DE LA GRATTE CALEDONIENNE A LA MALADIE DE CHARCOT
TRAITEMENT
EFFICACE SI PRIS AU DEBUT : LE FAUX TABAC DE BORD DE MER (Veloutier de
bord de mer, Veloutier blanc,
ree Heliotrope, Velvet
Soldierbush, Octopus Bush,
Heliotropium
foertherianum, Tournefortia argentea, famillle des Boraginacées ;
Indigène
à la Réunion , dans les Mascareignes et en Calédonie).
Soludecadron
Baclofène à hautes doses, voir Le dernier verre , par le docteur
Olivier Ameisen ;
Pas
d’alcool.
La
ciguatera , du latin cicuta, ciguë , poison , +suffixe de maladie, comme peut-être le nom
du cycas , pour cicat°s , ou ichthyosarcoxisme
, la « gratte » comme
on dit en Calédonie en raison d’un de ses symptômes, est une intoxication causée par Gambierdiscus toxicus ,une microalgue dinoflagellée
benthique colonisant les coraux morts qui a été
identifiée pour la première fois à la fin des années 1970 aux îles Gambier (Polynésie
française). « La taxonomie de cette microalgue , nous dit Wikipedia, principalement
basée sur la forme et la disposition de ses plaques thécales, s'est avérée
très complexe. Grâce aux outils moléculaires combinés à la microscopie
électronique, 16 espèces sont
décrites à ce jour. »
D’autre
part, 400 espèces de poissons
peuvent être gratteux et il faut se méfier de ces poissons de récif aux belles couleurs, à certaines saisons (lorsque le corail blanchit
et qu’on le dit « en fleur »), des loches,
mérous ou carangues, et savoir
que plus le poisson est gros, plus la gratte sera sévère. D’autre part, le
poisson cru ou simplement mariné et fermenté dans du jus de citron, à la tahitienne ou à la
japonaise, est fort dangereux, surtout
la tête que l’on donne en Calédonie aux
chats, -innocents et infortunés cobayes, avant de consommer soi-même ou non le
poisson suivant les réactions de l’infortuné matou, fort sensible à la
« gratte ». J’ai moi-même eu la surprise de recevoir un rapport
positif de la clinique Straub à Honolulu (HawaÏ), la mieux équipée du monde
pour la détection de ces microalgues dans le sang. Je me plaignais d’une grande
fatigue et de dépression. J’y ai remédié par un antibiotique.
Voici
la première description, par James Cook, le 7 septembre 1774, aux
Nouvelles-Hébrides , de la gratte :
« Cet
après-midi, un des naturels, ayant harponné un poisson, mon secrétaire l'acheta
et me l'envoya après mon retour. Il était d'une nouvelle espèce, un peu comme
un poisson-soleil, avec une grosse tête longue et hideuse. Ne nous doutant pas
qu'il pouvait nous empoisonner, nous donnâmes l'ordre de l'apprêter pour le
souper. Mais par bonheur il fallut si longtemps pour le dessiner et le décrire
qu'il n'était plus temps de le faire cuire, de sorte qu'on n'apprêta que le foie et les rognons auxquels
monsieur Forster et moi goûtâmes tout juste. Vers trois heures du matin, nous
nous trouvâmes atteints d'une extraordinaire faiblesse et d'un engourdissement
de tous les membres. J'avais presque perdu le sentiment du toucher et je ne
pouvais distinguer, entre ceux que j'avais la force de soulever, les corps
lourds des légers. Un quart d'eau et une plume avaient le même poids pour ma
main. Nous prîmes tous les deux de l'émétique et après cela nous fîmes une suée
qui nous apporta beaucoup de soulagement. Le matin, un des cochons qui avait
mangé les entrailles fut trouvé mort »
Il devait
s’agir du poisson ballon, ainsi appelé parce qu’il se gonfle lors qu’on
le bat à terre, ou poisson-globe, ou
tetrodon. WIKi : « Des traces de tétrodotoxine ont été trouvées dans les algues rouges du genre Jania (en) (Rhodophyta).
Dans cette algue, on peut isoler une bactérie qui, cultivée, produira ce
poison. Cette bactérie est vraisemblablement ingérée avec l'algue par les animaux,
qui accumulent par la suite la tétrodotoxine. Le fugu y est
lui-même résistant, ce qui expliquerait que le fugu d'élevage
est exempt de cette toxine.
Au Japon, seuls les cuisiniers disposant d'une licence accordée
par l'État sont autorisés à préparer ce plat, considéré comme très raffiné.
Pour autant, pour une question de sécurité, l'empereur du
Japon tout comme les samouraïs n'avaient
pas le droit d'en manger, une loi les en empêchant (cette loi étant toujours
d'actualité pour l'empereur). Pour en retirer la toxine, il leur faut enlever
notamment la peau, le foie, les intestins et les gonades.
Néanmoins en 2011, 17 personnes ont été empoisonnées par le fugu au
Japon, et l'une d'entre elles en est morte. En décembre 2011, les autorités ont
ainsi retiré sa licence à un restaurant qui avait servi un foie de fugu à
la demande du client. Depuis octobre 2012, tous les restaurants
peuvent proposer du fugu, à condition qu'il ait été préparé et
nettoyé par un chef agréé.
Une personne non initiée pourra le trouver un peu
fade, mais la texture particulière, la rareté du mets et le folklore lié à sa
préparation font de sa dégustation un événement singulier. Il se sert en sashimi (coupé
en tranches très fines, translucides) et en nabe.
En 2012, un plat de fugu coûtait plus de 5 000 yens
(environ cinquante euros) auprès de la chaîne Torafugu-tei, jusqu'à
plusieurs dizaines de milliers de yens dans de grands restaurants.
Les Polynésiens préparent
le fugu, dans l'archipel des Tuamotu, c'est une tradition
qui se transmet de génération en génération. Il est également préparé à Taïwan,
en particulier dans les îles Pescadores où il est pêché en grande
quantité. »
Un cas mortel chez un autochtone a été recensé à l’île
des Pins.
Méduses
d’Europe, huîtres et moules peuvent aussi être contaminées (comme cela est
arrivé dans l’étang de Thau) .
Les malades de Charcot de la commune de Bellentre en Savoie près
d’Albertville. Tous se nourrissaient de
fausses morilles (Gyromitra esculenta) qu’ils avaient
l’habitude de cueillir à la belle saison en très grandes quantités (de 500 g à 3
kgs) qu’ils sèchaient ou mettaient au congélateur pour les consommer tout au
long de l’année. Ils les mangeaient crus, séchés ou très peu cuits , et telle
serait l’origine chez eux de la SLA (ou
sclérose latérale amyotrophique) ou maladie de Charcot. Or la fausse morille
contient de l’hydrazine, qui
déclenche la maladie en abîmant l’ADN du patient et par conséquent l’enzyme SODI qui
normalement détoxifie les motoneurones, selon le Dr Lagrange.
Graines de cycas suspectées sur l’île de
Guam . Wiki : « Toutes les parties du cycas (racines, tronc, feuilles, graines) sont
dangereuses en raison de deux composés : la cycasine, à toxicité digestive
et hépatique, et la béta-N-méthylamino-L-alanine,
un acide aminé neurotoxique surtout présent dans les racines et les graines. Après la seconde guerre
mondiale, des scientifiques américains
ont noté une incidence anormalement élevée de la maladie de Charcot dans
la population polynésienne de l’île. Ils ont soupçonné une consommation de graines de cycas, et
d’ailleurs l’arrêt de la consommation
s’est accompagné d’une certaine baisse
de l’incidence de la maladie. Mais ce peut être une simple coïncidence, car les
autochtones se nourrissaient aussi de
poissons de récifs qui pouvaient, comme les mérous, être « gratteux »,
s’ils étaient consommés en guise de fafarou
(poisson fermenté plusieurs jours dans l’eau de mer ou le jus de coco emporté au cours des migrations).
J’ai
lu un intéressant article dans le Figaro du jeudi 7 octobre 2021, p. 16,
sous le titre : « Des champignons et un étrange « cold
case » médical en Savoie ».
On
incrimine le champignon Gyromitra esculenta , ou fausse morille , interdit à
la vente en France depuis seulement 1991, mais autorisé dans les régions
nordiques et encore consommé en Savoie. Le Professeur Peter Spencer , spécialiste
de neurotoxicologie à l’université de Portland (Etats-Unis), nous dit avoir eu des cas semblables à ceux de
Savoie aux Etats-Unis et en Finlande et qu’il fallait creuser l’hypothèse des
champignons .
La mort de Bouddha :
Phorkos et porcos.
Bouddha
est, dit-on, mort après avoir absorbé du sanglier, ce qui est pour le moins
curieux pour un végétarien ; mais il s’agit plus probablement d’une fausse
morille et ce qui a fait illusion, c’est l’homonymie en grec et dans les
langues indo-européennes: porcos , porc, sanglier , et Phorkos, dieu de la mort, Porkeus, le nom du Serpent mythique de Kalydna, en latin porcus
et Orcus (qui a donné ogre en français ou orque). La fausse
morille a été appelée Phorkos, la mort, en l’honneur de Bouddha,
mais on a compris porcos, sanglier. C’est d’ailleurs cette homonymie , plus exactement
cette pa ronymie, qui explique le
refus de manger du porc dans certaines
religions (et non l’existence d’une maladie transmise par le porc en orient, la
trichinase).