L’ORIGINE ET LA
SIGNIFICATION DES STATUES-MENHIRS ET AUTRES MÉGALITHES DE CORSE.
LEUR NOMBRE.
Il y a 100 statues-
menhirs en Corse contre 800 menhirs, 50
alignements de menhirs, 51 dolmens, une demie douzaine de « polissoirs », et, pour mémoire,
45 coffres funéraires.
LEURS DATES.
LA DATE DES MENHIRS
QUI ONT SERVI DE SUPPORT AUX SCULPTURES ET AUX GRAVURES.
Mis à part les menhirs en
marteau de Göbek-li en Turquie (voir le livre de Klaus Schmidt, Le premier
temple : Göbekli Tepe, CNRS éditions , 2015) qui dateraient de- 12000 ans, après une certaine date, celle d’un tsunami qui a
englouti le temple maltais de Cérès et
touché les environs de Sicile, la
tradition avait retiré à Mars-Arès la paternité de Proserpine-Perséphone, la fille de Cérès-Dèmètèr qui était une
jument blanche, la Grande Jument sacrée
, pour la remettre à Poseidôn-Neptune, dieu des chevaux dont l’aviron était le
symbole. Cela marque la date des nouveaux menhirs qui se terminent en extrémité
arrondie : cela indique un terminus post quem : vers -8500 . Cet engloutissement témoigne de la montée des eaux et du recul de
la côte lors de ce dernier maximum glaciaire, à la fin du
pleistocène, vers -8500. Il est
contemporain de la submersion de l’île
de Pantelleria Vecchia, à 60
kilomètres au large de la Sicile, où, par 60 mètres de fond, on a trouvé un
menhir de 12 mètres de haut, l’un des
plus anciens qu’on ait pu dater, -9350,
à 200 années près, av. J.-C., comme celui, hélas ! disparu d’Antisanti qui
datait de - 9300 ans. Le millier
de menhirs corses actuels date, pour la
plupart, selon ce que je viens d’exposer, d’environ -8500
(6500 av. J. –C.).
LA DATE DES
SCULPTURES DES MENHIRS.
III e siècle av. J. –C
environ.
Les sculptures des menhirs,
différentes pour leur âge, en tout état de cause, de l’âge des menhirs
eux-mêmes, daterait, selon certains archéologues , de 2.500.000 ans,
date du début de l’âge du fer en Europe, ceci en se fondant sur la boucle
métallique de la ceinture de certaines statues. Mais il s’agit là d’un terminus post quem. Pour moi, le terminus post quem est bien plus récent
et se situe entre le début du VIe siècle av.
J.- C. (-538, édit de Cyrus permettant le retour d’exil de Daniel et des
juifs déportés de Suse en Bactriane et de Babylone) et la date effective : probablement vers le 3e siècle av. J. C.
LEURS CREATEURS,
LES INDIGENES IBERES.
Ce sont en particulier des tribus ligures, béturiennes et vaccéennes : ces dernières fondent
Ajaccio et lui laissent leur nom, qui signifie la vaccéenne,
de vascayana, la basque, de ( v)ascayea avec prolepse du yod et du a, , ayaskios, comme à Bastia, de baskia
LES CREATEURS DES
SCULPTURES : DES POPULATIONS ORIGINAIRES D’IRAN, APPARENTEES AUX TSIGANES (voir mon blog
sur les statues-menhirs du groupe rouergat ).
LES STATUES-MENHIRS :
Bibliographie : Franck Leandri, Les mégalithes corses.
Il y eut au moins trois branches d’immigrants indo- aryens en Corse
dont deux au teint basané par métissage
avec des noirs dravidiens et venant
d’Iran :
A) Une
branche originaire du Luristan en
Iran. De là leur nom de Lori ou Lulli,
attesté au VIIIe siècle au Maroc, ou Lovara
(de Lovaristan) et parlant le lovari,
puis dans les Balkans, ensuite en Transylvanie, en Italie à Foggia
(ressemblances frappantes relevées par G. Peretti entre la statue-menhir de
Castellucciu Dei Sauri et celle de Castaldo à Ciaminacce dans le Taravo corse, op. cit, p.19 ) et en
Sardaigne à L’ Oristano (dont le
nom vient de Luristan). Cette branche
s’était spécialisée dans la chaudronnerie (de là leur nom en Europe de Kalderacha [du mot roumain caldera, qui signifie chaudron], chaudronniers
et parlant le kalderachi). Ils se sont sédentarisés en Corse, à Luri, où ils ont fabriqué des stylets
et des épées. Près d’Ajaccio, le nom de
la plaine du Campo dell’Oro
vient de Campo dell Lori, réaménagé par incompréhension en dell’Oro , toponyme, selon une tradition populaire que mon père me
rapportait , associé à la culture des tomates (pomo doro) .
B) Une autre branche viendrait du Sind,
en Inde, les zindcalo, hommes noirs
des plaines du Sind, kalo , karo,
ou karé désignant les noirs en
sanskrit. Ils se sont partiellement
sédentarisés en Corse, où ils ont fondé Sollacaro,
entre Sartène et Ajaccio. A Filitosa
XIII,nom venant du mot ibère frit, pointe
d’épi , conservé par l’auteur latin Varron (116-27 av.- J. C.) et qui donne filit+
suffixe de ressemblance ibère en
–oda, -osa, filit-osa,
neutre pluriel, les pierres qui
ressemblent à des pointes d’épi, c’est-à-dire les menhirs),se trouve une célèbre statue- menhir gravée d’une sorte
de poignard, qui est le substitut du baresman
ou barsom, un faisceau d’herbes
nouées par un tige de grenadier que le prêtre mazdéen tenait à la main lors du
sacrifice, mais en même temps symbole
euphémique de la circoncision (double sens en corse du mot désignant la serpe, le
couteau et le sexe, cats, du
latin (s)ca(lpra)t(a), avec ajout éventuel
de ferramentum) , cf .
dans la plaine de Levie, op .cit.,
p.30, le menhir de Capula , soit du poignard, de (s)ca(l)pl(a)(ta)
avec l voyelle donnant ul
Le nom de Sollacaro lui-même ient de sindakaro , silacaro. Citons aussi les noms de
Zicavo, de sind caro, et de Zévaco,
qui vient par métathèse de Zicavo, de
sind cavo.
Une troisième branche, purement
blanche, celle des Tsiganes ou Gitans est attestée par Ptolémée au 2e
siècle ap. J.-C. comme s’étant
sédentarisés à Tikanoi ouTitanoi, Tizzano aujourd’hui. Tsigane, Gitana
en Espagne, sont
l’altération de Kuzitana, les habitants de Koucha , leur ville d’origine . Tsigana est attesté dès
le 2e siècle ap. J.-C.sous la
forme
Tikanoi ou, selon les divers manuscrits, Titanoi par Ptolémée dans sa Géographie
, parte concernant la Corse, puis plus tard sous les formes ,Atsincani en 835 à Byzance et , sous la forme Cinganos, en 1100
en Géorgie. A partir de Kuzitana
, on a , le u évoluant en i et le g se sonorisant en g, avec la permutation
du t et du k devenu g , pour tsigana,
k(u)sigana , t(u)sigana, ; pour Gitana,
ki
(zi) tana, gitana
Je citerai encore avec métathèse vocalique le nom de la commune d’Avapessa , dédiée à la déesse des eaux Apsara, dans le Cap, de avepassa(ra), e et a étant des voyelles d’appui, de avbp°-sara, ainsi que Canari, métathèse de Trigana.
Quatre exemples de statues –menhirs :
1) la statue-menhir d’Apazzo dans le Sartenais. Son
nom d’Apazzo vient d’Apsara, de apa-sa (ra), l’Eau (ap-, cf. .
latin aqua) sacrée (grec i(s)era, sanskrit isara ) , déesse de l’eau et du feu, donnant apaza , en un lieu qui
offre pratiquement la seule source
pérenne. Dans un alignement de 25 menhirs, elle
reproduit nettement sur l’une de ses faces (Apazzo II) le barsom magique destiné à faire croître
les céréales (photo, p. 27 , op .
cit. et page de couverture arrière) .
« Un poignard vertical est figuré en bas-relief et suspendu à un
baudrier scapulaire » (c’est-à-dire porté sur les épaules,-c’est le fameux kusti
ou cordon mazdéen-) . La tête (Apazzo
I) est justement inclinée vers l’épaule droite, toujours dégagée du cordon dans
les rites indo-aryens mazdéens .Exemple des variations de la terminologie des archéologues : la
« pendeloque en Y » des archéologues du Tarn devient chez Leandri un
T renversé, leur « objet mystérieux » devient un « objet
ovalaire ».(en réalité la « bûche « rituelle destinée à ranimer
le feu du,prêtre du feu mazdéen) .
2)
2e exemple : la statue-menhir d’Appiciani (Sagone), op . cit., p.12, dont le nom vient aussi d’Apsara, par métathèse : aprasa +
suffixe christianisant emprunté au patron de la cathédrale de Vico, saint Appiano, donc apprasiano, puis apprisiano.
3) 3e exemple : on
retrouve le nom de la déesse des Eaux
Apsara , avec une métathèse , dans Sapara
ventosa, de Apsara , op. cit. , p.28.
4) la statue-menhir de Santa Naria, christianisation de Anahita, autre nom de la déesse
Apsara signifiant (la constellation des Pléiades
dont l’apparition coïncidait avec la période des pluies [pleviadae est à rapprocher du latin pluvia) , des semailles et de la
circoncision) qui donne la nourriture.(Taravo),, op. cit., p.. 21 , menhir
dont le nom provient de (a)na h (i)ri(t)
a) .
5) Il y a une statue-menhir à
Tavera en relation expresse avec la légende de l’ogre géant (de Orcus, dieu
des morts) de Canapale, que mon père
appelait l’uomo di Cagn(ari) , dans un hameau de Tavera, un génie des
sources qui fut enseveli par e christianisme sous la cascade voisine , appelée
le Voile de la mariée (Apsara), . op . cit. , p.16. Canapale vient de (si)cana
apsara, avec métathèse religieuse apara(sa,
canapala(sa).
Déchiffrement des statues- menhirs.
Quand les futurs
sculpteurs arrivèrent en France et
contemplèrent ces menhirs qui
n ‘étaient pas encore sculptés et que leur tradition ne connaissait pas, ils comprirent vite que
nos menhirs correspondaient à leur baresman (la forme moderne du mot
est barsom),
mot venant d’une racine signifiant
croître, destiné comme les menhirs à
favoriser magiquement la croissance des moissons et la fécondité de la
végétation en général. Le baresman se
présentait sous la forme d’une sorte de fourreau empli de tiges fleuries qui en
sortaient et se penchaient à l’extérieur. Le prêtre d’ Agni, le feu solaire
divinisé (latin ignis) avait l’interdiction de
s’en séparer . Mais les créateurs
ibères des menhirs avaient représenté la
mort préalable du grain, nécessaire à sa germination, par la dalle horizontale
qui surmontait les menhirs comme à
Göbekli et aux Baléares , à Minorque (voir mes différents blogs sur les
menhirs).Qu’en était-il avec le
baresman ? Même le barsom
des Parsis, forme moderne du baresman et qui est constitué d’herbes nouées en faisceau au moyen d’un rameau de grenadier, réelles d’abord,
puis métalliques, comporte un accessoire
de nature à évoquer cette mort préalable, nécessaire à toute germination dans l’esprit des hommes du néolithique, car le grenadier, en raison de son fruit
pourpre, couleur de sang, évoque les
enfers et la mort du grain par conséquent. A défaut de tige de grenadier, le
prêtre du feu pouvait utiliser une hache de pierre polie, le chermadion homérique (Iliade, XVI, 733-740), puis, plus tard,
, à l’âge de bronze,une arme en bronze rituelle coupante : serpe, stylet , poignard ou épée.
Sur certains dessins corses de
menhirs (op. cit., p.
18), à Sollacaro (Filitosa XIII) , on voit encore un poignard en bronze
qui a remplacé le baresman , mais avec la poignée tournée
curieusement à droite, imitant les tiges fleuries qui sortaient du baresman et ployaient au-dehors sous le
poids de leurs fleurs , rompant
l’harmonie bien ordonnée du faisceau . Ceci laisse supposer que le remplacement
des tiges fleuries attachés à l’origine par une tige de grenadier par un
poignard a dû être progressif.
Les signes similaires
des statues-menhirs du Tarn semblent mieux
conservés , étant donné leur matériau. Car sur les statues-menhirs de Corse, la
pierre utilisée est, la plupart du temps, le schiste ou le calcaire, ce qui
fait que les inscriptions , martelées , sont très peu visibles . On a
trouvé un godet sur le site de IStantari, ce qui rend légitime la supposition que les
dessins étaient passés à l’ocre, ce qui rend légitime la supposition que les
dessins étaient passés à l’ocre. Par exemple,, le nom de Bizzico Rosso, op. cit. , p. 28, le peigne rouge a été transféré d’un polissoir
dont les stries parallèles étaient enduites en rouge pour évoquer la mort du grain dans
les sillons gravés à un pseudo-dolmen ou menhir trilithique . Aussi donnè-je ci-après les signes observés
sur les statues-menhirs duTarn, utilisables pour celles de la Corse.
1) L’initiation mazdéenne comporte
l’investiture du cordon sacré, le kusti,
fait de 3 fils de coton blanc noués. Cette cérémonie précède de peu le choix
d’un guru ou précepteur. Louis Renou, dans L’hindouisme, Que sais-je ? p. 84, écrit : « C’est le guru qui,
après avoir lavé le cordon , l’avoir
tordu et détordu avec des récitations sacrées, le passe autour du bras
droit et de la tête du jeune initié, de
manière que le fil repose sur l’épaule gauche. » C’est
probablement ce que les archéologues duTarn
appellent à la fois « l’omoplate
–crochet », une sorte d’épaulette, ou
la « pendeloque en y » sur les
« statue-menhirs », faute de l’avoir identifié, le y provenant de la bretelle du kusti,
qui est l’équivalent du cordon ombilical coupé par la mère et renoué par le
guru , car le jeune, grâce au guru
, est maintenant deux fois né, dvi-ja.
Pour les statues menhirs I
Stantari, du Sartenais, jadis disposés en plusieurs ments, le kusti
est ainsi décrit par Leandri op. cit.,
p. 23 : « au niveau du « bas-ventre », sur la face et dans le dos, on peut observer
sur ces deux exemplaires une bande
périphérique [le Kusti] à laquelle est suspendu un motif semi-ovalaire…
« (la bûche rituelle).
2) La Grande-Déesse :
un génie des eaux et, paradoxalement, aussi
du feu, appelé Apsara, déesse. dont le nom est
aussi Nini, Nana, Anahita, de ana
drita, drita venant d’un verbe signifiant faire croître, ksre, latin creare , crescere, Cérès ,
maltais ancien Tarxos, et se retrouve dans AmPhitrite ,de
ap, eau, et dans APh-rodite
(de ap, eau, +drite) , signifiant l’eau
qui fait croître la nourriture (nana,
cf . latin annona) , entendons l’étoile : grec aster,
latin stella, arménien asti, vieux-haut –allemand stairno, anglais star, sanskrit taara,
l’astre qui annonce la période des pluies et des semailles , ainsi que de la
circoncision , les Pléiades . De là
les noms synonymes de Astrea en latin, Ishtar, Ashtarté, Thoustra, en kouchéen
(le nom de Zarathoustra ou Zoroastre lui a été donné en l’honneur de la Déesse des eaux, et
signifie l’astre nourricier, T(rita)-astra
) sacré (sara).
3) Les 6 doigts au
lieu de 5 sont un indice révélateur. Varenne,dans
Zarathoustra et la civilisation
mazdéenne, collection des Maîtres spirituels, Le Seuil, 1966, p. 51, explique que la symbolique des nombres 6 et 10 est très
importante et que le nombre 6 de la main renvoie aux 6 Immortels Bienfaisants appelés
Amesha Spenta, 6 qui, plus tard ,-et cela peut être important pour la
chronologie, - seront portés à 7 en distinguant Spenta Mayiniu de Vohû Manah. Les 6 sont : Bonne
Pensée, Vohû Manah , Justice, Asha, Empire guerrier, Khshastra, Dévotion, Armaiti, Intégrité, Haurvatât, Immortalité, Ameretâr.
3) 2 pieds, soit 10 orteils : ce sont les dix divinités anciennes, les daevas (Mithra, Anahita, etc.) soumises à Ahura Mazda depuis
Zarathoustra, et devenues des anges,
10 aussi comme les mois de l’année ancienne qui portaient leur nom, par exemple
le mois d’ avril, Aprilis, de
Aphrodite ou Anahita, déesse de l’eau.
De même, le nombre 5 renvoie aux 5 grands sacrifices (p. 82,
L’hindouisme, par L. Renou, Que
sais-je ?) que symbolisent les cinq rangs du collier de perles porté par
la Déesse. Ce collier porte un médaillon à l’effigie de Apsara, la déesse du
feu et de l’eau..
Enfin, il y a 12 sacrements.
4) Le prêtre du feu doit toujours avoir à la main une bûchette rituelle pour ranimer le feu
sacré.
5) Ce qu’on a pris pour des tatouages sur le
front est vraisemblablement les 3 onctions de cendres sacrées provenant du
sacrifice.
6) Les 2 yeux si « lenticulaires », je dirais
« globuleux » , des statues
représentent les hosties rondes, darum, faites de pain azyme, non
fermenté, naturel, à l’ancienne. Quant
aux « sourcils » et au « nez », peut-être n’est-ce que la
schématisation de la coupe de haoma persan, jus de plantes enivrantes comme le Cannabis indica ou la vigne.
7) L’anneau est un anneau d’alliance avec Ahura Mazda et
représente
ce haoma ou en
sanskrit soma, qui est filtré trois
fois à travers cet anneau rituel.
8) Les carrés ou rectangles qui figurent dans le dos de
certains menhirs de Corse et du Tarn symbolisent les aires
sacrificielles : le rectangle pour Ahura Mazda, le carré pour la divinité
du feu avec l’autel du feu au centre : op.
cit., p. 9, rectangles à Buccentone
(Pieve) , o zitello à San
Gavino-di-Tenda et p. 18 dans le Taravo,
à Scalsa Murta (Olmeto), Filitosa
VI(Sollacaro), Santa Naria (Olmeto) , p.10, O Nativo (Patrimonio) et 31(Inzeca, Pietroso) et carrés 12 Apriciani (Vico).
Les souvenirs de la
circoncision.
Dans la plaine de Levie, le nom du menhir de Capula , op .
cit. , p.30, vient de (
s)ca(l)pl(a)(ta) avec l voyelle donnant
ul, au sens d’épée, de stylet : « une épée longitudinale est
figurée sur sa face », note Leandri. Une gravure en arc de cercle, prenant
naissance au niveau des épaules, représente, non la nuque, mais un pli du
cordon rituel appelé kusti. ;
1 LES NOMS DES SITES PREHISTORIQUES.
Cauria vient
de cabaros , cavarus, cavar, jument sacrée, avatar de Cérès + suffixe de féminin –ya, cavarya, cauria ; e collule , op.
cit., p.11, ,de e caurule, de cavar , avec prolepse du r voyelle donnant ru, cauru-+ suffixe de diminutif, la fille de la Jument sacrée, la
pouliche Proserpina, déesse des grains morts.
Castaldi (Ciamanacce),op ; cit., p. 19, la Jument sacrée, avec sur le menhir les
mamelles qui la typent, de cakwsalki(na) catsaldi, castaldi .cf.
le nom de Castinco, métathèse de katskina , kastinaka, la jument, dans le Nebbio.
Cucuruzzo, de kabalk+osum, Ka(ba)rkosum avec
prolepse du second k, attesté dans cavalkade, k°ka(ba)r-, double
vocalisation en u et suffixe ibère
d’appartenance –odum, k° kur-odum, lieu qui appartient à la
Jument sacrée. Cucurodos . La
déesse des moissons, qui avait pour avatar la Grande Jument blanche, avait divers noms : Gorgobina, ,de
gorgo, grande, et de epina,
jument, qui a donné à la Corse son nom
grec Cyrnos, Kurnos, de Gor(gobi)na, et
son nom latin Corsica, de.gorgobina , où
le second g est en réalité une consonne avec sifflante gs, ghorgs-, puis par prolepse du s avec
développement d’une voyelle d’appui
i, ghors°gha,kors°ka , korsika.
Filitosai, de frit-oda , de frit en ibère (mot
conservé par Varron), pointe d’épi +
suffixe ibère de ressemblance –oda +
morphème de collectif : le lieu riche en pierres qui ressemblent à des
pointes d’épi . Pour la Sardaigne, Filigosa ,
de fri(ts)k –osa, avec suffixe de
naissance en –sk-(de l’épi , comme
, pour la Corse, la Petra Frisgada (de frit- sk--ada) , la pierre qui ressemble à une pointe d’ épi, dans
la commune de Cambia
En lien avec le génitif grec palanggos qui désigne , entre
autres, une ligne droite, Palaggio alignement de menhirs, de phalangio,d’où i Paladini
, les (menhirs) alignés. De même, Rinaggio, ligne de menhirs, de ranaggio, métathèse de (phs)r°nagio, pharan°gio, cf. le
nom du site préhistorique Arzachena en
Sardaigne, de (phs)arag°na ; phalanx désigne aussi une araignée venimeuse en grec,
peut-être à cause des lignes régulières de sa toile (cf . le nom de Carnac, alignement régulier de menhirs)
ou à cause du balancement de celle-ci , car, on le verra, le mot désigne aussi
une balance à deux plateaux .Cf. aussi le nom de Revinco dans le Nebbio, de runak(i)o ,
avec prolepse du i., rivunako.
2 LES MENHIRS ET LEUR
EVOLUTION.
A quoi,
d’abord, répondent les menhirs? La
fonction première du menhir : un catalyseur magique de la percée
végétative.
James George Frazer, dans Le Rameau d’or, Balder le Magnifique, Ed. Robert Laffont,
collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol., vol .4, p. 98, donne cet exemple : « Dans
plusieurs parties de la Bavière, on pensait que la hauteur des tiges de lin dépendrait de celle des sauts des jeunes
gens. » A Vanuatu, sur l’île Pentecôte, le spectaculaire saut du gaul (mot qui signifie plongeoir), qui est toujours pratiqué malgré les
accidents mortels et qui consiste à
sauter du point le plus haut, est censé faire pousser les tubercules des
ignames d’autant plus profondément que le saut aura été accompli du plongeoir le
plus haut. En Nouvelle-Calédonie existaient aussi de précieuse pierres à ignames et pierres à
taros, sur lesquelles les sorciers canaques faisaient encore, il n’y a pas si
longtemps, leurs conjurations secrètes.
Ces pierres à ignames ou à taros étaient les équivalents en miniature de
ces pierres pour l’orge, le sésame ou le blé qu’étaient les petits menhirs. Dans le nord de la
Nouvelle-Calédonie, à Arama, il existe même une quarantaine de petits
menhirs dépassant du sol de 60 cm environ : comme les plongeoirs de l’île
Pentecôte, ils sont censés favoriser
magiquement la croissance des cocotiers.
.
On retrouve en France des restes analogues de
superstition. Nos épis de
faîtage au nom symbolique reposaient sur la même croyance que, grâce à ces
talismans placés en hauteur les
récoltes croîtraient aussi haut que ces
ornements. L’érection d’un menhir avait ainsi
pour but de mimer analogiquement la pousse de l’orge ou de quelque autre céréale, de la stimuler et de la favoriser par magie
imitative. Frazer, op. cit, vol. III, Esprits
des blés et des bois, p. 26, écrit
du « Dionysos de l’arbre »
que « son image n’était souvent qu’un poteau planté en terre, sans bras
», imitant très grossièrement
l’arbre fruitier , ici le cep de vigne, qu’il s’agissait de faire
pousser par sympathie.
Le nom des menhirs est
souvent d’ailleurs révélateur de cette
destination agraire. Ainsi,
grâce à l’auteur latin d’un Traité
d’agriculture, Res rusticae (I, 48,3). Varron au Ier siècle avant J.- C, nous avons conservé le nom,
indéclinable, de la pointe de l’épi sans sa balle, qui est frit. La
Pierre Frite, avec ou sans le suffixe
–ske marquant le commencement,
était la pierre en forme
d’ épi naissant , et
elle a donné en Eure-et-Loir :
-les noms de la Pierre
–Xi--Frite (Xi , de axis, pieu , et de
frit , soit la pierre- pieu en
forme d’épi), nom d’un menhir ,
transféré par la suite à un dolmen de Boulay- Thierry près de
Nogent-le-Roi .
Mais d’abord, un peu de lexicographie : menhir, dolmen, demi-
dolmen, trilithe ou lichaven .
Dans son Dictionnaire (1846 -1872), Littré définit le dolmen comme un
« monument formé d’une grande pierre plate posée sur deux pierres dressées verticalement, qu’on attribue aux
premiers habitants de la Gaule » et
il définit le lichaven (de ven, pierre
en breton, cf. peña en espagnol, et de licha,
triple) comme un « monument celtique formé
de trois pierres, l’une plate superposée sur les deux autres qui lui servent de
support. »
A partir de la première définition, le demi- dolmen est défini comme un « dolmen dont la table repose à terre par l'une de ses
extrémités ».
Avec ces définitions officielles, on ne
s’étonnera plus de voir appeler « dolmens » les trilithes de
Saint- Nazaire , de
Saint- André –des –Eaux et de Brantôme,
alors, pour nous, qu’ un dolmen est formé d’une grande dalle plate posée
sur une série de pierres dressées qui le ferment totalement sauf, éventuellement, l’entrée et
que, génétiquement, il s’agit dans le cas des trilithes cités de menhirs (à
deux pieds).
Ces
définitions sont, on le voit, trop floues pour être d’usage
scientifique .Je proposerai donc d’appeler trilithes (ou en breton,
lichavens) les mégalithes composés de trois pierres: la dalle
horizontale évoquant l’orge ancien mort,
les deux dalles de soutien les deux pousses souhaitées d’orge.
Quel est le sens de la dalle qui surmonte les plus anciens menhirs
en marteau, à Göbekli en Turquie (12000 ans) ou de Minorque .
Voltaire
a raillé ce qu’il appelait l’ignorance botanique du Christ lorsque celui-ci
déclare dans Jean 12, 24: « si
le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais
s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Pourtant, le Christ se faisait là l’écho d’une croyance
populaire universelle et millénaire: le grain ne pouvait germer que s’il
mourait d’abord !
Il faut donc que la mort du
grain, condition de tout, soit à
l’origine symbolisée, d’une façon ou d’une autre, dans le menhir qui représente
la germination du grain.
Les solutions au problème de la figuration sculpturale de la mort préalable
du blé ou de l’orge.
On connaît la solution
utilisée à Gobekli en Turquie ou à Minorque, aux Baléares: placer sur le
fût du menhir une dalle qui symbolise le blé mort.
Le double sens
de certaines pierres dressées, économisant
la pose de ce linteau horizontal
qui, au sommet des pierres en marteau de
Göbekli et de Minorque notamment, symbolisait la mort préalable du grain
d’orge.
La mort du grain était un
préalable nécessaire à sa germination et elle fut d’abord figurée par la barre
transversale au sommet des mégalithes de Göbekli (menhirs d’une seule pièce) ou
de Minorque (menhirs en deux éléments). La rencontre de ces menhirs en
marteau avec les menhirs funéraires des
îles ibères du nord (Orcades, par exemple, voir mon blog sur le palais de Circé)
en forme de rame pourvus d’une sorte de
pelle ou pale à l’extrémité,
permit aux sculpteurs de faire l’économe de la barre transversale, puisque
ce type nordique de menhir planté sur un
tertre funéraire symbolisait déjà en lui-même
la mort d’un homme (et pouvait donc représenter celle du grain).
Il suffisait de lui superposer une seconde signification, celle, magique,
de la pousse souhaitée des céréales. J’ajoute qu’à une certaine date, celle
d’un tsunami qui a englouti le temple maltais de Cérès et touché la Sicile, la tradition avait retiré à Mars-Arès la
paternité de Proserpine , la jument sacrée , pour la remettre à
Poseidôn-Neptune, dont l’aviron était le symbole. Cela marque la date des
nouveaux menhirs : cela indique du moins un terminus post quem : vers -8500 . Cet engloutissement témoigne de la montée des eaux et du recul de
la côte lors du dernier maximum
glaciaire, à la fin du pleistocène, vers
-8500. Il est contemporain de la submersion
de l’île de Pantelleria (de
phalang+ suffixe de ressemblance
–ada, ata, qui
ressemble à un fléau de balance par allusion à la pierre
horizontale qui surmonte le menhir +herria , pays)Vecchia, à 60 kilomètres au large de la Sicile, où, par 60 mètres
de fond, on a trouvé un menhir de 12 mètres de haut, l’un des plus anciens qu’on ait pu dater, -9350, à 200 années près, av. J.-C.,
comme celui, hélas ! disparu d’Antisanti qui datait de - 9300 ans.
Le nom de la Jument dans les noms de divinités.
Le nom de Poseidôn signifie l’époux (posis en grec, sanskrit patih) de la jument Dèmètèr (daôn, de gda, de eksw-a, latin equa, cheval, + suffixe de féminin –on).L’équivalent latin Neptunus
s’analyse en pt, de posis, mari, et tuonus (le u est long), de
equa + suffixe de féminin –ona, cf.
Epona, jument .
Dèmètèr signifie la mère de la jument ou pouliche Perséphonè, gda de ekswa, jument+ suffixe de féminin
-on-.
Perséphonè ou , en latino-étrusque, Proserpina signifie la jument (epsona,epsina
de epsona, en latin , avec métathèse de la sifflante, de eksw ,
cheval,+ suffixe de féminin en –on-) de Orcus ou Phorcus (pers ou proser), le dieu des morts.
.
Il y a deux types de ces
nouveaux menhirs, présents tous les deux en corse comme dans le Tarn et en Eure-et-Loir en particulier, et
qui ont souvent été considérés comme des
statues- menhirs anthropomorphes ;
Le premier type présente
une diminution de volume au sommet imitant un cercle (la pelle, la pale
de la rame originellement.
Le
second type a simplement, sans
amenuisement du fût, l’extrémité
supérieure en demi-cercle, ce qui
constitue également la pelle de la rame.
a) Les menhirs à « tête » en retrait
par rapport au corps du menhir ; mais ce n’est pas une tête et le menhir n’est
pas anthropomorphe.
Nombreux sont les menhirs
corses des deux types précédents qui présentent , soit simplement une extrémité
arrondie , soit une extrémité en demi-ovale , en retrait par rapport au corps
du menhir, qu’il s’agisse d’un menhir qui ait été secondairement gravé ou
non ; pour moi, il s’agit en réalité de la pelle d’une rame qui est
figurée ici et elle symbolise la mort du grain , à défaut de la dalle
horizontale surmontant le menhir, comme c’était encore le cas pour les menhirs en marteau des
Baléares ou pour les trilithes de Corse et d’ailleurs, qui sont donc plus anciens .
b) Les restes corses des menhirs plus anciens,
les menhirs en marteau.
Petropîanca(to) dans la commune d’Antisanti,
appelé à tort Petrobiancha.
Un nom du fléau de la balance a servi de métaphore pour désigner le linteau horizontal surmontant
les menhirs et représentant la mort préalable du grain, savoir en grec phalanx,
génitif phalangos . ainsi à
Alzon, dans le Gard, le nom du menhir Peyre plantade, qui remonte à
p(ha)lang-ada, , la pierre qui ressemble à un
fléau de balance et représente la mort du grain , nécessaire pour qu’il puisse
germer . A preuve, les Pierres Planktes de l’Odsyssée (XII, 59—67), Petrai planktai en grec, - un singulier
ibère en –ai pris pour un duel - qui permettent de
confirmer la localisation géographique
de ce passage de l’Odyssée, puisqu’on
a retrouvé sous 60 mètres d’’eau le menhir en cause, au large de la
Sicile (lieu appelé Pantellaria Vecchia
aujourd’hui, de planktai herria vecchio, l’ancien pays de la pierre qui ressemble à un fléau de
balance (plangada) ; . Cela amène à penser que les souvenirs rapportés à
Homère dataient d’in temps où
l’élévation du niveau de la mer avait
laissé dépasser le menhir qui était encore debout .Lorsqu’il disparut de
la surface, son nom fut réinterprété en pierre errante.
Les Pierres
Plantées sont devenues chez
nous par incompréhension, les Pierres Blanches, par exemple à Pléneuf
dans les Côtes-du-Nord, ou à Pietrobiancha(to)
à Antisanti en Corse, alors qu’il n’y a pas la moindre pierre de
couleur blanche en ce lieu , C’est
un ancien Petroplancado, une pierre
qui ressemble à un fléau de balance (suffixe de ressemblance ibère en -ada).
a) Les menhirs à « tête » en retrait
par rapport au corps du menhir ; mais ce n’est pas une tête et le menhir n’est
pas anthropomorphe.
Nombreux sont les menhirs
corses qui présentent un e extrémité arrondie , en retrait par rapport au corps
du menhir, qu’il s’agisse d’un menhir qui ait été secondairement gravé ou
non ; pour moi, il s’agit en réalité de la pelle d’une rame qui est
figurée ici et elle symolise la mort du grain , à défaut de la dalle
horizontale surmontant le menhir, comme pour les menhirs en marteau des
Baléares ou les trilithes de Corse et d’ailleurs.
c) les menhirs simples :
Filitosa et la Petra Frisgiada (de frit-
sk--ada), op. cit , p ;16, la
pierre qui ressemble à une pointe d’épi, dans la commune de Cambia , avec la croix solaire inscrite dans un losange
représentant le cercle , symbole des
Pléiades, astre qui apparaissait à l’époque des pluies, des semailles et de la circoncision ;
pour la Sardaigne, Filigosa ,
de fri(ts)k –osa, avec suffixe
marquant le début de la croissance de
l’épi et avec le suffixe de ressemblance ibère –oda-, osa; ;
Novalella, op. cit. , p. 15 , commune de Santa-Lucia-di-Mercurio, dans le
Centre, le pied de vigne, du latin novella, avec suffixe de diminutif, op. cit. , p. 15.
Settiva,
op. cit., p. 20 dans le Taravo,
commune de Petreto-Bicchisano, du latin Sativa, toutes les plantes cultivées, le menhir destiné à favoriser
magiquement la croissance des plantes
cultivées (par opposition aux plantes sauvages) ;
Arghiola, op. cit., p. 25 , dans
le Sartenais , de argwillak, seigle , cf . grec briza, aujourd’hui en Thrace vriza, et cf. oruza, riz, à rapprocher du nom du pseudo-dolmen d’Avrillac en Loire maritime près de Saint-Nazaire ; Cabalkus
o Zitello, op. cit., p. 10 dans l’ Inzecca, op. cit., p.31, à Pietroso, dans la plaine orientale, du latin
sitella ou situla, seau, urne de
vote , en raison de sa forme de cône
inversé ;
O Nativus, op. cit., p. 11, dans le Nebbio, porte
le nom d’un ruisseau au cours incertain , changeant, natavus et non nativus, de
natare , nager.
L’origine ethnique des menhirs nous est parfois signalée par
leur appellation, comme dans le Sartenais
pour Vaccil Vecchio, op. cit., p.29,qui signifie le vieux menhir des Vaccaei , de basca, le i étant un
suffixe d’adjectif (les Vaccaei
, de bascaea, étant une peuplade
ibéro-basque qui a peuplé la Corse et donné son nom à Ajaccio, la Vaccaeya , puis par métathèse du
yod, Ayacce ).
d) les trilithes ou
menhirs à deux pîeds .
1) Bizzico Rosso,
à Grossa, près de Sartène, op. cit. , p. 28, trilithe composé deux piliers et d’une dalle
de couverture uniquement, la dalle de couverture représentant la mort du grain,
préalable nécessaire à la germination, cevque la couleurrouge devait confirmer
à l’époque ;.
A Grossa , le peigne
en buis , grec puxos , latin buxus, suffixe de matière en –ikos,
buxikon , donnant Bizzico, a donné son nom à un pseudo-« polissoir »
à cause des dents du peigne,
comparées par métonymie aux stries
parallèles du « polissoir » . La couleur rouge attestée par le
nom rosso et non jaune comme celle du
buis provient de ce que les stries ont été peintes en rouge. Un godet d’hématite
a été trouvé sur le site de i Stantari. Le nom , Bizzico Rosso est à
rapprocher du nom avec métathèse de Petreto-Bicchisano
dans le Sartenais, de bizzicano, de bux-
buis + deux suffixes de matière en ik-
et en –ano ; . Il a
été transféré secondairement d’un
« polissoir » à un pseudo-dolmen . D’ailleurs Leandri note :
« On peut observer un polissage de l’intérieur du pseudo-« dolmen » de Bizzico Rosso
permettant l’adjonction de peintures aujourd’hui disparues. »
2) Le nom de la balance à deux plateaux a
servi pour les taulas doubles de Minorque, aux Baléares, comme il a servi
en Corse à nommer par métonymie les menhirs à double pied , comme si
c’étaient les deux plateaux d’une balance.
Le nom de Tremeca a passé d’un menhir à double pied disparu aujourd’hui à un dolmen
de Casaglione, dans la région de Sagone. Le dolmen est entouré de pierres et de
dalles incluses de pierres, dont l’une a dû être lla dalle de couverture du
trilithe originel de Tremeca. Le nom de la balance à deux plateaux, se retrouve
en Corse dans le nom de Tremeca , qui
est à rapprocher du grec plastings , génitif plastingos, balance à deux plateaux , d’un
nominatif duel neutre plastinga(i)
( les deux plateaux sont les deux pieds du menhir) , (plas)timaka, trimeka,avec un t cacuminal noté tr, tremeka comme à Minorque dans le nom de la taula Trepuko, de (plas)trèmekos, trembuko ,trepuko, , ou dans le nom de la taula
Trencada , de truncata, tronquée, amputée, altération
par incompréhension du latin trutina, balance à deux plateaux ,
donnant trikana déformé en truncada.
3) Arghiola, op .cit. p.
25 dans le Sartenais La ville ancienne de Corbilo ,de Gor(go) bino , aujourd’hui
Saint –Nazaire en Loire Atlantique, doit son nom à cette déesse des moissons,
et ce n’est pas un hasard si c’est dans cette ville qu’on trouve encore de nos
jours un curieux « menhir » trilithe . Ce sont,
avec le trilithe de Brantôme en Dordogne (composé de quatre pierres en réalité), et avec un autre trilithe du voisinage, à Saint-André- des- Eaux, dit le dolmen d’Avrillac , de gargobina , [gog]argbinak,
abrina, avec métathèse religieuse du
g initial devenu k en finale et du b,
avec un r voyelle donnant ri , abrinak, à rapprocher de Gabrinis ou de Gavarni) , les seuls trilithes
identiques à ceux de Minorque et à celui de Corse. . Arghiola
vient pareillement de Gargobina ,[ gog]argi(v)na(k), argona,
argola. « Le chevet est absent », note sobrement Leandri,
ce qui signifie pour moi qu’il ne s’agit pas d’un dolmen, mais d’un menhir, d’un
trilithe.
4) I stantari , op .cit , p. 23,
dans le Taravo, qui vient du latin statèra,
trébuchet, balance à deux plateaux, rattaché par incompréhension à statiarius, statiarii au nominatif pluriel, ceux qui restent en place,
le n venant d’un rattachement de ce
mot au radical de sto, participe
présent stans, stantis , se tenant
debout. 2 files de 30 monolithes dont 7
statues-menhirs dont certains devaient représenter à l’origine un trilithe à
deux pieds pour justifier leur nom. De là aussi, la Stazzona del Diavolo, la balance du diable.Le nom a été transféré du menhir à deux pieds à un dolmen . A rapprocher du singulier
Stantare, op . cit., p.3o, à
San -Gavino –di- Carbini, où il devait désigner un alignement de menhirs dont
des triliithes à deux pieds..
5) Petropîanca(to)
dans la commune d’Antisanti, appelé à tort Petrobiancha.
Un nom du fléau de la balance a servi de métaphore pour désigner le linteau horizontal
surmontant les menhirs et représentant la mort préalable du grain, savoir en grec phalanx,
génitif phalangos . ainsi à
Alzon, dans le Gard, le nom du menhir Peyre plantade, qui remonte à
p(ha)lang-ada, , la pierre qui ressemble à un
fléau de balance et représente la mort du grain , nécessaire pour qu’il puisse
germer . A preuve, les Pierres Planktes de l’Odsyssée (XII, 59—67), Petrai planktai en grec, - un singulier
ibère en –ai pris pour un duel - qui permettent de
confirmer la localisation géographique de
ce passage de l’Odyssée, puisqu’on a
retrouvé sous 60 mètres d’’eau le menhir en cause, au large de la Sicile
(lieu appelé Pantellaria Vecchia
aujourd’hui, de planktai herria vecchio, l’ancien pays de la pierre qui ressemble à un fléau de
balance (plangada) ; . Cela amène à penser que les souvenirs rapportés à
Homère dataient d’in temps où
l’élévation du niveau de la mer avait
laissé dépasser le menhir qui était encore debout .Lorsqu’il disparut de
la surface, son nom fut réinterprété en pierre errante.
Les Pierres
Plantées sont devenues chez
nous par incompréhension, les Pierres Blanches, par exemple à Pléneuf
dans les Côtes-du-Nord, ou à Pietrobiancha(to)
à Antisanti en Corse, alors qu’il n’y a pas la moindre pierre de
couleur blanche en ce lieu , C’est
un ancien Petroplancado, une pierre
qui ressemble à un fléau de balance (suffixe de ressemblance ibère en -ada).
6) Les alignements de
menhirs sont,en Corse, la
représentation spatiale de la planche cultivée, de la parcelle avec ses sillons
en lignes droites parallèles plantés, que les créateurs de ces alignements
entendent confier à la protection de la magie des menhirs.du groupe ;
3 LES pseudo-POLISSOIRS.
Ces mégalithes, qu’on appelle
à tort des « polissoirs », qu’il vaudrait
mieux nommer des pierres à sillons et qu’on néglige à tort, ne peuvent être, comme on le dit parfois, le
résultat accidentel de la taille d’outils ou d’armes, comme le sont les vrais
polissoirs portatifs auxquels, à regarder de près, ils ne ressemblent pas
véritablement. Les «
polissoirs » dits fixes ne sont pas des polissoirs et ceci explique la
gêne des archéologues qui préfèrent ne pas
parler de ces mégalithes gravés.
Le prétendu « polissoir »
prétend reproduire sur la pierre les sillons qui, dans la réalité, ont été profondément creusés parmi les cailloux laborieusement transportés pour faire pousser le blé,
puisqu’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente
centimètres, des pierres obtenues en
creusant jusqu’au substratum rocheux qui était brisé soigneusement La magie imitative, une
fois encore, vise à reproduire en miniature, sur une roche isolée, ces sillons qui s’étendaient parfois sur
deux kilomètres comme à Malte et qu’on
voir en Amérique du sud (ce sont les lignes dites Naxa) . Peu avant le
printemps et son équinoxe, des plantations faites dans un peu d’humus et soigneusement arrosées
dans les stries du pseudo- polissoir
poussaient sur la pierre, « hors sol » , avant la future plantation
« réelle » du champ, donnant le gage, grâce à la magie imitative, que
celles-ci lèveraient.
Ce sont en réalité des compléments aux menhirs, destinés à
représenter, avec leurs sillons parallèles, la mort du grain dans ceux-ci, préalable
nécessaire à leur germination pour les hommes de l’âge de la pierre .
C’est la forme ou
l’origine qui ont servi à les nommer,
par métonymie :
A) d’après le
soufflet, à cause des stries parallèles. Du
nom grec des soufflets de forge physaria, on a Figueiras en Espagne, Figari en Corse (ce dernier toponyme étant attesté par Ptolémée au II è siècle après J
–C sous la forme Phisèra,
à l’accusatif pluriel) ; d’un
autre nom grec du soufflet, non plus phusarion,
pluriel phusaria, mais phusakos + suffixe de ressemblance –os + désinence ibère prise pour un
nominatif pluriel grec en –ai,
qui ressemble à un soufflet, on a le nom de Syracuse, tant en Sicile qu’en Corse où il a disparu, mais où il est cité comme port par Ptolémée au IIe siècle
ap. J. -C., probablement le golfe de
Santa Amanza aujourd’hui,près de Bonifacio, Surakousai, de phurakoosai, surakosai. Voir pour la
localisation difficile de la Syracuse corse, seconde partie, p.361 et362,de Mario
C.
Ascari, La Corsica nella carte
geografiche diTolomeo, in Archivio storico di Corsica, juillet-septembre
1938, XVI,an XIV, n°3. Mon étymologie pourrait faire songer, non à un
« polissoir », mais aux stries parallèles de la falaise rocheuse
rappelant celles du soufflet , le nom datant d’une époque où l’îlot en
forme de bateau voisin de la côte était soudé à celle-ci et où les lignes
parallèles étaient bien visibles ;
B) d’après l’ ombrelle de liège, l’éventail , à cause des plis, comme dans Santa- -Maria- Siché en
Corse où Marie est la
christianisation du nom de Mari, la jument divine , avatar de Cérès, et où sichè
vient du grec s(k)i(a)stè(s) , qui
donne de l’ombre, parasol de
liège ;
C) d’après le peigne
en buis. A Grossa , près de Sartène,le peigne en buis , grec puxos , latin buxus, suffixe de matière en –ikos, buxikon , a donné son nom à un
« polissoir » à cause des
dents du peigne, comparées par métonymie
aux stries parallèles du « polissoir » . La couleur rouge et non
jaune comme le buis provient de ce que les dents ont été peintes en rouge. Un
godet d’hématite a été trouvé sur le site de
i Stantari. Le nom, Bizzico Rosso, de
buxikon, par métathèse bucison, a été
transféré secondairement à un pseudo-dolmen . D’ailleurs, Leandri note : « On peut observer un
polissage de l’intérieur du « dolmen » de Bizzico Rosso permettant
l’adjonction de peintures aujourd’hui disparues. » De même dans Buccentone. op. cit., p. 9, (Pieve), altération de buxikon, nom de polissoir,
secondairement transféré à un dolmen ;
D) d’après la frisure au fer chaud.
Grossa,
dont le nom, de grusil, est celui d’un
polissoir et est apparenté au francique krusil,
frisé, plissé, ancien français grésiller,
friser au fer chaud (Leandri, op. cit. p. 28), dans le Sartenais,
E)
d’après leur origine : comme dans le cas de Petreto-Bicchisano,
de la région de Sartène, où petreto, vient peut-être de Baiturite, qui vient de Béturie, de baitriton , petreto(n), un polissoir qui est l’œuvre de ceux qui viennent
de Béturie, de ibé(tu)rie. .
4 LES DOLMENS.
La fonction primitive des dolmens corses : c’étaient des lieux d’initiation à la date du solstice
d’hiver comme les autres dolmens, et non des tombes collectives pour les chefs.
La date des fêtes nous est
livrée par le nom des nombreux dolmens
appelés Jolimont dans le nord de la France,
composé de -mont, du francique mound, ensemble de pierres et de Joli, du scandinave jôl,
nouvelle année, solstice d’hiver du 21 décembre avec les débordements qui l’accompagnaient.
La « hauteur sous plafond » de la pierre
Saint-Marc à Péronville.
Max Gilbert, dans Pierres mégalithiques (menhirs et dolmens) en Normandie, Guernsey
Press, Guernesey, 1956, p 144, fait
remarquer que l’entrée des dolmens normands est trop petite pour
permettre le passage aisé d’un homme. « Sous les dolmens de Martinvast et
de Flamantville, [à supposer aux dolmens une fonction d’inhumation, ce que ne
fait d’ailleurs pas Max Gilbert ], on ne pourrait mettre qu’un
homme enterré assis ou les jambes pliées […] Pour le dolmen de Mortain, seul un lapin pourrait maintenant se glisser
sous la dalle inférieure ; sous les dolmens de la Grandière à Joué- les-
Bois et du Faldouet à Jersey, un homme pourrait se tenir debout en inclinant la
tête, mais ne pourrait y évoluer ni y vivre. Dans la plupart des allées
couvertes, un enfant ne pourrait pas se tenir debout, mais seulement entrer à
genoux ». Ainsi, il s’agissait de contraindre les candidats à l’initiation à se baisser et à marcher à quatre pattes
comme des bébés qui n’ont pas encore appris à marcher.
Le dolmen est la maison des nains, des petits hommes, au
sens figuré, de ceux qui ne sont pas encore des « vrais hommes » : en Bretagne , il est souvent appelé
la maison des Korriganes (nains) ,
même radical que koros, jeune homme,
que nous allons retrouver ci-après. En témoigne, par exemple, le nom d’une allée
couverte, celle de T’y af G’hornandened,
à l’Ile –Grande à Pleumeur-Bodou, Côtes d’Armor.
Un nom de dolmen révélateur, celui de Cardiccio A Compra (Sartène), op. cit. , p.28, de korwell, en grec koros, ionien kouros,
jeune adolescent non encore initié.
Premier
élément Cardiccio : Le nom du
domen du Corbeau, près de
Doué-la-Fontaine, commune de Louresse -Rochemenier, dans le Maine -et- Loire,
est de même nature que celui du dolmen de Sartène, Cardiccia (d’autres noms de dolmens ont la forme Corbuccia , dans la commune du même nom, près d’Ajaccio, ou Cardini)
à San-Gavino-di Cardini. Tous deux sont apparentés à l’ionien kouros,
de korghw donnant avec diminutif korbellus ;
On retrouve le même nom dans l’Odyssée, XII, 407), la pierre du « corbeau », korakos lithos, aujourd’hui Koraka Petra à Ithaque : c’est le plus ancien nom de
dolmen connu. Ce toponyme est commenté
par Plutarque, Moralia, 776e. L a même incompréhension a fait passer du dolmen des Jeunes hommes, futurs
initiés, au dolmen du Corbeau, Nous
avons dans Korakos lithos , le dolmen du Corbeau , un curieux singulier
antéposé à lithos , où korakos vient en réalité d’un génitif pluriel kworakôn
avec un r voyelle donnant ra ou ri. . Le nom corse
s’analyse comme le breton korig-ane, kwr°ghs°ki-a, kordiccia .
Le nom complet du
dolmen est Cordicciô(n), génitif pluriel, a
compra, du neutre pluriel compluvia au sens postclassique de cartibula,
tables en pierre à un seul pied qui se
trouvaient dans la chapelle des Pénates
, dieux des ancêtres, où étaient exposés les imagines des ancêtres et qui étaient situés près d’un bassin carré
de l’atrium, voisin de l’impluvium, ici compluvium
est confondu, semble-t-il avec l’impluvium., le trou carré par où passe
la pluie. Dans la pratique il s’agit
de désigner par là la chapelle des
Pénates, autrement dit la chapelle des ancêtres qui vont accorder leur
protection aux néophytes après leur initiation .Donc le nom complet
signifie la chapelle des ancêtres des
jeunes candidats à l’initiation (génitif pluriel Cardikiôn).
A rapprocher du nom de
San –Gavino-di-Carbini, op ;cit. , p .30,, au hameau
de Paccionitoli, dont le nom vient de pha(lan)gio+
diminutif en
–toli, avec
métathèse de phagiona.Le dolmen Carbini
, de kotv- , jeune non initié, a
disparu,. II reste deux menhirs .
Fontanacci ,dans
le Sartenais, op. cit . , p.
25, est la métathèse de taffonaggia, de
kabhana, jument (cf . le latin
cabana, écurie ),
de koba-los, jument, cf . Epona avec le morphème de féminin –ona ou –ana, + suffixe de ressemblance -eisa, la demeure qui ressemble à la maison de la Jument sacrée, avatar de Cérès.
Les noms de la Casa
di l’Orco et Casa di l’Orca dans
le Nebbio, op. cit., p. 8,viennent du nom du dieu de la mort , Orcus, dont le nom, étrusco-latin,
dérive de Gorgobina , la grande
Jument épouse de Pluton, Perséphona.(en latin Proserpina)dont le nom signifie la
jument
(-epona, ou -eipina) de Phorcus (Pers-, ou Proser-, doublet d’Orcus) .
Le nom des dolmens
dont l’un effondré à Paomia près de Carghèse, op. cit. p.14, est à rapprocher du nom de Palerme en Sicile, ancienne Palicani, puis Panhormos. . Le nom de Paomia vient du
dorien phalangomachai , ceux qui combattent en groupe, nom donné à un alignement de
menhirs .
Le nom de Palerme en Sicile vient de Panormos, adjectif désignant un port
qui offre toute sécurité pour les bâtiments, et déjà utilisé au Ve siècle av..J.
–C. par Thucydide). ,qui a remplacé le nom ancien de Palicani, lequel n’était
plus compris et qui était la
métathèse de phalang-, palacana,
palacani .
Paomia vient de palomia , du nominatif pluriel phalangomachai
, palomakai, paom(ak)ai , avec prolepse du i , d’où paomia.
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