Un nom de
« polissoir » peu connu : celui de grael ou graal.
Au moment de mettre un point final à mon étude des
mégalithes dans le monde : Europe, Perse , île de Pâques , Costa Rica, Amérique du sud,
Tonga, Laos, étant rappelé que je
m’intéresse essentiellement à l’âge de la pierre et non à celle de l’âge de bronze
( pour spécialistes, savoir mes blogs
sur les gravures et sculptures
des statues- menhirs et pétroglyphes , souvent liés selon moi à la circoncision,
au totémisme et à la chasse ou à la pêche), même si je me suis penché sur les
tokhariens pour des raisons personnelles, je m’aperçois que je n’ai guère
traité de la littérature chrétienne concernant, au Moyen Age, les « ressuscités
des dolmens et des polissoirs ». Je rappelle, pour les spécialistes, que
j’ai commis une étude fouillée sur
Wolfram d’Eschenbach dans un blog. Je
rappelle aussi que les noms à l’origine dévolus respectivement aux dolmens, aux « polissoirs » et aux menhirs
passaient par la suite de l’un à
l’autre indifféremment.
Chronologie
vraisemblable : 1) Avant 1161 : (Robert) Khiôt de Boron : Estoire del Graal, perdu, dont s’inspire Wolfram von Eschenbach ;
Perceval en vers, perdu, qui serait le livre dont Chrestien
deTroyes s’inspira (« le livre prêté par le comte de Champagne ») ;
2) Chrétien de Troyes,
vers 1175, Perceval, dont l’histoire s’arrête au vers 6438 (« le conte s’arrête ici de parler plus
longuement de Perceval ») pour reprendre le fil, avec La quête du Graal, là
où finissaient les aventures de Perceval et où débutaient celles de Gauvain ;
3) Wolfram von Eschenbach, en
allemand, Parzival, vers 1200, a lu les deux oeuvres de Chrestien ,
désapprouve le rôle confié à Galaad en tant que conquérant du Graal au
détriment de Perceval par Chrétien et affirme suivre de près l’Estoire
del Graal de Khyôt.
La première
apparition dans la littérature française du mot graal au sens de vase sacré, mais aussi, selon une anagramme,
au sens de livre religieux (Evangile de saint Jean, ou plus probablement de Saint Nicodème)
Ce serait graal
, au sens de vase sacré, dans l’œuvre perdue de Khyôt,
au moins dans son titre, l’Estoire del Graal, mais aussi
dans le même ouvrage, selon une
anagramme, au sens de livre religieux (l’Evangile
de saint Jean , ou, plus probablement, de Saint Nicodème), puis au
sens de vase sacré dans l’œuvre de Chrestien
, Perceval, au vers 3158.
La première
apparition du mot graal au sens de « polissoir »..
Ce serait dans l’œuvre de Wolfram, Parzival.
1° Etude sommaire de
la vie et l’œuvre de Khyot de Boron.
La phrase qui suit est la seule citation de
Quiot de Boron que, grâce à Wolfram,
nous possédions ; il est vrai qu’elle serait tirée du prétendu
manuscrit trouvé à Tolède : « Une légion d’anges déposa sur la terre (le graal, au sens de «
polissoir » ou de dolmen, trop lourds pour avoir été installé et maniés par des êtres humains),
« Calme bloc ici-bas chu
d’un désastre obscur »,
comme dit le poète, puis remonta au plus haut
du firmament. Confié à un pêcheur (altération du nom du dieu des enfers, Phorkheus, le gardien des dolmens), le
graal disparaîtrait, car il n’admet en
sa présence que ceux qui en sont dignes : il a donc fallu désormais, pour
le garder, le rejeton baptisé d’une race pure [sans péché, Perceval]. »
Avec le nom de Liddamus, - mauvaise leçon pour Orilus
- donné par Quiot de Boron à un
personnage que Chrestien a su nommer l’Orgueilleux de la Lande le ressuscité du dolmen, ce sont les principaux vestiges du texte de Khyot de Boron. Orgueilleux à l’époque se disait orgoilus et donne chez
Wolfram (de qui prouve qu’il a lu Erec et Enide) le chevalier Orilus von Delalande (au
lieu de von Lalande) , peut-être Orgilus
, mal lu comme Argovie devenant provi, le rg étant lu r
seulement. La Lande vient de landa,
dolmen, lade en allemand, cf. les
Pierres Larges ou dolmens,
du latin lata, large, confondu
avec l’ibéro -germanique lada,
coffre , dolmen, par fausse
étymologie) ;
l’orgueilleux,
avec déglutination du l, vient de lorg, de Logres
(de Orcus) qui est le royaume des morts. Nous rencontrons
d’ailleurs chez Chrétien son pendant féminin, l’Orgueilleuse de la Lande, donc
la reine du royaume des
morts, une autre ressuscitée à
cette vie terrestre, pendant la période
du 5 décembre au 5 janvier, depuis son dolmen. C’est Orgia, la reine de Logres
qui est peinte sur la Pierre
Turquaise, car la
« divinité des morts » nous apparaît chez Chrétien comme
un chevalier peint , retrait en ancien français, sur une dalle peinte, au sens de dolmen :
le nom de celle-ci vient de pi(n)cta, peinte, par altération du
véritable nom , celui de la pierre- épi, spicada,
confondu avec pincata , peinte. Le
chevalier est susceptible de ressusciter
et de se battre contre Perceval.
Enfin citons le cas du nom de
la porteuse du graal : Repanse de
schoye, nom incompréhensible, qui selon Wilmotte serait pour Repouse
(participe passé, latin reposta, secrète) ou Repuce
de joie, ce qui ne veut rien dire
non plus. Or, selon moi, il faut corriger
ce manuscrit fautif de Wolfam et lire Respas de Logres , de l’ancien
français respasser, revenir à la
santé (après un enchantement), faire
retour à (la vie) depuis le dolmen et
le monde des morts appelé alors le royaume de Logres ( d’Orcus), donc la porteuse du graal porte un nom accordé à sa mission et s’appelle la Respasse (féminin) de Logres, -par conséquent la
ressuscitée du dolmen.
Laissons la parole à
Wolfram à la fin du Parzival : « Maître
Chrestien de Troyes [dans la Quête
del saint Graal] a raconté cette histoire d’une façon infidèle et il y aurait
de quoi éveiller la colère de Quiot qui
nous en avait donné, lui, la version authentique. L’homme originaire du village
de Boron raconte véridiquement que [Perceval] le fils
d’Herzéloïde hérita du Graal qui lui était destiné et dont son père Amfortas
avait été déchu. C’est depuis la ville
de Boron
que nous fut transmis, en région allemande, le récit authentique et la
conclusion de cette aventure. Quant à moi, Wolfram d’Eschenbach, je n’en veux
pas dire plus long que le maître [Quiot de Boron] n’en a dit. J’ai parlé du
véritable Perceval, de son berceau et de ses illustres parents. Je l’ai conduit
là où son destin le voulait. »
Un
indice que Perceval, de Quiot de Boron , est bien l’œuvre dont s’inspira Chrestien est une
déclaration faite par Quiot et citée par Wolfram, déclaration que l’on passe généralement sous
silence parce qu’elle jette bas beaucoup de systèmes, à la fin
de l’Estoire del Graal : « je suis le premier à raconter l’histoire du
Graal avant tout autre », et parce que , par conséquent, il a précédé Chrestien : chez Chrétien, le mot graal
apparaît au vers 3158 , mais ce
n’est pas la première apparition du mot
dans la littérature française, puisque Quiot de Boron en avait déjà fait usage, ne serait-ce que
dans son titre : le (poème) roman (en langue romane
et non en allemand ni en latin, ni en gallois) de l’estoire du Graal. De même, c’est Boron qui, le premier, emploie
l’expression « service du graal »
que Chrestien reprendra. De même également, avant Chrestien, Quiot de Boron,
avec son Perceval en vers perdu, est
l’introducteur de Perceval dans la littérature française. Chrétien n’aura plus qu’à se servir du
personnage, déjà connu des lecteurs, aussi bien dans Erec et Enide (1160) que dans Cligès,
avant de se décider à lui consacrer un conte entier, Perceval , et de l’abandonner au profit de Galaad dans La queste del
Graal.
A noter que Galaad signifie dolmen : Genèse, 31, 45 : « Jacob prit une pierre et la dressa
comme un menhir. Et Jacob dit à ses frères : « Ramassez des
pierres. » Ils ramassèrent des
pierres, en firent un monceau, et ils
mangèrent là sur le monceau. Laban le nomma Yegar
Sahadûta (en araméen, le monceau du témoignage) et Jacob le nomma en hébreu
Galaad, de gar saad (monceau du témoignage). Laban dit :
« Que ce monceau soit aujourd’hui un témoignage (galaad) entre Jéhova et
moi » C’est pourquoi Laban le nomma
Galaad et Miçpa, parce qu’il
dit : « Que Yahvé soit un guetteur (Miçpa) entre toi et moi, quand nous ne serons plus en vue l’un de
l’autre. »
Dans Juges,
11, 29, il est mention d’une localité de Transjordanie, au sud du Yabboq, appelée Miçpé
Galaad, le guet de Galaad.
En
tout état de cause, Galaad est lié à
l’érection d’une stèle ou maççebah,c’est-à-dire d’un menhir, et d’une table de pierre, ou dolmen.
Pour
le nom de Perceval, nous avons lu
les Annales
de Cambrie Dans un passage des Annales,
édition numérique,
p. 30, l’auteur évoque un
Gallois des Galles du Nord nomé
Lewelin, qui , en 1256, se laissa émouvoir par des Gallois que les
Anglais avaient chassés de chez eux et
se dirigea, à leur demande , vers
la « terram de Persewalt et eam infra unam hebdomadam, praeter duo
castra, scilitet Degantro (aujourd’hui Disserth and Frecoed), viriliter
occupavit », c’est-à-dire : il gagna la terre
appelée de Persewalt et l’occupa virilement
en moins d’une semaine sauf deux camps ( aujourd’hui Derwen
et Dissert).
La
forme galloise portée depuis longtemps par une terre féodale porte le nom gallois du frère de Peretur, Persewalt avec un w, Perceval ou Parsifal , et non la forme irlandaise, Gwurci.
Dans les
mêmes Annales, pour
l’année 537, voici les indications que je traduis : Guurci [Gwrgit, Giurgi] et Peretur
(celui-ci, dont le nom est un emprunt au latin imperator qui fut porté
par un roi de Grande Bretagne antérieur, deviendra le Peredur qui donnera son nom au titre d’un conte de même veine, Peredur ab Evrawc , soit Peredur,
fils d'Evrawc, un comte du nord du Pays de Galles) , les fils d’Elifer (altération
du prénom biblique Eleazar, devenu par la suite Herzéloïde) , meurent en 537.
Or, dans les langues
brittoniques, c’est-à-dire en gallois ,
les labio-vélaires indo-européennes passent toutes à p, comme à l’initiale de Peret-ur, de kwerekhsw, celui qui perce (le dolmen, de lui-même). Gwurci
n’est donc pas une forme galloise (elle commencerait par un p), mais une forme
irlandaise (les langues gaëliques comme l’irlandais, à la différence
des langues brittoniques , ne passent
pas à p les labio-vélaires indo-
européennes).On peut en déduire que le
copiste était d’origine irlandaise , ainsi, que l’a bien vu , là propos du 3e manuscrit, John Williams , dans sa préface aux Annales Cambriae , p.7, et que ce copiste n’a pas donné la forme galloise avec p , qui serait Perseddwlad (Persewalt ), mais la
forme irlandaise qu’il connaissait , Gwurci. Je pense donc que ce n’est pas Peretur qui est notre Perceval, mais Gwuurci qui est le nom de
notre Perceval sous la forme irlandaise, tandis que notre Perceval
ou Parsifal est la forme galloise. C’est
ailleurs que dans ces Annales de Cambrie
que Quiot de Boron a choisi la
forme Perceval.
Mais , pour ce qui nous
concerne , il y a une étymologie
populaire de Perceval , qui fait venir le nom du radical kwerkhsw,
signifiant faire un trou, faire une percée,-donc celui qui, à la
fin de la cérémonie d’initiation qui lui donnerait son nom dans cette hypothèse , réussit , par
sa propre force , à déplacer la pierre bloquant l’entrée du dolmen en
poussant la dalle de fermeture, et de lada, dolmen.
Etymologie savante de Parsifal.
1er élément de parsi ou perse , de kw +r voyelle
donnant er en gallois +(kw)s , Irlandais Gwurci
[Gwrgit, Giurgi], de kw +r voyelle
donnant ur+ gw+ appelatif i, cf . le diminutif anglais Percey. Cette racine est
à rattacher au grec glôssa,
ionien glassa, de gwlakswa, latin (g)li(n)gua,(g )loquor,
celui qui fait parler le dolmen irlandaisqde Fal en s’y asseyant , la pierre
qui crie lorsqu’elle reconnaît un roi sacré, et qui dit qui est le roi prédestiné
2e élément : valda, coffre, dolmen, irlandais
fal(d) cf . le nom de la pierre irlandaise de Fal
, cf . Parsi-fal , ou gallois walt , perce-walt. En ancien
français laie,
boîte, coffre, néerlandais laeye,
allemand Lade grec kibôtos,coffre, de k(i)wat-os
, celtique kwalt-
donnant falt ou walt .
La forme Perslevats ou Perslevaux
vient, quant à elle, de
persewald, avec métathèse du l, perslewad+s
de désinence.
La source
de Wolfram est
ainsi, de son propre témoignage,
Quiot de Boron, auteur de l’Estoire del
Graal et d’un Perceval en vers perdu. Wolfram est, comme son modèle Quiot de Boron, le champion de Perceval comme candidat à la royauté du Graal.
La source de Chrestien de
Troyes est également Quiot de Boron : ce dernier, Kiot d’Argovie, près de Bade, en Suisse
aujourd’hui (mauvaise lecteur de cette graphie Argovie par le copiste qui en a fait Provi , interprété comme Provins
ou comme Provence aurait suivi dans son Perceval perdu un manuscrit
écrit en syriaque ancien,très proche de l’araméen , langue que parlait le
Christ et langue de l’Eglise syriaque
orthodoxe et d’une littérature chrétienne foisonnante, et
trouvé par lui à Tolède et
une chronique d’Anjou en latin. Le
comte de Champagne, protecteur de Chrestien, lui prêta le livre de Quiot de Boron, Perceval
On ne sait
rien de Quiot de Boron. Il savait le
latin, est allé à Tolède et aurait appris le syriaque ancien. Peut-être
était-il le protégé d’un duc d’Anjou
et avait-il assisté à des cérémonies de l’Eglise syriaque orthodoxe, dont ses
épigones Wolfram et Chrétien de Troyes
s’inspirent pour dépeindre le cortège du Graal.
Les noms de famille au XII e siècle, à
l’époque de leur création.
Chrestien de Troyes n’a pas
de prénom, pas plus que Wolfram
d’Eschenbach . Quiot est un nom
de famille bien attesté, écrit souvent Quillot. Son état-civil est ainsi Rober
Quiot de Boron, ou Borron, ville située dans
le territoire de Belfort, où il naquit,
même s’il résidait à Argovie.
2)
Etude sommaire de la vie et l’ œuvre de Wolfram d’Eschenbach. . Eschenbach est la région de la naissance de Wolfram,
qui évoque, op. cit., p.67, son lieu
de naissance exact, Truhendigen en Bavière, et
la misère qui était parfois la sienne
en ces termes : « la cruche ne s’inclinait plus très
souvent pour verser l’hydromel ;
les crêpes ne chantaient plus guère dans la poêle de Truhendigen, pour eux,
cette musique était finie. » C’est ainsi qu’il évoque le
lieu de sa naissance, près de Wassertruhendingen, à 5 kilomètres
d’Eschenbach. Plus haut, il a évoqué le comte de Wertheim, son protecteur, qui
céda la paroisse d’Eschenbach à l’ordre germanique des Templiers et qui le fit admettre dans cet ordre
initiatique. Il a dû être le protégé d’Aliénor et être présent à la cour à
Domfront. Surtout ce Bavarois, qui a fait de Wildenberg en Bavière le château de
Wildenburg, nom que Wolframs traduit par
Montsalvat , de salvat(us ), redevenu sauvage (wilden, redevenu sauvage ), même si le
mot sauvage
en français vient de salvaticus a hanté la cour du comte Gautier de Montbéliard à Montbéliard, où il a
peut-être rencontré notre fameux Quiot,
qui ne venait pas de loin, puisqu’il était originaire de Boron. Nous
savons encore par une confidence qui lui échappe dans son Titurel qu’il n’avait pas d’enfant.
Mon condisciple au Lycée Louis –le-Grand et ensuite à
l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, Joël Grisward, ce disciple favori
de Georges Dumézil, a très justement
écrit dans sa contribution à Georges Dumézil à la recherche des
indo-européens, de Jean-Claude Rivierre, « dans le Parzival , de Wolfram d’Eschenbach , le graal n’est pas un récipient, mais une pierre » .
Quelle est cette
pierre ? Un polissoir ou un dolmen ?
C’était, en tout cas, « une pierre
turquaise , donc un mégalithe préhistorique . On appelait pierres turquoises les dolmens parce qu’on en prêtait la
construction aux Turcs. On attribuait la création de ces mégalithes aux Infidèles qu’on appelait
indifféremment Turcs ou Sarrasins, par exemple
la Table des Sarrazins, un dolmen de Mantilly dans le Passais
en Normandie , ou bien la Pierre
turquoise, une allée couverte dolménique de Beaumont-sur-Oise dans la forêt de
Carnelle (Val d’Oise) . Pierre
turquaise est l’homonyme de la pierre précieuse bleue appelée turquoise. C’est « une pierre précieuse que traversaient les
rayons du soleil et qui tirait son nom [lapis-lazuli] de son éclat » (le
lapis-lazuli, orthographié lapsît exilis(
il tombe des cieux) est interprété par Flegetanis
, l’auteur présumé du manuscrit trouvé à
Tolède, comme lapsus ex caelis, la
pierre turquaise tombée du ciel et qui a
conservé la couleur bleue du ciel . On confondait le lapis-lazuli, l’émeraude (à rapprocher de l’émeraude qui « constitue » le
coussin supportant le graal et celle qui
orne le front de Lucifer, littéralement « celui qui porte la
lumière ») et la turquoise,
ainsi appelée en raison du fait qu’on avait découvert cette dernière en
Turquie.
Le graal, pour Wolfram, est donc une « pierre turquaise », un dolmen, que seuls des anges ont pu porter, vu
son poids, et poser au sol.
Les anagrammes de Wolfram.
1)
L’anagramme
contenue dans le nom de Khiot de Boron
et dans le nom de Tolède :
c’est le mot (religion) orthodoxe, le x étant rendu par la lettre grecque khi (dans Khiôt), le t et le d étant présents dans Tolède comme le o et le
e.
Une autre anagramme confirme
la première. Ce sont les trois mots église
bisantine et graal, au sens de
polissoir ou dolmen (cf . l’historique du mégalithe , trop lourd pour avoir été installé et manié par des êtres humains , cité par Wolfram comme de Khyot : « Une légion
d’anges déposa sur la terre le graal,
puis remonta au plus haut du firmament. [Le
mégalithe fut
alors ] confié à un pêcheur (altération
du nom du dieu des enfers, Phorkheus, gardien
des dolmens, et cf . le Roi Pêcheur),
[car autrement] le graal disparaîtrait, étant donné qu’ il n’admet en
sa présence que ceux qui en sont dignes : il a donc fallu désormais, pour
le garder, le rejeton baptisé d’une
race pure [sans péché, Perceval ») . Ces mots sont contenus dans le nom de
l’inspirateur prétendu de l’œuvre de Khyot, savoir Flegetanis –Salamis et, pour le b initial, dans roBert
de Boron
La ressemblance des
cérémonies du rite liturgique orthodoxe, (en particulier de l’Eglise syriaque
orthodoxe), notamment la Grande Entrée, avec le cortège du
Graal, est saisissante et on peut la
situer à la Noël.
Une procession solennelle ouvre la liturgie byzantine de la messe.
[Joseph d’Arimathie] frappe le
pain eucharistique, ainsi fractionné en
hosties avec l’hagia longue (hagia
[ machaira ]
qui signifie [le couteau] sacré, long couteau triangulaire,
servant à découper des hosties , pendant
la phosphora (iera), fête aux flambeaux, depuis l’Amnos
(l’Agneau, Evangile selon Saint Jean,
18, 28 ) à la prothèse (exposition
des hosties consacrées dans un ostensoir),
et il prononce en latin le verset de l’Evangile de Saint Jean , 19,29 :
« Un vase était là rempli d’un
vin amer. On mit au bout d’une lance une éponge imbibée de ce vin avec un
extrait de noyaux d’amandes amères, et on l’approcha de sa bouche ; quand
il eut pris de ce vin, Jésus dit : « Les Ecritures sont accomplies » ;
le célébrant place ensuite l’hostie sur
le diskos, petit plat,
patène, disculus en latin, ayscl
en gallois ( mot venant de disculus).
La Grande Entrée commence alors. L’ordre est le suivant : des lecteurs du livre ou graal, graduel chanté entre
l’office et la prose sur les degrés (gradus)
de la cathédrale, portent des cierges allumés, puis viennent le
prêtre avec le calice, le diacre avec le diskos (patène), puis un célébrant avec la lance,
un autre avec l’éponge (spongia en grec) et d’autres avec les Evangiles (dont certains jugés
apocryphes par les catholiques) et les reliques. A noter que la lance, hyssos en grec, remplace, à juste titre
pour la vraisemblance, l’hysope de l’Evangile
classique : c’est la lance qui a servi à
donner à boire au Christ avec l’éponge trempée dans un vase contenant un vin amer.
Grâce à la langue syriaque ,les contresens sont évités , comme, ussopos,
hysope , pour issos, lance, pour le
végétarien Jean-le Baptiste, ses repas à base de sauterelles (grec akris, -idos, accusatif pluriel akrida) au lieu de fruits , akrodrua
en grec. Les prophéties,Psaumes 68, 23 : « Pour nourriture ils
m’ont donné du poison ; dans ma soif ils m’abreuvaient de vin amer (appelé
roska (vin +absinthe +noyaux d’amande
amère, que les femmes juives pieuses
donnait aux condamnés à la crucifixion pour les euthanasier )174,
disaient du futur Messie : « Ses os ne seront pas rompus [cf. les
prescriptions concernant l’Agneau (amnos)
pascal dans Exode, 12, 46 et
ailleurs : Sagesse,2,15,20 Première épître aux Corinthiens, 5,
7, Isaië,
53]:: »Vous n’en briser aucun os.Toute la communauté d’Israël le
fera ».. .IIs lui perceront le cœur d’un coup de lance… « lLe Christ
dit : « Oh ! Mon père ! … S’il est possible ! … éloigne de moi cette coupe
d’amertume !... Toutefois, que ta
volonté soit faite et non la mienne… » Et sa sueur devint comme de grosses
gouttes de sang qui tombaient à terre, précise saint Luc, 22, 42-44, ».
Saint Jean, 19, 31 ; « Les
soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier crucifié, puis de
l’autre qui avait été crucifié avec lui. Venus à Jésus, quand ils s’aperçurent
qu’il était déjà mort,ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un des
soldats,de sa lance, lui perça le cœur et il en sortit aussitôt du sang et de
l’eau ; celui qui a vu en rend témoignage » (il s’agit de Jean lui-même).
Ce passage de l’Evangile de saint Jean relatif au percement du cœur du Christ avec une lance
succède dans le rite byzantin au
texte de Saint Luc cité précédemment. .
On trouve pareillement dans le cortège du
Graal la lance, le graal , ajout
qui correspond au calice [un vase à pied en or contenant du vin,
symbole du sang du Christ , auquel les fidèles ne doivent pas toucher], couvert
de la patène [une petite assiette creuse
qui sert à couvrir le calice et à
recevoir l’hostie une fois celle-ci
consacrée ), le
tailloir d’argent correspondant au diskos qui sert à exposer les hosties
non encore consacrées, enfin le cortège aux chandelles.
Notons que
Thierry d’Alsace, le père du protecteur de Chrétien, un certain Philippe, avait apporté à Bruges le sang du Seigneur.
Les divers sens et étymologies du mot graal et de ses homonymes .
1°graïl ou graille ,
du latin craticulum, désigne
un gril ou une grille, par suite et par métaphore un « polissoir »
comme celui d’Arrou , appelé précisément les
Grilles du diable, à cause de’ ses stries spectaculaires . Joël Grisward en rappelant que le graal n’est pas un
récipient chez Wolfram, permet mon interprétation par une pierre
« turquaise », c’est-à-dire païenne, un « polissoir » par
exemple. Du sens de « polissoir », le mot a passé par la
suite au dolmen, comme le confirme le mot féminin gralepois, de graale et de
pese, du latin pensa, suspendue, pour désigner un dolmen cette fois.
2°graël ou graal, du latin gradualem,
, désigne un graduel, c’est-à-dire des versets
qui se chantaient à l’office, sur les degrés du jubé ou de l’ambon, ou bien un livre d’église contenant
ce qui se chante au lutrin pendant la messe, ou bien enfin, n’importe quel
livre ou registre .
3° graal, du latin cratalem, de
cratella, diminutif de crater. En grec, kratèr désignait un
grand vase où l’on mêlait le vin et l’eau pour y puiser avec des coupes
ordinaires plus petites, et désigne un
bassin dans un roc, une cupule, par
exemple dans la tragédie de Sophocle, Œdipe
à Colonne, vers 1593, ou dans Platon, Phèdre
111 d. Chrétien parle d’ « un
graal » : il ne croyait
donc pas que celui-ci fût unique. Ce que les spécialistes de la préhistoire
appellent les cupules ou graux sont abondantes sur les
« polissoirs », que ceux-ci soient énormes ou au contraires très
petits et donc portables jusqu’au malade ; on leur rendait un culte, elles étaient
considérées comme sacrées et leur eau passait pour un remède miraculeux. On
passera ainsi du dolmen (la« pierre turquaise ») et du « polissoir »
chez Kiot et chez Wolfram au seul « polissoir » pour le « service du graal » (la cupule dans
un petit « polissoir ») chez Wolfram , donc aussi chez Khyot
(perdu), et chez Chrestien. On peut supposer que, pour ce « service », on puisait
l’eau sacrée avec un petit graal de pierre dans une grande cavité d’un
« polissoir » plus imposant. Ce « service » prolongeait la
tradition indo-européenne de la graha que
rapporte, dans Orion ou Recherches sur l’antiquité des Védas, Lokamanya Bâl Gangâdhar Tilak : ce dernier rappelle que graha est le nom en sanskrit d’un
récipient sacrificiel utilisé le jour de la pleine lune du 24 décembre, et que
chaque jour de la semaine avait sa propre coupe. Le culte des cupules (creux
artificiels ou naturels dans le roc) remplies d’un liquide rouge est souvent
associé aux polissoirs. La cratera de
Joseph d’Arimathie peut avoir hérité du sens indo-européen de graha.
Dans Orion ou
Recherches sur l’antiquité des Védas, Tilak nous explique comment, pour les
Hindouistes, dans la région « polaire », où leurs ancêtres et les
nôtres habitaient jadis, le solstice
d’hiver, avait lieu le jour de la pleine
lune de Phâlguna, nom d’un des 12
mois lunaires correspondant à janvier et consacré aux Mânes des ancêtres. Le
sanskrit Phâlguna (à rapprocher du latin fulgur,
foudre,ou fulmen)
doit aussi être rapproché de
l’irlandais fal (g), dans la pierre de
Fal, nom du menhir qui criait lorsqu’il se heurtait à un roi. Pour leurs
cousins Parsis en Perse, les 5 jours de l’année qui commence sont appelés les
jours Fravardigan, de phwargduna, et
le mois de janvier, mois où l’on célébrait aussi les mânes des ancêtres appelés frohar,de phregwar, ceux qui ne sont
que flamme solaire, est appelé Fravashinam,de
phwragwa . Les frohar, c’est-à-dire les représentants spirituels des défunts
incinérés, sont l’équivalent, pour les
Hindouistes des pitri, les mânes des
pères. Pour les Hindouistes, les fêtes de Pitriyana peuvent s’étendre sur cinq jours seulement ou bien sur
une quinzaine de jours pendant lesquels les âmes des pitri
viennent dans les maisons de leurs
parents vivants.
Les auteurs vont jouer sur les sens divers de
ce mot graal. Ainsi s’expliquent
d’autres énigmes de Wolfram.
Les autres énigmes de Wolfram.
Les énigmes sont bien dans le goût du Moyen
Age et nous en avons décelé, dans le Parzifal
(entre 1206 et 1216 ?) de
Wolfram. Il y en a quatre que nous allons tenter de déchiffrer.
1) Voici
la première énigme : « les caractères A, B, C » permettent de déchiffrer le manuscrit
« arabe » (en réalité syriaque ancien, dit-on) découvert à Tolède
par Quiot de Boron. .
Nous sommes renvoyés, par ces
lettres A, B, C, à l’abaque
ou tailloir, synonymes désignant un polissoir préhistorique avec ses stries
parallèles. Tel est le sens de cette
énigme qui fait manifestement
allusion au mystérieux graal, au sens de
« polissoir ».
Le mot tailloir
évoque, à cette époque, un plat avec
des rigoles où coule le sang de la viande découpée, mais il peut aussi désigner
la tablette qui supporte le chapiteau
roman, lui-même orné de crânes sculptés. Chez
Chrétien, ce tailloir ou plat en argent serait un symbole de la lune et on y découpe un
cerf, symbole de la lune et de l’année
finissante au 24 décembre. Au vers 3218 sqq de son Perceval : « le premier mets fut d’une hanche d’un cerf de haute graisse, épicé au poivre…Un
jeune homme a, devant eux, découpé la
hanche de cerf au poivre qu’il a d’abord tirée à lui sur le tailloir d’argent, puis il leur en
présente les morceaux sur une large galette. »
2) La 2e
énigme : interviennent
dans Parzifal « deux
couteaux tranchants » qui
font allusion à l’hagia longue (hagia [
machaira ] qui signifie [ le couteau] sacré, long couteau
triangulaire, servant à découper des hosties , pendant la
phosphora (iera), la fête aux flambeaux
de la liturgie orthodoxe. Il est aussi possible d’y voir une allusion à
deux menhirs du Passais, appelés
les Pierres- couteaux: le menhir du
manoir du Perron à Passais-la-
Conception et le menhir de la Châtaigneraie
à Saint- Siméon.
3) 3e
énigme, la lance qui saigne que nous trouvons dans le cortège du Graal
renvoie à un autre menhir de la
région, celui de la route de Banvou près de Saint- Bômer-les -Forges appelé la Pierre lance. A l’époque, on connaissait
la phrase du Christ (Apocryphes,
Epître de Barnabé, Agrapha, 12, 1) :
« quand un bois aura été couché et relevé, et quand du bois couleront des
gouttes de sang, la fin des temps sera proche » et le Messie
reviendra. La lance qui saigne est le signe pour les millénaristes que la
fin des temps est proche (1200), ainsi que le salut et la résurrection pour les
hommes qui ont vécu avant la mort du Christ, comme les squelettes qui sont dans
les urnes entreposées dans les dolmens normands, qui eux aussi seront sauvés
par le Messie.
4) 4e
énigme : le cortège du Graal. Il y avait dans la région de Passais, sur la
route de Banvou, un dolmen troué
et l’allée couverte dolménique des
Creux, en granit roussâtre, avec
trois cupules et une rigole. Le mot creux, au pluriel ici pour désigner
chacun des éléments composant l’allée couverte, est un doublet
dialectal de graal, graus ou craus ,et c’est le nom d’un
autre dolmen de la région, Le
Creux de la fée,qui vient lui
aussi du grec cratèr,
diminutif cratella, donnant
grazel , attesté en provençal, puis crael, creu: comme cratèr, il désigne les bassins dans le
roc ou cupules sur le dolmen ou sur
le « polissoir ». C’est
ce mégalithe qui donnait lieu à des cérémonies chrétiennes autour de Domfront
où résidait Chrétien, à la cour d’Aliénor d’Aquitaine, et qui a pu inspirer
Chrétien, d’autant que le dolmen est lié
à Perceval parce qu’il est un dolmen troué et que Perceval est le héros qui se
fait lui-même en sortant par ses seuls moyens du dolmen, bouché à son entrée une grosse pierre comme
celle du tombeau du Christ.
Chrestien de Troyes a certainement assisté à ces cérémonies
autour du dolmen du Creux. Ces
processions qui reflétaient de vieilles
traditions commençaient dans une allée
couverte encore appelée la Table- au-
Diable, la table païenne de tous les mets et boissons (cela deviendra dans
l’oeuvre le repas plantureux du graal, le banquet de réveillon).
On peut en rapprocher certains
vestiges de superstition, comme à
Brèches, en Indre-et-Loire, sur la route de l’ancienne voie romaine du
Mans à Tours, avec un
menhir qui a un mètre soixante
quinze de haut. « A son sommet,
écrit Louis Bousrez, existe un creux
… Dans ce trou, où l’on peut mettre la main comme dans un bénitier, on trouve, de temps à autre, des pièces de monnaie et certains comestibles, pain, fruits, fromages, etc., offerts par des
gens qui attribuent à la pierre des propriétés merveilleuses. Ces objets sont
déposés en offrande, sans aucun but charitable, car l’on sait bien que personne
ne peut les apercevoir de la route et que les comestibles sinon l’argent sont
perdus. » Ceci rejoint la tradition des banquets offerts aux mânes des
défunts le 24 décembre.
Cette Table -au- Diable dolménique , rectangulaire et réputée maléfique ,
chargée de victuailles et qui est devenue
chez Chrestien la Table du Graal , s’opposait,
pour les Chrétiens rigoristes, à la Sainte
Table chargée du calice pour le vin
et du ciboire pour les hosties, ainsi qu’à celle des Chevaliers de la Table ronde. Perceval le « nice », le simple, frappé d’un tabou, d’une leis
celtique, qui lui interdit de
poser la question rituelle salvatrice de savoir pour qui est ce service du Graal (savoir,
pour les morts incinérés, aux cendres que contiennent les urnes remisées dans les dolmens, ces morts
en l’ère de Disgrâce, d’avant la
Résurrection), ne rompt pas
l’envoûtement qui empêche ces hommes du dolmen d’être sauvés et laisse leurs cendres dans leur état mauditd’excommuniés. En
expiation, avait lieu, sur les mêmes lieux
une procession dite des Anges (figurée dans une grande fresque à
l’église de Passais- la- Conception dans la région), le lundi de la Pentecôte et le vendredi saint.
La lance et les chandeliers « à dix chandelles »
(Chrétien), 10 pour les 10 mois de l’année primitive (décembre est le nom du
dixième mois).
La
lance est qualifiée en ces termes par Chrestien, au vers 3129 sqq. : « Un jeune homme sortit
d’une chambre, porteur d’une lance
blanche qu’il tenait empoignée par le milieu [pour ne pas se brûler les
mains à ce contact incandescent]. Il
passa par l’endroit entre le feu et le lit (de laye, dolmen dans le conte de Khiot) où ils étaient assis, et tous
ceux qui étaient là voyaient la lance blanche et l’éclat blanc de son
fer. Il sortait une goutte de sang, du fer à la pointe de la lance, et jusqu’à la main du jeune homme coulait cette
goutte vermeille. » La croyance que lorsque le bois, puis la lance saigneraient, la fin du monde serait
proche et que les hommes incinérés se trouvant dans les dolmens seraient sauvés
et ressusciteraient était alors largement répandue .
C’est la lance de Lug,
rapportée depuis les îles
originelles de Scandinavie jusqu’au Pays
de Galles, une lance de feu qui jette des étincelles et dont les
blessures sont mortelles : ainsi, Celtchar a-t-il été tué par une goutte
de sang qui avait coulé de la hampe de
cette lance. Tenue par un héros
irlandais, elle est comparée à un chandelier, dont la branche principale est
l’axe solsticial et dont les dix
chandelles renvoient aux dix mois
de l’année primitive dans les régions du cercle arctique, vite éclipsés
par la naissance du soleil après un long
temps d’obscurité. Au vers 3164 : « Quand la porteuse du Graal fut entrée dans la
pièce, avec le graal qu’elle tenait, il se fit une si grande clarté que les
chandelles en perdirent leur éclat, comme les étoiles au lever du Soleil ou de
la Lune. »
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