Un témoignage authentique sur le bagne, œuvre du
faux-monnayeur Delfaut (anagramme Daufelt) et mes autres activités culturelles
Je suis tombé par
hasard, chez un descendant de communard de Nouvelle-Calédonie, M. Limousin
habitant au Pont- des Français, sur un
manuscrit écrit par un bagnard. Mais il ne voulait pas que celui-ci, datant de
1895, sorte de chez lui , il ne voulait pas non plus que son nom apparaisse.
Aussi, avec François Otonari, neveu du député de l’époque et avec le secrétaire
de la mairie du Mont-Dore M. Heyman , il fallut que je lise sur un dictaphone
le texte entier, puis que je demande à Madame Lecomte de le dactylographier
gratuitement. F. Otonari était alors président du Kiwanis Club de Nouméa et cherchait de l’argent pour les œuvres sociales
du club. Je lui proposai d’éditer le texte en métropole (où cela était moins
cher ) qu’à Nouméa) avec des illustrations photographiques que Otonari
recueillit à Sydney auprès de la Mitchell
Library, collection Hugan , 1878 environ. .Nous décidâmes que l’argent irait au
foyer de garçons de la Vallée du Tir, le Foyer Georges Dubois dédié à l’enfance
abandonnée (ma mère était directrice du pendant féminin, l’ « internat des filles
auquel j’ai en vain proposé de donner le nom de Louise Michel, institutrice
déportée en Calédonie. Je supprimai les noms des bagnards qui figuraient en
toutes lettres, les remplaçant par de simples initiales, et les rares passages
susceptibles d’offenser les Kanaks. C’est sous le titre Les damnés du Pacifique et sous le nom de Daufelt que l’ouvrage
parut en 1974, connaissant plusieurs tirages. .
J appris que l’ouvrage avait
déjà paru, sous son titre original, en 19+19, dans le
Messager d’Alain Laubreaux, d’après un autre manuscrit, qu’il connaissait
grâce à Marie-Thérèse Levizac épouse de Henri- Louis Laubreaux et qui passa
dans les mains de Marthe Levizac , épouse Nicolas Tiby Hagen, puis que sa détentrice de l’époque,Madame Danton, née
Hagen, tenait d’un avocat de ses parents, Guiraud de Levizac. Je le fis
dactylographier à nouveau et le tirai à
100 exemplaires dont je remis un exemplaire à la Bibliothèque Bernheim, dirigée
alors par madame H.Colombani. Une traduction australienne par Reichenbach, T. Delfaud, Story of the outcast, histoire d’un
paria, 1943, Sydney, avait aussi paru pendant la guerre, pour les militaires
américains.
En 1976, dans la France Australe des 27, 28 et 29
septembre, je fis paraître un supplément, le marquis de La Furetière, extrait
du second manuscrit, datant de 1896.
En 1985, le 1er
décembre, aux éditions Grain de sable, un universitaire,François Bogliolo,suivit le texte du Messager
, c’est-à-dire le manuscrit Danton
–Hagen et fit paraître le texte sous le titre Delfaut Daufelt, Nos criminels…le bagne en
Nouvelle-Calédonie, mais il ne connaissait ni l’ouvrage de Maresca et de
Lacourrège, heureusement pour les lecteurs, ni le texte dactylographié que
j’avais remis à Madame Colombani pour la Bibliothèque Bernheim. En somme, je
suis le seul à avoir publié le manuscrit
Limousin ( Thierry Folcher aujourd’hui à ma connaissance).
En 1975, Les nuits du bagne calédonien (cf le bulletin de la SEHNC, n°52, 3e
trim. 1982, de Gérard Lacourrège et Pierre Maresca, avec Philippe
Godard et Luc Chevalier .
Les collaborateurs
clandestins :
Luc Chevalier,
ex-scout devenu grâce à la politique et à ses amis catholiques conservateur en
chef du musée de Nouméa avec le certificat d’études a dû s’occuper des dessins
de Bournical , dessinateur peu fiable des pirogues canaques selon le
spécialiste des pirogues , le Père Neyret. Il aurait mieux fait de se
préoccuper des superbes dessins de Mauger achetés grâce à l’entremise de Jacques Cheval par le Territoire et qu’il relégua dans une cave où ils furent
grignotés et compissés par les rats !
Philippe Godard, « historien » qui dans son ouvrage commercial intitulé
Le Mémorial calédonien parle des deux
navires avec lesquels Cook découvrit la
Calédonie alors qu’il n’en
avait qu’un (G. Pisier dénombra dans le bulletin de la SEHNC157 erreurs dans le
seul premier tome) : on peut supposer qu’il donna accès aux documents que
des documentalistes lui avaient fourni pour son travail.
Les auteurs officiels :
Gérard
Lacourrège qui avait fait des recherches dans les archives d’outre-mer à
Aix-en-Provence et fut l’auteur du livre La
Calédonie :une conquête du hasard, illisible et sans plan et d’un
opuscule sur le rôle des RG et d’un mystérieux « Capuano » dans L’affaire
Declercq ,
Pierre Maresca, pied noir d’Algérie comme Lacourrège, instituteur et agent de police
avant de trouver sa voie dans la politique de Lafleur (candidat battu aux
législatives, il est encore conseiller spécial du chef du gouvernement Frogier,
pour le dédommager de n’avoir pas été élu) a dû remanier le texte et fausser
les documents. Je pense qu’il désira m’attaquer (j’étais un élu à l’époque) à
travers le bagnard dont j’avais publié les mémoires.
Généalogie de Jean-Baptiste Delfau.
Manifestement, quels que fussent ses motifs, il n’a pas voulu livrer
les données généalogiques qui sont les siennes.
Il déclare à l’administration
s’appeler Jean-Baptiste (il se fait aussi
appeler Alphonse, où l’on trouve les
lettres alfe ) Delfau (ou Delfaut, mais
étymologiquement il n’y a pas de t, le nom venant de fagum, hêtre, et le t notant peut-être l’initiale de sa mère adoptive
Tarcisse) est arrivé par le Fleurus en
Nouvelle-Calédonie, aux débuts du bagne , en 1897, matricule 1275,puis 239, enfin 12403.Il fut en effet condamné sur le
territoire , à nouveau, en 1874 et en
1881 Né près de Rodez, dans l’ Aveyron,
et mort à l’hospice de l’île Nou , le 24 octobre 1918 (renseignement
aimablement fourni pare madame Rose-May Cuer) ; il est déclaré être né le
27 juillet 1839 à Turenne, arrondissement de Brive en Corrèze. il affirme avoir
été l’aîné de onze frères et sœurs (peut-être des demi-frères et
des demi-sœurs) et avait bénéficié d’une bonne instruction au collège des jésuites
de Rodez . Son père était, nous dit-il, un républicain socialiste qui fut déporté
en Polynésie française à Nouka Hiva,pour sa participation aux journées
républicaines de Sauveterre –de -Rouergue près de Rodez contre le coup d’Etat
du 2-décembre 1851. Selon le Maîtron, consulté
en ligne (maitron-en- ligne.univ-paris1.fr), Dictionnaire du mouvement ouvrier, tome 1, j’ai retrouvé son père ,
un Delfau Hilaire, né à Saint- Geniez-
d’Olt , le 7 janvier 1812, près de
Rodez,fils de Jean-François Delfau et de Rose Boulaye , tailleur d’habits . Les
sources du Maîtron sont les Archives départementales de l’Aveyron, les Minutes
des procès des résistants au coup d’Etat
du 2 décembre 1851, notes de J.-M. Cosson. Le Maitron écrit : « Il
fut condamné à l’Algérie- Moins », à Lambessa selon José-Louis Barbançon.Il a
dû sevrema rier car j’ai trouvé la
trace du décès en algérie d’une fille
issue de son remariage Son fils nous dit
qu’il est mort en déportation. J’ai écrit à Nouka Hiva pour connaître la date
de son décès, mais la commune marquisienne n’a de registres d’état civil que
depuis 1865 ; j’ai donc écrit au service territorial des archives de
Polynésie .
Il avait au moins deux frères, Jean François, né le 23 mai 1806 à
Saint - Geniez d’Olt également, Guillaume, le 20 mai 1809 et trois sœurs,
Julie, née le 24 avril 1808, Elisabeth, née le20 avril 1810 et Rose- Marie, née en 1805 qui
va nous intéresser; l’un de ses deux frères s’installa en Dordogne et institua
pour héritier Jean-Baptiste.
Deux mots sur la profession paternelle :
nous lisons dans son acte de mariage du 15 juillet 1839 au Monastère (de saint
Sernin) qu’il était militaire. On peut supposer que c’était un sergent-major
chargé de l’habillement, qui s’est
ensuite installé comme tailleur d’habits dans la région natale de sa femme. Son fils écrit qu’il a dû vendre l’étude d’avoué de son père : il a
ennobli le métier paternel à une époque où il travaillait dans l’étude d’avoué de Guiraud de Levizac,
entre 1897 et 1899. Vers 19+00, on a de lui des lettres à Guiraud rachetées par
lez Service des Archives. Il écrit en, 1900 à un journal anarchiste
métropolitain, Temps nouveaux, un
texte ironique intitulé Le Bagne
philanthrope.
J’ai retrouvé l’ acte de
mariage de son père au Monastère,
acte N°29, le 15 juillet 1839, avec Tarcisse
Salvagnac, née au Monastère le 11 juin 1807, fille d’ Ignace Louis
Salvagnac, cordonnier résident au Monastère, et de Thérèse Soulié. J’ai retrouvé également l’acte
de décès de la mère de Jean-Baptiste Delfaut au Monastère, Acte n°40, le 3 septembre 1853, âgée de 45 ans, grâce
à l’indication de son fils, p.4 : « Bientôt [après l’arrestation de
son père] un malheur plus grand devait
le frapper encore : sa mère mourut de chagrin et de douleur, le laissant
sans ressource pour nourrir sa famille. »
Je n’ai pu trouver son acte
de naissance (ni celui de ses deux frères ou demi-frères puînés, l’un faisant
des études à l’école de médecine, l’autre à l’école navale ,et le troisième à l
’école de droit) au Monastère ou bien à Saint –Geniez d’Olt, vers 1831
peut-être vers 1835. P. 24, il nous dit avoir 36 ans en 1867 à son arrivée dans
la colonie, -28 ans à en croire son acte de décès, -ce qui le ferait naître vers 1831, hors mariage ; toutefois ,
p. 4 , il nous dit qu’il avait à peine 16 ans en 1851 ou 1852, soit une
naissance vers 1835, alors qu’à en croire
son acte de décès il en aurait en réalité 12 ans
Le roman véritable de son enfance selon
moi.
Je crois avoir trouvé la naissance, hors mariage, d’un Marin
Delfau, enfant naturel, qui
pourrait bien être notre futur condamné, né à Graissac près de Rodez , le 17 mai
1833 , de père inconnu et de mère autodéclarée Delfau Marie Rose . Ceci lui
donnerait, en 1867, non pas 36 ans,
mais 34 ans et, en 1851, non pas 16 ans, mais 18 ans.
Qui sont ces parents
biologiques ? Rose Delfau est
une sœur de Hilaire Delfau, qui, avec sa femme Tarcisse, élèvera l’enfant
bâtard, tandis que sa mère biologique lui disait qu’elle était sa sœur aînée
(ce qui, vu son âge, est invraisemblable, et d’ailleurs Delfaut l’a –t-il
crue ?).Elle épousera François Rouquette et s’installera avec lui à
Montézic près de Rodez. Hilaire
l’appellera Jean-Baptiste du prénom de
son grand-père et du prénom de son cousin, né vers la même date, le 01 février 1834
à Graissac près de Rodez, fils de Jean Baptiste Delfau et de Julie Marie -Jeanne Doumergue qui avait 21 ans lors
de son mariage à Cantoin , La bastide, près de Rodez , le 23 janvier 1831.
Le père, appelé Saige, est un ingénieur, en poste à la Compagnie du chemin de
fer du Midi, qui paie les études de
Jean-Baptiste au collège privé de Rodez, puis le fait entrer comme archiviste à Bordeaux
dans la Compagnie des Chemins de fer du Midi.Mais « M. Saige, écrit
Delfaut,p. 6, son vénéré maître, mourut
subitement d’une attaque d’apoplexie [vers 1854]. Ce nouveau malheur…sembla un
instant l’abattre. Rien ne pouvait le consoler de cette perte, qui fut en effet
irréparable pour lui, comme on le verra par la suite .Un pressentiment secret
semblait l’avertir que la perte de ce
second père devait fatalement faire dévier sa destinée. » Il nous
parle, p. 6, aussi de » cet
ingénieur distingué qui l’aimait comme
son fils ».
C’est sous le coup de la
douleur provoquée par la mort de son père biologique qu’il se livre à une
insolence à Bordeaux contre Napoléon III, de passage aux Bureaux des Chemins de
fer du Midi. il jugeait , consciemment ,l’empereur responsable de la mort à
Nouka - Hiva de son père adoptif. Sa révocation, après une période de
dépression due à la mort de son père biologique, marque le début de ses aventures.
Quant à la mort de celle qu’il appelle, p.13, « sa sœur aînée », sa mère biologique en réalité, il nous dit qu’ « une lettre de
son frère [son beau-frère ou plutôt
son beau-père, François Rouquette] vint
lui apprendre que sa sœur aînée l’appelait à son chevet…. Sa sœur mourut quinze
jours après son retour [de Tunis, d’où il embarque le 15 mars,] à Marseille puis
à Montézic près de Rodez en Rouergue dans l’Aveyron . Nous trouvons
effectivement l’acte de décès de Rose Delfau à Montézic le 132 avril1862 (et
non pas 1861, comme l’écrit Dellfaut.
Ma femme a trouvé
la naissance d’une Marie Delfau
le 7 mai 1833 à Saint-Geniez d’Olt et la naissance d’un Jean-Batiste
Delfau, le 9 novembre 1851 à Saint-Geniez d’Olt.
Son dossier de condamné,
riche de plus de 200 pièces, contient, aux termes de la description des
Archives d’Aix, une correspondance particulière », peut-être celle du
gouverneur Pallu de la Barrière, dont l’émouvante déclaration à son arrivée
dans la colonie avait tant remué le cœur de Delfaut jusqu’à le conduire sur la
voie de la régénération. .
J’avais demandé à un Calédonien
professeur d’histoire certifié, Louis- José Barbançon,qui devait se rendre à
Aix, de vérifier aux Archives d’Aix ce qui était cité dans l’ouvrage et qui
visait à faire de Delfaut un indic et un tortionnaire au mépris , me
semblait-il, de la vérité historique. Quand il revint en Nouvelle-Calédonie, il
m’indiqua que les archives citées avaient été truquées par des individus
qui se sont dit : « Bah ! Un bagnard ! Ce n’est pas grave ! » (cf le bulletin
de la SEHNC, n°52, 3e trim. 1982). Fort de ce que L.-J.
Barbançon m’avait appris, je fis
d’ailleurs, en présence de l’un des auteurs, Maresca, au Kiwani’s, une mise au point à laquelle il
ne répondit pas, faute d’arguments. Le Kiwani’s club de Nouméa dont F. Otonari avait été le créateur et le président
avait changé d’esprit et lui était devenu favorable.
Tout le reste de l’ouvrage de
P. Maresca est de la même farine :
ainsi, comme je m’entretenais sur tout autre sujet avec ma
voisine Madame D. Ignatieff, celle-ci me fit part de son indignation à la
lecture de l’ouvrage en cause lorsqu’elle y apprit que sa parente, Madame
Duhamel, épouse d’un surveillant au pénitencier de Teremba, était devenue une
femme à la cuisse légère, alors qu’elle était particulièrement sévère et de
mœurs parfaitement honnêtes.
Bien plus tard, parlant avec
un professeur agrégé d’anglais, Thierry Faulcher, j’appris qu’il avait hérité par
sa femme du manuscrit Limousin que
j’avais suivi (j’avais consulté le manuscrit chez Limousin au Pont- des-
Français : c’était le second , le manuscrit chronologiquement le premier étant le manuscrit
Hagen-Danton, publié par Laubreaux dans
le
Messager , acheté par le service
des archives , IJ 21, 2 MI 23, voir
la note de Delfaut dans Les damnés du Pacifique p. 103) et qu’après
avoir lu le tissu de mensonges de Lacourrège et de Maresca il eut la tentation
de brûler le manuscrit comme écrit par un bagnard mythomane. La réaction est
typique de certains Calédoniens.
La commune de 1871 et la déportation en Calédonie
En 1959, à la fin de mon hypocagne à
Louis-le- Grand, où j’avais eu comme professeur d’histoire Emile Tersen qui
préparait un livre sur la Commune, me
demanda de lui rapporter de Calédonie, où j’allais pour les vacances scolaires,
une photo du cimetière des Communards de l’île des Pins, destinée à paraître
dans son ouvrage. Accompagné de ma mère qui avait la fille du gendarme de l’île
des Pins comme pensionnaire,je me rendis
spécialement à l’île des Pins pour cette mission. Il nous fallut d’abord le
retrouver, car personne ne connaissait
son existence. On m’affirma même que les exilés avaient dû être enterrés
n’importe où, sans nom. Grâce à une carte de 1880 que possédait le gérant de
l’hôtel Jean Brock, nous pûmes, avec la jeep du gendarme, y
aller : le chemin était impraticable, une herbe très haute avait tout
envahi; certaines tombes étaient éventrées. Ma photo arriva trop tard pour La commune de 1871, de Emile Tersen, Jean Bruhat et Jean Dautry (1960). Mon
passage fit beaucoup de bruit ; le Président de la Chambre de Commerce, M.
Jean Chalier, descendant de déporté, rendit visite à mon père , alors Président
de l’Assemblée territoriale, pour lui dire que, politiquement (car il était de
droite), il n’avait jamais pu rien faire pour le cimetière où dormaient ses
parents, mais qu’il se réjouissait de mon voyage qui le sortait de l’oubli.
Plus tard, le Kiwani’s club
de Nouméa, dont F. Otonari était le
créateur et le président fondateur et auquel il m’avait demandé, ainsi qu’à son
oncle le député Roch Pidjot, d’adhérer,
a cherché à s’occuper du patrimoine calédonien. Je suggérai la pose
d’une plaque avec les noms des communards à l’île des Pins. Nous prîmes contact
avec la municipalité pour lui demander de débroussailler le chemin et les
tombes, contre défraiement. J’avais trouvé dans O’Reilly mention de m’existence
d’un placard fabriqué par le déporté A. Bretonneau avec les noms de tous les
déportés inhumés ou morts en mer au
cours d’une évasion. J’écrivis à la Bibliothèque Nationale pour en avoir une
photocopie. Je vérifiai les noms sur les registres d’état-civil de l’île des
Pins et l’agent des eaux et forêts de l’île des pins appelé Frouin, accepta de
les contrôler defaçon plus détaillée. Un membre du club était le directeur
d’Inco à Nouméa, de nationalité turque,
M. Sheito. Il accepta de nous procurer une plaque en nickel inoxydable
et d’y faire graver les inscriptions que nous désirions. Il ne restait plus
qu’à procéder à l’inauguration, avec le nouveau président, le docteur
JeanTomasini, de la Société Le Nickel. Celui-ci me raconta qu’après son
discours certains employés de la Société Le Nickel, le traitant de communiste,
refusèrent de lu adresser la parole. Le premier secrétaire d’Etat socialiste à
l’outre-mer Emmanueli rendant visite à la Nouvelle-Calédonie désira se rendre à
l’île des Pins : il espérait avoir une photo le représentant en train de déposer une gerbe
aux déportés. Je fus choisi comme son mentor et avec B. Brou, président de la
Société d’Etudes Historiques de Nouvelle-Calédonie et mon épouse, je me rendis
à l’île des Pins. Mais malheureusement, entre le discours du maire et le
discours coutumier, nous ne pûmes nous rendre au cimetière qu’après le coucher
du soleil : il était trop tard pour la photo commémorative !
Restait le cimetière de Ducos pour les déportés en
enceinte fortifiés,-les plus célèbres. Mais concernant le cimetière de Ducos- Tendu ,et alors que j’étais en séance à l’Assemblée, je fus prévenu par téléphone
que les bull- dozers s’occupaient activement de le détruire pour y faire les
terrassements qui devaient servir aux habitations collectives de Tendu et
malgré mes interventions le cimetière fut détruit de fond en comble : les
ossements et les dalles fracassées
rejoignirent les scories. Quant aux déportés qui étaient morts au bagne de l’île Nou et qui
n’étaient pas déportés, mais transportés
bien qu’authentiquement communards, comme le poète Gustave Maroteau, ils
n’avaient jamais eu droit à un cimetière. Mais Georges Pisier, membre écouté de
la SEHNC et auteur d’une brochure sur l’île des Pins, affirmait qu’aucun
communard n’avait été condamné au bagne,mais seulement à la déportation ;
je fis , pour répondre à ces oppositions , un article dans le bulletin 43 , 2e
trimestre 1980, de la SEHNC (La
transportation politique et la
déportation en Nouvelle-Calédonie) pour
jauger de la moralité controversée des communards condamnés. De même qu’il
avait existé un centre d’état-civil à
Nouville non rattaché à celui de Nouméa et commun pour les bagnards de droit
commun et pour les transportés politiques, Il
avait existé un centre d’état civil sur la presqu’île de Ducos- Tendu,
transformé en léproserie et où un colonel anti -communard avait lacéré et
dispersé dans la nature les registres. La deuxième copie, non rattachée à
l’état-civil de Nouméa, se trouvait au Tribunal et , quand on connaît la
susceptibilité des magistrats, on, mesure l’ampleur du problème. Aussi suis-je
intervenu à l’assemblée territoriale pour demander l’autorisation au tribunal
de consulter les registres d’état-civil de Ducos et ai-je pu établir une liste
des déportés qui y moururent. J’ai ajouté à cette liste ce que je savais à
l’époque (nous n’avions pas encore les précieux registres de la transportation
politique de l’île Nou, non plus que ceux de Ducos et de l’île des Pins qui
figurent dans la collection Amsterdam) des communards morts à l’île Nou. Je pus
alors, au titre du Kiwani’s club de Nouméa et, avec l’aide de Alan Sheito,
faire enfin graver la plaque qui figure à Tendu et procéder à l’inauguration. Mon
épouse, en s’aidant du magistral Maîtron,
Dictionnaire du mouvement ouvrier, en
plusieurs volumes, dressa une liste de tous les communards venus en Calédonie.
La SEHNC, sous la direction de Georges Coquilhat, répartit en trois la liste
établie par ma femme (déportation simple
à l’île des Pins, déportation en enceinte fortifiée à Ducos, transportation à
Nouville ), ce qui rend très incommode la recherche d’un communard qui a pu
passer de l’île Nou à Ducos et à l’île des Pins en cours de peine. Aujourd’hui,
outre les oublis signalés par B. Brou dans
le bulletin de la SEHNC, on peut compléter par l’excellent travail de Roger
Perennès, Déportés et forçats de la
Commune, de Belleville à Nouméa, Ouest- Editions, Université inter- âges de
Nantes, 591 p., 1991, , malheureusement
sans index.
Aussi, quand j’ai lu sur le Net que c’était
l’Association des Amis de la Commune qui avait réhabilité le cimetière des
Communards de l’île des Pins, j’ai été confondu : jamais une telle
association n’a existé à Nouméa à ma connaissance, et c’est le Kiwani’s club de
Nouméa, comme l’indique l’inscription « Don du Kiwani’s Cub de Nouméa » sur
la plaque, qui,à mon instigation,s’en est , seul, occupé. Il n’y a, comme me le
reprocha, L. –J. Barbançon, spécialiste
du bagne de droit commun, des relégués et des Arabes, qu’un petit nombre de
descendants de communards à Nouméa, qui furent peu actifs au cours de ces
opérations , sauf Jean-Jacques Bourdinat qui accepta de nous prêter le Dictionnaire de Maîtron qu’il possédait.
Il n’y eut que cent Arabes politiques stricto sensu, tous expédiés à l’ïle des
Pins à la suite de la rébellion de Mokrani de 1871, et qui rentrèrent pratiquement
tous (sauf la famille de labelle Céleste qui servit de modèle à la statue de la
fontaine à Nouméa) en Algérie après avoir, en 1880, été logés à Ducos. Les
Arabes de Calédonie sont aujourd’hui des descendants de transportés de droit
commun.
La collection Amsterdam, le projet de musée Gustave-Maroteau
dans l’hôpital de l’île Nou où Bernard Brou voulait exposer
définitivement cette collection de documents.
Maxwell
Shakleton , membre de la SEHNC, repéra l’annonce que la collection amassée par
un spécialiste de Jules Vallès sur la Commune , Lucien Scheler, était en vente au
prix de 5 millions de francs CFP aux Pays-Bas, à Amsterdam. Il prévint Claude Idoux, le directeur de la Bibliothèque
Bernheim. Idoux et son adjointe, et Mme
H. Colombani, se mirent en tête de l’acheter pour le compte de la bibliothèque
et se rendirent incontinent à l’Assemblée pour demander de l’argent. Ils y
rencontrèrent le secrétaire général, Claude Erignac, dans l’escalier de
l’Assemblée, et j’assistai par hasard à cette scène mémorable où il les rappela
à leur devoir de réserve et leur enjoignit de rentrer à la bibliothèque, ce
qu’ils firent, tête basse. La SEHNC décida d’envoyer à Amsterdam Georges Pisier
et M. Shakleton afin de jauger la valeur de la collection ; M. Shakleton
revint enchanté, G. Pisier plus réticent. Il fut décidé, en 1975, de faire une
collecte dans le public pour réunir les fonds et de créer une Association pour le soutien à la fondation « Souvenir
de la déportation en Calédonie » pour les gérer. Comme personne n’en
souhaitait la présidence, ce fut, par défaut, Jean-Marc Gaudrillet, un
ingénieur de la Société Le Nickel qui fut choisi. De mon côté , je fis voter
une subvention par l’Assemblée , 2 millions de francs CFP, pour cet achat , qui s’ajouta aux sommes
versées par la ville de Nouméa et par la Société Le Nickel. .
La collecte fut un grand
succès Lorsque les caisses furent à
Nouméa, il y eut à payer les droits
d’entrée et de douanes et j’intervins avec beaucoup de difficulté auprès du
Président de la Commission Permanente, Georges Nagle, pour faire exonérer la
collection. Celui-ci fit ajouter la clause que la collection ne pourrait être
utilisée à des fins privées et commerciales. Faute de mieux, on décida de les
entreposer dans une banque, la Société
Générale . où travaillait un membre de la SEHNC, Jean-Claude Miroux. Au bout d’un certain temps, nous avons subi
les attaques des Nouvelles, un quotidien
qui monopolisait l’information, sous le
titre récurrent Où est passée la collection Amsterdam ? La
bibliothèque estimait qu’elle était la mieux placée pour garder la collection
et s’agita de façon souterraine ; des
rumeurs commencèrent à circuler sur
les vols dont elle serait l’objet et sur les détournements des fonds des
cotisants. La SEHNC finit, bien plus tard, par publier la liste des cotisants,
ce qui ne veut strictement rien dire en raison des nombreux donateurs qui désiraient, pour toute
sorte de raisons, demeurer anonymes. La Gendarmerie accepta de nous prêter ses locaux situés en face de l’Ecole F.
Surleau pour que nous puissions déballer
et inventorier la collection. C’est
là que B. Brou, Jacques Cheval, Louis- José Barbançon ,
mon épouse et moi-même nous nous réunîmes plusieurs après –midi de suite afin
de préparer cette exposition réclamée qui aurait lieu à la mairie de Nouméa en 1977, sous la
Présidence de Jacques Cheval.et qui fut un grand succès. . Il fallut se faire
prêter des vitrines, tables et armoires. Lors de l’exposition qui fut un grand
succès, nous fûmes honorés du voyage de
l’historien Dautry et du directeur du musée
de Saint-Denis consacré à la
commune, éditeur du journal La Commune. Jacqueline Senès nous en voulait de ne pas la mettre à
l’honneur pour ses émissions radiophoniques sur le cimetière de Ducos, sur le
bouif Trinquet, etc. Malgré tous nos efforts, nous ne pûmes exposer la
collection de journaux de l’île des Pins appartenant au fils du pharmacien de
la commune à l’île des Pins Ventrillon. Toute
une activité littéraire sortit de cette exposition : La déportation en Nouvelle-Calédonie, L’évasion de Henri Rochefort, bulletin n°50, 1er
trimestre 1982, Ebauche généalogique d’une famille calédonienne : les de Laville-Leroux
, ,, bulletin n° 58, 1er
trim.1984, opuscule Quand j’étais au bagne (poèmes de Henri Brissac), les Mémoires
d’Allemane
En 1981, il fut encore décidé
de faire une exposition en brousse à Bourail, plus exactement à Néméara, ancien
internat des fils de concessionnaires originaires du bagne, à la demande de
Louis- José Barbançon. Pourquoi à Bourail, ancien centre
pénitencier proche de Nessadiou, centre des Arabes ? Parce que déjà
la confusion entre transportés politiques et transportés de droit commun
existait dans l’esprit du public Tous déporté ! Une rumeur de vol courut à
nouveau peu après et L. –J. Barbançon voulut que nous ouvrions à nouveau les
caisses pour faire un nouvel inventaire. Sachant que l’archiviste du territoire
B. Corre nous avait dit qu’il voulait faire son propre inventaire et quie le
nôtre lui était donc inutile, Je refusai
énergiquement de perdre notre temps pour une rumeur parmi d’autres.
Mais la question se
posait : où exposer la collection de façon permanente ? B. Brou eut
l’idée d’aménager l’ancienne infirmerie du pénitencier de l’île Nou où un poète de la Commune mourut à vingt ans, le
chartrain Gustave Maroteau, à propos duquel Victor Hugo lui-même intervint, -en
vain. C’est là que B. Brou voulait
exposer définitivement la collection de documents.
Jean-Marc Gaudrillet prit seul l’attache d’une
société de travaux publics dont le directeur était son ami, lui demandant un
devis. Ce devis était faramineux. Il nous écrivit en recommandé pour obtenir
notre accord, sachant que c’était les grandes vacances et que la plupart des
membres étaient en congé en métropole. Moi-même je lui écrivis une lettre
recommandée avec AR pour lui faire savoir que nous étions opposés à son
dessein ; il n’en tint aucun compte. Refusant de démissionner, ce qui
entraînait un blocage, il finit, au bout d’un certain temps, par être convoqué
par la commission des Finances de
l’Assemblée territoriale : il fondit en larmes pour toute
justification .Je le rencontrai par hasard, peu après, à la Poste et
le saluai, comme la politesse le demande. Ce rustre me dit : « Te fatigue pas, ce n’est
pas la peine de me dire bonjour ».
A la demande de L.-J. Barbançon, ami du maire socialiste de Chartres , le député
Georges Lemoine, universitaire et ancien
ministre de l’outre-mer, le conseil municipal de Chartres décida d’honorer une
rue du nom du poète mort au bagne à vingt ans, Gustave Maroteau, né à Chartres.
Cette rue Gustave Maroteau est la seule chose qui reste de ce projet avorté de
musée Maroteau cher à B. Brou et qui échoua à cause de la prétention et de
l’obstination du sieur Gaudrillet.
Ce fut ma femme (auteur, je
le rappelle, d’une liste des déportés qui a paru dans le bulletin de la SEHNC,
unique à l’origine, mais qui fut scindée en plusieurs parties, chose éminemment
regrettée par mon épouse car un déporté à l’île des pins pouvait se retrouver à
Ducos au cours de son existence)) qui fut choisie pour remplacer Gaudrillet à
la Présidence de l’Association. Mais elle et moi nous avions décidé de quitter sans retour la
Calédonie pour la métropole et la campagne de dénigrement : où est passée
la collection Amsterdam ? continuait de plus belle dans les Nouvelles. Aussi décida-t-elle, en 1989,
de remettre la collection qui dormait toujours dans les coffres d’une
banque au service territorial des archives, nouvellement créé à Nouméa, avec à
sa tête Bruno Corre . De plus, elle démissionna
de sa présidence ; ce fut Maxwell
Shakleton qui lui succéda. Depuis, l’association ne connut aucun ennui et
organisa tranquillement une exposition en 1993, publiant deux opuscules, l’un
intitulé La collection Amsterdam,
l’autre intitulé Catalogue de la
Collection Amsterdam.[ L’affaire fut ainsi terminée.
« [lE HURON .] Car la langue huronne,est une
bien belle langue en vérité.
-MADAME DE KERMADEC : -J’avais toujours cru pourtant que le
français était la plus belle des langue , après le bas- breton. » Voltaire , Le
Huron .
Mes études philologiques et grammaticales des langues
kanakes.
Ma curiosité fut d’abord éveillée
par le livre, Primal Law, du calédonien Lord
Atkinson , livre qui inspira Totem
et tabou de Freud et dont je projetai la traduction. J’avais pris contact
avec son descendant qui me montra des photographies du génial observateur du
cheptel calédonien et de sa soeur , fort belle et à laquelle la source de Freud
, qui avait aussi lu Robertson Smith était très attachée. Puis je
recueillis des mythes à Fayawé (Ouvéa), publiés par la SEHNC. Enfin le
vice-recteur de l’époque, M. Bruel, le seul intelligent qu’ait jamais eu la
Calédonie, me chargea de superviser le bureau des langues mélanésienne. Ce
dernier ne comptait alors qu’un
instituteur métropolitain protégé d’abord, puis devenu beau-frère de Madame J. Brunet de La Fontinelle (disciple de G. Martinet, professeur de houaïlou aux
Langues orientales), savoir Claude Lercari, niçois spécialiste éminent du
moindou, langue morte (i locuteur, défunt aujourd’hui, le chef Marcel Mousse).
Ce bureau, rattaché au centre territorial de recherche de documentation pédagogique (C. T. R. D. P.) fut l’origine de
l’actuel Bureau des langues mélanésiennes. Linguistiquement, j’étais comparatiste, ce qui
est mal vu, et disciple acharné de Damourette
et Pichon, les auteurs du magistral Essai
sur la langue française, Des mots à
la pensée, 6 gros volumes, que je lisais avidement dans ma turne de l’Ecole
normale Supérieure ou qui me servaient à caler l’antenne de ma télévision, continué par Gougenheim pour les struments ou
prépositions. J’avais lu l’Etude
métaphysique sur les langues mélanésiennes de Julien Bernier, curieux et non
scientifique. Je retouchai les Dictionnaires
de Canala et de Belep du Père Neyret , que je fis dactylographier et que je
donnai au service des archives à mon départ. , ainsi que divers ouvrages de
linguistique mélanésienne ou austronésienne, des bibles traduites et des photocopies du texte d’Otto Dempwolff, le seul à avoir dressé un dictionnaire des
racines austronésiennes, à partir de l’indonésien surtout, ouvrage repris par
des Suédois qui n’ont apporté que leur ordinateur et des détails. Je composai
alors une Grammaire contrastive du
Houaïlou,Des mots à la pensée canaque, 104 pages , avec deux parties :
l’une consacrée à une étude des répartitoires du Houaïlou qui utilisait
l’ouvrage de J .De La Fontinelle (je lui fis lire mon texte) et les
repensait en fonction de Damourette et Pichon , en vue d’une utilisation
éventuelle pour l’apprentissage du français (le plus intéressant était les noms
de parenté du Lifou et leur variation suivant le sexe du locuteur, par exemple père signifie géniteur du même sexe que
celui qui parle ou à qui on parle : comme le disent Damourette et Pichon à
propos du français et des langues indo-européennes : « les choses semblables à un locuteur mâle seront
précisément les dissemblables d’un locuteur femelle »,
définition du genre masculin utile pour comprendre noms de parenté et struments oncinatifs en Lifou) ; et une
partie philologique , -de phonétique historique, -dont je n’ai vu nulle part
l’équivalent qui appliquait Dempwolff , lequel n’avait rien fait sur les
langues mélanésiennes) au houaïlou. Il y avait trois exemplaires
dactylographiés, de 104 pages de mon texte, « le
tube du siècle », ironisait Claude Erignac. Sous l’autorité de M. Bruel, je tentai de
mettre les racines sur ordinateur avec l’aide d’un collègue du Lycée,
professeur de mathématiques, Duquesne, mais les événements balayèrent le projet imité
des Suédois. Je n’en ai gardé aucun et je les ai remis à mon départ :
I l’un à Bernard Brou pour
être conserve dans la bibliothèque de la SEHNC. J’espérais une publication
éventuelle par les soins de la société, mais je fus déçu : elle préféra
publier l’ouvrage de Gabriel Païta et d’un linguiste japonais, espérant des
subventions qu’elle n’aurait pas touchées en publiant mon ouvrage ; je
voulais mette en exergue une phrase célèbre de Damourette et Pichon, que
voici :
« Dans la langue
d’aujourd’hui, les répartitoires de rection et de supportement se combinent de
trois façons qui constituent les trois
modes de complémentation.
Dans le premier mode, appelé diaplérose, qui correspond à la souplesse
la plus grande du circonstancement, les deux notions de rection et de supportement
restent indépendantes l’une de l’autre : le diaplérome est d’une part le diadmète
d’un premier terme qui est son diacrate ,
d’autre part,le diadumène d’un autre terme qui est sa diarrize, ex. :
Le petit chat est mort
(Molière, L’Ecole des femmes, II, 5)
Mort est le
diadmète de est, diacrate, et le
diadumène de chat, diarrhize.
Dans le second mode de
complémentation, appelé épiplérose,
il y a un support-régent ou épidecte
et un apport -régime ou épiplérome,
exemple :
Le fils du roi vint à passer…
Roi est
l’épiplérome de fils, épîdecte.
Dans le troisième mode de
complémentation appelé antiplérose, il y a un support- régime : le soutien, qu’on pourrait aussi bien
appeler antirhrize
qu’antidmète, et un apport-
régent, l’anticrate, qu’on pourrait
aussi bien appeler antidumène.
Ex. :
Le roi boit.
Roi est
l’antirrhize (soutien) de boit,
anticrate . »
2 un deuxième au vice-recteur, M. Bruel, avec un résumé plus
lisible ; qu’est-il devenu ? Le texte a peut-être été versé au Bureau
des langues vernaculaires.
3 un 3e au service des archives qui l’a peut-être
reversé à la Bibliothèque Bernheim ou au Bureau des langues mélanésiennes.
Aujourd’hui grâce à
l’Internet et à la Calédonienne Sylvie Douyère-Demeuleneyre, auteur aussi de la
liste des colons de Saint-Domingue, nous avons la liste des colons
Feillet ; grâce à ma femme, la liste des déportés. Un visiteur calédonien
de l’exposition dit à ma femme : « Mais alors, si nous ne figurons
pas dans la liste des déportés, d’où venons-nous ? » Il ne pouvait effectivement venir, à priori,
que du bagne, ou des relégués et l’on comprend sa déception. Déportés et
transportés ont été sciemment confondus. Un ami de l’époque me dit
ironiquement : « Il ne te reste plus qu’à publier le Who’who du bagne ; et ajoute bien
que pour y figurer il faut en descendre
des deux côtés, tant maternel que paternel. »
Quelles sont les causes profondes de la
passivité des « Caldoches » devant les attaques injustes dont fut
victime Delfaut, qui avait pourtant dit la vérité sur tous les points (même son
allusion à la déclaration solennelle du gouverneur Pallu de La Barrière,
déclaration qui amena chez lui un revirement, est authentique, comme le
montrent les journaux) ? La
publication de cet ouvrage par mes soins vendait la mèche en quelque sorte,
elle levait ce que Louis- José Barbançon appelait le « non-dit »
calédonien, le refoulement profond dont faisait l’objet la généalogie des
Caldoches, malgré la précaution que j’y avais prise de mettre des initiales à
la place des noms. Delfaut, lui, était
un aristocrate du bagne et méprisait la tierce dont descendent surtout la
plupart des Calédoniens.
Quant aux mobiles de l’enthousiasme factice et ambigu pour
le « trésor d’Amsterdam », il faut les chercher, d’abord , dans la
confusion entretenue volontairement entre déportés et transportés ou relégués, comme l’indique le
choix de faire une exposition de la collection Amsterdam dans les locaux de
Néméara à Bourail. Ensuite, l’achat de la collection était ressenti comme un
retour de quelque chose qui avait été
dérobé aux Caldoches et qui leur appartenait.
Que me reste-t-il aujourd’hui de mon activité
passée en faveur des communards ? Une plaquette de poèmes fort rare, intitulée Les
voix de l’exil, publiée à Ducos, œuvre du déporté G. Baüer et que G. Pisier dans sa Bibliographie, partie Littérature (suggérée par moi à sa
demande) a signalé comme non vu par lui,
, plaquette qui ne figurait pas dans la collection Amsterdam, bien entendu, et
que j’ai récupérée dans les papiers d’un déporté de Ducos se trouvant en brousse et qui allaient être
jetés à l’époque, ainsi qu’une des 100 lithographies faite à l’île des Pins
d’après l’artiste déporté Capellaro et
intitulée Le rêve (elle inspirera
Puvis de Chavannes, voir mon article L’art
dans Déportation) donnée par une descendante de déporté à l’île des Pins,
Madame Cormier, avant son départ pour la métropole … et mes souvenirs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire