vendredi 15 mai 2015

De l'origine du bénitier et de la répugnance à manger du lièvre ou du lapin.

                             

 Qu’est-ce que le bénitier qui orne nos églises ? C’est, dit le Littré, « un vase consacré  à l’eau bénite ».  Ce n’est que tardivement qu’on a utilisé des coquillages dans nos églises. On a retrouvé néanmoins dans la Sardaigne préhistorique  des bénitiers à fonction religieuse, à l’entée de lieux consacrés. 
L’eau benoistier (du bénitier), comme on disait au Moyen Age, demeure toujours sacrée et lorsqu’on doit la renouveler, on la verse derrière l’église, dans un endroit secret.  
Frazer a expliqué dans Le rameau d’or ce qu’est la magie imitative : il s’agit ici, pour éviter un nouveau déluge qui engloutirait les terres et noierait les hommes comme mlors de l’immersion de l’Atlantide ,de verser de l’eau dans un trou qui l’absorbe, situé aujourd’hui derrière la sacristie en principe.
Voici ce qu’écrit  Lucien de Samosate en Syrie , il y a quelque deux mille ans, dans La Déesse syrienne qui lui est prêtée:
13. Pour ce qui suit, les habitants d'Hiérapolis rapportent un fait on ne peut plus surprenant ; à savoir que dans leur pays il se fit une grande ouverture par laquelle l'eau [du déluge qui engloutit l’Atlantide et les terres habitées] fut toute absorbée. Deucalion, après cet événement, dressa des autels et éleva, au-dessus de l'ouverture, un temple qu'il consacra à Junon. J'ai vu l'ouverture située sous le temple : elle n'est pas très grande. Fut-elle plus large autrefois, alors qu’elle est devenue si petite aujourd'hui, je n'en sais rien,  mais elle est petite. Comme preuve de ce fait, on pratique encore maintenant cette cérémonie : deux fois l'année on fait venir dans le temple de l'eau de mer. Ce ne sont pas seulement les prêtres qui l'apportent ; mais la Syrie, l'Arabie entière, ainsi que plusieurs peuples qui habitent au delà de l'Euphrate ;  ils descendent sur les bords de la mer et y puisent de l'eau ; puis ils la répandent dans le temple, d'où elle descend ensuite dans l'ouverture, et celle-ci, malgré sa petitesse, en reçoit une grande quantité.
 En agissant de la sorte, ils prétendent suivre une loi instituée dans ce temple par Deucalion, pour être un souvenir et de malheur [le déluge] et de bienfait.[la mise hors d’eau des terres] Telle est l'antique tradition qui a cours chez eux au sujet de ce temple... 
"48. Les plus grandes de ces solennités sont celles que l'on célèbre sur les bords de la mer. Je n'en puis rien dire de certain, attendu que je n'y suis pas allé moi-même et que je n'ai jamais essayé ce voyage ; mais j'ai vu ce qui se fait au retour, et je vais le rapporter. Chaque personne porte un vase rempli d'eau [de mer] scellé avec de la cire. On ne rompt pas soi-même le cachet pour répandre l'eau, mais il y a un  galle (prêtre châtré) qui demeure près du lac : il reçoit les vases, examine le cachet, reçoit un salaire, enlève le lien et gratte la cire ; cet office vaut une grande quantité de mines à ce galle . Ensuite on va porter le vase dans le temple où l'on fait la libation. La fête se termine par un sacrifice, après lequel chacun fait sa libation."

Ce vase sacré est l'ancêtre de nos bénitiers. En apportant de l'eau de mer bénite au lac sacré d'eau douce, les Syriens réalisent encore un exemple de magie imitative: ils cherchent à prévenir par ce rite antique une inondation, en offrant à l'eau du déluge éventuel un déversoir symbolique..De même, le coquillage,  shank ou conque tibétaine qui pare les autels brahmanistes , comme la conque de triton des insulaires du Pacifique, est censé être une écope que le mort embarque avec lui sur sa pirogue destinée à passer les mers diluviennes d’outre-tombe. L’écope lui permet d’éviter que sa pirogue ne se remplisse d’eau lors du franchissement des cataractes.  Le coquillage des autels brahmanistes est sinistrogyre, comme la svastika ou signe de croix qui orne les tombes basques,  c’est-à-dire que ses spires  s’enroulent en sens inverse de la marche du soleil, ce qui est rare dans les espèces de coquillages: en effet,il s’agit, là encore par magie imitative,de faire que le soleil aille en sens inverse de sa marche habituelle, de façon que ne se reproduise pas de nouveau déluge (attribué au soleil).

Les huiles saintes, qu’elles soient extraites de l’olive (huile dite vierge) ou du coco,  utilisées dans l’ onction des rois et dans le viatique (de via, chemin vers l’au –delà) de l’extrême onction ou saint chrème  sont utilisées dans le Pacifique pour  frotter les morts. Elles ont pour but de protéger les défunts,  dans leur voyage sur l’océan souterrain,   contre les coups du soleil d’outre-tombe, plus perfide et plus fort que le soleil diurne de notre monde.
Les couronnes et les fleurs, en particulier les roses, qu’on offre  aux morts, sont un signe , non de deuil, mais de levée de deuil.
Le voile  provient de religions du feu, comme en Perse ou à Rome où les gardiennes de l’autel de  Vesta, les Vestales devaient porter le  velum lorsqu’elles allumaient le feu sacré. Le voile était de couleur safran pour imiter celle du soleil et le voile qui couvrait la bouche et le nez avait pour fonction sacrée d’éviter qu’en soufflant l’air ne soit pollué et ne devienne impur. Aucun contact ne devait avoir lieu avec le soleil ou son émanation , le feu sacré.  La notion de sacré, du visage (le voile des bonnes sœurs), s’est transférée  à la chevelure des enfants et des femmes qui ne doit  être ni touchée ni même  vue résulte de l’extension du voile.Le voile safran de la mariée à Rome résulte , à date historique, du fait qu'elle était censée devenir la gardienne du feu sacré domestique, mais,  plus anciennement, il avait pour, but d'empêcher la profanation à des étrangers du "partage du souffle" que symbolise le baiser dans notre cérémonie du mariage : "Embrassez la mariée!". Nombreux sont les peuples (maoris,, eskimos) où, pour saluer quelqu'un ,on  rapproche son  nez de celui de la personne à saluer (partage du souffle vital). 
La castration sacrée  et les diverses formes de circoncision  proviennent originellement du désir d’imiter la femme et sa fécondité  (« La femme, enfant malade et douze fois impur ») en faisant saigner l’homme également.
Il est étrange de voir qu’il est interdit de manger du poisson au bord de la Méditerranée, en Egypte par exemple. Le même tabou existe dans l’océan pacifique. L’explication en est que lors d éruptions volcaniques importantes les poissons mangent des substances toxiques rejetées par le volcan et que les hommes qui  mangent ces poissons en meurent.
Les fèves sont mortelles pour certaines races dont le sang est frappé d’hémolyse brutale  en cas d’absorption. Mais en revanche elles sont peu sensibles au paludisme et s’adaptent mieux que d’autres aux régions marécageuses.
 Le porc est sujet aux mêmes tabous alimentaires, et ce  dans des religions bien plus anciennes que l’Islam. Le porc est omnivore et mange des aliments impurs, en particulier des cadavres. Le vautour qui mange la chair des cadavres exposés sur l’esplanade sommitale  des tours du silence est sacré lui aussi.
La répugnance à manger du lièvre ou du lapin (absent en Europe, sauf en Espagne), ou bien l’interdiction de manger de la vache aux Indes pour les brahmanistes est d’origine religieuse très antique et plus difficile à expliquer.
Il nous faut remonter aux indo-européens ou plutôt aux Ibères et aux ligures (dont le nom est apparenté au nom du lièvre, grec lagos, qui était leur totem et leur animal favori, ainsi qu’Aristote le rapporte pour les Grecs ionienne) pour comprendre son intervention, ou plutôt au calendrier et aux figures du ciel.  Pour les vaches sacrées du Soleil dont parle l’Odyssée,il y a quelque quatre mille ans au moins, il faut comprendre le sens de la métaphore, déjà utilisée dans le Rig Véda et expliquée par  Tilak, dans Orion ou recherches sur l’antiquité des Védas , comme celle de la vache du soleil désignant  les jours fériés ou fastes de l’année. Il porterait malheur de manger l’animal en question, car ce serait détruire des jours et raccourcir sa vie. Ce n’est que bien plus tard qu’une rationalisation a joint ce tabou et la métempsycose ou réincarnation dans des vaches.
Le lièvre, latin Lepus, grec Lagôs (constellation) et le lapin
Le diminutif lapin est tardif, comme son importation d'Espagne.  Il a remplacé l'ancien français laper ou lapereau, cf; le portugais lapão, lapin , et laparo, lièvre. le grec lebèris, lebèridos, lapin,,de leghws apparenté à grec lachnè, poil,  lassios  ,  vieux slave vlassu, latin vellus, toison, poil. Le nom latin de l'organe sexuel féminin , cunus, donnant en français con, est une métaphore signifiant le velu, cf grec konnos, barbe, komè, chevelure.. L'hypocoristique affectueux latin cuniculus, lapin, signifie le velu chéri.On retrouve dans le latin canis, le grec kuôn, kunos , le sanskrit,çunah, çvaa,le même radical kehw-n rappelant la fourrure, comme dans les noms:du cheval, animal à crinière : sanskrit açvah, latin equus, grec ippos,ou kobalos. ,latin cabalus, d'origine celtique,  avec un suffixe en -alos indiquant l'appartenance, écuyer, qui nous  a donné cheval.
Il faut d’abord rappeler l’interdiction de manger du lièvre chez les peuples d’origine celtique ou ibère, aussi bien les Anglais que les Australiens et même jadis les Corses de Vezzani, d’origine ligure (cf la commune italienne au double nom de Vezzani Ligure). L’interdiction de manger du lapin sur les bateaux continue de nos jours, comme la répugnance à en manger  en Australie ou en Angleterre.
 Le lièvre était à l'origine le lièvre des neiges pour les indo-européens ,  qui se reproduit au Printemps arctique.  C’est le favori du Soleil printanier. . Son nom signifie (celui qui a l)’oreille dévorée (par le Chien ,  lévrier démoniaque analogue à l’infortuné galga espagnol, de gal, nom du lièvre criard, cf latin  glis,loir,  et de ga, de laghwa, déchireur,  ou au lévrier canarien).Oreille se dit   en grec ousos,  en latin auris (de ausos) et arracher en grec laphussô (cf grec laptô), en arménien lup’el, d’un radical laghw, arracher avec les dents : avec  ôs , oreille on retrouve ce verbe dans le grec lagôs, le latin lepus, le lièvre de la constellation Lagôs qui a l’oreille arrachée (par le Chien d’une autre constellation).
Tilak, dans Orion ou recherches sur l’antiquité des Védas, p. 181 sqq., cite un hymne du Rig Veda : « O Indra ! Comme tu protèges ton favori (Mriga, correspondant au lièvre celtique ou plutôt à un ochotonidae du type du lièvre siffleur ou criard ou encore du pika, mriga étant la métathèse, -gari, - du sanskrit girih, cf latin glis, gliris, grec galeè, lièvre, loir, chat, belette familière) ! Laisse le chien ,lui qui , dans sa gloutonnerie,  est  toujours à le  pourchasser ,le mordre à l’oreille Je lui couperai la tête afin que cet être malfaisant ne puisse jouir de son plaisir.» et Tilak continue : «  Les trois  étoiles de la  tête d’Orion dans la constellation d’Orion évoquent une tête d’animal,car les deux étoiles des genoux d’Orion nous donnent les quatre pattes de l’animal (lièvre pour les Gaulois, antilope ou autre pour d’autres), dont on pourra admettre que la tête correspond aux trois étoiles de la tête d’Orion….J’ai montré comment on devait trouver l’image de la tête de Mriga dans le ciel. En prenant les trois étoiles de la Ceinture d’Orion pour faire le sommet de la tête, le Chien est tout près de l’oreille droite de Mriga et l’on peut admettre qu’il va la mordre. »

Ainsi il est interdit de manger du lièvre parce que celui-ci était  le favori d’Indra et une constellation qui apparaissait, très anciennement, au début de l’année ibère, en mars, au   printemps. En manger signifiait donc raccourcir la nouvelle année et mourir. Lorsque l'évolution céleste fit disparaître au début de l'année la constellation du Lièvre, à Rome, la belette , petite belle, en latin mustela, mosteile en ancien français, dont il est interdit aussi de prononcer le nom véritable,comme en anglais fairy, ou en italien  bella donna, belle dame, prit la place du lièvre et représenta les ancêtres disparus.Elle vagabondait librement dans les maisons romaines, comme les vaches sacrées en Inde. Lorsque la peste eut  pratiquement exterminé les belettes au Moyen Age,c'est le chat qui, dans certaines régions d'Europe à fort héritage ibéro- ligure comme le Portugal , lui succéda à son tour..   

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