Qui se
cachait sous le pseudonyme du baron de Richemont ?
Parmi les prétendants au titre de Louis XVII, le baron de
Richemont est absolument à part, parce qu’il était riche et ne cherchait pas à vivre
aux dépens de gens crédules, parce qu’il
bénéficiait de hautes protections
surprenantes et parce que la police n’a
jamais réussi à percer son pseudonyme. Il s’agit bien d’un agent secret en mission, d’un James Bond. Ainsi ne
s’étonne-t-on pas trop de le voir à Lyon, sous le nom du Colonel Julien, pousser les canuts à la révolte. C’est aussi le seul
prétendant à avoir eu l’honneur d’être
reçu par le pape en audience privée durant deux heures. Pourtant, la décoration,
qu’il ne craignait pas d’arborer sur ses
portraits, l’Ordre de la Toison d’Or selon
Madame Jacqueline Ducassé, dans Louis XVII et ses agents politiques d’après
des documents inédits, p. 14 (1984,
chez l’auteur Le Marquisat, 47390 Layrac), livre qui, malgré son titre, est consacré au baron
de Richemont, lui avait été remise par l’Empereur d’Autriche dans les
armées duquel il avait servi avec les
émigrés contre la France et contre la Révolution : elle aurait pu conduire à percer son secret, mais
elle n’a jamais fait l’objet d’études. La police, op. cit ; p. 123 et 139, , avait déjà eu des doutes et s’était
intéressée aux agissements du marquis de
Bourbon-Conti qui cherchait à joindre
le fils Courtois susceptible d’avoir des documents intéressants et
désirant interroger, par l’intermédiaire de l’abbé Veyron Madame de Monteymart
au sujet des fouilles deu cimetière de Sainte –marguerite. Madame la marquise de
Monteynart était la fille d’un intime de Louis XVIII, son ancien maître de
cérémonies le marquis de Dreux-Brézé. Après son évasion de Sainte-Pélagie en
1834, le baron de Richemont se rendra au château de Tencin, au nord-est de
Grenoble, où , ainsi que le raconte dans ses
Mémoires, Sosthène de La Rochefoucauld Doudeauville, la châtelaine au baron
de Richemont qu’elle avait connue sous son nom véritable de marquis de
Boubon-Conti accordera l’hospitalité et le présentera à l’abbé Veyron, curé de
Goncelin son voisin qui deviendra l’in des correspondants les plus réguliers du
baron. Lorsque le baron de Richemont
parle de l’accueil que lui réserve son royal cousin lorsqu’il arrive dans la
principauté de Modène, il faut se rappeler que le marquis de Bourbon-Conti
était effectivement le cousin du prince d’Este-Modène. Celui-ci appartenait à
la maison de Bourbon-Conti (son père était Louis François Joseph, 1734-1804). De
même pour ses aventures à Rio de Janeiro où le prince Juan , fils de Pierre de
Bourbon-Bragance mort en 1812 à Rio de Janeiro, est bien le cousin du marquis
de Bourbon-Conti., alias le baron de Richemont. Il avait aussi été décoré en 1815 par le roi
d’Espagne (encore un parent !) de l’Ordre
de Charles III en qualité d’officier d’état –major du duc de Bourbon. En 1815, il fut également décoré de l’Ordre
de Saint Louis de Malte par Louis XVIII. Madame Jacqueline Ducassé a présenté une
hypothèse séduisante, dont nous nous inspirerons librement. Selon elle, ce n’est pas, -bien
entendu, - le dauphin Louis XVII échappé du Temple, puisqu’il n’avait pas les
yeux bleus comme celui-ci mais noirs ; ce n’est pas non plus , comme le voulait Louis Veuillot, le fils d’un boucher de
Lagnieu dans l’Ain (près de Belley), Claude Perrin, clerc de procureur et
faussaire, mais un prince du sang, cousin de Louis XVII, savoir François Claude Fauste,
marquis de Bourbon –Conti ou marquis de Rémoville, fils de Louis François de Bourbon- Conti Ier (1717-1776)
et de sa maîtresse Marie-Claude Gaucher
–Dailly, dite Madame de Brimont (de
Brimont dans la Marne, près de Reims), née vers 1745. Fauste Louis est né le 21 mars 1771 à Gonneville -lès- Rouen et il a été baptisé le
21 mars1773 à Saint-Pierre de Gonneville -lès- Rouen. Il a été doté du marquisat de Rémoville près de
Neufchâteau dans les Vosges et a eu deux morts et deux sépultures, on le verra,
la première officielle en 1833, l’autre réelle en 1853 à Gleizé dans le Rhône
près de Villefranche. Il avait été reconnu par son père et, à la Restauration, son frère Félix et lui
furent accueillis comme parents par Louis XVIII. Ils avaient eu leurs terres confisquées
sous la Révolution et , par lettres
patentes du 17 novembre 1815, le roi les avait rétablis dans leurs titres ; l’ordonnance
du 29 avril 1824 les confirme dans leurs
titres sous condition que les lettres
patentes constitutives leur seraient délivrées dans les deux mois , -ce
qui fut fait , mais seulement pour le cadet . L’aîné dont on ne savait rien ne reçut pas ces
lettres patentes.
Un indice : le sceau
du marquis de Rémoville.
Le marquis de
Rémoville possédait à la fois un cachet à aigle (Rémoville) et, en tant que Prince du sang, un cachet à fleur
de lis. .Son identité avec Hébert et avec le baron, de Richemont est confirmée
par le fait que Hébert touchait de l’argent chez son banquier Clavelan en
utilisant son cachet à aigle pu son cachet à fleur de lis (en ce dernier cas l’argent venait du trésor royal de France,
ce qui est étonnant , mais peut s’expliquer par le fait qu’il était
colonel et touchait une pension.
Or, en 1834, le 26
octobre, devant la cour d’assises de la Seine, l’avocat général déclare :
« un individu se nommant Hébert âgé de 46 ans qui maintenant dit se nommer
Baron de Richemont et être enfant
naturel appartenant à une famille distinguée et étrangère et que l’honneur
lui défendait d’en dure davantage (on remarque la présentation de Louis XVII
comme le fils adultérin du suédois Axel
de Fersen et de l’autrichienne Marie-Antoinette) avait, avant la révolution de
1830, élevé la prétention d’être Louis XVII . Il faisait valoir ses
prétendus titres dans des publications et écrits. On suppose que Richemont en
est l’auteur, mais la calligraphie est de la main de Colliard [un imprimeur
parisien], celui précédemment employé par Hullin, impliqué dans le premier
procès de la Société des Droits de l’Homme.…. Il cherche à exciter certaines
gens et à lever une milice. Le 18 juillet, il passe chez Coquardon pour prendre ses cachets dont un à aigle. On
lui trouve un autre cachet à fleur de lis. On a saisi chez lui une
correspondance chiffrée, qui a été traduite par des experts et qui provient de
son principal agent, la femme Duru. On a saisi chez lui une espèce de presse et
un poignard. »
L’histoire de ce
cachet mérite d’être contée. En janvier 1792, Crawford, cité dans Louis
XVII, p.19, écrit : « Ce jour là, la reine, remarquant une
pierre gravée que j’avais au doigt, me demanda si j’y étais bien attaché. Je
lui répondis que non. « Je vous le demande, me dit-elle, car si j’avais
besoin de vous écrire de ma main, le
cachet vous servirait d’indication. » Cette pierre représentait un aigle portant dans son bec
une couronne d’olivier .Sur quelques mots que ce symbole me suggéra,
elle secoua la tête en me disant : « Je ne me fais pas d’illusion, il n’y a plus de
bonheur pour moi. », puis , après un moment de silence, « le seul
espoir qui me reste, c’est que mon fils
pourra du moins être heureux. »
Avant le 10 août, « Monsieur de Goguelat, … se trouvant
auprès de Sa Majesté, elle lui donna cette bague en disant : « Si
vous voyiez jamais Monsieur Crawford, vous la lui remettrez de ma part. » Son
intention a été remplie, Monsieur de
Goguelat me l’ayant remise à Vienne », avec en
note : « J’ai perdu cette bague avec d’autres effets qui m’ont
été volés chez moi. »
La fratrie du baron
Il eut pour frère Félix,
comte de Bourbon- Conti (1772-1840), chevalier
d’Hattonville (Allainville) dans les Yvelines et de Groslieu (manoir de
Groslieu à Allainville ), fils également de Madame Gaucher-
Dailly. Sosthène de La Rochefoucauld
Doudeauville possédait une terre voisine de Hattonville et il épouse la veuve
du chevalier de Hattonville, Herminie de
la Brousse de Verteillac, ce qui explique le chapitre élogieux consacré au
baron de Richemont (vol. XII) dans ses Mémoires :
il connaissait l’identité du baron à cause du voisinage de son frère et de
sa veuve.
Il eut pour demi-frère Louis François Véronèse, dit le
chevalier , puis le comte de Vauréal,
fils de Marie –Anne Véronèse et de Louis
François de Bourbon-Conti Ier, né à
Paris en 1761 et mort à Melun en 1785.
Sa veuve, la comtesse de Vauréal,
nous intéresse, parce que Madame Ducassé ( op.
cit. p.146) a découvert une lettre de Richemont de 1842, dans laquelle il
adresse ses amitiés à « Madame la Comtesse de Vauréal ainsi qu’à sa
famille », à sa demi- belle- sœur., ce qui confirme l’identité du baron.
Quelques mots d’une intéressante demi-sœur, Stéphanie de Montcairzin de Bourbon- Conti.
Il faut lire ses Mémoires historiques (1798, édition de 1986), à la fois
chef-d’œuvre littéraire rédigé par cette élève de Rousseau et autobiographie
exacte et passionnée. Cette demi-sœur du baron de Richemont, Amélie
Gabrielle Stéphanie- Louise, appelée de Montcairzin, par allusion au nom de
son père Conti et à celui de sa mère, la duchesse de Mazarin, est née en décembre 1762
à Paris, paroisse de saint-Eustache. Elle ne sera baptisée que beaucoup plus
tard, le 7 octobre 1788, op. cit. p.160,
à l’abbaye Saint-Antoine à Paris, avec pour marraine Madame de Gimel de
Lentillac, abbesse de l’abbaye royale de Meaux. Elle a été reconnue par son
père et légitimée par Louis XVI, protégée par Monsieur, puis nommée surintendante
de la maison de la reine par Louis XVI dans les derniers jours de celui-ci. .
Elle a été victime d’un complot odieux ourdi par son frère légitime et par sa mère pour la
déshériter de la plus grosse part de sa fortune. Sa mère, la comtesse de Mazarin, est la fille de Hortensia
Mancini, une nièce du cardinal et elle avait épousé en 1661 Armand Charles de
Meilleray, duc de Mazarin dont elle eut des enfants légitimes : c’est pour
avantager ces enfants légitimes et peut-être aussi pour dissimuler son adultère
qu’elle unit ses efforts à ceux du seul fils légitime du Prince de Conti, issu du mariage du Prince de Conti
(1716-1736) et de Louise d’Orléans, savoir le peu intéressant comte de la
Marche, Louis François II de Bourbon-
Conti (1734-1814) .
Le prince de Conti, se méfiant de son fils et de son
ex-maîtresse, obtient la légitimation de
Stéphanie par le roi, Mémoires historiques., p.52 : « ainsi est ma volonté de
reconnaître et de légitimer la fille de M. le prince de Conti, âgée de onze ans
et ayant élevée, de mon consentement,
sous le nom de comtesse de Mont-Cair
–Zain, à laquelle qualité elle peut ajouter, dès ce jour, le titre d’altesse
sérénissime, légitimée princesse du sang ; les honneurs du Louvre lui sont
accordés, et je me réserve, ainsi que son père, de lui faire l’apanage
nécessaire à son rang ; signé LOUI S». Cet acte semble sonner le
glas des espérances de sa mère et de son frère légitime, qui se voient obligés de partager avec elle
l’important héritage du prince. Ils
mettent au point un complot machiavélique. Ils fabriquent un faux acte de
décès, à Viroflay, de Stéphanie, op. cit.
p. 73, en date du 7 juin 1773. Dans cet acte, les faussaires vont même jusqu’à reconnaître
que cette comtesse de Mont Cair-Zain était légitimée princesse du sang et fille de
Louis François de Bourbon –Conti, ce
que contestent pourtant les détracteurs de la princesse, comme le comte de
Barruel –Beauvert dans son ouvrage Histoire
de la prétendue princesse de
Bourbon-Conti. Ils la font enlever
le jour prévu pour la présentation au roi, avec la complicité de son « institutrice
« » privée, Madame Delorme, la droguent pour la marier à Viroflay avec un
procureur de Lons-le- Saulnier, un dénommé Billet, intéressé par la dot
laissée à Stéphanie à défaut de l’héritage auquel elle avait droit. Le procureur n’était pas regardant et désirait
consommer le mariage alors que Stéphanie
n’avait que onze ans et s’y refusait absolument, Ils usurpent l’identité de Anne Louise
Françoise Corméo,fille d’Etienne Corméo et de Madame Delorme (nom qui n’était
que le pseudonyme de Grillet épouse Martin) , née le 30 juin 1756 à Saint-Sulpice, et marient à Viroflay, le 18
janvier 1774 , avec un procureur complaisant et cupide de Lons-le-Saunier,
appelé Billet, la pseudo- Louise
Françoise Delorme, prétendument née à Saint-Sulpice le 30 juin 1756, op. cit. p.105-106. « On mariait une fille de Madame
Delorme et Madame Delorme ne comparaissait pas plus dans l’acte de ce prétendu
mariage qu’elle n’avait comparu au contrat quelques jours auparavant ; on
mariait Anne Louise Françoise Delorme ; ce n‘était donc pas moi ; je
n’étais donc pas mariée ; car j’étais et je suis Bourbon- Conti. »,
s’indigne Stéphanie,op. cit. p.106.
Ils éliminent tous ceux dont ils craignent les révélations,
empoisonnant Madame Delorme, éliminant un garçonnet de 12 ans qui s’était
attaché à Stéphanie, par peur qu’il ne parle. Sous la Révolution, ils paieront
une prostituée demi-folle, Marie Rosine Mornay demeurant rue Sébastien- Pont- aux- Choux quand elle n’est pas enfermée à l’hospice
d’aliénés de Sainte-Pélagie, op ;
cit. , p.214 afin de lui faire
usurper le nom et le rôle de Stéphanie. Ils réussissent ainsi à la discréditer
auprès du comité révolutionnaire qui l’avait autorisée à pénétrer au Temple et
à rendre visite à la sœur du dauphin. Il
est curieux de voir des historiens épouser le parti de son frère légitime sans
se donner la peine de vérifier ses affirmations, peut-être parce qu’elle est réellement princesse du sang et se revendique comme telle, et déclarant son
mari forcé, le procureur de
Lons-le-Saulnier, indigne d’elle et de son sang. J’ai voulu vérifier quelques détails de son récit
: elle parle du lieu de Faille près du
canal d’Orléans au château du prétendant de Madame Delorme, M. Jacquet. Il s’agit de Fay- aux- Loges (Loiret)
et la famille Jacquet est présente à Fay
(prononcé faille) dès 1694.
Autre détail : op.
cit. , p.145, Stéphanie cite par sa seule initiale B… un complice de son
mari qui, à Lons-le-Saunier, chercha à l’outrager. Il s’agit du comte Barruel- Beauvert qui, en 1811, publia , pour se
venger du soufflet qu’elle lui avait administré en présence de son pseudo-« mari »,une
Histoire de la prétendue princesse Stéphanie
de Bourbon- Conti, -in-8°, que Napoléon fit mettre au pilon immédiatement,
mais dont certains historiens
s’inspirent. .
Les revenus du baron
de Richemont
Le baron de Richemont était colonel et avait donc droit à cette
pension du trésor royal qu’il touchait
avec son sceau fleudelisé. , à Rouen par exemple, et de plus il avait des
revenus personnels qu’il touchait avec son sceau à l’aigle Aux Archives Nationales,
Bora archives privées, T170 papiers Rémoville et Hattonville, nous apprenons
que le marquis de Bourbon –Conti avait été , comme son frère , ancien élève de
la Marine et pupille de l’avocat au parlement Charles Louis Clausse. Du dénombrement de
leurs biens, je retiens concernant le marquis de Rémoville , outre le fief vosgien de Rémoville près de
Neufchâteau et un hôtel parisien situé rue d’Artois partagé avec son frère, le Mesnil-sur-Vair et Auvillet, ainsi que , tous près de
Neufchâteau, Aouze, Balléville , Viocourt ,Tilleux, Certilleux, Aroffe ,
Jainvillotte et Soncourt . Le cadet, sans postérité, avait des biens en
Essonne : Morigny-Champigny.Corbreuse,
et , dans les Yvelines Groslieu (Allainville) et Hattonville
(Allainville dans les Yvelines) .
La famille proche du
baron
Son héritière, née le
4 septembre1833 à Paris dans le 8 e arrondissement, est Melle Louise Charlotte Virginie Worff, qui porte le nom de
sa nourrice. Il avait trois autres filles : l’aïnée épousa
le comte de Riccio, une autre le Comte hongrois de Goritz, neveu du comte
Batthiany, une troisième un basque M. Iturbide. Marie-Antoinette de France
(Marie Manczer) me semble être plutôt la fille de l’ancien tambour de Belgiojoso.
A noter que le baron touchait 1200 francs par an de Madame veuve Picqué de Strasbourg, qui
se disait veuve du professeur de dessin de Louis-Charles,
duc de Normandie et habitait 12, rue de Condé, 6e , à Paris, où résidait aussi le baron. Son exécuteur testamentaire
était le médecin.Louis Balthazar Caffe, , demeurant 49, rue de la Ferme des
Mathurins, 8e, ., fils de Louis Charles Caffe qui avait tenté de sauver la reine à la conciergerie..Melle
Worff avait pour curateur Joseph Chevrier, négociant, habitant 16 rue Thévenot (aujourd’hui
rue Réaumur, 2e arrondissement).Louis Balthazar Caffe, chevalier de
Saint Louis, et fils d’un sénateur de Chambéry, avait participé, en automne
1793, avec Michonis , Pierris et Marino, à un complot destiné à faire évader la
reine (Madame Ducassé, op. cit.,
p.52)
Le pseudonyme du
baron pour les intimes : o
Il s’agit de l’hymne antiphonique : O Virgo virginum, ô vierge des
vierges !que l’on chantait pendant les sept jours qui précédaient Noël. Notre-dame du O se célébrait autrefois
le 18 décembre. C’était la fête de l’Expectatio Partus Beatae Virginis Mariae (
l’attente de l’accouchement de la bienheureuse Vierge Marie).Ce pseudonyme
montre sa ferveur sincère.
Les nom et prénoms de Richemont
Le baron de Richemont a pris son nom de sa mère Madame de Brimont, agrémenté d’allusions
historiques à :
1) Henry Tudor, duc
de Richmond qui chassa l’usurpateur Richard III qui avait assassiné ses neveux pour régner.
Comment entendre cette allusion ? Je crois qu’il s’agit d’une allusion à Madame Royale, Marie-Thérèse, duchesse
d’Angoulême, héritière des grandes richesses
de ses parents, fortune que son oncle Louis XVIII convoitait. Selon les
historiens allemands (cf. Noëlle Destremau, agrégée de l’Université, Madame Royale et son mystère, Nouvelles
Editions Latines, 1990), elle aurait été cloîtrée pour la sauver des menaces de
Louis XVIII au château d’Eishausen avec d’abord un tuteur suisse appelé
Philippe Hans Scharre , puis un tuteur
flamand qui se fait appeler Vavel de Versay
et qui est en réalité Leonardus Cornelius Van der Valck, né le
22 septembre 1769 à Amsterdam, mort à
Eishausen également le 8 avril 1845, ami de Rouget de Lisle , de Talleyrand (Hitler
, en publiant les archives secrètes autrichiennes, a révélé qu’il était payé par l’Empereur et on
a ses bordereaux depuis 1803) et de Benjamin Constant. Les tuteurs sont tous
deux catholiques et Vavel est riche. La
« comtesse ténébreuse »,
ainsi que l’appellent les historiens allemands, est morte le 28 novembre 1837 à Berggasten , en Saxe, sous le nom de
Sophie Botta, anagramme de Batz.
Qui est la personne
substituée à Madame Royale ? Elle
n’a pas les yeux bleus de faïence comme la fille de Marie-Antoinette, mais noirs.
Louise Catherine Lambriquet est la
fille naturelle du comte de Provence, le futur Louis XVIII, et d’une Madame Lambriquet qui avait été chargée
d’éduquer Marie- Philippine, dite Ernestine
Lambriquet, fille naturelle de Marie-Antoinette et de Fersen ( ?),
blonde aux yeux bleus tendrement aimée de Marie-Antoinette à qui elle
ressemblait étonnamment, morte en 1813 à Paris. Marie-Antoinette l’appelait : « Ma
fille ». Ernestine aimait beaucoup sa demi-sœur Marie-Thérèse, présumée la
future épouse du fils de Charles X, l’ancien comte d’Artois le duc d’Angoulême,
-mariage sans postérité qui arrangeait bien les choses. Ernestine pressentie pour jouer le rôle dans la
substitution refusa, tandis que sa demi-sœur l’accepta. Voici ce que j’ai
trouvé sur Ernestine dans G ; Lenôtre, La
fille de Louis XVI, p . 69 :
Marie – Thérèse « s’était intéressée, dès les premiers jours [de sa
détention au Temple], au sort d’une de ses compagnes d’enfance, Melle
Lambriquet, fille d’un serviteur de la famille Royale, naguère attaché à la
maison de Monsieur. On se renseigna : Lambriquet avait été guillotiné ; sa
fille avait disparu : on ne pouvait pas découvrir sa retraite (Archives du
département des Affaires étrangères, Vienne, 364). Et une note : «
Jean Lambriquet, « valet de chambre de la ci-devant cour de Capet et du
ci-devant Monsieur », compris dans la fournée du 14 juillet 1794 (25
messidor an Ii), W.Wallon. Tribunal
révolutionnaire, V, p.34. Aussi, p. 101 : « « le
directoire rendit, le 27 novembre 1795, un arrêté en cette forme : « Les
ministres de l’Intérieur et des Relations extérieures sont chargés …de nommer,
pour accompagner jusqu’à Bâle la fille du dernier roi , un officier de
gendarmerie décent et convenable à cette fonction, … de lui donner, pour l’accompagner une jeune fille de son âge,
nommée Lambriquet, qu’elle désire emmener…. Signé Rewbell, président. » et
p. 110, note des Archives du département
des affaires étrangères : « L’empereur a demandé en outre, qu’il fût
permis à la princesse d’emmener avec elle une jeune personne avec laquelle elle
a été élevée et qu’elle affectionne particulièrement : cette jeune
personne se nomme Ernestine Lambriquet ; son père était garçon de la
chambre de Monsieur, il a péri dans le cours de la Révolution : sa mère,
morte il y a quelques années, était femme de chambre de la princesse ;
Mesdames de Mackau et de Soucy ( 60 ans
et plus, demeurant à Vitry-sur-Seine et souhaitant, comme par hasard, le
mariage de la princesse avec le duc d’Angoulême, à ne pas confondre avec la
fille de Madame de Mackau, beaucoup plus jeune, habitant rue Favart à paris et
qui a été sous -gouvernante comme la précédente. Cette dernière est belle-sœur de Bombelles qui a été
ambassadeur en Portugal, et dont on doit se méfier, Archives du département des
Affaires étrangères, Vienne, 364) ont pris soin de cette jeune personne, elles
sauront où elle est présentement. » Madame de Mackau sera jugée trop âgée
et on lui préfère Madame de Soucy qui sera de l’escorte, mais on n’entend plus
parler d’Ernestine qui a peut-être été substituée à ce moment, avec la
complicité de Madame de Soucy.
Un acte de baptême suisse, à Aarberg, canton de Berne, en
date du 21 mai 1796 (correction de Louis Hastier pour 1793, tertia, d’ailleurs
incorrect, dans l’original pour sexto [anno]),
indique la naissance le 2 mai d’une fille française, Anne Marie Joséphine, du soi-disant
médecin Joseph Thiollier : les historiens allemands pensent qu’il s’agit de la
fille de Marie-Thérèse, conçue au Temple, et du baron de Batz . En effet, dans l’acte de baptême de la fille,
le père est mentionné comme Français, de Lons-le-Saulnier, ville où Batz avait
fait faire son passeport, chirurgien-major de la légion de Wattenwill.Dans
Marina Grey, Le baron de Batz, p.148,
nous apprenons que des royalistes
obtiennent avec l’aide du baron des sièges aux élections municipales de
Lons-le-Saulnier, natrif de Soleure. On le retrouve à Dôle, à Poligny, à Nyon
dans le canton de Vaud, ville natale de son vieil ami suisse, le médecin Nathey.
Il dispose d’un autre passeport au nom
de Muller, natif de Soleure en Suisse. Thiollier est la métathèse de Thilorier,
le nom de la femme de Batz. .Il est curieux de voir un médecin appelé Thierry,
métathèse parmi d’autres de Thilorier, venir à la prison sans motif sérieux 91 fois.Selon
Marina Grey dans Le baron de Batz, le
d’Artagnan de la révolution, p. 13, Batz épousera en 1808 son ancienne maîtresse Michelle (ou Désirée comme elle voulait
qu’on l’appelât) Thilorier, la fille d’un premier lit de
Madame Thilorier : veuve de bonne heure, Madame Thilorier avait épousé Jean-Jacques du Val d’Eprémesnil. .
Pierre Vincent Benoist, p.180, banquier angevin, fondateur et
actionnaire prévarivateur de la Compagnie des Indes (il se fera appeler Benoist
d’Angers,où il a des intérêts dans les ardoisières , puis Benoist d’Azy dans la Nièvre) , ami de longue
date du baron de Batz et trempant dans ses complots, est le financier de l’entreprise. En 1793, il se rend en
Louisiane pour y étudier les possiblités
d’investissements de la Compagnie des Indes et en ramène des nègres et des
négresses (de là le nègre aperçu en sa compagnie par la veuve Simon aux
Incurables et le fameux tableau d’une négresse par sa femme Ghillermine de
LavilleLeroux ( ce curieux nom double vient de la commune de Le Loroux près de Fougères, en Ille -et-
Vilaine, en latin villa illud oratorium, ferme de l’oratoire au sens de
chapelle, devenu ville Loroux, en « construction absolue » datant le
patronyme du XIIIe siècle, c’est- à- dire sans la préposition de), aujourd’hui au Louvre. De là aussi
les rumeurs d’une présence de l’enfant aux îles ou en Louisiane.
Le plan du baron de
Batz consistait à devenir le « protecteur »
(titre pris par Cromwell) de France en même temps que l’époux de la future
duchesse d’Angoulême. Jean-Paul Plataret (se disant de Villeneuve), avoué à
Privas, aurait épousé à Lyon cette fille naturelle de Madame Royale. Lorsque Louis XVIII, après avoir reçu une dénonciation du baron, aura
Connaissance la paternité de Batz, il lui enverra l’ordre
de se suicider , qui ne provient pas du faux sur sa date de naissance , bien
négligeable et qui ne concernait pas réellement « l’honneur » .
En somme, le baron de
Richemont, à travers son nom de Richemont, accuse Louis XVIII d’avoir, comme Richard
III, éliminé la véritable duchesse d’Angoulême pour régner. La duchesse
d’Angoulême, évoquant « l’affaire
du médecin » se plaindra du chantage exercé par le médecin (Thiollier),
grâce à la naissance de Suisse,
l’obligeant à payer alors qu’elle n’est pas la véritable duchesse.
2) Arthur III, comte
de Richmond (en Angleterre), comte
de Gien et duc de Normandie
(1303-1458), le titre de duc de Normandie étant celui de Louis XVII à sa
naissance. Le comte de Richemont rejoignit Jeanne d’Arc à Patay et contribua
puissamment à bouter l’étranger hors de France et à défendre le roi.
Nota bene :
il existait à Saint-Domingue une famille de propriétaires fonciers avant 1789
appelée Perrin de Richemont (Louis
et Louis Marie, liste de Griech). Elle n’a bien entendu rien à) voir avec notre
baron, mais c’est l’origine de l’identification erronée de la police du baron
et de Claude Perrin.
3) Hébert (Henry)
est une allusion au révolutionnaire Jacques René Hébert, journaliste rédacteur du Père Duchesne et, ce qu’on ne sait pas, agent royaliste, ainsi que
l’a montré Marina Grey dans sa biographie Hébert, Le père Duchesne, agent royaliste.
Le plan tortueux, mais désintéressé de
Jacques Hébert.et du maire de Paris, Pache, consistait à rétablir l’ordre en
créant un régent durant la
minorité de Louis XVII.
Même les accusations d’ Hébert d’inceste contre la reine,
p.246, s’expliquent paradoxalement par le désir de sauver la reine en soulevant
l’indignation. Ainsi Robespierre dira à Saint-Just et Barère: « Cet
imbécile d’Hébert ! Ce n’est pas assez qu’elle soit réellement une
Messaline,il faut qu’il en fasse encore une Agrippine et qu’il lui fournisse, à ses derniers moments, un triomphe d’intérêt
public ! ». De même, Napoléon, informé par Sieyès qui le tenait
de Robespierre, évoquera à Sainte-Hélène le « plan machiavélique d’Hébert »,
et dira qu’ Hébert, « ayant fait
une accusation aussi calomnieuse et aussi peu fondée (en réalité, l’enfant
avait eu un phimosis comme son père et sa mère avait dû déplacer son prépuce), n’avait
pour objet que de provoquer le peuple à
un soulèvement en faveur de cette princesse en excitant son intérêt. »
Jacques Hébert a fréquenté Madame Atkyns :
c’est grâce à Hébert que celle-ci verra une deuxième et dernière fois la reine dans
son cachot, guidée par Hébert qui prend donc de grands risques.209. Hébert participe ainsi au complot de l’œillet que Simon, son protégé pourtant, fait
échouer.P. 236
Il donnera également au
faux dauphin de Milan ce pseudonyme d’ Hébert.
Les prénoms que
Richemont s’est choisis sont Hector, Adalbert, et Alfred.
1 Il a choisi le prénom
d’Hector en l’honneur de son père
adoptif, le comte Charles Jean d’Hector (1722-1808). Dans
ses Mémoires d’un contemporain (1831)
Richemont écrit qu’à l’armée de Condé il « était accompagné d’un Mentor, comme
le fils d’Ulysse », et que celui-ci
veillait sur lui, mais il ne le nomme pas. Grâce à son dossier militaire conservé
eaux Archives de l’armée (dossier Fauste de Rémoville) , nous apprenons qu’il avait fait à l’Armée des Princes la campagne de Gand
sous les ordres directs du Comte Hector,
qui était lieutenant général, et qu’il
est resté auprès de cet officier et passé en Angleterre de 1793 à 1801 en
qualité d’aide de camp de cet officier . Il restera neuf ans auprès de cet officier en
qualité d’aide de camp, participant à
l’expédition ratée de Quiberon. Le comte d’Hector meurt en exil à Reading en
Angleterrre le 18 août 1808. Richemont rentre
en France après le 19 septembre 1801, date à partir de laquelle son dossier est vierge jusqu’en 1815. De plus, dans
une lettre du 10 juillet 1849 citée par J. Ducassé, le baron fait une digression sur sa visite au
tombeau d’Hector, le Troyen, qui ne prend tout son sens que comme allusion à
son père adoptif. Marin, il s’embarque pour Smyrne, puis écrit :« Je voulus visiter
Bournabalhi [aujourd’huii Canakhale en Turquie,
qui passait pour l’emplacement de Troie, avant que Schliemann ne le déplace
à Hissarlick], voisin de l’ancienne Troie ; je retrouvai là tout ce qu’Homère
a décrit. C’est avec cet ouvrage à la main [l’Iliade] que je pus voir l’emplacement de Troie, le Simoïsis [Simoïs],
le Scamandre [Ghumbré], le mont Ida, l’île de Cenedos [coquille pour Tenedos],
la place du camp des Grecs, la plage où fut laissé le fameux cheval de
bois , le lieu du combat d’Hector et de Patrocle, celui [le lieu
du combat] d’Achille et [du fils ]de Priam [curieuse périphrase pour désigner
Hector], le camp de Diomède et enfin le tombeau d’Achille. Je passai près de
trois semaines à visiter ces lieux si célèbres et je me rendis à Constantinople
où j’arrivai dans les derniers jours de janvier 1818. » Le futur baron de
Richemont, après avoir servi sur trois
navires de guerre, était parti en 1791
rejoindre le corps royal de la marine
qui est sous les ordres directs du lieutenant général comte d’Hector.
2 Pour le prénom d’Adalbert
choisi par le baron, il nous faut
rappeler que son père aspira au trône de Pologne et qu’il est évoqué par le prénom Adalbert ou les formes dérivées Estelberth, pour Adalbert .
Adalbert , évêque de Magdebourg, fonda la Pologne chrétienne, au trône
de laquelle avait aspiré le père du baron. . Mais le baron de Richemont
s’identifie plutôt à Adalbert de Prague qui durant neuf ans étudia auprès de Adalbert de Magdebourg, comme lui-même
fut durant neuf ans aide de camp auprès du comte d’Hector. Il donnera à son aide, le faux dauphin de Milan, le pseudonyme
d’Henry Hébert. .
3 Quant au prénom d’Alfred,
c’est l’anagramme de Adalbert, de Claude (de Marie-Claude Dailly,
sa mère) et de François (les prénoms de son père étaient Louis et François).
Refusant de servir
Napoléon, le colonel Richemont émigre outre-mer : on a sa trace au Brésil,
à Rio de Janeiro (déclaration du chanoine bibliothécaire de la cathédrale Saint
Jean-Baptiste), où il est précepteur des enfants du roi et gardien de la
bibliothèque des ouvrages en français : le fils de Dom Juan VI l’accueille
très bien. Il demeure au palais San Christovacci. Il est expédié « à
Goa, colonie portugaise des Indes, où l’on
trouve trace d’un « officier étranger » qui s’est battu et a
négocié une entente provisoire avec l’évêque de Goa , rendant ses pouvoirs au vice-roi des Indes,
de 1807 à 1816 , par les moyens d’une habile diplomatie », selon Madame
Ducassé.
Les Chevaliers de la
Foi, une société secrète initiatique de
la Restauration.
Les membres de la société secrète des Chevaliers de la Foi, procédant de la Congrégation, hiérarchisée à l’exemple de la franc-maçonnerie
et étudiée par le Père Guillaume de
Bertier de Sauvigny, étaient des intégristes catholiques et le baron de
Richemont en fait partie. .C’est cette appartenance qui permet au baron de Richemont d’être
reçu en audience privée par le pape à Gaëte ; c’est elle aussi qui
explique que le baron s’intéresse aux apparitions de la Salette. Le baron
et ses associés étaient gênés
par ses yeux marron et non pas bleus comme ceux du Dauphin qui les
tenait peut-être de Marie- Antoinette. Aussi ont-ils l’ingénuité de demander à Dieu un miracle pour changer la
couleur des yeux du baron. Houzelot , cité par Madame Ducassé, op. cit, . p.177, écrit à l’abbé Veyron
à propos d’un pèlerinage à la Salette : « Il a été convenu qu’une
neuvaine sera faite à Notre Dame de la Salette pour lui demander d’accorder
trois choses à O (pseudonyme du baron) :
1) qu’elle lui
remette les yeux dans leur état naturel….
3) qu’elle lui accorde également toutes les grâces
nécessaires afin qu’il puisse remplir la mission
qui lui a été confiée.
P. S. Quant au
premier motif de la neuvaine, c’est entre nous Il ne faut nullement parler
des yeux à personne. Il faut expliquer le premier motif de manière qu’il ne
soit pas intelligible car certains en tireraient un mauvais parti, ne
comprenant pas qu’il y a quelque chose de mystérieux dans ce
phénomène » .Comme le remarque Madame Ducassé, il y avait différents
niveaux d’initiation et seuls les plus élevés savaient que le baron, avec ses
yeux noirs, n’était pas Louis XVII ! Et dans une lettre de Richemont de
1849 à la comtesse Henriette d’Apchier de Vabre (née Corteilles de Vaurenard, op. cit,, p. 146, également membre de la société secrète) : « Il
est fâcheux que les yeux noirs vous aient échappé. »
C’est pour une autre
raison qu’il participe à la procession
de la Confrérie des Pénitents blancs au Bois d’Oingt –en- Beaujolais du
4 au 10 octobre 1850. Il s’agit de la Confrérie du Gonfalon destinée à racheter les esclaves blancs et
chrétiens faits par les musulmans, originellement dans les Etats pontificaux et
liée aux capucins (franciscains). Le baron
avait, au cours de sa vie
mouvementée, été pris comme esclave, vendu dans le grand marché d’esclaves
d’Alep, et rapidement racheté par la confrérie du Gonfalon. Mais son honneur
l’a amené à passer sous silence cette période,
humiliante à ses yeux, de son
existence.
« Arrivé à Paris en août 1815, j’en partis en mai
1816. Je m’embarquai à Marseille pour Gibraltar; de là pour Londres ;
ensuite je débarquai à Edimbourg où je trouvai Tancrède de Hauteville (anagramme de Hervagault et de Grimaldi
de Monaco, le père naturel de Hervagault étant Honoré IV Grimaldi de
Monaco, duc de Valentinois), mon
secrétaire, le même qui avait été arrêté
pour moi à Saint-Malo [Il est intéressant de voir ici que le baron qui
avait longuement étudié les archives du procès de Rouen -sa région natale,- identifie , comme le font
certains historiens, Hervagault et Charles
de Navarre, arrêté à Saint-Malo et à qui fut substitué le sabotier Mathurin Bruneau : Hervagault
était un blondinet aux yeux bleus, d’allure très efféminée…]… Partis de là
[avec de Hauteville] pour le Cap de Bonne Espérance, nous embarquâmes sur un
bateau portugais qui cinglait vers Ormuzd. En passant à Goa {où il est certain
que le colonel de Richemont a combattu pour les Portugais], Tancrède y fut assassiné par des
brigands. [Ce sont des pirates, qui,
tandis que le substitué Bruneau décède au Mont Saint Michel, tuent le vrai Hervagault, peut-être en raison
de ses mœurs et de son aspect efféminés, et
prennent le baron comme esclave.]
…Arrivé à Ormus [les fers aux pieds], j’attendis
l’arrivée de la caravane des Indes et je partis avec elle pour le pèlerinage de
la Mecque, en passant par Bassora, Bagdad, Alep
[où il est vendu comme esclave ], Damas,
où il est racheté et libéré par les
confrères du Gonfalon, Jerusalem et Suez. Remonté jusqu’à Jérusalem, je
quittai la caravane, changeai de costume et entrai dans le Saint
Sépulcre… »
La rencontre avec un autre faux dauphin, la prison de
Milan et le nom de Hébert.
Le dauphin en qui ont
cru les gouvernements européens et dont le chemin a croisé celui de Naundorff
et surtout celui du baron de Richemont.
1 Le tambour du
général autrichien Mélas (un blond aux yeux bleus selon Silvio Pellico, aux yeux noirs selon un signalement suisse).
L’état-civil du futur
prisonnier de Milan et carbonaro : JeanLouis Dauphin, Bourbon, Bourlon, Friedrich,
Hébert etc.
Nous avons dit que le baron de Richemont, alias le marquis
de Bourbon Conti, avait deux tombes : l’une, celle du baron de Richemont, à Gleizé (Rhône), au château deVaurenard, chez
Madame d’Apchier, datant de 1853, et
l’autre au Père Lachaise datant de 1832-1833 , où fut enterré , avec l’assentiment du baron de Richemont, le faux dauphin en qui croyaient Fouché et Joséphine
, ainsi que , peut-être, le baron de Richemont qui semble avoir porté beaucoup d’affection à ce
demi-frère qui portait le nom de Jean
Louis Bourbon .Il avait été emporté par une épidémie de choléra qui sévit
à Paris à cette époque. On a fait de nombreuses hypothèses sur son
identité : il pourrait avoir été le
fils adultérin (elle en eut au moins
trois et, curieusement, le Directoire la contraignit de les reconnaître) de la femme de lettres parisienne Fanny de Beauharnais, née Marie Anne
Françoise ou Fanny Mouchard de Chaban (1737-1813),
épouse de Claude de Beauharnais, et du père du baron de Richemont, le marquis de Bourbon-Conti, à en juger
par les anagrammes dont sont truffés ses pseudonymes. Parmi les nombreux amants de Fanny de Beauharnais,
il nous faut citer les hébertistes Michel de Cubières et Mororo .Lorsque
Jacques René Hébert sera guillotiné, Fanny de Beauharnais sera inquiétée et devra
quitter précipitamment Paris. De là le nom d’Hébert que prendra le faux
dauphin, car Hébert était un agent royaliste, contrairement à ce qu’on croit.
Hébert , qui voulait
instituer durant la minorité de Louis XVII un grand juge , savoir lui-même ou
le maire de paris Pache, tenta un projet d’évasion du dauphin et eut besoin d’un garçon du même âge pour faire
illusion lorsque le dauphin serait exfiltré.
L’enfant qu’on projetait de substituer au dauphin était tout
trouvé : le fils du Prince de Bourbon et de Fanny de Beauharnais, enfant qui
avait été formé pour cela. On invita
celui-ci à entrer dans un cheval de carton que le cocher Ojardias amena du
logement de Simon dans la cour des écuries au Temple pour opérer la
substitution et l’y cacher, mais l’ordre final de Hébert , inquiet pour sa
propre sécurité, n’arriva pas. On a deux
témoignages crédibles de Voisin et de la veuve Ladrée qui ont aperçu ce cheval
de carton. Les témoignages sont cités par Marina Grey dans Enquête sur la mort de Louis XVII, Le prince et le savetier, p.108
dans le chapitre intitulé Le cheval de
carton.
Le projet échoua, mais le garçonnet en garda le souvenir.
Vers 1800, Fouché, ministre de la police, vint trouver Napoléon
Bonaparte pour lui apprendre l’affaire dite du tambour de Belgiojoso. Joséphine de Beauharnais, bien informée grâce à sa grand- tante Fanny de Beauharnais et à Madame Campan, intervient auprès de
Fouché pour qu’il protège ce garçonnet de 14 ans qui avait été condamné pour une
peccadille à un traitement cruel, celui de passer trois fois par les baguettes,
et qui, pour tenter d’y échapper, avait déclaré à son colonel qu’il était fils de Marie-Antoinette. Le colonel l’envoie
à Turin et, en chemin, à Asti, il est reconnu par un Suisse du château de
Versailles, ainsi que par diverses personnes qui avaient séjourné à la cour de
France, notamment, dit-on, à cause d’une cicatrice au bas de la mâchoire gauche
provenant de la morsure d’un lapin blanc que le Prince élevait. Selon son récit,
après être sorti du temple dans un cheval de carton, il aurait été élevé par Madame Fanny de
Beauharnais, se serait rendu à Bordeaux, puis à Bastia où il a appris l’italien. A la mort de son protecteur, il
devient garçon limonadier à Bastia. [Pour certains, ceci est un mensonge :
le cabaretier serait Simon Toussaint Charbonnier,
originaire de Craponne-sur-Arzon, près du Puy-en-Velay en Haute-Loire, où il
tient un cabaret. Il a déclaré « qu’il avait participé à l’enlèvement
de Louis XVII (plutôt du futur tambour de Belgiojoso). Voir Michel Benoit, L’affaire Louis XVII, autopsie d’un secret
d’Etat. p.15l « Ce dernier
aurait «été caché dans la région d’Apinac », près de Montbrison dans la
Loire et non loin de Viverols près d’Ambert dans le Puy-de –Dôme, plus
exactement à Eglisolles. Les
habitants d’Eglisolles racontent qu’un garçon déguisé en fille a été amené au
lieu-dit La Grange chez les Chomette. Il
reçoit le prénom de Blaise et un autre«
frère », Blaise (même prénom) Chomette, né en avril 1797, prendra sa
suite, devenant voiturier comme Ojardias. Ojardias sera assassiné dans les premières années de 1800 dans un
étang à Viverols. La mort de son protecteur n’est-elle pas celle de Genès Ojardias ? p. 105
Ojardias pourrait être le voiturier qui déménagea les
affaires de Simon, des caisses et des paniers de linge, ceci se passant le 5 janvier 1794. Le déménagement de Simon, qui avait été révoqué par Chaumette, a lieu
en direction de son nouvel appartementh, au-dessus des écuries, à l’angle ouest de l’Enclos, près des
cuisines, de la caserne et du cloître, aménagés pour des artisans Là attendait le futur tambour de Belgiojoso
destiné à le remplacer. Pour une raison qu’on ignore, le plan a avorté et,
tandis que le Dauphin restait au temple,
celui qui devait le remplacer prenait la route de Viverols avec Ojardias. . Puis, de Viverols ], il s’enfuit et cherche à gagner Vienne , mais il est enrôlé
dès son arrivée en Italie dans un régiment autrichien, juste avant Marengo (14
juin 1800).
L’enquête affirmera qu’il aurait été le fils d’un militaire, français ou suisse, horloger à ses heures, appelé Dauphin, qu’il s’appelait Jean -Louis Dauphin,dit Bourlon,
en italien Giovanno- Ludovico Delfino,. Selon
Madame Ducassé, il serait né à Marcilly-le- Hayer dans l’Aube près de Nogent-sur-Seine
le 27 août 1786 et le tambour de Mélas serait Jean-Louis Dauphin. Il aurait fait la campagne d’Italie dans le 21e
régiment d’infanterie de ligne. Précisons que le patronyme de Dauphin vient
d’un surnom du Moyen Age signifiant gros, à cause de la taille du dauphin
confondu avec d’autres cétacés comme la baleine. Le comte d’Albon, de Vienne, est surnommé le dauphin (le gros) et donna son nom au Dauphiné, puis au fils du roi
de France dont le Dauphiné est l’apanage à sa naissance.
Ce qui nous
intéresse ici, c’est que Joséphine, sa tante Fanny de Beauharnais et surtout Fouché a cru que Jean Louis Bourlon était le dauphin évadé du Temple. Napoléon
avait dit à Fouché de le faire retenir
dans un lieu secret pour ne pas alimenter la curiosité ou l’espoir du peuple.
Fouché aurait cherché à s’en
débarrasser, mais le
prétendant lui échappe et regagne l’Italie où, en 1810, le général Radet
l’appréhende à Civita Vecchia. Il est devenu alors carbonaro et gagne l’ancienne Slovaquie
et la Hongrie, qui
faisaient partie de l’Autriche.
Une rencontre avec
Werg- Naundorff
L’ancien tambour de
Belgiojoso devient horloger grâce au parrain que lui choisit Fouché , un dénommé Dauphin qui, lorsqu’il mourra,
cèdera son rôle à un franco-luxembourgeois nommé Mondorff , et il a pour compagnon un certain Karl Benjamin Werg, de Halle, apprenti horloger avec lui chez Mondorff.
.Werg empruntera sa nationalité française et son nom de Bourbon à son compagnon.
Il avait pour compatriote à Halle Karl Willellm Naundorff : il lui empruntera son nom afin
d’échapper aux recherches de la police pour son évasion d’un camp de prisonniers des bandes de Schill et
Brunswicg. , même si le nom de son maître, Mondorff, l’a inspiré également. C’est
sous le nom de Naundorff que Werg prête serment, en 1812, comme bourgeois de Spandau et c’est sous ce même nom de Naundorff qu’il exerce son
activité d’ horloger en 1827 à Brandebourg,
En somme, selon
moi,le chemin du pseudo- Naundorff, alias Werg,
a croisé celui du tambour de Belgiojoso , qui signait Louis Bourbon, ce qui
a donné à Naundorff l’idée de s’identifier à lui et de se dire Louis XVII : à la prison de
Brandebourg, il signe Ludwig Burbong,alors
qu’ en réalité son nom de baptême
était Werg , protestant et bourgeois. Nous avons,
grâce aux recherches de Gerorges
Pinet de Manteyer à qui il faudra
toujours revenir (Les faux Louis
XVII, le roman de Naundorff et la vie de Carl Werg, tiré de 700 pièces d’archives, 1926,2 volumes, plus de 1000 pages), la trace de Werg dans les bandes de Schill et Brunswick, de sa
condamnation au bagne de Toulon (après laquelle seulement il prendra le nom de
Naundorff) et de son évasion. C’est au
bagne de Toulon que, se faisant passer pour le dauphin, il rencontre Claude
Perrin, né à Lagnieux le 31 décembre 1786, incorporé en 1806 dans le 3e bataillon, 4e
compagnie, condamné à la peine de 5 ans de fers par le tribunal spécial de
Bologne pour fabrication de faux bons de pain .La police, lorsqu’elle trouve
l’identité de Perrin, la rapproche de celle de Richemont alors que c’est du
prétendant Naundorff qu’il aurait fallu la rapprocher. Claude Perrin lui aussi
s’évade du bagne, avec l’aide de son frère Joseph. L’identité de Werg et de
Naundorff est confirmée par Naundorff lui-même, car il a raconté dans les termes que voici ses aventures
dans un récit dicté en 1824 au greffier
du tribunal de Brandebourg, récit certes
égaré mais conservé par Otto Jork (texte intégral de la seconde déclaration,
dans Decaux, Louis XVII retrouvé,
Naudorff roi de France, p. 131) : « Une nuit, je fus réveillé) [en France] par mon père
nourricier
( Mantorff ? )[altératon de Mondorff ] et je vins en Allemagne.. C’’est
de lui qui, pour passer le temps, s’occupait d’horlogerie, que j’appris ce
métier. Après beaucoup de détours, j’arrivai à la frontière de Bohême [en Slovaquie] et j’entrai comme officier dans l’armée du duc de Brunswick- Oels, qui avait obtenu
connaissance de ma condition.. En 1810, à la tête d’un détachement de 25
hommes, je pris part à une escarmouche [contre les Français] près de Dresde, et
mes gens furent en partie tués, en partie faits prisonniers. Je fus moi-même grièvement
blessé et tombai en captivité. Les troupes françaises m’escortèrent avec les autres prisonniers,
mais me laissèrent à Magdebourg, parce que j’avais une fièvre nerveuse. Avant
que je ne fusse complètement rétabli, on nous embarqua pour la France [le bagne
de Toulon]. Là je réussis avec un certain
Friedrich à m’échapper par un caveau
qui se trouvait dans une église où on nous avait mis pour nous
reposer. Nous allâmes alors tout droit à Berlin pour y entrer dans l’armée
comme hussards .A cause de ma qualité d’étranger [de Français], je ne fus pas admis, mais le Président de la
Police Le Coq me permit de m’établir comme horloger et je m’établis
Schützenstrasse n°52..Un an après, j’allai à Spandau où je séjournai jusqu’en
1822 Signé Ludwig Burbong »
Dans une première déclaration, il avait déclaré qu’on lui
avait volé à Dresdes les titres établissant son identité et qu’il avait été
fait prisonnier par les Français.
Le dénommé Friedrich pourrait être notre ancien tambour de
Belgiojoso.
L’ancien tambour à
Budapest en 1815
L’ancien tambour aimait vagabonder : il quitte la
Prusse pour la Hongrie si bien que le 3-09-1815, on a l’acte de naissance d’une
Marie Antoinette de France , Marie Manczer,
paroisse de Saint- Benoit de Hron au nord de Budapest, ville de Erzergom. Dans les observations en
marge de l’acte, il est porté en latin : «le nom de famille et le nom de
baptême du père sont secrètement [recte ne veut rien dire et doit être
corrigé en secrete] ceux de Louis Charles Bourbon, prince de la Couronne
de la France sauvée, selon les
annotations secrètes des archives du monastère forteresse (de Hron).»
Le sort ultérieur de
l’ancien tambour (1818-1824) sous le nom
de Bourlon ou de Bourbon à la prison de Milan.
Il a été aperçu à Arles le 21 juillet 1819, à Marseille le
22 juillet 1819 (il y laisse ostensiblement un couteau marqué Louis XVII, puis
en Corse à Bastia à nouveau. Il se rend à Ancône, d’où il prend la route de
Parme en passant par Forli et Bologne. Il couche dans le hameau de San
Benedetto del Quercote, près de Bologne et le 12 avril 1818 y est arrêté,
transféré le 25 août 1819 à Modène, puis à la prison de Milan où Silvio
Pellico l’apercevra. Ce dernier nous dit qu’il a des idées anticléricales (ce
ne peut donc être Richemont).
Dès 1818, Metternich
dont dépendait la prison de Milan s’énerve d’avoir à payer pour l’entretien
d’un prisonnier à qui l’Autriche n’a
rien à reprocher .Aussi réclame-t-il avec insistance que la France
rembourse les frais et prenne en charge ce prisonnier, menaçant de le
libérer ! 34 lettres sont échangées à son sujet. Voici qui ne fait pas les affaires de Louis XVIII. Le 23
mai 1823, Vienne reçoit du Ministère de
l’Intérieur parisien un avis avec dans
la marge à gauche « Il est
extrêmement désirable que le gouvernement autrichien puisse garder Bourlon le
plus longtemps possible afin d’éviter à la France un procès scandaleux »
avec une information officieuse selon
laquelle Bourlon (adaptation de l’italien burlone, imposteur) était le
vrai dauphin. Le marquis de Nicolaï et l’abbé Perreau , cités par Mme J.
Ducassé , op. cit, p.208, avaient reçu séparément du Comte
Bolza, intendant général de la police de Lombardie,la confidence que le prisonnier de Milan était le dauphin .A l’approche de la libération, Richemont qui ignorait alors l’identité
réelle de son demi-frère reçut la mission de servir le roi en devenant
prisonnier volontaire à Milan de façon à pouvoir se substituer au tambour de
Mélas Voici qui explique pourquoi Louis
XVIII ne lui a pas, le 29 avril 1824, délivré de lettres patentes constitutives de ses titres
de noblesse comme à son cadet puisqu’il le croyait prisonnier à Milan.
Le but de la mission secrète du baron
Le prince, comme la Société secrète, était persuadé de
l’évasion , de la survivance de Louis
XVII et de son identité avec le Bourbon
de Milan. Mais, pour eux, Louis XVII n’était qu’un bâtard issu de Fersen et
capable de l’ignominie d’accuser sa mère d’attouchements sexuels. Richemont devait donc l’éliminer du trône, sans le tuer,
de façon à assurer la sécurité du trône de Louis XVIII, puis de Charles X et
éventuellement du Comte de Chambord. Le
baron de Richemont est naturellement très opposé à Louis - Philippe,
« l’infâme régicide », comme il l’appelle, par allusion à son père
qui avait voté la mort de Louis XVI.
Richemont lui aussi a cru au début, à cause des yeux bleus
entre autres, que le prisonnier de Milan
était le vrai dauphin. Les ordres étaient de le neutraliser à son inévitable libération
de prison. Pour cela, une solution consistait à se faire emprisonner
lui-même à Milan, mais une seconde consistait , plus humainement , à capter la confiance du carbonaro et à lui
donner de nouveaux ordres. C’est la seconde solution que, selon moi, choisit
Richemont, faisant jouer pour la
rencontre et la libération du carbonaro son cousinage avec le duc d’Este- Modène
, -ce qui lui permet peut-être d’apprendre de lui qu’il n n’est pas le dauphin,
malgré ses yeux bleus.. . Au procès de Richemont où sont convoqués Silvio
Pellico et le Français Andryane en tant que témoins de ce qui s’est passé à la
prison de Milan où ils ont tous deux été
emprisonnés, Andryane déclare [Madame Ducassé , op. cit. , p.127] :
« L’accusé [Richemont] donne des détails qui ne peuvent avoir été connus
que d’un prisonnier ».A quoi l’avocat général réplique : « Ou d’un homme qui les tiendrait d’un
prisonnier et qui aurait intérêt à bien les connaître…. » Andryane
réplique : « Non, Messieurs, il faut avoir été là, renfermé dans le
local, et ma conviction que l’accusé est le prisonnier de Milan est pleine et entière
(profonde sensation). »Mais nous croyons qu’il se trompe.
Sous le nom d’Hébert, qu’il donnera ensuite au prisonnier de
Milan, le baron s’installe à Toulon d’où
il écrit à Milan à l’ancien tambour de
Belgiojoso. Selon Madame Ducassé, op. cit. p.79, dans le dossier de Milan, se trouve une
lettre de Bourlon (l’ancien tambour) à Rastouin,un tanneur chez qui loge le baron à Toulon, où il dit qu’à sa libération il se retirera à
Toulon. A sa libération en 1824, il
s’est rallié au baron et, devenu aussi Henry Hébert, apparaît le 5 décembre 1825, maigre et fatigué, à Genève à l’arrivée de la diligence de Milan Le
baron y a pris le nom de M. Julienne,
hôtelier. . L’ex-prisonnier se rend à Toulon comme annoncé, puis à Rouen.
Le Bourlon emprisonné
à Milan, savoir Giovanno- Ludovico Delfino,
avait aussi comme pseudonyme Aldo Cardoni.
Explication de toutes
ces anagrammes du prisonnier de Milan
Bourlon vient
entre autres de l’italien burlone,
farceur, mystificateur, cf burlesque et le mot est paronymique de Bourbon.
On retrouvera les
lettres de carbonaro, Delfino ou Dauphin, Ludovico (Louis) et Jean dans les trois pseudonymes
anagrammatiques de l’ancien tambour de Belgiojoso, Aldo Cardoni, Bourlon, Henry Hébert.
Pour Bourlon, outre la paronymie évidente avec Bourbon,
on retrouve le b
et le on ro de carbonaro (comme pour onro dans Cardoni) et le l de Ludovico
ainsi que le u.
Aldo Cardoni est l’anagramme de carbonaro, membre d’une société secrète puissante
en France comme en Italie, visant à l’unité italienne et hostile au pape à
cause de ses Etats Pontificaux notamment. Le double
d est pris à Delfino , ou Dauphin, et à
Ludovico. Dans Aldo
Cardoni le 2e do et
le l de
Ludovico sont aussi utilisés.
Quant à Henry Hébert,
dont le baron de Richemont s’était aussi
servi à partir de Adalbert, nous y retrouvons le b , le n et
le r de carbonaro ; le e,
le n, le i
(=j) de Henri sont peut-être pris à Jean
.
Le carbonaro et le baron de Richemont se confondent souvent,
sous le pseudonyme de Henry Hébert, dans l’affaire du procès de Rouen et
surtout à Toulon, initiés tous deux dans des loges.La différence de couleur
d’yeux dans les signalements ne semble pas être déterminante, ayant pu être
modifiée.
1 Toulon et les loges
maçonniques.
Henry Hébert (Adalbert), de Genève, passe par Ferney et se dirige vers Toulon où
les amis francs-maçons du baron l’accueillent. Puis il accompagne le baron en Normandie où il monte une
verrerie qui fait faillite.
Dans sa région
natale, le baron consulte les archives des procès des deux faux dauphins,
Charles de Navarre et Hervagault. En 1828, le baron se rend à Paris et fait paraître en 1831 deux
ouvrages, éditeur Labreli de Fontaine., imprimeur David Boucher [Lemaistre], les Mémoires du duc de Normandie.Au Luxembourg le baron fait paraître
une proclamation qui est saisie. Il voyage à Besançon, en Belgique, aux
Pays-Bas.
Mais il s’est aussi installé à Toulon où il loge chez un tanneur, Rastouin. .Il obtient le 32e
degré d’une loge maçonnique, les Vrais
amis d’Egypte, qui succède à une loge militaire et qui ne relève pas du
Grand orient, mais d’une société secrète initiatique, les Chevaliers de la Foi
localement appelée Ordre des Aga (dignitaires égyptiens) ou Ordre de Toulon. .Il
fait admettre aussi son compère le
carbonaro dans deux autres loges toulonnaises, la Réunion de Toulon et les Sept
Ecossais Réunis, cette dernière dépendant du Grand Orient parisien.
2 Rouen et le procès
du baron de Richemont
La déclaration de Lasne,
op. cit. p .128
M. Lasne, peintre en bâtiment, est appelé à déposer
: « J’ai été préposé à la garde du dauphin en
fructidor an III (est-ce une erreur pour le 31 mars 1795, soit le 11 germinal ? Fructidor
donnerait le mois de septembre. ). J’ai remplacé Laurent [celui-ci, le 29 mars 1795, quitte le Temple]
qui laissait l’enfant dans l’abandon le plus complet et dans un état de saleté
extraordinaire. L’enfant tomba malade [le 6 mai, il était tuberculeux]. Je
demandai un médecin. Le système (régime) du médecin a duré huit jours ; au
bout de ce temps [Ier juin], ce médecin (Desault] est mort (le 13 floréal). M.
Pelletan fut appelé [le 5 juin] ; on suivit le même régime et l’enfant est
mort dans mes bras au bout de quelques jours.[le 8 juin].
Le Président :
Avez-vous causé avec l’enfant ?
Lasne : Tous
les jours.
Le Président :
Sur quels objets ?
-Lasne :
Jamais que sur des sujets sérieux et graves. Ces conversations ont laissé des
souvenirs profonds chez moi. Jamais il n’entamait la conversation. Il avait
beaucoup d’intelligence ; je surprendrais l’auditoire si je voulais dire
ce qu’il disait. Je le promenais tous les matins sur la terrasse et je le
tenais par le bras parce qu’il avait une tumeur au genou gauche. Il fallait
monter trois étages pour le voir après être passé par un poste de 30 hommes.
Le Président :
On prétend (le romancier Regnault) que c’était un enfant changé et qu’on a
apporté l’enfant que vous soigniez dans un cheval de carton dans lequel on
avait remporté l’autre.
Lasne : Tout
cela est un système de faux. J’avais été
à même de connaître le dauphin ; j’étais soldat dans les gardes françaises
à la 4e compagnie. Je fus nommé capitaine et quand je montais aux
Tuileries, j’apercevais M. le Dauphin. »
Lasne a accepté que
madame Atkyns voie l’enfant contre argent, puis a reçu de l’argent pour le
faire évader. Grâce à l’inventaire de sa succession (op. cit., p. 144, note32) Etude XXVIII, 17 août 1841, nous savons
qu’il possédait de nombreuses montres en or et des kilos d’argenterie qui ont
été inventoriés (op. cit. , p. 144, note 32), ce qui surprend pour un peintre en
bâtiment qui fut aussi gardien au Temple. Mais il renonça à le faire
évader à cause de son état peut-être :
il était au 3e étage, il devait passer devant un poste de 30 hommes.
En tout cas il garda l’argent de Madame Atkyns.
La rencontre du baron
de Richemont et de Madame Atkyns, op.
cit. p.138
Madame Atkyns ayant vu l’enfant roi au Temple voulut voir aussi
le baron de Richemont, ce qui ne faisait pas les affaires de celui-ci. Il prit
une attitude froide et réservée au cours de la rencontre et il essaya plus tard
de la justifier dans une lettre à Madame Atkyns : la présence
« d’Ems », un indicateur de police, aux côtés de Madame Atkyns, l’oblige, prétend-il, à la réserve « C’est assez pour me
forcer à une réserve que j’eusse bannie loin de moi dès les premiers jours (du
procès) , puisque je retrouvais en vous une connaissance de plus de 40 ans ;
que je ne pouvais voir que la femme généreuse
qui n’a pas craint d’exposer sa vie pour sauver celle de mon infortunée
reine et mère ; qui a fait d’énormes sacrifices pour m’arracher moi-même
des mains de mes farouches bourreaux… , qui, me
croyant en prison (à Milan,ce qui prouve qu’il n’y était pas !) en 1818, voulait m’en arracher, à
quelque prix que ce fût ; qui, enfin, me retrouvant dans les fers (en
1834, à Sainte- Pélagie, après le procès de Rouen), n’a pas craint de tout
braver pour arriver jusqu’à moi. Pourquoi m’avez-vous trouvé si réservé,
quoique nous nous fussions mutuellement bien reconnus (allusion à leur entrevue-
imaginaire- au Temple) ? »
L’évasion du baron
Grâce entre autres à l’ancien tambour de Belgiojoso, le
baron s’évade à quatre pattes dans un tunnel qui menait dans un quartier désert :
les arènes de Lutèce.
Le cimetière
Sainte-Marguerite (voir Philippe Delorme, Louis XVII, La vérité, Sa
mort au temple confirmée par la science, 2000).
C’est là que les restes du Dauphin furent transportés dans
la fosse commune. En 1816, Louis XVIII entreprit une recherche afin de
transférer les reliques dans la basilique royale de Saint-Denis, mais il
l’abandonna, persuadé qu’elle n’offrait aucune certitude. L’enquête alors menée
est intéressante. Elle est racontée par B.
Chantelauze dans Les derniers
chapitres de mon Louis XVII, découverte des ossements du Dauphin en 1846 dans
le cimetière Sainte-Marguerite, 1887,
plaquette de 76 pages. On interrogea notamment la veuve du fossoyeur Pierre Betrancourt , surnommé Valentin
, qui avait enterré dans un cercueil de sapin
le petit prince et un ami intime du fossoyeur, nommé Decouflet, bedeau
de la paroisse des Quinze-Vingts., mais sans pouvoir retrouver à l’époque Lasne, « le plus important des
témoins »..La veuve Betrancourt indiqua que , peut-être la troisième nuit suivant l’inhumation, son mari retira le
corps du petit prince de la fosse commune et le transféra , toujours dans sa
bière de sapin, dans une fosse
creusée « partie dans le mur
de fondation, partie dans le cimetière, à gauche de la la porte de l’église, du côté de l’autel de la communion,
mais que son mari ne lui avait pas montré au juste l’endroit. »
Un seul homme
pouvait leur donner, dit-elle, des renseignements plus précis, le sieur Decouflet. Celui-ci leur raconta qu’en
1802 Bertrancourt, en creusant environ deux pieds en terre le long du pilastre gauche de la porte de l’église en entrant par le
cimetière, mit à découvert une
pierre du mur de fondation… et lui
fit remarquer à la surface une croix de deux à trois pouces sculptée au
marteau. »
« Tu vois cet endroit ?lui dit-il en exigeant le
plus grand secret, on y fera quelque jour un monument, car il y a dessous le cercueil du Dauphin. » Il
ajouta qu’il avait l’avait retiré de la fosse commune et l’avait mis en sûreté
en ce lieu. »
Les commissaires de
Louis XVIII préférèrent se fier à la veuve du fossoyeur et en 1846 c’est là, « partie dans le mur de fondation, partie
dans le cimetière, à gauche de la porte
de l’église, du côté de l’autel de la communion », que fut trouvé le
cadavre présumé de Louis XVII jusqu’aux analyses de 1979 qui démontrèrent le
contraire.
En 1837, l’abbé Raynaud, vicaire de Sainte-Marguerite depuis
1803, révèle , dans une lettre à
Beauchesne, que Betrancourt avait
recherché la bière nuitamment : pour mieux la reconnaître, il avait
soulevé une des planches du cercueil
mal cloué,( donc un cercueil en bois) et avait vu la tête d’un enfant dont le
crâne avait été scié(mais il devait y en avoir beaucoup d’autres dans cette fosse
commune). Il creuse une fosse sous la
porte du cimetière donnant dans la
chapelle de Saint-Vincent-de –Paul et y enfouit la bière du jeune prince, après avoir formé, sur la planche supérieure de cette bière, une croix de Malte avec des
lattes.
Voici la version de Pelletan, vers 1815, venant de Betrancourt, op.
cit. p.143 : « à
droite, auprès de la petite porte qui donne dans l’église, sous une avance que
formait une des pierres de fondation du pilier de l’église voisine. Un tiers du
cercueil était sous cette pierre, et le reste, couvert de terre, à une assez
grande profondeur : on y avait même placé une petite croix. »
Après les fouilles de 1846, les restes furent enterrés
derrière la Chapelle des Ames du purgatoire, près de la tombe de M. Dubois,
l’ancien curé de Sainte Marguerite.
En 1979, les docteurs Huard et Grnek, sous la direction du
docteur Pierre Thillaud, analysèrent les restes
présumés du squelette de Louis XVI trouvés en ce dernier lieu et en conclurent qu’il ne s’agissait ni de l’enfant mort au Temple ni non plus de
celui qui fut autopsié, confirmant les doutes de Louis XVIII et ceux d’un des médecins qui avait procédé à l’examen
de 1846. Le docteur Thillaud conclut : « les chances de retrouver un jour les restes du corps de louis
XVII sont pratiquement nulles. »
Qu’en déduire ?
La femme de Betrancourt s’est trompée. Mais
en 1800, le général d’Andigné alors
prisonnier a u Temple écrit dans ses Mémoires, cités, P. 180, par Marina Grey dans Enquête sur la mort de Louis XVII, que ses
compagnons creusèrent dans le fond du fossé dans la cour du Temple afin de trouver de la bonne terre et de faire
un jardin. Ils aperçurent « le corps d’un grand enfant qui avait été
enterré dans de la chaux vive. Un corps isolé, enseveli danscelieu, et avec des
précautions aussi inusitées, nous donna àpenser que nous avions trouvé les
restes de Monseigneur le Dauphin, mort dans la tour du Temple.Les chairs
étaient e ntièrement détruites, il ne restait plus que le squelette.Un de nous
détacha un petit os qu’il désira conserver comme une relique.Le corps fut
recouvert respectueusement et nous évitâmes d’en approcher
davantage.Fauconnier(le gardien) se trouvait là au moment où j’allais visiter
le squelette. :
« C’est là, nécessairement, monsieur, lui dis-je, le corps
de Monseigneur le Dauphin ? »
Il parut un peu embarrassé de ma question, mais répondit sans hésiter :
« Oui, Monsieur. »
Ceci est confirmé par une note du policier Senar, confiée au
baron de Batz et transmise par celui-cià l’historien Eckard : «(Louis XVII)
n’a été ni tué ni déporté… On avait caché le cadavre, près d’une tour, en
terre. »
Il est peu probable
qu’on puisse retrouver l’endroit, étant donné les modifications faites en 1979
sous les auspices de la commission du Vieux
Paris.
L’ADN du cœur du dauphin
autopsié au Temple
Le seul espoir consiste
donc dans les restes de
l’autopsie : quelques mèches de cheveux blonds données par Pelletan à Damont, officier municipal
présent à l’autopsie (op.cit, p. 117)
sous promesse d’en recevoir lui-même la moitié (que Pelletan offrit ensuite à la duchesse d’Angoulême) et
se trouvant aujourd’hui à Pontoise (op. cit,
p.115), op. cit., p . 136, ainsi
qu’une tache de sang du dauphin provenant de l’autopsie sur l’original du PV de
l’autopsie. Mais c’est surtout le cœur du
dauphin, subtilisé lors de l’autopsie par le docteur Pelletan et conservé par
lui dans une urne de cristal, qui « peut parler ». En 2000, le professeur Cassiman op.cit (p. 94). analyse un échantillon
du cœur et le compare à l’ADN mitochondrial de mèches de cheveux de Marie-Antoinette
et de ses deux sœurs. Une variante dans la séquence de l’ADN du cœur, retrouvée précédemment aussi
chez Anne de Roumanie (sang), et chez son frère, André de Bourbon -Parme
(cheveux) renforce encore la probabilité que le cœur est bien celui du dauphin.
.C’est ainsi que l’ADN du cœur du dauphin, malgré ses
tribulations, a pu être comparé avec l’ADN d’une mèche de cheveux de sa mère et
confirmer leur parenté. L’ADN de
Naundorff a été analysé lui aussi et n’a présenté aucune parenté avec celui des
Bourbons. Renan disait : « A quoi bon tant chercher la vérité ?
A la fin, la vérité est peut-être triste. »
Parmi les prétendants au titre de Louis XVII, le baron de
Richemont est absolument à part, parce qu’il était riche et ne cherchait pas à vivre
aux dépens de gens crédules, parce qu’il
bénéficiait de hautes protections
surprenantes et parce que la police n’a
jamais réussi à percer son pseudonyme. Il s’agit bien d’un agent secret en mission, d’un James Bond. Ainsi ne
s’étonne-t-on pas trop de le voir à Lyon, sous le nom du Colonel Julien, pousser les canuts à la révolte. C’est aussi le seul
prétendant à avoir eu l’honneur d’être
reçu par le pape en audience privée durant deux heures. Pourtant, la décoration,
qu’il ne craignait pas d’arborer sur ses
portraits, l’Ordre de la Toison d’Or selon
Madame Jacqueline Ducassé, dans Louis XVII et ses agents politiques d’après
des documents inédits, p. 14 (1984,
chez l’auteur Le Marquisat, 47390 Layrac), livre qui, malgré son titre, est consacré au baron
de Richemont, lui avait été remise par l’Empereur d’Autriche dans les
armées duquel il avait servi avec les
émigrés contre la France et contre la Révolution : elle aurait pu conduire à percer son secret, mais
elle n’a jamais fait l’objet d’études. La police, op. cit ; p. 123 et 139, , avait déjà eu des doutes et s’était
intéressée aux agissements du marquis de
Bourbon-Conti qui cherchait à joindre
le fils Courtois susceptible d’avoir des documents intéressants et
désirant interroger, par l’intermédiaire de l’abbé Veyron Madame de Monteymart
au sujet des fouilles deu cimetière de Sainte –marguerite. Madame la marquise de
Monteynart était la fille d’un intime de Louis XVIII, son ancien maître de
cérémonies le marquis de Dreux-Brézé. Après son évasion de Sainte-Pélagie en
1834, le baron de Richemont se rendra au château de Tencin, au nord-est de
Grenoble, où , ainsi que le raconte dans ses
Mémoires, Sosthène de La Rochefoucauld Doudeauville, la châtelaine au baron
de Richemont qu’elle avait connue sous son nom véritable de marquis de
Boubon-Conti accordera l’hospitalité et le présentera à l’abbé Veyron, curé de
Goncelin son voisin qui deviendra l’in des correspondants les plus réguliers du
baron. Lorsque le baron de Richemont
parle de l’accueil que lui réserve son royal cousin lorsqu’il arrive dans la
principauté de Modène, il faut se rappeler que le marquis de Bourbon-Conti
était effectivement le cousin du prince d’Este-Modène. Celui-ci appartenait à
la maison de Bourbon-Conti (son père était Louis François Joseph, 1734-1804). De
même pour ses aventures à Rio de Janeiro où le prince Juan , fils de Pierre de
Bourbon-Bragance mort en 1812 à Rio de Janeiro, est bien le cousin du marquis
de Bourbon-Conti., alias le baron de Richemont. Il avait aussi été décoré en 1815 par le roi
d’Espagne (encore un parent !) de l’Ordre
de Charles III en qualité d’officier d’état –major du duc de Bourbon. En 1815, il fut également décoré de l’Ordre
de Saint Louis de Malte par Louis XVIII. Madame Jacqueline Ducassé a présenté une
hypothèse séduisante, dont nous nous inspirerons librement. Selon elle, ce n’est pas, -bien
entendu, - le dauphin Louis XVII échappé du Temple, puisqu’il n’avait pas les
yeux bleus comme celui-ci mais noirs ; ce n’est pas non plus , comme le voulait Louis Veuillot, le fils d’un boucher de
Lagnieu dans l’Ain (près de Belley), Claude Perrin, clerc de procureur et
faussaire, mais un prince du sang, cousin de Louis XVII, savoir François Claude Fauste,
marquis de Bourbon –Conti ou marquis de Rémoville, fils de Louis François de Bourbon- Conti Ier (1717-1776)
et de sa maîtresse Marie-Claude Gaucher
–Dailly, dite Madame de Brimont (de
Brimont dans la Marne, près de Reims), née vers 1745. Fauste Louis est né le 21 mars 1771 à Gonneville -lès- Rouen et il a été baptisé le
21 mars1773 à Saint-Pierre de Gonneville -lès- Rouen. Il a été doté du marquisat de Rémoville près de
Neufchâteau dans les Vosges et a eu deux morts et deux sépultures, on le verra,
la première officielle en 1833, l’autre réelle en 1853 à Gleizé dans le Rhône
près de Villefranche. Il avait été reconnu par son père et, à la Restauration, son frère Félix et lui
furent accueillis comme parents par Louis XVIII. Ils avaient eu leurs terres confisquées
sous la Révolution et , par lettres
patentes du 17 novembre 1815, le roi les avait rétablis dans leurs titres ; l’ordonnance
du 29 avril 1824 les confirme dans leurs
titres sous condition que les lettres
patentes constitutives leur seraient délivrées dans les deux mois , -ce
qui fut fait , mais seulement pour le cadet . L’aîné dont on ne savait rien ne reçut pas ces
lettres patentes.
Un indice : le sceau
du marquis de Rémoville.
Le marquis de
Rémoville possédait à la fois un cachet à aigle (Rémoville) et, en tant que Prince du sang, un cachet à fleur
de lis. .Son identité avec Hébert et avec le baron, de Richemont est confirmée
par le fait que Hébert touchait de l’argent chez son banquier Clavelan en
utilisant son cachet à aigle pu son cachet à fleur de lis (en ce dernier cas l’argent venait du trésor royal de France,
ce qui est étonnant , mais peut s’expliquer par le fait qu’il était
colonel et touchait une pension.
Or, en 1834, le 26
octobre, devant la cour d’assises de la Seine, l’avocat général déclare :
« un individu se nommant Hébert âgé de 46 ans qui maintenant dit se nommer
Baron de Richemont et être enfant
naturel appartenant à une famille distinguée et étrangère et que l’honneur
lui défendait d’en dure davantage (on remarque la présentation de Louis XVII
comme le fils adultérin du suédois Axel
de Fersen et de l’autrichienne Marie-Antoinette) avait, avant la révolution de
1830, élevé la prétention d’être Louis XVII . Il faisait valoir ses
prétendus titres dans des publications et écrits. On suppose que Richemont en
est l’auteur, mais la calligraphie est de la main de Colliard [un imprimeur
parisien], celui précédemment employé par Hullin, impliqué dans le premier
procès de la Société des Droits de l’Homme.…. Il cherche à exciter certaines
gens et à lever une milice. Le 18 juillet, il passe chez Coquardon pour prendre ses cachets dont un à aigle. On
lui trouve un autre cachet à fleur de lis. On a saisi chez lui une
correspondance chiffrée, qui a été traduite par des experts et qui provient de
son principal agent, la femme Duru. On a saisi chez lui une espèce de presse et
un poignard. »
L’histoire de ce
cachet mérite d’être contée. En janvier 1792, Crawford, cité dans Louis
XVII, p.19, écrit : « Ce jour là, la reine, remarquant une
pierre gravée que j’avais au doigt, me demanda si j’y étais bien attaché. Je
lui répondis que non. « Je vous le demande, me dit-elle, car si j’avais
besoin de vous écrire de ma main, le
cachet vous servirait d’indication. » Cette pierre représentait un aigle portant dans son bec
une couronne d’olivier .Sur quelques mots que ce symbole me suggéra,
elle secoua la tête en me disant : « Je ne me fais pas d’illusion, il n’y a plus de
bonheur pour moi. », puis , après un moment de silence, « le seul
espoir qui me reste, c’est que mon fils
pourra du moins être heureux. »
Avant le 10 août, « Monsieur de Goguelat, … se trouvant
auprès de Sa Majesté, elle lui donna cette bague en disant : « Si
vous voyiez jamais Monsieur Crawford, vous la lui remettrez de ma part. » Son
intention a été remplie, Monsieur de
Goguelat me l’ayant remise à Vienne », avec en
note : « J’ai perdu cette bague avec d’autres effets qui m’ont
été volés chez moi. »
La fratrie du baron
Il eut pour frère Félix,
comte de Bourbon- Conti (1772-1840), chevalier
d’Hattonville (Allainville) dans les Yvelines et de Groslieu (manoir de
Groslieu à Allainville ), fils également de Madame Gaucher-
Dailly. Sosthène de La Rochefoucauld
Doudeauville possédait une terre voisine de Hattonville et il épouse la veuve
du chevalier de Hattonville, Herminie de
la Brousse de Verteillac, ce qui explique le chapitre élogieux consacré au
baron de Richemont (vol. XII) dans ses Mémoires :
il connaissait l’identité du baron à cause du voisinage de son frère et de
sa veuve.
Il eut pour demi-frère Louis François Véronèse, dit le
chevalier , puis le comte de Vauréal,
fils de Marie –Anne Véronèse et de Louis
François de Bourbon-Conti Ier, né à
Paris en 1761 et mort à Melun en 1785.
Sa veuve, la comtesse de Vauréal,
nous intéresse, parce que Madame Ducassé ( op.
cit. p.146) a découvert une lettre de Richemont de 1842, dans laquelle il
adresse ses amitiés à « Madame la Comtesse de Vauréal ainsi qu’à sa
famille », à sa demi- belle- sœur., ce qui confirme l’identité du baron.
Quelques mots d’une intéressante demi-sœur, Stéphanie de Montcairzin de Bourbon- Conti.
Il faut lire ses Mémoires historiques (1798, édition de 1986), à la fois
chef-d’œuvre littéraire rédigé par cette élève de Rousseau et autobiographie
exacte et passionnée. Cette demi-sœur du baron de Richemont, Amélie
Gabrielle Stéphanie- Louise, appelée de Montcairzin, par allusion au nom de
son père Conti et à celui de sa mère, la duchesse de Mazarin, est née en décembre 1762
à Paris, paroisse de saint-Eustache. Elle ne sera baptisée que beaucoup plus
tard, le 7 octobre 1788, op. cit. p.160,
à l’abbaye Saint-Antoine à Paris, avec pour marraine Madame de Gimel de
Lentillac, abbesse de l’abbaye royale de Meaux. Elle a été reconnue par son
père et légitimée par Louis XVI, protégée par Monsieur, puis nommée surintendante
de la maison de la reine par Louis XVI dans les derniers jours de celui-ci. .
Elle a été victime d’un complot odieux ourdi par son frère légitime et par sa mère pour la
déshériter de la plus grosse part de sa fortune. Sa mère, la comtesse de Mazarin, est la fille de Hortensia
Mancini, une nièce du cardinal et elle avait épousé en 1661 Armand Charles de
Meilleray, duc de Mazarin dont elle eut des enfants légitimes : c’est pour
avantager ces enfants légitimes et peut-être aussi pour dissimuler son adultère
qu’elle unit ses efforts à ceux du seul fils légitime du Prince de Conti, issu du mariage du Prince de Conti
(1716-1736) et de Louise d’Orléans, savoir le peu intéressant comte de la
Marche, Louis François II de Bourbon-
Conti (1734-1814) .
Le prince de Conti, se méfiant de son fils et de son
ex-maîtresse, obtient la légitimation de
Stéphanie par le roi, Mémoires historiques., p.52 : « ainsi est ma volonté de
reconnaître et de légitimer la fille de M. le prince de Conti, âgée de onze ans
et ayant élevée, de mon consentement,
sous le nom de comtesse de Mont-Cair
–Zain, à laquelle qualité elle peut ajouter, dès ce jour, le titre d’altesse
sérénissime, légitimée princesse du sang ; les honneurs du Louvre lui sont
accordés, et je me réserve, ainsi que son père, de lui faire l’apanage
nécessaire à son rang ; signé LOUI S». Cet acte semble sonner le
glas des espérances de sa mère et de son frère légitime, qui se voient obligés de partager avec elle
l’important héritage du prince. Ils
mettent au point un complot machiavélique. Ils fabriquent un faux acte de
décès, à Viroflay, de Stéphanie, op. cit.
p. 73, en date du 7 juin 1773. Dans cet acte, les faussaires vont même jusqu’à reconnaître
que cette comtesse de Mont Cair-Zain était légitimée princesse du sang et fille de
Louis François de Bourbon –Conti, ce
que contestent pourtant les détracteurs de la princesse, comme le comte de
Barruel –Beauvert dans son ouvrage Histoire
de la prétendue princesse de
Bourbon-Conti. Ils la font enlever
le jour prévu pour la présentation au roi, avec la complicité de son « institutrice
« » privée, Madame Delorme, la droguent pour la marier à Viroflay avec un
procureur de Lons-le- Saulnier, un dénommé Billet, intéressé par la dot
laissée à Stéphanie à défaut de l’héritage auquel elle avait droit. Le procureur n’était pas regardant et désirait
consommer le mariage alors que Stéphanie
n’avait que onze ans et s’y refusait absolument, Ils usurpent l’identité de Anne Louise
Françoise Corméo,fille d’Etienne Corméo et de Madame Delorme (nom qui n’était
que le pseudonyme de Grillet épouse Martin) , née le 30 juin 1756 à Saint-Sulpice, et marient à Viroflay, le 18
janvier 1774 , avec un procureur complaisant et cupide de Lons-le-Saunier,
appelé Billet, la pseudo- Louise
Françoise Delorme, prétendument née à Saint-Sulpice le 30 juin 1756, op. cit. p.105-106. « On mariait une fille de Madame
Delorme et Madame Delorme ne comparaissait pas plus dans l’acte de ce prétendu
mariage qu’elle n’avait comparu au contrat quelques jours auparavant ; on
mariait Anne Louise Françoise Delorme ; ce n‘était donc pas moi ; je
n’étais donc pas mariée ; car j’étais et je suis Bourbon- Conti. »,
s’indigne Stéphanie,op. cit. p.106.
Ils éliminent tous ceux dont ils craignent les révélations,
empoisonnant Madame Delorme, éliminant un garçonnet de 12 ans qui s’était
attaché à Stéphanie, par peur qu’il ne parle. Sous la Révolution, ils paieront
une prostituée demi-folle, Marie Rosine Mornay demeurant rue Sébastien- Pont- aux- Choux quand elle n’est pas enfermée à l’hospice
d’aliénés de Sainte-Pélagie, op ;
cit. , p.214 afin de lui faire
usurper le nom et le rôle de Stéphanie. Ils réussissent ainsi à la discréditer
auprès du comité révolutionnaire qui l’avait autorisée à pénétrer au Temple et
à rendre visite à la sœur du dauphin. Il
est curieux de voir des historiens épouser le parti de son frère légitime sans
se donner la peine de vérifier ses affirmations, peut-être parce qu’elle est réellement princesse du sang et se revendique comme telle, et déclarant son
mari forcé, le procureur de
Lons-le-Saulnier, indigne d’elle et de son sang. J’ai voulu vérifier quelques détails de son récit
: elle parle du lieu de Faille près du
canal d’Orléans au château du prétendant de Madame Delorme, M. Jacquet. Il s’agit de Fay- aux- Loges (Loiret)
et la famille Jacquet est présente à Fay
(prononcé faille) dès 1694.
Autre détail : op.
cit. , p.145, Stéphanie cite par sa seule initiale B… un complice de son
mari qui, à Lons-le-Saunier, chercha à l’outrager. Il s’agit du comte Barruel- Beauvert qui, en 1811, publia , pour se
venger du soufflet qu’elle lui avait administré en présence de son pseudo-« mari »,une
Histoire de la prétendue princesse Stéphanie
de Bourbon- Conti, -in-8°, que Napoléon fit mettre au pilon immédiatement,
mais dont certains historiens
s’inspirent. .
Les revenus du baron
de Richemont
Le baron de Richemont était colonel et avait donc droit à cette
pension du trésor royal qu’il touchait
avec son sceau fleudelisé. , à Rouen par exemple, et de plus il avait des
revenus personnels qu’il touchait avec son sceau à l’aigle Aux Archives Nationales,
Bora archives privées, T170 papiers Rémoville et Hattonville, nous apprenons
que le marquis de Bourbon –Conti avait été , comme son frère , ancien élève de
la Marine et pupille de l’avocat au parlement Charles Louis Clausse. Du dénombrement de
leurs biens, je retiens concernant le marquis de Rémoville , outre le fief vosgien de Rémoville près de
Neufchâteau et un hôtel parisien situé rue d’Artois partagé avec son frère, le Mesnil-sur-Vair et Auvillet, ainsi que , tous près de
Neufchâteau, Aouze, Balléville , Viocourt ,Tilleux, Certilleux, Aroffe ,
Jainvillotte et Soncourt . Le cadet, sans postérité, avait des biens en
Essonne : Morigny-Champigny.Corbreuse,
et , dans les Yvelines Groslieu (Allainville) et Hattonville
(Allainville dans les Yvelines) .
La famille proche du
baron
Son héritière, née le
4 septembre1833 à Paris dans le 8 e arrondissement, est Melle Louise Charlotte Virginie Worff, qui porte le nom de
sa nourrice. Il avait trois autres filles : l’aïnée épousa
le comte de Riccio, une autre le Comte hongrois de Goritz, neveu du comte
Batthiany, une troisième un basque M. Iturbide. Marie-Antoinette de France
(Marie Manczer) me semble être plutôt la fille de l’ancien tambour de Belgiojoso.
A noter que le baron touchait 1200 francs par an de Madame veuve Picqué de Strasbourg, qui
se disait veuve du professeur de dessin de Louis-Charles,
duc de Normandie et habitait 12, rue de Condé, 6e , à Paris, où résidait aussi le baron. Son exécuteur testamentaire
était le médecin.Louis Balthazar Caffe, , demeurant 49, rue de la Ferme des
Mathurins, 8e, ., fils de Louis Charles Caffe qui avait tenté de sauver la reine à la conciergerie..Melle
Worff avait pour curateur Joseph Chevrier, négociant, habitant 16 rue Thévenot (aujourd’hui
rue Réaumur, 2e arrondissement).Louis Balthazar Caffe, chevalier de
Saint Louis, et fils d’un sénateur de Chambéry, avait participé, en automne
1793, avec Michonis , Pierris et Marino, à un complot destiné à faire évader la
reine (Madame Ducassé, op. cit.,
p.52)
Le pseudonyme du
baron pour les intimes : o
Il s’agit de l’hymne antiphonique : O Virgo virginum, ô vierge des
vierges !que l’on chantait pendant les sept jours qui précédaient Noël. Notre-dame du O se célébrait autrefois
le 18 décembre. C’était la fête de l’Expectatio Partus Beatae Virginis Mariae (
l’attente de l’accouchement de la bienheureuse Vierge Marie).Ce pseudonyme
montre sa ferveur sincère.
Les nom et prénoms de Richemont
Le baron de Richemont a pris son nom de sa mère Madame de Brimont, agrémenté d’allusions
historiques à :
1) Henry Tudor, duc
de Richmond qui chassa l’usurpateur Richard III qui avait assassiné ses neveux pour régner.
Comment entendre cette allusion ? Je crois qu’il s’agit d’une allusion à Madame Royale, Marie-Thérèse, duchesse
d’Angoulême, héritière des grandes richesses
de ses parents, fortune que son oncle Louis XVIII convoitait. Selon les
historiens allemands (cf. Noëlle Destremau, agrégée de l’Université, Madame Royale et son mystère, Nouvelles
Editions Latines, 1990), elle aurait été cloîtrée pour la sauver des menaces de
Louis XVIII au château d’Eishausen avec d’abord un tuteur suisse appelé
Philippe Hans Scharre , puis un tuteur
flamand qui se fait appeler Vavel de Versay
et qui est en réalité Leonardus Cornelius Van der Valck, né le
22 septembre 1769 à Amsterdam, mort à
Eishausen également le 8 avril 1845, ami de Rouget de Lisle , de Talleyrand (Hitler
, en publiant les archives secrètes autrichiennes, a révélé qu’il était payé par l’Empereur et on
a ses bordereaux depuis 1803) et de Benjamin Constant. Les tuteurs sont tous
deux catholiques et Vavel est riche. La
« comtesse ténébreuse »,
ainsi que l’appellent les historiens allemands, est morte le 28 novembre 1837 à Berggasten , en Saxe, sous le nom de
Sophie Botta, anagramme de Batz.
Qui est la personne
substituée à Madame Royale ? Elle
n’a pas les yeux bleus de faïence comme la fille de Marie-Antoinette, mais noirs.
Louise Catherine Lambriquet est la
fille naturelle du comte de Provence, le futur Louis XVIII, et d’une Madame Lambriquet qui avait été chargée
d’éduquer Marie- Philippine, dite Ernestine
Lambriquet, fille naturelle de Marie-Antoinette et de Fersen ( ?),
blonde aux yeux bleus tendrement aimée de Marie-Antoinette à qui elle
ressemblait étonnamment, morte en 1813 à Paris. Marie-Antoinette l’appelait : « Ma
fille ». Ernestine aimait beaucoup sa demi-sœur Marie-Thérèse, présumée la
future épouse du fils de Charles X, l’ancien comte d’Artois le duc d’Angoulême,
-mariage sans postérité qui arrangeait bien les choses. Ernestine pressentie pour jouer le rôle dans la
substitution refusa, tandis que sa demi-sœur l’accepta. Voici ce que j’ai
trouvé sur Ernestine dans G ; Lenôtre, La
fille de Louis XVI, p . 69 :
Marie – Thérèse « s’était intéressée, dès les premiers jours [de sa
détention au Temple], au sort d’une de ses compagnes d’enfance, Melle
Lambriquet, fille d’un serviteur de la famille Royale, naguère attaché à la
maison de Monsieur. On se renseigna : Lambriquet avait été guillotiné ; sa
fille avait disparu : on ne pouvait pas découvrir sa retraite (Archives du
département des Affaires étrangères, Vienne, 364). Et une note : «
Jean Lambriquet, « valet de chambre de la ci-devant cour de Capet et du
ci-devant Monsieur », compris dans la fournée du 14 juillet 1794 (25
messidor an Ii), W.Wallon. Tribunal
révolutionnaire, V, p.34. Aussi, p. 101 : « « le
directoire rendit, le 27 novembre 1795, un arrêté en cette forme : « Les
ministres de l’Intérieur et des Relations extérieures sont chargés …de nommer,
pour accompagner jusqu’à Bâle la fille du dernier roi , un officier de
gendarmerie décent et convenable à cette fonction, … de lui donner, pour l’accompagner une jeune fille de son âge,
nommée Lambriquet, qu’elle désire emmener…. Signé Rewbell, président. » et
p. 110, note des Archives du département
des affaires étrangères : « L’empereur a demandé en outre, qu’il fût
permis à la princesse d’emmener avec elle une jeune personne avec laquelle elle
a été élevée et qu’elle affectionne particulièrement : cette jeune
personne se nomme Ernestine Lambriquet ; son père était garçon de la
chambre de Monsieur, il a péri dans le cours de la Révolution : sa mère,
morte il y a quelques années, était femme de chambre de la princesse ;
Mesdames de Mackau et de Soucy ( 60 ans
et plus, demeurant à Vitry-sur-Seine et souhaitant, comme par hasard, le
mariage de la princesse avec le duc d’Angoulême, à ne pas confondre avec la
fille de Madame de Mackau, beaucoup plus jeune, habitant rue Favart à paris et
qui a été sous -gouvernante comme la précédente. Cette dernière est belle-sœur de Bombelles qui a été
ambassadeur en Portugal, et dont on doit se méfier, Archives du département des
Affaires étrangères, Vienne, 364) ont pris soin de cette jeune personne, elles
sauront où elle est présentement. » Madame de Mackau sera jugée trop âgée
et on lui préfère Madame de Soucy qui sera de l’escorte, mais on n’entend plus
parler d’Ernestine qui a peut-être été substituée à ce moment, avec la
complicité de Madame de Soucy.
Un acte de baptême suisse, à Aarberg, canton de Berne, en
date du 21 mai 1796 (correction de Louis Hastier pour 1793, tertia, d’ailleurs
incorrect, dans l’original pour sexto [anno]),
indique la naissance le 2 mai d’une fille française, Anne Marie Joséphine, du soi-disant
médecin Joseph Thiollier : les historiens allemands pensent qu’il s’agit de la
fille de Marie-Thérèse, conçue au Temple, et du baron de Batz . En effet, dans l’acte de baptême de la fille,
le père est mentionné comme Français, de Lons-le-Saulnier, ville où Batz avait
fait faire son passeport, chirurgien-major de la légion de Wattenwill.Dans
Marina Grey, Le baron de Batz, p.148,
nous apprenons que des royalistes
obtiennent avec l’aide du baron des sièges aux élections municipales de
Lons-le-Saulnier, natrif de Soleure. On le retrouve à Dôle, à Poligny, à Nyon
dans le canton de Vaud, ville natale de son vieil ami suisse, le médecin Nathey.
Il dispose d’un autre passeport au nom
de Muller, natif de Soleure en Suisse. Thiollier est la métathèse de Thilorier,
le nom de la femme de Batz. .Il est curieux de voir un médecin appelé Thierry,
métathèse parmi d’autres de Thilorier, venir à la prison sans motif sérieux 91 fois.Selon
Marina Grey dans Le baron de Batz, le
d’Artagnan de la révolution, p. 13, Batz épousera en 1808 son ancienne maîtresse Michelle (ou Désirée comme elle voulait
qu’on l’appelât) Thilorier, la fille d’un premier lit de
Madame Thilorier : veuve de bonne heure, Madame Thilorier avait épousé Jean-Jacques du Val d’Eprémesnil. .
Pierre Vincent Benoist, p.180, banquier angevin, fondateur et
actionnaire prévarivateur de la Compagnie des Indes (il se fera appeler Benoist
d’Angers,où il a des intérêts dans les ardoisières , puis Benoist d’Azy dans la Nièvre) , ami de longue
date du baron de Batz et trempant dans ses complots, est le financier de l’entreprise. En 1793, il se rend en
Louisiane pour y étudier les possiblités
d’investissements de la Compagnie des Indes et en ramène des nègres et des
négresses (de là le nègre aperçu en sa compagnie par la veuve Simon aux
Incurables et le fameux tableau d’une négresse par sa femme Ghillermine de
LavilleLeroux ( ce curieux nom double vient de la commune de Le Loroux près de Fougères, en Ille -et-
Vilaine, en latin villa illud oratorium, ferme de l’oratoire au sens de
chapelle, devenu ville Loroux, en « construction absolue » datant le
patronyme du XIIIe siècle, c’est- à- dire sans la préposition de), aujourd’hui au Louvre. De là aussi
les rumeurs d’une présence de l’enfant aux îles ou en Louisiane.
Le plan du baron de
Batz consistait à devenir le « protecteur »
(titre pris par Cromwell) de France en même temps que l’époux de la future
duchesse d’Angoulême. Jean-Paul Plataret (se disant de Villeneuve), avoué à
Privas, aurait épousé à Lyon cette fille naturelle de Madame Royale. Lorsque Louis XVIII, après avoir reçu une dénonciation du baron, aura
Connaissance la paternité de Batz, il lui enverra l’ordre
de se suicider , qui ne provient pas du faux sur sa date de naissance , bien
négligeable et qui ne concernait pas réellement « l’honneur » .
En somme, le baron de
Richemont, à travers son nom de Richemont, accuse Louis XVIII d’avoir, comme Richard
III, éliminé la véritable duchesse d’Angoulême pour régner. La duchesse
d’Angoulême, évoquant « l’affaire
du médecin » se plaindra du chantage exercé par le médecin (Thiollier),
grâce à la naissance de Suisse,
l’obligeant à payer alors qu’elle n’est pas la véritable duchesse.
2) Arthur III, comte
de Richmond (en Angleterre), comte
de Gien et duc de Normandie
(1303-1458), le titre de duc de Normandie étant celui de Louis XVII à sa
naissance. Le comte de Richemont rejoignit Jeanne d’Arc à Patay et contribua
puissamment à bouter l’étranger hors de France et à défendre le roi.
Nota bene :
il existait à Saint-Domingue une famille de propriétaires fonciers avant 1789
appelée Perrin de Richemont (Louis
et Louis Marie, liste de Griech). Elle n’a bien entendu rien à) voir avec notre
baron, mais c’est l’origine de l’identification erronée de la police du baron
et de Claude Perrin.
3) Hébert (Henry)
est une allusion au révolutionnaire Jacques René Hébert, journaliste rédacteur du Père Duchesne et, ce qu’on ne sait pas, agent royaliste, ainsi que
l’a montré Marina Grey dans sa biographie Hébert, Le père Duchesne, agent royaliste.
Le plan tortueux, mais désintéressé de
Jacques Hébert.et du maire de Paris, Pache, consistait à rétablir l’ordre en
créant un régent durant la
minorité de Louis XVII.
Même les accusations d’ Hébert d’inceste contre la reine,
p.246, s’expliquent paradoxalement par le désir de sauver la reine en soulevant
l’indignation. Ainsi Robespierre dira à Saint-Just et Barère: « Cet
imbécile d’Hébert ! Ce n’est pas assez qu’elle soit réellement une
Messaline,il faut qu’il en fasse encore une Agrippine et qu’il lui fournisse, à ses derniers moments, un triomphe d’intérêt
public ! ». De même, Napoléon, informé par Sieyès qui le tenait
de Robespierre, évoquera à Sainte-Hélène le « plan machiavélique d’Hébert »,
et dira qu’ Hébert, « ayant fait
une accusation aussi calomnieuse et aussi peu fondée (en réalité, l’enfant
avait eu un phimosis comme son père et sa mère avait dû déplacer son prépuce), n’avait
pour objet que de provoquer le peuple à
un soulèvement en faveur de cette princesse en excitant son intérêt. »
Jacques Hébert a fréquenté Madame Atkyns :
c’est grâce à Hébert que celle-ci verra une deuxième et dernière fois la reine dans
son cachot, guidée par Hébert qui prend donc de grands risques.209. Hébert participe ainsi au complot de l’œillet que Simon, son protégé pourtant, fait
échouer.P. 236
Il donnera également au
faux dauphin de Milan ce pseudonyme d’ Hébert.
Les prénoms que
Richemont s’est choisis sont Hector, Adalbert, et Alfred.
1 Il a choisi le prénom
d’Hector en l’honneur de son père
adoptif, le comte Charles Jean d’Hector (1722-1808). Dans
ses Mémoires d’un contemporain (1831)
Richemont écrit qu’à l’armée de Condé il « était accompagné d’un Mentor, comme
le fils d’Ulysse », et que celui-ci
veillait sur lui, mais il ne le nomme pas. Grâce à son dossier militaire conservé
eaux Archives de l’armée (dossier Fauste de Rémoville) , nous apprenons qu’il avait fait à l’Armée des Princes la campagne de Gand
sous les ordres directs du Comte Hector,
qui était lieutenant général, et qu’il
est resté auprès de cet officier et passé en Angleterre de 1793 à 1801 en
qualité d’aide de camp de cet officier . Il restera neuf ans auprès de cet officier en
qualité d’aide de camp, participant à
l’expédition ratée de Quiberon. Le comte d’Hector meurt en exil à Reading en
Angleterrre le 18 août 1808. Richemont rentre
en France après le 19 septembre 1801, date à partir de laquelle son dossier est vierge jusqu’en 1815. De plus, dans
une lettre du 10 juillet 1849 citée par J. Ducassé, le baron fait une digression sur sa visite au
tombeau d’Hector, le Troyen, qui ne prend tout son sens que comme allusion à
son père adoptif. Marin, il s’embarque pour Smyrne, puis écrit :« Je voulus visiter
Bournabalhi [aujourd’huii Canakhale en Turquie,
qui passait pour l’emplacement de Troie, avant que Schliemann ne le déplace
à Hissarlick], voisin de l’ancienne Troie ; je retrouvai là tout ce qu’Homère
a décrit. C’est avec cet ouvrage à la main [l’Iliade] que je pus voir l’emplacement de Troie, le Simoïsis [Simoïs],
le Scamandre [Ghumbré], le mont Ida, l’île de Cenedos [coquille pour Tenedos],
la place du camp des Grecs, la plage où fut laissé le fameux cheval de
bois , le lieu du combat d’Hector et de Patrocle, celui [le lieu
du combat] d’Achille et [du fils ]de Priam [curieuse périphrase pour désigner
Hector], le camp de Diomède et enfin le tombeau d’Achille. Je passai près de
trois semaines à visiter ces lieux si célèbres et je me rendis à Constantinople
où j’arrivai dans les derniers jours de janvier 1818. » Le futur baron de
Richemont, après avoir servi sur trois
navires de guerre, était parti en 1791
rejoindre le corps royal de la marine
qui est sous les ordres directs du lieutenant général comte d’Hector.
2 Pour le prénom d’Adalbert
choisi par le baron, il nous faut
rappeler que son père aspira au trône de Pologne et qu’il est évoqué par le prénom Adalbert ou les formes dérivées Estelberth, pour Adalbert .
Adalbert , évêque de Magdebourg, fonda la Pologne chrétienne, au trône
de laquelle avait aspiré le père du baron. . Mais le baron de Richemont
s’identifie plutôt à Adalbert de Prague qui durant neuf ans étudia auprès de Adalbert de Magdebourg, comme lui-même
fut durant neuf ans aide de camp auprès du comte d’Hector. Il donnera à son aide, le faux dauphin de Milan, le pseudonyme
d’Henry Hébert. .
3 Quant au prénom d’Alfred,
c’est l’anagramme de Adalbert, de Claude (de Marie-Claude Dailly,
sa mère) et de François (les prénoms de son père étaient Louis et François).
Refusant de servir
Napoléon, le colonel Richemont émigre outre-mer : on a sa trace au Brésil,
à Rio de Janeiro (déclaration du chanoine bibliothécaire de la cathédrale Saint
Jean-Baptiste), où il est précepteur des enfants du roi et gardien de la
bibliothèque des ouvrages en français : le fils de Dom Juan VI l’accueille
très bien. Il demeure au palais San Christovacci. Il est expédié « à
Goa, colonie portugaise des Indes, où l’on
trouve trace d’un « officier étranger » qui s’est battu et a
négocié une entente provisoire avec l’évêque de Goa , rendant ses pouvoirs au vice-roi des Indes,
de 1807 à 1816 , par les moyens d’une habile diplomatie », selon Madame
Ducassé.
Les Chevaliers de la
Foi, une société secrète initiatique de
la Restauration.
Les membres de la société secrète des Chevaliers de la Foi, procédant de la Congrégation, hiérarchisée à l’exemple de la franc-maçonnerie
et étudiée par le Père Guillaume de
Bertier de Sauvigny, étaient des intégristes catholiques et le baron de
Richemont en fait partie. .C’est cette appartenance qui permet au baron de Richemont d’être
reçu en audience privée par le pape à Gaëte ; c’est elle aussi qui
explique que le baron s’intéresse aux apparitions de la Salette. Le baron
et ses associés étaient gênés
par ses yeux marron et non pas bleus comme ceux du Dauphin qui les
tenait peut-être de Marie- Antoinette. Aussi ont-ils l’ingénuité de demander à Dieu un miracle pour changer la
couleur des yeux du baron. Houzelot , cité par Madame Ducassé, op. cit, . p.177, écrit à l’abbé Veyron
à propos d’un pèlerinage à la Salette : « Il a été convenu qu’une
neuvaine sera faite à Notre Dame de la Salette pour lui demander d’accorder
trois choses à O (pseudonyme du baron) :
1) qu’elle lui
remette les yeux dans leur état naturel….
3) qu’elle lui accorde également toutes les grâces
nécessaires afin qu’il puisse remplir la mission
qui lui a été confiée.
P. S. Quant au
premier motif de la neuvaine, c’est entre nous Il ne faut nullement parler
des yeux à personne. Il faut expliquer le premier motif de manière qu’il ne
soit pas intelligible car certains en tireraient un mauvais parti, ne
comprenant pas qu’il y a quelque chose de mystérieux dans ce
phénomène » .Comme le remarque Madame Ducassé, il y avait différents
niveaux d’initiation et seuls les plus élevés savaient que le baron, avec ses
yeux noirs, n’était pas Louis XVII ! Et dans une lettre de Richemont de
1849 à la comtesse Henriette d’Apchier de Vabre (née Corteilles de Vaurenard, op. cit,, p. 146, également membre de la société secrète) : « Il
est fâcheux que les yeux noirs vous aient échappé. »
C’est pour une autre
raison qu’il participe à la procession
de la Confrérie des Pénitents blancs au Bois d’Oingt –en- Beaujolais du
4 au 10 octobre 1850. Il s’agit de la Confrérie du Gonfalon destinée à racheter les esclaves blancs et
chrétiens faits par les musulmans, originellement dans les Etats pontificaux et
liée aux capucins (franciscains). Le baron
avait, au cours de sa vie
mouvementée, été pris comme esclave, vendu dans le grand marché d’esclaves
d’Alep, et rapidement racheté par la confrérie du Gonfalon. Mais son honneur
l’a amené à passer sous silence cette période,
humiliante à ses yeux, de son
existence.
« Arrivé à Paris en août 1815, j’en partis en mai
1816. Je m’embarquai à Marseille pour Gibraltar; de là pour Londres ;
ensuite je débarquai à Edimbourg où je trouvai Tancrède de Hauteville (anagramme de Hervagault et de Grimaldi
de Monaco, le père naturel de Hervagault étant Honoré IV Grimaldi de
Monaco, duc de Valentinois), mon
secrétaire, le même qui avait été arrêté
pour moi à Saint-Malo [Il est intéressant de voir ici que le baron qui
avait longuement étudié les archives du procès de Rouen -sa région natale,- identifie , comme le font
certains historiens, Hervagault et Charles
de Navarre, arrêté à Saint-Malo et à qui fut substitué le sabotier Mathurin Bruneau : Hervagault
était un blondinet aux yeux bleus, d’allure très efféminée…]… Partis de là
[avec de Hauteville] pour le Cap de Bonne Espérance, nous embarquâmes sur un
bateau portugais qui cinglait vers Ormuzd. En passant à Goa {où il est certain
que le colonel de Richemont a combattu pour les Portugais], Tancrède y fut assassiné par des
brigands. [Ce sont des pirates, qui,
tandis que le substitué Bruneau décède au Mont Saint Michel, tuent le vrai Hervagault, peut-être en raison
de ses mœurs et de son aspect efféminés, et
prennent le baron comme esclave.]
…Arrivé à Ormus [les fers aux pieds], j’attendis
l’arrivée de la caravane des Indes et je partis avec elle pour le pèlerinage de
la Mecque, en passant par Bassora, Bagdad, Alep
[où il est vendu comme esclave ], Damas,
où il est racheté et libéré par les
confrères du Gonfalon, Jerusalem et Suez. Remonté jusqu’à Jérusalem, je
quittai la caravane, changeai de costume et entrai dans le Saint
Sépulcre… »
La rencontre avec un autre faux dauphin, la prison de
Milan et le nom de Hébert.
Le dauphin en qui ont
cru les gouvernements européens et dont le chemin a croisé celui de Naundorff
et surtout celui du baron de Richemont.
1 Le tambour du
général autrichien Mélas (un blond aux yeux bleus selon Silvio Pellico, aux yeux noirs selon un signalement suisse).
L’état-civil du futur
prisonnier de Milan et carbonaro : JeanLouis Dauphin, Bourbon, Bourlon, Friedrich,
Hébert etc.
Nous avons dit que le baron de Richemont, alias le marquis
de Bourbon Conti, avait deux tombes : l’une, celle du baron de Richemont, à Gleizé (Rhône), au château deVaurenard, chez
Madame d’Apchier, datant de 1853, et
l’autre au Père Lachaise datant de 1832-1833 , où fut enterré , avec l’assentiment du baron de Richemont, le faux dauphin en qui croyaient Fouché et Joséphine
, ainsi que , peut-être, le baron de Richemont qui semble avoir porté beaucoup d’affection à ce
demi-frère qui portait le nom de Jean
Louis Bourbon .Il avait été emporté par une épidémie de choléra qui sévit
à Paris à cette époque. On a fait de nombreuses hypothèses sur son
identité : il pourrait avoir été le
fils adultérin (elle en eut au moins
trois et, curieusement, le Directoire la contraignit de les reconnaître) de la femme de lettres parisienne Fanny de Beauharnais, née Marie Anne
Françoise ou Fanny Mouchard de Chaban (1737-1813),
épouse de Claude de Beauharnais, et du père du baron de Richemont, le marquis de Bourbon-Conti, à en juger
par les anagrammes dont sont truffés ses pseudonymes. Parmi les nombreux amants de Fanny de Beauharnais,
il nous faut citer les hébertistes Michel de Cubières et Mororo .Lorsque
Jacques René Hébert sera guillotiné, Fanny de Beauharnais sera inquiétée et devra
quitter précipitamment Paris. De là le nom d’Hébert que prendra le faux
dauphin, car Hébert était un agent royaliste, contrairement à ce qu’on croit.
Hébert , qui voulait
instituer durant la minorité de Louis XVII un grand juge , savoir lui-même ou
le maire de paris Pache, tenta un projet d’évasion du dauphin et eut besoin d’un garçon du même âge pour faire
illusion lorsque le dauphin serait exfiltré.
L’enfant qu’on projetait de substituer au dauphin était tout
trouvé : le fils du Prince de Bourbon et de Fanny de Beauharnais, enfant qui
avait été formé pour cela. On invita
celui-ci à entrer dans un cheval de carton que le cocher Ojardias amena du
logement de Simon dans la cour des écuries au Temple pour opérer la
substitution et l’y cacher, mais l’ordre final de Hébert , inquiet pour sa
propre sécurité, n’arriva pas. On a deux
témoignages crédibles de Voisin et de la veuve Ladrée qui ont aperçu ce cheval
de carton. Les témoignages sont cités par Marina Grey dans Enquête sur la mort de Louis XVII, Le prince et le savetier, p.108
dans le chapitre intitulé Le cheval de
carton.
Le projet échoua, mais le garçonnet en garda le souvenir.
Vers 1800, Fouché, ministre de la police, vint trouver Napoléon
Bonaparte pour lui apprendre l’affaire dite du tambour de Belgiojoso. Joséphine de Beauharnais, bien informée grâce à sa grand- tante Fanny de Beauharnais et à Madame Campan, intervient auprès de
Fouché pour qu’il protège ce garçonnet de 14 ans qui avait été condamné pour une
peccadille à un traitement cruel, celui de passer trois fois par les baguettes,
et qui, pour tenter d’y échapper, avait déclaré à son colonel qu’il était fils de Marie-Antoinette. Le colonel l’envoie
à Turin et, en chemin, à Asti, il est reconnu par un Suisse du château de
Versailles, ainsi que par diverses personnes qui avaient séjourné à la cour de
France, notamment, dit-on, à cause d’une cicatrice au bas de la mâchoire gauche
provenant de la morsure d’un lapin blanc que le Prince élevait. Selon son récit,
après être sorti du temple dans un cheval de carton, il aurait été élevé par Madame Fanny de
Beauharnais, se serait rendu à Bordeaux, puis à Bastia où il a appris l’italien. A la mort de son protecteur, il
devient garçon limonadier à Bastia. [Pour certains, ceci est un mensonge :
le cabaretier serait Simon Toussaint Charbonnier,
originaire de Craponne-sur-Arzon, près du Puy-en-Velay en Haute-Loire, où il
tient un cabaret. Il a déclaré « qu’il avait participé à l’enlèvement
de Louis XVII (plutôt du futur tambour de Belgiojoso). Voir Michel Benoit, L’affaire Louis XVII, autopsie d’un secret
d’Etat. p.15l « Ce dernier
aurait «été caché dans la région d’Apinac », près de Montbrison dans la
Loire et non loin de Viverols près d’Ambert dans le Puy-de –Dôme, plus
exactement à Eglisolles. Les
habitants d’Eglisolles racontent qu’un garçon déguisé en fille a été amené au
lieu-dit La Grange chez les Chomette. Il
reçoit le prénom de Blaise et un autre«
frère », Blaise (même prénom) Chomette, né en avril 1797, prendra sa
suite, devenant voiturier comme Ojardias. Ojardias sera assassiné dans les premières années de 1800 dans un
étang à Viverols. La mort de son protecteur n’est-elle pas celle de Genès Ojardias ? p. 105
Ojardias pourrait être le voiturier qui déménagea les
affaires de Simon, des caisses et des paniers de linge, ceci se passant le 5 janvier 1794. Le déménagement de Simon, qui avait été révoqué par Chaumette, a lieu
en direction de son nouvel appartementh, au-dessus des écuries, à l’angle ouest de l’Enclos, près des
cuisines, de la caserne et du cloître, aménagés pour des artisans Là attendait le futur tambour de Belgiojoso
destiné à le remplacer. Pour une raison qu’on ignore, le plan a avorté et,
tandis que le Dauphin restait au temple,
celui qui devait le remplacer prenait la route de Viverols avec Ojardias. . Puis, de Viverols ], il s’enfuit et cherche à gagner Vienne , mais il est enrôlé
dès son arrivée en Italie dans un régiment autrichien, juste avant Marengo (14
juin 1800).
L’enquête affirmera qu’il aurait été le fils d’un militaire, français ou suisse, horloger à ses heures, appelé Dauphin, qu’il s’appelait Jean -Louis Dauphin,dit Bourlon,
en italien Giovanno- Ludovico Delfino,. Selon
Madame Ducassé, il serait né à Marcilly-le- Hayer dans l’Aube près de Nogent-sur-Seine
le 27 août 1786 et le tambour de Mélas serait Jean-Louis Dauphin. Il aurait fait la campagne d’Italie dans le 21e
régiment d’infanterie de ligne. Précisons que le patronyme de Dauphin vient
d’un surnom du Moyen Age signifiant gros, à cause de la taille du dauphin
confondu avec d’autres cétacés comme la baleine. Le comte d’Albon, de Vienne, est surnommé le dauphin (le gros) et donna son nom au Dauphiné, puis au fils du roi
de France dont le Dauphiné est l’apanage à sa naissance.
Ce qui nous
intéresse ici, c’est que Joséphine, sa tante Fanny de Beauharnais et surtout Fouché a cru que Jean Louis Bourlon était le dauphin évadé du Temple. Napoléon
avait dit à Fouché de le faire retenir
dans un lieu secret pour ne pas alimenter la curiosité ou l’espoir du peuple.
Fouché aurait cherché à s’en
débarrasser, mais le
prétendant lui échappe et regagne l’Italie où, en 1810, le général Radet
l’appréhende à Civita Vecchia. Il est devenu alors carbonaro et gagne l’ancienne Slovaquie
et la Hongrie, qui
faisaient partie de l’Autriche.
Une rencontre avec
Werg- Naundorff
L’ancien tambour de
Belgiojoso devient horloger grâce au parrain que lui choisit Fouché , un dénommé Dauphin qui, lorsqu’il mourra,
cèdera son rôle à un franco-luxembourgeois nommé Mondorff , et il a pour compagnon un certain Karl Benjamin Werg, de Halle, apprenti horloger avec lui chez Mondorff.
.Werg empruntera sa nationalité française et son nom de Bourbon à son compagnon.
Il avait pour compatriote à Halle Karl Willellm Naundorff : il lui empruntera son nom afin
d’échapper aux recherches de la police pour son évasion d’un camp de prisonniers des bandes de Schill et
Brunswicg. , même si le nom de son maître, Mondorff, l’a inspiré également. C’est
sous le nom de Naundorff que Werg prête serment, en 1812, comme bourgeois de Spandau et c’est sous ce même nom de Naundorff qu’il exerce son
activité d’ horloger en 1827 à Brandebourg,
En somme, selon
moi,le chemin du pseudo- Naundorff, alias Werg,
a croisé celui du tambour de Belgiojoso , qui signait Louis Bourbon, ce qui
a donné à Naundorff l’idée de s’identifier à lui et de se dire Louis XVII : à la prison de
Brandebourg, il signe Ludwig Burbong,alors
qu’ en réalité son nom de baptême
était Werg , protestant et bourgeois. Nous avons,
grâce aux recherches de Gerorges
Pinet de Manteyer à qui il faudra
toujours revenir (Les faux Louis
XVII, le roman de Naundorff et la vie de Carl Werg, tiré de 700 pièces d’archives, 1926,2 volumes, plus de 1000 pages), la trace de Werg dans les bandes de Schill et Brunswick, de sa
condamnation au bagne de Toulon (après laquelle seulement il prendra le nom de
Naundorff) et de son évasion. C’est au
bagne de Toulon que, se faisant passer pour le dauphin, il rencontre Claude
Perrin, né à Lagnieux le 31 décembre 1786, incorporé en 1806 dans le 3e bataillon, 4e
compagnie, condamné à la peine de 5 ans de fers par le tribunal spécial de
Bologne pour fabrication de faux bons de pain .La police, lorsqu’elle trouve
l’identité de Perrin, la rapproche de celle de Richemont alors que c’est du
prétendant Naundorff qu’il aurait fallu la rapprocher. Claude Perrin lui aussi
s’évade du bagne, avec l’aide de son frère Joseph. L’identité de Werg et de
Naundorff est confirmée par Naundorff lui-même, car il a raconté dans les termes que voici ses aventures
dans un récit dicté en 1824 au greffier
du tribunal de Brandebourg, récit certes
égaré mais conservé par Otto Jork (texte intégral de la seconde déclaration,
dans Decaux, Louis XVII retrouvé,
Naudorff roi de France, p. 131) : « Une nuit, je fus réveillé) [en France] par mon père
nourricier
( Mantorff ? )[altératon de Mondorff ] et je vins en Allemagne.. C’’est
de lui qui, pour passer le temps, s’occupait d’horlogerie, que j’appris ce
métier. Après beaucoup de détours, j’arrivai à la frontière de Bohême [en Slovaquie] et j’entrai comme officier dans l’armée du duc de Brunswick- Oels, qui avait obtenu
connaissance de ma condition.. En 1810, à la tête d’un détachement de 25
hommes, je pris part à une escarmouche [contre les Français] près de Dresde, et
mes gens furent en partie tués, en partie faits prisonniers. Je fus moi-même grièvement
blessé et tombai en captivité. Les troupes françaises m’escortèrent avec les autres prisonniers,
mais me laissèrent à Magdebourg, parce que j’avais une fièvre nerveuse. Avant
que je ne fusse complètement rétabli, on nous embarqua pour la France [le bagne
de Toulon]. Là je réussis avec un certain
Friedrich à m’échapper par un caveau
qui se trouvait dans une église où on nous avait mis pour nous
reposer. Nous allâmes alors tout droit à Berlin pour y entrer dans l’armée
comme hussards .A cause de ma qualité d’étranger [de Français], je ne fus pas admis, mais le Président de la
Police Le Coq me permit de m’établir comme horloger et je m’établis
Schützenstrasse n°52..Un an après, j’allai à Spandau où je séjournai jusqu’en
1822 Signé Ludwig Burbong »
Dans une première déclaration, il avait déclaré qu’on lui
avait volé à Dresdes les titres établissant son identité et qu’il avait été
fait prisonnier par les Français.
Le dénommé Friedrich pourrait être notre ancien tambour de
Belgiojoso.
L’ancien tambour à
Budapest en 1815
L’ancien tambour aimait vagabonder : il quitte la
Prusse pour la Hongrie si bien que le 3-09-1815, on a l’acte de naissance d’une
Marie Antoinette de France , Marie Manczer,
paroisse de Saint- Benoit de Hron au nord de Budapest, ville de Erzergom. Dans les observations en
marge de l’acte, il est porté en latin : «le nom de famille et le nom de
baptême du père sont secrètement [recte ne veut rien dire et doit être
corrigé en secrete] ceux de Louis Charles Bourbon, prince de la Couronne
de la France sauvée, selon les
annotations secrètes des archives du monastère forteresse (de Hron).»
Le sort ultérieur de
l’ancien tambour (1818-1824) sous le nom
de Bourlon ou de Bourbon à la prison de Milan.
Il a été aperçu à Arles le 21 juillet 1819, à Marseille le
22 juillet 1819 (il y laisse ostensiblement un couteau marqué Louis XVII, puis
en Corse à Bastia à nouveau. Il se rend à Ancône, d’où il prend la route de
Parme en passant par Forli et Bologne. Il couche dans le hameau de San
Benedetto del Quercote, près de Bologne et le 12 avril 1818 y est arrêté,
transféré le 25 août 1819 à Modène, puis à la prison de Milan où Silvio
Pellico l’apercevra. Ce dernier nous dit qu’il a des idées anticléricales (ce
ne peut donc être Richemont).
Dès 1818, Metternich
dont dépendait la prison de Milan s’énerve d’avoir à payer pour l’entretien
d’un prisonnier à qui l’Autriche n’a
rien à reprocher .Aussi réclame-t-il avec insistance que la France
rembourse les frais et prenne en charge ce prisonnier, menaçant de le
libérer ! 34 lettres sont échangées à son sujet. Voici qui ne fait pas les affaires de Louis XVIII. Le 23
mai 1823, Vienne reçoit du Ministère de
l’Intérieur parisien un avis avec dans
la marge à gauche « Il est
extrêmement désirable que le gouvernement autrichien puisse garder Bourlon le
plus longtemps possible afin d’éviter à la France un procès scandaleux »
avec une information officieuse selon
laquelle Bourlon (adaptation de l’italien burlone, imposteur) était le
vrai dauphin. Le marquis de Nicolaï et l’abbé Perreau , cités par Mme J.
Ducassé , op. cit, p.208, avaient reçu séparément du Comte
Bolza, intendant général de la police de Lombardie,la confidence que le prisonnier de Milan était le dauphin .A l’approche de la libération, Richemont qui ignorait alors l’identité
réelle de son demi-frère reçut la mission de servir le roi en devenant
prisonnier volontaire à Milan de façon à pouvoir se substituer au tambour de
Mélas Voici qui explique pourquoi Louis
XVIII ne lui a pas, le 29 avril 1824, délivré de lettres patentes constitutives de ses titres
de noblesse comme à son cadet puisqu’il le croyait prisonnier à Milan.
Le but de la mission secrète du baron
Le prince, comme la Société secrète, était persuadé de
l’évasion , de la survivance de Louis
XVII et de son identité avec le Bourbon
de Milan. Mais, pour eux, Louis XVII n’était qu’un bâtard issu de Fersen et
capable de l’ignominie d’accuser sa mère d’attouchements sexuels. Richemont devait donc l’éliminer du trône, sans le tuer,
de façon à assurer la sécurité du trône de Louis XVIII, puis de Charles X et
éventuellement du Comte de Chambord. Le
baron de Richemont est naturellement très opposé à Louis - Philippe,
« l’infâme régicide », comme il l’appelle, par allusion à son père
qui avait voté la mort de Louis XVI.
Richemont lui aussi a cru au début, à cause des yeux bleus
entre autres, que le prisonnier de Milan
était le vrai dauphin. Les ordres étaient de le neutraliser à son inévitable libération
de prison. Pour cela, une solution consistait à se faire emprisonner
lui-même à Milan, mais une seconde consistait , plus humainement , à capter la confiance du carbonaro et à lui
donner de nouveaux ordres. C’est la seconde solution que, selon moi, choisit
Richemont, faisant jouer pour la
rencontre et la libération du carbonaro son cousinage avec le duc d’Este- Modène
, -ce qui lui permet peut-être d’apprendre de lui qu’il n n’est pas le dauphin,
malgré ses yeux bleus.. . Au procès de Richemont où sont convoqués Silvio
Pellico et le Français Andryane en tant que témoins de ce qui s’est passé à la
prison de Milan où ils ont tous deux été
emprisonnés, Andryane déclare [Madame Ducassé , op. cit. , p.127] :
« L’accusé [Richemont] donne des détails qui ne peuvent avoir été connus
que d’un prisonnier ».A quoi l’avocat général réplique : « Ou d’un homme qui les tiendrait d’un
prisonnier et qui aurait intérêt à bien les connaître…. » Andryane
réplique : « Non, Messieurs, il faut avoir été là, renfermé dans le
local, et ma conviction que l’accusé est le prisonnier de Milan est pleine et entière
(profonde sensation). »Mais nous croyons qu’il se trompe.
Sous le nom d’Hébert, qu’il donnera ensuite au prisonnier de
Milan, le baron s’installe à Toulon d’où
il écrit à Milan à l’ancien tambour de
Belgiojoso. Selon Madame Ducassé, op. cit. p.79, dans le dossier de Milan, se trouve une
lettre de Bourlon (l’ancien tambour) à Rastouin,un tanneur chez qui loge le baron à Toulon, où il dit qu’à sa libération il se retirera à
Toulon. A sa libération en 1824, il
s’est rallié au baron et, devenu aussi Henry Hébert, apparaît le 5 décembre 1825, maigre et fatigué, à Genève à l’arrivée de la diligence de Milan Le
baron y a pris le nom de M. Julienne,
hôtelier. . L’ex-prisonnier se rend à Toulon comme annoncé, puis à Rouen.
Le Bourlon emprisonné
à Milan, savoir Giovanno- Ludovico Delfino,
avait aussi comme pseudonyme Aldo Cardoni.
Explication de toutes
ces anagrammes du prisonnier de Milan
Bourlon vient
entre autres de l’italien burlone,
farceur, mystificateur, cf burlesque et le mot est paronymique de Bourbon.
On retrouvera les
lettres de carbonaro, Delfino ou Dauphin, Ludovico (Louis) et Jean dans les trois pseudonymes
anagrammatiques de l’ancien tambour de Belgiojoso, Aldo Cardoni, Bourlon, Henry Hébert.
Pour Bourlon, outre la paronymie évidente avec Bourbon,
on retrouve le b
et le on ro de carbonaro (comme pour onro dans Cardoni) et le l de Ludovico
ainsi que le u.
Aldo Cardoni est l’anagramme de carbonaro, membre d’une société secrète puissante
en France comme en Italie, visant à l’unité italienne et hostile au pape à
cause de ses Etats Pontificaux notamment. Le double
d est pris à Delfino , ou Dauphin, et à
Ludovico. Dans Aldo
Cardoni le 2e do et
le l de
Ludovico sont aussi utilisés.
Quant à Henry Hébert,
dont le baron de Richemont s’était aussi
servi à partir de Adalbert, nous y retrouvons le b , le n et
le r de carbonaro ; le e,
le n, le i
(=j) de Henri sont peut-être pris à Jean
.
Le carbonaro et le baron de Richemont se confondent souvent,
sous le pseudonyme de Henry Hébert, dans l’affaire du procès de Rouen et
surtout à Toulon, initiés tous deux dans des loges.La différence de couleur
d’yeux dans les signalements ne semble pas être déterminante, ayant pu être
modifiée.
1 Toulon et les loges
maçonniques.
Henry Hébert (Adalbert), de Genève, passe par Ferney et se dirige vers Toulon où
les amis francs-maçons du baron l’accueillent. Puis il accompagne le baron en Normandie où il monte une
verrerie qui fait faillite.
Dans sa région
natale, le baron consulte les archives des procès des deux faux dauphins,
Charles de Navarre et Hervagault. En 1828, le baron se rend à Paris et fait paraître en 1831 deux
ouvrages, éditeur Labreli de Fontaine., imprimeur David Boucher [Lemaistre], les Mémoires du duc de Normandie.Au Luxembourg le baron fait paraître
une proclamation qui est saisie. Il voyage à Besançon, en Belgique, aux
Pays-Bas.
Mais il s’est aussi installé à Toulon où il loge chez un tanneur, Rastouin. .Il obtient le 32e
degré d’une loge maçonnique, les Vrais
amis d’Egypte, qui succède à une loge militaire et qui ne relève pas du
Grand orient, mais d’une société secrète initiatique, les Chevaliers de la Foi
localement appelée Ordre des Aga (dignitaires égyptiens) ou Ordre de Toulon. .Il
fait admettre aussi son compère le
carbonaro dans deux autres loges toulonnaises, la Réunion de Toulon et les Sept
Ecossais Réunis, cette dernière dépendant du Grand Orient parisien.
2 Rouen et le procès
du baron de Richemont
La déclaration de Lasne,
op. cit. p .128
M. Lasne, peintre en bâtiment, est appelé à déposer
: « J’ai été préposé à la garde du dauphin en
fructidor an III (est-ce une erreur pour le 31 mars 1795, soit le 11 germinal ? Fructidor
donnerait le mois de septembre. ). J’ai remplacé Laurent [celui-ci, le 29 mars 1795, quitte le Temple]
qui laissait l’enfant dans l’abandon le plus complet et dans un état de saleté
extraordinaire. L’enfant tomba malade [le 6 mai, il était tuberculeux]. Je
demandai un médecin. Le système (régime) du médecin a duré huit jours ; au
bout de ce temps [Ier juin], ce médecin (Desault] est mort (le 13 floréal). M.
Pelletan fut appelé [le 5 juin] ; on suivit le même régime et l’enfant est
mort dans mes bras au bout de quelques jours.[le 8 juin].
Le Président :
Avez-vous causé avec l’enfant ?
Lasne : Tous
les jours.
Le Président :
Sur quels objets ?
-Lasne :
Jamais que sur des sujets sérieux et graves. Ces conversations ont laissé des
souvenirs profonds chez moi. Jamais il n’entamait la conversation. Il avait
beaucoup d’intelligence ; je surprendrais l’auditoire si je voulais dire
ce qu’il disait. Je le promenais tous les matins sur la terrasse et je le
tenais par le bras parce qu’il avait une tumeur au genou gauche. Il fallait
monter trois étages pour le voir après être passé par un poste de 30 hommes.
Le Président :
On prétend (le romancier Regnault) que c’était un enfant changé et qu’on a
apporté l’enfant que vous soigniez dans un cheval de carton dans lequel on
avait remporté l’autre.
Lasne : Tout
cela est un système de faux. J’avais été
à même de connaître le dauphin ; j’étais soldat dans les gardes françaises
à la 4e compagnie. Je fus nommé capitaine et quand je montais aux
Tuileries, j’apercevais M. le Dauphin. »
Lasne a accepté que
madame Atkyns voie l’enfant contre argent, puis a reçu de l’argent pour le
faire évader. Grâce à l’inventaire de sa succession (op. cit., p. 144, note32) Etude XXVIII, 17 août 1841, nous savons
qu’il possédait de nombreuses montres en or et des kilos d’argenterie qui ont
été inventoriés (op. cit. , p. 144, note 32), ce qui surprend pour un peintre en
bâtiment qui fut aussi gardien au Temple. Mais il renonça à le faire
évader à cause de son état peut-être :
il était au 3e étage, il devait passer devant un poste de 30 hommes.
En tout cas il garda l’argent de Madame Atkyns.
La rencontre du baron
de Richemont et de Madame Atkyns, op.
cit. p.138
Madame Atkyns ayant vu l’enfant roi au Temple voulut voir aussi
le baron de Richemont, ce qui ne faisait pas les affaires de celui-ci. Il prit
une attitude froide et réservée au cours de la rencontre et il essaya plus tard
de la justifier dans une lettre à Madame Atkyns : la présence
« d’Ems », un indicateur de police, aux côtés de Madame Atkyns, l’oblige, prétend-il, à la réserve « C’est assez pour me
forcer à une réserve que j’eusse bannie loin de moi dès les premiers jours (du
procès) , puisque je retrouvais en vous une connaissance de plus de 40 ans ;
que je ne pouvais voir que la femme généreuse
qui n’a pas craint d’exposer sa vie pour sauver celle de mon infortunée
reine et mère ; qui a fait d’énormes sacrifices pour m’arracher moi-même
des mains de mes farouches bourreaux… , qui, me
croyant en prison (à Milan,ce qui prouve qu’il n’y était pas !) en 1818, voulait m’en arracher, à
quelque prix que ce fût ; qui, enfin, me retrouvant dans les fers (en
1834, à Sainte- Pélagie, après le procès de Rouen), n’a pas craint de tout
braver pour arriver jusqu’à moi. Pourquoi m’avez-vous trouvé si réservé,
quoique nous nous fussions mutuellement bien reconnus (allusion à leur entrevue-
imaginaire- au Temple) ? »
L’évasion du baron
Grâce entre autres à l’ancien tambour de Belgiojoso, le
baron s’évade à quatre pattes dans un tunnel qui menait dans un quartier désert :
les arènes de Lutèce.
Le cimetière
Sainte-Marguerite (voir Philippe Delorme, Louis XVII, La vérité, Sa
mort au temple confirmée par la science, 2000).
C’est là que les restes du Dauphin furent transportés dans
la fosse commune. En 1816, Louis XVIII entreprit une recherche afin de
transférer les reliques dans la basilique royale de Saint-Denis, mais il
l’abandonna, persuadé qu’elle n’offrait aucune certitude. L’enquête alors menée
est intéressante. Elle est racontée par B.
Chantelauze dans Les derniers
chapitres de mon Louis XVII, découverte des ossements du Dauphin en 1846 dans
le cimetière Sainte-Marguerite, 1887,
plaquette de 76 pages. On interrogea notamment la veuve du fossoyeur Pierre Betrancourt , surnommé Valentin
, qui avait enterré dans un cercueil de sapin
le petit prince et un ami intime du fossoyeur, nommé Decouflet, bedeau
de la paroisse des Quinze-Vingts., mais sans pouvoir retrouver à l’époque Lasne, « le plus important des
témoins »..La veuve Betrancourt indiqua que , peut-être la troisième nuit suivant l’inhumation, son mari retira le
corps du petit prince de la fosse commune et le transféra , toujours dans sa
bière de sapin, dans une fosse
creusée « partie dans le mur
de fondation, partie dans le cimetière, à gauche de la la porte de l’église, du côté de l’autel de la communion,
mais que son mari ne lui avait pas montré au juste l’endroit. »
Un seul homme
pouvait leur donner, dit-elle, des renseignements plus précis, le sieur Decouflet. Celui-ci leur raconta qu’en
1802 Bertrancourt, en creusant environ deux pieds en terre le long du pilastre gauche de la porte de l’église en entrant par le
cimetière, mit à découvert une
pierre du mur de fondation… et lui
fit remarquer à la surface une croix de deux à trois pouces sculptée au
marteau. »
« Tu vois cet endroit ?lui dit-il en exigeant le
plus grand secret, on y fera quelque jour un monument, car il y a dessous le cercueil du Dauphin. » Il
ajouta qu’il avait l’avait retiré de la fosse commune et l’avait mis en sûreté
en ce lieu. »
Les commissaires de
Louis XVIII préférèrent se fier à la veuve du fossoyeur et en 1846 c’est là, « partie dans le mur de fondation, partie
dans le cimetière, à gauche de la porte
de l’église, du côté de l’autel de la communion », que fut trouvé le
cadavre présumé de Louis XVII jusqu’aux analyses de 1979 qui démontrèrent le
contraire.
En 1837, l’abbé Raynaud, vicaire de Sainte-Marguerite depuis
1803, révèle , dans une lettre à
Beauchesne, que Betrancourt avait
recherché la bière nuitamment : pour mieux la reconnaître, il avait
soulevé une des planches du cercueil
mal cloué,( donc un cercueil en bois) et avait vu la tête d’un enfant dont le
crâne avait été scié(mais il devait y en avoir beaucoup d’autres dans cette fosse
commune). Il creuse une fosse sous la
porte du cimetière donnant dans la
chapelle de Saint-Vincent-de –Paul et y enfouit la bière du jeune prince, après avoir formé, sur la planche supérieure de cette bière, une croix de Malte avec des
lattes.
Voici la version de Pelletan, vers 1815, venant de Betrancourt, op.
cit. p.143 : « à
droite, auprès de la petite porte qui donne dans l’église, sous une avance que
formait une des pierres de fondation du pilier de l’église voisine. Un tiers du
cercueil était sous cette pierre, et le reste, couvert de terre, à une assez
grande profondeur : on y avait même placé une petite croix. »
Après les fouilles de 1846, les restes furent enterrés
derrière la Chapelle des Ames du purgatoire, près de la tombe de M. Dubois,
l’ancien curé de Sainte Marguerite.
En 1979, les docteurs Huard et Grnek, sous la direction du
docteur Pierre Thillaud, analysèrent les restes
présumés du squelette de Louis XVI trouvés en ce dernier lieu et en conclurent qu’il ne s’agissait ni de l’enfant mort au Temple ni non plus de
celui qui fut autopsié, confirmant les doutes de Louis XVIII et ceux d’un des médecins qui avait procédé à l’examen
de 1846. Le docteur Thillaud conclut : « les chances de retrouver un jour les restes du corps de louis
XVII sont pratiquement nulles. »
Qu’en déduire ?
La femme de Betrancourt s’est trompée. Mais
en 1800, le général d’Andigné alors
prisonnier a u Temple écrit dans ses Mémoires, cités, P. 180, par Marina Grey dans Enquête sur la mort de Louis XVII, que ses
compagnons creusèrent dans le fond du fossé dans la cour du Temple afin de trouver de la bonne terre et de faire
un jardin. Ils aperçurent « le corps d’un grand enfant qui avait été
enterré dans de la chaux vive. Un corps isolé, enseveli danscelieu, et avec des
précautions aussi inusitées, nous donna àpenser que nous avions trouvé les
restes de Monseigneur le Dauphin, mort dans la tour du Temple.Les chairs
étaient e ntièrement détruites, il ne restait plus que le squelette.Un de nous
détacha un petit os qu’il désira conserver comme une relique.Le corps fut
recouvert respectueusement et nous évitâmes d’en approcher
davantage.Fauconnier(le gardien) se trouvait là au moment où j’allais visiter
le squelette. :
« C’est là, nécessairement, monsieur, lui dis-je, le corps
de Monseigneur le Dauphin ? »
Il parut un peu embarrassé de ma question, mais répondit sans hésiter :
« Oui, Monsieur. »
Ceci est confirmé par une note du policier Senar, confiée au
baron de Batz et transmise par celui-cià l’historien Eckard : «(Louis XVII)
n’a été ni tué ni déporté… On avait caché le cadavre, près d’une tour, en
terre. »
Il est peu probable
qu’on puisse retrouver l’endroit, étant donné les modifications faites en 1979
sous les auspices de la commission du Vieux
Paris.
L’ADN du cœur du dauphin
autopsié au Temple
Le seul espoir consiste
donc dans les restes de
l’autopsie : quelques mèches de cheveux blonds données par Pelletan à Damont, officier municipal
présent à l’autopsie (op.cit, p. 117)
sous promesse d’en recevoir lui-même la moitié (que Pelletan offrit ensuite à la duchesse d’Angoulême) et
se trouvant aujourd’hui à Pontoise (op. cit,
p.115), op. cit., p . 136, ainsi
qu’une tache de sang du dauphin provenant de l’autopsie sur l’original du PV de
l’autopsie. Mais c’est surtout le cœur du
dauphin, subtilisé lors de l’autopsie par le docteur Pelletan et conservé par
lui dans une urne de cristal, qui « peut parler ». En 2000, le professeur Cassiman op.cit (p. 94). analyse un échantillon
du cœur et le compare à l’ADN mitochondrial de mèches de cheveux de Marie-Antoinette
et de ses deux sœurs. Une variante dans la séquence de l’ADN du cœur, retrouvée précédemment aussi
chez Anne de Roumanie (sang), et chez son frère, André de Bourbon -Parme
(cheveux) renforce encore la probabilité que le cœur est bien celui du dauphin.
.C’est ainsi que l’ADN du cœur du dauphin, malgré ses
tribulations, a pu être comparé avec l’ADN d’une mèche de cheveux de sa mère et
confirmer leur parenté. L’ADN de
Naundorff a été analysé lui aussi et n’a présenté aucune parenté avec celui des
Bourbons. Renan disait : « A quoi bon tant chercher la vérité ?
A la fin, la vérité est peut-être triste. »
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