mercredi 27 décembre 2017

LE PARATONNERRE DE LAPEROUSE

LE PARATONNERRE DE LAPEROUSE
Dans le Journal de bord d'Albi , hiver2017, n°74, je lis un article de Colombié sur le le paratonnerre de la Boussole , qui cite Le Roy, lequel note en 1784 qu’il serait nécessaire  de disposer de plusieurs paratonnerres par bâtiment: un sur le grand mât , l’autre sur le mât de misaine . Il proposait de lui faire suivre l’un des galhaubans du mât, -le galhauban étant une longue corde qui, partant du haut d’un mât, descend jusqu’au côté du bateau. Il s’agit de faire arriver à la mer une chaîne métallique composée de chaînons de cuivre rouge reliés par un anneau. Or, au  chapitre Ier de son  Journal , Lapérouse précise e que « l’Astrolabe n’avait pas de paratonnerre, mais eut comme la Boussole , qui en portait un, le feu de Saint-Elme sur la pointe de son mât. »Colombié ne s’étend pas malheureusement s sur le sens de la phrase de Lapérouse: l'Astrolabe avait-elle un ou plusieurs  chaînes de paratonnerre en cale ,mais sans l'avoir installée .
 Conan indique que 23 éléments de chaîne de paratonnerre ont été repêchés à Vanikoro, tant sur le site de la faille , réputé par lui être celui de la Boussole, pour moi celui du bateau de secours ,que sur celui de la Fausse Passe , que tout le monde  s’accorde pour être celui de l’Astrolabe.Or, de deux choses l’une : si l’expédition n’avait qu’un paratonnerre sur la Boussole, on ne devrait  en retrouver logiquement de restes que sur l’épave de la Boussole, donc pour Conan , sur le seul site de la faille du récif, -pour moi  au tombant du récif au sud-est de Vanikoro , à Makalumu, où personne n’a encore été y voir. Comment se fait-il donc que l’on trouve aussi des éléments de  paratonnerre sur le site de la Fausse passe, donc sur le site de l’Astrolabe pour Conan comme pour la Marine?

Il est vrai  qu’au musée de la Marine on pouvait voir, dans une vitrine,  l’inscription : « Fragments du paratonnerre de l’Astrolabe.  » 
 Je pense que l’Astrolabe devait avoir aussi un paratonnerre, mais qu’elle ne le portait pas à son mât,parce que de Langle le tenait pour inutile, ayant vu près de Sainte-Catherine le mât de la Boussole avec son paratonnerre paré d'autant de feux que son propre bâtiment.. Par conséquent, il est impossible (comme pour les meules à grain qui,existaient, bien entendu , à bord de chaque bâtiment) d’y voir sérieusement un indice en faveur de la présence de l'épave de la Boussole
  Sur le bateau de secours,fabriqué à partir des éléments de l’Astrolabe,et échoué , selon moi,  sur le site de la fausse passe , la présence d’éléments de paratonnerre s’explique très bien par la récupération d’éléments sur l’Astrolabe

mardi 19 décembre 2017

JEANNE D’ARC ET LE SANG DES MALOISEL, nom de grand-mère maternelle.

                 JEANNE D’ARC ET LE SANG DES MALOISEL
Quel fut le nom de famille de Jeanne la Lorraine ? Dans Jeanne, dite Jeanne d’Arc, de Henri Guillemin, on peut lire que Jeanne, en son procès, dit qu’ »en son pays on l’appelait Jeannette et que, « venue en France, on l’appela  Jeanne. » Quand Cauchon lui demande son nom de famille, elle répond qu’ « elle n’en sait rien ».Jeanne, interrogée, précisera  qu’au village  on appelait  parfois son père Tarc, ou Darc(q) ou Dare ; « Son père était nommé Jacques Tarc. »La pièce connue  sous le nom de « manuscrit d’Orléans » porte ceci : Jeanne, « fille d’un laboureur (au sens de propriétaire rural] nommé Jacques Tart » .Les secrétaires royaux, dans les lettres d’anoblissement, opteront pour Day (à prononcer dailli). Le nom de son oncle Durand comme celui de l’épée Durandal, est l’altération de Thuringe.
  Les frères de Jeanne : Pierre  avait obtenu, en 1453, du duc d’Orléans un modeste cadeau, l’exploitation (fourrages) de l’île -aux- Bœufs, près d’Orléans ; Jean, anobli comme Jeanne,  et qui a le droit de s’appeler désormais Du Lys, se désignera  lui-même plus tard comme Dalie, -ses descendants signeront de Dallye, -qui avait pu  décrocher d’abord le poste enviable de bailli du Vermandois, avait été rétrogradé, devenant prévot de Vaucouleurs. Jeanne d’Arc, appellation fictive, conclut  P. Guillemin.
Est-elle la « bonne lorraine »dont parlera Villon ? A strictement parler, non, Jeanne n’est pas une fille fde lorraine ; au XVe siècle, la lorraine relève du saint Empire romain germanique, dont la Meuse trace ici  la frontière. Jeanne st née sur l’autre rive, pas en lorraine, mais en Barrois. Et ni son  père, champenois, semble-t-il, ni sa mère, -Zabillet, -qui est de Vouthon, en pays de Bar, ne sont lorrains.. » « Lorsque Jeanne dit « la France », il ne s’agit pas de l’hexagone actuel. Non seulement, quittant Vaucouleurs, c’est vers »la France » qu’elle se dirige (elle ne s’estime en France, ni à Vaucouleurs, ni à Domrémy), mais lorsque le roi, à l’automne 1429, l’enverra attaquer la Charité-sur-Loire, elle dira clairement qu’elle  eût préféré « venir en France ». Pour elle, Saint-Pierre-le-Moûtier  et la Charité –sur-- Loire [Nièvre]ne sont pas non plus en France. La France, pour Jeanne, c’est l’Ile –de- France., autrement dit cette province qui a paris  pour capitale et qui  englobe les territoires formant aujourd’hui, outre la périphérie parisienne, les départements de l’Aisne, de l’Oise,de Seine-et-Marne et une partie de la Somme . Consultons une carte  où sont indiquées les limites du « royaume de France » au XVe siècle. En font partie l’Artois au nord, la Normandie au nord-ouest, la Bretagne, le Maine, l’Anjou, le Poitou et la Saintonge à l’ouest, la Guyenne au sud-ouest, le Berry et l’Auvergne au centre,le Languedoc au sud, la Champagne, la Bourgogne et le Dauphiné. N’en font pas partie la Lorraine, la Franche-Comté, la Bresse, pas plus que la Savoie et la Provence. Ni Cambrai, ni Metz, ni Besançon, ni Marseille ne relèvent de la couronne française. Toutes ces régions –là appartiennent à l’Empire romain- germanique ;Maon est une ville- frontière. »
Toutefois, le nom de la Lorraine vient de lotharingie, le royaume de Lothaire et divers noms comme Darche, Darc,  , Dalie , Darclais ou par métathèse lisdark , darklis viennent de listhariki, de Lotsatingie.En somme,d’Arc est une apocope de Darclais et  les Darclais de Normandie  sont alliés aux Maloisel,-le nom de ma grand-mère maternelle ; aussi est-ce que je cite ci-après, d’après la brochure de mon lointain cousin décédé A.  F. P. Maloisel les textes qui illustrent cette parenté, le sang de la Sainte coulant aussi dans les veines des Maloisel. On peut tenter de remonter au frère de Jeanne d’Arc, Jean,  venu en Normandie vers 1460.
Généalogie de la maison d’Arclais, par le Cdt d’Audeteau, Vannes, 1912, in-4°, 502 p.
Au pays virois, mars-avril1927 : biographie du Commandant Louis d’Audeteau par M .  Marsille, président de la société polymatique de Vannes. . né en 1854, à Fontenay-le-Comte, militaire de carrière, e Commandant a effectué  des recherches sur sa famille et possédait de nombreux documents.
Archives départementales du Calvados, série E ; don Le Court, 1922 : lettre  adressée  vraisemblablement au commandant Le Court par le commandant d’Audeteau et concernant la recherche du sang de Jeanne d’arc en Normandie, extraits :17 avril 19+13, Vannes,
« Monsieur,
J’ai mis à jour une étude que je crois assez complète sur la maison d’Arclais, dont je possède ce que la révolution a  laissé subsister du considérable chartrier de Montamy (près de Vire, Calvados). Je suis bien moins surpris , par contre, qu’il y ait un lien rattachant les d’Arclais à la Pucelle et , si les Maloisel sont bien du sang de la sainte, il est clair que ce lien existe puisque, en effet,Françoise Guillard, femme de Jean –Joseph d’Arclais qu’elle a épousé le 21 décembre 1701 dans l’église Saint-Pierre de Caën, est fille d’une Maloisel ,Afemme de Didier Guillard.  »
Signé d’Audeteau



vendredi 15 décembre 2017

lLes noms de Tjibaou (tribu de Tiendanit) et de Thiéou (tribu de Oué Hava) ?

  D’où viennent les  noms  de Tjibaou  (tribu de Tiendanit) et de Thiéou (tribu de Oué Hava) ?
 La tribu isolée de Tiendanit
 Ma mère étant née à Tipindjé et connaissant Ty Venceslas, chef de Tiendanit et   père de Tjibaou, il était naturel que je m’intéresse à cette tribu  voisine. Remarquons d’abord que ceux qui parlent pamale comme les gens de Tiendanit sont indépendants de toute chefferie : faute de le savoir, le conseil coutumier et Gabriel Païta, son président, se sont attirés de sérieux ennuis, cf. Le livre  G. Païta témoignage kanak, de Cazaumayou et Decker . Ce sont les premiers et plus anciens  habitants de la Calédonie, débarqués sur un îlot du Nord, Yandé, puis émigrés jusqu’à l’embouchure de la Ti -Ouandé et enfin repoussés dans la chaîne à Tiendanit.
Leurs voisins, les  Pinjés,  ont d’abord été refoulés par les mêmes  migrants Hawekes de Pouébo (le nom de Pidjo , à la Conception, rappelle leur  victoire sur les Pinjés)  comme en témoigne le nom de Oué Hava (de oué, rivière, et de  Haweke ou Kawéke,  nom de la tribu de Papouasie d’où ils viennent,  cf. le nom du chef Kahavéke-at  avec suffixe –at de provenance )  . Oué Hava, la rivière des Haweke,   détrône l’ancien nom Tipindjé, de ti, rivière, et de Pidjé, la rivière des Pinjé.  
Les langues des  tribus catholiques  de Ouélis parlant le  pwamei et de   Tiendanit parlant  le   pwamalé et  de la tribu protestante  de Ouanache, chef Nea Galet ,  parlant  le   pwamalé  , sont des variétés dialectales du  pwamale  . Cette langue   fait partie du groupe Na-Ndene en Amérique du nord, voir une carte de la répartition linguistique américaine dans  Rivet, L’origine de l’homme.  Migrants les plus anciens d’Amérique, ils se sont installés, une fois franchi le détroit de Behring, fort haut dans le nord de l’Amérique. Le nom du  groupe linguistique Na-Ndene qui est à rapprocher du nom indigène de l’île de Santa Cruz,aux Salomon,  Ndeni, et de Ti –N’danit en Calédonie  , peuplés tous deux originellement  de cousins  proto- polynésiens originaires du littoral de l’Asie (l’homme de Kenwick datant d’environ 13000 hommes  a été rapproché des Aïnouset des Polynésiens). C’est le plus vaste des groupes linguistiques nord-américains, qui s’étend depuis la côte arctique où il est contigu des Eskimos dont il est parent jusqu’au sud du Mexique et qui comprend aussi les Tonguiens.  Tonguiens et gens de Tiendanit sont des protopolynésiens qui, d’Asie, ont passé par N’deni aux Salomons.

Quant au  pindjé,  que mon oncle parlait parfaitement, c’est une langue mourante parlée dans la haute et la basse Tipindjé, qui est à rapprocher du tipintjara en Australie (tipitjara ou mindi ou dragon, nom à rapprocher de ligura, le serpent enroulé) et du nindé parlé à Malekula au Vanuatu. Les Siningone , premiers habitants de Maré, leur sont apparentés. Le nom de  Biganda  ou Puyganda, venant de liguri, le serpent divin enroulé,  à Hienghène,  désigne également  ce redoutable dragon.  A noter que les noms de pays africains Ouganda et  Ruanda et les sites mégalithiques d’Afrique noire, par exemple, au Zimbabwé, le site de Tambacounda (anaconda, serpent), qui comprend   un monument   circulaire, ou ceux  du Niger, du Togo, du Tchad, de  Sénégambie, de Mauritanie, du Mali, de République Centrafricaine pourraient bien être apparentés.
En Australie existe la légende du mindi, python- diamant, originellement confiné sur la région côtière.  Avant le python -diamant ou plus tard le serpent arc-en-ciel, le mot mindi (de li guri) devait désigner le calmar monstrueux.
Les Pinjés ont  été refoulés par leurs cousins plus récemment arrivés, les  Hawekes papous.

Venons-en maintenant à la signification du nom de Tjibaou à Tiendanit ou de Tiéou à Oué Hava. Tjibaou  avait raison dans sa polémique avec G. Païta sur l’étymologie de son nom, voir le livre  G. Païta témoignage kanak, de Cazaumayou et Decker, p. 21,  où Gabriel Païta interprète à tort  le nom de Tjibaou comme se décomposant en ti ou tibawe =ethnonyme  peuple arrivé de la mer+ ba=peuple et we, la mer , donc Tjibaou comme l’appel lancé au peuple Ti, « ou » étant une onomatopée qui exprime l’idée du son émis en soufflant dans la conque. Après que G.  Païta, au cours d’une émission télévisée, eut rendu publique cette interprétation, Tjibaou la contesta, mais Gabriel Païta maintint ses  explications.
 En réalité, le  nom Tjibaou ou  Tjubaou , comme le nom de Tibawé, est à rapprocher du  nom tonguien désignant un chef militaire   héréditaire , dont le sens a évolué ensuite en chef religieux,comme l’atteste le nom de   Thubaou, « l’un des premiers chefs de cette île [Pangimodou près de Vavao, aux Tonga ] et que les naturels croient être parents de leurs dieux » selon Dillon, voir La malédiction Lapérouse, Journal de Dillon, p .785 , 796 et 807 et Rienzi, Océanie, tome 3 ,  sous les orthographes toubo-ou, toubou, toubo (+ hou, roi . Thubaou , tjibaou , le chef militaire -roi,  se décompose en touba , sorcier, noble, +hou, roi,  cf toubib, de l’arabe d’Algérie  thib, sorcier,  toubab,  blanc en Afrique noire.
Dans Rienri, op. cit. , p.117, le tableau des principaux chefs de Tongatabou  nous donne les noms de  Touboou pour le district de Nougalofa, et Toubou- Néafou pour le  district de Olong- Ha .  Les noms génériques de chefs ont été pris pour leur patronyme, comme toui- tonga.
Le navigateur espagnol Morillo nomme Toubou un homme âgé de Vavao, chef de la famille des Toubo, le même que celui de Cook (Journal de Dillon, op . cit. , p. 81 et 108)  . La hiérarchie était la suivante en1781 : 1 le touitonga, 2 les parents du touitonga comme Finau, son cousin ; 3  le toubou, nommé alors Mari- Wagni, beau-frère de Poulaho et oncle du  Finau, dont parle Cook, mort peu après son 3è voyage, ,Rienzi, op . cit. , , p. 81. Citons encore  les noms de Toubo- toa et de  Toubo  –tatai.  La famille des Toubo à Niokou-Lafa (Nougalofa) fut chassée par Finau  de Vavao.
Pour compléter cette constellation sémantique tonguienne, il faut rapprocher :
a)  le nom de l’île d’Opao , cher à Gabriel Païta , pour la Grande Terre, conservé à Ouvéa et datant de la première migration des Aveke en provenance de Papouasie (voir mes blogs), où le coup de glotte initial s’est amuï, de Topao, l’île indiquée aux migrants par le chef- prophète, la Calédonie, l’île du prophète ;
b) les Toupap haou terrifiants de Gauguin et de  mes amis polynésiens et les haou  de Canala en Calédonie chers à Mariotti   sont les témoins d’une évolution sémantique liée au culte des morts  et des ancêtres : toubab , chef religieux , joint à haou, roi , donc le chef -sorcier -roi des morts,  a pris le sens de fantôme persécuteur menaçant ;   
c) le mot polynésien tabou. Le nom de Tongatabou est étonnant, voir Rienzi, op.  cit. , p. 45, « Le toui -tonga ou  souverain pontife, chef suprême, est issu des dieux qui visitèrent jadis l’île de Tonga (mot qui signifierait l’est, le levant), mais on ignore s’il eut pour mère une déesse ou une femme du pays. Son titre  toui- tonga signifie chef, noble, seigneur de Tonga  [toui, cf .  ti dans le nom même de Ti-endanit , qui signifie les nobles Ndanit ou dans le nom de Tye Venceslas, le père de Tjibaou )] . Tonga a toujours été regardée comme la plus noble de ces îles et celle où,  de temps immémorial, les plus grands chefs ont tenu leur cour et où ils ont été enterrés après leur mort .  On qualifie  aussi  Tonga  d’île noble ,  mais  c’est par erreur  que,  sur plusieurs cartes,  on l’indique sous le nom de Tonga- tabou, ce dernier mot n’étant qu’une épithète qu’on y joint quelquefois. »
d) Tein-arhou en Calédonie  ou polynésien Te-ariki , au sens de chef religieux ;
d) Rienzi a justement comparé le régime tonguien à celui du shogun, maire du palais japonais près de l’empereur ou daïri , lequel shogun était  appelé anciennement koubo, équivalent phonologique de toubo, chef militaire.
Le nom du chef de Oué Hava : Tiéou, variante dialectale de Tjibaou.

Tiéou  vient de Tiébo -hou ;  le b entre deux voyelles disparaît comme dans Touho, de tubo. Ce nom seul  désigne d‘abord le chef militaire héréditaire, puis,  accompagné de hou  qui signifie roi, le chef religieux –roi  toubo (+ hou, roi) et donne  Tjibaou  , aussi bien que   Thiéou .