samedi 30 mai 2020

Sur la piste des zébus : le sens premier des prétendus « polissoirs » fixes.


Sur la piste des zébus : le sens premier des prétendus « polissoirs » fixes.
Le Professeur Jean Bernard, dans Le sang et l’histoire, P.81 et 84, retrace la trajectoire des zébus en liaison avec les porteurs d’anémie particulière, du Moyen Orient à la Rhodésie et à Ceylan : « Le territoire où l’on trouve l’anémie à globules rouges en forme de faucille et le territoire du bœuf zébu sont à peu près les mêmes, avec la même limite méridionale, le fleuve Zambèze. Le zébu a dû accompagner fidèlement dans leurs migrations et dans leur établissement les populations portant l’hémoglobine anormale… Le berceau de l’anémie à globules rouges à forme de faucille ne serait (pourtant),  ni l’Afrique, ni le sud de l’Inde, mais dans la péninsule arabique le territoire correspondant au Yémen actuel. C’est dans le groupe de populations qui habitaient à la période mésolithique dans cette région du Proche-Orient que l’anomalie de l’hémoglobine serait apparue en premier. Ultérieurement surviennent deux séries de migrations :
1)    Les premières migrations vers l’Ouest,
a) soit en suivant cette côte méditerranéenne [ jusqu’à l’Atlantique [jusqu’au Maroc et à la Mauritanie actuels , maure , maurisque, moresque, venant de ma [grand]-aur et aur désignant l’aurochs] ,
b) soit en pénétrant directement au cœur de l’Afrique à travers l’Ethiopie ; de là les populations se seraient dispersées :
-vers l’Ouest jusqu’au Golfe de Guinée ;
-vers le sud jusqu’au Zambèze. Nous avons déjà noté la coïncidence frappante entre ces migrations humaines préhistoriques et celles de certains animaux domestiques, en particulier de plusieurs variétés de zébus, qui, venant eux aussi du Proche-Orient, paraissent avoir emprunté à la même époque les mêmes routes.
2)     Les deuxièmes migrations vers l’Est, vers l’Inde et vers Ceylan »


Les deux Ethiopies de l’antiquité : celle de l’ouest et celle de l’est  qui a gardé son nom, toutes les deux avec des zébus.
Dans son Histoire d’Attila, 1864,tome 1er , Amédée Thierry, p.  4 sqq, , parle des Fenn ou Finn, Finnois, qui s‘appellent eux-mêmes Suomi (cf. Samoïèdes, ceux qui ressemblent à des Suomi), Zoumi chez l’auteur grec Strabon, comme d’individus trapus, au teint basané, au nez plat, aux pommettes saillantes. Ils sont encore appelés Chounoi, Chounnoi, Ounnoi, en latin Chunni, Khounn, Hounn ou Huns. Ceux-ci se divisent en deux grandes branches : « le rameau oriental ou caspien portait le nom de Huns blancs (selon Procope, Bell. Pers., I, 3,  ils sont blancs, albi, de peau éclatante de blancheur, -cute candida, - et de beau visage) par opposition au rameau occidental ou ouralien, dont les tribus nous sont présentées comme basanées ou plutôt noires., ater, sombre, qui manque d’éclat, noir Et Thierry cite , P. 7, Jornandès ou Jordanès, un Alain, donc parlant une apparentée à ces Huns ouraliens, auteur au VIe siècle d’une Histoire des Gètes en latin,  qui les décrit comme  pavenda nigredine,8,  d’une noirceur à faire peur,  et encore taetro colore, 11, d’une couleur repoussante (on  songe aux Dravidiens ou Tamouls comme aux zimbawés). Thierry écrit : « la domination hunnique renfermait à l’orient  des populations de race turke, à l’occident des Finnois,et, … une tribu dominante,  de race mongole, offrant le caractère physique asiatique plus prononcé que les
Finnois. En effet, c’est avec l’exagération du type calmouk que l’histoire nous peint Attila., qui est plutôt leb type d’un Mongol que celui d’un Finnois. »


Après avoir admis comme incontestable l’affinité entre les langues parlées dans la famille des peuples oualo-altaïques, ajoute qu’ils parlent une langue parente des langues altaïco- ouraliennes dans lesquelles rentrent les langues que nous appelons caucasiques (Tatares, etc.), ainsi que le hongrois, l’este,   le finnois, le turc, le kirghiz,  l’aïnou à Hokkaïdo et le basque.Exemple emprunté à la toponymie des Asturies et de la Corse : -Gijon et en Corse Ghisoni en Corse, avec son ancien pluriel basque en –ak, Ghisonaccia.
Or, l’une de leurs tribus a donné les Ligures, encore appelés les Ibères ou les Ouigours, et le mot latin niger, noir, nègre en français,  est dérivé de ligur.
D’où vient cette couleur noire ? D’un métissage, bien évidemment, et il reste de l’aventure le nom d’un grand fleuve d’Afrique noire, le Niger, et d’un Etat voisin, le
Nigeria ou de l’herbe de nyger, Guizotia abyssinica,  si affectionnée des tourterelles.
Le grec bous, boeuf, vient de bôuse et est à rapprocher du sanskrit gauh, de gôr au Cambodge, de la racine
gw ôu-. Thème alternatif en a long ; sanskrit gâm, grec homérique  bôn, latin bôs ,;langue aryenne de Zimbawé sam-ga (m)  bœuf à bosse, zébu.
 Le zébu , autre graphie cébu ou gébu,  vient de la même racine gwôu- qui donne gwoov , avec prolepse du w,  gowo , et   se dit en grec Boûs en Suriai, le bœuf de Syrie, selon Aristote, Histoire des animaux, 9,28, ou boubalos , bœuf à bosse ( de bou, boeuf en composition, et de ngwen pour désigner la bosse caractéristique du zébu avec dans balos le transfert de la nasale  b +n voyelle noté an + n dissimilé en l ,
donnant bal +os, bl venant de bn du radical gwen, bosse)  et boubalos  désigne le buffle (mot qui en vient), encore appelé bous agrios, le bœuf sauvage, loc . cit. , 9,1.Le latin inguen  qui signifie   à l’origine tumeur, puis tumeur à l’aîne, comme le grec gagglion, tumeur sous-cutanée et non ganglion au sens moderne dit le Bailly,  de gawgluôn, d’un mot désignant une tumeur,grec goggros, ou goggulos, rond,  latin conger de gogger,  balanos ,  arm. kalin, latin glans ,de gwel°n-,  enfin aîne, est à rappocher du grec boubôn, génitif  boubôn-os, sanskrit gavini, même sens, tous trois de ngwen , boubôn s’expliquant par l’ajout de bou en composition, bœuf à bosse, zébu, + gwen .
Le nom de Göbek-li tepe est un pluriel  qui vient du radical gowo-, désignant le zébu, + pluriel retrouvé  en basque et en aïnou (aïnou kema, pied, pluriel kem-aki) en –ak, pour –li, morphème de génitif en l voyelle noté li rencontré aussi en hittite, et ,  pour tepe, de tempè,  radical désignant le temple, latin templum (de temehnum,temblum, temwlum), irlandais tamhnaïm,  grec temenos, endroit délimité. Quant à l’aurochs, urus en latin (cf. latin  taurus, taureau), d’une racine italo-celtique arw-, en  germanique auer,   le mot français vient  de l’allemand Auerochs, avec redondance ochs, bœuf (cf.l’ anglais ox, de auh+s, h étant une laryngale se transformant en k devant s).
 On retrouve le nom de Göbekli Tepe   à Malte pour un  sanctuaire  englouti à 2 kilomètres de la côte, le sanctuaire  de  Geb-elgol -Bahar, l’orge (bahar) du bœuf à bosse  (gebelgol  de gwovo+ngwen (donnant lgwol), ngwen  désignant  la bosse caractéristique du  zébu), bahar en tokharien , notation de bar avec a long, signifiant froment, cf. l’arménien hur,  le grec pur, l’ombrien pir, le latin far, le vieux haut allemand flur, l’anglais flour. L’historien grec du VIe siècle av. J. –C. Hérodote (IV, 94)  nous a conservé  le nom de la déesse Gebeleïdzis (où l’on reconnaît Göbekli au singulier Geb et au génitif Göb -el ,+ suffixe de composition –eï- , et avec un postfixe -dzis signifiant orge , à rapprocher du  grec homérique  zeia.  C’est une déesse dont on a la variante thrace Zamolxis, de gabol-dzis , la déesse Cérès à l’orge sacré porté par le  zébu,   et Hérodote attribue cette divinité  aux Gètes,  peuplade    installée sur le Danube, dont le nom est à rapprocher de celui de l’orge, vieux haut allemand gersta, , du nom de la   déesse latine des moissons Segesta, , de segersta, semences d’orge , ainsi que du nom du  Taygète,  de gresta. , grains d’orge. 

Les migrations ou les vestiges actuels du Zimbabwé.
Klaus Schmidt, dans Le premier  temple,  p. 206, évoque le Zimbabwé, ex-Rhodésie,dont le nom signifie  maison commune  (kamba) de pierre en karanga, la langue locale, région  riche en enceintes circulaires de pierre au sud du fleuve  Zambèze (voir Roger Summers, conservateur du Museum national de Rhodésie, Zimbabwé, a Rhodesian mystery, 1963, trad. en 1971 sous le titre Zimbabwé, mystère rhodésien :  « dans une Afrique noire aux huttes en argile couvertes de feuillage, ces monuments de pierre étaient vraiment quelque chose d’extraordinaire. .. Le Grand Zimbabwé  présente sans doute des similitudes avec  les constructions de Göbekli Tempe » [vieilles de 10 000 ans et situées  en Turquie aujourd’hui]. »
En onze mille ans, la fonction de ce qu’on appelé improprement des « polissoirs » a changé plusieurs fois. De même que la région de Göbek-li , le Croissant fertile, serait le lieu de naissance à l’état naturel de toutes les céréales (voir mon blog : du nouveau sur les mégalithes), de même l’élevage des bovins, des zébus en particulier, a pu apparaître dans le voisinage : le professeur Bernard affirme que les zébus sont originaires du Yémen. Il reste quelques traces de la primitive chasse ou plutôt de la capture des taureaux, les mâles des aurochs et zébus  (qui nous a laissé la corrida)  sur les représentations d’il y a dix mille ans dans le livre  de Klaus Schmidt, en particulier, page 308, ou symbolisé par un bucrane  ( grec bou, bœuf, crâne),  une paire de cornes au-dessus d’une tête,   comme p.244.
Première étape , il y a 10000 ans environ, à Göbek-li.
On est passé de la chasse alimentaire et du nomadisme qui lui est lié en raison de la raréfaction du gibier à l’apprivoisement plutôt qu’à la domestication proprement dite des aurochs et zébus, pour leur lait, ceci   antérieurement  à la naissance de l’agriculture qui est postérieure à ce début de  domestication. Or, le zébu montre sur une photo du net , à l’article qui lui est consacré, un  trait appelé à avoir une grande importance, savoir sur le jarret plusieurs  plis de graisse ,  pli se disant notamment lup , métathèse de ulb,  , de urv,le nom de l’ aurochs ou zébu, -c’est dire l’ importance de la métonymie (la partie, -les plis, -pour le tout, -le zébu. Homonymie capitale également : le nom du bœuf à bosse et de la bosse à l’aîne sont identiques. Le latin inguen  qui signifie   à l’origine bosse comme celle sur le dos du zébu,  tumeur, puis tumeur à l’aîne, enfin aîne, est à rappocher du grec boubôn, génitif  boubôn-os, sanskrit gavini, même sens, tous trois de ngwen ,- boubôn s’expliquant par l’ajout de bou-  en composition, bœuf à bosse, zébu, + gwen .
 L’aîne,  par métonymie de voisinage, désigne les organes de reproduction, tant femelles que mâles. Par suite, cet emblème constitué par les plis sur le jarret  ou  l’aîne, va être pris pour un symbole de la fécondité et de la bonne santé du troupeau de bovins.
La représentation des sillons sur  les roches , gage de fécondité des troupeaux de zébus.
Tel est le sens originel des pseudo-polissoirs.
On peut observer, op. cit.,  p. .382, une  protomé de porc cinq sillons  et, p. 308, sur la patte antérieure gauche du zébu capturé, pour son lait probablement,enfin, p. 167, un taureau avec cinq côtes saillantes , « étonnamment marquées », écrit K. Schmidt.
Je rapproche  le même phénomène de pseudo- côtes marquées et d’incompréhension des archéologues (qui les attribuent à la famine) de celui qu’on a observé à l’île de Pâques (voir mon blog : du nouveau sur l’île de Pâques). 


L’une des caractéristiques de ces blocs pascuans est la sculpture  d’un buste d’homme avec un bouc (alors que les Polynésiens, on le sait, sont pratiquement imberbes),  avec un nez aquilin prononcé  et surtout avec les côtes saillantes.  Thor Heyerdahl, dans  L’art de l’île de Pâques, p.  179, planche 302, écrit : «  [Le Polynésien] Tuu-ko-ihu est honoré comme l’artiste  qui sculpta le premier moai kava-kava et le récit des circonstances dans les quelles il trouva son modèle est toujours le même. Allant faire une promenade à la carrière à « coiffure » de Puna Pau, il découvrit deux personnages faméliques qui dormaient à l’intérieur du cratère [ c’était l’ incarnation des premiers habitants pour les Polynésiens]. Ils semblaient n’avoir que la peau sur les os lorsqu’ils se réveillèrent et se montrèrent capables de marcher et de parler. Madame Routeledge ne voit en eux que de simples aku-aku ou fantômes.   Brown recueillit d’autres informations détaillées : il s’agissait d’ « aborigènes » [les premiers habitants]  chassés dans les montagnes par les envahisseurs et que la famine avait  ensuite réduits à la folie ».Quelle que fût la cause de cette famine, les archéologues expliquent ce motif des côtes saillantes par une disette qui frappa l’île.
  Pour moi en revanche, ces côtes n’en sont pas en réalité et ces traits en relief pris pour des côtes  représentent des sillons dans lesquels les graines ou les tubercules doivent « mourir »selon les croyances des primitifs  avant de pouvoir germer, donc le monde de la mort et du dieu des morts Animam, dont le nom est altéré dans l’homérique ès Haidès (génitif pluriel  domon), dans les demeures d’Hadès,  de hadi- mon pour hadimon, corruption de Animam .   De même, le motif des deux mains jointes sur les cuisses est un idéogramme qui joue sur l’homophonie du mot 
« mains » (manus)  dans la langue des auteurs de ces monuments  et du nom du dieu des morts Animan ou Agnimam, -comme à Göbek-li le porc (porkos) avec des sillons sur le corps (représentation ,  op. cit., p.382) représente le dieu des morts Orcus(voir mon blog sur les polissoirs). Il est intéressant de relever que dans la civilisation de Mohendjo Daro et d’ Harappa nous trouvons une statue  qui a aussi les deux mains sur les cuisses et que les habitants du coin appellent le shaman, par altération du nom du dieu des morts  Animam.
Thor Heyerdahl observe, loc. cit., que deux des grandes statues de Tiahuanaco en Amérique ont des côtes saillantes, comme dans les statues de bois ou de pierre du Mexique au Pérou , ainsi qu’ en Polynésie une statue trouvée  aux îles Chatham et transportée au musée de Dunedin. Dans ces traits communs, il range la circoncision, la barbe en forme de bouc, les lèvres minces et l’allongement rituel du lobe de l’oreille que les Polynésiens ont reproduit sur  les statues. On trouvera toutes les illustrations souhaitables dans les planches de l’ouvrage de Thor Heyerdahl cité, à commencer par les  planches 302 et  303.
L’agriculture en terrain sec à l’époque de ses débuts et son sillon unique blanchâtre, appelé géoglyphe.
Je citerai encore comme point de comparaison une technique agricole préhistorique méconnue et qui se retrouve aussi bien à l’île de Pâques qu’au Pérou, celle des jardins empierrés .Voici ce qu’en a écrit Jared Diamond à propos de l’île de Pâques et de sa technique des jardins de pierre dans Effondrement ou Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris, 2005, p.  132  : « les zones d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en surface à proximité les unes des autres afin que les cultures puissent pousser entre les pierres ; d’autres vastes zones furent modifiées par ce qu’on appelle des « mulchs lithiques », c’est-à-dire que l’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente centimètres,  des pierres qui étaient, soit prélevées sur des affleurements rocheux environnants , soit obtenues en creusant jusqu’au substratum rocheux pour briser les roches qui le composaient. ».[On appelle mulch en anglais un paillis, une couche protectrice faite d’éteules  et de déchets de moisson laissés à la surface du sol pour le protéger avant et pendant la mise en culture.]
 «  Dans les fermes du nord-est des Etats-Unis, […] les agriculteurs se donnaient beaucoup de mal pour évacuer les pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée d’y apporter délibérément des pierres .On retrouve […] l’agriculture de mulchs lithiques dans de nombreuses parties du globe, comme dans le désert du Néguev en Israël, dans les régions sèches du Pérou, de la Chine, de l’Italie antique et en Nouvelle-Zélande maorie. Les pierres rendent le sol humide en le recouvrant, réduisent l’évaporation d’eau due au soleil et au vent et empêchent la formation à la surface du sol d’une croûte dure qui favorise  le ruissellement des eaux de pluie [en  ne laissant pas l’eau de pluie pénétrer en profondeur]. Les pierres réduisent les fluctuations diurnes dans la température du sol en absorbant la chaleur du soleil au cours de la journée et en l’évacuant pendant la nuit ; elles protègent  le sol contre l’érosion car les gouttes de pluie viennent s’écraser à leur surface ; des pierres sombres sur un sol plus clair réchauffent le sol en absorbant une plus grande quantité de chaleur solaire ; et elles peuvent également servir de pilules fertilisantes à diffusion lente […],  car elles contiennent des minéraux indispensables qui pénètrent progressivement dans le sol ».
 Des chercheurs américains comme Christopher Sevenson ont expérimenté ce système agricole dans le sud-ouest américain et prouvé que la quantité d’humidité était ainsi doublée et  les températures maximales des sols au cours de la journée abaissées,  tandis que les températures minimales durant  la nuit étaient augmentées ; le rendement  était de quatre à cinquante fois supérieur selon les espèces »
Deuxième étape : - 10000.  De la naissance de l’agriculture  aux menhirs en marteau ou plutôt en joug  de Göbek-li et de son  influence sur les prétendus « polissoirs ».
Au fil des milllénaires, ,la fonction primitive des pseudo polissoirs s’est modifiée de diverses façons .
1) Les alignements comme en Corse ou à Carnac nécessitaient beaucoup de temps, d’espace et  de travail. Aussi eut-on l’idée de les remplacer par ces sillons gravés sur des roches : ils représentaient les
 champs et leurs germinations futures.

2) Les menhirs en marteau de Göbel-li et ceux des  Baléares, avec leur dalle au sommet qui représente la mort nécessaire du grain préalablement à sa renaissance (voir mon blog : Du nouveau sur les menhirs) étaient un catalyseur de la pousse des céréales et présidaient aux semailles printanières, tandis que ce qu’on appelle très improprement  « polissoir » se rapporte à la période antérieure à ces semailles,  celle du  creusement, au début de l’hiver, du sillon. Le sillon est le lieu de la mort présumée du grain, bien antérieurement à sa germination. Peut-être même l’existence simultanée des « polissoirs » avec leurs « sillons » gravés est-elle  la raison pour laquelle cette dalle horizontale a pu progressivement disparaître du haut des menhirs primitifs et de ces cupules emplies d’humus à Göbekli..  
Ces mégalithes, qu’on appelle à tort des  « polissoirs », et qu’il vaudrait mieux nommer des pierres à sillons  et qu’on néglige à tort,  ne peuvent être, comme on le dit parfois, le résultat accidentel de la taille d’outils ou d’armes, comme le sont les vrais polissoirs portatifs auxquels, à regarder de près, ils ne ressemblent pas véritablement.  Les «  polissoirs » dits fixes ne sont pas des polissoirs et ceci explique la gêne des archéologues qui préfèrent ne pas  parler de ces mégalithes gravés.
Le « polissoir » prétend reproduire sur la pierre les sillons qui, dans la réalité,  ont été profondément creusés parmi   les cailloux laborieusement  transportés pour faire pousser le blé, puisqu’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente centimètres,  des pierres obtenues en creusant jusqu’au substratum rocheux qui était ainsi brisé soigneusement La magie imitative, une fois encore, vise à reproduire en miniature, sur une roche isolée,  ces sillons blanchâtres qui s’étendaient parfois sur deux  kilomètres comme à Malte et qu’on voir encore  en Amérique du sud (ce sont les lignes Naxa) . Peu avant le printemps et son équinoxe, des plantations faites  dans un peu d’humus et soigneusement arrosées dans les stries du pseudo- polissoir  poussaient sur la pierre, « hors sol » ,  avant la future plantation « réelle » du champ, donnant le gage, grâce à la magie imitative, que celles-ci lèveraient.
  De même, il fallut en appeler à la magie imitative  pour imiter la pluie et la faire se produire.  Albert Sidoisne, dans sa brochure Bonneval sur le Loir, 1965, Bonneval, Edition du syndicat d’initiative, p.50, a localisé un curieux polissoir immergé dans le Loir, visible uniquement avec un bateau : « Croteau : passer le Loir et, 100 m , plus loin , tourner à droite ; le chemin serpente entre les bois et les prés ; on atteint le gué Véronneau (1 kilomètre 700), ancien moulin; dans le lit même du Loir, petit polissoir, que l’on peut voir en s’aidant d’un bateau . »
Le Baignon, commune de Saint-Maur, comprend des dolmens et  des polissoirs qui étaient « baignés », immergés presque complètement,   à certaines époques. Ainsi le fait d’immerger dans l’eau du Loir les sillons figurés sur  la pierre, dans la magie imitative de l’époque, est-il censé  apporter la si précieuse humidité, car la Beauce était sans arbres et ventée, donc trop sèche pour l’agriculture néolithique et les mulch lithiques ne suffisaient pas toujours à pallier  cette hygrométrie défaillante. On comprend l’aide qu’était censée apporter les stries bien arrosées des »polissoirs ».

Dernière étape :   vers 300 av. J.- C.
Le créateur de l’empire   Maurya aux Indes ,   Chandragupta ,   est né en 323 av. J. –C. et  mort vers  260, av. J. C. Brahmaniste ardent, il désirait  fonder des missions évangélisatrices en Europe, comme son petit-fils au surnom révélateur :  Açoka le Pieux , qui  a pour surnom Chandragupta, que les Grecs ont transcrit Sand-racotos et qui a donné en latin Racotis.   De même, dans le Péloponnèse, le mont Gype doit son nom à ce second Chandra gupta.
Dans Le Bouddhisme, p118, Henri Arvon, écrit : «  Dès le IIIe siècle avant notre ère, [le pieux empereur Açoka] tâche d’étendre son apostolat jusque dans les royaumes grecs de Syrie, d’Egypte [Racotis], , de Cyrène et même de Macédoine…  Dans ses célèbres édits rupestres, il se glorifie  d’avoir fait dans ces lointains pays des « conquêtes de la foi »…C ‘est dans les Evangiles même que  [certains indianistes] décèlent des influences bouddhiques.  Ainsi saint Marc et saint Jean contiendraient, selon eux, des phrases d’inspiration bouddhique », ajoutons-y  l’Apocalypse de saint Jean qui reprend la bête aux dix cornes de Daniel  7,7 (Newton  a écrit un ouvrage sur la onzième corne de la bête… Ah ! Ces scientifiques !...). Mais précisons que, selon moi,  il s’agit plutôt d’influences brahmanistes, voire mazdéistes  ou mithraïstes (par exemple, le rite de l’eucharistie avec pain et vin).  Il ne faut pas oublier qu’Alexandrie est la plus grande ville juive de l’Antiquité, bien plus importante que Jérusalem, qu’elle compte de très  nombreuses religions et sectes comme le bouddhisme ou le mithraïsme, et que plus de la moitié de sa population est juive.
 Les 6 doigts des statues –menhirs du Tarn comme celles de Göbekli , ,au lieu de 5, sont un indice révélateur de  cette religion, et non comme le croit K. Schmidt, l’indice d’une poydactylie congénitale pathologique.
En effet, Varenne, dans Zarathusthra et la tradition mazdéenne , au Seuil,  , p. 51 , explique que  la symbolique des nombres 6 et 10 est très importante et que le nombre 6 de la main renvoie aux 6 Immortels Bienfaisants  qui seront les 6 brins  du cordon appelés Amesha Spenta, 6 qui, plus tard,-et cela peut être important pour la chronologie, - seront portés à 7 en distinguant Spenta Mayiniu de   Vohû Manah. Les 6 sont : Bonne Pensée, Vohû Manah , Justice, Asha, Empire guerrier, Khshastra, Dévotion, Armaiti, Intégrité, Haurvatât, Immortalité, Ameretâr.
 2 pieds, soit 10 orteils : ce sont les dix  divinités anciennes, les daevas (Mithra, Anahita, etc.) soumises à Ahura Mazda depuis Zarathoustra, et devenues des anges, 10 aussi comme les mois de l’année ancienne qui portaient leur nom, par exemple le mois d’ Avril, Aprilis, de Aphrodite ou Anahita, déesse de l’eau (apa, eau en sanskrit).
De même, le nombre 5 renvoie aux 5 grands sacrifices (dans  L’hindouisme, p. 82,  par L. Renou, Que sais-je ?) que symbolisent les cinq rangs du collier de perles porté par la Déesse –Mère et par ses adeptes. Ce collier porte souvent  un médaillon à l’effigie de Ap-sara, la déesse du feu et de l’eau.  
Enfin, il y a 12 sacrements.
Dernier point : le graal, d’un diminutif la      tin  du grec kratèr, cratellus, désigne une cupule dans le polissoir, où le lundi, -lundi de Pâques , jour de la résurrection,- puisaient les fidèles avec une coupelle appelée en sanskrit grahal…



Historique de la Grande Métairie de Libouville et de ses modes de culture depuis 1202. Historique de la Grande Métairie de Libouville et de ses modes de culture depuis 1202. Par Paul Griscelli, avec l’aide de Christian Léger. Version corrigée du 10 août 2018 Par Paul Griscelli, avec l’aide de Christian Léger. Version corrigée du 10 août 2018


  Historique de la Grande Métairie de Libouville et de ses modes de culture depuis 1202.
                                          Par Paul Griscelli,
                              avec l’aide de Christian Léger.

 Version   corrigée du 10 août 2018
                          




                      


Lucien Merlet, dans l’Introduction à son Inventaire sommaire des archives hospitalières antérieures à 1790, Hospices de Châteaudun, énumère les possessions de l’Hôtel-Dieu de Châteaudun dans la paroisse de Châtillon- en- Dunois  au XVIII è siècle. On y trouve : 1) dans le Grand Libouville, la grande métairie de Libouville (ou Grand’Maison), maison, grange, bergerie, étable, écurie,  jardin potager et terres labourables ; la  grande et la petite Minaudière.– le Boulay , le Grand Boulay et le Petit  Boulay ou Crenne ;  la métairie des Champs- Picard (112 setiers et 1 boisseau de terre labourable) ; 2) dans le Petit Libouville,  la petite métairie de Libouville  (24 setiers de terre labourable), aujourd’hui la Bernetterie,  commune de Lanneray. 

 Etymologie  du toponyme de Libouville , de leubold –villa, la ferme (villa) de Léopold  .

Christian Léger (Voir dans Cahiers percherons, 2001- I, p. 19-32, ses  deux articles magistraux  sur Châtillon- en- Dunois: « Châtillon- en- Dunois : son château et ses seigneurs »  et « L’église de Châtillon- en- Dunois » dans le bulletin n°290 de la Société dunoise) nous   a communiqué le texte de Raymond Bouquery : « Libovilla en 1225 (Merlet) pourrait avoir été le domaine d’un LIEBAULT d’origine germanique, ou d’un LIBO romain cité par Nègre pour LIBOS. L’agglutination de l’article ramènerait à L’IB qui serait un IBBO germanique, aussi cité par Nègre  pour un Ibouvilliers. » Une remarque d’abord : la première occurrence de Libovilla remonte à mai1202 (voir ci-dessous l’acte de donation du comte de Blois et non pas à 1225, coquille pour 1225, seconde occurrence du toponyme).D’autre part, le latin connaît un Libo , génitif  Libonis ,  surnom porté dans  la gens Scribonia et  dans la gens  Marcia, -un diminutif de ( sc)ribo, qui signifie  recruteur, devenu libo,   mais ne connaît aucun  Libos (est-ce une coquille pour  le génitif Libon-(is)?). On peut toutefois douter de l’origine latine, car les linguistes ont noté qu’au VIII-IX e siècle le mot villa se voit antéposé des noms germaniques, Le nom de Liebault ,  en germanique Liubald,  de leut et de wald, signifierait qui commande (wald) au peuple  (leut  donnant liu, puis li).  J’ajouterai  que le  prénom germanique de Léopold  ou Leutbald, de leut, peuple, et de wald, gouverner, qui gouverne le peuple, est identique au Liebault de Merlet.
Or, nous trouvons un Leutbald en 863, cité par Olivier Bruant dans Les villas ligériennes de l’Autunois, centres de pouvoir et d’encadrement (VIII e - début  
 XI e  siècle),  p. 111-136, comme souscrivant à la donation faite à Molinet . Le chapitre fait partie d’un des rares ouvrages qui traite des villas ligériennes en cette époque mal connue, savoir,  de Dominique Barthélemy et d’Olivier Bruant, Les pouvoirs locaux dans la France du centre et de l’ouest (VII e I -XI e siècle), PUF, 2005.  
On y trouve, entre autres, le nom d’un Ingelbald qui pourrait avoir donné Nivouville, de in (gel)bald-villa ou d’un Atton qui a laissé son nom à tel  hameau du Mée.
 « De la fin du IXe au milieu du XI e siècle, écrivent ces auteurs à propos des villas carolingiennes,  on observe le maintien des caractéristiques antérieures. Le nombre de villas s’accroît régulièrement et celles-ci se définissent de plus en plus comme un village avec leur finage, organisé autour de l’église paroissiale. La réalité des pouvoirs locaux dans ces villas demeure mal connue, car les actes où elles apparaissent portent le plus souvent sur des donations partielles et ne permettent pas de reconstituer vraiment le statut et le pouvoir des donataires. Néanmoins, on retrouve à de nombreuses reprises, à côté de personnages qui font partie des élites locales, des prêtres qui semblent exercer localement un rôle prépondérant ». Le mot  « villa » ne désigne au Moyen Age , ni une ville ni une villa, mais une agglomération groupée autour de la maison d’un propriétaire rural, avec four et  écuries. Ainsi Libouville désigne-t-il à l’origine un très  grand domaine (300 hectares environ),  une villa dont un Leutbald est le propriétaire autour de l’église paroissiale de Lanneray.


La Grande Métairie de Libouville
La première attestation du nom de Libouville date  de 1202 : il s’agit du parchemin par lequel Louis, comte de Blois, lègue ses biens avant de pârtir pour la croisade  à l’Hôtel -Dieu de Châteaudun, « VILLAM LIBOVILLAE CUM TERRIS », la ferme de Libouville avec ses terres,  c’est-à-dire un immense domaine foncier d’un seul tenant, de plus de 300 hectares, plantés  en méteil (mélange de seigle et de froment semés ensemble pour qu’ils viennent mieux ), en escourgeon ou orge  d’automne, en froment et en avoine.

                Photographie aérienne de la  Grande métairie de Libouville aujourd’hui. .











LE ROULEAU DE PARCHEMIN QUI SCELLE POUR HUIT SIECLES LE DESTIN DE LA GRANDE  METAIRIE DE LIBOUVILLE (A14).

       

A 14, original, parchemin (vue d’un folio plié, avec sur la pliure  de gauche (au bout de la 5e ligne)   T(erram) C(um) villa (et au début de la        pliure de droite ) Liboville pour
Libovillae
Ou bien , de préférence , copie plus lisible  rédigée vers 1250, A5,12, registre, in-folio, parchemin, cartulaire de l’Hôtel-dieu de Châteaudun  (Liboville à  la 8e ligne est plus lisible)
Si besoin d’une autre illustration, A13, carton , 2 pièces, papier, mars, 1324 , ratification de ladite donation  par Gui de Châtillon , comte de Blois (mais on ne lit pas sur la page Liboville)


  Nous avons eu la chance d’être autorisés à  consulter dans l’actuelle Ecole d’infirmières de Châteaudun les archives hospitalières  que  L. Merlet avait  inventoriées et que Delfaut de Belfort a publiées en latin, mais sans traduction. Nos photographies ont été prises directement avec l’aide de Guy Bataille. L'original  de la donation qui nous intéresse existe encore, cf.  la photographie ci-dessus. Merlet le range en A 14, isolément, et le définit à tort  comme une "confirmation par Louis, comte de Blois, avant de partir pour la croisade, [de la donation à l’Hôtel-Dieu ] de  tous les biens de l'Aumône (terram de Contermont, de Pertes, de Villa- Episcopi, de Villenblain,Bordarum, Liboville, Tronchetis,de Bella-fago, etc. " alors qu'il s'agit bien de l'original et non d’une simple confirmation . Peut-être a –t-il été induit en erreur par le verbe confirmavi du texte latin qui ne veut pas dire confirmer, mais s’engager pour l’avenir. D'ailleurs dans Belfort, Archives de la Maison- Dieu, p. 50 sqq. , cette inadvertance est corrigée et il est dit : "Original. A 14. - Copies au XIII e siècle, A 3, n°169, et A5, n°12; de 1522, A13, n°1; du XVIIIe siècle, A8, n°155 et 305 ». Précisons qu’  A13, 1 est  une simple confirmation sur papier de la donation  datant de 1522.  A13,2,   est une ratification datant de  mars 1324 de la donation de Louis Comte de Blois  par son descendant  Gui de Châtillon, comte de Blois , comme A8, 240 qui n’est qu’une copie datant de 1738,
Traduction en français de l’acte de donation par le comte de Blois  de tous ses biens à l’Hôtel -Dieu (mai 1202). 
A noter que l’identification des lieux est difficile (nous avons utilisé  l’index donné par Delfau de Belfort, mais il est malheureusement fort  incomplet.
°Lettre de Louis, comte de Blois, au sujet des dispositions à observer concernant tous nos biens.
Moi, Louis, comte de Blois et de Clermont, je rends public  pour tous les hommes , tant présents que futurs, que moi, partant pour Jérusalem, pour l’amour de Dieu et pour le salut de mon âme, de celles de mes parents et de mes ancêtres, je me suis chargé de toutes les affaires de l’Aumône [l’Hôtel -Dieu ou hôpital] de Châteaudun  en ma garde et protection, et que je lui ai cédé en toute propriété comme pouvant être gagées et je me suis engagé (latin confirmavi) concernant les biens de l’Aumône  apportés par moi-même, et avec mon consentement, ainsi que celui de mes ancêtres ou bien du gré de ces ancêtres , savoir:
 la terre de Contermont [commune de Péronville],que le comte Thibaud mon père donna à l’Aumône elle-même, ainsi que dans cette même région la terre que Hugo de Jallans donna à ladite Maison de l’Aumône, avec le consentement de son fils Gulilaume ; la terre de Villeret [commune de la Bazoche –en –Dunois] ; la terre de Puertes [paroisse de Péronville probablement ]  ; la terre de Villevêque le grand   [commune de Villamblain; la terre de Villlamblain ;la terre de Jallans ; la terre des Bordes [ commune d’Autheuil] ;la terre de Libouville avec la ferme (Terram Libovillae cum villa)[commune de Châtillon-en-Dunois] ;la terre des Tronchets [commune de Lanneray, ferme mentionnée en 1396 dans le registre des fiefs sous la forme Tronsé- le-- Chemin et en 1618 dans la charte de l’Abbaye de Saint Avit près de Châteaudun sous la forme Le Tronchet –sur- Yerre ]; la terre de Beaufou  avec sa ferme ;la terre de Borgelattre ; une pièce de terre dont feu Osmond de Thiville fit don  près de Nozay  [Noeretum, commune de Thiville] :cent sous de revenu annuel que le comte Thibaud, mon père, donna et dont il stipula qu’ils seraient à payer au début de l’année au prieur de Châteaudun ; vingt livres de revenu que j’ai données moi-même à la Maison de l’Aumône ; dix livres qui seront à payer lors de mon ban de Noël chaque année ; et aussi dix livres à payer au ban de Pentecôte à Châteaudun ; le bois des Bordes  ; la dîme de Porcheronville [commune d’Ozoir -le- Breuil] que Rahier de Peveris et son épouse Bochagia, lui donnèrent ;sur  la dîme de Villevoison ][ commune de Lutz –en –Dunois] treize setiers d’hibernage [récolte d’hiver) et un boisseau d’avoine de revenu annuel à la fête de saint Rémy, dons que fit Thibaud  le Roux ; un boisseau d’hibernage [récolte d’hiver]  sur la dîme de Donnemain, et la dîme du vignoble de Renaud de la Fontaine  qui est près de l’Hébergement  et que Puceline de La Roche donna ; à Sarmesolles une asnette de terre  et une hostise de terre [l’une et l’autre sont de petites tenures comprenant terres et maisons concédées à des « hôtes » contre un cens et divers services]  avec pareil revenu : cinq sous six deniers parisis chaque année  à la fête de saint Rémy et deux setiers d’avoine remplis à ras bord, quatre boisseaux de blé de la même terre pour le pain des pauvres, deux poules et deux deniers également à la Noêl et  la pièce de terre tout entière , sauf un arpent où est bâtie la mansion [maison du manant ou mansionnier soumise à un cens] , qui demeure exemptée de tous droits , pour les pauvres ; et le cens parisis …[ lacune]   sur les teintures à la fête de saint Chéron ; un setier de revenu d’hibernage sur la dîme de Liconci [Loir-et-Cher] ; les dîmes de Villévêque le grand  [commune de Villamblain]  ,  de Villampuy et de Villeloup [commune de Ozoir-le-Breuil]; un setier de revenu que Adam de Badillerie a donné sur sa dîme de Villévêque [commune de Villamblain]  ; une dîme à Binas que   Geoffroy de Binas le père a donnée ;une dîme de four et de pressoir que Hugo en personne  a donnée ; un setier de revenu sur le moulin de Chavant [commune  de La Ferté- Villeneuil ] que Hugo Olivier a donné à payer à la saint Rémy  ; un boisseau de revenu que Hugues le Chambellan  a donné sur le moulin de Chavant à payer à la fête de saint Jean –Baptiste, au fur et à mesure que les revenus le permettront au fil des mois ;   un setier de revenu que Herode Maleterre a donné sur sa propre terre de La Haie [commune d’Ecoman] à payer à la saint Rémy ; et douze deniers de cens dans le clos de Rouserein sur les vignobles d’Etienne Guéhon et de Marie, son épouse, qui fut l’épouse de Renaud Tescelin  qu’ils doivent tous les deux , savoir : quatre setiers et une hémine de blé de revenu à  Thoreau [commune de Saint- Denis-les- Ponts] sur la terre d’Odon Brunel que donna Odon lui-même, pour la saint Rémy ; concernant  le  marché de l’Aumône, que Geoffroy IV, vicomte de Châteaudun et moi-même nous avons l’habitude de tenir  à la fête de  Madeleine , pour que  ceux qui vont au marché y aillent  et en reviennent en toute sécurité , selon la coutume que lui et moi nous observons pour la tenue du  marché de Châteaudun à la fête de la Nativité de la bienheureuse Marie ,  six livres de revenu que l’Aumône prend sur les revenus du comte de Beaumont de Châteaudun , qu’il a données lui-même, et qu’il tient du vicomte de Châteaudun ; le bourg de Chartres toujours esclave de l’Aumône ; la Maison de l’Aumône à Chartres quitte et libre d’impôts et de taille et de toutes redevances coutumières,  les moulins de Vouvray [commune de Saint- Denis-les- Ponts], qui sont absolument libres de tout autre charge  pour l’Aumône , sauf  que  l’Aumône donne chaque année quatre muids de revenu à Bernard de Bulou ;  la pêche  des bogues et des brochets dans les biefs  des  moulins est tout entière la propriété privée de l’Aumône ;   l’eau de Villeret [commune de la Bazoche –en –Dunois] ; la paix entre l’abbaye et l’Aumône de Châteaudun au sujet de la dîme sur les vignobles que devait l’Aumône à l’abbaye, pour laquelle dîme elle lui donnera; chaque année 70 sous dunois  et la dîme reviendra perpétuellement à l’Aumône sur tous ceux qui possèdent des vignobles ;  les lieux de des vignobles sont les suivants  : à Frèteval, 3 arpents ; à Monflat , trois arpents ; à Huédine, deux arpents et demi ;  à Terresdouces, quatre arpents ;près des vignobles de Hugo le Cocher , 3 quatiers (mesure inférieure au setier) ; pour les vignobles appartenant à  Frontin, 1 arpent .
Il faut qu’on sache que la dîme de Binas, dont j’ai parlé ci-dessus, est une menue dîme.
L’un et l’autre établissement pourront acquérir licitement et garder ce qu’ils  auront  acquis sans condition fixée par l’autre et dans la censive de l’autre, alternativement,  jusqu’à près de la totalité du cens de l’autre
En outre, j’ai donné à la maison elle-même pour être gardés perpétuellement tous les  biens qu’elle pourra acquérir dans mon fief  en toute légalité, au fil du temps, si Dieu le permet. Pour que ces dispositions restent perpétuellement stables et immuables, je les ai confiées par écrit et je les ai garanties  (confirmavi) par l’apposition de mon sceau. Fait à Orléans, au monastère de saint Euverce, l’an de grâce 1202. Donné par la main de Thibaud, mon chancelier, ce mois de mai. 



Voici maintenant les principales  pièces d’archives que nous avons pu recenser concernant la grande métairie de Libouville :
1)      Février 1227, don à l’Aumône par Hugues de Bouloire,en latin  de Boloria {près du Mans, dans la Sarthe] d’un setier de rente sur sa terre de la Bâtardière, de Baatarderia , près Libouville 1 .

2)      Juin 1235, vente à l’Aumône par Thibaut du Pré, moyennant 4 livres, de 3 mines de terre à Libouville 2  .

3)      Juillet 1237, abandon par Marie de Bouloire, en latin de Bolaria, à Louis de Saint- Maixent de 9 muids [=boisseaux] de terre à Libouville (soit 45 hectares), lequel Louis de Saint- Maixent vend aussitôt ces terres à l’Aumône moyennant 100 livres  tournois3. Cette famille de Bouloire (Sarthe) a joué un grand rôle dans la constitution de Libouville.

4)             Mai 1239, vente par Eudes Poret d’un quartier de vigne à Libouville 4 .

5)      Juillet 1239. Don par Renaud de La Fontaine de 14 deniers de cens que lui devait Geoffroy Chapeacol, de Libouville, avec une certaine terre à Libouville 5 .

6)      Août 1240. Reconnaissance envers la Maison- Dieu par Nicolas Nafreit de 67 sous dunois sur un héritage à Libouville ;  décembre 1245, cession à l’Aumône d’une maison et appartenances à Libouville6 .

7)      Mai 1246. Vente à l’Aumône par Cécile La Poutele d’un quartier de vigne à Libouville et de 2 setiers de terre au Coudray, apud Coudreium  [commune de Châtillon] 7                                                      .

8)      Décembre 1319. Vente par Simon, de Libouville,  d’une maison à Libouville, moyennant 10 livres 8.

9)      1445 – Don à l’Hôtel-Dieu par Jean Bourdineau, écuyer, de 3 muids de blé et 2 muids d’avoine de rente sur la métairie de Libouville et la moitié des dîmes du lieu (Donation importante qui explique comment l’Hôtel-Dieu de Châteaudun était gros décimateur de la paroisse de Châtillon) 9.

10)   1527. Renonciation en faveur de l’Hôtel-Dieu par Jacques Chastelain, archer des ordonnances du roi sous le seigneur du Lude, du droit qu’il avait sur la septième partie de la métairie de Libouville  10.


 Baux 11 par l’Hôtel-Dieu de la grande métairie de Libouville :
1°1352, à Jean Dumont, pour 6 ans, à moitié. « En 1352, au sortir de la guerre de Cent- Ans, les frères de l’Hôtel-Dieu durent faire un prêt à Jean Dumont de 6 muids de blé, 6 muids d’avoine, 2 setiers de pois, 2 setiers d’orge, 1 setier de vesces et 24 livres tournois pour l’aider à cultiver la grande métairie de Libouville qui devait être ruinée (B 281) » (indication de C. Léger) ;
2°1486, à Simon Pilverdier, laboureur, pour 2 vies (99 ans, bail emphytéotique) moyennant 8 muids  de blé et avoine, 2 porcs et 3 chapons ;
3°1578, à Calais Pilverdier, pour 3 vies et 59 ans, moyennant 9 muids de froment et d’avoine, 2 porcs et 4 chapons ;
4°1615, à Michel Jaquelin, pour 9 ans, moyennant 4 muids et demi de méteil et 2 chapons ;
5°1621, accord entre l’Hôtel-Dieu et Etienne Jaquelin sur les arrérages d’une rente de 4 muids et demi de  froment et autant d’avoine, 2 porcs et 4 chapons, sur la métairie de Libouville. Rangé en B 298, carton, 1 pièce, parchemin.
6° 1631, reconnaissance envers l’Hôtel-Dieu par Etienne Jaquelin de 9 muids de grain de ferme sur la métairie de Libouville. Rangé en B289, carton, 1 pièce, parchemin ;
7°1663 à Imbert Ysabel, marchand, pour 29 ans, moyennant 4 muids et demi de froment et méteil ;
8°1666, à Jacques Dumont, laboureur,  pour 9 ans, moyennant 4 muids et demi de méteil et 2 chapons ;
9°1680, à Etienne Porcher, laboureur, pour 3 ans, moyennant 40 setiers de méteil et 2 chapons ;
10° 1684. Bail de 2 vaches par l’Hôtel-Dieu à Etienne Porcher, fermier de Libouville, moyennant 24 livres de beurre par an. Rangé en B 288 (Carton), 1 pièce papier
11°1691, bail  à Lubin Prudhomme, laboureur, pour 9 ans, moyennant 3 muids de méteil et 4 chapons ;
12°1698, à Toussaint Cottin, laboureur, pour 6 ans, aux mêmes conditions ;
13°1714, à Emerance Bongars, veuve de François Lange, pour  9 ans, aux mêmes conditions ;
14°1722, à la même, pour 9 ans, moyennant 4 muids de méteil et 4 chapons ;
B 292, en 1722, les Bornes de la dîmerie de Libouville.
15°1730, à Denis Bois, laboureur, pour 6 ou 9 ans, moyennant 40 setiers de méteil et 6 chapons. Les clauses sont les mêmes que pour le bail de 1744,. 16°1742, au même, pour 9 ans, aux mêmes conditions .  La minute du bail passé le 31/10/1742 par les administrateurs de l’Hôtel-Dieu de Châteaudun à Denis Bois, laboureur,  et Pétronille Ronceray, sa femme, de la grande métairie de Libouville , à Châtillon, existe aussi aux Archives Municipales de Châteaudun.  Les époux Bois reconnaissent devoir à l’Hôtel-Dieu la somme de 700 livres pour anciens arrérages de ferme de la dite terre, déduction faite du surplus des dits arrérages dont les sieurs bailleurs leur avaient fait remise en considération de la grêle tombée sur la dite terre en l’année 1735 et de la stérilité des années suivantes et notamment l’année 1741 et de la présente dont la récolte n’a pas produit aux preneurs de quoi les nourrir et ensemencer les terres sus baillées ». Les fermiers, trop endettés, n’ont pas pu poursuivre l’exploitation de la ferme de Libouville qui fut remise en location en 1744..
16°1744, à René Ronceray, laboureur, pour 9 ans, moyennant 3 muids de méteil et 6 chapons. Pour ce bail, on dispose aussi aux Archives municipales de Châteaudun 
(source communiquée par C. Léger), de la minute  du bail de René Ronceray et de sa femme Marie Bois  . 
Note liminaire sur quelques mots d’ancien français , avec l’aide de C. Léger : 
Coutaison : Voici ce qu’écrit Paul Martellière en 1893 dans son Glossaire du Vendômois :

Coutaison : Assolement, ordre qu’on suit dans la culture des terres. Dans le Perche, on prononce cotaison. Il ajoute que dans le Vendômois, la cotaison est quadriennale : un blé, un mars, un trèfle et une jachère. A  Châtillon, l’assolement était triennal : un blé, un mars,(orge et avoine),  une jachère..
Journet (communiqué par C.Léger) : Paul Martellière, dans son « Glossaire du Vendômois » édité en 1893 propose pour journet (page 181) : substantif masculin. Ajonc, Ulex europeus, papilionacées. Journetière, champ d’ajoncs. Nom de localité, les Journets, commune de Bouffry (Loir-et-Cher).
« Mars » (menus grains d’orge et d’avoine qui se sèment au mois de  mars ).

Moison : Voici ce qu’écrit Paul Martellière dans son « Glossaire du Vendômois » publié en 1893.Moison : fermage dont le prix s’acquitte en nature, bail moyennant une quantité de grain ou de denrées déterminées à l’avance. Ancien français moeson, langue d’oc moyso, mesure. Du latin modius , boisseau. On disait aussi, en 1396, « moisonnier » pour « métayer ».Ce mot s’applique bien pour la grande ferme de Libouville qui était baillée en métayage par l’Hôtel-Dieu de Châteaudun.

Le mot  régnant ne vient pas  du verbe régner, mais du verbe résner, retenir , du latin retinere, attacher un cheval  avec  des rênes, brider, mettre  les rênes , d’où conduire ,  donc régnant signifie  conduisant à .
Joignant,  à aller, joindre, à joindre  signifient  rencontrant, coupant, rejoignant.
A droit jusqu’à  signifie en face de, plutôt qu’à droite, directement, tout droit jusqu’à . 
Les 4 points cardinaux sont évoqués par d’un bout, au sud ; d’autre bout, au nord ;  d’un côté, à l’est ;  d’autre côté, à l’ouest.
 


Bail de Libouville (Châtillon-en-Dunois) en 1744.
N. B. Que Christian Léger soit remercié pour son aide au décryptage de ce texte.
A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Jacques Costé, seigneur de Vallière en Pont [ commune d’Autainville, Loir-et- Cher] et autres lieux, juge magistrat civil, criminel et de police, bailli du Comté et Bailliage de Dunois, Salut. Savoir faisant que par devant Nicolas Tiercelin, l’un des principaux notaires du Comté et Bailliage de Dunois résidant à Châteaudun soussigné,
Le 15 novembre 1744,
Furent présents en leur personne noble homme Maître Nicolas Maury, seigneur de Moncheny, lieutenant général du Comté et Bailliage de Dunois, Maître Jean Louis Guérineau, avocat en parlement, maire de cette ville, Maître Jacques Hardouin Souchay, avocat en parlement, procureur fiscal et général du Comté de Dunois, Maître Jean Baptiste Frion, prêtre chanoine régulier, prieur de l’abbaye de la Madeleine, Maître Jacques Gaspard Thuaült, prêtre, Maître de l’Hôtel-Dieu de Châteaudun, Maître Claude Foucault, prêtre curé de la paroisse de Saint-Pierre, et honorable homme René Breton, marchand bourgeois demeurant audit Châteaudun, administrateurs nés et électifs de l’Hôtel et Maison- Dieu de cette dite ville,
Lesquels esdits noms ont reconnu et  confessé avoir baillé et baillent par ces présentes à titre de ferme et moison [redevance de métayage] pour le temps de neuf ans entiers et consécutifs s’ensuivant l’un et l’autre sans intervalle de temps qui ont commencé pour l’habitation des logis au jour de Toussaint dernier et qui commenceront pour la culture des terres au mars de l’année prochaine 1745 pour finir à pareil jour le présent bail expiré, et promettent audit titre faire jouir à René Ronceray, laboureur et Marie Bois, sa femme, de lui autorisée pour l’effet des présentes, demeurant à Libouville, paroisse de Châtillon, à ce présents preneurs et acceptant audit titre pour eux, leurs hoirs et ayant- causes,
C’est à savoir le lieu, terre et métairie appelé la Grande Métairie de Libouville sise paroisse de Châtillon consistant en maison pour le fermier, granges et écuries aux chevaux, étables à vaches, bergeries, toits à porcs, une loge, cour enclose de mur avec porte charretière, jardin et clos dans lequel il y a des arbres joignant ladite cour, et jardin dans lequel il y a une fosse à eau et six boisseaux de noües   en la quantité de  quatre-vingts septiers de terre labourable en trois saisons, plus la dîme dépendant dudit lieu de Libouville en ladite paroisse de Châtillon ainsi qu’elle se poursuit et comporte à prendre depuis le chemin bas de Libouville à joindre celui de Châteaudun à Châtillon, vulgairement appelé le Chemin de la Pierre aux Chevaux régnant le long du dit chemin à aller à Châtillon à droit jusqu’à l’extrémité de la pièce de quarante septiers faisant partie des terres baillées vers Châtillon et depuis le bout desdits quarante septiers à aller joindre la vallée qui enferme et traverse quatorze septiers de terre appartenant au nommé Gallerne, un septier au nommé Coudré, une mine à la veuve du Sieur Germont à cause de sa terre de la Brunetière, un septier à la veuve et héritiers Nicolas Leroy et trois boisseaux au nommé Hallouin et à Monsieur Hodier, depuis ladite vallée qu’on appelle plus loin les Gouffres jusqu’au  bas au fil de l’eau des Grandes Noües en s’écartant à gauche jusqu’à une voie de charrette peu fréquentée tenant à droit vers la Galichère jusqu’au chemin d’Unverre à Châtillon, en descendant le chemin jusqu’aux noues,
La dîme se perçoit à raison de trois gerbes par arpent et depuis le chemin d’Unverre traversant les noues pour aller jusqu’au Petit Friche joignant le chemin de Gohory à Sainte-Radegonde, à droit jusqu’au-dessus de la métairie de la Bernetterie jusqu’au chemin qui va dudit chemin de Gohory régnant le long des haies du clos du village de Libouville vers Châteaudun faisant en descendant et en tournant audit premier chemin appelé le chemin de la Pierre aux Chevaux joignant ledit chemin de Châtillon à Châteaudun où se trouve enclavés vingt septiers de terre à gauche au terroir de Beauvoir, tenant d’un bout à la Vallée Féty, d’autre bout auxdites noues, d’un côté au chemin d’Unverre à  Châteaudun et d’autre côté vers la Vallée de la Venarde, lesdits vingt septiers en trois réages dépendant des ois, exempts de ladite dîme aussi bien que les terres dont jouissait Hamonière dépendant dudit Hôtel-Dieu ainsi que le tout se poursuit et comporte sans en rien réserver par lesdits Sieurs bailleurs sinon les droits seigneuriaux, gands ( pour gaing ou gain ou gaaing,droit sur les terres ensemencées] ventes, arrérages [droit sur ce qui est dû d’une terre affermée] et autres droits seigneuriaux dans lesquels lesdits preneurs ne pourront rien prétendre.
Pour au surplus jouir par lesdits preneurs audit titre en bon père de famille tout ainsi qu’en a joui ou dû jouir Denis Bois et sa femme en vertu du bail à eux fait par lesdits Sieurs administrateurs passé devant Marteau, notaire commis en ladite ville sous le notaire soussigné le 31 octobre 1742, et par celui précédemment passé devant Bérail, notaire en cette ville le 29 octobre 1730, dans lequel le tout est plus au long détaillé, coté et altenancé, plus jouiront lesdits preneurs des terres dont la déclaration suit :
Premièrement deux septiers et mines de terre sis au terroir de (blanc) tenant des deux côtés et d’un bout au Sieur Debaste et d’autre bout au chemin tendant de Châteaudun à La Bazoche,
Item deux autres septiers et mines de terre tenant  des deux côtés aux terres de la Haloyère [commune de Lanneray], d’un bout sur l’Herbage [pour Herbergage désignant une grange disparue au Boulay] dépendant  de la terre de la Brunetière et d’autre bout aux terres de la Mainferme [commune de Lanneray],
Item sept septiers faisant partie de la pièce de vingt septiers situés au terroir de (blanc) tenant d’un côté au chemin d’Unverre à Châteaudun, d’autre côté aux terres de la Galichère [commune de Châtillon], d’un bout au surplus de la pièce et d’autre bout sur une noue qui fait partie de ladite terre des Goislards (la Bernetterie),
Item sept autres septiers faisant aussi partie de la pièce de vingt septiers tenant d’un côté à six septiers faisant partie de la même pièce dont jouit le nommé Coutant, d’autre bout audit chemin d’Unverre à Châteaudun, d’un bout à la pièce dernière déclarée et d’autre bout à plusieurs,
Item trois septiers et mines (moitié de sept septiers) terroir des Châteaux [commune de Châtillon] tenant d’un côté au surplus de ladite pièce dont jouit le nommé Coutant, d’autre côté et d’un bout en pointe à un muid de terre faisant partie dudit lieu de Libouville et d’autre bout au Chemin des Morts,
Item un clos contenant cinq boisseaux ou environ tenant d’un côté au jardin de la métairie  de Libouville, d’autre côté à la rue du village de Libouville au grand chemin de Châteaudun, d’un bout à la commune et d’autre bout sur les jardins de Pierre Letartre et Mathieu Laudereau,
Item un septier ou environ en noue et journets tenant d’un côté à la première pièce de sept septiers ci-dessus déclarée, d’autre côté aux terres de l’Echarbot [commune de Lanneray] d’un bout aux terres de la Minaudière [ commune de Châtillon] et d’autre bout sur ledit chemin tendant d’Unverre à Châteaudun,
A  la charge par lesdits preneurs ainsi qu’ils s’y obligent de jouir du tout en bon père de famille, de faire leur demeure sur le lieu à leur famille, chevaux et bestiaux en nombre suffisant, tant pour l’exploitation dudit lieu que pour sûreté de la ferme ci-après, de bien et dûment labourer, fumer, cultiver et ensemencer lesdites terres labourables en temps et saisons convenables et par coutaisons égales, sans les doubler ni dessaisonner, de bien et dûment livrer leur dîme, conserver la possession d’icelle et faire en sorte qu’il ne soit fait aucune entreprise par qui que ce soit, et s’il s’en faisait quelqu’une, d’en avertir lesdits Sieurs bailleurs , de laisser en fin du présent bail sur ledit lieu toutes les pailles, balles et fourrages et engrais sans en pouvoir divertir ni en enlever aucuns, d’engranger le bled et mars qui proviendront chacun an desdites terres, ensemble de la dîme, dans les granges dudit lieu sans en pouvoir engranger ailleurs, de faire les approches des matériaux nécessaires pour les réparations des bâtiments dudit lieu [indication communiquée par C .  Léger :  cette clause est nulle, c’est le fermier des Champs- Picards qui en est tenu avec celui de Bussard pour moitié], de voiturer chacun an avec leur harnais du lieu de Châtillon la moitié de la redevance de quatre muids de bled méteil et trente-deux septiers d’avoine dans les greniers de l’Hôtel -Dieu de cette ville que ledit Hôtel-Dieu a droit de prendre sur la grande dîme de Châtillon appartenant au Comté de Dunois, de planter chacun an six sauvageaux, et lorsque lesdits sauvageaux seront en état d’être entés [greffés], les feront enter de fruits francs, comme aussi de fournir chacun an par les preneurs douze nombres de chaumes mis au pied desdits logis, de voiturer et prendre sur lesdites terres toute la marne nécessaire pour marner les terres ci-dessus baillées qui ont besoin d’être marnées prise sur la marnière dudit Hôtel –Dieu :  pour quoi leur sera payé trois livres dix sols par chacun setier des dites terres qui seront par eux marnées.
Ce bail fait aux dites charges et outre moyennant la quantité de trois muids de bled-méteil bon, loyal et marchand tel qu’il sera recueilli sur lesdites terres, mesure de Dunois, rendus ès greniers dudit Hôtel -Dieu et six chapons, le tout de ferme par chacun an, payable, savoir les chapons à Noël et la ferme en bled au jour de saint Rémy que les preneurs s’obligent, un seul d’eux et pour le tout sans division, ni discussion, ni fidéjussion à quoi ils renoncent, même ledit preneur par corps, comme ferme de campagne de payer chacun an auxdits sieurs bailleurs ès greniers dudit Hôtel-Dieu ou au porteur des présentes et de leur en faire et payer la première année de paiement pour les chapons au jour de Noël 1745 et pour le bled au jour de saint-Rémy 1746 et ainsi continuer sur ce pied à pareil jour durant le cours du présent bail, le droit duquel les bailleurs ne pourront céder ni transporter sans consentement exprès et par écrit desdits bailleurs auxquels ils s’obligent de délivrer à leur frais une expédition des présentes en forme exécutoire,
Et pour faciliter auxdits bailleurs la culture des dites terres et le charroi de la marne et pour leur aider à avoir des  bestiaux, lesdits Sieurs bailleurs leur ont présentement fait payer par le Sieur Cochery, receveur dudit Hôtel-Dieu la somme de trois cent livres que lesdits preneurs reconnaissent avoir reçue, plus la somme de cent quatre-vingts livres, prix de deux cavalles (juments), une charrette roulante, une charrue aussi roulante, un banneau démonté, trois herses, une selle de limon [pour cheval destiné à traîner une limonière ,charrette avec deux limons ou barres d’attelage, beaucoup plus lourde par conséquent] et autres équipages desdites cavalles que lesdits preneurs reconnaissent que Denis Bois et sa femme actuellement fermiers de la dite terre lui ont livré pour tenir (compte de) ladite somme de cent quatre-vingts livres que lesdits Bois et sa femme doivent audit Hôtel-Dieu pour ferme et avances au bail du 30 octobre 1742, lequel bail,  du consentement du dit Bois et Pétronille Ronceray à ce présente et pour ce comparante, ladite femme autorisée dudit Bois son mari, demeure résilié pour ce qui en reste à expirer sous réserves faites par les dits Sieurs administrateurs dudit Hôtel-Dieu du surplus de l’année qui échoira au terme de l’année prochaine ;  pour quoi, de leur consentement, ledit bail demeure en sa force et vertu, lesquelles deux sommes viennent ensemble à  quatre cent quatre-vingts livres ;
Plus lesdits Sieurs administrateurs s’obligent de fournir aux preneurs la quantité de trois muids d’avoine dite mesure [dunoise], et un cent de foin pris au lieu qui leur sera indiqué, laquelle somme, grain et foin lesdits preneurs s’obligent solidairement comme dessus de les rendre et payer, savoir la somme de quatre cent quatre-vingts livres dans les quatre, cinq et sixième années du présent bail par portion égale, l’avoine en espèce dans les trois premières années et le foin sur le pied qu’il vaudra lors de la livraison aussi dans les trois premières années du présent bail,
Car ainsi promettant, approuvant, renonçant, fait et passé audit Châteaudun, au bureau dudit Hôtel-Dieu, présents Gilles Péan, armurier et Joseph Clément, menuisier, demeurant audit Châteaudun témoins qui ont, avec lesdits Sieurs bailleurs et ledit Ronceray et nous notaire , signé la minute des présentes, ainsi signé : Maury, Guérineau, Souchay, Tuault, Foucault, curé de Saint-Pierre, Breton, Ronceray, G. Péan, Clément et nous notaire soussigné aux présentes, et la minute contrôlée à Châteaudun le 28 novembre 1744 par Delaplace qui a reçu six livres pour deux droits, et quant aux autres susnommés ont déclaré ne savoir signer de ce enquis et interpellés [scellé le 28 décembre 1744].
Tiercelin (Notaire).

____

Commentaire de ce bail.
Lieux –dits :
Le problème compliqué des   Goislards, c’est-à -dire la Bernetterie aujourd’hui, et des Goislardières, tous deux paroisse et commune de Lanneray. .
1 Le petit Libouville, ou la petite métaierie de Libouville, dite la Brunetière, puis les Goislards et la Goislardière (B305), désigne  la ferme actuelle de la Bernetterie  (commune de Lanneray).Cette  ferme isolée de la Bernetterie tire   le  nom qu’elle a porté un temps,   les Goislards  ,  de son  fermier de  1448,   Colin  Goislard  et  du fermier de 1557  Pasquier Goislard  , Cf .  le nom d’un administrateur de l’Hôtel-Dieu, Pierre Goislard , sieur de Villebresme, seigneur du Rameau et du Bois-Raimbourg.à Langey. C’est une pure coïncidence géographique  que leur nom, signifiant originaire de Goële (autour de Dammartin–en–Goële,  prononcer goile) ou de Gohelle (autour de Lens), se retrouve proche du hameau des Goislardières. Après avoir été mentionnée comme Chevron en 1239, elle est appelée la Brunetterie en 1505 dans la charte de l’Abbaye de la Madeleine de Châteaudun et la Bernetterie,  en 1861 seulement , dans le Dictionnaire topographique d’Eure-et-loir de Lucien Merlet. C’est pour éviter la confusion possible avec le nom du  hameau voisin  des Goislardières  que le nom de La Brunetière  s’impose au détriment de celui de la Goislardière  ou des Goislardières à partir de 1742 (B 331) .De là le nom actuel de la Bernetterie.

2 Le hameau des Goislardières, dans la commune de Lanneray également,   tire son nom du Bois des Goislardières qu’il prolonge . Ce bois était  la propriété du Chapitre de Chartres et d’‘ailleurs il fut longtemps appelé le Bois du Chapitre. Il n’a jamais appartenu à l’Hôtel-Dieu , sauf pour les menues dîmes ; il   est d’ailleurs  attesté   en 1217 :   Registre,  In-folio, parchemin, 30 feuillets  A3, 23 et 120, A6, 12, A 8, 51 et 120,  don à l’Aumône par Geoffroy de Droué (en latin de Droi), de la menue dîme à la Goislardière (singulier  à noter) d’une terre appelée en latin   Gouherderia , la Gouherderie. On  trouve mentionné ce nom en 1417 dans le registre des fiefs sous la forme La Goislardière, en 1525 dans  la Charte du Chapitre de Chartres sous la forme Les Goaslardières, en 1609 sous la forme La Gouaschardière, en 1650 sous la forme La Gouaslardière, en 1686 sous la forme les ss Goueslardières . En  février 1623 , un sieur François Brebion se dit sieur de la Goislardière. .   L’étymologie est un mot gaulois signifiant jachère. Car le Bois du Chapitre de la carte de Cassini vers 1760  a repris le  nom qu’il avait en 1217, la Gouherderia , ce dernier étant  attesté en 1609 comme le bois des Guaschardières  .   Il s’agit d’un nom commun qui se retrouve dans la commune de Langey dans un  nom de hameau  et signifie jachère.  Le mot jachère  est d’origine gauloise et  vient du gaulois  gascaria , ébranchage, débroussaillage. Le gaulois gauharia, avec suffixe gaulois -ari , terrain découvert,  signifie  taillis, branches basses, landes,   d’où le toponyme de Gohory et le patronyme de Gohier, de gauhari.
Beauvoir, la Galichère et les Châteaux sont dans la commune de Châtillon.
La Vallée Féty correspond peut-être à La Glonnière , au sud du Bois- Mouchet et au nord du Bois- Mouchet des Marandeaux . Le nom de la vallée  Féty (pour  Fetuy devenu Fetii) désigne  la vallée où l'on récolte la paille pour faire les toits et Fetui vient du latin, festuca ,  de même signification. Mais,  à côté de cette forme savante qui n’a pas survécu,  existe une forme populaire d’origine germanique, la vallée de la Glonnière, de gluionnière  mot dérivé lui-même de l’ancien français  gluion , botte de paille du germanique gluye , paille.
La Vallée de la Renarde , plutôt que  de la  Venarde ,  semble correspondre de par la localisation à l’actuelle vallée de l’Araignée, ou aragne , peut-être altération de l’ancien français arage au sens de terre labourable .
La vallée des Gouffres est indiquée sur le cadastre de la commune de Lanneray section G1,  vers le bois des Goislardières : c’est aujourd’hui la vallée de des Serins., puis de Libouville.
Le masculin Petit Friche désigne un terrain non cultivé, comme les deux masculins de l’ancien français  fraitis ou friez , du latin fractitium, qui désignent une terre qui n’a reçu qu’un premier labourage. Ce toponyme correspond  peut-être aujourd ’hui au  Petit Muid, évolution par abréviation de «  le Petit Friche  d’une superficie de un muid «  (muid , du latin modium, grande mesure de blé et par suite surface ensemencée avec cette mesure, environ un boisseau ).
Sur la carte, sont aussi mentionnées  les Grandes Noues (les grands marais) et les Noues de la Vallée.

 
Définition de la ferme et des terres :
 « Maison pour le fermier, granges et écuries aux chevaux, étables à vaches, bergeries, toits à porcs,loge [atelier,maillère ] , cour entourée de murs avec  porte charretière [entre la Petite et la Grande Minaudière, à laquelle aboutit le chemin dit justement de Grand’Maison], jardin  dans lequel il y a une fosse à eau et 16 boisseaux de noues [marécages] et clos , dans lequel il y a des arbres, joignant ladite cour, en la quantité de 80 setiers de terre à Libouville 5200 hectares) et dîmes dépendantes en ladite paroisse de Châtillon ». 
Le territoire des dîmes de Châtillon.
Routes :
Le chemin de la pierre aux chevaux désigne le chemin de Châteaudun Châtillon, ou chemin dîmier, soit, non le chemin de Logron avec embranchement vers Libouville  rejoignant Châtillon,  mais la voie passant par Lanneray, Cormier,les Champs- Picard et le Coudray : la D31 .
Chemin d’Unverre  à Sainte- Radegonde et Châteaudun : la  D 31.
Chemin de Libouville : la D361, 1.
Chemin de Gohory :  la  D128 1
Chemin passant par Beauvoir et  La Galichère : la D17.
Le bail, nous précise que la dîme  se perçoit à raison de 3 gerbes par arpent.

Ce territoire est traversé de façon médiane par le chemin dîmier, vulgairement appelé le  chemin de la pierre aux chevaux , appellation qui  désigne le chemin de Châteaudun à Châtillon ( D31 actuelle ) , qui passe par Lanneray, Cormier, les Champs- Picard , les Châteaux (du latin populaire catella, petts sillons  petites buttes de terre)  et le  Coudray (et non pas le chemin de Lanneray à  Logron avec l’embranchement vers Libouville  rejoignant Châtillon) .Il englobe largement  à quelques exceptions près typiques d’une propriété dispersée, la grande métairie de Libouville ,et s’étend :
1 au sud  depuis la Vallée actuelle des Serins (commune de Lanneray) ou vallée de Libouville  près du bois des Goislardières appelé les Gouffres (section G1 du cadastre de Lanneray)  et de  Sainte- Radegonde ;
2 au nord, depuis les Noues de la Vallée et les Grandes Noues ;          
3 à l’ouest, depuis l’actuelle Vallée de l’Araignée (anciennement de la Renarde) ;
4 à l’est, depuis  la Glonnière (ancienne vallée Fetii) jusqu’au Petit Friche , à Beauvoir et à la Galichère sur la commune de Châtillon et jusqu’à la Bernetterie. 
Le bail nous précise que la dîme  se perçoit à raison de trois gerbes par arpent.

Voici  le texte exact de la charte modernisé :
La dîme est à prendre depuis le chemin bas de Libouville (D361 1) qui coupe le chemin de Châteaudun à Châtillon, vulgairement appelé le Chemin de la Pierre aux Chevaux (le chemin de la pierre aux chevaux   désigne le chemin de Châteaudun à Châtillon, ou chemin dîmier, soit le chemin passant par Lanneray,  la D31 ), menant  le long du dit chemin à aller à Châtillon (D 31) en face jusqu’à l’extrémité de la pièce de quarante septiers faisant partie des terres baillées vers Châtillon et depuis le bout desdits quarante septiers rejoignant la vallée [de Libouville aujourd’hui] qui enferme et traverse quatorze septiers de terre appartenant au nommé Gallerne, un septier au nommé Coudré, une mine à la veuve du Sieur Germont à cause de sa terre de la Brunetière, depuis ladite vallée qu’on appelle plus loin les Gouffres [ commune de Lanneray , section G1 du cadastre de Lanneray,  vers le bois des Goislardières : c’est aujourd’hui la vallée de Libouville, puis des Serins) jusqu’au bas au fil de l’eau des Grandes Noües  en s’écartant à gauche jusqu’à une voie pour charrette peu fréquentée menant vers la Galichère (D17) jusqu’au chemin d’Unverre à Châtillon ( D 31) en descendant le chemin jusqu’aux Noues (figurent sur la carte :  les Noues de la Vallée)  et depuis le chemin d’Unverre (D 31) traversant ces Noues pour aller jusqu’au Petit Friche  qui coupe  le chemin de Gohory à Sainte- Radegonde (D128 1, puis D31) en face jusqu’au-dessus de la métairie des Goislards (la Bernetterie)  jusqu’au chemin qui va dudit chemin de Gohory (D128 1, puis D31) qui mène le long des haies du clos du village de Libouville vers Châteaudun faisant en descendant et en tournant audit premier chemin appelé le chemin de la Pierre aux Chevaux (D31) et coupant  ledit chemin de Châtillon à Châteaudun (D31) où se trouvent  enclavés vingt septiers de terre à gauche au terroir de Beauvoir, tenant  au sud à la Vallée Fétii ; au nord  auxdites Noues (de la vallée) ;  à l’est au chemin d’Unverre à Châteaudun (D31) et à l’ouest vers la Vallée de la Renarde , lesdits vingt septiers en trois réages [pièces soumises à l’assolement triennal dont une en jachère ] dépendant de la Bernetteries , les 20 setiers étant exempts de ladite dîme aussi bien que les terres dont jouissait Hamonière dépendant dudit Hôtel-Dieu

La métairie de Libouville était bien une métairie car l'Hôtel-Dieu faisait l'avance du foin et des moyens de production et le loyer était payé en nature: grains  plus volailles. 
 
 
La recherche de l’augmentation du rendement agricole. 
On peut lire dans le bail que « lesdits  sieurs administrateurs  s’obligent de fournir aux preneurs la quantité de 3 muids de semences, dite mesure dunoise », ce quiest la garantie de semences de qualité.

La diversité des plantes cultivées. 
Si la vigne y était cultivée au  13e   siècle , elle disparaît ensuite  pour les cultures de blé , de seigle, d’avoine , d’orge et de pois ainsi que de vesce .Brebis, porcs et volailles y sont élevées également. L’orge est plantée en mêmetemps Que la vesce grimpante et lui sert de tuteur : la vesce sert de fourrage pour les brebis , les vaches et les chevaux et elle sert aussi d’engrais vert. 
La recherche d’augmentation du rendement agricole. 
A partir de 1615, apparaît un procédé d’augmentation  du rendement : le méteil, c’est-à-dire le fait de semer ensemble du seigle et du froment, ce qui a pour effet d’améliorer à la fois  la qualité et les quantités produites. 
Les fermiers ont l’obligation de respecter l’assolement triennal.  
 Les terres devront être cultivées avec  trois coutivoisons (cultures) simultanées sur trois  réages (nom donné aux pièces dédiées à l’assolement, les soles aujourd’hui).
L’Hôtel-Dieu fixe  plusieurs  types de culture : une céréale d’automne (l’escourgeon
ou orge d’automne)  , une céréale  d'hiver (typiquement, le blé) et une céréale de
printemps (l'orge par exemple : ce sont les « mars » (menus grains d’orge et
d’avoine qui se sèment au mois de  mars ).
La première année, la première sole (ce qu’à l’époque on appelait réage) accueillera la  céréale d'hiver, le blé méteil (semé en même temps que le seigle) ;  la deuxième sole,  la céréale de printemps, l’orge et la vesce,   et la troisième sole  sera en jachère (repos).
La deuxième année, l'agriculteur pratique une rotation : sur la première sole, il cultive la céréale de printemps, sur la troisième la céréale  d'hiver tandis qu'il laissera la deuxième en jachère.
                     Enfin la dernière année, la première sole sera en jachère, la deuxième accueillera les
                     céréales d'hiver et la troisième les céréales  de printemps  et les pois .
 
Le matériel prêté par l’Hôtel-Dieu. 
Les fermiers disposent d’ « une charrette roulante, d’une charrue aussi roulante, d’un banneau [petite voiture à deux roues] démonté, de 3 herses, d’une  selle, de 20 harnais ».  
 
La greffe 
« Les fermiers ont l’obligation  de planter par chacun an 6 sauvageaux [appelés aujourd’hui sauvageons] qu’ils feront enter de fruitiers francs [arbre fruitier provenant du semis des graines d’un arbre déjà amélioré par la culture, ce qui donne de meilleurs résultats que sur sauvageons, c’est-à-dire arbres fruitiers naturels], -
 
Le marnage et les engrais verts.
Les fermiers ont l’obligation  de voiturer et prendre sur lesdites terres toute la marne nécessaire pour marner les terres ci-dessus baillées qui ont besoin d’être marnées , prise sur la marnière dudit Hôtel –Dieu :  pour quoi leur sera payé trois livres dix sols par chacun setier des dites terres qui seront par eux marnées « . 
Un bail stipule que « les fermiers ont l’obligation de laisser en fin de bail toutes les pailles, balles et fourrages et le grain », ce qui montre l’importance accordée également à l’engrais vert comme les éteules  ou les vesces . 
L’entretien des bâtiments, en particulier des toits en chaume .
« Les fermiers devront fournir chacun an par les preneurs douze nombres de chaumes mis au pied desdits logis.  »
Les procès
1544-1663, sentences rendues au profit de l’Hôtel-Dieu contre les détenteurs de la métairie de Libouville, pour les rentes dues sur la dite métairie. Rangé en B 299, carton ,9 pièces, parchemin, 3 pièces de papier. 
 
Les accidents humains et climatiques. 
 En 1352,  la guerre de Cent- Ans qui se termine a durement affecté la grande métairie de Libouville , si bien que les frères de l’Hôtel-Dieu durent faire un prêt à Jean Dumont de 6 muids de blé, 6 muids d’avoine, 2 setiers de pois, 2 setiers d’orge, 1 setier de vesces et 24 livres tournois pour l’aider à cultiver la grande métairie qui devait être ruinée. 
 Le froid et la grêle sont les principales calamités. En 1742, l’Hôtel-Dieu  doit faire  une grosse remise aux fermiers « en considération de la grêle tombée sur la dite terre en l’année 1735 et de la stérilité des années suivantes , notamment l’année 1741 et de 1742, dont la récolte n’a pas produit aux preneurs de quoi les nourrir et ensemencer les terres sus baillées . Les fermiers, trop endettés, n’ont pas pu poursuivre l’exploitation de la ferme de Libouville qui est remise en location en 1744.
17°1753, au même Ronceray , pour 9 ans, moyennant 42 setiers de méteil et 6 chapons ;
18°1761, au même Ronceray, pour 9 ans, moyennant 3 muids de froment, 3 muids de méteil et 6 chapons ;
19°1770, avec les Goislards (la Bernetterie actuelle commune de Lanneray) , 24 setiers de  terre labourable ,  à Marie Bois, veuve de René Ronceray, pour 9 ans, moyennant 90 setiers de froment et méteil, 6 chapons et 2 poussins.
20°1780, à la même, pour le même temps et le même fermage ;
21°1785, à Alexis- René Ronceray, pour 9 ans, moyennant 90 setiers de  froment et méteil, 6  chapons et 6 poulets. 
Plans : 13   1759. Plan géométrique de la terre et seigneurie de Libouville, des terres des Champs- Picards,  les Goislardières  (la Bernetterie actuelle), et le [grand] Boulay, par Blin.
14 1759-1763.   Relevé du plan géométrique de la seigneurie de Libouville avec les dates des reconnaissances..
  15 Compte rendu par François- Charles Blin , commissaire à terrier, aux administrateurs de  l’Hôtel -Dieu de la recette des gands (le mot gand , ou  avec une autre orthographe gaaing désigne une redevance sur les terres ensemencées ) et ventes dues à la seigneurie de Libouville, lors de la confection dudit terrier, 48 livres 11 sous.
Constructions et réaménagements de 1843. Le cahier des charges
Archives municipales de Châteaudun (communiqué par C. Léger), dossier Archives hospitalières.  Annonce d’adjudication pour le 2 avril 1843, au prix de 7000 FR. avec 3 plans ;  dans le journal, plans et cahier des charges de 10 pages, indiquant entre autres que les bergeries actuelles sont en bon état mais insuffisantes. Le 3e plan montre pour le bâtiment B,  de gauche à droite une soue à cochon juste avant la grange, un poulailler dans le coin, puis deux  bergeries (il existait d’autres bergeries derrière la Petite Minaudière) et une « étable à vaches .

Comparaison avec la ferme actuelle

La grande métairie de Libouville s’est  aujourd’hui deux bâtiments d’habitation : l’un est situé vers la route de Châtillon (bâtiment A), l’autre lui fait face (bâtiment B).La «  maison pour le fermier » du texte est  devenue   aujourd’hui  le salon du bâtiment B.
 Les « granges » du texte étaient  au moins au nombre de  deux.
La plus ancienne, celle où les dîmes étaient probablement entreposées à titre provisoire,  a été aménagée et  été intégrée au bâtiment B, dont  elle compose le hall d’entrée, la salle à manger, le bureau, l’arrière- cuisine et le  garage. Les belles  pierres taillées de deux portes, l’une à l’avant donnant sur la cour et l’autre à l’arrière donnant sur le « clos », sont encore visibles  dans le garage.  Les pierres d’encoignure  de cette ancienne grange se discernent difficilement dans le mur du  hall d’entrée.
Une deuxième grange, bien plus récente, est toujours en place au fond de la cour (voir photo).
Les étables  aux chevaux, situées derrière la maison du fermier, sont devenues une chambre à coucher dans le bâtiment B.
Les étables à vaches étaient situées à l’extrémité du corps du bâtiment A.  
Les bergeries et  toits à porcs ont été  reconstruits en 1843 , dans le corps du bâtiment B pour les bergeries , lesquelles ont été transformées en maison d’habitation. Il existait aussi d’autres  bergeries derrière la Grande Minaudière, mais elles ont été détruites .Le toit à porcs a été reconstruit et juxtaposé à un poulailler  entre la grange et les bergeries, fermant ainsi la cour de ce côté.
La loge était l’autre nom des ateliers, ou hangars, appelés localement maillères , et ils sont toujours en place . 
Quant à la « cour enclose de mur avec porte charretière », les murs ont disparu ainsi que  la porte charretière. La porte charretière se trouvait entre la Petite Minaudière et la Grande Minaudière, à l’aboutissement du chemin  de la Grand’Maison . Les bornes  d’entrée ont tardivement été déplacées et apportées au manoir de  la Poterie par le fermier Mauger pour complaire à la famille de son gendre. Elles se trouvent de chaque côté d’un porche d’entrée monumental datant du XVII e siècle. 
Le « clos dans lequel il y a des arbres joignant ladite cour » constitue le  verger actuel qui débouche  sur la cour.
Le «  jardin dans lequel il y a une fosse à eau [entendons une mare] et 6 boisseaux de noues » [marais] était assez grand  et s’étendait jusqu’à  un  endroit jadis appelé le Vivier situé devant la Grande Minaudière. Les noues  étaient étendues, mais ont été  asséchées.  
 
En 1975, l’Hôtel-Dieu a décidé de construire un nouvel hôpital et , pour cela,de vendre  aux enchères tous ses biens inutiles . Le fermier occupant, Maurice Mauger et son épouse née Blondeau obtiennent la Grande métairie de Libouville qui sera alors partiellement démembrée (La Petite Minaudière et la Grande Minaudière ) et amputée de divers morcellements et  lotissements (la Taille Nord), que le maire de Châtillon –en-Dunois Claude Terouinard  arrêta heureusement. C’est ainsi que se termina l’histoire de la Grande Métairie, du moins en tant que métairie : Mauger, puis son épouse affermèrent les 200 hectares de  terres cultivables à M. Olivier Gernez. 
Notes
1 A3/32.
2 A7/132.
3 A4 /7.
5 A7 /128 .
6A7/129.
7 A7 /130 et 131.
8 A 7 /132.
9 B 283.
10 B 286.
11 B 287(Carton) 20 pièces, parchemin ; 23 pièces, papier.
12 A3, 23 et 120, A6, 12, A 8, 51 et 120,  Carton, In-folio, parchemin, 30 feuillets.
13  B293 (plan), 1 pièce, papier collé sur toile.1759. 
14 B 294,  registre,  In-folio, papier, 138 feuillets 1759-1763, 
15 B301, 1763, carton, 2 pièces de papier.
° Litterae Ludovici Blesis comitis de omnibus nostris observandis .  Ego Ludovicus, Blesis et Clarimontis comes, notum facio omnibus , tam futuris quam praesentibus, quod ego, Ierosolymam proficiscens, pro amore Dei et animae meae et parentum et antecessorum meorum remedio, Elemosinam Castriduni, in custodia et defensione mea, et res ejus universas suscepi, et ei universas elemosinas, et a me et ex assensu meo, et ab antecessoribus meis  vel ipsorum voluntate  collatas, garantandas manucepi et confirmavi, videlicet : terram de Cortermont, quam comes Theobaldus, pater meus ipsi Domui dedit et illam terram in eadem parte, quamHugo de Iallans dedit Domui quitam Elemosinae,Guillermo, filio suo,,concedente, Terram de Villereti ;Terram de Pertes ;terram de Villa Episcopi ;Terram de Villemblini ;Terram de Iallanz ; terram Bordarum ;Terram Libovillae cum villa ; Terram de Tronchetis ; Terram de Bello Fago cum villa ; Terram de Borgelattre ; campum terraequem defunctus Osmundusde Tievilla dedit juxta Noeretum ; centum solidos annui redditus quos comes Theobaldus,pater meus, dedit in anno novo reddendos de  praepositur Castriduni (corrigé par moi en ; praeposito Castriduni) ; vigintilibrasredditus  quos ego ipsi Domui dedi ; decem libras in banno Pentecosten, apud Castrumdunum ; nemus Bordarum ; decimam de porcheronvilla quamRaherius de Peveris et Bochagia, uixor suaz,dedeunt ;in decima de villavesson , tredecim sextarios ybernagii et unum modium avenae redditus  annui in festo sancti Remigii quos theobaldus Ruffus dedit ; unum modium ybernagii in decima de Donamanu et decimam vineae Raginaldi de Fonte quae est juxta Herberiagium quae Pucelina de Rupe dedit ; asnetam terrae apud Sarmesoles et hospîtam terrae cum tali redditu ;quinque solidos et VIdenarios  Parisiensium annuatim ad festum sancti Remigii , et duos sextarios avenae ad rasum, et quatuor boisellos annonae ejusdem terrae pro panibus oblitorum, et duas gallinas, e tduos denarios pariter  in natali, et campi partem totius terrae, excepto arpento mansionis, quae immunis remanet pro oblitis et …picturina census Pariensis in festo sancti Carrauni ; unum sextarium redditus ybernagii in decima de Liconci ;  decimas de Villa Episcopi et de Villa in Podio, et de VillaLupi ; unum sextarium redditus quem Adam de Badilleriis , in decima suade Villa Episcopi , dedit ;decimam de Binais quam pater Gaufridi de Binais dedit ; decimam furni et pressorii Hugonis de Cloia, quam ipse Hugo dedit ; unum sextarium redditus  in molendiino de chavanz, apud Feritatem, quem Hugo Oiiveri dedit ; ad sancti Remigii ,unum modium reditus q uem Hugo Camerarius dedit in dicto molendino de Chavanz, ad festum sancti Johannis Baptistae sicut redditus veniet per menses  recipiendum ;unum sextarium redditus quem Eraudus Malaterra dedit in terram suam de Hahia ad sancti Remigii, et XIIdenarioscensus  in vineis Stephani Guehon et Mariae, quae fuit uxor raginaldi Tescelini in clauso de Rouseren, uterque debet videlicet : quatuor sextarios  unam et eminam nnonae deredditu ad Toriellum in terra Odonis Brunel quos ipse O ; dedit ad sancti Remigii ; nundinas Elemosinae quas  ego et G. Castriduni vicecomes, dedimus in festo Magdalenae cum salvo conductu euntium ad nundinas et redeuntium ad tales consuetudines ad quales ego et ille tenemus nundinas Castriduni  in Nativitate Beatae Mariae ; sex libras redditus  quas Elemosina capit in redditiibus  comitis de Bello Monte ad Castridunum quas ipse dedit , et tenetde vicecomite Castriduni ;burgensem apud Carnutum semper Elemosinae servientem, ab exactione et tallia et omnibus consuetudinibus quitum et liberum, domum Elemosinae apud Carnotum ; molendinosde Vovreto, qui sunt toti immunes Elemosinae,ita quod elemosina proinde reddit annuatimquatuor modios redditus Bernaldo de Bullou, piscatura boccarum et bracarum in portis molendinorum totaest propria Elemosinae ; aquam Villereti ; pacem inter Abbatiam et Elemosinam Castriduni de decima vinearum quam Elemsina debebat Abbatiae, pro qua reddet ei de cetero annuatim sexaginta et decem solidos Dunensium, et decima quicumque loca  vinearum possideat in perpetuum,erit Elemosinae, et sunt loca vinearum haec : in Freitval tria arpenta ; ad Mouflat,tria arpenta ; ad Huelinam, duo arpenta et dimidium ; ad Terras Dulces , quatuor arpenta ; juxta vineas Hugonis Quadrigarii, tres quateria ; vinea de Fronteniounum arpentum ;utraque domus licite sine conditione alterius sub censivis alterius ad invicem juxta summam census utriusque poterit adquirere et tenere quod  adquisierit,salvo jure census..Sciendum est autem quod decima de Binais ,de qua supra locuti fuiest minuta decima.Praeteea resuniversasipsi Domuiin perpetuum tenendas concessi.,quas, deo volente, processu tempois in foedo meo juste adquirere.Quod ut in perpetuum stabile maneat ac firmum, litteris commendavi,et sigilli mei impressione confirmavi.Actum Aureliani, apud Sanctum Evurtium,anno gratiae millesimo CC°,secundo ; Datum per manumTheobaldi cancellarii mei, mense Maii.