vendredi 22 janvier 2016

Le sacrifice du cheval d’octobre et les Carnutes

                                   Le sacrifice du cheval d’octobre et les Carnutes

  Prenons le  passage de César (La Guerre des Gaules,  VII, 2) où il invoque le secret absolu que les Carnutes demandent d’observer aux  autres conjurés, réunis dans le Bois de Moléans. « Les chefs carnutes  demandent que, puisque pour le moment il leur est impossible, par des échanges d’otages  entre eux, d’éviter la divulgation de leurs actes, l’on s’engage du moins, par des serments solennels autour des étendards rassemblés, «  quo more eorum gravissima caerimonia continetur », ce qui dans leurs coutumes constitue la cérémonie la plus solennelle,  à ne pas les abandonner, quand ils auraient commencé la guerre. » La seconde partie  de la phrase prêtée par l’interprète de César à Conconnetodumnos surprend, car on attendrait plutôt : les Carnutes demandent à  leurs alliés de s’engager à ne pas révéler leurs projets de guerre aux Romains en participant au sacrifice humain, « ce qui dans leurs coutumes  constitue la cérémonie la plus solennelle »,- gravissima caerimonia,-destinée en réalité à  consacrer l’autorité sur les conjurés des chefs carnutes  Conconnetodumnos et Cotuetos , l’un comme comme roi suprême ou dictateur , l’autre comme roi pendant l’insurrection contre les Romains.  César  qualifie, sans donner de justification, de « déments » (op. cit,   VII, 3) les deux chefs carnutes Conconnetodumnos et  Cotuatos et pour avoir accompli ce  sacrifice d’êtres humains accompagné d’anthropophagie rituelle.  Certes, les sacrifices humains ne faisaient pas peur, en principe, à César. On le voit lorsqu’en -46, pour calmer une mutinerie, il fait sacrifier sur le Champ de Mars par le flamine de Mars deux victimes dont les têtes sont transportées su palais Royal. Il faisait appel alors à un rituel héréditaire oublié, qui ne fait que reproduire, mais, écrit Georges Dumézil dans Fêtes d’été et d’automne, Un sacrifice humain, Gallimard, Paris, 1975, p 168,   « avec une double majoration, -deux victimes au lieu d’une, des victimes humaines et non plus animales, -le sacrifice du cheval. »
Deux types de sacrifices suprêmes  des indo-européens : le sacrifice du cheval ou ashvamedhu en sanskrit (à rapprocher du gaulois Epomeduos ou Eporedorix) et le sacrifice humain suprême, ou naramedhu en sanskrit (ou purushamedhu). 
Georges Dumézil, op. Cit. ,   p. 167, écrit : « Immédiatement au-dessus du « sacrifice du cheval » vient un sacrifice d’être humain  » (purushamedhu). Il est présenté sous deux formes , dont l’une, celle que développe par exemple le Satapatha Brahmana (13, 6, 1-2),  est un grandiose massacre qui a peu de chances d’avoir été jamais pratiqué, mais dont l’autre ne mérite pas d’être, comme on l’a fait parfois, sommairement récusée. Or, cette variante […] a ceci de remarquable qu’elle se fait dans la forme du sacrifice du cheval […]  Comme celui du cheval, ce sacrifice est une cérémonie destinée à accroître la puissance d’un roi. »
Toujours selon Dumézil, le scénario du sacrifice du cheval est le suivant : « le cheval destiné au sacrifice doit errer librement, pendant une année entière [période qui peut être réduite à six mois], non seulement sur des terres appartenant au roi sacrifiant, mais à travers les royaumes voisins ou plus lointains, partout où l’entraîne son humeur, et il faut qu’il revienne ou soit récupéré intact au bout d’un an. Alors seulement il peut être étouffé, en conclusion d’un rituel très riche. Pendant cette année de liberté, sa protection est assurée par une escorte » de cent jeunes gens à qui seront dévolues des parties bien précises du cheval.
Quant au sacrifice qui nous intéresse, le sacrifice humain (naru , comme purusha,  signifie le laboureur , cf. to plough ,labourer , en anglais, puis par extension tout être humain, ,signifie homme, à comparer avec l’accusatif  grec anera, ou avec en grec drôps et anthropos , et avec  le surnom latin Nero, Néronis, guerrier,être  viril  ), il consiste à faire errer vers le soleil  levant  609 personnes de toute condition sociale : laboureurs, guerriers et prêtres, à les asperger d’eau sacrée, et à les  attacher sur un bûcher pour  les offrir aux dieux afin de «  sacrer » le roi. On voit l’énormité de ce  sacrifice, surtout lorsqu’on y ajoute une anthropophagie rituelle.
L’interprète gaulois qui était l’informateur de césar, lorsque le général lui demanda si les Carnutes avaient un dieu de la guerre, n’eut pas de mal à répondre oui et à songer à Rudiobos ou à Rudianus, comme on l’appelait chez les Carnutes. .Mais lorsque César  lui demanda s’ils avaient un  dieu de la musique   et des arts, comme Apollon,  l’interprète songea probablement au dieu gaulois Ogmios. Selon les documents irlandais, c’est un dieu au nom parent, savoir Ogam , qui  a découvert l’alphabet écossais qui porte son nom, cette écriture ogam qui ressemble aux sillons  gravés sur les « pseudo- polissoirs »., ceux-ci évoquant les cordes de la cithare du dieu grec. Son nom est apparenté au grec ogmos, sillon.  Ogam descend d’Elada, qui signifie « art poétique, science »  en gaulois. Il n’y avait pas de  cloison étanche  entre les dieux gaulois identifiés par la suite à Mars et à  Apollon et nous sommes gênés de voir un surnom : attribué à Apollon, Toutiorix, alors que nous serions tenté  de l’attribuer au  Mars gaulois, ce  Teutatès dieu de la tribu (teuto en gaulois) dont le poète Lucain nous donne le nom.  Vendryès , cité par de Vries, op .cit, p.81, fait remarquer, dans Religion, p ;273,  que ce nom interprété comme le dieu roi  de la tribu convient mal à la nature d’Apollon. . Il faut ajouter qu’on ne voit pas très bien pourquoi le Mars gaulois est le dieu de la tribu. Peut-être faut-il rapprocher Toutiorix du gaulois  Eporedorix, celui qui est reconnu roi par le sacrifice du cheval et de Epomeduos, celui qui fait le sacrifice du cheval. Il faut ajouter qu’on ne voit pas très bien pourquoi le Mars gaulois serait  le dieu de la tribu. Une explication, selon moi, consisterait  à dériver Toutiorix, non de teuto,tribu,  mais de ta (sge)tès  de Tasgétès,ou Moritagetes ,  à comparer avec le vieux haut allemand gersta, grains d’orge, et avec le grec Taygète, tay (tau) remonte à , déyva,  l’orge.  Le mori- qui fait songer au nom de la déesse irlandaise de la guerre Moriggu,  recouvre un nori, lieu du sacrifice (de la déesse de l’orge), gaulois medhui. En ce cas, Teutatès, le nom de Mars, viendrait de Teu (de tva, dva,  divinisé) tatè, grains d’orge, de tasgetès. Toutiorix   appliqué à l’Apollon gaulois, signifierait donc celui qui confère la royauté  roi par le sacrifice de l’orge.


Le Mars carnute.: Mocetes, Rudianos,
 A Orléans, on a trouvé en 1902 une inscription mentionnant un dieu Mocetis ou  Mocetes. : B. Robreau, dans « Les dieux des Carnutes : Mars, Jupiter, Apollon » in Mmoire XXXIV-2, numéro 90, octobre novembre, décembre 1990,  p.  3-49, p.  37, pense que Mocetes « semble assimilable à un Mars Mogetius,  connu à Bourges et, plus lointainement,  à Saint-Pons de Thomières (Languedoc) ».  Mogetes  vient de ma, grand e,  du gaulois ve, semences, et de gesta, grains d’orge,ma-ugesta,  à comparer avec  Segesta, la déesse des moissons, où le latin se ou swe , cf . to sow, semer, en anglais, signifie semences, graines,  et avec   le latin seges, de segets , moisson , champ d’orge, ainsi qu’avec le vieux haut allemand gersta, grains d’orge,
Rudiobos est  le dieu des sillons pour l’orge, de rud, cf. lut, sillon, et de iobos, indo-européen yaw-, sanskrit yavah, grec, zéia, orge, devenu Rudionos , Rudianos ,dans certains dialectes gaulois ;carnutes notamment , ou encore Mogounos, de ma et de Rudianos, le grand Rudianos  Ce dieu Rudianos a laissé dans le  Loir-et-Cher le nom de Ruan.et ailleurs le  nom des Ruthènes et de Royan.  Son correspondant latin est  Libera  de Rudera, qui est identifiée à Cérès. La déesse de la guerre irlandaise a pour nom Moriggu  et son nom est  l’équivalent féminin de Mars, archaïque Mavors , ou du grec Arès., de arew- .Le   nom de Mars, Martis, archaïque Mavortis ,  vient de ma, nourricier,  et d’une racine werkw,  qui donne plusieurs  noms du sillon , en lituanien welku, et en  grec , aulax, ou ôlka, cf. le vieux haut allemand gersta, grains d’orge, d’un mot gaulois proche du latin  granum, et dhsa, orge,  et avec le grec Taygète, tay (tau) remonte à dva , divinisé. En ce cas, Teutatès, le nom de Mars, comme Tasgetes,  de Teu (de tva, dva,  divinisé) et de tatès, grains d’orge, de ta(ges)tès. A Neuvy-en- Sullias, près d’Orléans, donc chez les Carnutes,   on a découvert un grand cheval de bronze avec sur le socle une inscription, qui cite également  Cassiciate, cassic signifiant jument en gaulois. Il pourrait s’agir de Rudianos  sous la forme d’une jument et on reconnaît la déesse Epona, qui figuire sur les pièces de monnaie. .
  Mars Loucetios est attesté avec sa parèdre Nemetona.  Loucetios (on a, pour la ville, une forme archaïque Lukotekia, qui se retrouve dans le nom de la déesse favorable à Ulysse , Leukothéa, de leukotékia, mais interprétée comme la déesse blanche), de luk, sillon et de okesta, , grains d’orge, sillons pour l’orge, à comparer avec le vieux haut allemand gersta, grains d’orge, a donné le nom ancien  de Paris, Lucetia Parisiorum,la Lutèce des Parisii, encore que l’on ignore son emplacement exact ; César nous indique seulement qu’elle est située île de la seine, pas forcément l’île de la cité. Les archéologues penchent pour une île en face de Nanterre. Sa parèdre est précisément attestée comme Nemetona .Marianne Mulon, dans Noms de lieux d’Île- de-  France, Editions Bonneton , Paris,1997, p.40 , écrit : « Nanterre était-elle un site fortifié  ?Un sanctuaire , en tout cas. La plus ancienne mention,nemptodoro, du VIe siècle, indique une formation comportant un premier élément nemeto (que nous retrouverons à propos du nom de Nemours) : d’abord «  enclos sacré des cérémonies religieuses », puis «  temple ». Bourg sacré sur une route antique à la limite des tribus gauloises Carnutes et Parisii., Nanterre a pu avoir aussi un rôle défensif.», qui expliquerait l’adjonction du gaulois  doro, site fortifié .
Loucetios ou Lukotekia a donné Teutatès. Peut-être faut-il rapprocher Toutiorix du gaulois  Eporedorix ou Epomeduos,celui qui est reconnu roi par une course de  chars tirés par des chevaux, Il faut ajouter qu’on ne voit pas très bien pourquoi le Mars gaulois serait  le dieu de la tribu. Une explication, selon moi, consisterait  à dériver Toutiorix, non de teuto,tribu,  mais de ta gestès  de Tasgétès,ou Moritasgetes: Toutiorix   appliqué au Mars gaulois, signifierait donc celui qui confère la royauté  roi par le sacrifice de l’orge. De même pour le nom de Vercingetorix, à analyser en  urk, sillon,  geto , orge, et rix ; roi, celui qui est fait  roi dans un sacrifice des sillons de l’orge,.


L’ « Apollon » carnute.
L’interprète gaulois qui était l’informateur de césar, lorsque le général lui demanda si les Carnutes avaient un dieu de la guerre, n’eut pas de mal à répondre oui et à songer à Rudiobos ou à Rudianus, comme on l’appelait chez les Carnutes. .Mais lorsque César  lui demanda s’ils avaient un  dieu de la musique   et des arts, comme Apollon,  l’interprète songea probablement au dieu gaulois Ogmios. Selon les documents irlandais, c’est un dieu au nom parent, savoir Ogam , qui  a découvert l’alphabet écossais qui porte son nom, cette écriture ogam qui ressemble aux sillons  gravés sur les « pseudo- polissoirs »., ceux-ci évoquant les cordes de la cithare du dieu grec. Son nom est apparenté au grec ogmos, sillon.  Ogam descend d’Elada, qui signifie « art poétique, science »  en gaulois.
Il n’y avait pas de  cloison étanche  entre les dieux gaulois identifiés par la suite à Mars et à  Apollon et nous sommes gênés de voir le Toutiorix surnom : attribué à Apollon, alors que nous serions tenté  de l’attribuer au  Mars gaulois, ce  Teutatès dieu de la tribu (teuto en gaulois) dont le poète Lucain nous donne le nom.  Vendryès , cité par de Vries, op .cit, p.81, fait remarquer, dans Religion, p . 273,  que ce nom interprété comme le dieu roi  de la tribu convient mal à la nature d’Apollon. .
    Mars, dieu agraire au départ, se spécialisa comme dieu de la guerre et un Apollon archaïque lui succéda, agraire lui aussi. Les noms de déesses ou de dieux doivent beaucoup aux céréales : le nom de Latone, la mère d’Apollon,  vient de Blaton, proche du gaulois blatso, blé, comme dans les noms de peuples : les Latins ou les  Baltes., par exemple. Hécatè, de sekw ; semer, anglais to sow, la sœur d’Apollon, signifie celle qui crée des sillons  tandis qu’Apollon lui-même  est Hécatos, le semeur. On  retrouve le gaulois blatso, blé,sous la forme bolos,  dans telle épithète homérique de l’Apollon lycien, hékatèbolos, celui qui sème  le blé Apollon était  adoré en Lydie sous le nom de Plodans, de blatso, le dieu du blé, à rapprocher du nom du dieu souterrain  Pluton.  Il existe toute une série au consonantisme plus archaïque que blatso, indiquée par  l’ étrusque  , et qui nous donne , en lien  avec le sanglier ( porkos en grec, porcus en latin) un  nom étrusque du dieu du monde souterrain ,Phorkeus , ou Orcus,de  kwserkws , ainsi que le nom du héros Persée, Perseus. Le P grec   ou le B de certains  dialectes helléniques et du celtique, ainsi que le F  latin  correspondent au kws étrusque.  Citons   le tokharien bahr, le breton  bara, pain,  le latin far, frumentum,  le grec  puros , blé, le vieux- slave pyro, le lituanien purai ,  l’italique panisc ; le mot désignant en grec  le seigle , briza (aujourd’hui vriza en Thrace et en Macédoine, cf. grec et iranien oruza , riz) est à comparer avec le grec kritha, grain d’orge. Le blé  sarrasin, ainsi appelé à cause de la couleur noire des Sarrasins,   était, dans l’Antiquité, appelé en raison de sa couleur (rajah, noirceur en sanskrit, Eréboss , mélan ou Kuanos en grec) orobos en grec ou, dans certains dialectes,  erebinthos ou encore werge, comme dans telle autre épithète homérique de l’Apollon lycien : Hécatèwergos, celui qui sème du blé noir, le  mot wergos venant de swergos , en latin,   ervum..
Quelques épiclèses du dieu
  Atepomaros est une épithète d’Apollon, qui signifie la pierre (maros) où est sacrifié le  cheval (epo) d’octobre (gaulois ato, huit, sanskrit asta, vieux haut allemand ahto , anglais eight,  , huitième mois d’une année qui commençait à l’équinoxe de Mars).  
Bernard Robreau, dans « Les dieux des Carnutes : Mars, Jupiter, Apollon » in Mmoire XXXIV-2, numéro 90, octobre novembre, décembre 1990,  p.  3-49, p. 68, écrit: « Il est possible que les Carnutes aient également désigné Apollon par un  surnom  attesté par l’inscription de Mauvières dans l’Indre »  [de medhuaria, le lieu du sacrifice, cf.   Meuvaines ,  de medhuania ,  Meuves  de medhu, sacrifice, Mesves -sur- Loire ] .Il ajoute : « Un indice en est fourni par une inscription orléanaise(CRL, XII, 3067) qui comporte  un anthroponyme restitué comme (Ate) pomari [génitif,  à rapprocher du gaulois Epomeduos ,celui qui fait le sacrifice du cheval ou Eporedorix, celui qui est reconnu roi par une  course  de  chevaux  ].
Tasgetès .de Tagestès à comparer pour la première syllabe ta- avec le grec Taygète (cf. la population des Gètes), tay (tau) remonte à dva , divinisé et avec le latin Segesta, déesse des moissons, seges,segetis, champ d’orge,moisson et avec  le vieux haut allemand gersta, grains d’orge, d’un mot gaulois proche du latin  granum,grain ,  et de dhsa, orge,, l’ensemble signifiant l’orge divinisé .
Moritasgetès  est un dieu honoré chez les Sénons à Sens, à Montargis et à Tréguères en particulier, ainsi qu’à Alise-Sainte-Reine. Ce pourrait être une association des  Mars et Apollon- Tasgétès gaulois.
Grannos est une forme dialectale de Belenos, de gwranos Bélénos (latin Bellona,de beltsona , déesse de la guerre), ou (B) Lenos ou Grannos, de gwranos , -forme dialectale de Belenos.
Sachant que les Carnutes accentuaient l’avant-dernière syllabe et faisaient disparaître la dernière, la toponymie nous donne en Eure-et-Loir Valainville, de balena, dans la commune de Saint-Maur, le nom de la Beauce, de beltsa attesté par un grammairien, celui du dolmen de  Beaumont, de beltsa, à Trizay -lès- Bonneval et, ailleurs,   Bellême, de beltsima, le sillon nourricier (Ma).
Artémis Orthia est adorée.à Lacédémone et en Arcadie, laconien vortheia avec digamma initial, sanskrit urdhvah, latin rectus, de wrekhw,  celle du sillon. En effet, orthos et orthios  signifient  couramment droit, qui n’est pas  courbe en grec, mais au sens premier ces  mots  désignaient un trait droit, un sillon. Artémis est appelée Ortugia, parce qu’elle est née à Délos et que le nom ancien de l’île était Ortygie, nom qui était aussi celui de la  presqu’île de Syracuse en Sicile.
  Son nom est à rapprocher de celui de la déesse Artio, adorée en Suisse,où l’ on a trouvé un bronze , à Muri (du dieu de la guerre Morig),représentant  une déesse qui tenait dans la main gauche des fleurs et des fruits, avec un ours qui s’avance  . Apollon Smintheus (cf anglais mouse, latin mus, etc.)est l’Apollon qui protège les rats et souris, dévoreurs de céréales ; par la suite, le rat a été remplacé par un oiseau granivore, comme la colombe, mis en syrien (cf .  Sémiramis, élevée par des colombes) ou le corbeau ou la corneille et a donné le nom d’Artémis, la colombe du sillon. A Vienne- en- Val, près d’Orléans,  où un dieu associé à Minerve et à Hercule a un oiseau à ses pieds, « peut-être un corbeau » (B. Robreau, op. cit. p. 67). De plus, à Naveil, près de Vendôme, on a trouvé la partie inférieure d’une statue de marbre blanc avec un oiseau à ses pieds.
La caille, en grec ortux , attesté comme gortux par Hésychius , c’est-à-dire wortux, confirmé par le sanskrit vartakah, néerlandais kakkel donnant caille en français,est l’oiseau qui  picore  les grains d’orge (yug, de indo-européen yew,)des sillons (vorth). Il n’est pas étonnant que le nom d’Ortygie, la caille des sillons  pour orge,   soit donné à Artémis.
Calypso, la nymphe de l’Odyssée, et  son île de Ogygie.
L’île de Malte était pour les Anciens l’île aux sillons pour les grains d’orge, l’ ’île ôgygie, de owortugia, avec disparition du digamma à l’intervocalique et chute du r.   ögygie est le nom aussi de la Thèbes d’Egypte, de la Thèbes de Béotie et d’une porte de Thèbes de Béotie. Le mot qui n’était plus compris était employé dans le sens de très ancien, de primitif, et l’eau du Styx, le fleuve infernal, est dite ôgygienne. , par Hésiode, Pindare et les Tragiques, c’est-à-dire antique. N’en déplaise à V. Bérard, dans Calypsô et la mer de l’Atlantide, qui la voyait près de Ceuta., sur la côte africaine, en face de Gibraltar. Calypsô est identique à Cérès, à l’île de Malte,Tarxios, de kalkwsios, celle qui fait croître. .

« Apollon » Andrastos, sacrifice d’êtres humains d’octobre
Jan de Vries, dans La religion des celtes, Payot, Paris, 1977, p.1 45, cite un passage de Dion Cassius Histoire romaine, LXII, 6, 7  sur la reine Boudica, de bhurica, latin far, grec puros, reine des Iceni. « Elle aurait offert en sacrifice des femmes romaines. Elle libérait un lièvre, et si la course de l’animal lui paraissait être de bon augure, elle offrait ses actions de grâce à Andraste (ou Andate). On peut sans doute identifier cette déesse à l’Andarte  dont le culte est attesté pour les Vocontii. » On retrouve en grec ce nom Adrastos dans la mythologie. Andrastos est à comparer avec le nom du sacrifice humain suprême,  naramedhu en sanskrit. Le nom se décompose en  andra, être humain , cf grec andros, homme,  sanskrit nara, , et en astos, huit,huitième mois,  octobre ; c’est une abréviation par euphémisme, ; le lièvre et l(ours  avaient-ils parfois remplacé le cheval dans le sacrifice ?.


Le medhuanum où se réunissaient les druides carnutes : le Bois de Moléans , dans la commune de Saint- Maur- sur -le –Loir et Valainville.
Gilbert, p.  127 , a eu l’intuition que le lieu recherché par tant d’auteurs où , selon César, se seraient réunis tous les druides de Gaule en Territoire carnute (voir B. ROBREAU, Les Carnutes et le centre de la Gaule, SAEL, Chartres, 1997)se trouvait auprès du Bois de Moléans , dans la commune de Saint- Maur- sur- le -Loir : «Le Loir s’enfonce en formant un ravin très profond, dessinant une courbe vers l’Est, puis descend vers le Sud en suivant les pentes nord  et ouest d’une forte colline (avec pentes fort escarpées) dite le Bois de Moléans ; ce bois est donc entouré au nord et à l’ouest par une boucle du Loir, au sud par le gros ruisseau dit  la Conie, et, à l’est, par un ravin (sans ruisseau) guère moins profond. Personnellement, si j’avais été un druide cherchant un « bois sacré » où installer un centre religieux tranquille et isolé, je me serais installé sur cette colline très boisée et entourée de deux côtés (nord et ouest) par un profond ravin creusé par le Loir, et du côté sud par un ravin moins profond creusé par la Conie, le côté est étant délimité par un ravin assez profond quoique sec […]Au pied du coteau nord de la colline du Bois de Moléans, il y  a un château de Mémillon, et, au- dessus du château, dans les bois, il y a […] un monticule conique entouré de fossés pleins d’eau et appelé le Fort de la Motte [….].Un peulven [menhir] renversé , 2 dolmens et un bloc regardé comme un autel des sacrifices [le groupe du Baignon dont 4 monuments sont encore visibles] se trouvent à gauche de la route de Saint-Maur à Flacey, entre la route et la rivière du Loir, dominant le ravin formé par la boucle de la rivière ; de la route, on voit des pierres paraissant hautes au-dessus du sol, mais peu longues ;[…] on m’a dit à Saint-Maur qu’il y avait 2 dolmens et 1 dolmen démoli. Ce sont probablement les mêmes pierres dont Lejeune a parlé en disant qu’à un quart  de lieue de Saint-Maur il y avait une Grosse Pierre de 16 pieds de haut [est-ce, vu  sa hauteur  de 5 mètres,  un menhir?] le long du chemin menant vers le moulin [disparu aujourd’hui, le moulin du Tartre], et 2 dolmens brisés entourés de 15 pierres ».

Moléans , comme  Mauléon,  Meudon, Médan,  ou Milan , dérive du composé  Medhuanos , du gaulois  medhu (sanskrit medhu), sacrifice, avec un suffixe adjectivant -anos,  signifiant (le lieu ) du sacrifice.
Dans Saint-Maur , maur vient du gaulois mar, la pierre sur laquelle  est sacrifié le cheval dans le sacrifice du cheval, ashvamedhu , nom que l’on retrouve dans le gaulois Epomeduos, celui qui fait le sacrifice du cheval ( epo). Le nom mar  a été secondairement christianisé. Quelle pouvait donc être cette pierre qui  donne son nom à Saint-Maur? Gilbert, on l’a vu,  parle d’ « un bloc regardé comme un autel des sacrifices », d’une pierre druidique au sens propre dans le groupe mégalithique du Baignon, Elle «  se trouve à gauche de la route de Saint-Maur à Flacey,  entre la route et la rivière du Loir, dominant le ravin formé par la boucle de la rivière ; de la route, on voit des pierres paraissant hautes au-dessus du sol, mais peu longues.» 
  Le caractère sacré de l’obscur  village de Saint-Maur  et de son  l’église dédiée à saint Maur a  survécu dans la ferveur populaire grâce à des  pèlerinages très anciens  -ferveur curieusement disproportionnée pour ce saint inconnu qui, en tout état de cause, n’a rien à voir avec le disciple de  saint Benoît et n’est jamais venu en France. Il y a 14 autres saints du même nom, dont  5 martyrs.  Le pèlerinage a lieu le 15 janvier, ce qui est la date de la fête du saint Maur qui était l’élève de saint Benoît, mais  reprend peut-être  plus ou moins la date solsticiale  du  vieux rassemblement annuel des druides carnutes. Mais le premier lieu de rassemblement religieux était Valainville, où subsiste ne chapelle, Le nom de Valainville , la ferme(villa) de la déesse du blé, vient de belis-, blé, +suffixe gaulois de nom propre féminin -ain. La divinité Eponina , sous son nom Beltisma, est représentée sur la façade, comme sur une autre église de Saint-Denis- d’Authou.
Mémillon, du gaulois Memillon , est à rapprocher du latin Mamilia  qui intervient aussi avec la ‘ Mamilia dans le rituel du Cheval d’octobre. Jacques Guillemin, «  Saint-Maur –sur-le- Loir, mottes féodales et châteaux «  in Bulletin de la société archéologique d’Eure- et- Loir, n°52, 1er tr. 1997, p.3, évoque la situation d’une tour en bois  au sommet d’une motte féodale, la Tour Mémillon, qui, pour nous, fait écho à la Tour Mamilia.  C’est un mot gaulois, comme l’atteste mirmillonium, qui désigne en latin l’armement du sacrificateur  et mirmillones, gladiateur armés du mirmillonium pour un combat rituel. Tel devait être l’armement des hommes, -les mirmillones, ou en grec myrmidones,  - qui s’affrontaient après le sacrifice des chevaux, combat qui était l’équivalent atténué du sacrifice humain  nécessaire plus anciennement pour « sacrer « le roi. On le retrouve dans myrmidones, le nom des guerriers d’Achille. Ceux qui, pour réfuter l’étymologie indo-européenne de Mémillon , voudraient tirer argument du nom de Guillelmus de Mansio Melinis (la maison de Milon ou Ménélas), Mesium Milonis en1232, Mansium Menelaüm vers 865, lequel est  attesté en 1194 comme premier seigneur de Mémillon (op.cit. , p.10) ne doivent pas oublier qu’il s’agit là d’une étymologie de scribe ennoblissante et que, en 1200-1201, on l’appelle Mesmillo., ou de Mesmillon. , puis en 1215 Mémillon.  A Rome, les annalistes ont pareillement essayé de donner une existence à un Octavius ( le huitième mos, octobre) Mamilius , né à Tusculum, qui est l’allié de Tarquin le superbe et fait tout pour que celui-ci , à la tête (imperator) des latins insurgés, reprenne le pouvoir sur les Romains.


Selon Faustus,  cité par G. Dumézil, op. cit , p. 146 ,  une course  , à  bord  de chars à deux roues pour les Indiens et les Romains, à bord de raeda ou chariot à quatre roues pour les Gaulois (raeda  étant un mot gaulois selon Quintilien , I, 5, 57 et 68 ),   avec pour enjeu  la tête du cheval immolé , «  s’engage entre les gens de Suburre et ceux de la Sacra Via, pour accrocher cette tête  , les gens de la Via Sacra au mur de la Regia [le palais où habitaient les rois étrusques de Rome], les gens de Suburre à la Tour Mamilia. La queue du même cheval est portée à la Regia avec tant de célérité qu’il doit encore en tomber des gouttes de sang sur le foyer de l’autel, pour  faire participer la royauté au sacrifice. »  Selon Plutarque, dans Questions romaines, 97, cité par Dumézil, op. cit. , p.144, les hommes de Suburra et de la Via Sacra, après le sacrifice du cheval,  se combattent à mort avec des javelots  et le gagnant emporte la tête du cheval sur le mur de la Régia pour les gens de Suburra et à la Tour Mamilla pour  les hommes de la Via sacra. Chez les Carnutes,  la compétition devait avoir lieu entre Mémilllon, équivalent gaulois de Mamilia, et Meuves, où l’on peut supposer que se trouvait le Palais royal de Conconnetodumnos, et où la queue du cheval était apportée encore faiblement  saignante  au bout d’un trajet de 3 à 4 minutes. Les têtes des chevaux finissaient dans la Fosse aux chefs, chef au sens de tête, dans la commune de Saint- Christophe, tout près du Bois de Moléans.   Bien qu’il soit tentant de rattacher Mamilia au nom de Mars, redoublé comme dans l’ethnonyme sicilien Mamertin (les descendants de Mars, de Ma, nourricier, et aro, labourer), il est plus  séduisant encore   d’analyser  le gaulois memilion en  sacrifice d’êtres humains, gaulois medhu, sacrifice, et  gaulois nar, homme, sous la forme d’un  génitif pluriel naron,  par conséquent  de medhunaron, devenu medhuron, puis Mémillon, donc comme renvoyant anciennement à un sacrifice humain à Mars, sacrifice dans lequel au fil du temps  le cheval a été substitué à l’homme. 
 Le toponyme de Meuves, dans la même commune de Saint-Maur –sur –le -Loir, vient du gaulois medhu, correspondant au  sanskrit medhu, de maidhu, sacrifice, lié au radical indo-européen qu’on retrouve dans le latin madeo, être humide de sang, dans  le grec machaira, de maidhara, , couteau sacrificiel, dans le perse mârt , mort et  ce toponyme  renvoie au sacrifice des chevaux. 

Le souvenir des deux chefs carnutes Conconnetodumnos et Cotuetos dans la région.
Comme nous l’indique le nom du chef gaulois  Brennus , blé , de belenos, ,les chefs portaient souvent des noms de céréales. De même, Conconnetodumnos, chef d’un important  pagus (subdivision de la civitas ou nation des Carnutes),   a laissé la première partie de son nom à la Conie, la rivière du royaume de Conconnetodumnos. Le patronyme gaulois est apparenté au grec kenchros, millet à grappes ou millet des oiseaux (panicum italicum), orge,  et  aussi à konkos ou kokkos, grain (d’orge),   qui donne le gaulois concon-+etos(de edhea, orge,et à  dumnos, fourré, buisson, champ. Mais peut-être est-ce une altération volontaire, pour des raisons de secret religieux, de methuos , c’est-à-dire l’homme qui fait le sacrifice, et peut-être son nom véritable était-il Conconnetomedhuos, celui qui fait le sacrifice de l’orge , donc celui qui fait le sacrifice d’êtres humains, à comparer avec le nom gaulois attesté d’Epomeduos,  c’est-à-dire celui qui fait le sacrifice du cheval. Le siège du royaume était peut-être près du Bois de Moléans, dans le hameau de Conie, à Conie- Molitard, union de deux communes, Molitard étant l’altération de  de molitor, meunier d’un moulin à eau, car il y en avait deux au bord de la Conie. Saint-Maur  et surtout le bois de Moléans se trouvaient dans son royaume
   A la tête d’un autre pagus, Cotuetos (du patronyme gaulois répandu  Cottus auquel les  Alpes Cottiennes doivent leur nom),  dont le nom était apparenté au grec  kachrus, grain d’orge grillée, et à dha, orge, devenu – et, (à rapprocher du grec homérique  zéia,, épeautre pour les chevaux, du sanskrit yavah, orge, de la racine yew-), a laissé son nom à Thuy (de [co] tuet) sur la commune de Logron. Il y avait à Thuy de nombreux mégalithes, qui, vers 1950,  furent étudiés et photographiés en hélicoptère par un passionné se prospection aérienne (Alain Lelong ?)(, mais je n’ai malheureusement pu  retrouver les textes et les photos qui auraient paru dans l ’Echo, mais l’exploitant agricole les a démolis et a même  fait disparaître le dernier sous un dépôt d’ordures ! Le royaume de Cotuetos devait s’étendre jusqu’au château de Chantemesle (dont le nom signifie la pierre à orge) : là se trouvait le « polissoir » qui assurait la fécondité des moissons du royaume de Cotuetos.
Le père de Cotuetos portait le même nom, selon la tradition gauloise, et a laissé son nom à Douy.
Les haras de Cotuetos à Crenne (Lanneray) et la déesse Eponina.
Le nom de Crenne vient du gaulois  (Epo)carrina, bâti comme le neutre pluriel latin equirla, de equi curria,   course de chars,carrus étant la forme gauloise du latin  currus et désignant un chariot à quatre roues.Un suffixe locatif en -na est ajouté au radical carri-, remise pour les chars de course. . .  Le toponyme est assez fréquent en Gaule ; il désigne ici le haras de Cotuetos ;  les mangeoires pleines d’orge étaient placées sous la protection de la déesse des chevaux et de l’orge, savoir Epona, Eponina ou Eponina. Les Gaulois, nous apprend César, ne connaissaient pas les statues à proprement parler, mais seulement ce que César appelle des simulacra ; la chance a fait que, dans la  région de Crenne, je sois tombé sur un simulacrum de la déesse des chevaux Eponina (voir photo ci-jointe), qui est un autre nom de  la déesse du millet ou de l’orge, Belsima, de Beltsima, laquelle donne son nom à la Beauce. Ce n’est pas un hasard si, à Saint-Maur ou plutôt à Valainville (on a, sur la façade de la chapelle,  le même visage de la déesse qui présidait aux cruels sacrifices, -comme d’ailleurs à la chapelle de Saint-Hilaire des Noyers,  aujourd’hui Saint-Denis d’Authou.).  
 Simulacrum de Eponina à  Crenne (Lanneray), haras de Cotuetos
Coni et Logron, souvenirs des premiers habitants  Ibères.
Ces Ibères  ont laissé leur nom à Austricum, aujourd’hui Chartres, de Carnutarum civitas, la cité des Carrnutes,  et à Logron, à rapprocher de Logroño  au nord de l’Espagne sur l’Ebre. Une tribu des Ibères s’appelait les Austriconi. On les retrouve en Corse dans l’Ostricon  , sur la côte orientale,  au sud , et dans le nom des sauvages Laistrigones  de l’Odyssée (-11000 avant notre ère selon Bâl Gangâdhar Tilak) .que les Anciens mettaient déjà  en rapport avec un peuple dans la région de Formies au sud du Latium, à la limite de la Campanie.  C’est aussi le  nom d‘un peuple de Sicile au pied de l‘Etna, ainsi qu’en Mauritanie (Austoriani) ; c’est surtout, pour nous, dans cette région chartraine  peuplée d’Ibères,  plus exactement par les Ostricons qui peuplèrent les premiers cette région, avant les Carnutes gaulois. Il nous faut citer encore, près d’Illiers, le lieu-dit le Coni. On peut en rapprocher le nom du  cap Cuneus au Portugal. .Le mot latin  cuniculum qui veut dire lapin, connil en ancien français, ne peut s’appliquer ici, le lapin ayant été introduit d’Espagne en Gaule beaucoup plus tard.  Pline l’Ancien cite les îles  Cuniculariae entre Bonifacio en Corse et la Sardaigne, «  les îles des Kunéens ». Ce sont  aujourd’hui les îles Lavazzi , dont le nom est l’ altération  de Laas Trugonée qu’on retrouve en Sardaigne près de la Punta delle Vacche (pointe des  Basques ) , laas étant compris comme la pierre  mais provenant de Lais ( trugones),correspondant au  grec homérique  Laistrygones. Le nom des îles Cuniculariae (de kun-ik-oidai-ria, avec 3 suffixes dont un suffixe ethnique, -ikos,   un autre signifiant pays en basque,  –herria, l’ensemble   voulant dire  , non pas îles aux lapins,  mais îles appartenant aux  Kunii
A partir de Ostricones, par  aphérèse, on a les noms de Kunésiens, de Kunii et leurs multiples variantes, comme Coni près d’Illiers. .Le lapin a en latin le nom de cuniculus, que le grec a emprunté et qui vient du nom de cette tribu ligure, les Cunii .
D’où vient ce nom de tribu ibère,  Laistrugones? Il est l’altération de Cantigours, les Ouigours du Serpent (kant), les Keltrigours ou Celtibères,  qui ne sont pas des métis  celtes, les Cantabres. Nous retrouvons le dieu serpent dans le nom de Nermont, ancien dolmen vraisemblablement, qui signifie l’entrée des enfers (mound) gardée par le serpent, niger , qui avait le sens de serpent avant de prendre la signification de noir. Le nom des Ligures est  l’altération de nigures, le peuple du Serpent  Un autre nom d’origine basco- ibère dans la commune de Châtillon -en- Dunois est la Canterie, qui signifie le pays (-ria de herria , pays en basque)et cant, orge.

Les noms des céréales.
La  Beauce, de belsa (attesté par  un grammairien latin du Ve siècle) doit son nom au nom gaulois du blé, à comparer avec Bellême ou avec Beaumont (nom d’un dolmen de Trizay- lès- Bonneval) de Bellsima mond, . Belstima ou Bellima correspondent au latin Bellona, de beltsona, la sœur de Mars,  et viennent  du gaulois  blato, céréale, blé en particulier, qui donne  le nom de Blois , de blatso, blé. .Le nom d’une autre sœur de Mars, la déesse Enyo, de Venyô, , une  déesse de la guerre , est lié au nom de  l’avoine, avena, en latin , qui donne des noms de ville comme Avenio, Avignon. De même, panisk , le sorgho, donne le nom du dieu Pan. Les divinités qui devinrent celles du vin et deb l’ivresse étaient au départ des dieux des céréales dont l’Antiquité utilisait le caractère stupéfiant : le seigle avec son ergot redoutable pour Dionysos, le seigle divinisé,  de iranien onusos, , cf  le grec oruza ,signifiant  riz par la suite,  et briza, seigle, et de di, divinisé ; Bacchus, de kakhus, boisson  sacrée à base d’orge fermentée et voisine de la bière appelée d’ailleurs en grec le vin à base d’orge ; le grec sicilien  iachos, sanglier, On  songe à Zagreus, dont le nom serait l’altération d’un nom de l’orge correspondant à kakkhrus en grec, qui se transforma en toutes sortes d’animaux, notamment    en  sanglier (en Sicile, le sanglier s’appelle iacchoss et fait référence à Bacchus), le dieu de l’orge fermentée), en taureau, et en  cheval de labour pour tenter d’échapper aux Titans qui voulaient le démembrer. Le dieu phrygien Sabazios est aussi  lié au sanglier (son  nom est une variante phrygienne du grec sus, sanglier,  de sawa+dzis, divinisé) et il  passe pour avoir,  le premier,  eu l’idée de soumettre les bœufs  au joug, au lieu de continuer à employer les chevaux de labour .  On  considère Zagreus et Sabazios comme des  Dionysos plus anciens. 
Le nom des céréales s’applique à  l’une ou à l’autre, au hasard de la géographie et de l’histoire. Il est souvent composé de deux éléments :
-          l’un signifiant grain (latin granum, grec kri dans kritha, orge, latin , grec kokkos ou kenchros, grain de millet,  ou encore  sêmen, cf . latin simila, qui a donné le français semoule ;
-          -l’autre la céréale en cause, au nom parfois réduit à t ou à d lorsqu’il s’agit de l’orge, grec dhéa, par exemple dans le gaulois blato, blé,  dans le  latin d’origine étrusque frumentum (grec brômos, avoine, gaulois brennos, bran) composé de frumen- et de - t pour orge ou, avec d pour dhéa, orge, dans le grec d’origine hittite puramidoentos.. Le mot signifiant pain ou blé,  dès l’époque homérique, est en grec sitos, de si, semence (cf anglais to sow, semer, latin sero, de siso, sevi, satum ) et t pour dhea, orge. Le nom du seigle en  latin secale ou sequale
-           est à décomposer en sê-, semence, et en -quale, de kwar, engrain, cf. far, épeautre,  grec pyros,
La série du gaulois blatso, blé, gallois blawd.
 On  retrouve blatso, blé, dans telle épithète homérique de l’Apollon lycien, hékatèbolos, celui qui crée des sillons pour le blé (bolos). Hécatè, la sœur d’Apollon, signifie celle qui crée des sillons  tandis qu’Apollon lui-même  est Hécatos, le semeur.  Apollon était  adoré en Lydie sous le nom de Plodans, de blatso, le dieu du blé, à rapprocher du nom de Pluton.  Les noms de déesses ou de dieux doivent beaucoup aux céréales : le nom de Latone, la mère d’Apollon,  vient de Blaton,   Il existe toute une série au consonantisme plus archaïque que blatso, indiquée par  l’ étrusque  , et qui nous donne , en lien  avec le sanglier( porkos en grec, porcus en latin) le nom du dieu du monde souterrain Phorkeus , Perseus, ou Orcus,de  kwserkws . Le P grec   ou le B de certains  dialectes helléniques et du celtique, ainsi que le F  latin  correspondent au kws étrusque.  Citons   le tokharien bahr, le breton  bara, pain,  le latin far, frumentum,  le grec  puros , blé, le vieux- slave pyro, le lituanien purai ,  l’italique panisc ; le mot désignant en grec  le seigle , briza (aujourd’hui vriza en Thrace et en Macédoine, cf. grec et iranien oruza , riz) est à comparer avec le grec kritha, grain d’orge.
 Le blé  sarrasin, ainsi appelé à cause de la couleur noire des Sarrasins,   était, dans l’Antiquité, appelé en raison de sa couleur (rajah, noirceur en sanskrit, Eréboss , mélan ou Kuanos en grec) orobos en grec ou, dans certains dialectes,  erebinthos ou encore werge, comme dans telle autre épithète homérique de l’Apollon lycien : Hécatèwergos, celui qui sème du blé noir, le  mot wergos venant de swergos ; en latin,   ervum.
 L’origine du pain.
Le sorgho ou gros mil, grémil, grenil au XIIIe siècle en ancien  français, dont le nom vient de grain de Syrie, (granum)  syricum, est connu de l’antiquité dès le Ve siècle avant J.-C. puisque par  Xénophon dans l’Anabase, I, 2, 22  évoque , vers 400 av .  J. - -C., sa culture en Cilicie et la nomme mélinè, latin milium (d’après une note de l’abbé Perrin ce serait panicum miliaceum ou millet commun, ou millet à panicules (panic- millet). Pline l’Ancien  (18, 53) cite cette céréale sous le nom de paniccum , sorgho, millet.. XENOPHON, op. cit. , cite  les  cultures de cinq céréales : outre la vigne, ce sont :  sèsamon, le sésame,mélinè,  , le sorgho,  kenchros, le millet ( panicum italicum, selon une note du même auteur , millet à grappes ou millet des oiseaux), puros , le froment et kritha, l’orge..
  Le nom du pain, panis en latin, vient  du nom de la céréale utilisée anciennement  pour le fabriquer, le sorgo ou gros mil en Sicile, panicum,  et du  millet ou  petit mil à Rome, panicula , diminutif de panisc-, ,cf. pastilla, de panistilla, , gâteau sacré d’orge ou de millet . Il faut partir, pour expliquer la forme archaïque panisc, de Kwaniks, parent du grec  kankhrus, ou kenchros. En Sicile, nous savons qu’en-8500 environ, la céréale cultivée était le panisc, car nous avons, pour un menhir englouti en même temps qu’une ’île voisine de la Sicile en même temps que  la plupart de ses premiers habitants, le nom Pantellaria  , qui vient de  paniscellaria, de panisc-ul -aria , le pays (herria en ibèro- basque) du millet à panicules (panic- millet, panicum miliacum, en grec melinè , sorgo. A la suite du tsunami, les populations rescapées, directement ou indirectement, se réfugièrent en Corse, -dans les montagnes cette fois, le plus loin de la mer et de ses capricieuses turbulences, à  Pancheraccia, altération de Pantellaria. Le long menhir retrouvé sous l’eau avait pour fonction de faire pousser très haut le sorgo sicilien. Le pain a donné son nom à la tribu des Parisii et à notre capitale Paris,  Parisiorum. Quant à Lutèce, en latin Lutetia, située à l’origine sur une île de la Seine près de Nanterre, il se décompose peut-être en lut, sillon, pour orge, et, de dhea.
Conclusions  récapitulatives de cet essai.
Les chefs  Conconnetodumnus et Cotuetos voulurent profiter de la réunion annuelle des druides carnutes au Bois de Moléans   pour se faire reconnaître respectivement comme chef suprême  et comme roi des Carnutes, avec l’espoir , comme Vercingétorix et son père, de devenir ensuite  les roi et souverain de toute la Gaule. Pour cela, ils n’hésitèrent pas à remettre en honneur l’horrible sacrifice humain et équin le plus archaïque qui fût,  remontant à leurs ancêtres indo-européens, avec, de plus,  la pratique rituelle de l’anthropophagie. Faut-il rappeler qu’au chant XXII de l’Iliade Achille, le roi des Myrmidons , c’est-à-dire de ceux qui pratiquent les sacrifices humains, dit à Hector : « Ah ! Que ne puis-je te dévorer le coeur tout cru ! »
  Quant au  scénario probable de ce  grandiose sacrifice royal, 606 hommes de toute condition  ont été immolés sur un bûcher installé à l’emplacement du  Fort  de la Motte à Mémillon, comme l’indique.  le nom de Mémillon (de medhu naron, sacrifice d’hommes) .  Toutefois, au lieu du mode d’exécution indien par le feu, il se peut que les Carnutes aient choisi, comme les Romains, un autre mode d’exécution : les étouffer, comme ils le faisaient des chevaux.  
Quant aux  queues des chevaux sacrifiés  , représentant la dernière gerbe d’orge coupée et par conséquent la divinité elle-même,  elles sont enterrées vers Meuves ( de medhu, sacrifice, à rapprocher des noms de Meuvaines et de Mesves -sur- Loire),  sur les  pierres « dont Lejeune a parlé en disant qu’à un quart  de lieue de Saint-Maur il y avait une Grosse Pierre de 16 pieds de haut, le long du chemin menant vers le moulin [du Tartre, porté moulin ruiné sur la carte IGN] , et 2 dolmens brisés entourés de 15 pierres » (Gilbert, op . cit.), chaque pierre étant particulière à un cheval..
   Plus loin , à Edeville  (la ferme d’Ede,  de [Epom]eduos , celui qui sacrifie les chevaux, avec attraction du nom du propriétaire de la villa gallo-romaine fouillée en 1924, Aegidius),   il est possible que d’autres parties des chevaux ,comme  la colonne vertébrale ou   le quartier médian du cheval, aient été enterrés, car on a retrouvé des squelettes équins lors des fouilles de 1924 qui ont mis au jour également une villa gallo-romaine , près de la ferme de M. Levacher. B. Robreau , op .  cit. , p. 46, à propos du  culte gaulois des têtes coupées , évoque les fouilles du sanctuaire de Ribémont- sur- Ancre où l’on a trouvé des ossuaires constitués surtout d’os longs ou iliaques provenant de plusieurs centaines d’hommes en majorité jeunes et robustes, avec également quelques os longs de chevaux intercalés, mais où les crânes humains sont toujours absents ; peut-être la fosse des chefs sur la commune voisine de Saint -Christophe est-elle l’endroit où les têtes coupées étaient jetées ; le culte des têtes coupées concerne aussi la Provence à Entremont et à Roque pertuse où le dieu  Rudianus est attesté par une stèle ornée d’un cavalier surmontant des têtes coupées.

En Italie du nord, les palio  comme celui de Sienne, ont pris la succession de ce vieux rite indo-européen.


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