serpent ( kant devenu kelt,  puis galt).

Les Gallaïques  qui faisaient partie des peuples  artabres    ou  artrigours, parents des  Cantigours (dont celtibère est une altération), les (Cant) Tipours, les Abars, les Avars, etc. occupaient en Espagne le cap dit Celtique (de canticai), à l’embouchure  du Douro (de adura, cf.le nom de l’Adour).  .Ils “vivaient à la façon des Lacédémoniens, se frottaient d’huile deux fois par jour, faisaient usage d’étuves chauffées avec des cailloux rougis, se baignaient dans l’eau froide, et ne prenaient par jour qu’un repas simple et frugal.”  . Ils avaient fondé le port de Calle,  qui tenait son nom de l’ibère car, port.  Calle  fut plus tard rebaptisé portus par les Romains, ce qui donna le nom moderne du Portu-gall(aïque).Le  mot  gallaïque ,  gallèce ou galluec , n’a rien de gaulois., car il vient de  gadeira, monstre divin,  donnant  galla,+ suffixe ethnique  en   -ikus  ,  et signifie le peuple ibère du super- calmar géant. .  

Les noms de cours d’eau. .

Noms paléo-basques  Le nom du Rizzanese vient de rhodan, et du suffixe féminin -ese, de andere, princesse, et  de de rhodan   qu’on retrouve dans Rhodanus, Rotanus,  Lausanne, l’Ozanne, et dans la Rhône.

La rivière l’Alisani est comparable à  Lausanne, l’Ozanne en Eure-et- Loir,  la  Lozère, l’Isère,. De même pour l’Aliso. Le a initial est l’article ibère.  

Noms ligures. Le nom du Golo vient de guri, serpent.

Noms ibères. Pour le nom du  Taravo, on peut poser rapprocher le nom de la tribu des Tarrabenoi et sutout Taragone chez les Cantabres espagnols et  poser un nom de serpent,  daragone (Cf. Tarascon et sa Tarasque), ou Tari beasca chez les Valaques (de basque) de Roumanie. La Navara corse   a la même origine  que la Navarre espagnole. C’est une métathèse pour narava(sca),  de tara boasca, (en basque Nafarroa),   serpent ou,  par une métaphore qu’on rencontre souvent,  rivière , basque.

Le nom du Tavignano (cf. Draguignan) vient aussi du nom du dragon, draghan.   

Le nom de la tribu  des Gravii se retrouve dans la Gravona, de vona, lit de rivière, cf. le nom de la Garumna ou Garonne, de gravona.

 Le nom du  Liamone est apparenté au grec limnè,  abri pour les bateaux qui, à Epidaure,  était sous la protection d’Artémis Limnètis et  au  grec limèn, bras de mer, chenal,  en relation avec le latin limus ou le grec leimon, limon, boue, alluvions sableuses.

Le Fiumorbo et le Fiumalto ont un premier élément  latin : fiume, de flumen, fleuve.  Orbo  viendrait de son nom ancien, Ieros, Sacer ,  sacré, avec attraction, du nom ibère du fleuve, orbo, cf les noms de l’Ebre , ibère et de l’Urbalaccone, le fleuve basque. Alto est difficile : il est peut- être à rapprocher de Irato, nom d’une rivière espagnole ; certains disent que son  nom signifie fougeraie en basque,  d’autres qu’il s’agit d’un vieil hydronyme au sens de « coléreux » (fium ilato.  alto par métathèse).

Le Celavo doit son nom aux Kilebensioi, la Balatese aux Balatinoi

 

Bibliographie sommaire

1 E. Blasco-Ferrer, Paleo-Sardo : Le radici linguistiche della Sardegna neolithica, 2010, Berlin, New York Etude sur la toponymie sarde d’origine basque.

2 Mario C. Ascari , «   La Corsica nella carte geografiche di Tolomeo » dans

Archivio storico di Corsica, juillet-septembre 1939, an XIV, n° 2, 3 et ,4, n°2,  p.161-191 et particulièrement n° 3 p.331-393.  

2 Prince Louis -Lucien Bonaparte, Remarques sur les dialectes de la Corse et sur l’origine basque de plusieurs noms locaux de cette île, Londres, 1877, 11 pages.  Bonne idée, mais trop peu d’exemples.

 3 J. Karst, professeur de l’Université de Strasbourg, Essai sur l’origine des Basques, Ibères et peuples apparentés,  1954, 164 p.

4 Franc de Ferrière,  « Toponymie de la Gaule aquitaine »,  dans  Bulletin de la Société archéologique et préhistorique de Blansimon.

5 A. Pardo, L’Espagne primitive.

6 Victor Bérard, Les navigations d’Ulysse, Nausicaa et le retour d’Ulysse, tome IV,  sur les Lestrygons p. 195-280 et p sur les Phéaciens.9-88

7 Felice Vinci. Omero nel Baltico,   Il existe une  édition en anglais :.The Batic ortgins of Hommer’s Epic Tales : the “Iliad “ , the “Odyssey “ and the Migration of Myths,.

8 Franck Leandri. , Les mégalithes de Corse.

9 Fernand Niel, Dolmens et menhirs, 1995, RomaQue Sais-je ?

10 Robert C. Davies, Esclaves Chrétiens, maîtres musulmans, L’esclavage blanc en Méditerranée(1500-1800).Babel, 2003.

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