jeudi 2 août 2018

ÉNIGME DE STONEHENGE ENFIN DÉVOILÉE !


 L’ENIGME DE STONEHENGE ENFIN DEVOILEE !

On a récemment découvert une structure circulaire en Allemagne près de Magdebourg, analogue à celle de Stonehenge et presque contemporaine, mais  en bois.  
Alors que Stonehenge date de  -2800 à -1100 av J. -C., la partie la plus vieille de ce site allemand  a été  élevée dès le troisième millénaire entre - 2321 et -2211 avant notre ère. « L’enceinte aurait été exploitée de façon ininterrompue jusqu’à son démantèlement autour de - 2050 avant notre ère. "Pömmelte a été ensuite utilisé de manière plus sporadique entre -1636 et -1488 avant notre ère", précisent les anthropologues. Sept cercles concentriques, 115 mètres de diamètre !  Ce qui  porte à 250 le nombre de ces structures circulaires, qu’on les appelle henges ou cromlech, découvertes en Europe et prouve que Stonehenge  n’est pas unique en Europe. Il doit être admis d’abord  que le bois était le matériau qui fut d’abord utilisé. C’est ce que démontre d’ailleurs le nom de ces alignements  circulaires, en grec phalanks, qui désignait d’abord un tronc d’arbre, comme son dérivé gréco-latin halterès, génitif pluriel halterôn, métathèse de  (p)harantk , halta+ suffixe en èr,  haltère ou bâton , dont se servaient danseurs et gymnastes .  Frazer, op. cit, vol.  III, Esprits des blés et des bois, p. 26,  écrit du « Dionysos de l’arbre » que « son image n’était souvent qu’un poteau planté en terre, sans bras  », imitant très grossièrement  l’arbre fruitier , ici le cep de vigne, qu’il s’agissait de faire pousser par sympathie. 

A  quoi, d’abord, rébord un tronc d’arbre ; pondent  les menhirs en général? La fonction première du menhir : c’est d’être un catalyseur magique de la percée végétative.
James George Frazer, dans Le Rameau d’or,  Balder le Magnifique, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol., vol .4,   p. 98, donne cet exemple : « Dans plusieurs parties de la Bavière, on pensait que la hauteur des tiges de  lin dépendrait de celle des sauts des jeunes gens. » A Vanuatu, sur l’île Pentecôte, le spectaculaire saut du gaul , mot qui signifie plongeoir,  qui est toujours pratiqué malgré les accidents mortels et qui consiste  à sauter du point le plus haut, est censé faire pousser d’autant plus profondément les tubercules des ignames  que le saut aura été accompli du plongeoir le plus haut. En Nouvelle-Calédonie existaient aussi  de précieuse pierres à ignames et pierres à taros, sur lesquelles les sorciers canaques faisaient encore, il n’y a pas si longtemps, leurs  conjurations secrètes pour les prémunir contre les  maladies et pour les faire pousser au mieux. Ces pierres à ignames ou à taros étaient les équivalents en miniature de ces  pierres  pour le  sésame, le millet, le sarrasin,    le seigle ou le blé qu’étaient  les  menhirs de Bretagne, nom qui vient de Iberi-tania, le pays des Ibères, créateurs des menhirs en liaison avec l’invention de l’agriculture ( les Ibères comprenant la tribu des Boïens).  Dans le nord de la Nouvelle-Calédonie, à Arama,   il existe même une quarantaine de petits menhirs dépassant du sol de 60 cm environ : comme les plongeoirs de l’île Pentecôte,  ils sont censés favoriser magiquement la croissance  des cocotiers. 
  On retrouve en France des  restes analogues  de cette  superstition.  Nos épis de faîtage au nom révélateur reposaient sur la même croyance que, grâce à ces talismans placés en hauteur,    les récoltes croîtraient aussi haut que  ces ornements. L’érection d’un menhir avait ainsi  pour but de mimer analogiquement la pousse  du sésame ou de quelque  autre céréale,  de la stimuler et de la favoriser par magie imitative. Frazer, op. cit, vol.  III, Esprits des blés et des bois, p. 26,  écrit du « Dionysos de l’arbre » que « son image n’était souvent qu’un poteau planté en terre, sans bras  », imitant très grossièrement  l’arbre fruitier , ici le cep de vigne, qu’il s’agissait de faire pousser par sympathie. 
Le nom des menhirs est souvent d’ailleurs révélateur de cette  destination agraire. Ainsi, grâce à  l’auteur latin  d’un Traité d’agriculture, Res rusticae (I, 48,3,    Varron , au Ier siècle avant  J.- C, nous avons conservé le nom, indéclinable, de la pointe de l’épi sans sa balle, qui est  frit. La Pierre Frite, ou Fitte avec ou sans  le suffixe –ske  marquant le commencement, était  la pierre en forme d’épi naissant.
Du nouveau sur l’évolution des menhirs grâce aux fouilles de Klaul Schmidt à Göbekli en Turquie et à son livre.
L’Allemand Klaus Schmidt  a exécuté les fouilles de Göbek-li de 1995  à sa mort en 2014 et a fourni  le récit de ses recherches dans Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations. Selon lui, c’est le plus ancien temple de l’humanité, et il daterait d’environ -10000 ans av.  J. C.  ; pour nous, c’est l’apparition de curieux menhirs en T ou en marteau qui portent à leur sommet une dalle horizontale d’un seul élément. . D’autre part, grâce à l’ADN végétal, on a pu  remonter à l’origine des céréales d’Europe,et à leur domestication  il y a  quelque 12000 ans : il poussait à l’état sauvage  une sorte d’engrain (mot venant de un grain,  tandis que l’escourgeon  a deux grains et l’orge quatre) , qui est ,  encore aujourd’hui , présent à l’état sauvage dans la province de Sanliurfa , là où se trouve le sanctuaire de Göbekli Tepe (tepe, de tepe,en tokharien étant l’équivalent du  latin templum ,de teplom, avec infixe nasal, de l’irlandais tamnahim , du grec tetmèka,  parfait de temnô,  délimiter,  temenos ) et signifiant sanctuaire. Or, l’ADN  nous révèle  que cette plante sauvage, la sorte d’engrain   qu’on y trouve, est l’ancêtre de 68 céréales contemporaines, dont le sésame préhistorique de Carnac ! J’ajouterai volontiers : comme les menhirs en marteau du lieu sont les ancêtres des menhirs de Minorque aux Baléares, où on les appelle taula , et de Carnac.
 Il est séduisant, en effet, de rapprocher ces menhirs en  marteau de Göbelki en  Turquie  des menhirs appelés taulas  à Minorque  qui portent eux aussi une dalle à leur sommet, même si celle-ci ne forme pas avec le fût du menhir un seul élément comme à Gôbekli. «  Identité de style », reconnaît l’Internet.  Mais « c’est un peu court, jeune homme . »
Le mot taula   ne vient pas de tabula, la table, même si les partisans de cette hypothèse invoquent le nom catalan de ces menhirs, mesa, qui, en espagnol,  signifie certes la table, mais qui, ici, vient du latin messis, avec changement de terminaison comme dans le français moisson, savoir messa, moisson, récolte, ce qui nous ramène à l’origine agraire des menhirs et à leur vertu magique fécondante. En réalité, taula vient d’un mot  parent du grec stelea, de stelewa,  stolea, latin stolo, drageon, rejet, cf .  (s)t(ip)ula , tige, donnant stèla,stèle) et désigne justement à l’origine  le manche d’un marteau , donc renvoie bien à l’origine des menhirs.
 L’historien grec du VIe siècle Hérodote (IV, 94),   nous a conservé  le nom de la déesse Gebeleïdzis (où l’on reconnaît Göbekli avec un suffixe de féminin –dzis.   C’est une déesse dont on a la variante thrace Zamolxis, avec prolepse du z : de gembolg(oï)- dzis  
Göbekli en Turquie et  Gebelg-ol  sur un ’îlot englouti près de Malte signifient le sanctuaire de la Jument divine, savoir un avatar de Cérès, et göbelkl est parent du grec kobalos, en latin cavallus, de kabalkos, qui nous a donné le français cheval. Or, phénomène de conservation très remarquable, c’est le même nom que nous retrouvons dans le nom d’un menhir en marteau de Minorque aux Baléares : Cavalleria, de Cavalk [pour le k, cf.  le piémontais cavalcada, cavalcade] +morphème de féminin i + ibéro-basque herria, pays, soit le pays de la déesse  Cérès. La jument  ou plutôt la déesse Cérès , en grec Perséphone , en latin  Proserpina , est associée aux céréales et aux menhirs, si bien qu’ on retrouve ce radical désignant  la Jument, gabar-, dans des noms de lieux préhistoriques riches en mégalithes  comme Gavarni ou  l’îlot Gavrinis en Bretagne. 
Le grand secret des menhirs, ou  la problématique fondamentale de la représentation du blé ancien et du blé nouveau dans les  menhirs  et ses diverses solutions.
Voltaire a raillé ce qu’il appelait l’ignorance botanique du Christ lorsque celui-ci déclare dans Jean  12, 24: « si le grain  de blé qui est  tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Pourtant,  le Christ se faisait là l’écho d’une croyance populaire universelle à l’époque: le grain ne pouvait germer que s’il mourait d’abord !
Il faut donc que la mort du grain, condition  préalable de tout,  soit symbolisée, d’une façon ou d’une autre, dans le menhir qui représente la germination du grain.
 Frazer (op. cit, vol.  III, Esprits des blés et des bois,  p. 143) a distingué deux sortes de blé : « Isis et son compagnon Osiris [sont] deux personnifications du blé …. Isis serait l’ancien esprit du blé [ce que j’appelle la mort du blé préalable à sa germination],  Osiris serait le nouveau [le blé à germer]. » Par ancien esprit du blé, Frazer,  entend qu’il est immanent au blé, tandis que, pour l’esprit nouveau, il est extérieur au blé, même s’il lui est encore  lié. Les Grecs identifiaient Isis à Dèmèter et Osiris à Perséphone et les Romains à Cérès et Osiris à Proserpine. Frazer, dans op. cit. , vol .2,  Atys et Osiris,  p. 471, cite Diodore de Sicile (I, 14, I) qui, résumant les travaux aujourd’hui perdus de l’historien égyptien Manéthon, attribue à Isis la découverte du blé et de l’orge. « On portait en procession à ses fêtes des tiges de ces céréales pour commémorer le don qu’elle avait fait aux hommes. Les Egyptiens, quand ils coupaient les premières tiges, les posaient sur le sol et se frappaient la poitrine en se lamentant et en invoquant Isis. On a déjà expliqué cet usage, continue Frazer, comme une lamentation en l’honneur de l’esprit [ancien] du blé, tombé sous la faucille. »
Les solutions :
On connaît la solution de Gobekli ou de Minorque aux Baléares: placer sur le fût du menhir une dalle symbolisant le blé mort, en attente de sa  germination. De même à Stonehenge ou à Durrington .

L’évolution des  menhirs depuis Gobek-li jusqu’à l’Eure-et-Loir  et la Grande-Bretagne : les menhirs en forme de marteau  se joignant  dans des cercles ou crom-lechs et se divisant en leurs deux parties , le manche et le linteau.
La forme primitive du menhir  telle qu’elle apparaît à Gôbekli ou à Malte et à Gozo,il y a quelque 12000 ans, était celle d’un fût surmonté d’une dalle horizontale. On la retrouve notamment aux Baléares, à Minorque.Une structure circulaire lui est très tôt associée.
A Göbekli Tepe, vers 9600  avant J. -C, on a déjà  des enclos circulaires de « menhirs » en tau , surmontés d’ une pierre horizontale dépassant de chaque côté, qui symbolise par son horizontalité le dieu  du  grain mort afin de renaître, Sabazios ou Zagreus. Un cas d’évolution sémantique surprenant nous est donné par le latin populaire tutaree,  protéger, conserver,  mettre (le grain (sous terre  à l’abri des rongeurs et des oiseaux) ,enterrer (le blé), verbe  qui , en français,  a donné tuer au sens de faire mourir et a laissé l’étonnant  doublet tuteur et tueur.. .A Göbekli, Tepe,  il s’agit  d’un « cromlech » où les menhirs en tau, juxtaposés, sont prêts de se rejoindre comme ils le feront plus tard, vers  -2800,  à Stonehenge. Le second élément de Stone -henge  est, d’après Christopher Chippindale, dans son Stonehenge Complete , un mot signifiant potence, gibet, savoir en vieil anglais hen (c) en, plus tard rapproché à tort  dans l’esprit populaire du nom courant  du dolmen, stone hung, pierre suspendue. Hengen  doit être rattaché au grec phalang- qui, à l’origine, signifiait poutre, cf  vieux- hau- allemand balcho, poutre, tronc, bois , rangée d’arbres ,  et  en grec même, l’alignement, (que ce soit de gibets ou de menhirs en marteau disposés en cercle) la ligne droite ou circulaire. Son application aux lignes circulaires se retrouvedans le sens de fil ou de  toile d’araignée, grec arâchnion, de arak’snion, de pharakn- latin araneum,  puis d’araignée venimeuse en grec, cf. latin arânea , grec arâchnè, qui dérivent de phalang-.En tout cas, c’était le nom  de  ces curieux linteaux  comparables à ceux de Göbekli Tepe et analogues au tau égyptien, symboles de mort surmontée, de résurrection et de vie, qu’on retrouve à Malte en -5000.
A moins de 3 kilomètres de Stonehenge, sous le sol, à 1 mètre de profondeur, on vient de découvrir   un autre  site, celui de Durrington , de the hengen stone, , riche de 200 menhirs en cercle et antérieur, pense-t-on, au cercle de « pierre de sarsen  » avec ses 30 linteaux et 30 monolithes, daté de  -4500.
  La disposition en cercle des menhirs est peut-être inspirée  des ces « ronds de sorcières » qui, en une nuit, apparaissent soudain sur les prairies et donnent une  preuve de la fécondité de la nature ; ils sont composés de champignons souvent comestibles, mais l’imagination populaire, stupéfaite devant la régularité  du cercle et la soudaineté de son apparition, y voit l’œuvre de forces souterraines.
Quel était le but de cette disposition circulaire qui apparaît dès l’origine, à Gobek-li ? Il s’agissait de représenter le cycle de la mort du grain,  de sa germination et de sa mort à nouveau, sans solution de continuité.


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